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8 février 2025
Par Ibrahima Anne
ENTERRER L’HYPER-PRÉSIDENTIALISME
Un président ne peut pas aller à l’encontre du Peuple souverain, de la Constitution, des lois et règlements et des grands consensus nationaux, au risque d’être déchu. Au contraire, c’est sa Bible et son Coran
Le dialogue, s’il a lieu, devrait embrasser une large palette de sujets et ne pas seulement entériner les préoccupations électoralistes des femmes et hommes politiques. Dans ses termes de référence, le dialogue, le vrai, devrait s’intéresser à l’étendue et aux limites des pouvoirs de celui que nous appelons président de la République et qui, dans les faits, a plus de pouvoirs que le roi et le Premier ministre d’Angleterre réunis.
Dans une République, le pouvoir arrête le pouvoir. Or, dans notre constellation d’anciens royaumes du Baol, du Sine, du Saloum, du Fouta Toro, du Djolof, du Walo, etc. on a plus affaire à des chefs traditionnels qu’à des Présidents. Un Président ne peut pas aller à l’encontre du peuple souverain, de la Constitution, des lois et règlements et des grands consensus nationaux, au risque d’être déchu. Au contraire, c’est sa Bible et son Coran. Il leur doit allégeance, respect et protection. Aux Etats-Unis, Donald Trump a appris à ses dépens que, quoique locataire de la Maison Blanche, on ne défie pas impunément les lois de la République.
Le premier décret qu’il a pris et visant à interdire le sol américain à des ressortissants de pays dits terroristes a été invalidé par un anonyme juge. Le juge de district, James Robart avait, en effet, donné raison à deux organisations, l’American Civil Liberties Union (ACLU) et le Jewish Family Service, qui lui demandaient de bloquer le nouveau décret pris par Trump visant à empêcher l’entrée aux Etats-Unis de réfugiés venant de 11 pays, dont la plupart ont une population à majorité musulmane. Dans la configuration actuelle de notre Constitution, quel juge oserait aller à l’encontre des désirs d’un Président nouvellement élu et pendant son temps de grâce ? Lorsque le même Trump a voulu contester les résultats de la Présidentielle et a ordonné à ses écervelés soutiens d’envahir le Capitole, il s’est heurté à un mur : la solidité des institutions américaines.
Résonne encore dans notre tête le discours prophétique de l’ancien Président américain, Barack Obama, qui, au Caire, disait que «l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts». Chez l’Oncle Sam, la Constitution n’est pas un cahier d’écolier qu’on rature, selon ses désirs et volontés du moment. «C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir a tendance à en abuser», dixit Montesquieu dans L’Esprit des lois. Qui, un peu avant la Révolution torodo, en tire la recommandation que «pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.» Il faut que le Judiciaire puisse mettre le holà quand il constate que l’homme à la tête de l’Etat sombre dans l’abus. Un pouvoir judiciaire fort se serait, une heure après l’adoption de la très controversée loi portant report de l’élection au 15 décembre, autosaisi et rappelé l’intangibilité des dispositions constitutionnelles touchées et qui gouvernent l’élection du président de la République au Sénégal. Ce que, saisi par des plaignants, le Conseil constitutionnel a fait, une dizaine de jours plus tard, alors que trois morts ont été enregistrés et des biens publics et privés saccagés.
C’est le propre de nos Etats que chaque homme qui arrive au pouvoir, la première chose à laquelle il pense, c’est de créer les conditions de sa réélection. Et la première idée qui lui vient à l’esprit est de modifier la Constitution de sorte à créer le maximum d’imbroglios possible pour, en cas de besoin, les faire interpréter en sa faveur. Il faut que cela cesse. Ce dialogue, le plus large et le plus inclusif possible, ne devrait pas être laissé aux seuls politiciens et autres «tailleurs constitutionnels» qui ne sont intéressés que par leurs petites ambitions de carrière, pour les premiers, les honoraires de consultance, pour les seconds.
