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1 mars 2025
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BRAS DE FER JURIDIQUE DEVANT LA COUR DE LA CEDEAO DANS L’AFFAIRE SONKO
À son audience ce mardi 31 octobre, les avocats de l'opposant ont demandé un procès rapide sans nuire à sa candidature présidentielle. L'État sénégalais s'y est opposé, contestant un de ses conseils. La Cour reporte sa décision au 6 novembre prochain
Le leader de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko était attendu ce mardi 31 octobre 2023 devant la Cour de Justice de la CEDEAO pour obtenir un procès rapide dans l'affaire l'opposant à l'État du Sénégal. Ses avocats, dont le célèbre pénaliste français Juan Branco, entendaient faire valoir l'urgence d'un jugement afin de ne pas compromettre la candidature de leur client à l'élection présidentielle de 2024.
Mais l'audience a tourné au bras de fer juridique avec les représentants de l'État sénégalais, qui ont contesté la régularité de la constitution de Maître Branco. Après des échanges tendus, la Cour a décidé de reporter sa délibération au 6 novembre, se donnant le temps d'examiner le fond du dossier et de lever les doutes sur la légitimité de l'un des avocats de Sonko.
Pour la défense, il s'agit d'une nouvelle manœuvre dilatoire du pouvoir visant à empêcher leur client de se présenter à la magistrature suprême. Alors que le camp Sonko crie à l'acharnement politique, l'État sénégalais se retranche derrière des questions de procédure. La décision très attendue de la Cour dans dix jours viendra démêler la complexité juridique de cette affaire au parfum de lutte politique.
En attendant, Ousmane Sonko demeure dans les limbes judiciaires.
REFUS ROYAL D'EXCUSES POUR LES ATROCITÉS COLONIALES AU KENYA
"Il ne peut pas y avoir d'excuse" aux "actes de violence odieux et injustifiables" commis contre les Kényans par le pouvoir colonial britannique lors de leur "lutte pour l'indépendance", affirme le roi Charles III
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 31/10/2023
Arrivé lundi au Kenya pour sa première visite en tant que souverain britannique dans un pays du Commonwealth, le roi Charles III était très attendu sur la question des violences commises pendant la colonisation. Pourtant, s'exprimant à Nairobi ce mardi lors d'un dîner avec le président William Ruto, Charles III a refusé de présenter des excuses comme le réclamaient de nombreuses organisations kényanes.
"Il ne peut pas y avoir d'excuse" aux "actes de violence odieux et injustifiables" commis contre les Kényans par le pouvoir colonial britannique lors de leur "lutte pour l'indépendance", a affirmé le monarque. Une déclaration qui a déçu, alors que la Commission kényane des droits humains demandait publiquement des "excuses publiques inconditionnelles et sans équivoque".
Parmi les épisodes les plus dramatiques, la rébellion Mau Mau dans les années 1950 s'est soldée par plus de 10 000 morts kényans lors de sa répression par les Britanniques. Malgré les mises en cause récurrentes, le Royaume-Uni n'a présenté jusqu'à présent que de simples "regrets sincères" en 2013.
Le président Ruto a qualifié la réaction coloniale de "cruauté monstrueuse" et salué le "courage" de Charles III à évoquer cette période, tout en regrettant l'absence d'"excuses" selon lui nécessaires. Le roi s'est contenté d'affirmer sa volonté de faire "la lumière" sur ces "vérités inconfortables", refusant d'aller plus loin dans la condamnation du passé colonial britannique.
Son refus déclaré de présenter des excuses pour les atrocités commises risque d'atténuer le caractère historique de cette visite au Kenya.
LA DGE INFLEXIBLE
La Direction Générale des élections maintient son refus de remettre la fiche de parrainage à Sonko, comme le réclamait la Cena. Reste à savoir si cette dernière usera de son pouvoir de substitution face à l'intransigeance affichée par la DGE
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 31/10/2023
La Direction Générale des Elections (DGE) a confirmé son refus de remettre la fiche de parrainage au mandataire d'Ousmane Sonko, comme le réclamait la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA).
Dans une lettre datée du 31 octobre 2023, le directeur général de la DGE, M. Tidiane Alioune, répond au président de la CENA, Doudou Ndir, qui l'avait sommé de remettre les outils de parrainage à Ousmane Sonko.
