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16 novembre 2024
Par Abdoul Azize KEBE
LE FRANÇAIS, LANGUE DE L'ISLAM
Ce texte avait été publié à l’occasion de la célébration du 15e sommet de la Francophonie à Dakar, en 2014. Je la partage, 10 ans après, avec une légère modification pour préciser ma pensée
Ce texte avait été publié à l’occasion de la célébration du 15e sommet de la Francophonie à Dakar, en 2014. Je la partage, 10 ans après, avec une légère modification pour préciser ma pensée. Je voudrais saisir le moment de la célébration de la Francophonie pour partager cette réflexion. Je le fais dans le seul but de contribuer à rapprocher les musulmans de mon pays et d’ailleurs, à faire tomber ces cloisons d’un autre âge qui se dressent entre musulmans arabophones et francophones. De ce point de vue, on pourrait se départir de cette pensée réactive qui nous empêche de percevoir toute cette potentialité créative que le français nous offre.
Nous savons tous que la plupart des pays de la Francophonie sont des pays anciennement colonisés. Parmi ceux-ci une bonne partie qui se trouve au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, est majoritairement musulmane. Ce sont des espaces où l’islam, avec sa langue génitale l’arabe, a précédé le français et ses éléments culturels. Dans ces pays, l’établissement du français a été perçu comme une agression contre l’islam et contre la langue arabe. Tant et si bien que le français fût considéré - quelques fois à juste titrecomme une langue anti-islamique. Mais aujourd’hui, estil juste de continuer à le voir de cet œil, à le percevoir comme la langue du diable, de l’antéchrist ? Est-il acceptable de le présenter ainsi pour décréter illicite son enseignement, quitte à frustrer nombre d’enfants des bienfaits de l’école et des savoirs qu’elle offre, comme le stipule Boku Haram ou les organisations qui partagent ses vues ? Pour qui suit le dynamisme qu’apporte le français à la propagation du savoir islamique et à la diffusion de sa culture, il serait plutôt juste de dire que le français est une langue d’islam, dans ses dimensions scientifique, académique, spirituelle, culturelle et historique. Même si certains s’y expriment pour diffuser leur haine ou leur méconnaissance de cette belle religion, d’autres en usent pour la diffuser et mettre à la disposition du monde tout le trésor spirituel et théologique qu’elle a généré.
Le français facteur de diffusion de l’islam
Toute langue dans laquelle s’exprime la religion, pour véhiculer ses enseignements, pour défendre ses idéaux, est une langue de religion, de cette religion. Vu sous cet angle, le français est une langue d’islam. Les musulmans arabophones sont les mieux placés pour accréditer cette hypothèse dans la mesure oú, la plupart d’entre leurs élites estiment qu’est arabe tout celui qui s’exprime dans cette langue, la langue du Dâd. Il y a même des hadiths dont il faut vérifier l’authenticité qui accréditeraient cette assertion. Dans tous les cas, parler une langue c’est bien intégrer, ne serait-ce que par la locution, une communauté.
Pourquoi soutenons-nous que le français est une langue d’islam ?
L’islam est une religion à vocation universelle, fondée par la révélation d’un Livre à partir duquel, des savoirs de toutes sortes ont été élaborés. Or, la vocation de ces savoirs est d’être reçus, appropriés, développés et retransmis par des peuples et des nations autres que le peuple arabe. Dans cette mission, le français a joué un rôle important en véhiculant, par la traduction et l’édition, un riche patrimoine qui serait resté inaccessible pour une bonne partie des musulmans non arabophones.
Quelques exemples illustrent notre propos
Le domaine éditorial représente un riche champ d’expression de l’islam, de diffusion de ses enseignements, de défense de ses idéaux, et même de clarification de controverse et d’idées reçues ou préjugées. Sur ce champ, la contribution de certaines maisons d’édition est à citer. En visitant la collection Sindbad de la maison d’édition Actes Sud, on est admiratif et reconnaissant devant son fondateur Pierre Bernard. Ce dernier a contribué, avec cette collection, à exhumer, en tout cas, à déposer sur la natte de l’universel un nombre considérable de textes relatifs à l’islam, littérature et civilisation confondues, pour montrer que cette religion n’est pas qu’un simple ritualisme sans âme. Elle est surtout une mine de ressources pour l’humanité. La bibliothèque musulmane de cette maison d’édition nous surprend, par la richesse et la diversité des publications parmi lesquelles figurent des classiques du fiqh, comme la Risâla de Shâfi'î, des livres de soufisme et de spiritualité comme les traités spirituels d’alAnçâri, de Kalabâdhî, ou des traités de sciences comme ceux de Râzi.
A côté de cela, les éditions al-Buraq apportent leur pierre à l’édifice par la diffusion des œuvres d’auteurs musulmans contemporains ou classiques. Dans le site de la revue d’études sur l’islam, «Cahiers de l’islam», on lit ceci à propos de cette maison d’édition : «Al Bouraq devient alors une passerelle entre Orient et Occident, une voie vers la connaissance de la civilisation arabe-musulmane.» De cette façon, le français, comme d’autres langues certainement, relie les anneaux du savoir islamique à la chaîne de la connaissance universelle, et transmet le message décrypté aux peuples et nations qui constituent la cible. Il joue son rôle de diffuseur mais aussi de lien entre les peuples disséminés, à travers les espaces géographiques différents, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, sans considération de discrimination d’aucune sorte. Sur un autre plan, mais toujours dans le domaine éditorial, l’apport du français à la diffusion et à la connaissance de l’islam spirituel est très appréciable. Ce faisant, il a dévoilé au monde cette riche spiritualité qui se présente comme voie alternative pour accéder à Dieu par la quête de sens, à travers la philosophie et la mystique, l’amour et la création du beau, l’ouverture à l’autre, la charité et l’hospitalité. Cette contribution inestimable se retrouve dans l’option éditoriale de la maison d’édition Verdier, par le biais de la collection islam spirituel, -رون ىلع رون - fondée par Christian Jambet. En empruntant cette voie, il refuse d’emprisonner l’islam dans les carcans du juridisme ou les chemins aventureux du politique. Ce qui semble être aujourd’hui le seul visage médiatisé avec les jihadistes, les salafistes de Daesh ou de Boku Haram. Dans cette collection, nous pouvons citer l’excellent traité de soufisme d’Isfarâ’inî, Le révélateur des mystères - فشاك رارسألا - . Un beau texte sur l’unicité de Dieu et les subtilités du cœur, dans la perception de réalités autres que physiques, traduit par Hermann Landolt.
