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26 février 2025
CES 55 FAUTES QUI «ENFUMENT» LE SENEGAL
La Ligue sénégalaise contre Tabac (Listab) a publié hier, mercredi 15 novembre 2023, son rapport sur l’Indice d’interférence de l’industrie du tabac au Sénégal.
La Ligue sénégalaise contre Tabac (Listab) a publié hier, mercredi 15 novembre 2023, son rapport sur l’Indice d’interférence de l’industrie du tabac au Sénégal. Avec un score de 55 fautes, les acteurs de la Listab, déduisent que cette interférence est bien présente au Sénégal. «Il est à noter que malgré tous les efforts, l’industrie du tabac reste et demeure présente dans nos pays, avec une forte influence dans nos politiques», a fait savoir son secrétaire exécutif, Djibril Wélé. D’ailleurs, au niveau africain, le Sénégal est logé à la 10ème place.
En se basant sur les recommandations précises des directives de l’article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (Cclat), la Ligue sénégalaise contre Tabac (Listab), lors de son point de presse d’hier, mercredi 15 novembre 2023, a laissé entendre que le Sénégal a fait fi de ses engagements, à plusieurs reprises, dans sa démarche avec les industries du tabac. Ainsi, de janvier 2020 à mars 2023, le rapport fait ressortir un score de 55 fautes reprochées au Sénégal.
Selon le secrétaire exécutif de la Listab, Djibril Wélé, l’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques de l’Etat est bien présente dans le pays et épouse des formes variées, allant de l’immixtion de l’industrie dans la formulation des politiques de santé publique à l’usage détournée de la responsabilité sociétale entreprise (Rse). «L’analyse de l’Indice d’interférence de l’industrie du tabac 2023, donne un aperçu des progrès réalisés dans la mise en œuvre des directives de l’article 5.3 de la Cclat dont le transposé est l’article de la loi antitabac du Sénégal ainsi que des limites dans la lutte contre l’influence de l’industrie du tabac», a-t-il fait comprendre. Et de poursuivre : «en comparant les résultats avec ceux d’autres pays de la région, on pourrait encourager et inciter les pouvoirs publics à améliorer les performances».
Soulignons que l’article 5.3 de la Cclat de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) stipule que «l’Etat s’interdit formellement toute ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques nationales de santé». Et M. Wélé d’attester : «le Sénégal a ratifié, en 2005, la Convention-cadre et s’était engagé à transposer les dispositions internationales dans son dispositif interne. Mais on sent un écart important par rapport aux dispositions de la Convention notamment à l’article 5.3».
QUElQUES CITATIONS
Dans le domaine de l’économie, la Listab a renseigné que dans le pays, l’industrie du tabac bénéficie d’une exonération des taxes spécifiques à l’importation. Sur la base des articles 410 et 433 du Code général des impôts. Or, «Face à la directive 7, la recommandation 7.3, les parties ne devraient pas accorder d’exemption fiscale préférentielle à l’industrie du tabac», a avancé M. Wélé. Toujours dans ledit rapport, concernant la transparence, il ressort que les pouvoirs publics ne divulguent publiquement pas les informations sur les réunions avec l’industrie du tabac, dans les cas où ces interactions sont strictement nécessaires, entre autres citations.
L’ANNÉE UNIVERSITAIRE EN DANGER
L'avenir des nouveaux bacheliers en péril avec la fermeture prolongée de l'UCAD. Entre cours à distance difficiles et grève du SAES, la fin d'année reste incertaine à trois mois de la présidentielle
Depuis le mois de juin dernier, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est fermée à la suite des violentes manifestations qui ont eu lieu au sein du temple du savoir et les autorités avaient décidé de la poursuite des cours en ligne. Toutefois, cette décision a fini d’installer un bras de fer au point que la coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) du campus de Dakar a décidé de boycotter définitivement les cours en ligne. Ce qui risque de porter un coup dur à la fin de l’année académique en cours et de plonger davantage les étudiants, confrontés déjà à une lutte pour une connexion internet de qualité, dans une profonde inquiétude à cause de, surtout ceux installés hors de Dakar et/ou autres capitales régionales. Sans oublier l’approche de la campagne électorale qui risque d’aggraver la situation.
La coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) du campus de Dakar reste déterminée pour la réouverture de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et la reprise des cours en présentiel. Après une grève de 48 heures les 7 et 8 novembre derniers avec cessation des activités pédagogiques, et la tenue d’une marche et d’un sit-in, le SAES a décidé de se radicaliser. Il a donné un mot d’ordre d’arrêt définitif des cours en ligne malgré la décision du Conseil académique de l’université de « finaliser les activités pédagogiques de l’année 2022- 2023 en distanciel avec l’accompagnement du Rectorat». Et «la poursuite des travaux du comité de sécurité élargi aux fins de propositions d’un rapport sur les scénarii de reprise en présentiel en tenant compte de l’évolution de l’environnement sécuritaire, au plus tard le 30 novembre 2023» annoncée par les autorités n’aura rien changé en ce qui concerne le bras de fer avec les syndicalistes.
En effet, cela fait cinq mois que l’UCAD a été fermée, suite aux violentes manifestations qui avaient éclaté après la condamnation du principal opposant, Ousmane Sonko à deux ans de prison pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweat Beauté. Et tout comme l’organisation syndicale, les étudiants aussi dénoncent cette suspension des cours pour des «raisons politiques».
Alors que la fin de l’année académique 2022-2023 reste incertaine, quid des nouveaux bacheliers qui ne savent plus à quel saint se vouer. Beaucoup d’entre eux s’inquiètent pour leur avenir à cause de la fermeture de l’université. Encore, faut-il disposer d’un bon matériel et d’une solide connexion pour pouvoir suivre les cours en ligne. Un gros défi chez les étudiants rentrés dans les villages et autres hameaux depuis juin dernier. Ils luttent pour obtenir une connexion internet de qualité. «Ici, on ne se connecte qu’avec l’internet mobile et la connexion n’est pas fiable. Du coup, c’est difficile pour moi de suivre les cours à distanciel», fulmine Ousmane Sy, étudiant à la faculté des Sciences à l’UCAD, rencontré dans un village du département de Podor.
«Les nouveaux bacheliers risquent de payer les pots cassés de cette décision de fermeture de l'UCAD. Car, on n'a rien appris au courant de l'année 2022- 2023. On a pratiquement rien fait et les conséquences risquent d'être trop lourdes pour les nouveaux bacheliers. Ils risquent de se confronter à un retard, car les étudiants n'ont pas encore terminé l'année 2022-2023 et les enseignements à distance n'ont rien réglé ici. En plus de cela, il y a des enseignants à qui, on n'a pas encore payé leur salaire. Et c'est comme si ces doléances que nous posons sur la table ne préoccupent pas le ministère de l'Enseignement supérieur», s’insurgeait le secrétaire général de SAES, David Célestin Faye lors d’une conférence de presse.
A plus de deux mois de l’élection présidentielle de février 2024, l’inquiétude risque de grandir pour les étudiants. Et pour cause, des menaces planent encore sur le déroulement des enseignements en raison de la campagne électorale.
MACKY SALL CHERCHERAIT À JOUER D’UNE PROXIMITE RELATIONNELLE
Les tournées du président cachent aussi une stratégie de polir son image écornée par des affaires politico-judicaires, selon l’expert en communication politique, Momar Thiam
Le président de la République, Macky Sall a repris ses tournées dites économiques ponctuées par des promesses d’investissements à coût de milliards de F CFA (600 milliards à Kédougou et 1000 milliards à Kaolack) et d’autres inaugurations. S’il y a une volonté manifeste de donner un coup de pouce à son «candidat de cœur», en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024, Amadou Bâ, ces tournées cachent aussi une stratégie de polir son image écornée par des affaires politico-judicaires. C’est la conviction de l’expert en communication politique, Momar Thiam qui s’est entretenu avec Sud Quotidien.
Quelle appréciation faites-vous des tournées dites économiques du président de la République à quelques mois seulement de la fin de son mandat ?
Les tournées dites économiques du président de la République Macky Sall peuvent être appréciées de différentes manières. Evidemment, le président Wade, qui avait initié cela à partir de 2007-2010 après être réélu pour un second mandat, avait donné l’impression qu’à travers ces tournées économiques et la liesse populaire qui s’en est suivie, d’être plutôt dans une démarche communicationnelle, peut-être pour jauger sa popularité. Donc, on peut dire dans un premier temps que cette tournée économique effectivement, c’est pour jeter un projecteur sur une région, sur une ville ou sur un département, à travers la présence du président de la République, avec la mobilisation des services de l’Etat. Jeter ce coup de projecteur, c’est aussi parler justement des besoins de ces régions ou de ses départements mais surtout, des réalisations du gouvernement à travers le président de la République ou vice-versa dans ces régions-là. C’est à ce titre que ces tournées-là sont appréciées dans un second temps comme des campagnes de communications déguisées. Parce que si vous regardez bien le traitement qui est fait par la presse en général, autour de ces tournées économiques, c’est pour dire que le président est venu pour justement s’enquérir de l’état de la situation de ces régions ou départements, mettre sur le table ou rappeler toutes les réalisations à travers des programmes de développement que le gouvernement a initié avec la volonté du président de la République et surtout, parler des réalisations qui ont été faites jusque-là».
