Ce n'est pas de gaieté de cœur que Macky Sall veut à tout prix légitimer la transhumance. Son rival le plus sérieux, Idrissa Seck, veut lui arracher les gros poissons libéraux avant 2017. Alors que tout indique la probabilité d'un dangereux rapprochement Pape Diop-Idy.
Idrissa a normalement retrouvé le sourire. Depuis quelque temps, tous les chemins semblent mener vers l'ancien Premier ministre. Une sorte de fatale convergence s'élabore petit à petit autour du leader de Rewmi. Même si la candidature de Wade en 2017 n'est pas à exclure, celle du maire de Thiès, elle, prend forme et déborde les causeries tenues dans les salons pour se retrouver carrément dans la rue.
C'est clair, la carte Idy est bien dans les esprits des libéraux. L'éventualité n'est plus à écarter. En vérité, Idrissa Seck se préparait depuis longtemps à cette donne. C'est cette donne qui sème la frayeur dans le camp présidentiel qui n'a plus le choix.
Au palais de la République, une vraie course contre la montre a été lancée depuis belle lurette. Macky Sall sait bien que le ralliement des pontes libéraux n'a jamais été pour lui une bonne affaire dans l'opinion. Ses conseillers ont dû bagarrer ferme pour effacer des mémoires et des esprits le désastre né de l'enrôlement d'Awa Ndiaye à l'Alliance pour la République (Apr). Sitôt annoncée, la nouvelle avait eu les allures d'un poisson d'avril.
D'abord pour sa proximité avec le début du mois d'avril, mais surtout pour l'énormité du "scandale". Encore épargnée par la traque des biens mal acquis et même blanchie, le nom de l'ex-ministre d'État de Wade s'est négativement sédimenté dans les esprits. Il y a l'affaire des cuillères, mais aussi la bagarre ( ?) avec Aminata Tall aux couloirs du palais au temps de Wade.
Le succès éclatant du Plan Sénégal émergent (Pse) au Club de Paris n'avait pu écraser l'indignation partie de l'arrivée d'Awa Ndiaye à l'Apr. Macky Sall avait-il vraiment le choix ? On peut en douter. Les bruits de bottes du maire de Thiès sont tellement terrifiants que le chef de l'État semble obligé de céder.
A qui ralliera le "bétail" politique
Macky veut, au plus vite, recruter les gros poissons libéraux avant la Présidentielle. Et prendre de l'avance sur son vrai adversaire, Idrissa Seck. La brutale saignée qui affecte le Parti démocratique sénégalais (Pds) est inspirée par cette ligne de conduite. Une "religion" qui découle de la volonté forcenée de Macky de mettre la main sur les grands électeurs libéraux.
Peu importe l'indignation et l'émotion que les nouvelles recrues de l'Alliance pour la République (Apr) arrachent à l'opinion. C'est le temps de la politique, celle qui fait peu de place à la morale et déblaie le terrain pour la massification à 100 %. Ministre de l'Intérieur, puis Premier ministre sous Wade, Macky Sall a suffisamment d'expérience pour savoir là où se jouent les tendances lourdes en période électorale.
A-t-il conscience que sur le chemin, il y a quelques collines à gravir et quelques murailles à faire tomber avant de (re) monter sur le podium ? Il y en a qui commencent à s'en convaincre. Autrement, rien ne semble justifier l'arrivée à l'Apr de leaders à l'aura bien terne comme Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye, Bécaye Diop, entre autres. Ces têtes de pont du Sopi continuent d'entretenir un groupe de fidèles.
Et ils militent dans des villes emblématiques dont le contrôle est d'une solide confiance. Saint-Louis, Ziguinchor et Matam, une sorte de triangle de sécurité qui hante le pouvoir, décidé à les contrôler. Thiès et Dakar étant hautement aléatoires, Kolda, Kédougou et Tamba en proie à des dissensions mortelles, Macky sait de science quasi-certaine que 2017 se jouera dans le "bétail" prêt à transhumer. Il faut à tout prix une bonne avance sur l'opposition ankylosée par le succès du Pse au Club de Paris et les actes d'allégeance qui fusent des milieux maraboutiques. Pour le palais, le bonheur passe par une mainmise sur le Pds.
Pression
Le temps presse. Il faut engager une course contre la montre. Car, libre de tout lien avec la mouvance présidentielle, Idy va naturellement chercher à capter ce qui reste du Pds. Lui comme Macky Sall ont toujours rêvé de cueillir les fruits mûrs du Pds. D'ailleurs, Wade qui sait bien que les "restes" du Sopi aiguisent des appétits avait lancé une invite destinée à rassembler la famille libérale.
Face à la presse à Paris, un certain 9 juillet, il a joué au blasé. "Les retrouvailles de la famille libérale ne sont pas une préoccupation", a-t-il réfréné. Puis d'ajouter être ouvert en direction des militants du Pds décidés à venir travailler avec lui "pour asseoir un processus de développement cohérent du Sénégal". Le tout était, on s'en souvient, enrobé dans le concept de "compromis historique".
