Entre « textes rassemblés, traduits et annotés » Khadim Ndiaye réussit à rapporter Diop, exactement comme il a parlé de lui, d'où il vient, des objectifs de ses recherches, de comment il a été amené à s'intéresser - sans vraiment le chercher - à l'Egypte.
Il y a 20 ans, Cheikh M'Backé Diop consacrait à son père, Cheikh Anta Diop, une biographie - Cheikh Anta Diop, l'homme et l'œuvre - qui donnait une vue exhaustive sur l’itinéraire, la vie et l'œuvre de l'égyptologue sénégalais dont on célèbre en cette fin d'année 2023 le centenaire de la naissance. On avait là une belle introduction aux contextes historique, social, géographique et politique qui ont donné naissance et corps au travail de Cheikh Anta Diop
Ce que réussit le philosophe et chercheur Khadim Ndiaye, avec son essai Cheikh Anta Diop par lui-même, prolonge ce premier travail biographique en donnant la parole à Cheikh Anta Diop, qui parle à la première personne. De sorte que l'ouvrage peut être considéré comme des mémoires que l’homme n'a pas - c'est possible - eu le temps de rédiger, pris qu'il était par ses multiples tâches (recherches, travail de laboratoire, conférences, activités politiques, etc.) et les chantiers auxquels celles-ci donnaient lieu.
Khadim Ndiaye écrit : « Ce recueil, publié à l'occasion du centenaire de sa naissance, est une contribution à la connaissance du chercheur multidisciplinaire qui a laissé à l'Afrique, selon le mot du regretté joumaliste Jean-Pierre Ndiaye, ‘’un héritage de libération sans précédent". Etudiants, chercheurs, décideurs et acteurs de la société civile du continent africain et du monde y trouveront un accès à sa pensée autrement que par ses principaux ouvrages qui peuvent rebuter certains lecteurs
« Je voulais devenir ingénieur-consultant pour les avions après la guerre »
Entre « textes rassemblés, traduits et annotés » Khadim Ndiaye réussit à rapporter Cheikh Anta Diop, exactement comme il a parlé de lui, d'où il vient, des objectifs de ses recherches, de comment il a été amené à s'intéresser - sans vraiment le chercher - à l'Egypte. Ndiaye a réuni les textes en 40 chapitres « afin que le lecteur dispose de points de repères facilitant la lecture », dit-il en introduction, précisant que les morceaux choisis ont été agencés pour que « l'ensemble garde une cohérence qui démontre l'étroite parenté entre les idées ».
« Non [je ne descends pas d'une lignée de griots wolof]. C'est faux, mais je n'en suis pas offensé. » C'est cette réponse à Charles S. Finch qui ouvre le premier des 40 chapitres du livre, qui porte sur "l’enfance et le milieu d'origine’’. « Le milieu d'origine n'a jamais été un obstacle infranchissable pour une conscience qui se destine à l'action sociale, relève Cheikh Anta Diop : il y a tous les exemples qui viennent à esprit et que je n'ai pas besoin de citer. Il arrive, par ailleurs, que la rigueur morale et le sens de l'honneur hérités d'un milieu restreint donné et réinvestis dans le champ social d'une action de dimension nationale, donnent des résultats spectaculaires. »
Diop explique qui était destiné à « une carrière purement scientifique », soulignant qu'on lui a « inculqué » des informations qui ont fait de lui « un Africain bien instruit, mais pas cultivé », d'où le fait qu'il a ressenti « un certain vide culturel » en lui. « Mon désir de connaitre mon histoire, ma culture, mon problème personnel [c'est-à-dire mon désir de m'épanouir en tant que personnel], dit-il, m'a conduit à l'histoire. Cependant, je pensais que mes amis feraient le travail pour moi, mais quand j'ai réalisé que rien n'était fait, je suis devenu plus motivé. [Auparavant], je voulais devenir ingénieur consultant pour les avions après la guerre. »