Traduction et valorisation de la culture
Ces quelques illustrations auraient suffi pour démontrer que le français n’est pas une langue anti-islamique, comme semblent le croire quelques arabophones radicalisés par des sentiments de marginalisation réelle ou fictive, ou par des islamistes antioccidentaux qui confondent idéologie et religion. C’est, à l’instar de toutes les autres langues, un moyen de connaissance et de reconnaissance, de connexion avec les savoirs et avec les humains, pour transformer positivement les réalités.
Les traductions des deux sources primordiales de l’islam, le Coran et la Sunna authentique du Prophète en attestent. Qui ne connaît pas les traductions exemplaires de Jacques Berque, de Hamidoullah, de Si Hamza Boubakeur ou des Deux Saintes Mosquées ? En plus de cela, qui ne connaît pas les traductions des œuvres magistrales de Ghazali, en soufisme, de penseurs contemporains comme Qaradawî, Mouhamed Ghazali, et d’autres encore ? Avec notre génération, qui n’a pas appris dans l’œuvre, en français, de Garaudy, René Guénon, Dominique Urvoy, Maurice Bucaille ? Qui n’a pas consolidé ses connaissances avec Minhâju-lMuslim de Abu Bakr alJazâ’irî ? Qui ne s’est pas abreuvé dans la fontaine inépuisable de sagesse de l’Imâm ‘Ali (RTA) dans Nahjul-Balâgha ? Ici au Sénégal s’est tenu en 2014, pour la deuxième fois, le sommet de la Francophonie qui honore le catholique Senghor et le musulman Abdou Diouf, sous le magistère de M. Macky Sall, un président de la génération post-indépendance. Il me plaît de rappeler que si le français s’est introduit, avec l’objectif de réduire l’aura des marabouts et de l’islam, il est aujourd’hui le véhicule de leurs enseignements. Les traductions de Jawâhir alMa'ani, de kifâyatu-rRâghibîn et de Ifhâmu-lMunkiri-l-Jânî, par le Professeur Ravane Mbaye, de Masâliku-l-Jinân par Serigne Sam Mbaye, de Minanu-l-Bâqî par Khadim Mbacke, de Kâshifu-l-Albâs par Ousmane Kane, sont là, témoins de nos propos. En plus de cela, toute l’œuvre du professeur Samba Dieng sur El Hadj Oumar, et d’autres encore, sont une illustration que dans les faits, la contribution du français à l’universalisation de l’islam et des pensées issues de son flux, est une réalité. Si les confréries du Sénégal sont si bien connues dans le monde, en particulier dans les régions francophones et occidentales, c’est en partie grâce aux travaux en français, entre autres, dont elles ont été sujets, ici et ailleurs. Alors, peut-on dire que le français est non seulement langue de religion, mais il est langue d’attraction et peut être, d’un point de vue symbolique, langue d’accréditation auprès de l’élite musulmane non arabophone. Il est aussi bien langue d’islam que langue d’islamologie, langue de préservation et de valorisation du patrimoine islamique global et local.
Il est langue d’islamophilie. Rappelons-nous les belles envolées de Lamartine ou de Hugo et même le mea-culpa de Voltaire. Mais sous nos yeux, avec l’élégance qui le caractérise, notre compatriote Souleymane Bachir Diagne n’a-t-il pas contribué, par et avec le français, à apprendre au monde comment philosopher en Islam ? N’a-t-il pas rappelé avec brio que les langues sont des vecteurs d’hospitalité, par la traduction ? J’aime ce concept d’hospitalité car d’emblée, il écarte l’hostilité. Le français, vu sous cet angle est un instrument qui a permis de se faire dialoguer l’âme de l’islam avec les cultures non arabophones.
Ce que nous avons constaté dans le domaine de l’édition pourrait être dit dans celui des sites sur le web, dans l’espace scolaire et universitaire, et dans le secteur des intellectuels francophones musulmans du Sénégal et d’Afrique. Que ce soit le défunt Cerid (Centre de Rechcrche sur Islam et Développement), avec les illustres Dr Ciré Ly, Me Fadilou Diop,
Pr Assane Sylla, Pr Makhtar Diouf, Pr Amadou Samb, l’inénarrable Oustaz Ibrahim Mahmoud Diop, que ce soit l’Ujmma, les jeunes musulmans à Bamako, les étudiants musulmans de l’Ucad, le français a servi pour démontrer que l’islam est une religion de savoirs, d’éthique et de développement, à travers le croisement entre ces deux premiers éléments. Pour conclure, nous pouvons affirmer que le français a cessé d’être la langue antiislamique depuis très longtemps, avec la fin de la colonisation. Aujourd’hui, il est une langue qui permet à des peuples différents de se rencontrer dans le savoir islamique, de s’abreuver de ses sources, de s’enrichir de ses trésors et de ses spiritualités pour se connaître et se respecter. En cela, il est aussi langue d’islam.
par Abdou Fall
APRÈS LE TEMPS DES COLÈRES, LE MOMENT DU SURSAUT CITOYEN POUR UNE GOUVERNANCE DE RUPTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un basculement absolu en faveur d'un camp au détriment des autres blocs serait fatal pour la stabilité du pays. Une initiative du comité national des Assises en direction des blocs politiques en lice serait salutaire pour le Sénégal
La forte colère citoyenne qui s’est exprimée le 24 mars 2024 par un vote massif en faveur du candidat Bassirou Diomaye Faye au premier tour de l'élection présidentielle passée est un indicateur on ne peut plus tangible de l'irrépressible aspiration aux changements qui s'est emparée de notre pays depuis un quart de siècle.
C'est pourquoi il était naturellement attendu de l'actuelle équipe dirigeante que soient dégagées en priorité des perspectives claires de réformes de fond parmi lesquelles les questions institutionnelles devaient occuper une place prépondérante au regard des crises politiques récurrentes que le Sénégal a traversées pendant ces décennies qui marquent notre entrée dans le siècle naissant.
Avec le régime socialiste d’abord en 2000 et les pouvoirs libéraux qui ont suivi en 2012 et 2024, trois alternances politiques ont été opérées à la tête du Sénégal, toutes principalement marquées par une forte aspiration citoyenne à la rupture dans la gouvernance des affaires de la nation.
Tout le monde l'aura remarqué, les sujets majeurs du débat politique national depuis 2000 ont porté pour l'essentiel sur des enjeux de gouvernance.
Chacun des pouvoirs déchus pouvant se prévaloir dans une très large mesure d'un bilan plus que respectable en matière de redressement économique et financier pour les socialistes en 2000, de grandes réalisations dans la construction des bases infrastructurelles du développement économique et social du pays pour les libéraux en 2012 et 2024.