Une sorte de légitimation théorique de la transhumance qui précède la sortie catastrophique de Kaffrine. Au rythme où se développe la chronique de la traque des biens supposés mal acquis, notamment avec l'emprisonnement de Karim et de certains caciques, il y a très de peu de chances que l'Apr soit attractive pour les libéraux.
Ces derniers entretiennent encore l'esprit de vengeance. Ils sont pressés d'en découdre avec Macky Sall et de lui donner la preuve électorale que l'option engagée n'est pas opératoire. Leur propre parti, le Pds n'est plus un foudre de guerre. Il leur faut à tout prix une bonne alliance pour faire mordre la poussière aux apéristes. En quoi donc Idy passe pour le sauveur chez les Sopistes.
Quand se profile une alliance Pape Diop-Idy
Une conjoncture politique qui commence d'ailleurs à faire l'affaire d'Idrissa Seck. La première alerte est donnée par Pape Diop, secrétaire général de l'Alliance Bokk Gis Gis.
Pape Diop-Idy ! Que n'a-t-on spéculé sur les deux hommes ? Durant quasiment tout le temps de la rupture entre Wade et Idy, une rumeur diffuse a été entretenue faisant de Pape Diop un proche du maire de Thiès. Les deux hommes ne se sont jamais accrochés au pire moment de l'affaire des Chantiers de Thiès.
Au plus fort de cette affaire, l'ex-maire de Dakar et président de l'Assemblée nationale a essuyé nombre d'attaques voilées au sujet de son accointance supposée avec le maire de Thiès. A maintes reprises, Pape Diop a dû sortir de son mutisme pour démentir les accusations. Il a été, sans doute, contraint de réprimer indignation et révolte face aux "fous" de Wade décidés, alors, à le tirer de son silence coupable. Tout les rapproche donc. Et cette alliance politique pourrait faire mal. D'autant que l'ancien maire de Dakar a fait bonne mine aux dernières Législatives. Sa coalition a arraché quatre députés.
LE DG DE L'ADEPME MET EN GARDE CONTRE UNE ECONOMIE ''TRÈS INFORMELLE''
Saint-Louis, 30 mai (APS) - Une économie qui est ''très informelle est en danger'', a déclaré, samedi à Saint-Louis, le directeur général de l'Agence de développement et d'encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME), Mabousso Thiam, invitant à la modernisation de l’économie sénégalaise.
M. Thiam introduisait une conférence sur le thème:‘’les services non financiers de l’ADEPME et quelles ambitions pour notre agrobusiness’’, à l'Université Gaston Berger (UGB), à l’occasion du concours de création d’entreprises dénommé Chalenge Innovation en Agriculture 2015 initié par L’UFR des Sciences Agronomiques, d’Aquaculture et de Technologies Alimentaires (UFR S2ATA).
Le directeur général de l’ADEPME a affirmé que ''la création d’entreprises permettra à notre pays de résorber son gap technologique vis-à-vis des pays développés''.
Il a estimé que les jeunes ont une grande responsabilité dans ce déséquilibre qu’ils peuvent diminuer en se lançant dans l’entrepreneuriat.
‘’L’Etat ne peut pas créer des entreprises. Son rôle de créer un environnement favorable à l’initiative privée’’, a ajouté M. Thiam pour qui la création d’entreprise est l’une des plus nobles façons de créer de la richesse.
D’où le rôle important, selon lui, que les Petites et moyennes entreprises doivent jouer pour sortir cette économie de l’informel notamment dans le domaine agricole où les opportunités ne manquent pas.
Deux projets présentés par des étudiants ont été retenus pour être accompagnés dans leur réalisation à l’issue du concours qui a enregistré une vingtaine de
participants.
Ce concours entre dans le cadre du programme Strengthening Africa’s Strategic Agricultural Capacity for Impact on Development (SASACID).
Au total, une quinzaine de projets dans le domaine de l’agriculture seront présentés par des étudiants et les deux meilleurs seront primés par le jury.
Les médiateurs sociaux avaient nourri l'espoir d'un dénouement de la crise scolaire, vendredi dernier. Une rencontre avait eu lieu avec quelques acteurs du Grand cadre des syndicats de l'enseignement. Les médiateurs ont dû ronger leur frein, gardant l'espoir qu'un accord se ferait prochainement. Un espoir ténu auquel ils s'accrochent, compte tenu du positionnement de certains syndicalistes qui attisent les braises, faisant fi de toutes propositions autres que la satisfaction de leurs revendications.
Un dialogue de sourds, dont les conséquences sont d'ores et déjà connues : la médiocrité va davantage s'installer à l'école. Le niveau des apprenants baissera de plus en plus, parce que les acquisitions ne répondront plus aux normes pédagogiques. Le constat qui a été fait, depuis des années que s'est engagé le bras de fer entre les enseignants et le gouvernement, est certes affligeant.
