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25 février 2025
Par Meissa DIAKHATE
LA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE DU PREMIER MINISTRE EST-ELLE MENACÉE ?
La motion de censure est un outil politique puissant par lequel l'Assemblée nationale peut contraindre un gouvernement à démissionner. C'est un moyen par lequel elle exprime son désaccord, voire son opposition, à l'égard de la politique gouvernementale.
L’une des vertus de la séparation des pouvoirs est de garantir la liberté par la limitation mécanique des pouvoirs politiques. A cet égard, les régimes démocratiques d’obédience parlementaire préconisent une séparation souple des pouvoirs en instaurant des moyens d’actions réciproques entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. La motion de censure figure au rang de ces moyens politiques violents par lequel l’Assemblée nationale peut forcer un Gouvernement à démissionner. Par cette arme parlementaire, elle manifeste sa désapprobation voire son hostilité à l’égard de la politique du Gouvernement. En remontant le cours de l’histoire parlementaire sénégalais, il n’est pas exagéré de qualifier les différentes initiatives parlementaires d’activismes politiques dont les effets sont assurément inopérants. Cela nous instruit à examiner la motion de censure à travers, d’une part, son bilan dérisoire (I) et, d’autre part, son effet illusoire (II).
I/ Un bilan dérisoire
En 60 ans de vie parlementaire, le Sénégal n’a connu que quelques épisodes de motion de censure.
i) En 1998, une motion de censure a été servie au Gouvernement du Premier Ministre Mamadou Lamine LOUM par le Groupe parlementaire «Démocratie et Liberté». Elle faisait suite à la rupture de lien de solidarité entre Djibo Leity KA, qui a introduit le texte, et sa famille politique, le Parti socialiste (PS) majoritaire à l’Assemblée nationale. Sans surprise, la motion de censure a fini par être rejetée.
ii) En 2001, le député Moussa TINE du parti JëfJël se lança dans l’aventure en déposant une motion de censure contre Mme le Premier Ministre Mame Madior BOYE sur le problème des bons impayés aux paysans. Cette initiative a été également compromise par la majorité parlementaire autour du PDS.
iii) En 2012, des députés de l’opposition avaient déposé une motion de censure pour contraindre à la démission le Premier Ministre Abdoul MBAYE. Ils reprochaient à ce dernier d’avoir blanchi de l’argent de l’ex-Président tchadien, Hissène HABRE, au niveau d’une institution financière installée au Sénégal qu’il a dirigée de 1989 à 1997. Devant l’Assemblée nationale, il avait totalement réfuté toute accusation de blanchiment d’argent et encore plus de recel mais avait affirmé qu’il assumait totalement et entièrement l’ouverture du compte d’HABRE après avoir pris toutes les précautions d’usage concernant un Ancien Chef d’État et en avoir informées les autorités de l’époque. Le Premier Ministre avait alors estimé que la motion de censure n’avait qu’un seul but, à savoir détourner l’attention des Sénégalais de la politique d’assainissement en cours des affaires publiques. A l’issue des débats, la motion de censure avait été encore rejetée.
iv) En 2023, une motion de censure est dirigée contre le Gouvernement du Premier Ministre Amadou BA. Là encore, l’audace du Député Birame Soulèye DIOP du Parti des Patriotes africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF- les Patriotes) et de son Groupe parlementaire n’a pas également prospéré devant une majorité parlementaire sous contrôle.
A l’arrivée, toutes les déclarations de politique générale sont sorties indemnes des motions de censure grâce à des majorités parlementaires solidaires. Une seule motion de censure aura produit un effet. On était en 1962 avec le renversement du Gouvernement de Mamadou DIA, bien entendu en dehors d’une séance de déclaration de politique générale mais à l’occasion d’une proposition des députés visant à s’octroyer des augmentations de salaire sur fond de mésentente entre le Président de la République, Léoplod Sédar SENGHOR, et le Président du Conseil, Mamadou DIA. Lors du vote le 17 décembre lors du vote de la motion, le Président DIA a fait évacuer l’Assemblée nationale par la Garde républicaine et la Gendarmerie. Sur réquisition du Président Léopold Sédar SENGHOR, un détachement de para-commandos sous les ordres du capitaine Faustin PREIRA ont libéré les quatre députés arrêtés (Maguette LO, Moustapha CISSE, Abdoulaye FOFANA, Ousmane NGOM). Il s’en était suivi, le 17 décembre 1962, l’arrestation du Président du Conseil, Mamadou DIA, et quatre autres membres du Gouvernement (Valdiodio NDIAYE, Ministre des Finances, Ibrahima SAR, Ministre du Développement, Joseph MBAYE, Ministre des Transports et des Télécommunications, Alioune TALL, Ministre délégué à la Présidence du Conseil chargé de l’Information). C’est dans cette tourmente que la motion de censure a été votée non pas à l’Assemblée nationale mais au domicile du Président de l’institution parlementaire, Maître Lamine GUEYE, devenu la «Maison de l’Avocat» sise au Boulevard de la République. Au total, le bilan n’est pas reluisant. Les motions de censure contre les déclarations de politique générale du Premier Ministre ont été, au principal, des moments d’activisme parlementaire. Mais, c’est bien la configuration actuelle de l’Assemblée nationale parlementaire qui constitue une nouvelle donne. Aujourd’hui, le Gouvernement ne jouit pas d’une majorité politique à l’Assemblée nationale.