Sous ce rapport, les 12 ans de magistère du président Macky Sall auront été particulièrement féconds dans tous les domaines ;
Et c'est pourtant là que le changement aura été quasiment opéré sur fond d'insurrection électorale.
C'est la raison pour laquelle il était dans l'espoir de tous de voir la nouvelle équipe dirigeante sortie victorieuse de la présidentielle de 2024 se saisir de l'opportunité de la transition vers les législatives pour faire l'état des lieux de la gouvernance politique, démocratique, économique et sociale du Sénégal, négocier avec toutes les forces vives de la nation les termes d'un large consensus sur les réformes majeures à entreprendre au premier desquelles les chantiers institutionnels, et enfin ouvrir au pays la perspective d'une gouvernance rénovée.
Et au-delà du contexte national, le Sénégal aurait fait encore une fois figure de précurseur en offrant une nouvelle perspective à l'Afrique où la crise de l'État post-colonial, notamment dans l'espace francophone, entraine des errements dangereux avec des conséquences désastreuses dans la marche de nos institutions communautaires sous-régionales
A cet égard, les crises lancinantes de régime que traversent les pays dits de l'alliance des États du Sahel (AES) méritent une attention toute particulière de la part des hommes politiques et des intellectuels du continent, en particulier chez nous, objectivement enfermés que nous sommes dans une véritable ceinture de feu.
C'est pourquoi l'occasion aurait été belle aujourd'hui si on allait à nos élections législatives du 17 novembre prochain dans le cadre d'une démocratie apaisée et d’une profonde mise à jour des institutions du pays.
Étant entendu que la seule perspective politique qui vaille est celle d'une société réconciliée avec elle-même et d'une nation rassemblée pour relever le défi de sa sécurité qui, comme aimait à le répéter le Professeur Cheikh Anta Diop, est la condition et le préalable de toute politique réussie de développement.
Nous sommes bien placés pour beaucoup en savoir sur les souffrances indicibles que vivent actuellement les peuples des nations sous l'égide des états dits de l'AES.
C'est la raison pour laquelle il importe peu pour nous d’en savoir outre mesure sur les raisons qui ont pu justifier les logiques ayant en définitive prévalu pour conduire à cet état de tensions entretenues en permanence et qui continue encore de régner dans notre espace public six mois après la présidentielle de mars 2024 et à quelques six semaines des législatives du 17 novembre prochain.
Ce qui est établi et constant, c'est que cette transition aura été une occasion manquée par les nouvelles autorités du pays de jeter les bases d'un authentique renouveau démocratique.
C'est dans cette circonstance exceptionnelle de mutations politiques inachevées que se tiendront les législatives en vue dans les six semaines qui nous séparent de cette échéance capitale.
Je dois dire sans ambages, en ce qui me concerne , que je suis de ceux qui pensent qu'au regard des faits observés sur les six mois de la gouvernance de la nouvelle équipe dirigeante et de la montée en puissance des crises politiques que traversent le monde avec leurs impacts sur nos pays, la simple sagesse devrait commander que tous les hommes et femmes de bonne volonté se mobilisent dans un vaste sursaut citoyen en faveur de politiques de vastes rassemblements pour faire face aux grands défis de notre époque.
Nos responsabilités nous dictent de tout entreprendre pour éviter que ces tensions permanentes dangereusement entretenues se transforment en crises insurmontables pour notre pays.
Et sous ce rapport, la lucidité politique devrait nous commander à tous de travailler à la construction d'un rapport de forces qui rétablisse les équilibres entre les principaux courants politiques qui traversent le pays, afin que selon le bon mot Montesquieu, "par la force des choses, le pouvoir puisse arrêter le pouvoir ".
Un basculement unilatéral et absolu en faveur d'un camp au détriment des autres blocs serait à notre sens fatal pour la stabilité du pays, l'unité et la cohésion de notre nation et la préservation des équilibres entre les courants et forces de diverses natures qui traversent la société Sénégalaise dans son ensemble.
Quatre blocs majeurs se disputent à ce jour les votes des citoyens pour cette échéance capitale du 17 novembre prochain.
L'issue de ce scrutin va déterminer dans une très large mesure la configuration des forces en charge de la gestion de notre statut nouveau de pays pétrolier et gazier dans un environnement de crises politiques et sécuritaires jamais vécues dans notre espace sous-régional.
Un tel contexte doit appeler de notre point de vue la hauteur et la sérénité d'une gouvernance de responsabilité que tout le monde sait incompatible avec une ambiance délétère de crispations, de tensions, de convulsions, de menaces et de controverses permanentes, sans retenue et totalement contreproductives.
C'est donc le moment, de ce point de vue, pour que toutes les communautés représentatives de la nation sénégalaise dans sa diversité et toutes les personnalités de bons conseils de rappeler aux acteurs politiques que notre pays ne saurait être livré à leur merci, quels que soient par ailleurs les mérites et talents des uns et des autres.
Il n'est établi nulle part que pouvoir leur est donné de disposer du droit exclusif de décider du sort de tous selon leurs ambitions de pouvoir au risque d'exposer le pays dans son ensemble à tous les périls possibles et imaginables.
En démocratie, majorité n'est pas unanimité !
Maître Babacar Niang aimait à rappeler : " la démocratie, c'est le gouvernement de la majorité, dans l'intérêt général et dans le strict respect des droits de la minorité ".
On est par conséquent dans le temps du sursaut citoyen, républicain et démocratique pour le retour aux fondamentaux d'une nation riche de sa diversité et forte de son unité, d'un peuple fier, travailleur, libre et confiant en lui-même, d'une société juste et solidaire, enfin d'un régime politique tournant définitivement le dos au pouvoir personnel sans partage et à l'exercice solitaire du pouvoir.
C'est sur la base d'une telle plate-forme qu'un vaste mouvement citoyen, républicain et démocratique doit construire un référentiel à soumettre à la classe politique dans son ensemble.
Il s’agit, à partir de là, de créer un rapport de force politique qui redistribue les rôles dans les différentes institutions du pays afin d'en garantir les équilibres entre les principaux courants qui traversent l'espace politique national.
Le 17 novembre prochain, le salut du Sénégal est dans le triomphe d'un vote de rééquilibrage entre les courants majeurs en lice dans le cadre de ce scrutin exceptionnel.
La configuration du prochain parlement devra rendre incontournable le cadre d'un dialogue qui s'imposera le moment venu à tous afin que soient renégociés les termes d'un pacte politique et social renouvelé autour d'un nouvel ordonnancement institutionnel qui exclut le pouvoir absolu d'un camp sur l'autre tout en garantissant un fonctionnement institutionnel à l'abri des vices des démocraties perverses.
