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6 février 2025
UNE GESTION, MOULT INTERROGATIONS !
La digitalisation intégrale du système de santé a déjà démarré dans le pays, avec la mise en place du dossier patient unique partagé au Sénégal dans six structures de santé du pays. La tâche est exécutée par la société Sénégal numérique.
La digitalisation intégrale du système de santé a déjà démarré dans le pays, avec la mise en place du dossier patient unique partagé au Sénégal dans six structures de santé du pays. La tâche est exécutée par la société Sénégal numérique. Toutefois, dans cette démarche, les logiciels déjà existants risquent de disparaitre. Une situation qui, si elle venait à se produire, porterait un sacré coup à l’objectif de départ qui serait de mettre en place une plateforme de coordination, comme annoncée dans l’Avis d’Appel d’Offres Ouvert pour l’acquisition d’un logiciel d’identification, au profit de la Cellule de la Carte sanitaire et sociale, de la Santé digitale et de l’Observatoire de Santé (CSSDOS), qui fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés paru dans le journal «Le Soleil» n°15788 du samedi 14 janvier 2023.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a signé une Convention-cadre de partenariat avec la société Sénégal numérique (SENUM), mardi dernier, pour l’accélération de la digitalisation intégrale du système de santé du Sénégal. Une volonté commune de poursuivre et d’intensifier la collaboration déjà ancienne, selon la ministre de la Santé et de l’Action sociale, entre son département et l’Agence de développement de l’Informatique de l’Etat (ADIE), devenue maintenant la société Sénégal numérique (SENUM SA), en vue de l’accélération de la digitalisation intégrale du système de santé.
«Cette digitalisation intégrale de la santé implique des besoins importants en capacités d’hébergement et en bandes passantes. En effet, dix (10) dossiers en santé digitale, dans différents domaines, sont en train d’être mis en œuvre par mon département et dont certains sont à un stade de maturation très avancée, dont le dossier Patient Unique Partagé dont la phase pilote d’implémentation a déjà démarré dans 06 établissements de santé publique de Dakar et des régions depuis fin décembre 2023», a déclaré la ministre Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
Au nom de la société Sénégal numérique, Cheikh Bakhoum a fait savoir que «le secteur de la santé est un pilier fondamental du bien-être de notre population. Et il est de notre devoir, en tant qu’acteur du numérique, porte-étendard de la politique informatique de l’Etat du Sénégal et de la transformation digitale, de contribuer activement à son amélioration».
LES AXES D’INTERVENTION DE LA DIGITALISATION
La société Sénégal numérique SA, en plus du dossier Patient Unique Partagé, interviendra dans neuf autres axes dont la plateforme de mobilité du personnel (MIRSAS) arrivée à maturité et dont le lancement official est prévu la semaine prochaine ; la Télémédecine, dont le document cadre national est déjà validé ; ERXP3, la gestion électronique des médicaments dans les Pharmacies régionales d’approvisionnement (PRA) et les structures de santé ; Le SYSGEC, la gestion électronique du courrier ; La digitalisation des procédures de demandes d’ouverture des Officines privées de Pharmacie et d’Autorisation de mise sur le Marché (AMM) ; La gestion électronique des informations sanitaires et sociales, le DHIS2 ; La digitalisation de la matrice des sources de financement en Santé ; La digitalisation de la production des Cartes d’égalité des chances, avec une déconcentration dans les régions et les Départements ; La gestion électronique des informations financières et comptables, le TOM2PRO.
C’est dans ce sillage et en cohérence que M. Bakhoum a fait savoir, avec le cahier de charges de cette convention, que son département s’engage à appuyer la mise en œuvre de la stratégie de transformation digitale avec, en priorité, les axes et la démarche de Procéder aux tests techniques, fonctionnels et sécuritaires des applications ESanté que le ministère en charge de la Santé et ses services rattachés utilisent ou envisagent d’utiliser afin de mieux tenir en compte des aspects liés à la réglementation nationale en matière de protection des données personnelles, à l’interopérabilité et la sécurisation.