Mais l'exercice semble émoustiller les syndicalistes qui donnent l'impression d'avoir oublié leur sacerdoce consistant à formater le citoyen de demain. Mais enfin, l'heure n'est plus à la morale. Il s'agit de définir un canevas, un modus vivendi pour éviter de vivre les affres d'une année perturbée. Non pas dans la démarche d'une immolation comme celle qu'avaient subie les policiers en 1987, mais plutôt une approche qui s'inscrirait dans l'engagement des médecins (serment d'Hippocrate) et des militaires. Sauvegarder l'école vaut bien de telles dispositions.
"Il n'y aura pas d'année blanche", claironne le gouvernement. En voilà une promesse qui peut être tenue, mais quel sera son coût ? Le niveau de l'école qui ne cesse de baisser est le meilleur indicateur à retenir à ce niveau. Les parents font part de leur affliction en regardant les exercices au quotidien de leurs enfants qui sont dans les écoles publiques. Ils s'arrachent les cheveux en constatant le niveau des maîtres, qui n'est guère éloigné de celui des élèves.
A la vérité, les syndicalistes devraient avoir un seul chantier : celui de l'excellence à l'école. L'urgence, c'est peut-être de répondre à leur quête d'un mieux-être en augmentant l'indemnité de logement, mais à la vérité, la réelle et grande urgence est de gommer la médiocrité qui, comme une gangue, putréfiée, pèse sur l'avenir de toute une nation.
Les tenants du pouvoir qui chantonnent la rupture doivent résolument s'inscrire dans une dimension telle que l'école ne sera plus prise en charge. Et ceci exige des solutions qui ne soient plus ponctuelles, mais une relecture de la charte de l'Education qui s'imposera comme un corset. Si l'engagement individuel de chaque enseignant est sollicité, nul doute qu'une autre école renaîtra.
C'est cette volonté affirmée qui doit guider la marche de la nation Sénégal, où l'on aime gloser en oubliant d'aller à l'essentiel. Les visites du président de la République sont chahutées par des esprits partisans qui adorent divertir le peuple. La dynamique positive qui encadre ses visites n'est plus à démontrer, car c'est un souffle économique et financier qui plane sur les villes, les villages et les hameaux traversés et qui accompagne le chef de l'État. Du vendeur de cacahuète à l'aubergiste ou l'hôtelier qui ne savait plus ce qu'était un taux de 100% dans son réceptif, il n'y a que du bonheur à prendre.
Après s'être mis en mode "International", le JT rappé devient le temps du troisième épisode de la saison 3 le "débat rappé". Le sujet : l'envoi des soldats sénégalais au Arabie Saoudite pour la guerre au Yémen. Toujours avec Xuman et Keyti à la présentation, qui avaient comme invités Ceptik, Mr ADA, Djilly Bagdad et Mr Kronik.
Au micro de Dame Babou sur African Time, comme chaque semaine, Pape Ndao fait un tour d'horizon de l'actualité de la semaine dernière en wolof pour vous. Écoutez.
(SenePlus.Com, Dakar) -Malick Noël Seck est secrétaire général du Front national de salut public/«Momsarew». Membre du mouvement «Bou Jambar Dem», qui lutte contre l’envoi des militaires sénégalais en Arabie Saoudite, il se prononce sur la dernière sortie du chef de l’Etat qui, invoquant son statut de chef des armées, «clôt le débat» sur sa décision controversée. Le trublion du champ politique sénégalais dénie à Macky Sall cette prérogative parce que, souligne-t-il, il n’y a jamais de débat sur la question.
76% des votants du Baromètres SenePlus ne soutiennent pas la décision du chef de l’État d’envoyer des soldats sénégalais en Arabie Saoudite pour le conflit au Yémen. Réagissant aux critiques suscitées par sa décision, le président de la République, invoquant son statut de chef des armées, a déclaré que le débat sur la question est clos. Comment réagissez-vous à cette sortie de Macky Sall ?
Je tiens à préciser qu’il n’y a jamais eu de débat autour de l’envoi de soldats sénégalais au Yémen. Macky Sall a pris une décision unilatérale avant même d’informer une Assemblée nationale qui lui est totalement acquise. Et lorsqu’il dit que les questions militaires ne sont un sujet de discussion dans aucun pays du monde, on peut sérieusement douter des connaissances du chef de l’Etat en matière d’histoire ! Au Yémen, des rebelles chiites, les Houthis, soutenu par l’Iran ont renversé le gouvernement d’Abdullah Saleh, le dictateur sunnite soutenu par l’Amérique et l’Arabie Saoudite depuis plus de vingt ans. Partout ailleurs, au Moyen-Orient on aurait salué cette victoire comme une autre manifestation du Printemps arabe, sauf au Yémen! L’impérialisme occidental au XXIe siècle se pare d’une couverture morale et humanitaire et qualifie d’intégrisme et de terrorisme religieux tous ceux qui s’opposent à l’expansion du capitalisme sauvage. Au Yémen des rebelles nationalistes comme les Français en 1789, les Américains en 1776, le Vietminh en 1973, ont renversé un régime despotique. C’est une victoire nationale qui ne convient pas aux Américains et à leurs alliés. Nous venons d’envoyer des soldats musulmans participer à la guerre fratricide que se livrent les Sunnites et les Chiites depuis plus de mille ans et il n’appartient pas au chef de l’Etat de clore un débat qu’il n’a jamais initié.