Après la fièvre du 24 mars, le scrutin du 17 novembre devra être celui de la sérénité devant déboucher sur le salut d'un dialogue entre les quatre principaux blocs en lice dans ce moment exceptionnel de la vie politique du Sénégal.
Cette tendance lourde vers les grands blocs politiques, tout en reconnaissant aux autres entités en lice leur droit légitime à porter leur projet et afficher leurs ambitions, est le signe précurseur d'une perspective de recomposition politique de nature à donner lisibilité et cohérence dans l'espace démocratique du Sénégal.
Le bloc Pastef du duo Diomaye/Sonko, celui de Sàmm sunu kaddu avec le trio Khalifa Sall, Barthélémy Diaz, le PUR de Serigne Moustapha Sy et les jeunes leaders dits radicaux, la coalition Jàmm ak Njarin̈ autour d’Amadou Ba avec ses alliés de l'AFP, du PS et des partis de gauche et enfin le regroupement de presque toute la famille libérale wadiste dans Takku wallu Sénégal autour du président Macky Sall et de l'APR avec Karim Wade, Idrissa Seck, Pape Diop, Omar Sarr, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Balde et les autres, il se dessine là quatre courants majeurs à partir desquels il devient possible de construire un dispositif cohérent de régulation du jeu politique.
Il devient difficilement envisageable dans le cadre d'une telle configuration l'émergence d'une force hégémonique capable de dicter à elle seule sa loi dans le cadre d'une représentation nationale ainsi configurée par le vote citoyen.
Ces quatre principales forces dignement représentées dans la future Assemblée, sans l'exclusion des autres listes donneraient la chance exceptionnelle au Sénégal d'une démocratie de compromis qui est dans les circonstances historiques actuelles la seule voie d'une gouvernance apaisée, stable et durable du pays.
Nous nous attacherons naturellement en ce qui nous concerne à porter en toute modestie la voix de ces réformes de fond dans le cadre du programme de législature de la liste Takku Wallu Sénégal placé sous le leadership du président Macky Sall.
C'est par conséquent le moment d 'inviter à un large consensus de tous les acteurs sur les exigences d'une gouvernance rénovée de nos institutions dans le sens de réconcilier gouvernants et gouvernés et dans le cadre d'une vision qui place le citoyen au cœur du projet de construction national .
Il convient de toujours rappeler à cet égard que le développement d'un pays, c’est certes l'affaire de l'État et des dirigeants, mais c'est aussi et surtout l'affaire des peuples et des organisations populaires.
Et ce moment où le monde entier célèbre la disparition de la figure exceptionnelle de Monsieur Amadou Moctar, le Sénégal ne lui rendrait meilleur hommage que de répondre à son appel constant en faveur de la cause qui a incarné le dernier grand combat de sa vie, la rénovation institutionnelle de notre pays.
Une initiative du comité national des Assises soutenue par toutes les forces républicaines et démocratiques du pays en direction des blocs politiques en lice serait salutaire pour le Sénégal si elle débouchait sur un pacte d'engagement de tous pour des réformes institutionnelles actées pour être traduites en lois constitutionnelles au sortir des élections législatives du 17 novembre prochain.
Abdou Fall est ancien ministre, président du Mouvement Alternatives Citoyennes Andu Nawle.
Par Mohamed GUEYE
FINANCES PUBLIQUES, AU-DÀLA DES CHIFFRES
Il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor
En 2012, face à la perspective d’une défaite électorale qui le menaçait, Abdoulaye Wade avait prévenu que s’il perdait le pouvoir, il ne garantissait pas que les salaires puissent être payés dans les deux mois suivants. Et de fait, dès sa prise de fonction, Macky Sall a dû se rendre en France de toute urgence. On a appris, à la suite d’un communiqué, que le Président français Sarkozy a accordé au Sénégal une aide budgétaire de près de 180 millions d’euros pour permettre, entre autres, de payer des salaires.
Autre flash-back. Fin 2023. Quelques mois avant la fin de son second mandat, Macky Sall décide d’augmenter des salaires de l’enseignement public, de l’élémentaire au supérieur. Ce qui représente une grosse enveloppe de plusieurs milliards par année.
En ce moment, si l’on en croit les annonces faites la semaine dernière par le gouvernement, à la tête duquel le Premier ministre, le pays était déjà au bord de la banqueroute. Où Macky Sall et ses ministres trouvaient-ils l’argent pour payer tous les fonctionnaires chaque mois ?
Pire encore, ou mieux, ces faussaires ont trouvé le moyen de laisser plus de 300 milliards de Cfa dans les caisses de l’Etat en partant, comme indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres. Une chose que le régime de BDF n’a pas démentie. Et pour montrer leur force, c’est à partir de leurs données et leur bilan que le régime actuel a pu lever plus de 450 milliards de Cfa d’eurobonds, même si à ce jour, on n’en connaît pas encore l’utilisation, étant donné que l’Assemblée nationale n’a pas eu le temps de voter une Loi de finances rectificative (Lfr) qui devrait intégrer cet argent dans le budget de cette année.
Parlant de budget d’ailleurs, il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor. L’ennui est que, du fait de cette situation, les Sénégalais ne connaissent pas encore les orientations politiques et économiques que le nouveau régime veut imprimer au pays. Jusqu’à présent, on nous parle de souverainisme économique, sans nous en donner le contenu.
L’action la plus tangible est la remise en question des contrats avec les compagnies étrangères évoluant dans le secteur minier. Un ministre a déclaré que cela visait à s’assurer que les intérêts du pays étaient très bien protégés et que le Peuple profitait pleinement de ce qui lui revenait constitutionnellement. Il faut prendre acte de cette volonté, et souhaiter que les actes ne tournent à la Bérézina pour le pays. Cette remise en cause des contrats signés et des engagements de l’Etat pourrait éventuellement rendre plus frileuses les entreprises étrangères qui ont accepté de mettre plusieurs milliards de Cfa dans «l’aventure» pétrolière, les inciter à retenir leurs financements jusqu’à plus amples informations. Souhaitons que leur revue de ces contrats se fasse avec plus de sérieux que ce qu’ils avaient consacré à dénoncer la gestion du pétrole et du gaz sénégalais. Les gens n’ont pas oublié que l’actuel Premier ministre, alors dans l’opposition, avait pondu deux ouvrages pour dénoncer la gabegie et le manque de transparence du pouvoir de Macky Sall dans la gestion du pétrole sénégalais. Dans ses déclarations, il était allé, ainsi qu’un autre politicien, par ailleurs éminent diplômé de l’Ecole des Mines en France, jusqu’à affirmer, avec tout le sérieux de leur rang, que des bateaux étrangers venaient rôder la nuit autour des plateformes pétroliers du Sénégal pour charger du pétrole sénégalais qu’ils allaient vendre en Europe.