« Nous avons subi un lavage de cerveau »
Au sujet de l'aliénation, l'auteur de Nations nègres et Culture fait ce rappel intéressant : « L'optique déformante des œillères du colonialisme avait si profondément faussé les regards des intellectuels sur le passé africain que nous éprouvions les plus grandes difficultés même à l'égard des Africains, à faire admettre les idées qui aujourd'hui sont en passe de devenir des lieux communs. On imagine à peine ce que pouvait être le degré d'aliénation des Africains d'alors. »
« C'est la connaissance de l'histoire égyptienne qui nous permet de savoir ce que nos ancêtres ont fait sur cette terre. Nous avons subi un lavage de cerveau », dit-il ajoutant : « A l'époque où nous écrivions, bien que des attestations comme celles qu'on a citées dans les textes classiques aient existé, l'impérialisme comme on le dit souvent, avait tellement volé le regard des Africains, que vous pouviez leur citer tous les textes possibles et imaginables, je le leur mettais sous les yeux, mais rien n’y fit. »
Sur la question de la lutte pour l'indépendance, Cheikh Anta Diop évoque son adhésion au Rassemblement démocratique africain (RDA, fondé en 1946 à Bamako). Il en est le secrétaire général des étudiants (1951-53). « L'indépendance, raconte-t-il, est tombée comme une tulle sur le crâne des responsables africains. Ceux-ci n'avaient pas cru devoir éduquer les masses et structurer les partis en fonction des tâches postérieures à l'indépendance. Seuls les étudiants du RDA de Paris prirent position dès 1951 en faveur d'une lutte pour l'indépendance nationale du continent africain, organisèrent du 4 au 8 juillet 1951 à Paris, le premier Congrès panafricain d'étudiants d'après-guerre et développèrent leur programme complet dans le n'1 de leur organe de presse : « La Voix de l'Afrique Noire », février 1952. Ils rencontrèrent une hostilité générale même au sein du RDA et ne furent soutenus que par la section RDA du Cameroun avec son vaillant leader Ruben Um Nyobe… (…) »
Il y a, dans l'ouvrage de 348 pages édité chez Afrikana, des ligner sur les premières recherches de Cheikh Anta Diop et sa soutenance de thèse, les obstacles rencontrés sur le chemin, le retour en Afrique, la vie politique sénégalaise, le laboratoire à IFAN (Institut fondamental d'Afrique noire), sa méthode, ses ouvrages, l'unité culturelle, la fédération, le tribalisme et la question des frontières, la philosophie africaine, les relations internationales…
Cheikh Anta Diop et sa réflexion multidisciplinaire
L'égyptologue rappelle avoir entrepris les travaux linguistiques pour « montrer que nos langues sont aptes à véhiculer la pensée scientifique, la pensée philosophique les sciences… » « Les langues africaines seront ce que vous voudrez qu'elles deviennent, lance-t-il, il faut les exhumer, les réconcilier avec le passé et avec l'avenir. L'importance de l'Egypte c'est un peu cela. Elle est à l'Afrique ce que sont la Grèce et Rome à l'Occident. Tant qu'on n'avait pas établi la parenté entre l'égyptien ancien et les langues africaines, on ne pouvait pas bâtir un corps de sciences humaines. L'Atrique est dotée du passé d'écriture le plus ancien au monde. Au Sénégal, j'enseigne l'histoire ancienne et même l'égyptien ancien à l'université, de la maitrise jusqu'au niveau du doctorat d'Etat. Ça peut contribuer aussi à la survie de nos langues. »
Diop insiste : « Je continue à vous dire que les langues que vous parlez aujourd'hui sont aussi proches du pharaonique que les langues romanes le sont du latin. » Il rappelle par ailleurs, au sujet de la Nubie et de l'Egypte, que lorsqu'il s'est intéressé à l'histoire de l'Afrique pour la première fois, il ne cherchait « nullement à aboutir à une civilisation grandiose », réfutant le « procès d'intention qui passe à côté des sentiment réels. »
