UNE RENCONTRE DU SOLEIL ET DE L’EAU
Le vernissage de l’exposition «Rencontre du soleil et de l’eau», visible à la Villa des Arts jusqu’au 25 août, a attiré beaucoup d’amateurs. C’est un travail de haute facture, signe d’une «complémentarité» entre Lewlawal et Susanne Pohlmann
Le vernissage de l’exposition «Rencontre du soleil et de l’eau», visible à la Villa des Arts jusqu’au 25 août, a attiré beaucoup d’amateurs. C’est un travail de haute facture, signe d’une «complémentarité» entre Lewlawal (Sénégalo-Allemand) et Susanne Pohlmann (Allemande). Un couple d’artistes fusionnel qui se sont connus dans une galerie et qui, depuis, ne se sont plus quittés, dans l’art comme dans la vie.
La rencontre de deux artistes peintres dont le talent et la passion sont reconnus, ne pourrait aboutir que sur du positif. Et Amadou Diallo, plus connu sous le nom d’artiste de Lewlawal (lumière), ne dira pas le contraire. L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est aussi un art. Et c’est cet amour de l’art qui a uni Lewlawal et Susanne Pohlmann. Aujourd’¬hui, ils sont mariés dans la vie comme dans l’art. Et ce n’est pas le vernissage de l’exposition jeudi dernier qui viendra mettre en doute la réussite de leur projet.
Le couple, qui a joué sa partition à la 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, a eu l’idée d’exposer ses œuvres à la Villa des Arts, à Hann Fort B. Et elle est à découvrir jusqu’au 25 août. Il ressort de leur collaboration, quelque 18 œuvres magnifiques, parfaitement alignées sur les cimaises de la galerie. Chaque tableau raconte une histoire toujours liée à l’un ou l’autre de ces deux éléments : l’eau et le soleil. «On a décidé de faire deux thèmes différents mais qui se complètent, c’est-à-dire, l’océan et le soleil. Moi avec les couleurs chaudes et Susanne avec les couleurs froides», a expliqué l’artiste sénégalo-allemand, lors du vernissage.
Tous les deux travaillent avec l’acrylique, le collage mais avec une technique mixte. Ils représentent une source inépuisable d’inspiration l’un pour l’autre. Parfaitement complémentaire, le calme de l’un met en valeur le tempérament de l’autre sans jamais que ces deux dimensions ne s’affrontent ni ne s’annulent. «On a décidé de travailler en complémentarité sur ces deux thèmes, le soleil et l’eau. Et c’est ce que nous avons présenté à la Biennale parce que depuis 92, je ne suis pas venu à la Biennale de Dakar et j’ai saisi l’occasion cette année, pour être là», a indiqué Lewlawal, l’artiste-peintre qui souligne que ses œuvres se nourrissent de la richesse des couleurs fortes, vivantes et pures de l’Afrique avec des contrastes clairs-obscurs, marqués par une dualité entre le mouvement et le repos, l’abstraction et la figuration, déterminant ainsi une complémentarité, voire une harmonie dans sa création.
Le travail de Susanne, précise l’artiste sénégalais basé en Allemagne, c’est l’océan avec différents variants, c’est-à-dire, le bleu avec ses dérivés. «Comme moi, je peux varier, j’ai choisi de peindre avec les couleurs chaudes. Alors, j’ai choisi de travailler le jaune comme couleur de fond et puis sa couleur complémentaire, le violet que j’ai rendu un peu plus rouge pour aborder le thème», a-t-il fait savoir.
L’exposition place l’art au service de la nature et de ses mystères. Que ce soit avec les œuvres de Lewlawal comme celles de Susanne Pohlmann, les tableaux plongent les spectateurs dans un environnement évocateur rappelant que tout est lié et qu’il y a un changement, un bouleversement climatique que l’humanité ressent. «D’aucuns disent que la terre se refroidit, d’autres disent que la terre se réchauffe. Et si l’on voit une certaine partie de la terre, il y a le réchauffement et d’autres parties où on sent la fraîcheur. Compte tenu de cela, je vois que ça inspire parce que l’eau, le soleil : c’est la vie. Mais quand il y a trop de soleil et moins d’eau, il n’y a pas de possibilité de vivre. Et le contraire aussi n’est pas possible. Donc, il faut l’équilibre des deux et ça, il faut que nous le compensions avec notre savoir-faire : l’art», a-t-il fait comprendre.
Lewlawal, depuis son enfance, se rappelle-t-il, faisait de la peinture et avait la fantaisie de reconnaître dans les nuages, des personnages, des créatures fabuleuses et de rêver de voler autour du monde en tant que pilote. Ayant également une fascination pour les mystères de l’espace, il précise que tout cela influence ses premières œuvres artistiques dès le jeune âge. Après ses études à l’école nationale d’éducation artistique de Dakar, Lewlawal, influencé aussi par sa spiritualité, œuvre dans une expression artistique pour l’infini dans le temps et dans l’espace avec un style tantôt abstrait, tantôt mi figuratif. Après avoir déménagé en Allemagne, l’artiste a entrepris de faire des recherches sur les racines de sa propre identité culturelle, en s’intéressant de près aux objets d’art volés d’Afrique, dans les musées allemands et européens. Il travailla longtemps sur le thème des masques. Actuellement, il s’attache à peindre le moment présent en traduisant, intuitivement sur la toile, sa présence «ici et maintenant».