Dakar, 25 mai (APS) - La mortalité maternelle est encore un véritable fléau en Afrique de l’Ouest avec presque 180000 femmes qui meurent chaque année pendant la grossesse ou l’accouchement, a soutenu le Délégué général de la Fondation africaine pour la médecine et la recherche (AMREF en anglais) en France, Henry Leblanc.
Pourtant, ‘’80% de ces décès pourraient être évitées avec des sages-femmes formées’’, a t –il dit à l’APS au terme d’une visite de trois jours à Thiès, Tivaoune, Thiadiaye, Fissel. Cette visite a été conduite avec des ambassadrices de bonne volonté de l’AMREF.
''C’est aberrant qu’un nombre important de femmes continuent de perdre la vie en donnant la vie’’, a-t-il souligné.
Il s’agissait, pour l’ONG de santé publique à travers cette visite ‘’de prendre le pouls du système de santé, voir sans voile les défis, les réalités et les espoirs qu’on voir pour appuyer le ministère de la Santé et de l’action sociale à travers d’interventions clés sur le terrain pour changer la donne et réduire la mortalité maternelle et infantile’’.
''J’ai trouvé beaucoup d’espoir dans ce que j’ai vu, dans la nouvelle manière de former le personnel de santé et de renforcer celles qui sont déjà en poste aux quatre coins du pays avec l’approche par les compétences, la prise en compte des besoins des patients’’, a t –il dit.
Ces notions sont aujourd’hui intégrés dans la manière de prodiguer des soins, a salué le Délégué général de la Fondation africaine pour la médecine et la recherche (AMREF en anglais).
''C’est une véritable révolution et cela va contribuer à changer la donne'' a t –il soutenu.
A propos de la visite, il a expliqué qu'elle permet à AMREF, aux ambassadrices et aux sages-femmes françaises partie prenante de la délégation de se rendre compte que ''les premières ressources du système de santé ce sont les ressources humaines qualifiées''.
''Un INVESTISSEMENT efficace durable c’est un investissement dans l’humain, dans ses capacités, ses compétences et dans sa pratique'', selon lui.
A travers la campagne Stand Up for African mothers, lancée en 2011, AMREF compte faire en sorte que les infirmiers et les sages-femmes soient formés sur la base des derniers standards et des pratiques optimales pour contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infantile.
Sur le choix d’ambassadeurs dans différents milieux avec des profils divers dans les rangs des ''célébrités'', il a souligné que l’union ''fait la force'' et qu'il est important ''de taper sur la table, de garder sur l’agenda politique cette question''.
La campagne qui devait initialement prendre fin en 2015 va être prolongée ''jusqu’à ce qu’on l’arrive à l’objectif de 15000 sages-femmes formés en Afrique dont 24000 au Sénégal'', a dit Henry Leblanc.
Le projet pilote a montré des résultats intéressants avec 7000 sages-femmes formées dont 200 au Sénégal.
L’EVEQUE DE THIÈS INVITE À ‘’SERVIR L’HOMME’’ ET À ‘’ENTENDRE LES CRIS DU MONDE RURAL’’
Popenguine, 25 mai (APS) – L’évêque de Thiès, Mgr André Guèye, a rappelé lundi que servir Dieu ‘’signifie avant tout servir l’homme’’, soulignant que servir l’homme au Sénégal, ‘’c’est entre autres, sans calcul ni démagogie, entendre les cris et prendre en compte les préoccupations du monde rural particulièrement’’.
‘’(…) Servir Dieu signifie avant tout servir l’homme qui est le chemin qui conduit vers lui (...) Nous y appelons instamment aussi tous les décideurs, nos responsables, nos concitoyens, les partenaires et tous les hommes et femmes de bonne volonté : tous au service de l’homme’’, a dit Mgr Guèye dans son homélie à l'occasion du 127e pèlerinage marial de Poponguine.
Selon lui, servir l’homme au Sénégal signifie ‘’beaucoup de choses que nous pouvons faire, beaucoup d’actions, chacun selon ses moyens, ses dons, mais surtout selon ses devoirs et ses responsabilités’’.
