AVEC LIFE2VEC, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE PRÉDIT LA MORT
Des chercheurs danois et américains ont développé une nouvelle méthode d’analyse de parcours de la vie humaine, dont les résultats révèlent l'évolution des individus, y compris le moment de leur décès
Et si la fin de vie n’était plus un mystère ? Une équipe de chercheurs conjoints de l'Université de Copenhague au Danemark et de la Northeastern University aux États-Unis ont mis au point un système d’intelligence artificielle capable de dévoiler le moment de la survenance de la mort d’une personne.
Baptisé Life2vec, le programme dont le fonctionnement ressemble à ChatGPT, serait efficace dans plus de 78 % des cas, selon les auteurs dont les travaux sont disponibles depuis le 18 décembre 2023 dans la revue Nature Computational Science.
Les chercheurs ont à cet effet exploité des données de six millions de Danois entre 2008 et 2016. Ces informations couvraient l'éducation, les visites chez les médecins et les hôpitaux, les diagnostics qui en résultent, les revenus et la profession entre autres.
Quatre ans de marge
Un échantillon de 100 000 personnes âgées de 35 à 67 ans en 2016 a ensuite été sélectionné. Pour la moitié de ces individus, les chercheurs ont également collecté les données de santé jusqu'en 2020. L'objectif étant de voir si, à partir des informations disponibles jusqu'en 2016, l'algorithme pouvait déterminer le sort de ces personnes dans les quatre années suivantes.
"Nous avons utilisé le modèle pour aborder la question fondamentale suivante : Dans quelle mesure pouvons-nous prédire le futur sur la base des conditions et des événements passés ?", a indiqué Sune Lehmann, auteur principal de l’article paru dans Nature Computational Science, sur le site l’université technique du Danemark.
Grâce aux corrélations entre le profil des individus (âge, revenu, problèmes de santé passés...) dans les données jusqu'en 2016 et leurs états futurs (décès, maladies...), l'IA a pu prédire le décès de 78,8% des personnes du groupe test.
Sujet de préoccupations
À en croire Sune Lehmann, ce chiffre est 11% au-dessus de celui de n’importe quel modèle d’intelligence artificielle existant y compris les outils statistiques utilisés par les assureurs. De quoi ouvrir des perspectives quant à l’utilisation de cette IA pour la détection précoce des problèmes de santé par exemple.
Cependant, cet optimisme s’accompagne également de réelles préoccupations, inhérentes à tous les modèles d’intelligence artificielle. Autrement dit, comment s’assurer de l’exploitation éthique d’un outil aussi puissant que Life2vec ? Quelle garantie pour les données personnelles ?
Ces questions mobilisent les chercheurs de même que les pouvoirs publics à travers le monde, dans une large mesure. Parallèlement, les systèmes d’IA continuent de se développer à une vitesse vertigineuse, créant davantage de fossé entre "technoptimistes" (partisans d'une accélération de la recherche en IA) et "catastrophistes" (ceux qui prônent une plus grande prudence).