LES DÉFIS D'AIR SÉNÉGAL
Le pavillon national peine à assurer un service de qualité. Son recours fréquent à des appareils âgés et peu réglementés soulève de sérieuses interrogations sur la sécurité de ses vols. Une situation alarmante qui remet en cause la gestion de la compagnie
(SenePlus) - L'incident du 9 mai impliquant un avion affrété par Air Sénégal soulève des questions sur l'état de sa flotte et son recours fréquent à des appareils vétustes, mettant en évidence les défis auxquels la compagnie aérienne nationale est confrontée.
La sortie de piste d'un Boeing 737-300 de la compagnie privée sénégalaise Transair, affrété par Air Sénégal pour un vol vers Bamako, a fait 11 blessés parmi les 85 personnes à bord. Cet incident met en lumière les problèmes récurrents auxquels le pavillon national fait face en raison de son vieillissement de flotte et de sa dépendance croissante à la location d'avions auprès d'autres compagnies, souvent moins réglementées.
Selon Jeune Afrique, l'appareil impliqué, âgé de plus de 30 ans, avait été acheté neuf par la compagnie roumaine Tarom avant d'être retiré du service en 2022 pour être "hors d'usage". Pourtant, depuis mi-janvier 2024, il effectuait des vols réguliers pour Transair, une compagnie dont la flotte a un âge moyen de près de 29 ans, bien supérieur à celle d'Air Sénégal.
"En principe, une compagnie labellisée IOSA ne doit passer d'accord qu'avec des compagnies elles-mêmes labellisées, pour assurer un certain standard de qualité et de sécurité", a déclaré un expert de l'aviation à Jeune Afrique, soulignant que Transair n'est pas certifiée IOSA, contrairement à Air Sénégal.
Cette collaboration surprenante met en évidence les défis auxquels Air Sénégal est confrontée, avec des problèmes moteur récurrents et une pénurie de pièces détachées, qui l'obligent à louer régulièrement des avions auprès d'autres compagnies. Comme l'explique Jeune Afrique, "le 14 mai, c'est un A340-300 loué à la compagnie maltaise Hi-Fly de plus de 20 ans et son équipage qui ont effectué le vol entre Dakar et Paris en lieu et place des A330 de la compagnie".
Alioune Badara Fall, le directeur général d'Air Sénégal, a assuré que "cette collaboration qui ne date pas d'aujourd'hui se fait sous la supervision de la direction qualité" et que "tout est orthodoxe" dans le contrat avec Transair. Cependant, les raisons précises de l'incident du 9 mai restent à déterminer par le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) sénégalais.
Un ancien pilote cité par Jeune Afrique penche pour l'erreur humaine, affirmant qu'"une panne inopinée, cela arrive, mais il est impossible de sortir ainsi de la piste dans des conditions normales". Il souligne que les procédures ont pu ne pas être respectées lors de la seconde tentative de décollage.
En fin de compte, cet incident met en évidence les défis majeurs auxquels Air Sénégal doit faire face, notamment le vieillissement de sa flotte et sa dépendance croissante à des appareils loués auprès de compagnies moins réglementées. Une situation préoccupante qui soulève des questions sur la sécurité et la qualité du service offert par le pavillon national sénégalais.