Pour l’évêque, ‘’servir l’homme chez nous, c’est entre autres, sans calcul ni démagogie, entendre les cris et prendre en compte les préoccupations du monde rural particulièrement’’.
‘’C’est lutter contre la pauvreté non pas par des théories et des discours, mais en actes et en vérité. Servir l’homme aujourd’hui au Sénégal, c’est œuvrer pour une répartition plus équitable de la richesse nationale’’, a ajouté Mgr Guèye.
Il a invité les uns et les autres à ne pas oublier ‘’les paysans du Sénégal des profondeurs qui ne connaissent pas de syndicat’’.
‘’N’oublions pas non plus tous ceux qui accèdent difficilement au microphone ou qui n’ont pas de route et même pas de piste à bloquer pour faire entendre leurs revendications’’, a-t-il lancé.
Pour Mgr Guèye, ‘’aujourd’hui, servir l’homme au Sénégal, c’est aussi favoriser l’accès de toutes les populations aux services minimums de la santé et de l’éducation de qualité ; c’est favoriser l’accès à l’eau et à l’électricité’’.
Rendre service à l’homme, ‘’c’est protéger les valeurs du mariage et de la famille agressées par toutes sortes d’intérêts, pour ne pas dire idéologies; c’est soutenir les familles démunies des campagnes et des périphéries’’.
Il s’agit aussi, a-t-il dit, de ‘’protéger les enfants contre toutes formes de violence et d’exploitation’’, de ‘’redonner à notre jeunesse l’espoir de lendemains meilleurs ici dans notre pays, pour son développement et éradiquer ainsi la tentation bien souvent fatale de l’émigration’’.
Rendre service à l’homme, ‘’c’est mettre en avant les valeurs de justice, de vérité et d’honnêteté en lieu et place des compromissions de toutes sortes, de la combine et de la corruption qui gangrènent notre société et menacent notre destin commun’’, selon l’évêque.
‘’C’est promouvoir et protéger le bien commun, même dans sa plus immédiate et matérielle expression, comme le respect et l’ordre dans l’occupation et la gestion de la rue publique (…) en commençant par le respect de la liberté d’autrui, de sa foi, de son identité et de sa dignité’’, a-t-il souligné.
Selon lui, ‘’quel que soit notre rang, quelle que soit notre fonction, nous avons tous mission de servir et non de nous servir, ou de nous faire servir’’.
MOHAMED VI MERCREDI EN GUINÉE-BISSAU, UNE PREMIÈRE POUR UN ROI MAROCAIN
Bissau, 25 mai 2015 (AFP) - Après le Sénégal, le roi du Maroc Mohammed VI se rendra mercredi à Bissau pour une visite officielle de trois jours, la première d'un souverain marocain en Guinée-Bissau, a annoncé lundi dans un communiqué le ministère bissau-guinéen des Affaires Etrangères.
Cette étape s'inscrit dans la tournée du roi marocain en Afrique subsaharienne, débutée le 20 mai à Dakar.
Si le déplacement en Guinée-Bissau avait été annoncé, aucune date n'avait été fournie jusqu'ici. En prévision de cette visite, le gouvernement chérifien a offert à la Guinée-Bissau 12.000 tonnes de médicaments dont des antirétroviraux et des antibiotiques pour le traitement de la tuberculose, a déclaré à l'AFP le Consul général de Guinée-Bissau au Maroc, Albino Arfam.
Selon lui, une équipe médicale marocaine est arrivée dès ce week-end et a commencé lundi des consultations gratuites et des interventions chirurgicales à l'hôpital Central Simao Mendes, le plus grand du pays.
Selon une source proche de l'équipe, un millier de patients devraient pouvoir consulter, dont une centaine, atteintes de cataracte, pourraient bénéficier d'interventions chirurgicales.
"Le Maroc est un vieil ami de la Guinée-Bissau, se souvient Joao Sécuba, un vétéran de la guerre d'indépendance. Il nous a assistés pendant la lutte de libération contre l'armée coloniale portugaise.