M. Alioune rappelle que la DGE n'avait pas remis de fiches de parrainage précédemment car Ousmane Sonko ne figurait pas sur les listes électorales. Cette position a été confirmée par l'ordonnance n°23 du 6 octobre 2023 de la Cour suprême.
À l'heure actuelle, Ousmane Sonko est toujours absent du fichier électoral, fait valoir le directeur général de la DGE. Dans ces conditions, la position de l'institution qu'il dirige ne peut évoluer sur cette question. Tout autre acte irait à l'encontre de la décision de la plus haute juridiction du pays.
M. Alioune souligne par ailleurs que la DGE n'a pas la compétence pour agir sur le fichier électoral. Son refus de remettre les outils de parrainage à Ousmane Sonko est donc maintenu tant qu'il ne figure pas sur les listes électorales.
Cependant, l'article L.6 du Code électoral prévoit que la CENA peut se substituer à la DGE si cette dernière ne s'exécute pas. La CENA pourrait donc remettre directement la fiche de parrainage à Ousmane Sonko, contournant ainsi le refus de la DGE.
Reste à savoir si l'organe de gestion des élections utilisera ce pouvoir de substitution face à l'intransigeance affichée par la DGE. Cette décision pourrait constituer un précédent importante dans le processus électoral.
L'HUMANITÉ EN PÉRIL
Jusqu'où ira la dérive violente au Sénégal ? L’universitaire et islamologue Abdoul Azize Kébé constate effaré, qu'un nouveau seuil a été franchi avec l'exhumation et l'incinération publique à Kaolack, d'un défunt présumé homosexuel
L’universitaire et islamologue sénégalais Abdoul Azize Kébé, analysant l’affaire défrayant la chronique à Kaolack (centre) où le corps d’un présumé homosexuel a été exhumé et brûlé, attire l’attention sur ‘’l’accroissement effrayant de la violence’’ dans la société sénégalaise, qui s’est départie de son humanité à force de relativiser et de se détourner de la lumière de la foi et de la raison.
‘’Les derniers événements qui ont défrayé la chronique, l’acte barbare consistant à déterrer la dépouille d’un concitoyen pour la brûler autour d’un feu de joie, interpellent notre conscience’’, écrit M. Kébé dans une contribution, ajoutant : ‘’Que sommes-nous devenus ? Pourquoi désormais jouer avec le feu nous est si banal au risque d’y consumer notre humanité et notre héritage ?’’
‘’Avec ce que le Sénégal a vécu, nous savons maintenant que nous, Sénégalais, sommes capables de monstruosité. Et cela doit nous effrayer et nous alerter sur notre rapport à la violence et les limites que nous avons semblé franchir’’, analyse-t-il.
Abdoul Azize Kébé semble regretter l’éloignement du ‘’temps du foyer ardent où, à la lumière des flammes et au reflet de leur danse, le talibé déchiffrait le secret des lettres et mémorisait le solfège des versets’’. ‘’Ce feu est éteint dans notre pays, laissant la place à celui des violences urbaines, qui se sont développées au fil des revendications démocratiques ou subversives.’’
‘’Dans un premier temps, relève l’universitaire, le feu des revendications urbaines s’alimentait des pneus et autres matériaux usés, allumés dans les rues pour faire barrage aux forces de défense et de sécurité. Et subitement, on ne sait par quelle fascination ce feu a commencé à se propager aux propriétés et bien privés appartenant à des adversaires politiques, la plupart du temps aux personnalités de premier plan de l’Etat.’’
Il a ensuite ‘’consumé les commerces de simples entrepreneurs qui tirent leur subsistance de l’exploitation d’une licence française’’, a constaté Abdoul Azize Kébé.
‘’Nous sommes des témoins distraits de l’accroissement effrayant de la violence’’
‘’Jusque-là, les Sénégalais observaient plus ou moins amusés, spectateurs d’un mauvais spectacle qu’ils croyaient être temporaire puisque lié au calendrier électoral. Mais voilà qu’avec une force irrésistible, avec la rapidité de la langue des flammes, le feu a surpris les temples et leurs gardiens. Les temples de foi et de savoir, les sanctuaires des lumières de la raison et de l’âme, les mosquées et universités exhalent encore le souffre des autodafés’’, a observé M. Kébé.
À partir de ce moment, ‘’nous avons été témoins, peut-être distraits, de l’accroissement effrayant de la violence dans notre société et des limites que nous avons franchies allègrement. Mais nous n’avons pas mesuré à sa juste valeur le danger qui se profilait à l’horizon’’, a-t-il signalé.