II/ Un effet illusoire
La motion de censure est principalement consacrée à l’article 86 de la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001, modifiée dont les dispositions sont reprises dans la loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il en ressort que la déclaration de politique générale peut entraîner la démission du Gouvernement soit à l’initiative du Premier Ministre soit à l’initiative d’un dixième des membres composant l’Assemblée nationale (17 députés signataires). Dans le premier cas, la Constitution prévoit que «le Premier Ministre peut, après délibération du Conseil des Ministres, décider de poser la question de confiance sur un programme ou une déclaration de politique générale. Le vote sur la question de confiance ne peut intervenir que deux jours francs après qu’elle a été posée. La confiance est refusée au scrutin public à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale. Le refus de confiance entraîne la démission collective du Gouvernement». Dans le second cas, la Constitution dispose que «l’Assemblée nationale peut provoquer la démission du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. La motion de censure doit, à peine d’irrecevabilité, être revêtue de la signature d’un dixième des membres composant l’Assemblée nationale. Le vote de la motion de censure ne peut intervenir que deux jours francs après son dépôt sur le bureau de l’Assemblée nationale. La motion de censure est votée au scrutin public, à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale ; seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure. Si la motion de censure est adoptée, le Premier Ministre remet immédiatement la démission du Gouvernement au Président de la République».
Ces dispositions appellent notre attention sur la maîtrise du délai de la déclaration de politique générale par le Premier Ministre et le pouvoir du Président de la République d’assurer la survie du Gouvernent démis. Le Premier Ministre tient la montre en matière de déclaration de politique générale ! C’est ce qu’en dit expressément l’article 55 de la Constitution : «Après sa nomination, le Premier Ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance». A la lecture des dispositions précitées, le Premier Ministre n’est plus enfermé dans un délai pour se soumettre à la déclaration de politique générale. Il lui appartient d’en déterminer le meilleur moment, certainement dans la limite d’un délai raisonnable. Cela pourrait intervenir même au-delà de juin 2024. Selon la rédaction initiale de la loi n° 2002-20 du 15 mai 2002 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, dernier alinéa de l’article 98 : «La déclaration de politique générale doit intervenir au plus tard trois (03) mois après l’entrée en fonction du Gouvernement. L’Assemblée nationale doit en être informée huit (08) jours au moins avant la date retenue». Par la loi n° 2019-14 du 28 octobre 2019 modifiant et complétant la loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, modifiée, l’Assemblée nationale a abrogé, tirant les conséquences de la suppression du poste de Premier Ministre en 2019, l’article 97 (Chapitre 22 : Déclaration de Politique générale) , l’article 98 (Chapitre 23 : Questions de confiance) et l’article 99 (Chapitre 24 : Motion de censure) de sorte que la version officielle du RIAN ne comporte plus aujourd’hui de dispositions concernant l’engagement de la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale. Comment cela at-il pu se réaliser ? S’agit-il d’un oubli en dépit du retour du poste de Premier Ministre ? A ce propos, on peut comprendre pourquoi au début de la XIV Législature, des députés ont tenté, en dehors de la procédure constitutionnellement fixée, de modifier le règlement intérieur qui est pourtant une loi organique.
En plus de contrôler le délai, le Premier Ministre détient, au titre de l’article 85 de la Constitution, un privilège en matière de procédure législative. Ainsi, «l’inscription, par priorité, à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale d’un projet ou d’une proposition de loi ou d’une déclaration de politique générale, est de droit si le Président de la République ou le Premier ministre en fait la demande». Mieux pour le «nouveau» Gouvernement, «une motion de censure ne peut être déposée au cours de la même session»
D’où, l’intérêt de tenir la déclaration de politique générale au-delà de la session ordinaire unique 2023-2024 dont la clôture est prévue le 30 juin 2024. A coup sûr, cela éviterait à l’actuel Gouvernement d’essuyer une seconde motion de censure durant la prochaine session ordinaire unique (2024-2025). Bien plus, l’opposition, présentement majoritaire à l’Assemblée nationale, aura sans doute l’intelligence, de ne pas renverser le Gouvernement à une date qui lui sera également fatale. Car en mi-septembre 2024, soit à l’expiration des «deux premières années de la législature», «le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier Ministre et celui du Président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale (…). Le décret de dissolution fixe la date du scrutin pour l’élection des députés. Le scrutin a lieu soixante (60) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus après la date de publication dudit décret ».