Les premières armes avec lesquelles nous avions combattu nous ont été offertes par le roi Hassan II du Maroc." Mais en 1984, le gouvernement bissau-guinéen a reconnu le Front Polisario, qui luttait pour l'indépendance du Sahara Espagnol occupé par le Maroc. Le Maroc a alors immédiatement suspendu ses relations avec Bissau.
"Avec cette visite du roi, nous sommes en train de repartir sur de bonnes bases", s'est réjoui le ministre bissau-guinéen des Affaires Etrangères Mario Lopes Da Rosa.
"Une vingtaine d'accords de coopération vont être signés", a précisé le chef de la Diplomatie, en priorité dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'agriculture et du transport.
Jeudi à Dakar, les gouvernements sénégalais et marocain ont déjà signé treize accords dans divers domaines dont les douanes, l'industrie, la santé animale, le tourisme et l'environnement.
NIGERIA : IMMENSES ATTENTES À LA VEILLE DE L'INVESTITURE DE BUHARI
Joel Olatunde AGOI, Aminu ABUBAKAR |
Publication 25/05/2015
Lagos, 25 mai 2015 (AFP) - Le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari, qui prend ses fonctions vendredi, devra répondre à des attentes gigantesques: avec la chute des cours du pétrole et une pénurie de carburants sans précédent, la première économie d'Afrique est quasiment paralysée.
Le Congrès progressiste (APC) de M. Buhari accuse le président sortant Goodluck Jonathan et son administration de sabotage délibéré et estime que "jamais dans l'histoire (du Nigeria) un gouvernement quelconque n'a transmis à un autre gouvernement un pays aussi sinistré".
"Pas d'électricité, pas de carburant, des travailleurs en grève, des milliards dûs aux fonctionnaires régionaux et fédéraux, 60 milliards de dollars de dette nationale, et l'économie est pratiquement à terre", a énuméré le porte-parole de l'APC, Lai Mohammed.
Premier producteur de pétrole d'Afrique, le Nigeria connaît depuis des années des coupures de courant quotidiennes, obligeant les entreprises à utiliser des générateurs que certaines, comme les banques et les opérateurs de téléphone mobile, ne peuvent plus alimenter à cause d'une crise des carburants qui dure depuis des semaines, ce qui les contraint à cesser ou réduire leurs activités.
Mais la rue maintient sa confiance à M. Buhari, connu pour sa poigne de fer lors de son court passage au pouvoir dans les années 1980, pour remettre le pays sur pieds.
"Le gouvernement de Jonathan est responsable de ce désordre, c'est un fait", considère Mulikat Bello, marchand de riz trentenaire du quartier d'Adgege, un faubourg de Lagos.
"On sait que Buhari est capable. Il a déjà (remis de l'ordre) avant. L'administration de (Shehu) Shagari avait détruit l'économie avant le coup d'Etat de Buhari, en décembre 1983".
- Corruption: tolérance zéro? -
Quand M. Buhari dirigeait le pays, durant ses 15 mois de dictature militaire il y a 30 ans, il a mené une guerre sans merci contre "l'indiscipline" et la corruption, s'attirant les foudres des défenseurs des droits de l'Homme.
Il a promis de se comporter différemment aujourd'hui, le pays ayant depuis tourné la page des dictatures militaires, en 1999, pour un régime démocratique.
Pendant la campagne électorale, l'homme de 72 ans a prévenu les Nigérians qu'il fallait "tempérer les attentes de ceux qui pensent que des miracles vont se produire".
Mais parmi les plus de 173 millions d'habitants du pays le plus peuplé d'Afrique, le 29 mai, jour de son investiture, revient sur toutes les lèvres comme la date où tous les maux seront résolus.
A Kano, la plus grande ville du Nord - une région majoritairement musulmane qui a voté en masse pour M. Buhari -, l'agent de sécurité Awwalu Maidawa, 41 ans, souhaite que le nouveau président mette un terme à l'insurrection islamiste de Boko Haram, qui a fait plus de 15.000 morts depuis 2009.