Ça, c’était près de 5 ans avant que la compagnie Woodside n’annonce la sortie de son premier baril, faisant ainsi taire les rumeurs mortifères.
Mais il est temps d’aller au-delà des chiffres et des débats de spécialistes des Finances publiques. Aujourd’hui que le Premier ministre et son gouvernement nous annoncent, avant la Cour des comptes, que tous les calculs sur lesquels se basent les chiffres de nos performances économiques sont falsifiés, on est impatients de savoir comment ils vont redresser la barre. Toutefois, on peut estimer, avant la publication annoncée du fameux «Projet» la semaine prochaine, qu’ils ne devraient pas y avoir beaucoup de problèmes s’ils s’en tiennent à leurs déclarations d’avant l’arrivée au pouvoir. N’ont-ils pas basé leur postulat sur une économie d’auto-production ? Le Président Faye avait même déclaré vouloir relancer une industrie de substitution des importations. C’est sans doute pour cela que la dégradation de la notation du Sénégal ne les dérange pas trop. Ils ne doivent pas non plus être particulièrement choqués de voir des filiales étrangères quitter le pays. Le problème est de trouver des champions locaux qui prendraient leur place. Ou même mieux, qui vont investir dans des secteurs encore plus en pointe que ceux qu’occupaient les exploitants étrangers. Une très bonne idée, mais qui ne pourra être jugée que lors de sa mise en œuvre.
Dans ce domaine aussi, l’une des leçons à retenir est qu’un cordonnier ne peut se transformer en maroquinier du jour au lendemain. Un négociant en linge ne peut non plus devenir constructeur automobile en une quinzaine de jours. Si l’on veut promouvoir des entreprises à partir de la coloration politique de leurs dirigeants, on va diriger le pays vers un retentissant échec. Or, le Sénégal n’a pas de temps à perdre à des tâtonnements. La promotion de champions nationaux est quelque chose de très important et ne peut se baser sur les affinités que les dirigeants ont avec certains prétendus «capitaines d’industries». Tout le monde sait qu’au Sénégal, ils ne sont pas vraiment nombreux.
Le gouvernement a eu le temps, depuis sa prise de fonction, de se rendre compte que les déclarations d’avant les élections ne permettent pas de préserver ou de nourrir une popularité politique. La jeunesse sénégalaise notamment, souffre d’un mal-être qui ne se contente plus d’intentions. L’armée de chômeurs qui frappe à ses portes ne va pas regarder encore pendant longtemps des copains se partager le gâteau de l’Etat avec des coquins dont le mérite est d’avoir été parmi les plus bruyants lors de la traversée du désert. Il est passé le temps où l’on pouvait impunément rejeter toutes les fautes sur l’ancienne équipe et penser s’exonérer de toute faute.
Le Premier ministre a pensé qu’il lui suffisait d’affirmer avoir trouvé des données trafiquées pour gagner des mois de patience et d’indulgence pour son équipe. Il oublié uniquement que s’il a été élu, ainsi que son président, c’est pour avoir dit qu’ils avaient un «projet déjà tout ficelé» et qui n’attendait que sa mise en œuvre. Comparaison n’étant pas raison, on pourrait néanmoins rappeler au Président Diomaye Faye que Macky Sall avait dû, quasiment dès son arrivée au pouvoir, patauger dans les eaux à Sicap Foire ou Nord Foire, et dans la Zone de captage, et régler le problème. Il ne s’est pas défaussé en prétendant que ce n’était pas «son hivernage». Et même après, il ne s’est pas plaint que des saboteurs s’en prenaient à des ouvrages d’évacuation, comme à Keur Massar, pour des motifs politiciens.
Il en est de même des denrées de première nécessité, du loyer ou du tarif de l’électricité. Bien loin de vouloir se faire l’avocat de la gouvernance de Macky Sall, on peut affirmer que les premières mesures de sa gouvernance, même empreintes de populisme, ont été très efficaces, et toute la population y a adhéré, à la notable différence de propriétaires d’immeubles, ce qui est tout à fait compréhensible. Actuellement, il suffit de faire un tour sur les marchés du pays pour se demander par quel miracle certains de nos compatriotes parviennent à survivre. De même, avec cette rentrée scolaire qui n’est pas celle de Benno ou de l’Apr, comment les parents de familles nombreuses parviennent à satisfaire les besoins de leurs enfants ?
Avant de chercher à convaincre les Sénégalais qu’ils détiennent avec leur équipe, les clés du développement de ce pays, les dirigeants de ce pays devraient d’abord, et en toute urgence, se pencher sur leurs concitoyens. Les promesses qu’ils se préparent à faire au cours de cette campagne électorale devraient être concrétisées le plus vite possible
L’APPEL DÉNONCE UN ARRÊTÉ INJUSTIFIÉ DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION
Selon l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne ce texte, élaboré sans consultation préalable, outrepasse les prérogatives du ministre en conférant à une commission créée le pouvoir de vie ou de mort sur les entreprises de presse.
L’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) veut l’abrogation du nouvel arrêté du ministre de la Communication portant création de la Commission d’examen et de validation de la déclaration des entreprises de presse du Sénégal. Elle affirme qu’elle l’a beau chercher dans le fil conducteur du Code de la presse, mais il n’y est pas, tout comme il brille par son absence dans tous les textes d’application du Code. «C’est pourquoi, par la magie d’un raccourci rapide, il faut dire que cet arrêté du ministre est une sorte d’Ovni dans l’ordonnancement juridique et institutionnel du secteur des médias», lit-on dans un communiqué.
L’APPEL indique que cet arrêté, élaboré de «manière cavalière», sans consultation ou concertation aucune, s’arroge un droit de vie et de mort sur les entreprises de presse. En effet, dans ses missions énumérées à l’article 2, il dit, entre autres : «examiner les demandes d’enregistrement des entreprises de presse adressées au ministère via la plateforme ci-dessus visée, s’assurer du respect des critères d’éligibilité et des conditions requises, au regard de la législation en vigueur, valider ou rejeter les demandes d’enregistrement…”.
L’APPEL indique que quand le texte imposé par le ministre parle de valider ou de rejeter, il outrepasse ses prérogatives et fait un pied de nez à l’autorité de régulation. Selon l’Association, le texte imposé par le ministre de la Communication souffre d’un manque criant de clarté et de précision. «Pour éviter toute possibilité d’amalgame, il devrait indiquer, préciser la “législation en vigueur”. Quand il parle de valider ou de rejeter, là, il outrepasse ses prérogatives et fait un pied de nez à l’autorité de régulation. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), qui est une Autorité administrative indépendante avec pleins pouvoirs sur l’audiovisuel, est confiné à un statut de figurant dans cette fameuse commission. La présence des ministères de l’Intérieur et de la Justice est encore plus intrigante», poursuit l’APPEL.