Par ailleurs, une dissolution ainsi réfléchie n’aurait-elle pas une conséquence inattendue sur l’adoption du projet de loi de finances de l’année 2025 ? Le Président de la République ne pourrait-t-il, avec l’onction du Conseil constitutionnel, recourir aux ordonnances pour mettre en vigueur le projet de loi de finances ? L’autre considération de taille, c’est qu’au lendemain du vote de la motion de censure, le Président de la République a le pouvoir de renouveler sa confiance au Gouvernement strictement composé à l’identique, c’est-à-dire sans aucun changement. Il s’agirait d’une simple reconduction du Premier Ministre, des ministres et des secrétaires d’Etat. Par conséquent, la destitution du Gouvernement par la censure d’une politique générale est sans effet utile. Certes, le Gouvernement est politiquement désavoué mais sa survie n’est pas juridiquement compromise. Au bout du compte, le Président de la République a le dernier mot en cas de destitution du Gouvernement à travers l’adoption d’une motion de censure dirigée contre la déclaration de politique générale du Premier Ministre. En attendant la réalisation d’une telle hypothèse, chaque état-major parlementaire est libre de faire peur à l’autre en jouant sur une corde raide de la déclaration de politique générale du Premier Ministre.
Meissa DIAKHATE
Agrégé de Droit public Conseiller en Organisation
LE SAHEL, NOUVEL ÉCHIQUIER RUSSE SELON LE MONDE
Entre départs forcés de troupes françaises et américaines et arrivée massive d'instructeurs russes, Le Monde alarme : Moscou orchestre méthodiquement le départ des Occidentaux du Sahel, au profit de son influence grandissante
(SenePlus) - Dans un éditorial du 22 avril 2024, le journal Le Monde tire la sonnette d'alarme sur la tendance de plus en plus affirmée de voir les puissances occidentales se retirer du Sahel au profit de la Russie. Selon le quotidien français, "c'est une tendance lourde, dont Américains et Européens ont pris trop tardivement conscience à leurs dépens, sans savoir quelle réponse y apporter".
Et de fait, après le départ forcé des 1500 soldats français stationnés au Niger en décembre 2023, ce sont cette fois les 1100 militaires américains présents dans le pays qui doivent plier bagage, toujours à la demande de la junte militaire arrivée au pouvoir à Niamey suite au coup d'Etat de juillet 2023. Le chef de cette junte avait fait savoir dès mars que l'accord de coopération liant le Niger aux Etats-Unis prendrait fin. C'est le 19 avril que le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine l'a confirmé lors d'une rencontre à Washington avec Kurt Campbell, numéro deux du département d'Etat américain.
Or selon Le Monde, "le signal donné par l'arrivée, la semaine dernière, à Niamey, d'une centaine d'« instructeurs » russes de l'Africa Corps, successeur des milices Wagner, est suffisamment clair : les nouvelles autorités militaires (...) font les unes après les autres allégeance à Moscou et chassent les Occidentaux du Sahel". Preuve supplémentaire s'il en fallait, une manifestation antiaméricaine réunissant plusieurs milliers de personnes a eu lieu peu après l'arrivée des instructeurs russes.
Le journal pointe également du doigt "le vice-ministre de la défense russe, le général Iounous-bek Evkourov, spécialement chargé des relations avec la région", qui "fait de fréquentes visites dans les pays du Sahel qui signent avec Moscou des accords de coopération militaire". Une tendance inquiétante selon Le Monde puisque "comme la Libye, cette partie de l’Afrique est devenue le terrain de jeu des puissances étrangères, au premier rang desquelles la Russie, qui assure la sécurité des régimes putschistes et orchestre des campagnes de désinformation massive aboutissant à l’éviction des forces occidentales".
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GARANTIR L'INFORMATION INDÉPENDANTE
Moussa Ngom décrypte sans concession le travail ardu du journalisme d'investigation. À la tête de la Maison des Reporters, média citoyen pionnier, il revient sur les défis de son combat, dont la cartographie des victimes de la répression policière
Dans cet épisode de la série d'échanges "30 minutes avec...", animée par Rama Salla Dieng, l'invité n'est autre que Moussa Ngom, journaliste et coordonnateur de la Maison des Reporters. Ce média d'investigation indépendant, basé au Sénégal et financé par les citoyens, ébranle les consciences.
Moussa Ngom a défini sans détour le journalisme d'investigation comme un travail de fourmi, approfondi sur des sujets d'intérêt public, visant à révéler des vérités cachées. Un exercice exigeant temps, moyens et totale liberté pour "bétonner" les enquêtes.
Il revient sur la genèse de la Maison des Reporters, créée pour pallier le manque de liberté et de moyens dans les rédactions locales. En se finançant par le public, ce média pionnier se libère des conflits d'intérêts et œuvre dans la totale indépendance.
L'accent est mis sur l'initiative "Cartographie Sénégal" qui documente méticuleusement les victimes de la violente répression des manifestations entre 2021 et 2024. Un travail de mémoire indispensable pour humaniser ces statistiques tragiques.
Moussa Ngom pointe aussi les défis colossaux du journalisme d'investigation : ancienne société plus consciente des enjeux démocratiques, garantir l'indépendance réelle des médias et réformer les législations.
par Makhtar Diouf
SONKO 54%, MACKY 35%
EXCLUSIF SENEPLUS - Le précédent régime a été une série de turpitudes qui dépassent l’entendement. Le Sénégal donnait l’impression d’un pays en guerre. Il faut louer l’avion présidentiel à une compagnie aérienne
Sénégal outragé, Sénégal brisé, Sénégal martyrisé, mais Sénégal libéré, libéré par son peuple. Certains auront reconnu que j’ai pastiché le général de Gaulle, lorsque le 25 août 1944, il entre dans Paris qui avait été occupé par les nazis entre 1940 et 1944.