L'héritage culturel de l'Afrique pour libérer la femme à l'échelle mondiale
Il revient sur les péripéties du colloque du Caire organisé en 1974, au cours duquel il a été conforté dans l'essentiel de ses thèses sur l'Egypte, l'importance de l'Histoire et de la conscience historique, la culture – « je considère la culture comme rempart qui protège un peuple, une collectivité. »
Cheikh Anta Diop a aussi réfléchi - un chapitre en parle - sur l'Etat et la politique en Afrique, rappelant sur la base des faits, que « c'est l'Afrique qui, très tôt, a créé l'Etat. » Il ajoute : « Le seul Etat viable, […] C'est l’état national groupant plusieurs cités, dont le type le plus ancien est l'état égyptien, c'est celui-ci qui s'est imposé sur tout le bassin de la Méditerranée, à partir d'Alexandre le Grand, qui était fasciné par le modèle africain, au point de vouloir installer sa capitale à Alexandrie, en Egypte même. »
Quelques-unes des plus belles pages de l'ouvrage sont consacrées à la place de la femme dans une société africaine libérée. « Il faut relire attentivement L'Unité culturelle, et vous comprendrez pourquoi la femme, par la volonté même de l'homme (d'évoluer) en un régime sédentaire, a joué, dès le départ, un rôle déterminant. C'est elle qui est l'élément dépositaire de in légitimité. Aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait cela, mais il faut reconquérir la situation antérieure », soutient Cheikh Anta Diop.
Les Lignes qui suivent sonnent comme l’esquisse d'un véritable projet de libération de la femme, d'Afrique ou d'ailleurs : « S'il est vrai que plus de la moitié de l'humanité est asservie, alors c'est la femme africaine qui, en généralisant le bicaméralisme, serait à la tête de la libération de la femme, à l'échelle du monde. Ce ne serait donc plus telle ou telle idéologie ! Je ne sais pas si vous voyez l'ampleur révolutionnaire de cette idée… La femme africaine doit s'engager dans la voie du bicaméralisme, vous ne serez plus des suffragettes, des féministes. C'est la dignité de la mère de famille africaine traditionnelle que vous restaurerez, de façon conforme au progrès. Je suis sûr que c'est l'Afrique qui, de par son héritage culturel, est la plus à même de libérer la femme à l'échelle mondiale, parce que c'est elle qui l'avait déjà fait par le passé. »
Et comme pour prolonger le chapitre sur la transmission des connaissances, Khadim Ndiaye clôt le livre sur les mots et réflexions de Cheikh Anta Diop à l'endroit de la jeunesse. Il dit d'emblée : « C'est pour les jeunes que je parle. » Il ajoute, entre autres viatiques : « La jeunesse doit être l’avant-garde de la libération de notre continent » : « Sortir les jeunes de la torpeur, du pessimisme, les amener à découvrir par leur propre réflexion la possibilité de ce qui leur paraissait un rêve (...) »
Même pour ceux qui ont lu et fréquentent assidument les écrit et travaux de Cheikh Anta Diop, ce livre sur l’itinéraire les pensées, opinions et combats de Cheikh Anta Diop apporte du nouveau, notamment des confidences inédites et des entretiens peu connus qui renseignent sur l'envergure éthique de « ce modèle géant de la sagesse africaine contemporaine que fut le regretté Pr Cheikh Anta Diop », pour reprendre le préfacier Dr Dialo Diop. A ceux et celles qui ont peu ou pas lu le Maitre, une formidable opportunité est donnée de disposer de clés d'entrée et de lecture d'une œuvre inscrite dans le temps de l'Histoire.