Paysans, pasteurs, pêcheurs, marchands ambulants, étudiants, éboueurs, anthropologues, philosophes, religieux, sociologues, juristes, journalistes, enseignants, médecins, mécaniciens, etc. y ont tous leur place et leur mot à dire. Parce qu’il s’agit de questionner notre rapport à la chose publique (res publica) et le rapport au pouvoir de celui que nous aurons choisi ainsi que de refonder notre modèle démocratique. Tant que nous continuerons à raisonner en termes de «Buur», «Nguur», «Borom reew» et autres termes rétrogrades, nous serons toujours surpris du changement de trajectoire de ceux que nous porterons au pouvoir une fois qu’on les aura installés au-dessus de nos têtes.
Tant que nos présidents auront droit de vie et de mort (grâce, forces de répression, immunité) sur leurs concitoyens, une caisse noire alimentée à fonds perdus avec des milliards dont on ne connaît ni l’usage ni la comptabilité encore moins la destination, nous ne serons pas admis à nous prévaloir d’une République. Et c’est sur cela que doit porter, en premier, le dialogue, le vrai. A défaut, nous devrons nous contenter, sans reproches ni murmures, et pour longtemps encore, de notre statut de sujets de celui dont nous aurons participé à l’élection.
VIDEO
ROSE WARDINI ANNONCE LE RETRAIT DE SA CANDIDATURE
Elle a décidé du retrait de sa candidature pour la présidentielle de 2024. Elle vient d’en faire, officiellement, l’annonce.
iGFM - (Dakar) Rose Wardini a décidé du retrait de sa candidature pour la présidentielle de 2024. Elle vient d’en faire, officiellement, l’annonce.
La candidate Rose Wardini avait été arrêtée puis placée sous contrôle judiciaire. Il lui est reproché d’avoir fait un parjure sur la question de sa nationalité. Ce lundi, elle a fait une annonce. Celle du retrait de sa candidature.
«J’ai décidé, en toute souveraineté, en concertation avec mes compagnons du mouvement Sénégal nouveau, mes parents, de retirer ma candidature à l’élections présidentielle de 2024», a-t-elle déclaré face à la presse. Ci-dessous la vidéo de sa déclaration.
DÉSACCORDS PERSISTANTS AUTOUR DU CALENDRIER ÉLECTORAL ET DES RÈGLES DU JEU
L'annulation du report n'a pas levé toutes les incertitudes. Si l'opposition veut profiter de l'élan du 25 février, la majorité souhaite éviter les contestations en allongeant les délais. Le pays attend que Macky dévoile les modalités de sa médiation
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/02/2024
Le débat fait rage au Sénégal sur la marche à suivre pour l'organisation de l'élection présidentielle, après l'annulation du report du scrutin par le Conseil constitutionnel. Le président Macky Sall a annoncé des "consultations pour l'organisation de l'élection dans les meilleurs délais" mais les acteurs politiques ne s'entendent pas sur le format et les modalités de ces discussions, à en croire RFI.
D'un côté, l'opposition menée par Ousmane Sonko du parti Pastef et les soutiens du candidat Bassirou Diomaye Faye réclament une élection avant la fin du mandat du président le 2 avril, en s'appuyant sur la décision du Conseil constitutionnel. Le collectif citoyen "Aar Sunu Election" demande quant à lui la tenue du scrutin dès le 3 ou 10 mars avec les mêmes candidats validés initialement.
Mais au sein de la majorité présidentielle, certains plaident pour un dialogue national plus large afin de "bâtir un consensus" et éviter les contestations. Un cadre du parti au pouvoir estime ainsi qu'il faut "prendre le temps du dialogue" et trancher notamment sur le cas de la candidate Rose Wardini dont la double nationalité est remise en cause.
Enfin, les candidats recalés réclament pour leur part une "concertation nationale" afin de réviser la loi électorale et ainsi tout reprendre à zéro, à l'image de Karim Wade dont le parti avait demandé le report. Le débat reste donc ouvert sur le format que prendront les consultations annoncées par le chef de l'État.
SIX MILLIONS FCFA ÉPARGNÉS PAR LA CALEBASSE DE SOLIDARITÉ DE FATICK
La calebasse de solidarité, une initiative du Cocogep (Comité de coordination et de gestion du partenariat) destinée à lutter contre les inégalités, a permis d’épargner 6 456 000 de FCFA dans six communes du département de Foundiougne.
Fatick, 19 fev (APS) – La calebasse de solidarité, une initiative du Cocogep (Comité de coordination et de gestion du partenariat) destinée à lutter contre les inégalités, a permis d’épargner 6 456 000 de FCFA dans six communes du département de Foundiougne.