LE CAHIER DE CHARGES DE SENEGAL NUMERIQUE
Pour la société Sénégal numérique, il est question, dans ce partenariat-cadre, d’héberger les données des applications du ministère de la Santé et de l’Action sociale et ses services rattachés, particulièrement celles du «Dossier Patient Unique Partagé» et, au plan stratégique national, de la gestion des Urgences dans le Datacenter national, avec une haute disponibilité et accessibilité 24/7 ; de déployer le SENGEC (Système de Gestion électronique du Courrier) ; créer des mails gouv.sn ; fournir et améliorer la connectivité numérique ; numériser et sauvegarder les archives du ministère de la Santé et de l’Action sociale et ses structures rattachées puis de rendre accessibles les dossiers en veillant à la sécurité des données ; appuyer le ministère de la Santé et de l’Action sociale sur la définition et l’élaboration des spécifications techniques des infrastructures et services numériques et leurs acquisitions ; accompagner le ministère de la Santé et de l’Action sociale dans l’intégration de ses Systèmes d’information (SI) à la plateforme nationale d’interopérabilité des SI de l’Administration ; accompagner le ministère de la Santé et de l’Action sociale dans le déploiement des données de la plateforme DHIS2 du LINODE au Datacenter du SENUM SA ; apporter des conseils et son expertise dans la mise en œuvre des six projets numériques majeurs du Programme de Digitalisation du Système de Santé et dans les domaines de l’infrastructure, des réseaux informatiques et de télécommunications ; accompagner le ministère de la Santé et de l’Action sociale dans ses besoins de formation dans le domaine du numérique et de la conduite du changement.
«DOSSIER PATIENT UNIQUE PARTAGE», SUR FOND DE DISCORDE
Concernant la numérisation dans le secteur de la santé, s’il y a un dossier qui est bien avancé dans la digitalisation, c’est la gestion hospitalière avec le suivi du dossier patient. Au moins, deux tiers (2/3) des établissements de santé disposent d’un logiciel qui leur permet de suivre le malade, de gérer les données médicales ainsi que dans le partage des données du patient entre praticiens. Des solutions qui répondaient aux spécificités des centres hospitaliers et centre de santé du pays, face aux pertes de données, mais aussi qui permettaient l’accès aux données hospitalières au niveau national. Parmi ces logiciels utilisés figurent Hospitalia, Cubis, avec le démarrage de cette digitalisation qui risque de faire sauter l’existant, un risque de perte de données d’une dizaine d’années pourrait se produire ; même si le directeur de SENUM, Cheikh Bakhoum, a avancé que «ces données vont nous servir de base». Toutefois, l’inquiétude qui se dessine dans l’esprit des gestionnaires de logiciels existants est de savoir «si leurs produits continueront à exister».
UN APPEL D’OFFRES QUI “RISQUE” DE SORTIR DE SON CADRE
Depuis plusieurs années, des ateliers se tiennent pour la digitalisation de la santé en général. L’objectif était de permettre aux gestionnaires de la santé de disposer des données à temps et aux médecins de pouvoir disposer du dossier patient, quelle que soit sa zone de compétence, afin de faciliter le soin et au malade de disposer de moins de paperasse. Le marché pour la plateforme interrogeable devait garder les systèmes existants et un Appel d’Offres a été lancé, en février 2023, sur l’acquisition d’un logiciel d’identification, de gestion et de partages électroniques des documents médicaux et administratifs du patient.
L’Avis d’Appel d’Offres Ouvert pour l’acquisition dudit logiciel d’identification, au profit de la Cellule de la Carte sanitaire et sociale, de la Santé digitale et de l’Observatoire de Santé (CSSDOS) fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés paru dans le journal «Le Soleil» n°15788 du samedi 14 janvier 2023. Toutefois, avec l’évolution de la digitalisation et le doute qui plane chez les acteurs et gestionnaires de logiciels existants, l’Appel d’Offres pourrait bien sortir de son cadre pour des besoins d’harmonisation.
LE REPORT DES ELECTIONS EST IMPOSSIBLE SAUF SI LES GENS VEULENT INTERPRETER LA CONSTITUTION
Tels sont les rappels juridiques que Ndiogou Sarr, enseignant-chercheur en droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad, a tenu à faire dans la foulée de la mise en place de la commission d’enquête parlementaire
« Seul le vote d’une loi peut dissoudre le Conseil constitutionnel »… « II ne peut être mis fin, avant l’expiration de leur mandat, aux fonctions des membres du Conseil constitutionnel »… « L’incrimination d’un membre du Conseil constitutionnel n’entravera en rien le fonctionnement de cette institution ». Tels sont les rappels juridiques que Ndiogou Sarr, enseignant-chercheur en droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a tenu à faire dans la foulée de la mise en place de la commission d’enquête parlementaire contre deux membres du Conseil constitutionnel. Et de certifier par suite que « le report des élections est impossible sauf si les gens veulent interpréter la Constitution comme ils ont l’habitent de le faire en disant qu’il y a crise des institutions ». Eclairage
Le Conseil constitutionnel est venu avec la réforme constitutionnelle de 1992. C’est une institution qui sort du lot de la carte judiciaire, du fait de sa spécificité en tant organe de contrôle de la Constitution avec une fonction à la fois juridique mais aussi politique. En tant qu’institution de la République, seul le vote d’une loi peut dissoudre le Conseil constitutionnel. Maintenant, s’agissant de la question du mandat de ses membres, la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel est très claire. L’article 5 de cette loi organique précise en effet, qu’« II ne peut être mis fin, avant l’expiration de leur mandat, aux fonctions des membres du Conseil constitutionnel que sur leur demande, ou pour incapacité physique, et sur l’avis conforme du Conseil ».