Avec de telles prérogatives constitutionnelles, ne pensez-vous pas qu’il est nécessaire de réduire les pouvoirs du Président qui paraissent exorbitants au point qu’il en use et abuse ?
Le président de la République a de fait un pouvoir dictatorial. C’est l’UPS qui, cherchant à joindre l’Internationale socialiste, a inventé l’opposition. De plus, nos indépendances octroyées à des partis uniques, en pleine guerre froide, dont les leaders n’existaient que pour veiller au respect des termes des accords de coopération, ne trompaient plus grand monde. Mamadou Dia, qui s’était rendu compte de la supercherie, le payera en passant douze ans de sa vie en prison. Donc Senghor est allé chercher Majmouth Diop qui était alors pharmacien en Tunisie, et Abdoulaye Wade qui avait fondé le PDS en 1974, pour les encourager à représenter l’opposition aux PS. Malgré la révision constitutionnelle de 1976, la dictature de l’exécutif qui octroi au chef de l’Etat le pouvoir de dissoudre le parlement d’influer sur le ministère de la Justice et donc indirectement sur le Procureur, et ainsi d’altérer les procédures judiciaires est toujours une réalité de fait au Sénégal. Le chef de l’Etat peut même, aux termes de l’Article 52, évoquer des pouvoirs exceptionnels.
Vous qui êtes initiateurs de «Bou Jambar Dem», que comptez-vous faire puisque vous n’êtes pas épargnés par les propos présidentiels ?
Il faut tout mettre en œuvre pour exposer les dessous du Yémen pour faire porter au chef de l’Etat la totalité des responsabilités des risques encourus par les hommes que nous y avons envoyé et les répercussions possibles sur la sécurité intérieure du Sénégal. Au Yémen, des musulmans encouragés par l’Amérique vont tuer d’autres musulmans. Il nous faut organiser une campagne d’informations sans précédent sur le Yémen pour aider les populations à mesurer l’ampleur de ce crime. On nous a menti à propos de l’Iraq et de la Libye que l’Otan a réduits à l’état de décombres au nom d’une résistance qui n’existait pas. On nous a menti à propos de l’Afghanistan et de la Syrie où l’extrémisme religieux, que les médias occidentaux dénoncent, a été armé par l’Amérique pour renverser le régime d’Assad qui ne leur convenait pas. Par conséquent, pourquoi devrions-nous croire les mensonges colportés sur le Yémen ?
Sa prestation sur la scène de la dernière édition du festival de jazz de Saint-Louis était l'une des plus remarquables. Pourtant, Wôz Kaly est peu connu du grand public. Ce qui ne fait pas moins de lui un talentueux artiste. Une guitare Godin en bandoulière, il a expliqué dans cet entretien son engagement pour la liberté d'expression en Gambie et son souhait pour la région natale de son papa, la Casamance. Il évoque aussi l'avenir de "Missaal" et son succès sur la scène de Saint-Louis jazz.
Cela vous a fait quoi de prester sur la scène "In" du festival de jazz de Saint-Louis ?
Cela m'a fait très plaisir. C'était une fierté. J'ai été très heureux de prendre part à ce festival de renommée internationale. C'était un grand moment pour moi. Ça a été un moment d'intense émotion.
Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès ?
Non je ne m'y attendais pas. Mon boulot, je le fais avec le cœur. Je sais que mon dernier album a été bien accueilli par les mélomanes qui l'ont écouté. Je fais une musique qui a une connotation un peu jazz. Jouer au festival de jazz était un challenge pour moi et j'espère que je l'ai réussi. Je suis très content. Le public a été là et très réceptif à ce que je faisais. C'était une belle surprise pour moi vraiment. J'ai eu à participer à divers festivals de jazz à travers le monde mais celui-là était particulier. J'étais sur la terre de mes ancêtres et cela fait toute la différence.
Cet accueil du public ne vous a pas donné envie de rentrer ?
Les contraintes et le destin font qu'on n'est pas physiquement là mais notre esprit est au Sénégal. Je ne vis pas ici mais je suis très sénégalais dans mon âme et dans mon cœur. J'aimerais rester plus longtemps. Mais on manque souvent de temps pour ça. Quand je fais quelque chose, j'aurais aimé que les Sénégalais le découvrent avant les autres mais ce n'est pas encore le cas.
Qu'est-ce qui vous empêche de vous établir ici ?
C'est mon destin qui m'a mené en Europe. Il y a des gens qui doivent partir et d'autres doivent rester au pays. Quand je partais en France, je ne pensais pas y rester. Je suis de nature curieuse. J'aime voyager pour aller à la recherche d'autres choses. Aujourd'hui j'ai une famille en France et je me dois d'être là-bas pour jouer mon rôle de père. Mais j'espère un jour pouvoir rentrer.