M. Kébé renchérit : ‘’Nous n’avons pas perçu que symboliquement on a tenté de brûler le Sénégal en offrant à l’appétit vorace des flammes les sanctuaires de la mémoire, les bibliothèques et les archives des universités et des services d’état civil, mais aussi nos représentations consulaires et diplomatique à l’étranger. Nous avons encore considéré qu’il s’agissait de simples débordements politiques. Or, tout cela cumulé aurait dû nous réveiller et nous amener à nous poser la question : où allons-nous ? Est-ce donc que le Sénégal n’est plus Sunugaal ?’’
L’islamologue estime que par ‘’crainte d’être jugés ou classés dans un camp ou dans l’autre, nous avons simplement gesticulé’’, et pour faire ‘’bonne figure, nous avons tenté une explication contextuelle, et nous avons cru exorciser le mal’’.
‘’Et voilà que le feu nous a encore surpris, en déployant ses flammes sur les voitures de transport public, prenant au piège de vieilles personnes qui garderont, jusqu’à la tombe, sa signature sur leurs corps’’, a-t-il écrit.
‘’La gravité des choses nous rattrape aujoud’hui’’
D’après Abdoul Azize Kébé, devant de telles situations, l’attitude générale adoptée par la communauté nationale a été de manifester ‘’timidement notre malaise, car nous ne nous reconnaissions plus face à de telles cruautés’’, ou de relativiser les choses.
‘’Hélas, aujourd’hui, la gravité des choses nous rattrape, de plein fouet elle nous assène un coup foudroyant, puisque le feu, cette fois-ci, est descendu dans le couloir de l’au-delà pour disputer à Dieu ce qui Lui est exclusif, le châtiment infernal’’, fait observer l’ancien délégué général au pèlerinage aux lieux saints de l’islam.
‘’Nous avons osé ! Nous avons mal agi ! Trop mal agi ! Refuser une sépulture à un concitoyen en supposant qu’il fût un homosexuel, puis s’en aller hardiment déterrer sa dépouille et la brûler ! Nous avons dépassé les bornes, or au-delà des bornes, disait l’autre, il n’y a plus de limites. Et c’est cela qui est effrayant. Il est clair qu’avec cet acte innommable, la violence et l’intolérance ont franchi un seuil que nous étions loin d’imaginer’’, a remarqué l’universitaire, actuellement ministre conseiller auprès du chef de l’État, chargé des Affaires religieuses.
Il est d’avis que ‘’les ‘comportements énergumènes’ […] sont désormais considérés comme héroïques dans notre pays, et cela conduit à stimuler la montée aux extrêmes dans l’usage de la violence’’. ‘’Nous y voilà ! Nous avons gravi le sommet lorsque nous nous sommes départis de notre humanité, lorsque nous ne sommes plus éclairés par la lumière de la foi ni, par celle de la raison. Que sommes-nous devenus ? Le risque est grand que ce soit des monstres’’, a analysé Abdoul Azize Kébé.
‘’L’acte de déterrer une dépouille pour y mettre le feu est ignoble, il est innommable. Je n’invoquerai aucun verset du Coran, ni de la Bible pour exprimer ma rage devant cette folie, je laisse cette partition aux théologiens de l’islam et du christianisme. J’invoque seulement l’esprit d’humanité, qui est supposé nous animer et nous distinguer des autres créatures. Et je m’interroge : au nom de quoi ? Parce que ce n’est pas au nom d’Allah, Le Miséricordieux’’, a-t-il écrit.
Le 28 octobre dernier, les vidéos d’une dépouille exhumée, sortie d’un cimetière puis brûlée devant une foule ont choqué le Sénégal.
Le procureur de la République a ordonné l’ouverture d’une enquête. Le défunt, supposément homosexuel, avait été enterré le même jour à Kaolack (centre).
par Alioune Gueye, Modou Dione et Hamat Seck
L'UCAD FUSILLÉE ET SOUILLÉE PAR LA POLITIQUE
Le gouvernement cherche à sacrifier des dizaines de milliers d'ambassadeurs de familles pour des règlements de comptes politiques. L'enseignement supérieur est sérieux pour être traité avec autant de légèreté
Alioune Gueye, Modou Dione et Hamat Seck |
Publication 31/10/2023
L'université Cheikh Anta Diop (UCAD) agonise ; « la réouverture ne doit plus être différée ; le temps passe et chaque jour perdu rend hypothétique le quantum horaire pour la validation des enseignements et des évaluations semestrielles ». Professeur Lat Soukabé Mbow.
