ET SI LA MONTEÉ DU FN ÉTAIT UNE BONNE NOUVELLE POUR L'AFRIQUE
La victoire du rassemblement national aux élections européennes de dimanche est perçue par plusieurs analystes comme un coup de semonce infligé au régime du Président Emmanuel Macron et un assentiment donné à l'extrême droite française xénophobe
La victoire du rassemblement national aux élections européennes de dimanche est perçue par plusieurs analystes comme un coup de semonce infligé au régime du Président Emmanuel Macron et un assentiment donné à l'extrême droite française xénophobe. Mais cette percée historique de Marine Le Pen, Jordan Bardella et Cie, qui a eu comme conséquence immédiate la dissolution de l'Assemblée nationale par le chef de l'Etat français, ne serait-elle pas une bonne nouvelle pour une Afrique francophone où la souveraineté à l'égard de la France est très agitée en Afrique.
Jordan Bardella, Premier ministre français ? Cette possibilité n'est plus manifestement une vue de l'esprit après la victoire éclatante du Rassemblement National aux élections européennes en France. Le protégé de Marine Le Pen qui est devenu ces dernières semaines l'un des visages marquants de la vie politique française a toutes les chances d'accéder à Matignon après la victoire de sa liste aux élections européennes et après la dissolution de l'Assemblée nationale par le Président Macron. Mais au-delà de ce séisme politique en France, quelles seront les conséquences de cette victoire pour l'Afrique ? La question mérite d'être posée eu égard à la vision ultra nationaliste et xénophobe du parti de Marine Le Pen et de ses acolytes. En effet, le Front national qui s'est mué en Rassemblement national est un parti qui abhorre par exemple l'immigration et la présence des musulmans en France. Lors de ces européennes où le RN est sorti victorieux, sa tête de liste Jordan Bardella a défendu dans son programme le principe d’une « double frontière». C'est-à-dire une première frontière européenne assurant, d'après Bardella, le refoulement des bateaux de migrants et le renvoi des personnes dans leurs pays de départ. Et une seconde frontière nationale limitant la libre circulation dans l’espace Schengen», soutient-il lors de son face-à-face avec le Premier ministre actuel de la France, Gabriel Attal. Au niveau européen, le parti s'oppose à l'existence même de l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, dite Frontex, refusant toute coopération communautaire dans le domaine migratoire.
Toutefois avec le vent de souveraineté qui souffle dans la plupart des pays africains francophones, surtout en Afrique de l'Ouest, cette victoire ne serait-elle pas une bonne nouvelle pour couper définitivement le cordon ombilical avec l'ancienne colonie ? Dr Moussa Diaw, interpellé sur la question par RFI, a fait savoir que si le Rassemblement National gagne les élections législatives dans trois semaines en France, tout va changer.
«SI LE RN GAGNE LES ELECTIONS LEGISLATIVES, IL Y AURA BEAUCOUP MOINS D'INGERENCE DANS LES AFFAIRES INTERIEURES DE L'AFRIQUE»
«Il va y avoir d'abord une cohabitation et ça changera les rapports avec l'Afrique, dans le sens où il y aura beaucoup plus de respect de la souveraineté des États africains ; il y aura moins d'interférences dans les politiques intérieures africaines», trouve l'enseignant chercheur non sans indiquer que certaines revendications qui sont maintenant posées par un certain nombre d'Africains par rapport à la souveraineté vont avoir un écho favorable. Dr Diaw n'a pas manqué toutefois de relever les conséquences négatives de cette éventuelle victoire sur les immigrés africains. Comme lui, d'autres analystes ont évoqué le caractère mitigé de cette victoire du RN par rapport au devenir de l'Afrique. Autant la montée de l'extrême droite est un danger pour le multiculturalisme et la diversité culturelle en France et laisse entrevoir un repli identitaire de plus en plus assumé par les français, autant dans les rapports entre la France et l'ancienne colonie, cette éventuelle arrivée de Jordan Bardelle à Matignon sonne le glas d'une certaine survivance de la France-Afrique. L'ingérence française décriée par une certaine élite politique et intellectuelle africaine depuis plusieurs années sera moins prenante voire inexistante avec l'extrême droite qui prône la préférence nationale et n'aura pas certainement l'outrecuidance de la refuser pour les pays africains qui veulent la souveraineté intégrale à l'égard de la France.