Pour Hajara Sani, femme au foyer, le plus important est l'éducation, dans un pays où 10,5 millions d'enfants sont privés d'école et le taux d'alphabétisation très bas, surtout dans le Nord. Musa Mohammed, un mécanicien de 33 ans, réclame l'électricité pour tous - un domaine dans lequel M. Buhari n'avait pas brillé quand il était au pouvoir.
D'autres évoquent une diversification de l'économie trop dépendante du pétrole, la lutte contre la pauvreté... Mais surtout, de Kano à Lagos, tous espèrent que M. Buhari va livrer une guerre sans merci à la corruption généralisée qui gangrène le pays.
"Je veux qu'il applique la tolérance zéro contre la corruption, surtout dans les services publics", dit M. Maidawa. "Une des premières choses que (Buhari) va devoir faire est de rassembler une équipe de communication compétente pour gérer les attentes" populaires, estime le commentateur politique Chris Ngwodo.
"Il va devoir tempérer les attentes sans décevoir. Cela doit être géré de façon minutieuse". Concernant Boko Haram, l'armée a pu reprendre le contrôle d'une grande partie du Nord-Est grâce à l'aide des pays voisins, après des années d'échecs.
Reste à M. Buhari la rude tâche d'y rétablir la paix. Globalement, le défi est immense. "Buhari arrive au mauvais moment malheureusement", juge Debo Adeniran, chef d'un lobby anti-corruption.
"Le gouvernement Jonathan a mal géré l'économie et les casseroles sont trop lourdes à porter. J'ignore toujours comment l'administration à venir va trouver les fonds nécessaires pour mettre en place son programme".
DÉBUT DE L'EXHUMATION DES CORPS DE SANKARA ET DE SES 12 COMPAGNONS
Ouagadougou, 25 mai 2015 (AFP) - L'exhumation du corps de l'ex-président Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés en 1987 lors d'un coup d'État a commencé lundi dans un cimetière de Ouagadougou, dans le cadre d'une instruction ouverte fin mars, a constaté un correspondant de l'AFP.
Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette le soir du 15 octobre 1987, après son assassinat lors du coup d'État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir pendant 27 ans.
Il aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën (quartier est de Ouagadougou), mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s'y trouve réellement.
Selon des proches des victimes, des jeunes gens munis de "pioches et pelles" ont commencé à "ouvrir deux tombes" dans le cimetière. "Ils sont en train de creuser les tombes, ça risque de prendre beaucoup de temps", a affirmé à l'AFP Mariam Gouem, la fille d'un des gardes de corps de Sankara qui a été assassiné en même temps que lui.
"C'est dur pour nous, je suis dedans (dans le cimetière) avec ma petite soeur. Quand papa est mort, elle avait 6 mois", a déclaré la fille de Der Somda, autre compagnon de Sankara.
L'opération est conduite par trois médecins, un Français et deux Burkinabès en présence du commissaire du gouvernement et d'un juge d'instruction. La gendarmerie bloque l'accès du cimetière aux dizaines de curieux qui scandent : "on veut la vérité", "la patrie ou la mort nous vaincrons".
La famille de Thomas Sankara n'assiste pas à l'exhumation, elle est représentée par son avocat Me Benwendé Sankara. Le régime de M. Compaoré, renversé fin octobre par une insurrection populaire, avait toujours refusé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de l'assassinat de Sankara.
Début mars, le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Compaoré a autorisé l'exhumation du corps de Sankara dans le but de l'identifier formellement.
Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina qui enquête depuis mars sur les circonstances de la disparition du "père de la révolution burkinabè".
Plusieurs auditions ont déjà eu lieu dans le cadre de cette enquête et notamment celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président, le 14 mai dernier.
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment évoquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Compaoré le 31 octobre dernier.
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"LE CERCLE DES NOYÉS"
Le film-documentaire du cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd sera au menu de la deuxième journée du festival "Gorée Cinéma", le samedi 6 juin prochain
(SenePlus.Com, Dakar) - "Parce que la vie d’esclave n’est pas facile. Parce que la vie d’esclave n’est pas facile…" Boubacar Ould Messaoud répète cette phrase d’une voix étreinte par une douleur intense et en fusillant son interlocuteur d’un regard rempli de colère. Sa ritournelle sonne comme le clap de fin d’un spectacle de mauvais goût qui dure depuis 50 ans : le déni de l’esclavage en Mauritanie. Pays qui s’adonne encore à cette pratique d’un autre temps tout en faisant croire au monde qu’il a brisé les chaînes de la honte depuis belle lurette.