Ces affreux qui ont fossoyé le Sénégal
J’ai remplacé Paris par Sénégal. Effectivement, ce qui s’est passé dans le pays avec l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a été ressenti comme une délivrance. Paris n’a été occupé que pendant 4 ans. Le Sénégal a été occupé plus de 60 ans par une clique d’affreux affairistes, constituée par deux partis politiques : le PS avec ses démembrements AFP et URD, le PDS avec ses démembrements Rewmi et APR, avec la collaboration d’une gauche caviar opportuniste ‘’s’accroche à tout’’, discours à gauche, compte bancaire à droite. Pour devenir subitement riche sur le dos des populations sans avoir à faire œuvre de ses dix doigts, il fallait être membre ou allié des deux frères siamois PS et PDS avec leurs démembrements et alliés.
Avec ‘’l’expérience’’ dont ils se prévalent, le Sénégal est devenu un des pays les plus pauvres d’Afrique, détenant le record de jeunes désespérés fuyant vers l’Europe dans des embarcations de fortune. A-t-on dressé le bilan du nombre de jeunes ayant perdu la vie dans ces aventures sur ces 25 dernières années ?
Président-dieu sanctionné par ses sujets
A cela s’ajoute le bilan macabre du régime du dernier des mohicans de cette calamité, Macky Sall, qui a signé la phase la plus horrible de l’histoire politique du Sénégal. Lui, se prenait pour un dieu. Du haut de son arrogance et de son impolitesse, il déclare aux Sénégalais ‘’Si voulez quelque chose de moi, demandez-le avec politesse’’. Lorsque des Sénégalais réclament des droits que leur confère la Constitution, il leur demande de l’implorer. Il n’y a qu’à Dieu(swt) qu’est dévolue l’imploration. Dieu(swt) n’a aucune obligation envers ses créatures qui n’ayant aucun droit sur lui, n’ont recours qu’à l’imploration. Et Macky demande qu’on l’implore.
Comme il se doit, les Sénégalais, avec la grâce de Dieu (swt) l’ont sanctionné. A la publication officielle des résultats, les journaux auraient dû mettre à la une : Sonko 54,25 pour cent, Macky 35,79 pour cent, car la véritable confrontation était entre ces deux, cette fois à armes égales, sans interventions partisanes de magistrats et de forces de répression.
Des couacs au niveau des institutions
L’euphorie de la déroute de Macky a fait masquer quelques couacs.
Pourquoi les autorités en charge des élections ont-elles laissé des bulletins de vote de deux candidats qui se sont désistés en faveur de Diomaye Faye ? Celui-ci aurait dû bénéficier des près de 20 000 voix qui ont été attribuées à ces deux candidats qui se sont désistés. Ce qui aurait un peu creusé l’écart, mais ce qui aurait posé problème si le scrutin avait été serré.
Un autre couac : lors de l’investiture de Diomaye Faye, le président du Conseil constitutionnel (CC), dans son hommage à Macky Sall émet un mot qui n’est pas un lapsus : ‘’Le président Macky Sall a volontairement renoncé à une troisième candidature’’. Que devient alors la Constitution qui refuse toute troisième candidature ? Ce CC qui avait fermé à Sonko la porte de l’Assemblée nationale puis celle de la présidence aurait-il refusé à Macky Sall de se représenter ? Ce dernier avait eu la prudence de ne pas faire un forcing comme l’avait fait Wade en 2012 avec la complicité du CC de l’époque. Il avait été battu au second tour, mais Macky lui, aurait été éliminé dès le premier tour. Il ne pouvait pas l’ignorer par ses sondages qui ont été confirmés le dimanche 24 mars.
Ce dimanche 24 mars 2024
Cela dit, cette élection a été un véritable révélateur du panorama politique du Sénégal. Des politiciens autoproclamés poids lourds avec la complicité des médiats n’étaient en fait que des poids - plumes. Si le fils Wade s’était présenté, il aurait figuré en bonne place dans le camp de ces naufragés du dimanche 24 mars 2024.
Cette élection a aussi sonné le glas de quatre gaillards facilement identifiables, qui sans être dans le gouvernement APR ont voué à Ousmane Sonko une haine viscérale mue uniquement par la jalousie. Le psychologue Raymond Saint-Laurent avait vu juste : la jalousie est le meilleur hommage que la médiocrité puisse rendre au talent.
L’un d’entre eux fait maintenant les yeux doux au nouveau pouvoir, les autres sont devenus sans voix.
L’histoire se répète souvent dans des contrées différentes et en des périodes différentes. Ce dimanche 24 mars 2024 au Sénégal n’est pas sans rappeler le 14 juillet 1789 en France avec la prise de la Bastille qui libère les prisonniers politiques et annonce la fin de l’ancien régime, pour devenir la fête nationale.