LIBERTÉ D’EXPRESSION BOUSCULÉE, INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE
RAPPORT SENEPLUS D’ANALYSE PRÉ-ÉLECTORALE – Comme jamais auparavant, une recrudescence d’arrestations, ouverture d’enquêtes ou mises en examen pour diffamation, diffusion de fausses nouvelles, atteinte à la sécurité de l’État... (2/3)
(EXCLUSIF SENEPLUS) - A l’heure actuelle, trois gros points de désaccord obèrent le climat préélectoral au Sénégal. Ils tournent autour de la liberté de manifestation et la liberté d’expression, le traitement judiciaire des opposants et les prérogatives des différents acteurs du processus électoral et la question de leur chevauchement.
Au sujet de la liberté de manifestation, il convient de rappeler, d’abord, que c’est parce que les mesures de police administratives sont potentiellement dangereuses pour les libertés publiques que l’obligation de les motiver est forte[1]. Au Sénégal, le juge a, de son propre chef, élargi le domaine d’application de la motivation obligatoire à propos des décisions qui restreignent l'exercice des libertés publiques. Il l’a clairement signifié dans l’affaire LD/MPT[2] en sanctionnant l’absence de motivation alors qu’aucun texte n’obligeait l’administration à faire connaître les motifs d’une décision d’interdiction d’une manifestation pacifique sur la voie publique. Les mesures de police sont encadrées assez strictement par les textes et sont strictement contrôlées par le juge.
Le juge veille à ce que les autorités de police administrative ne portent pas atteinte à l’exercice d’une liberté publique, au-delà de ce qui est nécessaire au maintien de l’ordre.
Dans bon nombres d’affaires connues dans la passé, (affaires « Alioune Tine (CS 13 octobre 2011) ; « Sidia Bayo » (CS, 13 janvier 2015), « Amnesty international Sénégal » (CS, 09 juin 2016), « Assane Ba » (CS, 23 mai 2019), le juge sénégalais a considéré que, s’il incombe à l’autorité administrative compétente, de prendre les mesures qu’exige le maintien de l’ordre, elle doit concilier l’exercice de ce pouvoir avec le respect des libertés garanties par la Constitution. Le juge rappelle très souvent à l’autorité administrative, que la loi n° 78 – 02 du 29 Janvier 1978 relative aux réunions lui permet en son article 14 d’interdire toute réunion publique, (mais, que) cette interdiction ne peut intervenir que s’il existe une menace réelle de troubles à l’ordre public et si elle ne dispose pas de forces de sécurité nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens[3].
En dépit de ce rappel, l’autorité administrative persiste dans l’interdiction des manifestations avec comme motifs « entrave à la circulation », « risque d’infiltration ». Elle semble ignorer que la jurisprudence est une source de la légalité administrative. Elle semble n’avoir pas compris les règles de droit encadrant l’activité de l’administration - que l’on qualifie souvent de sources de la légalité administrative - sont nombreuses et ont des origines variées. Par ordre décroissant dans la hiérarchie des normes, il s’agit des sources à valeur constitutionnelle, des sources internationales, des lois, des principes généraux du droit, des décisions juridictionnelles, des règles jurisprudentielles et des actes édictés unilatéralement par l’administration elle-même.
Or ces derniers temps, l’exercice de la liberté de manifestation, qui figure pourtant dans la Constitution, a été presque systématiquement entravé par l’autorité administrative. Ces entraves sont à la fois une cause et une conséquence : elles s’expliquent par le climat politique tendu, mais leur persistance nourrit également un tel climat. On notera ainsi, s’agissant de la période la plus récente, que :
Le projet de manifestation du 17 juin 2022 par la coalition de l’opposition « Yewi Askan Wi » a été interdite au motif de risque de trouble à l’ordre public ;
Le 6 janvier 2023, une autre manifestation de l’opposition dénonçant la gestion irrégulière des « fonds Covid » a été interdite, au motif que la place de la Nation, qui devait abriter l’événement, était en cours de travaux ;
Le 9 juin 2023, la manifestation du F 24, front de partis et d’organisations d’opposition, a également été interdite ;
Enfin, le 8 septembre 2023, une autre manifestation dédiée à la libération des détenus politiques a également été interdite.