“Nous avons collecté 6.456.000 Fcfa pour l’année 2023 et 40 greniers collectifs avec un stock de deux tonne de mil et maïs”, a indiqué le coordonnateur du Cocogep, Babacar Thiam lors de la cérémonie de présentation des résultats de la calebasse de solidarité.
Cette initiative mise en oeuvre dans les communes de Diossong, Niasséne, Ndiédieng, Diagane Barka, Nioro Alassane Tall et Keur Saloum Diané est “un système de proximité pour le renforcement de la solidarité, la réduction des inégalités et de protection contre toutes formes d’usure”.
Elle a également permis de mobiliser 10, 356 millions Fcfa pour l’autofinancement et les achats groupés destinés aux six communes.
Babacar Thiam a indiqué que 95 calebasses de solidarité ont été mises en place avec 4.232 membres, en majorité des femmes. ”La finalité est de sortir les plus démunis de la soudure et de l’endettement”, a t-il expliqué.
Selon lui, la calebasse de solidarité est une émanation volontaire de groupes de personnes vivant ensemble.
Et, pour cette année, un crédit de 354.000 a été octroyé à 79 bénéficiaires dans le domaine de la santé. Pour l’éducation et l’alimentation 216.000 Fcfa et 641.000 fcfa ont été alloués aux membres.
”Notre objectif est de lutter contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et l’endettement des ménages vulnérables”, a dit le coordonnateur du Cocogep.
CAN 2025, LE TIRAGE AU SORT DE LA PHASE DE GROUPES DES ELIMINATOIRES PREVU MARDI
Le tirage au sort de la phase de groupes des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 aura lieu au Caire, ce mardi à 12 h 00 GMT, annonce un communiqué de la Confédération africaine de football (CAF).
Dakar, 19 fév (APS) – Le tirage au sort de la phase de groupes des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 aura lieu au Caire, ce mardi à 12 h 00 GMT, annonce un communiqué de la Confédération africaine de football (CAF).
Cinquante-deux équipes prendront part aux éliminatoires de la CAN 2025, précise la même source.
Un tour préliminaire sera organisé avec les huit équipes les moins bien loties dans le classement FIFA.
Elles sont réparties dans deux pots, le premier comprenant la Somalie, Djibouti, Sao Tomé et le Tchad, le second étant constitué de Maurice, du Soudan du Sud, du Liberia et de l’Eswatini.
Les rencontres se tiendront du 18 au 26 mars, en aller et retour.
Les quatre meilleures équipes de ce tour préliminaire rejoindront les 44 autres équipes exemptées pour la phase de groupes des éliminatoires, dont le tirage au sort est prévu ce mardi.
Les huit équipes les moins bien positionnées au classement FIFA joueront le tour préliminaire, tandis que les 44 équipes restantes seront exemptées et joueront directement la phase de groupes.
Les matchs du premier tour et ceux du deuxième tour auront lieu du 2 au 10 septembre 2024, alors que ceux du troisième tour et du quatrième tour sont prévus du 7 au 15 septembre.
Le dernier tour des qualifications aura lieu du 11 au 19 novembre 2024. Après l’édition 1988 de la CAN, le Maroc va accueillir celle prévue en juin 2025.
Le royaume chérifien, qui devait accueillir la CAN 2015, s’est vu retirer l’organisation de la compétition, après que ses autorités ont demandé le report en raison de l’épidémie d’Ebola qui sévissait alors dans certains pays du continent.
La Guinée Équatoriale avait été désignée pour se substituer au Maroc.
15 CANDIDATS EXIGENT LA TENUE DE L'ÉLECTION AVANT LE 2 AVRIL
Les candidats considèrent que la liste des 20 prétendants validée en janvier par le Conseil constitutionnel doit être respectée. Ils déplorent qu'aucune mesure n'ait été prise par les autorités pour exécuter la décision de cette institution
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/02/2024
Quinze des vingt candidats retenus en janvier dernier pour l'élection présidentielle sénégalaise ont exigé dans un communiqué consulté par l'AFP que le scrutin ait lieu au plus tard le 2 avril prochain, date d'expiration officielle du mandat du président sortant Macky Sall.
