ADAMA GAYE A FAILLI ÊTRE INCULPÉ SANS SES AVOCATS
Le retour de parquet pour le journaliste poursuivi pour offense au chef de l’Etat et diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs (articles 80 et 256), a été décidé hier, en début d’après-midi
Alors que son retour de parquet a été confirmé en début d’après-midi, hier, mardi 30 Juillet 2019, 24 h après son arrestation par la Division des Investigations criminelles (Dic), le journaliste Adama Gaye a failli être inculpé sans la présence de ses avocats. Ses derniers ont pu obtenir du Doyen des juges d’instruction (Dji) Samba Sall qu’il reporte le face-à-face inéluctable à 13 heures aujourd’hui.
Le retour de parquet pour le journaliste Adama Gaye, poursuivi pour offense au chef de l’Etat et diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs (articles 80 et 256) a été décidé hier, en début d’après-midi. Ses conseillers Mes Khoureychi Ba et Cheikh Ahmadou Ndiaye l’ont laissé retourner seul au Commissariat Central et pour vaquer à leurs occupations. Mais grande a été leur surprise, presque en début de soirée, en apprenant que leur client était en route pour se rendre devant le Doyen des juges d’instruction, qui allait sans doute le placer sous mandat de dépôt. C’est alors que Me Khoureychi Ba a rebroussé chemin pour retourner au palais de justice Lat-Dior. «Ils ont agi ainsi avec Guy Marius Sagna. C’est le vendredi, à l’heure de la prière de Tisbar, sachant que tout le monde est parti, qu’ils ont décidé de l’inculper.
C’est comme cela que j’ai quitté la mosquée pour le rejoindre. Heureusement pour Adama Gaye, on a pu trouver un accord avec le Doyen de juges qui a accepté que ses avocats soient présents. Finalement, on va se retrouver demain à 13 h (Ndr : aujourd’hui) au premier cabinet et il va sans doute être placé sous mandat de dépôt pour les délits d’offense au chef de l’Etat et de diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs ».
Jointe au téléphone, une source proche du premier cabinet soutient qu’il n’a jamais été dans l’intention du Dji d’inculper Adama Gaye sans la présence de ses conseils. C’est à la cave que le retour du journaliste au Commissariat central a été décidé sans l'aval du juge d’instruction. Pourtant, malgré l’heure tardive ( après 20 h)le Dji était toujours à son bureau et préparait l’inculpation avec son greffier. C’est dans ces circonstances qu’il a appris qu’Adama Gaye était retourné au Commissariat Central et qu’il a exigé son retour imminent au Palais de Justice parce, faut-il le rappeler, souligne notre source, c’est le juge qui décide et non la cave. Par la suite, Me Koureychi Ba s’est présenté au premier cabinet et a usé de son droit pour demander le renvoi, ce que le Dji lui a accordé. Pour rappel, exécutant un un « soit-transmis» du Procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, des éléments de la Division des Investigations criminelles (Dic) ontfait une descente chez le journaliste au 6ièmeétage de l’immeuble Kébé, lundi 28 Juillet 2019 à 5 h 11.
Tout comme l’avait fait un certain Idrissa Seck, Adama Gaye a dit sur sa page Facebook qu’il partait en bonne santé. Face aux enquêteurs, il n’a pas changé son discours d’un iota et a reconnu la paternité de certains post sur le régime de Macky Sall. Mais lorsque les policiers ont insisté pour lui faire reconnaître qu’il était l’auteur d’un post « mal écrit et insultant», il a dit niet et s’est radicalisé, traitant au passage Macky Sall de tous les noms d’oiseau. Il n’en fallait pas plus aux enquêteurs pour lui coller le fameux article 80, portant sur l’offense au chef de l’Etat. Puisqu’il s’agit d’un dossier en instruction, il y a de fortes probabilités qu’il reste six mois en détention avant que l’affaire ne bouge…