PAS D'ÉMERGENCE SANS ÉGALITÉ DES CHANCES
Il est indispensable de faire progresser les normes sociales liées au genre, de promouvoir l'égalité et le respect entre les hommes et les femmes même s’il faut pour cela réviser le code de la famille
Ne nous le cachons pas, dans notre pays, l’un des principaux obstacles à l’émergence d’une société solidaire, harmonieuse et égalitaire est le machisme ambiant qui règne en maître et sa réticence au changement. Viols, violences faites aux femmes, féminicides, quand il ne s’agit pas de tueries d’enfants ou d’autres crimes de sang dont ils sont les victimes dans notre quotidien.
Cette situation est inacceptable, durant ces 12 derniers mois, plus de 20 cas de meurtres de femmes ont été perpétrés au Sénégal. C’est pourquoi, au lendemain de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, je veux rappeler l’importance de l’autonomisation des femmes et de l'égalité des genres pour le développement d’une nation digne de ce nom, où chaque fille et chaque femme peut vivre librement, sans harcèlement et sans violence, aller à l’école, participer à la vie sociale et recevoir un salaire égal à un homme pour un travail égal.
Lorsque les femmes se voient garantir l'égalité des droits, c'est l'ensemble de la société qui s’épanouit, en termes de développement de l'éducation, de la santé, c’est pour cela qu’il faut voir les choses en grand avec plus d’audace et d’innovation, car l’éducation et la santé des filles et des femmes sont des priorités absolues.
Notre président Macky Sall a rappelé hier en Conseil des ministres sa vision avant-gardiste sur le sujet et demandé à son gouvernement de « conforter le rôle des femmes dans la gouvernance publique en intégrant systématiquement l’approche genre dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des politiques publiques ». Il a invité les ministres à veiller au renforcement permanent de l’autonomisation économique durable des femmes et à faire bénéficier davantage aux femmes rurales de l’encadrement et de l’accompagnement des structures et projets publics.
Il faut bien reconnaître une nette avancée des droits de la femme sénégalaise sous la gouvernance du président Macky Sall avec notamment la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie qui garantit aux femmes et aux enfants une plus grande sécurité avec le durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables.
Mais il faut faire plus et plus vite contre cette idéologie de la suprématie du mâle et ce comportement macho dans notre société.
Il faut briser les tabous qui entourent les violences contre les femmes. Les mutilations génitales et les mariages forcés qui certes reculent sous la mobilisation des femmes, mais restent une réalité obstinée. Ces filles mariées de force avant l’âge de 18 ans voient leurs droits à l’enfance et leur éducation bafoués, sans parler de leurs rêves brisés. Les mariages forcés et précoces maintiennent les jeunes filles dans des conditions de pauvreté et d’infériorité. Ces violences que subissent bien trop de petites filles, violences physiques ou sexuelles, crimes d'honneur, mariages forcés, mutilations génitales, sont insupportables. Leurs conséquences sont la peur, la culpabilité, la perte de l’estime de soi, l’isolement, la dépression.
Il est donc indispensable de faire progresser les normes sociales liées au genre, de promouvoir l'égalité et le respect entre les hommes et les femmes même s’il faut pour cela réviser le code de la famille.
Dans ce contexte alarmant, le sujet de l’autonomisation de la femme, qui s’entend souvent à travers l’entrepreneuriat féminin est une lueur d’espoir pour beaucoup d’entre nous.
En Afrique subsaharienne, 22 % des femmes en âge de travailler se sont récemment lancées dans l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat peut en effet être une alternative puissante pour les femmes face à des options d’emploi inexistantes ou précaires.
À ce titre, il faut saluer la création il y a deux ans de la Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes qui vient de tirer un bilan de ses deux années d’activité. Il en ressort que 56% des financements alloués depuis 24 mois par la DER, concernent l’autonomisation économique et que 1 894 entreprises ont bénéficié de financements créant ainsi des milliers d’emplois directs et indirects dans leurs secteurs d’activités.
Ce ne sont peut-être que des gouttes d’eau, mais qui valent mieux que les larmes d’une femme, et en priant pour que les années qui arrivent fassent une grande différence pour les femmes et les filles du Sénégal et du monde entier, je me console en me disant que l'océan est une multitude de gouttes d'eau.