Selon une source fiable de l'Agence France-Presse, les candidats assurent que la liste des vingt prétendants entérinée par le Conseil constitutionnel en janvier reste intangible. Ils constatent "avec amertume" que depuis la décision de l'institution "aucun acte n'a été posé par les autorités dans le sens d'exécuter celle-ci", peut-on lire dans le communiqué signé notamment par l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall et le candidat anti-système Bassirou Diomaye Faye.
Cette prise de position intervient alors que les Sénégalais ignorent toujours la date du prochain scrutin présidentiel après l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la décision du chef de l'État Macky Sall de reporter l'élection. Ce dernier a toutefois assuré vendredi son intention de "mener sans tarder les consultations nécessaires pour l'organisation de l'élection dans les meilleurs délais", comme le requiert la plus haute juridiction du pays.
Les quinze candidats signataires du communiqué, parmi lesquels ne figurent pas le Premier ministre Amadou Ba ni les anciens chefs de gouvernement Idrissa Seck et Mahammed Boun Abdallah Dionne, exigent donc que le second tour de la présidentielle se tienne au plus tard le 2 avril prochain, date d'expiration du mandat en cours.
par Fallou Dieng
AVIS D’UN CITOYEN CONCERNÉ
Le 3 avril 2024, peu importe qui dirigera notre pays bien-aimé, nous vivrons dans une République souillée. Le président Macky Sall a provoqué une atteinte au caractère sacré de son serment, de son devoir, de la Constitution
Le passé retient son souffle, l’Histoire nous observe et l'avenir est témoin du comportement, de la survie et de la crédibilité de notre Nation. L’élection aurait dû être celle la plus cruciale de notre vie démocratique jusqu’à ce qu’un président égoïste, cruel et sans principes en décide autrement.
Le 3 avril 2024, peu importe qui dirigera notre pays bien-aimé, nous vivrons dans une République souillée. Le président Macky Sall a provoqué une atteinte au caractère sacré de son serment, de son devoir, de la Constitution et de toutes les normes et valeurs démocratiques qui définissent le Sénégal, comme un exemple en Afrique et dans le monde. Ses actions antidémocratiques mettent sérieusement en danger nos modes de vie et détériorent l'exception sénégalaise. L’essence d’une démocratie est précisément l’idée fondamentale qui atteste que la souveraineté appartient uniquement au peuple. Seul le peuple a une voix au chapitre. Les élections sont vitales pour une République qui se qualifie d’être une Nation démocratique. Elles permettent aux citoyens de s'exprimer et de participer à la marche de la République. Le vote est le souffle d’une République. Par conséquent, il ne doit pas être pris à la légère.
Reporter la date du scrutin ou prolonger la durée du mandat du président, est une rupture du contrat social, une violation de la Constitution. Cette forfaiture historique sans précédent met la République et la Nation en danger.
Heureusement pour la République, le Conseil constitutionnel a eu le dernier mot. Nous saluons la décision du Conseil constitutionnel, qui a rétabli l'ordre, en disant le droit dans toute sa rigueur. Maintenant, l’administration doit respecter cette décision. Par la même occasion, nous invitons chacun à exercer ses droits constitutionnels dans le respect mutuel, dans la sérénité et dans le souci de préserver les vies. La paix n'a pas de prix, et l'injustice ne peut soutenir l'équité et l'harmonie.
Un dialogue pour sortir de la crise. Une concertation pour endormir le peuple. Une amnistie biaisée pour aveugler la justice. Soyons sérieux, on ne joue pas avec la République. La petite politique et la partisanerie aveugle ruinent toujours la voix de la raison et cassent toutes les digues. Ma candidature ou pas d'élection. Mon leader ou pas d'élection. L’ennemi le plus redoutable du Sénégal est, de loin, les élites et les dirigeants malhonnêtes.
Nous invitons les citoyens à aller retirer leurs cartes d’électeur et attendre le jour du scrutin pour exprimer leur devoir. Le vote a une valeur sacrée dans une démocratie. Il protège la République contre toutes formes d’attaques. Les citoyens ne doivent jamais l’ignorer. Et comme le disait, John F. Kennedy « L’ignorance d’un électeur dans une démocratie porte atteinte à la sécurité de tous. »
Nous devons être des citoyens à tout moment et prêts à affronter tout ce qui menace et met en danger non seulement le pays mais aussi les générations à venir. Nous ne devons pas être le cauchemar de nos ancêtres mais l'espoir et l'inspiration de nos descendants.