Maintenant, si des gens ont des preuves impliquant un membre du Conseil constitutionnel qu’ils arrivent à établir, il est prévu dans ce cas une procédure consistant à saisir le Conseil constitutionnel pour demander son autorisation préalable à la poursuite du membre en question. Car, on ne peut pas poursuivre un membre du Conseil constitutionnel sans son autorisation tout comme on ne peut poursuivre un député sans l’autorisation préalable de l’Assemblée nationale. Donc, si cette commission d’enquête parlementaire arrivait à déposer ses conclusions en voyant effectivement qu’il y a des suspicions graves qui pèsent sur le membre du Conseil constitutionnel et qui peut renvoyer à sa culpabilité, on va demander au Conseil constitutionnel une autorisation de poursuivre. Et c’est seulement après autorisation favorable qu’on pourra engager des poursuites judiciaires.
« De même qu’une sanction d’un membre de l’Assemblée nationale ne peut empêcher à cette institution de continuer son travail, l’incrimination d’un membre du Conseil constitutionnel n’entravera en rien le fonctionnement de cette institution ».
« Dans les principes, l’absence d’un membre du Conseil constitutionnel devait impacter son fonctionnement puisqu’on a dit que le Conseil fonctionne avec tous ses membres sauf si on constate un empêchement temporaire. Mais, dans la pratique, cela n’a jamais été respecté au Sénégal. La preuve, dans un passé très récent, on a vu le Conseil constitutionnel délibérer alors qu’un de ses membres avait fini son mandat et l’autre décédé. Donc, même si demain un membre du Conseil constitutionnel est impliqué dans une faute, ce n’est pas parce qu’on va le sanctionner qu’on va reporter la date de l’élection. Non, c’est impossible. On peut sanctionner le membre fautif mais on ne peut pas reporter quoi que ce soit. De même qu’une sanction d’un membre de l’Assemblée nationale ne peut empêcher à cette institution parlementaire de continuer son travail législatif, l’incrimination d’un membre du Conseil constitutionnel n’entravera en rien le fonctionnement de cette institution.
Le seul moment où un président pourrait dire qu’on reporte, c’est lorsque que nous sommes dans une crise. C’est pourquoi certains invoquent l’article 52 de la Constitution. Cet article dispose ; « quand le fonctionnement normal des institutions de l’Etat est bloqué, que les institutions sont en crise dûment constatée, le président de la République s’arroge de tous les pouvoirs et prendre des mesures. Or, on est très loin de cette situation. Ce n’est pas parce qu’on a accusé un membre du Conseil constitutionnel sur la base d’une Commission d’enquête parlementaire qui n’a pas encore déposé son rapport, qu’il y a crise des institutions et qu’il n’y a pas fonctionnement. En plus, les décisions rendues par le Conseil constitutionnel ont une force exécutoire. Il (Cc-ndlr)) a publié la liste de ceux qui sont autorisés à prendre part à l’élection présidentielle, cette décision est définitive et irrévocable ».
