VIDEOPOLEMIQUE AUTOUR DE 250 HA MIS A LA DISPOSITION DE QFS
Le projet d’exploitation de 250 ha à Mbéwane, dans la commune de Ndiéyène Sirakh, suscite une polémique dans la zone.

Le projet d’exploitation de 250 ha à Mbéwane, dans la commune de Ndiéyène Sirakh, suscite une polémique dans la zone. En effet, des pourfendeurs du projet ont voulu lui barrer la route et pour dissiper toutes les appréhensions, une séance d’explication a réuni sur le site le directeur général de Qualité Fruit Sénégal (QFS), les propriétaires terriens, le maire de la commune, les chefs de village, etc. «dans cette affaire, il n’y a ni expropriation, ni cession, mais des contrats individuels entre les propriétaires et le promoteur», a indiqué l’adjoint au maire de Ndiéyène Sirakh.
Qualité Fruit Sénégal est une société agricole qui exploite une superficie de 435 ha à MontRolland depuis 2018, avec 2 600 emplois, pour une masse salariale de 1,3 milliard de Fcfa par année. Mais après 6 ans d'exploitation, renseigne le Directeur Général Souleymane Bassoum, la ferme est confrontée à un problème d’espace et c’est ainsi qu’elle a inscrit sur ses tablettes la nécessité de se déployer dans une autre zone, pour avoir une main d’œuvre beaucoup plus disponible et qui fait moins de trajet. En effet, sur le site de Mont-Rolland travaillent des jeunes et des femmes qui viennent de tous les horizons, notamment de la zone de Ndiéyène Sirakh, Rufisque, Kébémer, etc. C’est ainsi que la recherche des zones potentielles, capables d’abriter un tel projet a été lancée. «Nous avons identifié plusieurs sites, des paramètres ont été déterminés et celui de Mbéwane, dans la commune de Ndiéyène Sirakh, est sorti comme le plus adapté à ce qu'on veut faire par rapport au sol, au climat, à la disponibilité pour les populations et aussi à l'envie de réaliser quelque chose avec les communes», a souligné Souleymane Bassoum. Il indique que c’est la raison pour laquelle la société d’exploitation agricole, le maire Serigne Fallou Fall et ses adjoints, ainsi que les chefs de village, les populations des villages impactés, se sont retrouvés sur le site, pour une appropriation communautaire du projet. C’est parce qu’un vent de contestation a soufflé autour de ce projet, avec la mobilisation de pourfendeurs pour lui barrer la route. Et d’ailleurs, la veille de la rencontre d’appropriation communautaire, certains avaient voulu envahir le site pour empêcher tout démarrage des travaux et ils se sont heurtés à la détermination des propriétaires terriens eux-mêmes qui ont affiché une position déterminée et irrévocable å protéger le projet». Selon Modou Kane Thiaw adjoint au maire de Ndiéyène Sirakh, tous les propriétaires concernés par les 250 ha mis à la disposition du projet ont totalement donné leur accord. Et il ne s’agit «ni d’expropriation, ni de cession, mais de contrats individuels en bonne et due forme, entre les propriétaires et le promoteur». Il renseigne que le projet engendre des avantages inestimables pour les populations locales et va à coup sûr fortement impacter la croissance économique locale. Il s’y ajoute l’impact attendu sur le phénomène de l’exode rural, dans une zone où la problématique de l’emploi a poussé tous les bras valides vers les grandes agglomérations urbaines. D’après lui, l’exploitation va toucher toutes les cultures variétales, ce qui va créer les conditions d’un retour au terroir, pour tous les jeunes et toutes les femmes. Pour toutes ces raisons, il est d’avis qu’il n’est pas question de laisser des apprentis politiciens mettre en péril un tel projet et « il ne sera désormais permis à aucun pourfendeur d’y mettre les pieds ». Pour la mise à disposition des terres, Souleymane Bassoum précise, «Qualité Fruit Sénégal n’achète pas de terres. Nous allons voir des gens qui veulent travailler avec nous et ils mettent leurs terres à la disposition du projet pour une durée de 35 ans. Mais en contrepartie, la société prend en charge, la réalisation de trois conditions. D’abord, elle verse un cadeau de bienvenue à chaque propriétaire ayant mis à disposition sa terre. Il s’agit d’un montant calculé sur la base de la superficie cédée. La deuxième condition est que l’entreprise garantit un emploi décent et sécurisé à chaque propriétaire, quelle que soit la superficie mise à disposition. Il ne s’agit point d’emplois précaires, mais pérennes, avec la garantie de 12 mois de salaire, avec tous les versements sociaux, notamment la caisse de sécurité sociale, la retraite, la garantie en mutuelle de santé. Nous voulons que les paysans qui travaillent dans nos exploitations aient une retraite et au-delà de cela, qu’ils bénéficient de toute la production». A l’en croire, la collectivité territoriale reçoit une somme d’environ 8 500 Fcfa sur chaque tonne de légumes exportée et 4 000 Fcfa sur chaque tonne vendue au Sénégal. D’après lui, la rencontre a également marqué le lancement des travaux qui consistent à aménager et à développer tout ce qui a trait à la mise en œuvre du projet agricole. Il note également qu’en collaboration avec la collectivité territoriale, chaque propriétaire décrochera le titre de propriété de son champ.
IBRAHIMA SENE COORDONNATEUR PASTEF NDIEYENE SIRAKH - «Faire cesser toute oppression foncière»
Ibrahima Sène coordonnateur de Pastef dans la commune de Ndiéyène Sirakh estime que les conditions de mise à disposition de ces terres doivent être revues. Selon lui, ce sont les populations qui s’opposent à ce projet porté en réalité par les Indiens et des Sénégalais qui jouent le rôle d’écran. Pour lui, il faut que les oppressions foncières cessent dans le pays et personne ne doit accepter que les paysans soient expropriés, au nom d’un agro-business dont la production est destinée à l’exportation. Il renseigne que devant la contestation, ledit projet avait été interrompu mais malheureusement, les travaux sont en train de reprendre. Il ajoute qu’il s’agit de prendre les champs des paysans, moyennant une contrepartie de 600 000 Fcfa pour chaque propriétaire qui sera ensuite utilisé comme ouvrier agricole. C’est inacceptable, dit-il, et «les autorités sont interpellées, notamment le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, sur la nécessité de faire arrêter ce projet». En tout état de cause, il renseigne que tout sera fait pour empêcher la poursuite de la mise en œuvre de ce projet. «Le projet impacte 4 villages dont un seul a donné son accord et dans lequel d’ailleurs il n’y a pas unanimité sur la question, mais malgré cela, ils veulent faire un forcing pour l’imposer. Cela ne passera pas», a-t-il ajouté.