Le 16 août dernier, le ministre de la Communication a lancé une plateforme d’enregistrement en ligne des entreprises de presse. Malgré les insuffisances du support, les médias s’y sont enregistrés en masse. L’APPEL explique même pour cette initiative, encore des erreurs flagrantes ont été notées. Lesquelles résident dans les critères énumérés dans l’arrêté de mise en place, et ceux inscrits sur cette plateforme. Depuis lors, selon l’Association, il n’y a eu aucun rapport spécifiant le nombre d’entreprises enregistrées, leur typologie entre autres données d’analyse. Celles qui se sont faites enregistrées n’ont aucune information sur le processus.
En vérité, d’après l’Association, il ne s’est jamais posé un problème d’enregistrement parce que le 15 décembre 2022, une campagne d’enregistrement de 40 jours avait été lancée par le prédécesseur de l’actuel ministre. Elle n’avait suscité aucune tension ni réaction de réprobation de la part des acteurs. D’ailleurs, les chiffres avancés par la tutelle souvent proviennent de ce recensement.
ABDOULAYE DIEYE QUITTE LA COALITION JAM AK NJARIÑ D'AMADOU BA
A travers un communiqué, l’ancien directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne explique que sa décision est motivée par sa loyauté envers Macky Sall.
Ce lundi 7 octobre, la Direction Générale des Elections (DGE) a publié la liste des candidatures pour les élections législatives anticipées.
Pour la liste Jam ak Njariñ de Amadou Ba, les choses se compliquent puisque sa tête de liste pour Thiès a décidé de se retirer de la course.
Le Quotidien indique que l’ancien directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), Abdoulaye Dieye a démissionné.
A travers un communiqué, ce dernier explique que sa décision est motivée par sa loyauté envers Macky Sall.
A l’en croire, «au regard de ma loyauté envers le président Macky Sall, il ne saurait question pour moi, de faire face à une liste qu’il dirige».
«Je démissionne de la liste des investis de la coalition Jam Ak Njariñ en accord avec tous els militants et sympathisants de 2Ap/Siggi Jotna. L’urgence est de se retrouver autour d’une dynamique unitaire pour faire triompher l’intérêt commun au détriment des aspirations personnelles », explique-t-il.
Lançant un appel à tous ses militants et aux concitoyens, Abdoulaye Dieye leur demande de travailler pour la victoire du Sénégal et ne «pas plonger notre chère nation dans une faillite politique, économique et sociale».
SECOUSSE DANS LES PARTIS ET COALITIONS
Des démissions en cascade secouent les rangs de l'APR, du PDS et de Taxawu. De Thiès à Kaolack, en passant par Rufisque et Mbacké, les dirigeants locaux expriment leur mécontentement face aux investitures
La publication des listes a créé une secousse au niveau des formations politiques. La tête de liste de la coalition d’Amadou Ba dans le département de Thiès démissionne. A Kaolack, le PDS est en train de subir une saignée. C’est le cas également à Rufisque où le maire Dr Oumar Cissé a tourné le dos à Taxawu et Angélique Manga fustige sa position (32e) sur les listes de Takku Wallu.
Suite à la publication des listes, le responsable politique Thiessois Abdoulaye Dièye choisi pour diriger la liste départementale de la coalition Jam Ak Njariñ de Amadou Ba a tourné le dos. Le président du mouvement Siggi Jotna a démissionné parce que, dit-il, Amadou Ba n’a pas voulu aller en inter coalition dans le département de Thiès comme convenu.
L’Alliance pour la République (APR) risque de payer un lourd tribut suite à la publication des listes pour les élections législatives du 17 novembre. Après Diouf Sarr, c’est au tour de l’ancien ministre Aminata Angélique Manga de fustiger sa position sur les listes pour les législatives. Investie à la 32e position, elle est montée au créneau pour dénoncer cette forfaiture. D’après le porte-parole de ses militants et sympathisants Mamadou Ba, l’ancienne ministre Aminata Angélique Manga menace même de quitter l’APR dans les jours à venir à cause des investitures qu’elle qualifie de manque de considération dont elle est victime. Il renseigne aussi qu’elle pourrait également suivre son chemin.
Le Parti démocratique Sénégalais (PDS) est en train aussi de subir une saignée dans la zone centre, précisément à Kaolack. En effet, le président de la fédération départementale de Kaolack et non moins président des ferrailleurs exportateurs du Sénégal et président du Grand mouvement pour le développement du Sénégal, vient de tourner le dos au parti libéral. Cette décision qui est tombée à quelques encablures des législatives anticipées 2024 va à coup sûr impacter le PDS. « À partir d’aujourd’hui, j'ai décidé de quitter le PDS en parfaite entente avec la responsable des femmes de la section communale de Kaolack, Mariama Sène, la présidente des femmes de la commune de Ndoffane, Mame Sèye Ndoye, et le responsable des jeunes de la commune de Keur Socé, Serigne Thiam Niass et les 29 secteurs du PDS que j’ai installés dans le département », a-t-il déclaré.
Les raisons de cette décision, poursuit-il après mûre réflexion, sont en phase avec l’opinion de la base et ont surtout été causées par des responsables du parti libéral qui ne ménagent aucun effort pour me pousser à la sortie depuis mon compagnonnage avec le leader de BBY, Amadou Bâ, lors de la présidentielle 2024.
Cette même situation est également constatée chez Khalifa Sall où Dr Oumar Cissé, maire de la ville de Rufisque et ex-députe de la 14e législature, a claqué la porte. « Mes divergences avec les camarades de la direction de Taxawu étaient plus profondes que je ne le pensais. Malgré ma posture de président de la Conférence des leaders, je n'ai pas pu faire adopter cette voie citoyenne à la direction de Taxawu. Face à ce constat, j'avais décidé de ne pas figurer sur les listes pour les législatives. Aujourd'hui à l'évidence, Taxawu a franchi un autre seuil en co-animant une inter-coalition avec l’APR. Il y a encore quelques semaines comme ce fut le cas deux années durant, à l’unisson avec les députés issus de Pastef, nous de Taxawu contrions les parlementaires de BBY dans leurs tentatives de faire adopter les politiques etlois pernicieuses du régime de Macky Sall. Aujourd’hui, il nous est proposé de nous unir avec les ex-députés de l’APR pour contrer les politiques et lois préconisées par les nouvelles autorités issues de Pastef avec lesquelles nous avons cheminées. C’est incohérent, inexplicable et indéfendable. Je ne vois pas la politique comme un simple moyen de garantir des positions de pouvoir en piétinant la morale, la vertu et l’éthique », a-t-il expliqué.