Ne sentez-vous pas que vous êtes plus connu à l'étranger qu'ici ?
C'est pour cela que je me bats. Cela commence à venir. Je ne suis pas pressé mais je tiens à cela. Je suis un patriote et je veux que les Sénégalais découvrent ce que je fais. Je ne veux pas faire du "m'as-tu vu". Tout ce que je fais, c'est avec le cœur. Maintenant la musique est un très long chemin et rien ne sert de courir.
Mais comment comptez-vous y parvenir car vous ne prestez que dans des lieux sélects et qui reçoivent peu de monde à l'exception de la scène du festival de jazz ?
Je veux bien jouer dans des lieux populaires. Seulement, on m'appelle pour me dire : viens jouer ici ou ailleurs. Et je ne trouve pas que là où je joue, ce sont des lieux sélects. Ce sont plutôt des espaces où la musique se passe. Aussi, je ne fais pas de musique "populaire" pour aller dans des lieux populaires. Pour moi, le Sénégalais est prêt à écouter toutes les musiques. C'est le plus important. Et si on m'invitait à un concert de mbalax, je viendrais. Et avec le peu de temps que je passe ici, les gens commencent vraiment à découvrir ce que je fais. J'aimerais faire six morceaux à sortir ici. Ce sera dans le même style que "yewou roti" et "liima téré nelaw". Cela parlera du legs de nos ancêtres, de la scolarisation des jeunes filles, l'apport de la technologie, etc. Il y a des morceaux déjà écrits. Je me dis que petit à petit, je vais rentrer dans le cœur des Sénégalais. Mais je ne compte pas changer ma musique pour cela. Je refuse de faire le mbalax en vogue. Je ferai mon mbalax à moi. Chaque instrument sera à sa véritable place. Et moi, mes textes se basent sur des thèmes précis. Pour moi, la voix ne doit pas servir qu'à chanter des gens. Il faut sensibiliser les gens.
Sur la scène du festival de Jazz, on vous a découvert sous une facette nouvelle. Vous vous êtes montré très engagé et avez dénoncé ce qui se passe en Gambie. Qu'est-ce qui explique ce changement ?
Ma liberté d'expression, personne ne peut me l'ôter. Je suis un Sénégalais. Et je dis partout où je vais qu'on est le pays le plus libre au monde. On est né dans la liberté et la démocratie. Merci à Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall pour cela. Pour moi, la Gambie, c'est une partie du Sénégal. Les Gambiens sont des frères. Yaya Jahmeh est sénégalais comme moi et moi je suis gambien comme lui. Tout le monde sait que les Gambiens aspirent à un peu de liberté. Tout le monde sait ce qui se passe là-bas. J'ai des amis gambiens adorables qui aimeraient voir leur pays être comme le Sénégal. Ici tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense sans être inquiété tant qu'il le fait dans le respect. Les journalistes sont libres ici. Il faut laisser les gens dire ce qu'ils pensent et ce qu'ils ressentent. C'est mieux. S'ils gardent tout et se taisent, les choses risquent d'exploser un de ces jours. C'est ce qui s'est passé en Libye, en Egypte ou encore en Tunisie. Je souhaite qu'il y ait la paix en Gambie. Parce que si elle prend feu, le Sénégal ne sera pas épargné. Il faut aussi que les gens qui vont en Gambie pour faire des tournées arrêtent. Je ne peux pas comprendre que certains critiquent les dirigeants sénégalais pendant que des Sénégalais vont chanter les louanges d'un président qui fait pire juste à côté. C'est quoi ça ? Comment peut-on concevoir cela ?
Vous pensez à qui ?
Je ne pense à personne. Je parle juste de ceux qui font une chose et son contraire. On ne peut pas combattre une chose dans son pays et l'accepter ailleurs. Rien ne vaut cela. Si on le fait pour de l'argent, ces fonds, on l'épuise vite alors que notre honorabilité peut en prendre un sacré coup pour de bon. Moi, je suis quelqu'un de constant. Pour moi, le respect des droits de l'Homme, la liberté d'expression sont des choses qu'on ne peut pas négocier. Mon combat, je le porte partout.
Vous êtes d'origine casamançaise. Que vous inspire le conflit au sud du pays ?
On a perdu beaucoup de temps. Les politiques ont perdu beaucoup de temps. J'aimerais que demain, ça s'arrête. On a la plus belle région du Sénégal. Et les gens là-bas souhaitent vivre en paix. On ne doit pas prendre la population en otage. Il faut arrêter les politiques politiciennes. Cela dure et crée des frustrations. Une chaîne de frustrations qui peut se transformer en haine, puis en violence et aller audelà. Je souhaite que tout le monde se mette autour d'une table et se tienne un langage de vérité. Il faut qu'on arrête de souffler sur la braise aux fins de la raviver. Les populations de la Casamance sont braves. Ce conflit a duré plus de 30 ans, pourtant ces gens ont toujours le sourire aux lèvres malgré les souffrances vécues. On aspire à un monde sans violence. Je rejette tout ce qui se fait dans la violence.