L’examen psychopathologique qui s’impose
Quant à Macky Sall, nos psychologues devraient se pencher sur son cas psychopathologique. Mon diagnostic de profane est que le bonhomme est un grand faible, qui pour compenser cette faiblesse a arboré un égo surdimensionné qui l’a poussé à un autoritarisme effréné, à jouer au dur, tout en étant méchant, jusqu’’à se prendre pour un dieu envers les Sénégalais. C’est cette faiblesse qui explique aussi son allégeance à la France, jusqu’à la vassalisation à son président.
Comment comprendre les dernières mesures auxquelles procède Macky Sall, se livrant juste au moment de partir, à son sport favori, la violation de tout ce qui relève de l’institutionnel ? C’est comme le mouton qui égorgé ne bouge plus à l’instant, pour quelques minutes après, s’agiter dans des soubresauts avant de sombrer définitivement. C’est la dernière sortie du vaincu, son baroud d’honneur, pour faire croire qu’il est quelqu’un.
L’impérieuse reddition de comptes
Ceci étant, la réconciliation nationale dont on a parlé ne saurait signifier absence de reddition de comptes. Comme cela se fait dans tous les pays où des évènements tragiques ont été perpétrés par des personnes bien identifiées.
En Europe, après la seconde guerre mondiale et la défaite militaire allemande, s’est tenu en novembre 1945 sur une année le procès de Nurenberg en Allemagne. Des hommes politiques du régime nazi, des militaires sont jugés, certains condamnés à mort, d’autres emprisonnés ou acquittés.
En France, en 1917, avant la fin de la première guerre mondiale, des femmes convaincues d’espionnage pour les Allemands avaient été fusillées. La plus célèbre est la tumultueuse danseuse Mata-Hari.
A la libération en 1944 après la seconde guerre mondiale, des femmes peu vertueuses qui sous l’occupation ont eu avec des soldats allemands des ‘’rapports à l’horizontale’’, ou des rapports d’espionnage, de dénonciation de leurs compatriotes ont été soit tondues en public, soit fusillées. Les femmes de la résistance ont eu elles des honneurs mérités.
Le Sénégal, après les drames vécus par de nombreuses familles ne saurait faire exception. Les casseurs doivent être les payeurs. Chasse aux sorcières ? Pourquoi pas, si des sorcières ont été des assassins et des voleurs ? Il ne s’agit pas de vengeance mais de justice. Il n’existe aucun pays au monde où des criminels identifiés sont laissés en liberté. Au Sénégal il n’est pas question de les pendre, encore qu’ils le méritent, mais qu’ils soient au moins jugés et rendent compte.
Le régime de Macky Sall a été une série de turpitudes qui dépassent l’entendement. Un escadron d’assassins tirant à balles réelles sur tout ce qui bouge devant eux, de tortionnaires des manifestants qui ont échappé aux balles. Toutes les conventions internationales sur la guerre (Conventions de Genève, Croix rouge …) interdisent de tirer sur des ennemis désarmés, de torturer des prisonniers de guerre. Ce qui été fait ici sur de jeunes militants ne faisant que manifester pacifiquement, un droit que leur confère la Constitution. Le Sénégal donnait l’impression d’un pays en guerre.
Figure aussi dans cette bonne compagnie le gang de délinquants financiers dont Macky été à la fois coach et capitaine d’équipe. Si un honnête citoyen dénonce l’un d’entre eux, un juge du président le condamne à payer des dommages – intérêts au malfrat qui doit les ajouter à son butin. Inédit dans l’histoire. Même la bande à Al Capone à Chicago dans les années 1930-40 ne se comportait pas ainsi. Ils étaient des voyous, mais avec une certaine classe.
Un honnête opposant politique est accusé de viol sans commencement de preuve par une fille manipulée, qu’aucun de ses défenseurs n’aurait voulu avoir comme sa propre fille, pendant qu’un membre du parti au pouvoir confondu la main dans le sac, violeur patenté sur une gamine de 17 ans, après une brève incarcération circule en toute liberté.
Des magistrats complices de ces turpitudes doivent être radiés de la fonction publique. Au lieu de ne dire que le Droit, ils ont dit la politique en part pris, faisant outrage à la magistrature. Ils sont indignes de rester dans cette noble fonction. Ils n’auront plus qu’à se recycler comme avocats pour défendre les délinquants financiers du défunt régime. Une admirable compagnie en perspective !
Les institutions du pays marchaient sur la tête, les populations ont exigé de les remette sur leurs pieds.
Ces bonnes âmes qui au nom de l’Islam invitent au pardon pour ces criminels ont-elles été entendues une seule fois lors des années de terreur du défunt régime ? Pourtant le propos du prophète (psl) est clair :
Celui d’entre vous qui voit quelque chose d’abominable devrait le changer avec l’aide de sa main ; et s’il n’a pas assez de force pour le faire, alors il devrait le faire avec sa langue ; et s’il n’a pas assez de force pour cela, il devrait le réprouver dans son cœur ; c’est la moindre manifestation de la foi (Sahih Muslim, ‘’ le livre de la foi’’, n° 79, chapitre 21).
L’intellectuel de quelque confession qu’il soit, au nom des valeurs de raison, vérité et justice dispose d’une arme qui est sa plume pour dénoncer ce qui doit être dénoncé. Certains l’ont fait, d’autre se sont tus.