« La date de l’élection présidentielle est une prérogative constitutionnelle qui échappe même à la directive de la Cedeao »
« La date de l’élection présidentielle est une prérogative constitutionnelle qui échappe même à la directive de la Cedeao qui prévoit, en cas de consensus des acteurs politiques sur des questions politiques, un report. Donc, même si aujourd’hui, les acteurs politiques se mettent d’accord de manière consensuelle pour reporter la date de l’élection, ils violeraient la Constitution. En plus, je dois préciser que l’élément qui a rejeté la candidature de Karim Wade ne peut pas entrainer l’annulation de toute la procédure et de toutes les autres candidatures. Ce n’est pas un élément de l’égalité de toute la procédure. Ceci pour dire, aujourd’hui, que le report des élections est impossible sauf si les gens veulent interpréter la Constitution comme ils ont l’habitent de le faire en disant qu’il y a crise des institutions. Non!, il n’y a pas crise des institutions. On n’a pas atteinte à la séparation des pouvoirs. L’Assemblée nationale est libre de créer n’importe quelle commission d’enquête parlementaire sur une affaire donnée. Quand cette commission termine son travail, elle dépose son rapport et la personne incriminée selon son statut, sera soumise à la procédure à utiliser pour elle. Mais, on peut pas parler de crise entre les pouvoirs ».
LE PARI RISQUÉ DE BBY ET DU PDS
En s'appuyant sur l'article 52 de la Constitution, ils espèrent créer les conditions d'un report de la présidentielle afin que le président use de ses pouvoirs exceptionnels pour décider seul du sort du processus électoral
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui avait demandé et obtenu sa commission d’enquête parlementaire pour enquêter sur les conditions d’invalidation de son candidat Karim Wade grâce au soutien de Benno exige aujourd’hui le report de la présidentielle, l’activation de l’article 52 de la Constitution étant en ligne de mire. Depuis l’indépendance, le Sénégal qui est à sa 13ème élection présidentielle a toujours organisé à date échue ce scrutin.
«Notre prochaine lutte, c’est le report de la présidentielle». C’est le message sans ambigu partagé sur les réseaux sociaux par Karim Wade, candidat recalé de la « coalition Karim 2024 » pour la présidentielle du 25 février prochain, après l’adoption par 120 députés du projet de constitution de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’éclairer les accusations portées sur des membres du Conseil constitutionnel. Lors des discussions générales qui ont précédé ce vote historique, plusieurs parlementaires membres du groupe parlementaire « Liberté démocratie et changement » du Parti démocratique sénégalais (Pds) mais aussi du groupe de la majorité, Benno Bokk Yakaar, avaient également entonné le même refrain « de report de la présidentielle » dans l’hémicycle.
À vingt-trois jours de la date de la tenue du scrutin, l’ambition des partisans de l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, et ceux de son successeur Macky Sall semblerait donc de passer par cette Commission parlementaire pour créer les conditions d’un report de cette 13e élection présidentielle de l’histoire politique de la République. Et ce, en provoquant une crise institutionnelle, entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire pour permettre au Président de la République de disposer de ses pouvoirs exceptionnels par l’activation de l’article 52 de la Constitution et pouvoir décider tout seul du sort du processus électoral en cours.
En effet, cet article 52 de la Constitution dispose : « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels. Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation. Il ne peut, en vertu des pouvoirs exceptionnels, procéder à une révision constitutionnelle».
Cette ambition de reporter l’élection présidentielle pour ces deux blocs politiques (Benno conduit et le Pds) est sans précédent. En effet, depuis son indépendance, le Sénégal a toujours organisé à date échue son élection présidentielle. L’autre défi qui se dresse devant cette ambition du régime en place et son nouvel allié réside dans l’avis ou la décision rendue par le Conseil constitutionnel sur le projet de réforme constitutionnelle de 2016 concernant le point relatif à la réduction de la durée du mandat du président de la République de 7 à 5 ans. En effet, à l’époque, les « Cinq sages » avaient justifié leur refus de cautionner cet engagement du chef de l’État, Macky Sall, au motif que la durée de ce mandat, «préalablement fixée dans le temps, et par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle». Aujourd’hui, avec l’inscription de cette durée du mandat du président de la République dans le chapitre des clauses d’éternité, personne ne peut toucher au nombre et à la durée du mandat du président de la République. Et reporter la date de l’élection présidentielle violerait cette clause d’intangibilité qui fixe la durée du mandat à cinq ans renouvelable une seule fois.
DES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DE L’ENFANT INTERPELLENT LES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE
Des organisations réunies autour de l’UNICEF ont tenu une conférence de presse hier, jeudi 1er février 2024, pour demander aux candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain de prendre en compte les besoins des enfants dans leurs programmes.
Des organisations réunies autour de l’UNICEF ont tenu une conférence de presse hier, jeudi 1er février 2024, pour demander aux candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain de prendre en compte les besoins des enfants dans leurs programmes.
