LES POPULATIONS SE REBELLENT CONTRE L’ENTREPRISE PROCHIMAT
Les populations du village de Nianing ne veulent plus entendre parler de l'entreprise Prochimat. Elles demandent à l'État du Sénégal de mettre fin à l'exploitation de leur carrière par l'entreprise qui a fait trop de dégâts.

Les populations du village de Nianing ne veulent plus entendre parler de l'entreprise Prochimat. Elles demandent à l'État du Sénégal de mettre fin à l'exploitation de leur carrière par l'entreprise qui a fait trop de dégâts.
Les litiges fonciers sont devenus monnaie courante dans le département de Mbour. La commune de Malicounda n'est pas en reste. Puisque la colère des habitants du village de Nianing a fini par exploser de son trop-plein. En effet, la cohabitation avec l'entreprise Prochimat n'est presque plus possible parce que «les responsables ont eu l'outrecuidance d'empiéter sur les champs que les villageois exploitent depuis des générations».
Au niveau de la zone située entre le quartier de Nianing Gorée, Sountiou Keita et le quartier de Gourel, il y a les carrières datant de plusieurs années et qui sont devenues un casse-tête pour les populations. Sur le site, on voit des montagnes de calcaire laissant de grandes cuvettes dont la profondeur peut atteindre 20 mètres. Le pire dans cette exploitation est que l'entreprise ne prend même pas soin de réhabiliter les sites déjà exploités. A cause de cette pratique peu catholique qui n'est pas conforme au code de l'environnement, les anciennes carrières sont devenues des mares, refuge de crocodiles. Mieux, la carrière a fait plusieurs victimes dont Souleymane Ka habitant dans le quartier de Gourel. «N'eût été l'intervention rapide des voisins, il allait mourir lorsqu'il tomba dans l'un des bassins. En plus de ces désagréments décriés par les populations, le site est devenu un lieu de refuge des délinquants. Pour traverser cette zone à partir du crépuscule mais aussi à certaines heures la journée, les piétons prennent un risque à cause des cas d'agression qui y sont récurrents. L'année dernière, les éléments de la gendarmerie ont débusqué des malfaiteurs dans une cachette.
Sur la responsabilité sociétale, Prochimat est accusé d'être absent. Presque pendant des dizaines d'années d'exploitation, elle n'a rien construit dans la zone. A chaque fois que les responsables de l'entreprise sont interpellés par les autorités municipales, ils font la sourde oreille. Non seulement en RSE l'entreprise est absente, mais concernant les fonds d'appui miniers, la commune de Malicounda n'a reçu aucun franc. Même pour la main-d'œuvre, les responsables préfèrent employer les habitants des autres localités.
L'ENTREPRISE DETIENT UN TITRE D'EXPLOITATION MINIERE DATANT DE 1969
Et le comble dans tout ça est qu'aujourd'hui, de nombreux paysans ont été spoliés de leurs champs sans que personne ne leur viennent en aide. L'entreprise qui a un titre d'exploitation minière datant de 1969 est devenue indésirable dans la zone, surtout que l'exploitation de la carrière entraîne des maladies respiratoires. Au niveau du poste de santé du village, c'est fréquent de voir un habitant des quartiers périphériques souffrir de maladies respiratoires, dénoncent les villageois. «On soupçonne fortement que cela soit causé ou accentué par l'exploitation de la carrière de calcaire. Rien qu'en entrant dans le village de Gourel, la première chose qui attire le visiteur, c'est la couleur blanchâtre des maisons et des arbres témoignant la présence de la poussière qui provient de l'exploitation du calcaire», explique Abraham Sène, chef du village de Nianing.
Pour sortir de cette situation, les populations se sont levées pour solliciter l'aide du président de la République et son Premier ministre. «Nous lançons un appel au chef de l'État, Bassirou Diomaye Faye, à son Premier ministre, Ousmane Sonko et au ministre de l'Environnement, Daouda Ngom afin qu'ils nous aident à résoudre ce problème. Nous souffrons à cause de la présence de cette entreprise aux conséquences désastreuses. Elle ne nous a rien servi, maintenant elle s'attaque à nos champs. Il y a des paysans qui ne vont pas cultiver leurs champs parce que l'entreprise a arraché leurs lopins de terre. Nous sommes fatigués des agissements de Prochimat», a soutenu Abraham Sène. Les populations promettent de tenir d'autres manifestations si les autorités n’interviennent pas.
Toutefois, nos tentatives de joindre les responsables de l'entreprise sont restées vaines. Ils ont gardé le silence.