COMME A SERENGETI
Jeudi 15 février 2024 au quartier populaire de Rebeuss, nous y sommes ! Entre l’immense portail de la prison centrale et la rue, une foule s’est massée en haie d’honneur servant de passerelle aux détenus en route vers la liberté.
Jeudi 15 février 2024 au quartier populaire de Rebeuss, nous y sommes ! Entre l’immense portail de la prison centrale et la rue, une foule s’est massée en haie d’honneur servant de passerelle aux détenus en route vers la liberté. Parmi eux, des activistes, des adolescents, des personnes âgées, des militants d’Ousmane Sonko, pour la plupart, arrêtés et incarcérés lors des récentes manifestations politiques. Ou pour avoir commis le « crime » d’avoir porté un bracelet ou un tee-shirt aux couleurs de Pastef.
Munis de leurs billets de sortie, ils sont précipités vers le bout du tunnel. A l’arrivée, parents et amis les ont acclamés et embrassés comme des héros de l’injustice. Des scènes de retrouvailles joyeuses filmées et photographiées sous tous les angles par les reporters de la presse nationale et internationale. Mais aussi immortalisées par les smartphones. Cette horde de détenus retrouvant la liberté constitue une véritable « faune » carcérale qui nous renvoie à l’immense savane du Serengeti située en Tanzanie.
Un parc sauvage où se déroule la plus grande et spectaculaire migration animale au monde. En effet pour échapper à l’enfer des félins (lions et tigres), zèbres, buffles et antilopes font la périlleuse traversée de la rivière « Mara » infectée de crocodiles. Exactement comme à la prison de Rebeuss où des centaines de jeunes détenus « politiques » dont la majorité sont arbitrairement arrêtés et emprisonnés ont réussi à traverser la rivière d’apaisement aux eaux douces afin de se défaire de l’étau autoritaire gouvernemental.
En tout cas, ces arrestations massivement ciblées suivies de mandats de dépôt systématiques décernés aux partisans d’Ousmane Sonko n’étaient rien d’autre qu’une grande rafle de masse de « juifs pastefiens » jamais organisée par les forces de défense et de sécurité sur le territoire sénégalais à l’image du…Vél d’Hiv. A bien des égards, il s’agissait d’une vaste et violente campagne de répression contre les partis d’opposition afin d’éliminer la concurrence à l’approche de la présidentielle 2024 dont la date du scrutin, initialement fixée ce 25 février, a été repoussée.
Une accusation que la ministre de la Justice, e Aissata Tall Sall n’a pas voulu reconnaitre ou soutenir, hier, lors de sa conférence de presse. Pour mieux garder et sécuriser les « seaux » contenant le pouvoir politique de l’Apr, Me Aissata Tall Sall a précisé qu’aucune des 344 personnes libérées n’avait été détenue ou n’a été libérée pour des raisons politiques. « C’est « faux, complètement faux ! », assure-t-elle.
Une chose est sûre, jamais le Sénégal n’avait connu autant d’arrestations et de répressions pré-électorales que durant ces trois dernières années. C’est-à-dire depuis mars 2021. Plus jamais ça !