Alors que le pays s’achemine vers la présidentielle du 25 février 2024, le Consortium Joining Forces, regroupant ChildFund, Plan international, Save the Children, SOS Villages d’Enfants, Terre des Hommes, World Vision et EDUCO, en partenariat avec l’UNICEF, ont lancé un appel à l’ensemble des acteurs du processus électoral, pour la protection des enfants, contre toute forme de violence, la continuité́ des services de protection, d’éducation et de santé et une prise en compte globale de leurs besoins dans leurs programmes. Hier, jeudi 1er février, elles ont tenu une conférence de presse à cet effet.
Ces organisations tiennent compte que le dernier Recensement général de population et de l’habitat (RGPH 5) révèle que la population résidente au Sénégal se caractérise par sa jeunesse et que les enfants âgés de moins de 15 ans représentent 39,2% de la population globale. Mieux ajoutent-t-elles, le Sénégal s’est engagé́ en faveur de la promotion et la réalisation des droits des enfants et a défini un cadre juridique dans ce sens, en ratifiant plusieurs instruments internationaux dont la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), et la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE).
De ce fait, ces organisations de défense, de protection et de promotion des droits de l’enfant regroupées au sein du Consortium Joining Forces invitent les candidats à l’élection présidentielle à prendre en compte, dans leurs programmes politiques, les stratégies et mécanismes idoines de protection des enfants, et à mettre en place les reformes politiques, législatives, institutionnelles et administratives favorables à la réalisation effective de leurs droits. Les candidats sont aussi encouragés à s’engager à augmenter les ressources financières en faveur de la protection des enfants, notamment en matière de santé, éducation et protection de l’enfant et à renforcer les ressources humaines et financières destinées au bon fonctionnement des services déconcentrés et à la coordination effective des actions de protection des enfants.
Ces défenseurs des droits des enfants requièrent, par ailleurs, la diligence de l’adoption du Code de l’enfant, pour la réduction de la mendicité forcée des enfants, pour la formalisation de la protection de remplacement pour les enfants ainsi que d’autres réformes nécessaires sur le Code pénal et le Code de la Famille et à ne ménager aucun effort pour garantir une participation significative des enfants au niveau local et national. Des élections pacifiques sont aussi demandées, afin pour préserver l’unité et la paix, indispensables à la prospérité du Sénégal. Et, en outre, «demandons à tous les acteurs d’être des ambassadeurs de la paix et des défenseurs des droits de nos enfants», insistent les organisations membres du Consortium Joining Forces.
FATOU NDIAYE
Par Alpha Amadou SY,
L’HOMOLOGIE ENTRE LE PARTI ET L’ÉTAT, UNE DES SOURCES ORIGINELLES DES PERVERSIONS DEMOCRATIQUES
Dans nos travaux antérieurs, nous faisions remarquer que l’élection de Maître Wade à la magistrature suprême, en mars 2000, était plus que le simple produit d’un mécanisme électoral.
Dans nos travaux antérieurs, nous faisions remarquer que l’élection de Maître Wade à la magistrature suprême, en mars 2000, était plus que le simple produit d’un mécanisme électoral. Elle était plutôt la résultante d’un mouvement social qui débordait le cadre d’un scrutin dont il se servait comme prétexte pour déployer son cours sur l’intégralité de l’espace politique.
Ainsi, au-delà de l’évènement politiquement chargé que constituait le verdict des urnes, cet avènement de Me Wade à la tête de l’Exécutif sénégalais portait la marque indélébile d’une maturation citoyenne. En fonction de cette lecture, nous nous étions posé ces questions : le pouvoir, issu de l’alternance, pourra-t-il toujours être en adéquation avec la mouvance citoyenne en tenant la promesse des fleurs ? L’esprit universel sera-t-il à même de triompher des intérêts domaniaux ? Quid de l’éthique politique dont la centralité dans le jeu démocratique rend intelligible la ferveur citoyenne qui a accouché du « séisme » de mars 2000 ?
Le président Wade semblait prendre la pleine mesure des fortes attentes de ses concitoyens quand il déclarait, comme s’il était élu par tout le continent, la fin de la gestion solitaire du pouvoir en Afrique. Mais son discours, très tôt confronté au magnétisme du pouvoir, révéla son caractère davantage mystifié que mystificateur.
Dès la constitution du nouveau gouvernement, nous avions émis la crainte de voir le pouvoir reconduire cette homologie entre le parti politique et l’État qui a été la quintessence du mode de gouvernance des socialistes défaits. Et Me Wade, en intégrant les états-majors des formations politiques significatives du Front pour l’Alternance dans l’espace du pouvoir, avait hérité de cette homologie qui a été à la base de cette politique désastreuse sanctionnée sans ambages le 19 mars 2000 par les citoyens-électeurs du Sénégal.
