VIDEOVIOLENCE D'ÉTAT ET IMPÉRATIF DE JUSTICE
Le troisième numéro de la série "Où va le Sénégal ?" relève la dérive autoritaire du régime sortant. Entre répression meurtrière des manifs, torture et impunité des forces de l'ordre, le pays a sombré dans l'arbitraire, appelant à profonde une refondation
Dans le 3e épisode de la série "Où va le Sénégal ?" animée par Florian Bobin, les invités Aïcha Dabo et Ousmane Diallo ont dressé un sombre tableau de la dégradation des droits humains dans le pays depuis 2021.
Une répression sanglante et inédite s'est abattue sur les manifestations d'opposition, faisant des dizaines de morts et de blessés sous les balles des forces de l'ordre militarisées à l'extrême. Le recours aux "nervis", ces supplétifs civils armés, et à la torture, illustre la dérive autoritaire du régime.
L'adoption récente d'une loi d'amnistie pour les événements depuis 2021 confirme le déni de justice de l'État sénégalais. Celui-ci refuse d'enquêter sur les exactions, préférant invoquer la théorie complotiste de "forces occultes" pour justifier la violence meurtrière.
Face à ce constat accablant, les invités ont exhorté la prochaine administration à rompre avec l'ère des violations flagrantes. Abroger la loi d'amnistie, mener des enquêtes indépendantes, reconnaître le statut de victimes et indemniser les familles éplorées sont les premières urgences.
Au-delà, une refonte en profondeur des institutions, à commencer par la Constitution héritée des indépendances, est indispensable pour rééquilibrer les pouvoirs et garantir la primauté de l'État de droit. Seule une telle réforme de fond permettra d'éviter ce que les pires années du régime sortant ont donné à voir au monde : l'image d'un Sénégal sombrant dans la répression aveugle et l'arbitraire le plus total.