LE SECTEUR DE LA SANTE DANS TOUS SES ETATS
Ag, préavis de grève le 2 janvier, marche nationale le 07, grève générale à partir du 04 février…
Réunis autour de la fédération des syndicats de la santé (F2s) Boolo Laaj Sunu yelleef), les organisations syndicales évoluant dans le domaine de la santé ont fait face à la presse hier pour mettre à nu tous les maux qui gangrènent leur secteur. Dénonçant une mauvaise politique sanitaire malgré un budget de plus de 200 milliards, ces syndicalistes annoncent des assemblées générales dans toutes les structures sanitaires du pays, suivies d’un dépôt de préavis de grève le 2 janvier 2022, d’une marche nationale le vendredi 07 janvier 2022, ainsi que d’une grève générale à partir du 04 février, si les négociations ne sont pas ouvertes dans les jours à venir.
Au moment où le pays vit sous la hantise d’une quatrième vague avec l’apparition du nouveau variant Omicron plus virulent que Delta, et l’abandon par la quasi-totalité des Sénégalais des mesures barrières, le secteur de la santé semble être dans une zone de turbulence sans commune mesure. En effet, au lendemain de la sortie des agents qui travaillent au niveau des centres de traitement des épidémies (CTE) pour réclamer leurs indemnités, c’est au tour de l’Intersyndicale Syntras, Sat/cl Santé, SycoasSanté, Sutracol-Santé, Sat-Santé, Sdt-3S, de tirer la sonnette d’alarme sur la situation chaotique du secteur de la santé. Formant un bloc autour de la Fédération des Syndicats de la Santé (F2s) Boolo Laaj Sunu Yelleef, ces acteurs comptent mettre mutualiser leurs forces pour poser les véritables problèmes du secteur de la santé et de l’action sociale. Mais aussi corriger, selon eux, les inégalités et la discrimination notées dans le traitement des agents de la santé, tout comme les autres agents de l’administration et autres démembrements de l’Etat.
De l’avis des camarades de Cheikh Seck, le secteur souffre d’un mal profond. « Chaque jour, nous déplorons des plaintes et complaintes des usagers pour le manque de qualité des services offerts dans nos structures sanitaires », fulmine la Conférence des secrétaires généraux. Au moment où, poursuivent-ils, chaque année, le budget de la santé connaît des hausses extraordinaires. Selon eux, ce sont des dizaines voire des centaines de milliards qui sont injectés dans le secteur de la santé. A cela s’ajoutent plus de 100 milliards mobilisés dans le cadre de la lutte contre la covid19. En plus du budget de fonctionnement approuvé et voté à l’Assemblée nationale dans la loi des finances 2021, qui faisait presque 200 milliards. Sans compter le budget de programme qui tourne autour de 800 milliards. Poussant Cheikh Seck et Cie à cogiter sur l’efficience de toute cette manne financière avec plus 1 000 milliards mobilisées en une seule année et pour un seul secteur. Sur la mauvaise politique sanitaire, l’intersyndicale dé- nonce la mauvaise utilisation des ressources qui, d’après elle, a fini de mettre à rude épreuve le fonctionnement de nos services socio-sanitaires. Citant l’exemple de l’hôpital Le Dantec, ces blouses blanches renseignent que le montant de la subvention de l’Etat pour l’ensemble des hôpitaux tourne autour de 20 milliards. La plus grande subvention allouée à un hôpital ne dépassant pas 2 milliards FCFA, au moment où certains ont des budgets qui atteignent les 8 milliards FCFA par an.
INSUFFISANCES DE LA CMU, ARRIERES DES AGENTS DES CTE, MALAISE SOCIAL : LES STRUCTURES SANITAIRES AU BORD DE L’IMPLOSION
Relevant les insuffisances des politiques de santé publique mis en place par le gouvernement, les syndicalistes restent persuadés que ce sont les politiques de gratuité des soins telle que la couverture maladie universelle (CMU) qui prend en charge les enfants de 0 à 5 ans, les césariennes, les imputations budgétaires etc. qui ont fini de mettre à genoux les structures sanitaires, à cause de créances non remboursées par l’Etat. Ils dénoncent par ailleurs l’achat de véhicules, le paiement des frais de mission et voyages, l’organisation de séminaires ou ateliers dont les synthèses en lieu et place du remboursement de ces dettes. Dénonçant le mauvais traitement salarial, ils révèlent que le personnel socio-sanitaire travaillant pour la grande majorité, les centres ou postes de santé, a connu une discrimination notoire dans la motivation COVID. « Certains de ces travailleurs ont des contrats qui ne respectent pas les dispositions de lois et règlement de ce pays. Il est donc impératif de payer intégralement l’argent lié aux fonds COVID-19 pour ces travailleurs, de même que ceux qui travaillent dans les CTE dont certains sont restés 6 voire 10 mois sans rémunération », tonnent les agents sanitaires. Ils précisent que dans le secteur de la sante, le favoritisme et la discrimination dans le traitement des agents a fini de créer un malaise et un sentiment de suspicion et de méfiance entre les mêmes acteurs du secteur ; ce même sentiment est ressenti dans le traitement vis-à-vis des autre agents de la fonction publique. Compte non tenu de la non-indexation de l’indemnité de risque, de l’inexistence d’indemnités de fonction, de responsabilité et surtout de l’indemnité de logement entre autres. Face à tous ces maux, la fédération des syndicats de la santé (F2s boolo laaj sunu yelleef) exige l’ouverture rapide et sérieuse des négociations autour des différents points contenus dans la plateforme revendicative. Lesquels points tournent autour du régime indemnitaire des systèmes de motivations, la situation des agents de santé communautaire, des prestataires et des contractuels au niveau des hôpitaux, le plan de carrière et le reclassement de certains agents au niveau de la fonction publique à la hiérarchie, le respect des accords et les conclusions des différentes négociations, les manquements résultant des conséquences du redéploiement du personnel lié à l’acte 3 de la décentralisation.