Cette relation de correspondance entre le Parti et l’État, une constante déterminante durant les quarante ans de règne des socialistes, a connu deux formes d’expression différenciées. Sous Senghor, c’est la position au sein du parti qui détermine le statut dans l’administration. Les principaux leaders socialistes étaient placés dans les plus haute sphères de l’État Cette configuration gouvernementale, propre au Parti- État, est pratiquement inversée avec l’avènement de l’ÉtatParti dont le cycle est ouvert par le duo Abdou Diouf/Jean Colin et clos avec le tandem Abdou Diouf/ Ousmane Tanor Dieng.
Le pouvoir de Me Wade a hérité de cette deuxième forme d’homologie dont la caractéristique essentielle est de coopter des cadres et des technocrates qui sont ensuite mis en demeure de se trouver une base politique. Cette forme d’homologie sécrète un présidentialisme d’autant plus accentué que le PDS qui en hérite ne bénéficie ni de la même pratique militante que le parti socialiste ni de la même régularité du fonctionnement de ses structures dirigeantes. Pire, le parti libéral a terriblement souffert de son identification à la personne de Me Wade.
Révélatrice, à ce sujet, est la fulgurante promotion politique du fils du président Wade. La volonté de faire accéder Karim Wade à l’espace du pouvoir a trouvé son répondant dans cette dynamique qui a éjecté du PDS des cadres précieux pour le parti libéral. Au nombre de ceux-ci Aliou Sow de la direction du Mouvement des Jeunesses Travaillistes et Libérales et Aminata Tall, militante de première heure, et capitalisant une riche expérience gouvernementale avant et sous l’alternance, responsable du Mouvement national des femmes.
La dernière victime de cette stratégie de mise à mort politique de tout libéral soupçonné de s ‘opposer à l’accès de Karim Wade au sommet a été Macky Sall qui avait été ministre, puis premier ministre, directeur de campagne et enfin président de l’Assemblée nationale.
Le projet, qualifié de dévolution monarchique du pouvoir, avait alimenté un puissant courant de résistance porté par des militants d’autant plus remontés qu’ils rappelaient, pour reprendre Abou Abel Thiam, que Karim Wade « n’avait pas voté pour son père en 2000, tout simplement parce qu’il n’avait pas qualité d’électeur, ayant obtenu sa carte d’identité seulement en 2002 ».
Et le double recours au parachutage et au tripatouillage constitutionnel pour forcer le destin politique de son fils a été sanctionné par le verdict sans appel de la rue le juin 2011, confirmé par les urnes en mars 2012 !
À la suite de cette débâcle électorale, Macky Sall a accédé à la Magistrature suprême. Cette élection avait été jugée d’autant plus salutaire pour la consolidation de l’État de droit que le nouvel élu avait vécu auparavant l’expérience traumatisante de l’arbitraire politique. Mieux, le fait que son élection a été portée par une dynamique des forces coalisées contre les dérives d’autoritarisme avec son lot de privations, de sacrifices et même de morts d’homme avait conféré une légitimité certaine à cet optimisme.
Dans cet esprit, Macky Sall avait déclaré, à haute et intelligible voix, vouloir s’en limiter à deux mandats, conformément à l’esprit de la Constitution. Et cet engagement était rythmé par un slogan d’une forte charge républicaine : la patrie avant le parti !
Bien plus, dans l’euphorie de sa coalition victorieuse et dans une ambiance particulièrement marquée par les effets salvateurs des luttes citoyennes, Macky Sall reconfrontera davantage les citoyens en dénonçant les transhumants ravalés au rang de… rats.
Toutefois, cette volonté si clairement affichée d’être en phase avec l’idéal originel de l’alternance politique n’a pu résister à la logique pouvoiriste. Ce retour du même a été largement favorisé par la reconduction par Macky Sall de l’homologie entre le Parti et l’État. Précisément, en optant de gouverner, en plus de sa coalition primitive « Macky 2012 » , avec tous ceux qui ont apporté ne serait-ce qu’un moindre concours à son élection, notamment toutes les autres forces constitutives de BBY, le leader de l’APR s’était engagé dans les sentiers battus par ces prédécesseurs.