Quelle analyse faites-vous de l'évolution de la musique sénégalaise ?
Quand j'y pense, je me dis : je suis qui pour critiquer ? Mais quand même, je pense que les gens sont très pressés et obnubilés par la notoriété au lieu de travailler sérieusement. Au "Missaal", on a travaillé de 1988 à 1995 avant de sortir notre premier album. Et on bossait du lundi au samedi de 15h à 21h non stop. Les gens n'ont plus le temps de faire des recherches pour trouver de la bonne musique. Je trouve qu'il y a une régression de la musique sénégalaise. Les artistes confondent entre ce qui est bon et ce que le public aime. Ce n'est pas parce que le public aime une musique que c'est forcément bon. Dieu sait que j'adore la musique sénégalaise mais je trouve qu'il n'y a plus de recherche et de sérieux dans ce que l'on fait. On ne se soucie pas de comment faire pour que les autres écoutent notre musique. Cependant, dans le lot, il y a des gens qui font de superbes choses. Les rappeurs proposent de bonnes mélodies tout comme Marema. La musique requiert beaucoup de travail. Moi je vais en Israël, en Serbie et même au Pakistan pour aller à la recherche de voix.
Le retour du "Missaal" a été très bien accueilli. Mais depuis lors plus rien. Vous êtes où ?
Sincèrement, c'est difficile. Il faut beaucoup d'intelligence pour gérer un groupe. Ce n'est pas évident. "Missaal", quand on était petits, c'était bien. Mais grands, il faut beaucoup d'intelligence pour gérer le groupe. C'est aussi difficile parce que moi, je suis en France avec Samba. Il y a un qui est aux USA.Ilyaunautrequine fait plus de la musique. Et dans ces circonstances, c'est difficile parce que les niveaux ne sont pas les mêmes. On a essayé, c'est vrai. La dernière fois, j'étais sur mon album quand ils m'ont appelé pour faire le "Missaal". J'ai mis mon album en stand by pour venir. Mais je me suis rendu compte après qu'un groupe, c'est difficile de tourner ensemble. Ce n'est pas évident. Maintenant ce qu'on peut faire, c'est de se retrouver de temps à autre pour faire un album ensemble ou donner un concert.
A quand le prochain album de Wôz Kaly ?
Le prochain album pourra sortir à la prochaine rentrée entre janvier et février. J'ai déjà commencé à faire les prises de guitare et les maquettes. Cela va se faire tranquillement.
LE LEADER DU RAAM DAAN N'EST PAS LA PREMIÈRE "VICTIME"
Des artistes sénégalais se sont retrouvés à la Une des journaux après des délits commis. Parmi ceux-ci, celui de détention de faux billets. Lesquels proviennent, toujours à les en croire, d'aficionados. EnQuête revient sur certaines histoires vécues par des vedettes sénégalaises.
Le nom de l'artiste chanteur Thione Seck est sur toutes les lèvres. Le pater de Wally Seck a été arrêté chez lui et placé en garde-à-vue pendant 48h avant d'être présenté hier au procureur. Il serait trempé dans une histoire de faux billets de banque.
Des limiers auraient même trouvé chez lui 43 millions d'Euros soient un peu plus de 28 milliards de F Cfa. Tous de faux billets. Le lead vocal du "Raam daan" a soutenu à la section de recherches que cet argent était un acompte pour une tournée qu'il devait faire avec son chanteur de fils à travers le monde.
28 milliards pour une tournée de 100 dates ou plus, c'est assez tiré par les cheveux comme explications. Mais Thione tient à sa version. Seulement le chéri de "Diaga" n'est pas le seul artiste à être mêlé à ce genre d'histoires. Encore que d'autres têtes pourraient tomber si l'on se fie à certaines sources.
Les as du "baatré" au Grand-théâtre et à Sorano seraient dans le collimateur des enquêteurs de la redoutable section de recherche de Colobane. En tous les cas, certains artistes ont été victimes de leurs fans qui leur ont gracieusement donné de fausses devises. Cela a été même le cas de la danseuse Ndèye Guèye et de Wally Ballago Seck.
Animant un mariage à Mbour, la reine du jour leur aurait donné de faux euros. C'est au moment du change qu'ils se sont rendu compte de cela. Finalement, c'est un cambiste de Mbour du nom de Malick Goumbala qui a été écroué dans cette affaire.
Salam Diallo aussi a été victime de ce genre d'arnaque. Seulement, il a été plus alerte que ses collègues. C'est après la soirée qu'il animait qu'il s'est rendu compte, après un détour au guichet, que les euros que lui avait donné l'un de ses fans étaient des faux. Ainsi, il n'a pas eu le temps de faire le change.