De manière quasi rituelle, les interdictions administratives se fondent sur le risque de trouble à l’ordre public. Plus accessoirement, l’Administration s’est prévalue de la violation de certaines dispositions du code électoral (art L61 interdisant toute propagande durant les trente (30) jours précédant l’ouverture officielle d’une campagne électorale).
Ces interdictions administratives et leur multiplication s’expliquent en réalité par une sorte de climat insurrectionnel latent, deux soulèvements d’ampleur ayant eu lieu : en mars 2021 et en juin 2023, tous liés au traitement judiciaire de l’opposant Ousmane Sonko.
La menace qui pèse sur le droit de manifester est également liée à la persistance c’est-à-dire à la non-abrogation de l’« arrêté Ousmane Ngom » - du nom d’un ancien ministre de l’Intérieur- (arrêté du 20 juillet 2011 interdisant les manifestations « de caractère politique » dans le centre- ville de Dakar).
Il convient pour finir de souligner qu’au cours de la première phase du dialogue national, la question de l’effectivité de la liberté de manifestation a été longuement débattue. Le moins que l’on puisse dire est donc que son acuité demeure.
Des libertés individuelles remises en cause -
S’agissant plus spécifiquement de la liberté d’expression, l’autre droit fondamental fortement remis en cause ces derniers temps, il convient de rappeler, au préalable, qu’en démocratie, la libre communication de ses pensées et de ses opinions est un des droits les plus élémentaires. Ce droit est cependant bien borné. Ce droit s'exerce dans les conditions prévues par la loi. Les journalistes ou chroniqueurs, hommes politiques et simples citoyens l’auront appris depuis les évènements de juin 2021. On aura noté, comme jamais auparavant au Sénégal, une recrudescence d’arrestations, ouverture d’enquêtes ou mises en examen pour diffamation, pour diffusion de fausses nouvelles, pour déclarations de nature à troubler l’ordre public, pour atteinte à la sécurité de l’État. Le problème aujourd’hui au Sénégal, est que le traitement judiciaire discriminatoire des abus de la liberté d’expression. Selon que l’on est dans l’opposition ou du côté du pouvoir, ce traitement sera sévère ou complaisant.
Comment peut-on comprendre, dans un Etat où tous ces droits et toutes ces libertés énumérées à l’article 8 de la loi fondamentale, que tant de violations des droits et libertés puissent se produire ? Il est vrai que ces droits s'exercent dans les conditions prévues par la loi encore que, parfois, c’est la base légale de ces violations qui n’existe pas. En effet, nous avons cherché mais nous n’avons pas trouvé la base légale de cette décision de « barricader » un opposant, de le priver de son droit d’aller et venir.
Que reste- t-il aux partis politiques quand tout appel à la mobilisation des militants est assimilé à un appel à l’insurrection et peut entrainer un emprisonnement, quand les militants et sympathisants sont interdits d’accès aux sièges des partis politiques et quand les demandes de manifestations sont systématiquement interdites ?