Menons les bons combats, redonnons de la dignité à notre démocratie et à nos modes de vie.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LE PRÉSIDENT DOIT DEMANDER PARDON AU PEUPLE SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il nous appartient de nous assurer qu’il nous organisera une élection sans « tricheries ». Ce qui demeure un défi majeur y compris le jour du scrutin. La vertu n’est pas une marque de fabrique de ce régime
Au Sénégal, on se dirigeait cahin-caha vers une élection présidentielle qui devait enfin clore un magistère heurté et en ouvrir un nouveau plus serein. Comme précédemment le processus électoral avait été marqué par les controverses habituelles liées au Code électoral, au fichier, à la participation d’Ousmane Sonko, au système de parrainage, etc. Rien de nouveau. Le président avait encore convoqué un dialogue visant à produire un accord porté ensuite par un projet de loi et un passage à l’Assemblée. S’étant enfin assuré de l’exclusion d’Ousmane Sonko, le président avait émis un décret convoquant le corps électoral à une date permettant l’investiture du nouveau président dans les délais constitutionnels. Le Conseil constitutionnel avait achevé son travail en validant 20 candidatures et en suscitant les mécontentements usuels. La campagne électorale pouvait enfin commencer, annonçant le début de la fin. Les Sénégalais, le peuple souverain attendaient patiemment ce rendez-vous de la délivrance.
Et puis patatras !
Le 3 février, le président nous annonce d’un ton péremptoire, en trois minutes et avec deux heures de retard, « J’annule tout ». Pourquoi ? A cause d’accusations de corruption épinglant deux membres du Conseil. La majorité parlementaire dans la précipitation en profita pour allonger la durée du mandat du président en lui servant son fameux « dessert.» Le tout en trois jours et en violation flagrante des dispositions intangibles, constitutionnelles.
L’incroyable légèreté des raisons avancées avec désinvolture et la mauvaise foi manifeste ont suscité un tollé général dans le pays ainsi qu’à l’international. La riposte s’est alors organisée autour d’un non massif et résolu. La répression est encore une fois violente avec un usage excessif de la force par la gendarmerie, causant la mort de trois jeunes sénégalais tués par balles réelles et s’ajoutant aux soixante victimes des répressions sanglantes de juin 2021 et mars 2023. Macky Sall s’est alors rendu compte qu’il s’était engouffré dans une impasse et a commencé a se chercher désespérément une porte de sortie. Comment se sort-on d’une voie sans issue ? Pourtant le panneau de sens interdit était clairement affiché !
Le Conseil constitutionnel s’étant ré-approprié ses compétences a statué que Macky Sall et sa majorité parlementaire avaient violé la Constitution du pays et le Conseil a procédé purement et simplement a l’annulation des textes soumis. Injonction ayant été donné à l’exécutif de poursuivre le processus électoral et d’organiser l’élection dans les délais permettant d’éviter une vacance dans l’exercice de la fonction présidentielle. Ce à quoi le président s’est engagé.
Va-t-il s’y tenir ? Il faut dire qu’il y a une rupture de confiance entre le peuple et son président. Faut-il le croire ?
Car la question qui interpelle, c’est pourquoi ? Pourquoi avoir crée cette crise dont les conséquences sont désastreuses ? En matière de vies perdues, de blessés, de nouvelles cohortes d’arrestations, de pertes économiques, de dysfonctionnements institutionnels, de dégringolade de la réputation internationale du Sénégal ? A deux mois de son départ de la tête du pays ?
Pourquoi ? Ignorance coupable de la Constitution ? Violation délibérée de notre pacte fondamental ? Assurance que le Conseil constitutionnel allait entériner cette forfaiture ? Peur obsessionnelle de perdre le pouvoir au profit d’une alternative populaire et déterminée ? Sans réponse à ces questions quelles garanties avons-nous que le président va se soumettre aux injonctions du Conseil constitutionnel ?