Son ami et frère Mame Goor Jazaka n'a pas eu la même chance que lui. C'est en voulant faire le change de 500 euros reçus au cours d'une soirée de gala qu'il a été appréhendé en même temps que son manager d'alors Aziz Diack. Jugé au tribunal de Dakar pour le délit de détention et de mise en circulation de faux billets de banque en euros, il a été reconnu coupable et condamné à une peine d'un mois assorti de sursis. Après cette expérience, il s'est juré de bien faire attention aux billets qu'on lui offrait lors de ses prestations.
Récemment aussi, le chanteur Pape Diouf a été cité dans une histoire de faux billets de banque. La cause : un individu arrêté et en détention d'un faux billet de 10 000 F Cfa, se présentant au commissariat comme un garde du corps du leader de la génération consciente, a déclaré que l'argent incriminé lui serait remis par Pape Diouf. Convoqué, le chanteur a reconnu connaître l'accusé. Mais que ce dernier n'était pas son garde du corps et qu'il ne lui avait pas donné la coupure de 10 000 Fcfa incriminée.
Ainsi nos vedettes de la musique courent le risque d'être alpagué après chaque soirée car n'arrivant toujours pas à distinguer la bonne graine de l'ivraie.
En ce début anticipé de période estivale à Paris, les couleurs et matières de la mode africaine brillent par leur présence visuellement qu’elles en deviennent – presque – olfactives. Parler d’exotisme pour qualifier la mode africaine devient « old fashion ». Cette lueur de bonne santé n’est pourtant que leurre pour une partie des acteurs du secteur. Trois d’entre eux s’expriment sur les mots et maux de la mode africaine. Il s’agit de Bernie Seb, styliste en vogue, de Nelly Wandji, gérante d’une plateforme d’achats de vêtements et accessoires africains, et de Max Court, réalisateur d’un documentaire de référence sur la mode africaine.
Bernie Seb, l’audacieux
Créateur de la marque De La Sebure en 2014, Bernie Seb entend promouvoir une nouvelle manière de confectionner les matières et les tissus africains. L’audace est ce qui définit le plus ce jeune créateur et son slogan se résume ainsi : « Porter ce que les gens n’ont pas l’habitude de mettre ». Les mots de la mode africaine sont ses « couleurs ».
Pour le jeune styliste burkinabè, « les pagnes et les basins issus de la mode africaine ont toujours été très colorés. Les broderies aussi. Il y a également une présentation audacieuse avec des associations de couleurs pas habituées au regard occidental ».
Cependant, Bernie Seb regrette certains maux dans son domaine d’activité. « Par exemple, il y a un manque d’unité des stylistes africains et autres structures du secteur pour promouvoir nos marques. C’est une force qui manque ».
Ce qui fait que c’est une mode qui est reprise au détriment des créateurs africains. « Cela me fait plaisir et en même temps je trouve cela dommage, nuance Bernie Seb. Le fait de voir des imprimés de ma culture africaine repris par les marques occidentales me fait plaisir.
C’est un peu dommage que les acteurs qui sont à l’origine de cette exposition ne soient pas africains. Nous sommes obligés de compter sur d’autres personnes pour faire la promotion de notre culture ».
Malgré ce constat « amer », le jeune styliste prévoit « un très bel avenir » pour la mode africaine. « Aussi bien sur le plan international que local, les Africains font de plus en plus des demandes sur ce que nous confectionnons », se réjouit-il.
En Afrique, il est possible de faire des choses qualitatives. Cependant, cela passe par les designers et artisans « bien formés mais il faut également proposer des tenues aussi bien acceptées par les locaux que la diaspora ».
Pour atteindre la diaspora mais aussi les autres pays africains, selon Bernie Seb, il faut une présence des marques africaines sur le Net. « Il y a très peu de marques (africaines) présentes sur Internet, très peu de boutiques qui distribuent des marques du continent », déplore le créateur.
Au regard de celui-ci, « à part aller dans un pays africain et faire confectionner sa tenue, c’est difficile de se procurer les marques africaines. Ce qui fait que les prix sont parfois chers ».
Nelly Wandji, une meilleure organisation pour être compétitif
Jeune entrepreneur social, Nelly Wandji vient de lancer la plate-forme Moonlook. Elle a pour ambition de fédérer et rassembler les créateurs africains autour d’une mode qui aura sa place sur le marché international. D’après N. Wandji, les mots pour définir la mode africaine sont la « valorisation de l’héritage de la culture africaine, l’excellence de la création africaine ».
Elle décrit ses maux comme « le manque de financement et d’intérêt pour les pouvoirs publics ». Nelly Wandji pense qu’« il n’y a pas d’investissement dans des structures qui nous permettraient d’avoir les reins solides pour exporter des produits. Dans certains pays comme le Kenya, l’Ethiopie, les pays de l’Afrique australe ou le Nigeria, il y a une organisation pour avoir un rayonnement au niveau international. C’est notre ambition et un exemple à suivre ».
