L'ÉTAT EXCLUT TOUTE RESTRUCTURATION DE SA DETTE
Le message du gouvernement aux marchés financiers est sans ambiguïté. Il privilégie une approche stratégique de gestion de la dette, visant à optimiser les échéances tout en honorant ses engagements
(SenePlus) - Le gouvernement tient à rassurer les marchés : il "n'a aucune intention de renégocier ou de restructurer sa dette", comme le souligne fermement le ministère des Finances dans un communiqué rapporté par Bloomberg. Cette déclaration intervient alors même qu'un audit récent des finances publiques révèle une situation plus préoccupante qu'initialement annoncée.
Le ministère affirme vouloir plutôt "mettre en œuvre une approche proactive et stratégique de gestion de la dette publique visant à optimiser son profil de remboursement tout en honorant strictement ses engagements envers les investisseurs". Cette stratégie vise notamment à obtenir "un profil de remboursement plus approprié favorisant un rééchelonnement avec des échéances prolongées", selon les projets de documents budgétaires.
Cette position ferme sur le respect des engagements financiers intervient dans un contexte délicat : l'audit a mis en lumière que la dette publique dépasse 80% du PIB fin 2023, bien au-delà des 73% précédemment annoncés sous la présidence de Macky Sall. Plus inquiétant, le déficit budgétaire atteint plus de 10% du PIB, près du double des 5,5% initialement déclarés, ce qui a conduit le FMI à geler une enveloppe de prêts de 1,8 milliard de dollars.
Pour faire face à cette situation sans compromettre ses engagements, le Sénégal déploie une stratégie à plusieurs volets. Le pays prévoit notamment d'émettre des obligations de la diaspora pour 1,5 billion de francs CFA, visant à réduire sa dépendance aux financements externes. Il doit également gérer 3,2 milliards de dollars d'obligations en euros et en dollars arrivant à échéance dans les dix prochaines années.
Le gouvernement mise également sur des réformes structurelles, incluant une révision du code minier prévue pour mai et un renforcement du contenu local dans le secteur pétro-gazier. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'un budget 2025 de 6,4 billions de francs CFA (10,2 milliards de dollars), avec un objectif de déficit ramené à 7%.
Les perspectives économiques demeurent positives malgré ces défis financiers. Le pays anticipe une croissance de 8,8% en 2025, portée par le démarrage de la production pétrolière et la future exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, un projet de 4,8 milliards de dollars opéré par BP. L'inflation devrait rester contenue à 1,9% l'année prochaine, selon le projet de budget.
La cour des comptes, qui examine actuellement ces révisions, devrait rendre ses conclusions prochainement. Le ministère des Finances prévoit déjà "une révision à la hausse de l'encours de la dette et du service de la dette" pour 2024-2025, avec un déficit budgétaire qui devrait dépasser 11% en 2024, tout en maintenant sa position ferme contre toute restructuration de la dette.