Il semblerait que le discours du 3 février ait été une réponse angoissée à la probabilité d’une victoire du candidat du Pastef. Contrairement à ce que disent certains, Macky Sall n’avait rien planifié, n’a rien anticipé et n’a pas de stratégie de sortie de crise. Il s’agite dans l’improvisation au jour le jour à la recherche de voies de contournement de la loi et des règles, et de pare-feux pour contrer les incendies qu’il a lui même allumés. C’est un homme sans convictions avec une prédilection pour les coups tordus, mais il reste affligé du handicap de l’incompétence. Le seul cap qui l’obnubile, c’est la conservation du pouvoir le plus longtemps possible et la main basse sur le pétrole. « Apaisement », « Dialogue », « Réconciliation » ne sont que des parades destinées à gagner du temps.
Va-t-il se résoudre maintenant à suivre le droit chemin en commençant par demander pardon aux familles de toutes ces victimes abattues par sa police ?
Il n’y a que deux possibilités pour une nouvelle date du scrutin : les dimanches du 3 mars ou du 10 mars. C’est un problème technique auquel les « services compétents » doivent s’atteler comme requis par le Conseil constitutionnel. Nul besoin de dialogue. Avait-il dialogué avant de convoquer le corps électoral initialement ? Avait-il dialogué avant d’annuler cette convocation ?
Le dialogue semble être “l’arme fatale”de Macky Sall.
L'Arme fatale (Lethal Weapon) est une comédie policière américaine réalisée par Richard Donner et sortie en 1987. C'est le premier opus d'une série de quatre films, poursuivie avec L'Arme fatale 2 (1989), L'Arme fatale 3 (1992) et L'Arme fatale 4 (1998). Même réalisateur, mêmes acteurs (Mel Gibson, Dani Glover) même histoire, même scénario, même épilogue. On s’en lasse ! D’ailleurs, un 5ème film initialement prévu en 2020 n’a toujours pas vu le jour. Ce qui sera probablement le sort du nouveau dialogue qu’on nous annonce.
Notre président s’inspire d’une comédie policière pour nous servir une comédie politique à répétition et de très mauvais goût. Car dans une démocratie, le dialogue est permanent et ne saurait être circonscrit à un événement circonstanciel au palais de la République. Le dialogue requiert une certaine disposition d’esprit fondée sur une culture démocratique, animé par une bonne foi réelle et une capacité d’écoute sincère. Attributs qui font cruellement défaut à notre président.
Comment convaincre le peuple qu’on est ouvert au dialogue lorsqu’on ferme la télévision Walfadjiri à sa guise et qu’on bâillonne les “sans voix”? Se privant ainsi de la possibilité de les entendre sans filtre ? Comment convaincre la classe politique lorsqu’on interdit l’accès à la télévision nationale de candidats validés pour l’enregistrement de leurs messages de campagne ? Ou lorsqu’on aboutit en prison pour un post Facebook comme le Secrétaire général du Pastef ?
Quelle est l’opportunité d’un dialogue après avoir pris une décision qu’il faut maintenant avaliser et où il s’agit en fait d’en gérer les conséquences ? Par ”consensus presidentiel” ? Qu’est-ce que ce dialogue fondamentalement asymétrique ou les conclusions sont portées au président pour décision selon son bon vouloir ? C’est quoi ce dialogue ou les communicants du pouvoir se sont immédiatement mis à caqueter : Sonko « inflexible » face à la « mansuétude » du président ?
Au Sénégal, on réprime violemment pour « préserver la paix », on gaze les manifestants pacifiques pour les amener à « dialoguer », on tue pour « contenir la violence », on libère des détenus innocents pour faire de la place pour de nouvelles cohortes de détenus tout aussi innocents et ce pour “apaiser” la situation. Une terminologie plus appropriée serait :”Otages”.
Au fond, le président appelle à un dialogue pour négocier une amnistie générale destinée bien sûr à couvrir ses propres crimes et ceux de ses complices. Encore faudrait-il qu’ils demandent pardon au préalable. Et que dire de sa dernière trouvaille, son appel immoral à l’armée ?
Quand Macky Sall s’essaie à la subtilité, sa balourdise naturelle reprend le dessus. La menace et le chantage sont tellement lumineux que tous les Sénégalais comprennent aussitôt. Il nous dit en français facile, soit vous acceptez mon décret d’annulation et de report, soit je remets les clés du palais à l’armée.