Ce changement de cap a non seulement créé de la frustration au sein des « militants de la première heure », mais a éloigné le Président des fortes attentes citoyennes. Ainsi, en plus de l’enterrement progressif du slogan la partie avant le parti, les acteurs de cette pernicieuse mobilité politique, dénommée transhumance, furent lavés à grande eau sous prétexte qu’il faut bien trouver les moyens de massifier la mouvance présidentielle. S’y ajoute que, sous la poussée de ses camarades sans doute les moins soucieux du respect de son code d’honneur, la question de la durée de son premier mandat de même que celle du nombre avaient fini par faire monter l’adrénaline au sein du landerneau politique.
Dans ce contexte apparait toute la fragilité des multiples coalitions constituées en dehors de repères idéologico-politiques, lesquels leur garantissent solidité et engagement. Ainsi, les membres de la majorité, laquelle ne manque certainement pas d’identités remarquables, ne sont, en vérité, fidèles à Macky Sall que dans la simple mesure où ils ont ou espèrent avoir des postes de sinécure. Dans cette logique, la figure du militant est minorée au profit du manœuvrier politique qui entend se faire payer à la tâche !
Le triomphe de ce mode de gouvernance rend, au moins en partie, intelligible toute cette mise en scène tragico-comique dont l’Assemblée nationale du Sénégal est encore une fois de plus le théâtre. Après le face à face de tous les dangers des policiers et des gendarmes en 1987, se dessinent, sous nos yeux, les conditions d’un duel inédit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Sans préjuger de l’issue de ce contentieux désastreux pour les institutions, il est clair que l’alliance entre le PDS et BBY pour mener une enquête sur les conditions du rejet de la candidature de Karim Wade et, par ricochet, mettre un terme un processus électoral, atteste d’une profonde déchirure qui n’a pas encore livré toute sa vérité. S’agit-il d’une stratégie pour réaliser la volonté prêtée au chef de l’État de rester encore au pouvoir ? Est-il question d’une fronde contre le choix d’Amadou Ba ? Le couts politique héritera de ces questionnements.
En tout état de cause, l’unité de BBY est d’autant plus en sursis que le Président Macky Sall, pour avoir renoncé au pouvoir, n’intéresse plus aucun manœuvrier politique !
En définitive, il se donne alors à lire que l’APR, à l’instar du PDS des flancs duquel elle est sortie, ne s’est pas préoccupée de ces questions majeures, relatives au présidentialisme, à la représentation démocratique, aux rapports entre l’État et le Parti, et aux réseaux de prébendes. Ce faisant, le système politique sénégalais draine les mêmes tares non sans donner l’impression de faire toujours un pas en avant et deux pas en arrière. Et l’avenir politique interroge car même si des offres politiques existent, elles ne sont pas, pour une raison ou une autre, soumises à l’examen des citoyens-électeurs. En lieu et place se constate un basculement vers une juridicisation à outrance des questions politiques avec le risque de voir les Sénégalais se détourner du jeu politique.
Par Kaccoor Bi
«CES AUTRES RENTIERS DE LA TENSION»
Ce pays qu’on leur a confié dans la paix, ils doivent avoir l’élégance et la courtoisie de nous le rendre dans le même esprit et partir.
Le drame, en Afrique, c’est de voir des aspirants au pouvoir se métamorphoser sitôt élus ou après quelques années d’exercice du magistère suprême. L’homme au visage d’agneau peut se révéler être en moins de temps qu’il n’en faut en méchant loup. Surtout si l’on arrive avec l’idée de régler des comptes à des gens avec qui on a eu des contentieux antérieurs ou dont le crime est de vouloir être Califes à la place du Calife que vous êtes devenu.
Dans les régimes dictatoriaux des premières années de nos glorieuses indépendances, où l’on faisait peu cas du respect des droits de l’Homme, on coupait les têtes ou faisait disparaitre ces empêcheurs de gouverner sans avoir de comptes à rendre.
Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et la toute-puissance des organisations de défense des droits de l’homme, c’est l’exil forcé ou la prison pour faire taire ces messieurs et dames qui ont le toupet de s’opposer aux nouveaux monarques au pouvoir. Ça vous fait penser à un pays à la démocratie très chahutée depuis quelques années ?
On peut bien se désoler de la trajectoire prise par ce charmant pays qui vit des moments d’incertitudes à quelques heures du démarrage de la campagne électorale et où l’on agite sournoisement l’idée d’un probable report de la présidentielle. Un report motivé par des calculs politiciens fort douteux. Report qui se justifie d’autant moins dans un pays ou aucune institution n’est en crise et où tout marche même si on peut déplorer les erreurs d’appréciation des Juges du Conseil constitutionnel concernant la candidature de Karim Wade.