Comment comprendre avec tous ces droits et libertés :
qu’un ministre puisse s’arroger, illégalement, le droit de suspendre le signal d’une TV au point d’amener la Cour suprême à lui rappeler son incompétence, ce pouvoir n’étant reconnu qu’au Conseil National de Régulation de l’Audiovisuelle (CNRA). En effet, l’article 210 du Code de la Presse, accorde une telle compétence à cette autorité. L’incompétence est un moyen que le juge peut soulever d’office, vu que c’est un moyen d’ordre public ;
les « retours de parquet » qui n’ont aucun fondement légal. Dans la pratique judiciaire, on appelle « ordre de mise à disposition » l’acte par lequel, un magistrat (le Procureur par exemple), après réception d’un dossier de déferrement dont le règlement relatif à l’inculpation n’est pas encore définitif, confie à la Police ou à la Gendarmerie la ou les) personnes poursuivies. Elle y sera gardée avant de lui être présentées à nouveau. Le problème, c’est les abus notés qui sont assimilables à une volonté d’humilier, de punir…
cette tendance à amener en instruction des cas évidents de flagrant délit…pour punir ; (sinon comment expliquer des cas manifestes de flagrant délit amenés en instruction ?) ;
cette instrumentalisation politique de l’infraction de « terrorisme ». Les modifications du code pénal et du code de procédure pénal de 2021 permettent désormais de qualifier d’« actes terroristes » des infractions qui existaient déjà dans le corpus juridique sénégalais. On a beau se créer une base légale en créant de nouvelles infractions qualifiées ou assimilées à des actes terroristes et passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à la perpétuité, en y incluant la participation à un mouvement insurrectionnel, la violence, le vol commis contre des personnes et les préjudices causés lors de rassemblements. Mais toute personne de bonne foi sait que ce qui s’est passé au Sénégal ces deux dernières années n’a rien à voir avec ce qui s’est passé aux USA le 11 septembre, ce qui se passe au Soudan, ce qui se passe au Mali, au Burkina…
La dissolution intervenue après une décision de justice aurait fait moins désordre si elle pouvait être justifié par une décision de justice ayant établi la réalité des faits reprochés avec toute la rigueur de l’autorité de la chose jugée. Le cas échéant, l’on n’épiloguerait pas sur le fait que celui qui a la compétence de dissoudre a aussi la casquette d’un chef de parti qui voit l’occasion offerte de sortir du jeu le chef du parti probable empêcheur de gagner à coup sûr la prochaine présidentielle de 2024.
l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques -
Il s’agit d’un point capital de la crise actuelle. Jamais les prisons sénégalaises n’avaient accueilli autant de personnes poursuivies pour des motifs liés à leurs convictions politiques. Le nombre d’un millier de « prisonniers d’opinion » est ainsi régulièrement avancé, les vagues d’arrestations ayant notamment eu lieu au lendemain des émeutes de juin 2023. Parmi les personnes arrêtées, on compte des députés et des élus locaux notamment.
Des images volontiers « spectaculaires » ont jalonné ce processus politico-judiciaire : garde –à-vue d’opposants, bris de la vitre du véhicule de l’opposant Sonko, stationnement de véhicules militaires blindés devant son domicile des semaines durant, arrestations du député Guy Marius Sagna etc.
Des incriminations graves ont pu être articulées contre des hommes politiques, comme l’atteinte à la sûreté de l’Etat, le discrédit des institutions, voire le terrorisme.
Des organisations comme « Amnesty international » ont en conséquence mené la campagne « Ensemble, demandons justice pour les victimes de la répression violente des manifestations au Sénégal ». De même, la Cour pénale internationale a été saisie d’un dossier mettant en cause divers dignitaires du régime.
Dans la foulée, si l’on ose dire, les autorités ont pris une mesure inédite : la dissolution d’un parti politique, le parti « Pastef » dirigé par Ousmane Sonko. Ce dernier, individuellement, fait l’objet d’une série de procédures judiciaires touchant l’infraction de viol – de « corruption de la jeunesse » dira finalement la Justice – et de diffamation – contre un membre du gouvernement -.
Il s’agit de bien comprendre que cette mobilisation de l’appareil judiciaire dans un contexte politique s’inscrit dans une sorte de continuité : deux autres opposants, Karim Wade et Khalifa Sall, emprisonnés dans le passé, ont été empêchés de participer aux élections de 2019 notamment du fait de leur condition judiciaire. A l’heure actuelle, il n’est pas exclu qu’un troisième opposant, Ousmane Sonko, soit victime du même procédé : l’élimination judiciaire d’opposants politiques.