Nous Sénégalais propriétaires de ce pays, propriétaires du pétrole et du gaz, propriétaires de ce palais, propriétaires de ce mandat, n’avons pas notre mot à dire
Quelle outrecuidance ! Quelle morgue ! Quelle arrogance!
Il pense ainsi pouvoir réaliser son ambition déclarée de réduire l’opposition à sa plus simple expression en installant au moment de son départ un régime militaire pour parachever son obsession. De fait, il traite désormais tous les Sénégalais en ennemis, puisqu’ils se sont rangés majoritairement du côté de l’opposition
A-t-il renoncé ?
Ce président aura tout simplement été une calamité pour le Sénégal. Chaque fois qu’il commet une illégalité, il nous surprend encore en tombant plus bas. Et quand il atteint le fond, il continue à creuser tel un forcené. Et certains veulent aller dialoguer avec un homme qui déclenche un coup d’État et après aspire à le prolonger avec un putsch. Faire une passation de service volontaire avec un gradé de l’armée ? On aura tout vu.
Quand on est dans une impasse, il faut tout simplement admettre qu’on s’est trompé de chemin et faire demi-tour avant qu’il ne soit trop tard. Un président a le droit de faire preuve d’humilité et de demander pardon.
Mais je ne suis pas sûr qu’il pourra trouver cette disposition dans son fumeux“code d’honneur“ou ce qu’il en reste. Il nous appartient donc de lui imposer le chemin et de nous assurer qu’il nous organisera une élection sans « tricheries », ce qui demeure un défi majeur y compris le jour du scrutin. Car la vertu n’est pas une marque de fabrique de ce régime.
Le Conseil constitutionnel a indiqué la voie de sortie de l’impasse.
PREVISION DE LA CROISSANCE 2024, LE SENEGAL À LA DEUXIÈME PLACE
La dernière édition du rapport «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique» de la Banque africaine de développement (Bad) révèle que l’Afrique comptera, en 2024, onze des vingt pays ayant la croissance économique la plus forte au monde
La dernière édition du rapport «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique» de la Banque africaine de développement (Bad) révèle que l’Afrique comptera, en 2024, onze des vingt pays ayant la croissance économique la plus forte au monde. Parmi ces onze pays, le Sénégal occupe la deuxième place, avec un taux de 8, 2%, après le Niger dont le taux de croissance est projeté à 11, 2%.
Le Sénégal figure dans le Top 10 des pays ayant la croissance la plus forte en 2024. En effet, parmi les onze pays à la croissance économique la plus forte en Afrique, il occupe la 2e place, avec un taux projeté à 8, 2%, après le Niger, 11, 2%. Les neuf autres pays qui devraient connaître une solide performance économique sont la Libye, 7, 9%, le Rwanda, 7, 2%, la Côte d’Ivoire, 6, 8%, l’Ethiopie, 6, 7%. S’en suivent le Bénin, 6, 4%, le Djibouti, 6, 2%, la Tanzanie, 6, 1%, le Togo, 6%, et l’Ouganda, 6%, selon la dernière édition du rapport «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique» de la Banque africaine de développement (Bad), rendue publique vendredi dernier.
Lequel document relève que l’Afrique domine le classement des vingt pays à la croissance économique la plus forte au monde en 2024. La croissance du Produit intérieur brut (Pib) réel du continent devrait s’établir en moyenne à 3, 8% cette année et 4, 2% en 2025. Des chiffres supérieurs aux moyennes mondiales estimées à 2, 9% et 3, 2%, selon le rapport. L’Afrique devrait rester la deuxième région connaissant la croissance la plus forte, après l’Asie.
«Malgré un environnement économique mondial et régional difficile, quinze pays africains ont enregistré une croissance de leur production de plus de 5%», a déclaré le président du Groupe de la Banque africaine de développement, cité dans un communiqué. Dr Akinwumi Adesina appelle ainsi à des pools de financement plus importants et à plusieurs interventions politiques pour stimuler davantage la croissance du continent.
Le nouveau rapport, selon le communiqué, appelle à «un optimisme prudent compte tenu des défis posés par les risques mondiaux et régionaux, à savoir la montée des tensions géopolitiques, l’augmentation des conflits régionaux et l’instabilité politique, qui pourraient perturber les flux de commerce et d’investissement, et maintenir les pressions inflationnistes».