Macky Sall est le premier qui doit être traduit en justice. Tous les rapports des organes officiels de contrôle publiés jusqu’ici l’accablent. C’est lui -même qui avait déclaré y avoir mis le coude. Il est coupable de collusion avec des voleurs, de haute trahison pour non-respect de ses engagements ayant promis juré une gestion sobre et vertueuse lors de son investiture. Il doit aussi être entendu sur son immense fortune personnelle. Dans sa déclaration de biens, il avait ‘’oublié’’ ses comptes bancaires. C’est cet homme qui doit rester intouchable ? Au nom de quoi ?
Le duo Diomaye – Sonko. Quel péril ?
Ceci étant, le duo Diomaye - Sonko ne peut pas être comparé avec le duo Senghor – Mamadou Dia de 1960.
Ces derniers n’avaient pas la même éducation familiale, le même parcours intellectuel, la même attitude à l’égard du colonisateur. Sonko et Diomaye ont tout cela en commun.
En plus, ils disposent d’un projet qui découle en partie du livre Solutions (2018) de Sonko, esquisse de programme de développement économique et social. Je le soutiens d’autant plus qu’il est en phase avec mon dernier ouvrage Afrique, voies de développement (Neas, Dakar 2023).
Une des premières mesures d’économie d’argent du nouveau régime devrait être la location de l’avion présidentiel à une compagnie aérienne. En 1982, au siège de la compagnie ‘’Air Afrique’’ à Abidjan, lors d’une visite de travail, le directeur commercial m’avait dit qu’ils avaient demandé à Abdou Diouf de prendre en location l’avion de commandement, quitte à le lui rétablir lorsqu’il doit voyager. Abdou Diouf avait refusé.
Les déplacements de cet avion coûtent extrêmement cher en carburant. L’actuel avion Airbus 320 consomme en moyenne 3 000 litres de kérosène par heure de vol, soit près de 2 millions de francs cfa l’heure, sans compter le décollage qui consomme 10 pour cent du stock de carburant.
Diomaye Faye n’est certainement pas candidat à ces pérégrinations en palais volant de ses prédécesseurs à longueur d’année. Cet avion qui nous a coûté plus de 57 milliards francs cfa à l’achat devrait enfin rapporter pour ne pas être ce que les économistes appellent éléphant blanc.
À suivre…
L'EXTRADITION DU BLOGUEUR DJIBRIL AGI SYLLA TERNIRAIT L'IMAGE DU SÉNÉGAL, SELON ALIOUNE TINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Selon l'expert des droits humains, expulser l'activiste exposerait l'État à de graves conséquences. Le fondateur d'Afrikajom Center met en garde contre les signaux négatifs que renverrait un tel renvoi pour la réputation du pays
(SenePlus) - Le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla, jugé coupable de séjour irrégulier au Sénégal, est actuellement détenu à la Division des investigations criminelles (DIC). Il est exposé au risque d'être renvoyé vers son pays. Alioune Tine attire l'attention sur les conséquences graves d'une extradition vers la Guinée où il pourrait être confronté à des persécutions.
Recherché par Conakry, le blogueur guinéen a été arrêté au Sénégal pour séjour illégale. Hier, le tribunal de grande instance hors classe de Dakar l'a reconnu coupable de cette infraction. Par conséquent, le sort du blogueur « Agi le King 224 » dépend désormais du ministre de l'Intérieur, le Général Tine, qui détient le pouvoir de l'expulser du Sénégal à tout moment.
Son extradition donnerait une très mauvaise impression à l’international
Joint au téléphone par la rédaction de SenePlus, Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center, affirme que le Sénégal ne devrait pas procéder à son extradition, craignant qu'il ne soit victime de tortures aux mains des autorités de son pays.
"L'extradition de ce blogueur risquerait de ternir l'image du Sénégal, qui est actuellement saluée à l'international pour sa démocratie. Ce serait donc un signal négatif pour le nouveau gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye."
Le défenseur des droits de l'homme souligne que « depuis l'époque du président Léopold Sédar Senghor, le Sénégal a une longue tradition d'hospitalité et de protection des personnes persécutées dans d'autres pays. Le pays est respecté en tant que terre d'asile, et cette tradition devrait être préservée, surtout maintenant que nous avons un gouvernement dont les militants ont été ciblés, condamnés… lorsqu'ils étaient dans l'opposition. »
Alioune Tine rappelle ainsi que le Sénégal a accordé l’asile à beaucoup de persécutés dans le monde. Dès lors, le jeune blogueur Djibril Agi Sylla ne devrait pas être extradé.