A Mbacké également, en consultant la liste de «Takku Wallu Sénégal» qui regroupe plusieurs partis politiques dont l’Apr, un constat s’impose :tous les grands leaders du parti du président Macky Sall à Touba ont été écartés. En effet, mis à part Serigne Modou Bara Dolly qui dirige la majoritaire départementale, aucun de ses responsables connus n’a été choisi. On ne les voit nulle part, ni sur la départementale, ni sur la nationale.
Abdou Lahad Seck Sadaga, ancien député et 1er leader politique à avoir représenté l’APR dans la cité religieuse, voit à travers cette décision «un message très clair». Pour lui, certains veulent décidément le jeter à l’abattoir. « Je reste attaché au président Macky Sall. Nous ne sommes pas liés par la politique. Par conséquent, je lui renouvelle mes amitiés et compte les protéger. Toutefois, nous avons constaté qu’aucun leader de l’Apr de Touba n’a été investi. Ceux qui ont été mandatés ont choisi et ils se sont choisis et ont choisi leurs amis, préférant nous écarter. Nous avons pris acte de ce choix que nous considérons comme un affront. Ils ont pris leurs responsabilités, nous prendrons les nôtres ».
PAR THIERNO BOCOUM
LE TEMPS DE FREINER LA DÉMAGOGIE ET LE POPULISME
"Quelques petits extraits tirés du livre de Ousmane Sonko « Solution pour un Sénégal nouveau », bréviaire d’un « projet », nous révèlent de sa part une facilité à se dédire et à renvoyer aux calendes grecques les promesses faites aux populations."
Quelques petits extraits tirés du livre de Ousmane Sonko « Solution pour un Sénégal nouveau », bréviaire d’un « projet », nous révèlent de sa part une facilité déconcertante à se dédire et à renvoyer aux calendes grecques les promesses fermes faites aux populations.
«Pour tous les emplois supérieurs soumis au choix du Président, nous mettrons en place le mécanisme de l'appel à candidature permettant une pré-sélection sur dossier par un comité ad hoc spécialisé et sur des critères combinés d'ancienneté, de compétence et de probité. Et c'est seulement les trois meilleurs dossiers issus de ce tri qui seront soumis à l'arbitrage du Président de la République qui, quelle que soit l'option, n'aura pas cette marge de désigner selon son bon vouloir. »
Ousmane Sonko, « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 96
«Il faut consacrer l'incompatibilité de l'exercice des responsabilités techniques de Directeurs, Directeurs généraux et secrétaires généraux de structures publiques et parapubliques avec toute implication dans la vie politique. Cela garantirait la neutralité de la fonction publique et éviterait, comme c'est le cas présentement, l'utilisation des moyens de l'État et des sociétés nationales au service d'un parti politique ou d'une coalition de partis.»
Ousmane Sonko, « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 106
«L’'un des plus gros scandales dans la gouvernance de ce pays est la survivance de« fonds spéciaux » dont l'utilisation est laissée à la discrétion absolue du seul Président de la République. Dix (10) milliards, comment peut-on allouer autant de crédits à une personne, fût-elle la première institution de la République, sans aucun contrôle, ni a posteriori, ni a priori? Ces fonds échappent à tout contrôle de l'Assemblée nationale qui les vote, et des corps de contrôle (IGE, Cour des comptes...).
Ainsi, le Président de la République peut donner 25 millions aux cadres de son parti, 10 millions aux imams de telle localité, 40 millions aux militants de telle ou telle autre zone... Il peut en donner à son épouse pour des activités « caritatives » et qui en dispose à sa guise. On ne verra jamais un Président américain, français, allemand, etc. offrir aux siens aussi allègrement autant d'argent, jamais. Ces fonds ne sont en réalité que des fonds de corruption politique et d'entretien de militants alimentaires. Il faut les supprimer. »
Ousmane Sonko « Solutions pour un Sénégal nouveau » P 94-95
À l’épreuve du pouvoir, les militants se disputent pour de l’argent et se servent des postes sans aucun appel à candidature. Ils caracolent à la tête des directions et continuent allègrement de faire de la politique. Le 17 novembre prochain, il faudra freiner le mal avant qu’il ne gangrène définitivement notre pays.
LE RETOUR PRÉMATURÉ DE MACKY SALL EST UN AVEU D’ÉCHEC, SELON CHEIKHOU OUMAR SY
L'ancien parlementaire n’a pas mâché ses mots, exprimant des réserves quant à la manière dont Sall a géré la transition et son retour hâtif, qu’il perçoit comme une tentative de reprise en main d’une situation devenue incontrôlable.
L’ancien parlementaire et membre de la coalition Jamm ak Njarin, Cheikhou Oumar Sy, a sévèrement critiqué le retour de Macky Sall dans l’arène politique sénégalaise, le qualifiant d’ »aveu d’échec ». Invité ce mardi à l’émission matinale « Salam Sénégal » sur Radio Sénégal Internationale (RSI), Cheikhou Oumar Sy a exprimé son scepticisme sur les motivations derrière ce retour, tout en évoquant plusieurs sujets politiques majeurs liés à la gouvernance de l’ancien président.
Selon Cheikhou Oumar Sy, Macky Sall aurait prématurément repris la scène politique, ce qui, selon lui, reflète une absence de préparation à la fin de son mandat. « Le fait que Macky Sall revienne aussi tôt montre qu’il n’a pas réussi à préparer de dauphin politique, un héritier de son pouvoir, comme il aurait dû le faire depuis des années », a-t-il déclaré.
L’ancien parlementaire a également souligné que le président sortant aurait dû « prendre de la hauteur » après avoir quitté le pouvoir, suggérant qu’il aurait dû s’éloigner de la vie politique pour laisser le nouveau régime prendre ses marques. « Le président de la République, par décence, doit prendre de la hauteur pendant au moins une ou deux années, laisser ceux qui sont au pouvoir dérouler, et revenir plus tard s’il le souhaite », a-t-il insisté.
Cheikhou Oumar Sy est également revenu sur l’exclusion de certains acteurs politiques des dernières élections sous la présidence de Macky Sall, citant Ousmane Sonko, Karim Wade et Khalifa Sall. Il a estimé que Macky Sall avait « empêché » ces figures de se présenter et, paradoxalement, cherche maintenant à se réconcilier avec certains d’entre eux, notamment Karim Wade, après des années de blocage.
