VINCENT BOLLORÉ SE RAPPROCHE DU BANC DES PRÉVENUS POUR CORRUPTION EN AFRIQUE
Selon un réquisitoire du Parquet national financier, l'industriel aurait orchestré un vaste système de financement illégal de campagnes présidentielles au Togo et en Guinée. En jeu : des avantages économiques indus pour son groupe en contrepartie
(SenePlus) - Le magnat français Vincent Bolloré pourrait bien se retrouver sur le banc des accusés dans une affaire de corruption électorale présumée au Togo et en Guinée, selon un réquisitoire définitif du Parquet national financier (PNF) dont Mediapart a eu connaissance.
Comme le rapporte le média en ligne, le PNF demande la tenue d'un procès pénal contre l'industriel de 72 ans, l'accusant d'avoir personnellement "participé aux échanges et aux négociations" sur le financement illégal présumé des campagnes présidentielles de Faure Gnassingbé au Togo et d'Alpha Condé en Guinée en 2010.
"Vincent Bolloré a également validé le montant des dépenses et sciemment donné des instructions" pour favoriser financièrement Gnassingbé à hauteur de 300 000 euros et Condé de 170 000 euros, affirment les procureurs dans leur réquisitoire de 41 pages. Des dépenses assumées par une filiale de Bolloré en dehors de son objet social, ce qui constituerait un abus de confiance selon le PNF.
Au Togo, Bolloré est également soupçonné de corruption, son groupe ayant obtenu "des contreparties diverses" comme des avantages fiscaux et le renouvellement d'une concession portuaire en contrepartie du soutien financier à Gnassingbé et de l'embauche de son demi-frère.
"Contrairement à ses déclarations, il apparaît que Vincent Bolloré suivait personnellement [...] les activités du groupe au Togo, qu'il avait engagé le groupe dans la campagne électorale de Faure Gnassingbé", soulignent les procureurs, citant des courriers, agendas et mails à l'appui.
En 2018, Bolloré avait nié avoir été impliqué dans ces campagnes, affirmant déléguer beaucoup. Sur le volet guinéen, il avait minimisé le financement d'un livre pro-Condé, jugeant que "ce livre ne s'adressait pas à des électeurs africains".
S'il avait plaidé coupable en 2021, l'accord a été invalidé par la justice. Ses avocats promettent désormais de demander un non-lieu, dénonçant un "dossier juridiquement vide".
Mais pour l'avocat de Sherpa et Anticor, parties civiles, "la justice anticorruption ne peut pas être une justice de transaction. [...] Compte tenu du rôle de Bolloré, la justice ne peut pas donner le sentiment qu'il bénéficie d'un régime dérogatoire. Il en va de la survie de l'État de droit."
Au juge d'instruction désormais de décider du renvoi éventuel devant un tribunal de l'influent homme d'affaires dont le conglomérat médiatique est accusé d'être le "marionnettiste" de l'extrême droite française.