MBOW-MACKY, FRICTIONS AUTOUR D'UNE RÉFORME
Amadou Makhtar Mbow, mandaté par le président Macky Sall, s'est lancé dans un ambitieux projet de refonte. Mais ce qui devait être une collaboration fructueuse s'est transformé en source de tensions
Les épreuves du doyen Amadou Makhtar Mbow n’ont pas fini avec la tenue des assises nationales. Arrivé au pouvoir à la faveur de la deuxième alternance démocratique, le président Macky Sall et le doyen Amadou Makhtar Mbow ont eu une série de frictions. La première est partie du revirement opéré par le président de la République sur le travail de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri).
En effet, qualifié au second tour de la présidentielle de 2012, Macky Sall qui occupait les fonctions de président de l’Assemblée nationale au moment du lancement des Assises nationales le 1er juin 2008, avait sollicité une rencontre avec le doyen Amadou Mahtar Mbow et ses collègues membres du Comité de pilotage des Assises nationales, tenue le samedi 3 mars 2012. A l’issue de cette rencontre, Macky Sall avait annoncé avoir rejoint les Assisses nationales en apposant sa signature sur la charte de bonne gouvernance démocratique.
Elu troisième président de la République quelques temps après, à l’issue de second tour de la présidentielle de 2012, il a fait appel à nouveau au patriarche, Amadou Makhtar Mbow, pour présider la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) qu’il a créée par décret et dont la mission est de préparer un projet des réformes tirées des conclusions de ces Assises nationales. Seulement, après accomplissement de cette nouvelle mission, le patriarche Amadou Mahtar Mbow et ses collègues du Comité de pilotage des Assises nationales, en lieu et place de remerciements, avaient plutôt eu droit à des critiques de la part du Président Macky Sall et de son conseiller juridique d’alors, le Pr Ismaïla Madior Fall. Ces derniers les ont accusés d’avoir outrepassé leur mission tout simplement parce qu’ils ont eu l’idée de joindre au rapport remis au chef de l’Etat, un avant-projet de Constitution.
Profitant d’une rencontre tenue le 18 septembre 2014 avec les responsables de la Coalition « Macky 2012» qui avait soutenu sa candidature lors du 1er tour de la présidentielle de 2012, le Président Macky Sall a indiqué qu’il n’a jamais demandé à Amadou Mahtar Mbow et ses collaborateurs de mettre en place un projet de Constitution en précisant que sa commande concernée justes des modifications de certains articles de la Constitution. Et pour jeter davantage du discrédit sur la Commission nationale de réformes des institutions, le Pr Ismaïla Madior Fall est allé même jusqu’à reprocher publiquement au patriarche Amadou Mahtar Mbow et ses collègues de la Cnri d’avoir outrepassé leur mandat. « Il n’est nulle part question de proposition d’une nouvelle Constitution. Cela va donc de soi : la Cnri est allée audelà de son mandat. Elle a outrepassé ses attributions. Il faut peut-être le mettre au compte de la générosité de ses membres, de leur volonté de bien faire, mais la décision de proposer un avant-projet de Constitution est dépourvue de base juridique et viole l’article 3 dudit décret qui évoque une simple modification de la Constitution et des lois en vigueur », avait-il indiqué.
Divergence sur la signature de la charte des Assises nationales
Autre fait marquant la vie du patriarche, ces dernières années, c’est le débat sur la signature de la Charte de gouvernance démocratique avec ou sans réserve par le président Macky Sall. En effet, cherchant à mettre fin aux multiples interpellations sur les lenteurs dans la mise en œuvre effective des réformes préconisés par cette charte de gouvernance démocratique des Assises nationales, le président Macky Sall a indiqué avoir signé cette charte avec réserve, qu’il n’est pas tenu d’appliquer par conséquent toutes les recommandations. S’exprimant en marge de la commémoration du 10e anniversaire des Assises, le patriarche Mbow a précisé que toutes les parties prenantes avaient approuvé, sans réserve, les conclusions issues de ces Assises. « La Charte de bonne gouvernance a été adoptée à l’unanimité par consensus, mot à mot (…) Tous ceux qui ont adhéré à la charte de la bonne gouvernance, l’ont signée, sans aucune réserve », a-t-il martelé.