L’ADAC REDESSINE L’AVENIR
Face à la mondialisation, au développement des concepts et idéaux comme l’uniformisation, la pensée unique, il est nécessaire de s’interroger sur l’avenir de la diplomatie culturelle, a estimé Thierno Diagne Ba, president de l’Adac
Contribuer à la vulgarisation de la notion de diplomatie culturelle au Sénégal tout en fournissant des recommandations et actions concrètes, ce sont là quelques-uns des objectifs de la table ronde organisée par l’Association des animateurs et conseillers aux affaires culturelles (Adac). Ces professionnels de la culture estiment qu’il est nécessaire de repenser la diplomatie culturelle du Sénégal à l’heure de la mondialisation.
Face à la mondialisation, au développement des concepts et idéaux comme l’uniformisation, la pensée unique, il est nécessaire de s’interroger sur l’avenir de la diplomatie culturelle, a estimé Thierno Diagne Ba, president de l’Association des animateurs et conseillers aux affaires culturelles (Adac).
Convaincu que le Sénégal peut avoir un «soft power» et aller à l’assaut de l’Afrique et du monde, Thierno Diagne Ba juge qu’il faut aussi repenser la culture et réfléchir à l’avenir de cette forme de diplomatie. «Nous avons des attachés aux affaires culturelles mais le plus important pour nous, c’est que l’Etat puisse avoir un programme coordonné, une stratégie bien maitrisée de notre diplomatie culturelle, pour aller à l’assaut du monde et maîtriser cette «soft power» qui est en train d’assaillir le Sénégal», explique-t-il.
Le président de l’Adac informe qu’un plaidoyer sera déposé au niveau de la Présidence et au niveau du ministère des Affaires étrangères car, dit-il, il y a un enjeu de l’heure et les animateurs culturelles et les conseillers aux affaires culturelles ont leur rôle à jouer au niveau des représentations diplomatiques et consulaires.
S’exprimant lors d’une table ronde sur le thème : «Diplomatie culturelle : nouveaux modèles, perspectives et prospectives», vendredi dernier à la Maison de la culture Douta-Seck, Thierno Diagne Ba estime qu’il est nécessaire de repenser la diplomatie culturelle du Sénégal à l’heure de la mondialisation. Même si le Sénégal ne dispose pas d’un solide réseau de diffusion installé aux quatre coins du monde, remarque-t-il, sa diplomatie culturelle a fonctionné de 1960 aux années 1980, à travers des actions itinérantes qui ont accompagné tous les grands voyages officiels du chef de l’Etat.
A l’en croire, cette «soft power» est aujourd’hui au cœur des relations internationales et la culture au cœur de la diplomatie culturelle. Après ce panel, informe-t-il, un rapport de synthèse des discussions comportant des recommandations sera proposé aux autorités compétentes afin de renforcer la diplomatie culturelle du Sénégal.
Une synergie entre les différents ministères
Dans son intervention, l’ambassadeur et poète, Silcarneyni Guèye, qui définit la diplomatie culturelle comme l’expansion de la politique culturelle interne d’un pays en dehors de ses frontières et le «soft power» comme la capacité d’un acteur politique d’influencer indirectement le comportement d’un acteur par des moyens non cohésifs, soutient qu’il faut reformuler le cadre dans lequel la diplomatie culturelle essaie d’évoluer, car les technologies de la communication sont en train de mettre fin aux relations humaines. «Ce n’est pas le ministère des Affaires étrangères et les conseillers culturels venus du ministère de la Culture qui peuvent propager la diplomatie culturelle à travers le monde. Il y a des promoteurs de très bonne volonté qui sont outillés pour vendre le Sénégal à l’extérieur, mais ils se heurtent au fait qu’à l’extérieur, c’est l’ambassade qui représente le Sénégal.
Donc, il faudrait un cadre tout à fait nouveau pour concevoir une nouvelle façon de vendre le Sénégal», explique-t-il tout en faisant l’historique de la diplomatie classique. Abondant dans le même sens, Malick Diouf, Conseiller technique au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, estime que les conseillers culturels sont importants au niveau des ambassades mais il n’y en a pas assez. A son avis, il faut plus de «synergie» entre les ministères des Affaires étrangères, de la Culture, du Sport, du Tourisme naturellement, si on veut pousser notre diplomatie culturelle à aller de l’avant. Parlant de «mémoire et de discontinuités», le Pr Ibrahima Wane souligne qu’il y a des acquis importants pour la diplomatie culturelle du Sénégal mais malheureusement, se désole-t-il, quand il y a changement de politique où changement de régime, «on change de vie».
Or, explique-t-il, une Nation se construit sur la base d’une succession des acquis. «Le succès du Festival mondial des arts nègres est en grande partie dû à la performance de la diplomatie sénégalaise de l’époque», révèle-t-il. Interpellant l’Adac, le Pr Ibrahima Wane de rappeler que le corps des animateurs et les conseillers culturels a été créé il y a plus de 50 ans et c’était pour accompagner et orienter l’activité culturelle. «Il faut se battre pour que les animateurs et les conseillers soient là où ils doivent être, mais la question fondamentale, c’est la réflexion stratégique de l’Adac parce qu’elle a la particularité d’avoir toutes les générations», a plaidé le Pr Ibrahima Wane.