Cette phrase, simple mais terrible et de haute portée, constitue le moteur de Boubacar Ould Messaoud, fondateur de l’association "SOS esclaves", une organisation anti-esclavagiste, pour la défense et la promotion des droits humains. Cette phrase le propulse depuis 30 ans dans sa croisade contre l’esclavage en Mauritanie. "Si je fais quelque chose de bon dans ma vie, c’est participer à la libération des esclaves, clame-t-il dans le documentaire produit par son association pour lever le voile sur le mal qui écorne l’image de son pays. Je le fais pour moi, pour ma mère, pour mes cousins, pour des gens comme moi. Et parfois ça m’amène… Ça m’amène très loin."
Cet extrait (voir vidéo) est un passeport pour Le Cercle des Noyés, le film-documentaire du cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd. Lequel sera projeté le samedi 6 juin sur la plage de Gorée dans le cadre de la deuxième journée du festival "Gorée Cinéma". "Ce récit retrace la douloureuse histoire de l’emprisonnement, entre 1986 et 1991, des membres du FLAM- Front de Libération Africain de Mauritanie-, un groupe qui luttait contre la ségrégation raciale, dans l’ancien fort français d’Oualata, aux fins fonds du désert, près de la frontière avec le Mali. Il donne à découvrir le délicat travail de mémoire livré par l’un de ces anciens détenus qui se souvient de son histoire et de celle de ses compagnons."
En prélude à la projection du film-documentaire, se tiendra "Diiso Cinéma" (Penser le cinéma). Ce "sera l’occasion de faire la lumière sur les origines du combat contre l'esclavagisme, la ségrégation et l’oppression, que doit mener- en première ligne- le peuple mauritanien". "À travers cette discussion et grâce aux invités (cinéastes, écrivains, experts et journalistes, etc.)", les organisateurs du festival espèrent "à la fois se faire l’écho du travail de mémoire accompli par le film de Pierre-Yves Vandeweerd tout en ouvrant le débat vers une généalogie des conflits qui ravagent toute une région de l’Afrique subsaharienne".
LA SIERRA LEONE LUTTE TOUJOURS CONTRE EBOLA, UN AN APRÈS SON APPARITION
Freetown, 25 mai 2015 (AFP) - Il y a un an exactement, deux femmes, dont l'une était enceinte, étaient admises, très affaiblies, à l'hôpital de Kenema, dans l'est de la Sierra Leone: le virus tropical Ebola avait fait son apparition officielle dans le pays.
12 mois plus tard, la Sierra Leone continue de lutter pour être déclarée "exempte" du virus - comme son voisin, le Liberia, le 9 mai - qui a fait près de 4.000 morts dans le pays.
Mais les derniers rapports de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont fait état la semaine dernière d'une hausse du nombre de cas déclarés, tout comme en Guinée où était apparue l'épidémie fin 2013.
Près de 27.000 personnes ont été infectés par Ebola, qui a fait au total 11.120 morts officiellement répertoriés (sans doute beaucoup plus en réalité), principalement dans ces trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone).
Les deux femmes diagnostiquées il y un an ont survécu, même si la plus jeune a perdu son bébé. Elles avaient assisté un mois plus tôt aux funérailles de Mendinor, une guérisseuse très respectée des deux côtés de la frontière entre Sierra Leone et Guinée.
La vieille femme, de son vrai nom Finda Nyuma, traitait les malades de fièvre dans son village natal, spécialisé dans le diamant, à quelques heures de marche de Gueckedou, en Guinée, où le virus avait fait son apparition en décembre 2013.
"Elle assurait avoir le pouvoir de guérir Ebola. Les malades venaient de Guinée pour se faire soigner", rappelait en août dernier à l'AFP Mohamed Vandi, le chef des services médicaux de Kenema.