Le Sénégal s'expose à être poursuivi devant les cours des droits de l'Homme, notamment la cour de la Cédéao
Interrogé par Rfi, son avocat, Maître Amadou Aly Kane soutient qu’il « n'existe pas un texte sénégalais qui permette de le condamner pour séjour irrégulier, parce que c'est un ressortissant de la Cédéao, il est dans l'espace communautaire, il est un réfugié politique – quelqu'un qui fuit la persécution dans son pays. »
Par conséquent, il ne doit pas être refoulé. Car, on « ne peut pas refouler quelqu'un dans un pays où il fuit la persécution, où il court donc en danger pour sa vie. En violant des textes communautaires, en violant des textes du droit international des droits de l'Homme, le Sénégal s'expose à être poursuivi devant les cours des droits de l'Homme, notamment la cour de la Cédéao. Et donc, il serait bon qu'il y ait une décision de principe qui puisse affirmer avec force qu’un ressortissant de la Cédéao ne peut pas être en séjour irrégulier dans l'espace communautaire. »
LE MANQUE DE FONDS MENACE LA BIENNALE DE DAKAR
À trois semaines de son ouverture, la prestigieuse manifestation artistique se trouve dans une situation financière critique. La faute à l'État sénégalais, principal bailleur de fonds, qui n'a versé qu'une partie des subventions attendues
(SenePlus) - La 15ème édition de la Biennale de l'art africain contemporain, grand rendez-vous artistique se tenant tous les deux ans à Dakar, risque d'être reportée en raison de problèmes de financement, selon les informations relayées ces derniers jours.
D'après des sources proches du comité d'organisation citées par RFI, "des insuffisances logistiques" et "une grande inquiétude" quant à l'arrivée des œuvres à temps pour l'ouverture prévue le 16 mai ont été exprimées. Le budget de 1,5 milliard de francs CFA (environ 2 millions d'euros) prévu par l'État sénégalais ne serait versé qu'à hauteur d'un tiers, ce qui compromettrait le bon déroulement de l'événement.
"Sans ce budget, il est impossible de payer le transport des œuvres d'artistes africains qui viennent du monde entier, d'éditer un catalogue ou encore de loger la soixantaine d'artistes", a déclaré un membre du comité d'organisation sous couvert d'anonymat à RFI. À seulement 22 jours de l'ouverture, même en cas de déblocage tardif des fonds, les délais seraient intenables pour assurer l'arrivée à temps des œuvres, notamment celles transportées par bateau.
Face à ce contexte financier incertain, certains plaident donc pour un report de la Biennale à novembre prochain. Cette option sera discutée lors d'une réunion prévue ce mardi 23 avril. La nouvelle ministre de la Culture du Sénégal, Khady Diène Gaye, devra trancher sur le maintien ou non de l'événement aux dates initialement prévues, alors qu'elle hérite des dettes laissées par le précédent gouvernement.
Créée en 1992, la Biennale de Dakar n'a été reportée qu'une seule fois jusqu'ici, en raison de la pandémie de Covid-19. Ce potentiel report constituerait donc un coup dur pour cet événement majeur de l'art africain contemporain, entièrement financé par l'État du Sénégal.
SUSPENSION DES ACTIVITÉS POLITIQUES AU MALI, L’OPPOSITION SAISIT LA COUR SUPRÊME
Le décret n°2024-0230/PT-RM, suspendant la coordination des organisations de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, continue d’alimenter les tensions au Mali.
Le décret n°2024-0230/PT-RM, suspendant la coordination des organisations de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, continue d’alimenter les tensions au Mali. L’opposition et la société civile perçoivent cette mesure comme une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de réprimer toute dissidence politique.
Dans un contexte déjà tendu par un dialogue inter-Maliens contesté, cette suspension est interprétée comme un stratagème politique visant à museler l’opposition. Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024, réunies au sein d’une plateforme, ont décidé de contester ce décret en saisissant la Cour Suprême. Un groupe d’avocats a été mobilisé pour défendre cette cause, vue comme une forme de résistance pacifique contre ce qu’elles considèrent comme une dérive autoritaire du gouvernement en place.
Dans leur communiqué, les signataires réaffirment leur attachement aux valeurs démocratiques, à la liberté et au bien-être du peuple malien. Ils expriment également leur reconnaissance envers les militants pour avoir suivi leur appel à ne pas participer au dialogue inter-Maliens, soulignant ainsi leur engagement envers une voie démocratique et pacifique pour résoudre les tensions politiques
LA CONDAMNATION DU BLOGUEUR DJIBRIL AGI SYLLA FAIT DÉBAT
Condamné au Sénégal à une amende de 50.000 CFA pour un séjour jugé irrégulier, l'activiste crie au déni de justice. Réfugié politique selon sa défense, il fuirait les persécutions de la junte au pouvoir dans son pays
(SenePlus) - Au Sénégal, le tribunal de grande instance de Dakar a condamné le 16 novembre le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla à une amende de 50.000 francs CFA pour séjour irrégulier, selon les informations rapportées par RFI. Cette décision fait l'objet de vives critiques de la part de l'avocat du condamné, Maître Amadou Aly Kane.
Selon ce dernier, joint par la journaliste Emma Larbi, "il n'existe pas un texte sénégalais qui permette de le condamner pour séjour irrégulier, parce que c'est un ressortissant de la Cédéao, il est dans l'espace communautaire, il est un réfugié politique – quelqu'un qui fuit la persécution dans son pays." En effet, Djibril Agi Sylla est connu pour ses positions critiques envers la junte militaire au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021.