De telles réalités posent certainement la question de la neutralité politique de la justice. Du moins l’implication de l’appareil judiciaire dans des enjeux politiques et électoraux est-elle de nature à poser le problème de l’indépendance de ce troisième pouvoir.
En tout état de cause, le débat ne manquera pas d’être posé au lendemain des élections en vue. En attendant, son acuité ne fait aucun doute, d’autant que dans les semaines à venir, l’intervention de divers acteurs judiciaires (Cour d’appel et Cour suprême au sujet de procès visant des individualités, Conseil constitutionnel au sujet de l’examen des candidatures à l’élection) pourrait de nouveau faire planer le spectre d’une « instrumentalisation de la justice » à des fins politiques.
Rappelons, pour finir, les dispositions du Code électoral susceptibles d’être concernées par l’éligibilité des candidats : L28 à L.31 inclus. Ces articles touchent pour l’essentiel les condamnations pénales qui empêchent l’inscription sur les listes électorales.
[3] Le juge sénégalais semble avoir fait sienne l’affirmation du commissaire du gouvernement Corneille dans l’arrêt Baldy du 10 août 1917 : « en matière de police, la liberté est la règle et la restriction, l’exception ».
MODOU DIAGNE FADA ANNONCE LE DÉMARRAGE EN 2024 DU PACASEN RURAL
Le chef de l’État a donné des instructions très fermes au ministre des Collectivités territoriales que je suis, et au ministre du Budget. Il a demandé au Premier ministre de suivre les instructions pour qu’on puisse démarrer le Pacasen rural.
Saly 26 déc (APS) – Le ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires, Modou Diagne Fada a annoncé mardi à Saly (Mbour, ouest) le démarrage en 2024 du volet rural du Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (Pacasen)
‘’Le chef de l’État a donné des instructions très fermes au ministre des Collectivités territoriales que je suis, et au ministre du Budget. Il a demandé au Premier ministre de suivre les instructions pour qu’on puisse démarrer le Pacasen rural », a fait savoir le ministre en marge de la 24ème réunion du comité de pilotage du Programme national de développement local (Pndl)
« Nous avons bon espoir qu’en 2024 le Pacasen rural va démarrer », a-t-il affirmé soulignant que ce Programme s’inscrit dans le cadre d’une approche globale visant à appuyer les activités du Programme d’opérationnalisation de l’Acte III de la décentralisation du Sénégal.
Selon lui, ‘’le Pacasen rural doit intervenir dans les communes rurales, soit près de 480 collectivités territoriales qui restent à être soutenues ».
Le ministre a indiqué que la réunion du comité de pilotage du programme national de développement local (Pndl) a »permis de constater, malgré quelques contraintes budgétaires, d’importantes réalisations ».
‘’Des conventions qui étaient en souffrance depuis 2022 ont pu connaître un début de solutions en 2023”, a relevé Modou Diagne Fada, indiquant que ”plus de 7 milliards 905 millions ont été engagés pour réaliser ces conventions qui étaient en souffrance”.
Toujours selon lui, ‘’plus d’une centaine de nouvelles notifications ont été faites pour un montant qui tourne autour de trois milliards quatre cent soixante-quinze millions”.
La revue a permis aussi de »constater que d’autres programmes qui sont en connexion avec le Pndl ont fait aussi de très bonnes réalisations”, a ajouté le ministre des Collectivités territoriales.
‘’484 kilomètres de linéaires de pistes rurales et beaucoup d’activités socio-économiques qui intéressent le secteur de l’éducation, le secteur agricole et par conséquent beaucoup de Bergerie par exemple ont été réalisés au grand bonheur des populations du monde rural’’, s’est-il félicité.