Tombée malade le 28 avril, Mendinor est morte le 30. Deux jours plus tard, son mari et un de ses petit-fils décédaient à leur tour.
- 'Requin moléculaire' -
Un des vecteurs principaux de contagion - les fluides corporels - se révélait particulièrement actif lors des rites funéraires. 14 femmes ont ainsi été infectées aux funérailles de Mendinor, avant de propager de nouvelles chaînes d'infection dans tous les districts montagneux des environs.
Un mois après la mort de Mendinor, 30 cas étaient confirmés dans le district de Kailahun et cinq chaînes d'infection étaient identifiées, jusqu'au district de Port Loko, à l'autre bout du pays.
Véritable "requin moléculaire", comme le décrit la littérature médicale, le virus devait arriver à Kenema le 17 juin, prenant la petite ville totalement au dépourvu. En première ligne, plus de 20 travailleurs de la santé locaux allaient en être victimes.
Et durant l'été, le virus parvenait à la capitale, Freetown, où il allait faire des ravages dans des quartiers surpeuplés aux conditions sanitaires rudimentaires. Au pic de l'épidémie, en septembre et octobre 2014, des centaines de cas étaient rapportés chaque semaine.
Le Liberia, le plus touché des trois pays au pire de la crise, a été déclaré "exempt" d'Ebola le 9 mai par l'OMS. Mais Guinée et Sierra Leone ont connu une rechute.
Selon l'OMS, 35 nouveaux cas ont été enregistrés dans ces deux pays dans la semaine du 11 au 17 mai, contre seulement neuf la semaine précédente. A Freetown, pas question donc de célébrer le premier anniversaire de l'apparition officielle de la maladie.
"Nous sommes concentrés sur nos efforts de sensibilisation de la population, pour expliquer que la maladie frappe encore ici", explique Sidi Yaya Tunis, porte-parole du Centre national de contrôle d'Ebola (NERC).
Selon Ibrahim Sesay, de la section de Freetown du NERC, cinq patients restent en traitement dans tout le pays et 203 personnes sont en quarantaine dans la capitale.
DONALD KABERUKA, ARTISAN DU RETOUR DE LA BAD À ABIDJAN, CRITIQUE PAR LES FRANCOPHONES
Abidjan, 25 mai 2015 (AFP) - Donald Kaberuka, qui lâchera dans quelques jours les rênes de la Banque africaine de développement (BAD), laisse une institution financièrement solide, mais a été accusé d'avoir délaissé les pays francophones au profit des anglophones.
Arrivé en 2005 à la présidence de la BAD, cet ennemi de l'"afropessimisme", petites lunettes rondes et costume toujours impeccable, lègue à son successeur une banque auréolée de la note AAA, décernée par l'agence de notation financière américaine Fitch en 2013.
Sous son impulsion, la BAD, qui a triplé son capital depuis 2003 pour le porter à 91 milliards d'euros, est devenue la première institution de financement du développement sur le continent africain, avec 317 opérations pour un total de 6,2 milliards d'euros en 2013.
Renforcer le secteur privé et investir dans les infrastructures est devenu le credo de la BAD, qui est désormais "mieux représentée" dans "plusieurs des pays fragiles du continent", selon Tchétché N'Guessan, ex-administrateur pour la Côte d'Ivoire à la BAD.
Derrière son image de banquier dur et austère, M. Kaberuka restera également comme le patron qui a traversé la crise financière et internationale de 2009. Mais au final, "l'histoire retiendra que c'est lui qui a ramené la banque à Abidjan", explique M. N'Guessan à l'AFP.
Selon lui, c'est au prix de "difficiles batailles" que Donald Kaberuka a réussi à ramener la BAD de Tunis à Abidjan, dans un siège "plus grand" permettant au personnel de "travailler dans de meilleures conditions".
Après le coup d'Etat manqué de 2002 en Côte d'Ivoire et la décennie de crise politico-militaire qui a suivi, l'institution avait été délocalisée à Tunis en 2003. Elle n'est revenue que l'an dernier dans la capitale économique ivoirienne.