Pour atteindre ses objectifs, le rôle de la diaspora africaine est « essentiel ». Pour la jeune entrepreneuse camerounaise, « l’investissement de la diaspora dans l’achat d’un matériel "Made in Africa" (des produits d’héritage comme le pagne tissé, un savoir-faire au niveau de la broderie) permettrait aux créateurs de gagner un peu d’argent pour financer leur marque ».
Ce qui fait que l’avenir de la mode africaine « est entre les mains de ces acteurs ; il va falloir structurer. Le cœur de la mode, c’est « sourcer » la matière, produire et vendre.
Il y a beaucoup de travail, observe N. W., « le chantier est grand pour que l’avenir soit radieux car toutes les bases ne sont pas encore présentes ». Sur les prix jugés souvent trop chers des vêtements de marques africaines, Nelly Wandji pense que les stylistes du continent ne sont pas encore « compétitifs face aux acteurs comme Zara ayant des ateliers en Espagne, au Portugal, en Bulgarie ou bien face aux Chinois qui sont capables d’importer en masse à des coûts faibles ». Pour définir un prix,
argue la créatrice, il faut inclure plusieurs coûts. Aujourd’hui, réaliser un produit, l’importer en Afrique et le vendre coûte très cher ». Une meilleure structuration du secteur est obligatoire pour réduire les prix. « Aux Etats-Unis, il y a un dispositif qui permet d’importer en Europe sans frais de douane. Ce qui permet aux créateurs américains d’avoir une place sur le marché international », estime N. Wandji.
Max Court, « l’Afrique a inspiré les plus grands »
Cinéaste, Max Court a réalisé le documentaire « Afrique, terre de tendances » sorti en 2012. C’est un travail sérieux et est considéré comme le plus complet jusqu’à présent effectué sur la mode africaine. Ses tournages sur le continent ont amené ce Français engagé à parler de la mode africaine par ses mots : « C’est une histoire ancestrale héritée au moins du 11ème siècle. Les métiers du textile et de tisserand existaient déjà. Ce sont des réseaux économiques de très longues années ».
Un art séculaire qui souffre pourtant de beaucoup de maux. « Aujourd’hui, cette tradition africaine n’est plus en phase avec l’industrialisation du textile à l’échelle planétaire. Le défaut d’organisation, de délais sur certaines choses et le fait de ne pas travailler avec des patrons (des tailles uniques par exemple) posent de vrais problèmes. C’est dommage car il y a derrière un patrimoine de savoir-faire, de gestes, de couleurs qui intéressent le monde entier ».
Max Court évoque la mode africaine comme une référence « qui a toujours plané comme un spectre sur les confectionneurs les plus connus en Occident ». Il donne les exemples d’Yves Saint-Laurent et Jean-Paul Gaultier qui sont « les premiers à s’inspirer de l’Afrique et du savoir-faire des Africains en matière de mode ».
Pour Yves Saint-Laurent, c’est depuis les années 1960. Jean Paul Gautier a fait une collection dédiée à l’Afrique. John Galliano a créé une collection qu’il a appelée Massai. Thierry Muguler a été également inspiré par l’Afrique comme d’autres créateurs occidentaux.
C’est un passé riche qui conditionne l’avenir. « On doit se baser sur les indicateurs de cette influence car c’est compliqué de trouver une identité de la mode africaine », relève le cinéaste.
Toutefois, Max Court pense qu’une meilleure organisation serait la bienvenue avec la mise en place de « réseaux économiques pour s’allier sur des modèles permettant de toucher des marchés internationaux ».
L’expérience étant la somme des leçons tirées des réussites comme des échecs, le secteur de la mode africaine devrait s’inspirer de l’histoire du wax. « L’Afrique continue à se faire spolier », selon lui. C’est un produit historiquement confectionné en Afrique, il est traité en Hollande et revendu sur les marchés en Afrique et les Africains le paient au prix fort.
La valeur ajoutée est hollandaise. Il y a un levier économique qui est ignoré et cela outrepasse les règles internationales. On parle de commerce équitable (pour les denrées comme le café, les matières premières), il est grand temps de parler de commerce équitable avec le savoir-faire de l’Afrique, surtout au niveau du textile.
La désormais présence des couleurs et matières africaines sur les podiums des « Fashion week » des grandes villes occidentales contraste avec la situation peu radieuse des créateurs issus d’Afrique.
« L’Occident fait la pluie et le beau temps sur la mode africaine, analyse Max Court. Quelle est la perception de la mode occidentale sur cette mode africaine ? On crie au génie quand Gaultier met du basin sur une robe et on n’a du mal à se lancer sur une collection faite par un Africain.
Mais c’est une attitude condescendante. Tant qu’on utilisera de manière générale avec une certaine suffisance des termes comme pays en voie de développement, il y aura toujours ce fossé ».
Pour M. Court, « il est temps que l’Afrique se structure pour atteindre le rôle qui est le sien sur le marché international ». Et pour cela, les différentes diasporas africaines éparpillées dans le monde ont un rôle important à jouer.