THÉOPHILE OBENGA INVITE LA JEUNESSE PANAFRICAINE À POURSUIVRE LE COMBAT DE CHEIKH ANTA DIOP
Cheikh Anta Diop a aussi travaillé pour une Afrique solidaire, forte et digne dans un Etat fédéral, pour que les peuples africains vivent et survivent mieux dans le futur, a souligné l'égyptologue congolais
Dakar, 26 déc (APS) – L’historien et savant sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-2023) dont on célèbre le centenaire de la naissance, a permis, »à travers son œuvre, de restaurer la conscience historique africaine (…), instituant l’unité culturelle de l’Afrique noire », a souligné, mardi, l’historien et égyptologue congolais Théophile Obenga.
« A travers son œuvre, Cheikh Anta Diop a opéré une rupture avec les schémas logiques de l’histoire du monde décrite par l’Occident. Il a restauré la conscience historique africaine dans toutes ses longues durées temporelles, instituant l’unité culturelle de l’Afrique noire », a dit l’ancien ministre des Affaires étrangères de la République du Congo.
Il s’exprimait en vision conférence au cours d’un panel organisé à Dakar, à l’occasion de la célébration du centenaire de Cheikh Anta Diop du 26 au 29 décembre au musée des Civilisations noires. »Cheikh Anta Diop et l’égyptologie : convergence histographique de l’antiquité à nos jours » est le thème dudit panel.
« Dans l’Antiquité, comme dans les temps modernes contemporains, de grands esprits comme Homère, Platon, Aristote, Schuhl, Bernal et Burkert, ont déposé, dans l’historiographie mondiale, que l’Egypte pharaonique était à la source de la philosophie et des sciences de la Grèce antique », a-t-il rappelé.
Selon lui, « pendant longtemps, l’Occident impérialiste, non sans mauvaise conscience, a fabriqué le fragile paradigme du +miracle grec+ dans l’Etat moderne.
Il estime que « c’est Cheikh Anta Diop qui a rendu l’Egypte pharaonique dans son univers culturel natif négro-africain.
M. Obenga est revenu sur l’œuvre de Cheikh Anta Diop pour « une Afrique solidaire, forte et digne ».
« Cheikh Anta Diop a aussi travaillé pour une Afrique solidaire, forte et digne dans un Etat fédéral, pour que les peuples africains vivent et survivent mieux dans le futur », a-t-il martelé.
Il souligne que « toutes les critiques eurocentristes de l’œuvre de Cheikh Anta Diop étonnent par leur indigence intellectuelle, leur approximation scientifique et leur incapacité de vérité ».
Théophile Obenga a invité la « jeunesse panafricaine à se mettre debout » pour poursuivre le combat de Cheikh Anta Diop.
LA GENDARMERIE DÉMANTÈLE UN RÉSEAU DE TRAFIC DE CARBURANT À KAYAR
Cette opération, menée samedi dernier, a permis la saisie d’un camion de 20 000 litres, de cinq bidons de 20 litres de gasoil ? ainsi que de 800 litres de super.
Dakar, 26 déc (APS) – La compagnie de Gendarmerie de Thiès (ouest) a démantelé un réseau de trafic de carburant à Kayar, localité située à 42 kilomètres de la capitale du rail.
‘’Dans ses opérations courantes de sécurisation (…), [la compagnie de Gendarmerie de Thiès] a procédé au démantèlement d’un réseau de trafic de carburant à Kayar’’, a déclaré la Gendarmerie nationale sur le réseau social X.
Cette opération, menée samedi dernier, a permis la saisie ‘’d’un camion de 20 000 litres’’, de ‘’cinq bidons de 20 litres de gasoil‘’? ainsi que de ‘’800 litres de super’’, a-t-elle ajouté. La compagnie de Thiès a également ‘’interpellé (…)16 candidats à l’émigration, dont 3 Guinéens et 1 Malien, sur la plage de Lobor, à Mboro’’, à 50 kilomètres de la ville; La gendarmerie assurent que ces opérations de sécurisation »se poursuivent ».