VIDEOLA NOUVELLE GÉNÉRATION POLITIQUE BOUSCULE LES CODES
Réseaux sociaux, communication numérique, influence de la diaspora : les outils du pouvoir changent de mains. Pour Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center, cette mutation annonce l'avènement d'une nouvelle civilisation politique
À deux semaines des législatives, une révolution silencieuse bouleverse le paysage politique national. La nouvelle génération, armée des outils numériques, redéfinit les règles du jeu démocratique. C'est le constat majeur dressé par Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center, lors de son intervention dans l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 3 novembre 2024.
"Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle vague qui s'approprie les outils les plus modernes de communication, y compris l'intelligence artificielle", analyse le défenseur des droits humains. Cette génération montante, selon lui, ne se contente pas de maîtriser les réseaux sociaux : elle en fait un véritable instrument de transformation politique.
Le phénomène se manifeste particulièrement dans la campagne actuelle. "Il n'y a pas photo", souligne Alioune Tine, "quand vous regardez les réseaux sociaux, vous voyez des jeunes qui s'amusent à promouvoir leurs idées avec une efficacité redoutable". Cette dynamique s'accompagne d'un renouvellement profond des méthodes de communication politique.
Le rôle de la diaspora apparaît central dans cette mutation. "Elle n'apporte pas seulement des moyens financiers", précise l'analyste, "mais importe également de nouvelles pratiques politiques". Cette influence se traduit par des stratégies de communication plus sophistiquées et une approche politique rénovée.
Face à cette évolution, les formations politiques traditionnelles tentent de s'adapter. Alioune Tine cite l'exemple de certains dirigeants historiques qui mettent désormais en première ligne leurs jeunes cadres pour porter leur message.
Cette transformation numérique s'accompagne cependant de nouveaux défis. Le fondateur d'AfrikaJom Centre pointe notamment la prolifération des fake news et la montée d'une forme de "post-vérité" dans le débat politique. "Il y a beaucoup de désinformation, de manipulation, de mensonges", alerte-t-il.
Pour autant, cette révolution numérique témoigne aussi d'une maturité croissante de la démocratie sénégalaise. "Nous avons une nouvelle génération qui émerge avec de nouveaux outils de communication et qui remet en question les valeurs consensuelles", observe Alioune Tine, y voyant le signe d'une "transition nécessaire".
Cette mutation profonde du paysage politique sénégalais s'inscrit dans un contexte plus large de transformation démocratique. Pour l'expert, elle illustre l'entrée du Sénégal dans une "nouvelle civilisation" politique, portée par une jeunesse déterminée à faire entendre sa voix.