ALAIN MABANCKOU REVIENT SUR LA PLACE DE L’AFRIQUE DANS LA LITTERATURE MONDE
L’écrivain congolais, Alain Mabanckou, a animé, hier, une conférence à la Faculté des lettres de l’université Cheikh Anta Diop. La conférence avait pour thème : « Littérature monde : Enjeux et perspective d’un monde de rupture ».

L’écrivain congolais, Alain Mabanckou, a animé, hier, une conférence à la Faculté des lettres de l’université Cheikh Anta Diop. La conférence avait pour thème : « Littérature monde : Enjeux et perspective d’un monde de rupture ». L’auteur congolais est largement revenu sur la place de littérature africaine dans le monde.
C’est dans une salle pleine que l’écrivain Alain Mabanckou a animé, hier, une conférence sur la littérature. Organisée par le département de Lettres modernes, le public était au rendez-vous. Que ce soit étudiants, écrivains ou encore professeurs, l’avenir de la littérature africaine dans le monde a été largement débattu.
Pour Alain Mabanckou, l’écrivain africain est un polyglotte. « Les auteurs africains pensent dans les langues locales avant de les transcrire en langues étrangères. Et dans ce cadre, le contenue peut-être en déphasage avec la pensée originelle », explique- t-il. Selon de « Verre cassé » les écrivains africains ont un répertoire d’imaginaire propre à leur langue et à leur culture.
Il est revenu sur la question d’identité de l’écrivain africain qualifiée « d’identique ». A l’en croire, cette perception est erronée. La littérature africaine a beaucoup progressé avec le temps. « Dans les pays de l’ouest, les auteurs africains sont perçus comme des gens ayant une identité singulière alors que les auteurs européens ont une identité superposée. Ce qui est une aberration. De nos jours, il y a une superposition intra-africaine marquée par l’interaction entre les différents peuples », souligne-t-il. La description du paysage par les auteurs d’Afrique de l’Ouest et Centrale est différente, dit-il. Ce qui démontre, selon lui, l’existence d’une identité intra africaine.
L’écrivain explique que l’avenir de la littérature monde est « de toujours rechercher comment on peut créer l’imaginaire sans dépendre d’une zone ou aire géographique particulière ». Le concept de littérature est de partager les expériences culturelles. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas de s’enfermer dans sa propre culture mais de regarder ce qui se passe ailleurs. A son avis, la place de la culture dans le concept de littérature monde est essentielle.
« Des auteurs comme Ousmane Sémbéne, Aminata Sow Fall et Abdoulaye Sadji sont enseignés dans les plus grandes universités américaines »
Alain Mabanckou a également pointé du doigt le manque d’engagement des états africains dans la production littéraire. « Pendant longtemps, Dakar et Kinshasa ont été les centres de la production littéraire des œuvres africaines. La maison d’édition les nouvelles éditions africaines en est un exemple. Nous avons perdu cet élan avec le temps », déplore l’écrivain. Pour lui, cette centralité a été perdue dans les années 1990 au profit de Paris à cause du pouvoir économique de la littérature. Cependant, explique-t-il, cette centralité commence à être retrouvée. « Aujourd’hui des auteurs comme Ousmane Sémbéne, Aminata Sow Fall et Abdoulaye Sadji sont enseignés dans les plus grandes universités américaines. Ce qui prouve un retour en force de la littérature africaine en outre-Atlantique », affirme Mabanckou. A cela s’ajoute l’émergence de nouveaux écrivains comme Mbougar Sarr et Felwine Sarr. « Ce sont des choses que l’Europe ne voit pas malheureusement », déplore-t-il.
Le Professeur Ibrahima Wane est revenu largement sur l’intérêt du débat dans sa synthèse. Pour lui, les questions d’identités ont été largement débattues. Revenant sur les grandes lignes développées par Alain Mabanckou, il conclut que l’écrivain africain a toujours été un traducteur.