Chapelet de réalisations
«Donc, il y a un chapelet de réalisations qui est égrené à chaque fois que le président de la République vient faire ses tournées économiques et en profite. Surtout, on va dire une coïncidence organisée entre guillemet dans le cadre le cas de Kédougou, inauguré l’aéroport de Kédougou ou quelque fois inaugurer des œuvres gigantesques que son gouvernement a réalisé dans ces endroits-là. Et, c’est une manière aussi pour dire que nous avons travaillé pour vous et que nous avons tenu nos engagements, il faut nous renvoyer la balle pendant les élections. C’est d’ailleurs, là où quelque fois, on a un petit peu de soucis d’interprétation de cette manière de communiquer, puisque qu’à chaque fois, que le président se déplace dans le cadre de ce qu’ils appellent des tournées économiques, on annonce souvent des enveloppements à coût de milliards pour justement réaliser ou faire de grandes choses dans ces régions et après on a l’impression qu’après cela, il y a que des effets d’annonces et que derrière il n’y a pas d’évaluation pour dire qu’est-ce qui a été fait, il n’y a pas un diagnostic de l’existant. A partir du moment où le président de la République est confronté à un agenda qui veut qu’il doit quitter le pouvoir le 2 avril 2024 et qu’il y a une élection à laquelle il ne participera pas et qu’il a un candidat. C’est une manière aussi dans l’analyse d’entrevoir non seulement une campagne électorale déguisée, mais une manière de remobiliser les troupes dans ces régions-là ou dans ces départements-là, pour dire effectivement, je m’en vais, je suis venu constater tout ce que j’ai entrepris et que j’avais demandé au gouvernement de faire, et en plus de cela j’ai un candidat, la majorité a un candidat et qu’il faudra continuer dans cette dynamique-là, avec ce candidat-là. C’est la raison pour laquelle, Amadou Ba, candidat désigné de Benno Bokk Yaakaar à travers l’aval du président de la République, disait qu’il va s’inscrire dans la continuité. Mais il faut dire aussi une chose. Si à partir du moment où le président fait ses tournées dites économiques et que dans ses tournées, il n’est pas accompagné par le candidat choisi par lui-même avec l’aval de Benno Bokk Yaakaar, c’est peut être aussi quelque chose qui interpelle pour dire, mais finalement, est-ce qu’il fait pour le candidat ou il le fait pour lui. »
Justement, comment jugez-vous les promesses du Président de la République à coût de milliards alors qu’il quitte le pouvoir le 2 avril 2024 ? Quelle garantie peut-il avoir que son successeur va respecter de tels engagements ?
Je suis tout à fait fonder à dire qu’effectivement, on annonce des réalisations futures à coût de milliards, mais malheureusement, derrière il n’y a pas une évaluation qui est faite pour voir est-ce que ces milliards-là annoncés ont été mis sur la table et qu’est-ce qui a été réalisé avec. S’il fait ces promesses-là et que ces promesses sont inférées dans ce que l’on appelle la continuité des affaires publiques effectivement son successeur demain n’est pas tenu forcément de suivre cette démarche pour le développement économique. Sauf si le candidat qu’il a choisi, s’inscrit dans la continuité.
D’aucuns estiment que le Chef de l’état chercherait juste à polir son image qui a été écornée dans des affaires judiciaires et des libertés ? Et qu’il chercherait à sortir par la grande porte ? Êtes-vous de cet avis ?
«Effectivement l’image qu’on a du président de la République compte tenu des affaires judiciaires, des affaires de mal gouvernance etc., est une image un tout petit écornée de l’opinion publique, peut-être qu’au niveau de l’opinion nationale l’image est autre. Il cherche peut-être aussi à dire au revoir aux populations, une manière de jouer de sa proximité avec ces populations-là, à travers ses tournées. Mais c’est aussi une manière effectivement pas forcément de sortir de la grande porte, parce que ça c’est l’histoire qui nous le dira, parce qu’on jugera demain, une fois qu’il ne sera plus là, notre jugement sera plus exhaustif par rapport à son œuvre à la tête de ce pays. Mais, il chercherait aussi effectivement à jouer d’une proximité relationnelle pour être celui qui demain, pourrait bénéficier quelque part de la bienveillance des populations. Et que ça permettrait un petit peu à assouplir son image ternie par les affaires judiciaires, ces affaires de mal gouvernance mais ça c’est l’avenir qui nous le dira