Le président de la Bad a souligné que les déficits budgétaires s’étaient améliorés, la reprise plus rapide que prévu après la pandémie ayant contribué à accroître les recettes.
«Cela a conduit à une stabilisation du déficit budgétaire moyen à 4, 9 % en 2023, comme en 2022, mais nettement inférieur au déficit de 6, 9% enregistré en 2020. Cette stabilisation est également due aux mesures d’assainissement budgétaire, en particulier dans les pays présentant des risques élevés de surendettement», a-t-on indiqué.
Pour l’économiste en chef et vice-président du Groupe de la Bad, Kevin Urama, qui a présenté les principales conclusions du rapport, «la croissance des économies africaines les plus performantes a bénéficié d’une série de facteurs, notamment la diminution de la dépendance à l’égard des matières premières grâce à la diversification économique, l’augmentation des investissements stratégiques dans les secteurs-clés de croissance, la hausse de la consommation publique et privée, ainsi que des évolutions positives sur les principaux marchés d’exportation». Il considère que «la croissance économique de l’Afrique devrait retrouver une vigueur modérée tant que l’économie mondiale résistera, que la désinflation se poursuivra, que les investissements dans les projets d’infrastructure resteront soutenus et que les progrès en matière de restructuration de la dette et d’assainissement budgétaire se poursuivront».
Le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cedeao, un risque
Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, «la croissance devrait accélérer pour atteindre 4% en 2024 et 4, 4% en 2025. La forte croissance enregistrée dans la plupart des pays de la région devrait compenser les ralentissements observés au Nigeria et au Ghana».
Le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) jette une ombre sur la durabilité des gains dans un contexte d’incertitude croissante.
Le rapport de la Bad indique qu’à court terme, «la lutte contre l’inflation persistante nécessitera une combinaison de politiques monétaires restrictives associée à un assainissement budgétaire et à des taux de change stables».
Une politique monétaire restrictive correspond à une hausse du taux directeur, c’est-à-dire les taux auxquels les banques centrales prêtent leurs ressources aux banques commerciales pour contrôler la masse monétaire, ou du taux de réserves obligatoires (montant des liquidités que les banques commerciales sont tenues de conserver auprès des banques centrales en raison d’un taux de réserves).
Le rapport de l’institution financière multinationale de développement identifie également «les réformes structurelles et les politiques industrielles stratégiques comme essentielles pour accélérer la diversification économique et renforcer le secteur des exportations».
Il recommande que «les pays investissent davantage dans le capital humain et poursuivent une stratégie d’industrialisation et de diversification basée sur les ressources qui permettent au continent d’exploiter ses avantages comparatifs et de renforcer sa résilience aux chocs».
NOUVELLE DATE DES ELECTIONS, MACKY DANS LES TRACTATIONS
Suite à la décision du Conseil constitutionnel annulant le report de l’élection présidentielle, le président de la République va mener officiellement, aujourd’hui et demain mardi, les consultations avec les acteurs.
Suite à la décision du Conseil constitutionnel annulant le report de l’élection présidentielle, le président de la République va mener officiellement, aujourd’hui et demain mardi, les consultations avec les acteurs. A l’issue de celles-ci, Macky Sall fixera les nouvelles dates du processus électoral.
Au palais de la République, l’heure est aux consultations. Le Quotidien a appris, de bonne source, que le chef de l’Etat a décidé de mener officiellement ses consultations aujourd’hui et demain, à la suite de la décision du Conseil constitutionnel ayant annulé le décret abrogeant celui convoquant le collège électoral pour le 25 février 2024 et la loi constitutionnelle reportant la Présidentielle au 15 décembre 2024. Ainsi, les acteurs vont défiler individuellement devant le Président Macky Sall pour échanger avec ce dernier sur les éléments devant constituer le nouveau processus électoral (temps de la campagne électorale, dates des scrutins (1er et 2ème tours).
A l’issue de ces discussions avec les différents acteurs, le président de la République, Macky Sall, fixera les nouvelles dates du processus électoral : la durée de la campagne et la date du premier tour de l’élection présidentielle, et celle du second tour, si éventuellement celui-ci a lieu.