RDC : SALAIRES DE MISÈRE ET VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS DANS LES MINES DE COBALT ET DE CUIVRE
Alors que s'ouvre ce 12 juin la DRC Mining Week, rassemblant des acteurs clés du secteur minier congolais et international, des ONG tirent la sonnette d'alarme sur les conditions de vie inacceptables des mineurs de cobalt et de cuivre en RDC.
Des dizaines de milliers de travailleurs des mines de cobalt et de cuivre en République démocratique du Congo (RDC), essentielles à la transition énergétique verte, sont victimes d'un système d'exploitation à bas salaires qui les prive de leurs besoins fondamentaux et les maintient en dessous du seuil de pauvreté, selon une nouvelle étude.
Un salaire de subsistance en hausse, mais toujours inaccessible pour la majorité des travailleurs
Une étude publiée par l'organisme de surveillance des entreprises RAID, basé au Royaume-Uni, et le Centre d'Aide Juridico-Judiciaire (CAJJ) de Kolwezi révèle que le "salaire de subsistance" mensuel minimal est désormais de 501 USD. Cela représente une augmentation par rapport aux estimations de 2023 qui le fixaient à 480 USD. Cette hausse s'explique par l'augmentation continue des prix des produits de base sur les marchés de Kolwezi, notamment due à la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar, qui a réduit le pouvoir d'achat des travailleurs.
Des conditions de vie qui se dégradent malgré un rôle crucial dans la transition énergétique
"Notre nouvelle analyse du salaire de subsistance montre que les travailleurs essentiels à la transition énergétique ne peuvent pas subvenir à leurs besoins vitaux. Les prix de ces produits de base ont augmenté depuis l'année dernière", explique Josué Kashal, responsable du suivi et de l'évaluation au CAJJ. "La triste réalité est que les travailleurs s'appauvrissent et que leurs conditions de vie se dégradent, tandis que leurs employeurs multinationaux semblent engranger des bénéfices considérables. Les travailleurs congolais qui contribuent à la transition mondiale vers une énergie propre ne devraient pas en payer le prix ; ils méritent eux aussi de profiter de l'essor du cobalt et du cuivre."
Un système d'exploitation basé sur la sous-traitance et les violations des droits humains
L'étude met en lumière un système d'exploitation généralisé des travailleurs congolais dans les mines de cobalt et de cuivre. Le recours à la sous-traitance par les sociétés minières entraîne de graves violations des droits des travailleurs. Contrairement aux employés embauchés directement, les milliers de travailleurs recrutés par le biais d'entreprises sous-traitantes - soit environ 57 % de la main-d'œuvre des mines étudiées - sont exposés à un temps de travail excessif, à des traitements dégradants, à des violences, à des discriminations, au racisme, à des conditions de travail dangereuses et au non-respect de la couverture santé de base.
Un appel à un salaire de subsistance et à une chaîne d'approvisionnement responsable
"Les affirmations de l'industrie minière sur la fourniture de minerais écologiques et durables aux marchés mondiaux ne correspondent en rien à la terrible réalité à laquelle sont confrontés des milliers de travailleurs congolais exploités", déclare Anneke Van Woudenberg, directrice exécutive de RAID. "Les sociétés minières présentes à la DRC Mining Week doivent s'engager publiquement à verser un salaire de subsistance à tous leurs travailleurs, qu'ils soient employés directement ou indirectement par le biais de sous-traitants. Les constructeurs de véhicules électriques et les autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement du cobalt et du cuivre doivent également s'engager et faire savoir que le paiement d'un salaire de subsistance aux travailleurs est non négociable."
Le cobalt et le cuivre sont des minéraux essentiels pour l'énergie verte : le cobalt est utilisé dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques, tandis que le cuivre est nécessaire à la construction des infrastructures de recharge. Plus de 70 % du cobalt mondial est extrait à Kolwezi, en RDC, et le pays est le troisième producteur de cuivre au monde.
Alors que 1 300 délégués de 57 pays se réunissent cette semaine à Lubumbashi pour la DRC Mining Week afin de discuter des moteurs de la croissance économique dans la région, RAID et le CAJJ exhortent les représentants des sociétés minières et les décideurs politiques à garantir le versement d'un salaire de subsistance à tous les travailleurs, qu'ils soient embauchés directement ou indirectement par le biais de sous-traitants.