M. Kaberuka "a pesé de tout son poids, il avait confiance en la Côte d'Ivoire, en sa capacité à normaliser la situation sécuritaire, administrative", se souvient Mabri Toikeusse, le ministre ivoirien du Plan.
Mais au moment où s'ouvre la course pour sa succession, une partie du monde francophone l'accuse d'avoir privilégié les pays anglophones. Ainsi, la France voudrait un président "plus soucieux des intérêts" de l'Afrique francophone, entend-on au ministère des Finances à Paris.
Parfait bilingue en français et en anglais, Donald Kaberuka était pourtant vu lors de son élection comme un lien possible entre l'Afrique anglophone et l'Afrique francophone, deux univers où il a vécu et travaillé.
Né en 1952 à Byumba, dans le nord du Rwanda, il a suivi ses parents en exil à l'âge de 8 ans en Ouganda, puis en Tanzanie, avant d'aller étudier en Grande-Bretagne.
Docteur en économie de l'université de Glasgow (Ecosse), il a été enseignant-chercheur à l'université du Sussex (sud de l'Angleterre), avant d'intégrer le secteur bancaire à Londres, notamment à la Lloyds Bank.
Rentré au Rwanda après le génocide de 1994 (plus de 800.000 morts, selon l'ONU), il est considéré comme l'un des artisans du réveil économique du pays, dont il a été le ministre des Finances de 1997 à 2005.
Sept candidats et une candidate se sont d'ores et déjà déclarés pour lui succéder à la présidence de l'institution, qui fête ses 50 ans.
Pour être élu, un candidat doit emporter la majorité des votes de tous les pays membres, et la majorité des votes des pays africains. Si cinq tours de scrutin ne suffisent pas, la BAD peut décider d'ajourner et de procéder à un second vote.
C'était arrivé en 2005, lors de la première élection de M. Kaberuka.
OUATTARA SOUHAITE UNE CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE APAISÉE
Abidjan, 25 mai 2015 (AFP) - Le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, grand favori pour le scrutin présidentiel d'octobre, a appelé les candidats à l'élection à la responsabilité et à une campagne apaisée, au cours d'un meeting dimanche dans le nord-ouest du pays.
"Maintenant que les principaux candidats sont déclarés, j'invite tous les acteurs à des débats sains et constructifs", a lancé M. Ouattara, dans la ville d'Odienné. "Ce que les Ivoiriens veulent c'est du concret" a t-il ajouté, exhortant ses adversaires à venir présenter un "programme" pour "chaque région".
Alassane Ouattara a été investi fin avril candidat de la coalition au pouvoir pour l'élection présidentielle d'octobre dont il part grand favori pour être réélu pour un second mandat.
Son alliance avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de M. Bédié a déjà fait ses preuves.
Au deuxième tour de la présidentielle de novembre 2010, M. Bédié (arrivé troisième au premier tour) avait appelé à voter pour M. Ouattara, l'aidant à l'emporter face à Laurent Gbagbo, qui était au pouvoir depuis dix ans.
Vendredi, le Front Populaire Ivoirien (FPI), le parti d'opposition de Laurent Gbagbo en proie à une forte crise interne a désigné Pascal Affi N'Guessan comme candidat pour affronter le président sortant.
Une troisième force, la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) qui rassemble plusieurs cadres frondeurs de partis de la majorité et de l'opposition pourrait également présenter un candidat.
Mais pour l'heure le CNC critique la composition, selon elle trop pro-Ouattara, de la Commission électorale indépendante, organisatrice du scrutin. Au cours de son meeting à Odienné, Alassane Ouattara a également réaffirmé que "tous les responsables des crimes" de la crise post-electorale "seront jugés" et qu'il n'y aurait "pas d'impunité", en Côte d'Ivoire.
La Côte d'Ivoire a connu cinq mois de violences postélectorales, qui ont fait plus de 3.000 morts entre décembre 2010 et avril 2011, causées par le refus de l'ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara.