Son avocat estime donc que "Le principe, c’est qu’on ne peut pas refouler quelqu'un dans un pays où il fuit la persécution, où il court donc en danger pour sa vie. En violant des textes communautaires, en violant des textes du droit international des droits de l'Homme, le Sénégal s'expose à être poursuivi devant les cours des droits de l'Homme, notamment la cour de la Cédéao."
Maître Amadou Aly Kane dénonce une décision de justice non-conforme aux textes de la CEDEAO et appelle à "une décision de principe qui puisse affirmer avec force qu’un ressortissant de la Cédéao ne peut pas être en séjour irrégulier dans l'espace communautaire."
Cette condamnation du blogueur guinéen, réfugié politique selon la défense, soulève donc des questions sur le respect du droit communautaire et des droits de l'homme au Sénégal.
L'HORREUR DU GARSI À BIGNONA
Tortures, bastonnades, tirs à balles réelles : les témoignages accablants se multiplient sur les exactions de ces hommes en treillis vert foncé. Morts et blessés émaillent le passage de cette unité controversée, pourtant financée par l'Union européenne
(SenePlus) - En avril 2023, une marche pacifique de jeunes du parti Pastef à Bignona pour protester contre les morts lors de manifestations politiques a viré au drame. Selon une enquête du site d'information La Maison des Reporters, des éléments du GARSI (Groupe d'Action Rapide – Surveillance et Intervention au Sahel), une unité de la gendarmerie nationale sénégalaise créée en 2018 avec un financement européen de 4,7 milliards FCFA, sont intervenus avec une extrême violence.
Ibrahima Coly, coordonnateur à Bignona de la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS), relate avoir été violemment interpellé et torturé pendant de longues heures. "On te tuera comme un chat et rien n'arrivera", l'aurait menacé un gendarme avant qu'il ne subisse coups de crosse, coups de pied et injures. "Ils m'ont tellement frappé que je ne ressentais plus la douleur", témoigne Ibrahima, convaincu d'avoir frôlé la mort.
Parmi ses bourreaux, le jeune homme a reconnu le commandant Diop mais surtout "le supérieur des éléments du GARSI, un certain Capitaine Ba". "C'est lui qui a ouvert le bal en personne. Il a commencé à me frapper dès que je suis arrivé à la brigade, avant de passer le relais au Commandant Diop", affirme Ibrahima Coly. Selon lui, les deux hommes ont fait usage de "barres de fer". La Maison des Reporters a pu identifier formellement le Capitaine Serigne Maka Ba grâce à un publi-reportage de l'Union européenne où il explique la formation de l'unité qu'il commande, dédiée à la lutte contre la criminalité transfrontalière et soutenue par la gendarmerie française, la Guardia civil espagnole, la Carabinieri italienne et la Garde nationale portugaise.
À Bignona, qui figure parmi les localités ayant enregistré le plus de victimes de la répression ces dernières années avec six morts entre 2021 et 2024, la présence du GARSI est synonyme de violences exacerbées selon de nombreux témoins. Un journaliste local, Joseph Tendeng, affirme que ces forces ont "fait beaucoup usage de leurs armes" lors d'émeutes, faisant état de leur apparente "inexpérience en maintien de l'ordre".
Le 1er août 2023, lors de manifestations contre l'arrestation d'Ousmane Sonko, Joseph Tendeng a été blessé par balle par un élément du GARSI. "Le gendarme qui m'a tiré dessus était à moins de 50 mètres", se rappelle-t-il. Un autre témoin, P.L.D., décrit des scènes similaires, évoquant des tirs à balles réelles par des hommes en cagoule appartenant au GARSI.
Un ancien militaire a également été témoin oculaire de la mort par balle en mars 2023 de Mamadou Korka Ba, un élève de 22 ans. "Il n'y a que les éléments du GARSI qui font usage de leurs armes à feu lors des manifestations", dénonce Joseph Tendeng.
Suite à l'enquête d'Al Jazeera et de la Fondation porCausa, la Commission LIBE du Parlement européen a demandé en mars 2024 l'ouverture d'une enquête sur le possible dévoiement du financement européen de cette unité controversée.
Une demande de réaction a été adressée le 28 mars 2024 au Général Moussa Fall, haut commandant de la Gendarmerie sénégalaise, par La Maison des Reporters.
CHAVIREMENT DE PIROGUE À NABADJI, TROIS MORTS DONT UN BÉBÉ DE 8 MOIS
Selon les sources, l’un des membres de la famille des victimes, les deux femmes, voulaient traverser pour rejoindre leur champ. Mais elles ne savaient pas nager. Et tout d'un à coup, la pirogue a chaviré.
Trois corps sans vie. C’est le bilan du chavirement d’une pirogue, lundi, à Anda, dans la commune de Nabadji.
Selon les sources, l’un des membres de la famille des victimes, les deux femmes, voulaient traverser pour rejoindre leur champ. Mais elles ne savaient pas nager. Et tout d'un à coup, la pirogue a chaviré.
Youma Aly Sy 25 ans et Maimouna Anne 30 ans ont été retrouvées sans vie par les sapeurs pompiers. Tandis que le corps de l’enfant Issa Diallo, âgé de 8 mois, a été retrouvé aux environs de Woudourou. Les trois membres d’une même famille ont été inhumés à Tiguéré ciré.