Il a abordé les récentes polémiques concernant la dette publique, affirmant que les autorités devraient attendre les conclusions des audits avant de communiquer publiquement. Selon lui, le manque de prudence a entraîné des répercussions sur la crédibilité de l’administration, avec une baisse de la notation financière du pays, une situation qu’il juge préoccupante pour l’avenir économique du Sénégal.
Cheikhou Oumar Sy n’a pas mâché ses mots, exprimant des réserves quant à la manière dont Macky Sall a géré la transition et son retour hâtif, qu’il perçoit comme une tentative de reprise en main d’une situation devenue incontrôlable.
LA JUSTICE SUR LES TRACES DE HAUTS RESPONSABLES
Amadou Ba, Amadou Sall, Farba Ngom et Abdoulaye Daouda Diallo sont soupçonnés d'être impliqués dans un vaste scandale foncier. Le parquet de Dakar a décidé d'ouvrir une enquête sur l'opaque affaire des terrains de la Boa
Amadou Ba, Amadou Sall, Farba Ngom et Abdoulaye Daouda Diallo semblent être dans de beaux draps. Et pour cause, le parquet de Dakar a ouvert une série d'informations judiciaires contre eux dans l'affaire des terrains de la Boa.
Ça sent mauvais pour l’ancien Premier ministre Amadou Ba, le fils de l’ex chef d’État, Amadou Sall, Farba Ngom et Abdoulaye Daouda Diallo. D’après Confidentiel Dakar, le parquet de Dakar ouvre une série d'informations judiciaires contre eux. «Selon des informations obtenues par Confidentiel Dakar, le procureur de la République a demandé d'ouvrir une enquête dans l'affaire des terrains de la Boa. Le maître des poursuites voudrait savoir dans quelles conditions une vingtaine de Société civile immobilière (Sci) ont bénéficié de plusieurs dizaines de terrains. Les enquêteurs devront déterminer s'ils ont des liens avec l'ancien premier ministre Amadou Bã ou l'ancien président du Conseil économique et social, Abdoulaye Diallo», renseigne nos confrères.
En réalité, ajoute Confidentiel Dakar, «l'enquête devra déterminer si le député Farba Ngom est le prête-nom d'Amadou Ba. Pour le fils de l’ancien président de la République, l'enquête devra déterminer ou non s'il est en lien avec une réputée société de Btp dirigée par une célèbre dame sur la place de Dakar».
Il faut rappeler que suite à une recrudescence préoccupante des litiges fonciers ces dernières années, le ministère des Finances et du Budget avait donné l’ordre en avril dernier de suspendre provisoirement l'instruction des dossiers domaniaux et fonciers dans certaines zones géographiques sensibles. La mesure prise par le Directeur général des Impôts et des Domaines ciblait 18 zones. Il s'agit du « lotissement BOA, lotissement Hangar Pèlerins, lotissement Recasement 2 – Aéroport Dakar, lotissement EGBOS sur la VDN à Dakar, lotissement EOGEN 1 et EOGEN 2», mais également du «site de Batterie à Yoff», du «site de Terme Sud Ouakam», du «Pôle Urbain de Diacksao – Bambilor sur le TF 11 651/R», du «Pôle Urbain de Déni sur le TF 14 337/R», du «site de Pointe Sarène pour la zone hors SAPCO», du «lotissement de Ndiobène Gandiol sur le TF 138 à Saint-Louis…»
«Les hautes autorités estiment nécessaire d'établir une situation exhaustive du foncier dans ces zones à risque, où la paix sociale est menacée par des conflits en cours ou à venir. Au niveau des bureaux de recouvrement, toute demande d'enregistrement de baux ou d'actes de vente dans ces zones est également suspendue», indiquait une note confidentielle. Selon le document, cette mesure vise à préserver les droits légitimes des particuliers.
LA RECHERCHE D’INFORMATIONS, CLÉ POUR SAUVER LA BIODIVERSITÉ EN AFRIQUE
Lors de la réunion des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité, Daouda Ngom a rappelé que la collaboration entre les acteurs et l’amélioration de la qualité des données sont essentielles pour sauver les écosystèmes menacés du continent.
La recherche d’informations demeure ”fondamentale” pour connaitre et sauver la biodiversité, a soutenu mardi, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom.
‘’La biodiversité est en péril mais, nous devons sauver ce qui peut encore l’être. Et pour sauver cette biodiversité, la recherche d’informations est fondamentale’’, a-t-il déclaré.
M. Ngom s’adressait aux journalistes, en marge de la cérémonie d’ouverture de la première réunion annuelle des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts en Afrique.
Cette rencontre de 4 jours réunis plusieurs acteurs venus d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de le Sud-est.
Il a souligné que l’importance pour ces centres d’excellence, ”c’est de fournir des informations sur la biodiversité afin de la connaître pour mieux la protéger.
‘’Ces centres d’excellence, sont d’une très grande importance pour l’Afrique et le monde entier car, depuis 2022, il y a le nouveau cadre mondial pour la biodiversité, ”Coming Montréal”, qui recommande le classement de 30% de nos écosystèmes d’ici 2030’’, a-t-il expliqué.
Il a indiqué que l’initiative des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts en Afrique, qui s’étendra de janvier 2024 à décembre 2027, comporte trois projets interconnectés, couvrant respectivement, l’Afrique de l’Ouest, Centrale, Orientale et Australe.
Selon M. Ngom, l’objectif général de cette initiative, est de veiller à ce que les forêts, la biodiversité et les écosystèmes marins en Afrique, continuent à fournir les biens et services essentiels aux populations.
Elle veille également à ce que ces écosystèmes contribuent au bien-être des populations en améliorant l’accès aux informations régulières et actualisées pour une prise de décision ”éclairée”.
L’ambassadeur de l’Union Européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani a rappelé que la biodiversité joue un rôle important, même crucial, pour le cadre de vie des populations. ”Elle joue aussi un rôle dans la découverte de nouveaux médicaments donc, il est très important pour toutes ces raisons de pouvoir la préserver’’, a ajouté le diplomate.
Financé par l’UE, ce programme de plus de 525 milliards de FCFA, s’étend sur plusieurs années et concerne l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud.
‘’C’est la première initiative de cette taille et les centres d’excellence vont pouvoir échanger leurs données, mieux comprendre ces phénomènes, de manière à informer la décision politique, pour agir résolument et protéger cette biodiversité’’, a poursuivi M. Pisani.
Le directeur Afrique du centre de recherche forestière internationale, Peter Minan, a évoqué trois objectifs sur lesquels il faut se pencher, notamment sur la collaboration et la communication entre les centres régionaux, l’augmentation de la qualité des données et le rassemblement des acteurs autour de la biodiversité.