Considérée comme une protagoniste majeure de la crise, l'ex-Première dame Simone Gbagbo a été récemment condamnée à 20 ans de prison par la justice ivoirienne.
Laurent Gbagbo est quant à lui écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit répondre de "crimes contre l'humanité". Le scrutin présidentiel d'octobre est considéré comme crucial par les partenaires de la Côte d'Ivoire pour la stabilisation du pays qui a connu une décennie de crise politico-militaire.
GOODLUCK LAISSE UN PAYS "SINISTRÉ", DÉNONCE L'OPPOSITION
Abuja, 24 mai 2015 (AFP) - Le président sortant du Nigeria, Goodluck Jonathan, va passer la main à son successeur vendredi en laissant un pays plus "sinistré" que jamais, plombé par des pénuries de carburant et le marasme économique, a déclaré dimanche le principal parti d'opposition.
"Jamais dans l'histoire de notre pays un gouvernement quelconque n'a transmis à un autre gouvernement un pays aussi sinistré", a estimé dimanche Lai Mohammed, le porte-parole du Congrès progressiste (APC), dans un communiqué.
"Pas d'électricité, pas de carburant, des travailleurs en grève, des milliards dûs aux fonctionnaires régionaux et fédéraux, 60 milliards de dollars de dette nationale, et l'économie est virtuellement à terre", a-t-il énuméré.
Muhammadu Buhari, de l'APC, sera investi vendredi président du pays le plus peuplé d'Afrique (près de 180 millions d'habitants), également plus grosse économie et premier producteur de pétrole du continent, après avoir battu Goodluck Jonathan à la présidentielle du 28 mars.
Mais à quelques jours de son entrée en fonction, le pays est virtuellement à l'arrêt après des semaines de crise des carburants.
Les stations-service sont à sec, des avions sont cloués au sol dans les aéroports, et le premier opérateur mobile vient de prévenir qu'il va avoir du mal à maintenir son réseau sans approvisionnement rapide en carburant.
L'APC, qui a fait campagne sur le combat contre la corruption endémique et l'insécurité (en référence aux islamistes de Boko Haram, dont les attaques ensanglantent le Nord depuis des années), a durement critiqué M. Jonathan et son parti, le PDP, pour leur silence sur cette crise.
Lai Mohammed a accusé le PDP de n'être "pas intéressé" par la résolution de la crise, qui laisse des millions de Nigérians sans électricité depuis des semaines à cause du manque de carburant pour leurs générateurs - le réseau électrique public ne fonctionne que quelques heures par jour.
Le gouvernement a annoncé vendredi que le pays ne produisait que 1.327 mégawatts d'électricité - un plus-bas quasi historique.
La première économie d'Afrique extrait deux millions de barils de pétrole brut par jour mais doit importer l'essentiel de ses carburants à cause de ses faibles capacités de raffinage - une situation que les observateurs imputent à la corruption et la mauvaise gestion.
Selon les syndicats du secteur pétrolier, la crise a éclaté parce que le gouvernement, qui subventionne les carburants pour les maintenir sous les prix du marché mais est à court de liquidités depuis l'effondrement des cours du pétrole, doit 200 milliards de nairas (environ 904 millions d'euros) d'impayés aux importateurs de carburant, qui ont du coup cessé leur activité.
Pour l'APC, le Nigeria est "sur pilotage automatique depuis plusieurs semaines, car l'administration sortante n'a montré ni la capacité, ni la volonté de résoudre les crises qu'elle a créées et imposées à la nation".
Le Parti démocratique populaire (PDP) de M. Jonathan a accusé l'opposition de tenter de ternir l'image du gouvernement sortant.
"Nous jugeons curieux et (voyons) plus qu'une coïncidence dans le fait que le pays subit de graves pénuries de carburant et d'électricité précisément à ce moment-là, alors que ce n'était pas le cas sous le gouvernement dirigé par le PDP", a déclaré le porte-parole du parti Olisa Metuh.
"Nous nous demandons s'il n'y a pas des forces qui sabotent le système pour donner l'impression que l'APC hérite d'infrastructures défaillantes et d'un effondrement complet du système", a-t-il ajouté.