PARIS SE REFUSE DE RÉAGIR AUX CRITIQUES DE SONKO
Dans la capitale française, les diatribes tonitruantes du Premier ministre ont été accueillies par un silence calculé. En ne répliquant pas, l'Elysée et le Quai d'Orsay évitent de s'attirer les foudres d'une nouvelle campagne anti-impérialiste en Afrique
(SenePlus) - Les autorités françaises ont réagi avec la plus grande prudence aux attaques frontales du nouveau Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko contre l'attitude de Paris lors des manifestations réprimées sous l'ancien président Macky Sall, rapporte RFI.
Lors d'une conférence jeudi aux côtés de Jean-Luc Mélenchon en visite au Sénégal, Sonko a dénoncé avec virulence le "silence approbateur" de la France face à la "répression extrêmement violente" menée contre son parti d'opposition, ayant causé "la mort de plus d'une soixantaine de personnes".
"Vous n'avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s'est passé. Vous n'avez jamais entendu l'Union européenne dénoncer ce qui se passait au Sénégal", a-t-il lancé sous les applaudissements nourris du public.
Malgré ces attaques cinglantes, les autorités françaises ont choisi de ne pas répliquer officiellement. A Paris, "les propos ne sont pas passés inaperçus, même si personne n'a voulu les commenter officiellement, tant à l'Elysée qu'au Quai d'Orsay", souligne le média.
Cette retenue s'explique par la volonté de Paris "d'éviter de devenir la cible d'une nouvelle campagne antifrançaise, comme celle qui a accompagné les putschs militaires dans les pays du Sahel". La France se félicitait même d'être parvenue à échapper à un tel mouvement d'opinion au Sénégal, en maintenant des contacts avec l'opposant Sonko avant son emprisonnement.
Au-delà du cas sénégalais, le Premier ministre a également critiqué les embargos occidentaux contre les juntes au pouvoir au Mali, Burkina Faso et Niger, affirmant : "Nous ne lâcherons pas nos amis du Sahel". Il a aussi remis en cause la présence de bases militaires étrangères en Afrique.
Sur les droits LGBT, un autre sujet de désaccord avec l'Occident, Sonko a estimé que cette question risquait d'être "le prochain casus belli" avec l'Europe si elle continuait à "imposer sa vision".
Malgré ces divergences, Jean-Luc Mélenchon a salué "la sincérité" de son homologue, confirmant que "Mélenchon est reçu avant Emmanuel Macron" au Sénégal, d'après un député LFI.