Le chaos que l’on agite dans des discours martiaux et virils pourrait ne point venir d’opposants ou de populistes que l’on toise avec la haine au cœur comme s’ils n’étaient pas des Sénégalais. Il pourrait plutôt venir de gens qui n’ont cessé de déclarer qu’ils ne laisseraient pas ce pays, qu’ils croient être leur propriété, à des aventuriers qui se trouvent être des membres de la plus grande formation politique du pays. Un parti dont ils n’espéraient guère voir un des responsables faire valider sa candidature pour la présidentielle. C’est dans ces moments troubles que l’on nous tympanise avec l’idée d’un report du scrutin et la formation de je ne sais quel gouvernement d’union nationale de transition.
A tous ces « rentiers » de la tension – l’expression est empruntée à un proche du Chef — qui se sont réfugiés dans les dédalles du pouvoir. A tous ces gens, donc, on est tenté de demander d’arrêter de jouer avec le feu après avoir fait traverser le pays dans des zones de turbulences à cause de leurs calculs machiavéliques. Ce pays qu’on leur a confié dans la paix, ils doivent avoir l’élégance et la courtoisie de nous le rendre dans le même esprit et partir.
Par Moussa KAMARA
AUX URNES, CITOYENS !
Nos politiciens, encore eux, se manifestent en voulant faire différer l’élection présidentielle. Pour dire vrai c’est une infime partie de l’opposition, précisément le Pds, qui se démène ainsi pour faire revenir dans le jeu son candidat recalé...
Nos politiciens, encore eux, se manifestent en voulant faire différer l’élection présidentielle. Pour dire vrai c’est une infime partie de l’opposition, précisément le Pds, qui se démène ainsi pour faire revenir dans le jeu son candidat recalé par le Conseil constitutionnel. Ils oublient que ce parti a perdu de sa superbe depuis qu’il a été jeté dans l’opposition par Benno Bokk Yakaar.
Le puissant Secrétaire Général National des années de braise a pris de l’âge et tous ses ultimes projets ont été contrariés. Son fils biologique lui a succédé mais a causé le départ des fils putatifs et autres ténors du parti. Ceux qui sont restés dans le parti le sont plus par affinité avec la famille ou pour avoir bénéficié des largesses de Wade Président. Encore que, pour ces derniers, la reconnaissance du ventre n’est pas toujours mise en bandoulière !
Les caciques du Pds d’antan ne sont plus à l’Assemblée nationale. Où les jeunes d’aujourd’hui, très radicaux, voulant tout changer tout de suite, n’ont aucune idée des confrontations Ps/Pds d’antan avec des débateurs de très haute facture et maîtrisant leur sujet, qu’ils soient dans le pouvoir d’alors ou dans l’opposition. Cette époque est sans commune mesure avec ce que l’on voit et entend de nos jours. A l’époque il y avait aussi des analphabètes comme aujourd’hui, mais ils étaient très discrets et sans Internet. Aujourd’hui qu’il y a la traduction simultanée et la recherche du buzz, la parole n’est plus distribuée, elle s’arrache. Notre société se retrouve en miniature à l’Assemblée. Toutes les vilénies dans cette société peuvent se constater dans cette Assemblée. Après on viendra nous dire que nous n’avons que les dirigeants et députés que nous méritons.
M’enfin… Le Pds pourra-t-il réussir son projet de faire participer Karim Wade à l’élection présidentielle ? Un vaste chantier mené par des hommes et femmes pas forcément du même calibre que leurs devanciers. Faut savoir que les bisbilles entre le Pds et le Conseil constitutionnel ne datent pas d’aujourd’hui.
Ceux qui défendent le plan, pour ne pas dire projet, du Pds sont moins lourds, moins audibles, moins convaincants et moins hardis. La force du Pds, c’était sa capacité de mobilisation. Qui pouvait remplir tous les terrains vagues de Dakar où se tenaient ses fameux meetings. Avec l’effritement qui a vu ses cadres essaimer selon leurs intérêts vers d’autres cieux, ce parti est moins prégnant, plus absent que présent. Et malgré les foucades de son intrépide et frasque députée, Karim Wade est hors course. Et nous irons tous voter à Dieu ne plaise le 25 février.