VIDEOLA RÉPRESSION OUBLIÉE DU CAMEROUN
Entre 1955 et 1971, l'armée française a mené une guerre impitoyable contre les indépendantistes camerounais. Des camps de regroupement aux assassinats ciblés, la violence à fait des dizaines de milliers de morts
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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun sous tutelle française connaît une période de violence qui restera longtemps absente des livres d'histoire. L'Union des populations du Cameroun (UPC), un mouvement nationaliste créé après 1945, revendique l'indépendance du pays. Face à sa popularité croissante, les autorités coloniales françaises réagissent par une série de mesures répressives.
La situation bascule en 1955. L'UPC est interdite, poussant ses membres dans la clandestinité. L'armée française déploie alors un arsenal répressif complet : camps de regroupement, torture, opérations de traque et assassinats ciblés. Le chef de l'UPC, Ruben Um Nyobé, est tué par l'armée française dans le maquis.
Le massacre d'Éséka illustre la brutalité de cette répression. Dans la nuit du 30 au 31 décembre 1956, l'armée française attaque une réunion de militants de l'UPC. Les archives militaires comptabilisent 20 morts, les témoins locaux évoquent entre 100 et 200 victimes.
Entre 1956 et 1962, la guerre fait rage. Les chiffres officiels de l'armée française font état de 7500 combattants camerounais tués. Les estimations réelles parlent de plusieurs dizaines de milliers de morts. L'indépendance du 1er janvier 1960 ne marque pas la fin des hostilités. La France maintient son influence en soutenant le président Ahmadou Ahidjo, qui s'appuie sur l'armée française pour combattre l'opposition jusqu'en 1971.
En janvier 2025, un rapport historique de plus de 1000 pages est remis aux présidents français et camerounais, documentant en détail cette période méconnue. La France n'a, à ce jour, jamais reconnu officiellement son rôle dans cette guerre de décolonisation.