Un îlot de mots qui décrit les problèmes qui assaillent l'espace universitaire de Dakar. Partant de ce postulat, notre pseudo-intellectualité nous a poussés à adopter une démarche d'une certaine scientificité. Car comme le voudrait l'adage, « l'intellectuel est un athlète de la pensée » ; cet athlète a l'obligation de se prononcer à travers les mots sur les maux qui secouent sa communauté, sur tous les plans, surtout quand ceux-ci impactent négativement sur la bonne marche de son pays.
Depuis les événements de juin 2023, qui ont occasionné la fermeture des universités sénégalaises, l'UCAD n'est pas épargnée. Malgré ce marasme éducatif, des séries de rencontres et de conseils d'administration ont eu lieu afin de sortir de cette situation inquiétante et aux lendemains incertains. Cela s'est manifesté par la décision du Conseil académique de l'UCAD réuni le vendredi 6 octobre 2023 sous la présidence du recteur, professeur Ahmadou Aly Mbaye. Après examen et analyse de la situation et conformément au calendrier établi lors de la séance du 12 juin 2023, le Conseil académique a pris entre autres la décision d'une reprise des enseignements en présentiel dans les meilleurs délais. Une décision salutaire et responsable au vu du chevauchement des années universitaires. Deux semaines plus tard, le Conseil d'Administration du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) s'est réuni sous la houlette de l'autorité rectorale avec une volonté manifeste de différer l'ouverture de l'université de deux mois pour des raisons qui jouissent d'une légèreté sans égale. Dès lors, il est plus que nécessaire de se poser la question de savoir : qu'est-ce qui a changé entre temps pour que ces décisions changent ?
« États de la situation de l'UCAD… »
Pour les autorités, ces décisions, contestées par les étudiants et les chargés d'enseignement, sont motivées par des raisons sécuritaires. Bref, les enseignants et les enseignés sont prêts pour la reprise, mais le personnel en charge du social n'est pas dans les dispositions d'ouvrir le campus pour les raisons précitées.
Pour certains, la décision de la suspension relèverait d'un manque de volonté politique et d'une tactique politicienne. Pour rappel, lors des violences de juin dernier, selon les témoignages de certains représentants d'étudiants et de travailleurs des campus, des personnes externes ayant envahi le temple du savoir avaient, de concert avec des étudiants, brûlé des équipements et infrastructures dédiés aux enseignements.
Après ces évènements déplorables, il y a sans doute la crainte d'une résurgence et d'une recrudescence des troubles au niveau des campus ; de sorte que chacun puisse comprendre que la reprise doit être soumise à des conditions. Toutefois, les mesures dilatoires prises par le Conseil d'Administration du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) pourraient aggraver le chevauchement des années académiques ou créer les conditions d'une année invalide. Il est utile de rappeler dans ce contexte que la manière de l'application actuelle du système globalisé du LMD ne permet plus de prendre des libertés sur les normes universelles d'acquisition et de transfert des crédits. Cette situation absconse est le fruit de l'immixtion de la politique dans le milieu universitaire. C'est pourquoi nous allons, dans les lignes qui suivront, interroger l'importance de l'UCAD sur le plan politique en raison de sa position stratégique et de l'importance de sa population pour comprendre l'utilité de la thèse selon laquelle le refus de l'ouverture immédiate est une décision politique.
« Le positionnement stratégique inavoué de l'UCAD et ses prouesses… »
Pour connaître le problème de l'UCAD, il est important de se référer à son positionnement politique, social, économique et scientifique. En effet, étant une des premières universités de l'Afrique de l'Ouest, l'UCAD surgit en plein centre-ville de Dakar. Ainsi, vu son positionnement stratégique tant sur le plan de sa localisation que sur celui des productions scientifiques, la fermeture de l'université de Cheikh Anta peut être considérée comme un échec des politiques déployées par les autorités. En effet, le blocage de l'avenue Cheikh Anta Diop a un impact très considérable sur l'opinion nationale et internationale et peut impacter négativement sur l'économie nationale : l'UCAD est centrale et constitue un boulevard pour paralyser la ville de Dakar.
Tout bien considéré, plongeons-nous sur les chiffres de la recherche de cette institution. L'UCAD est composée de 44 établissements, 44 unités de recherche, 1482 chercheurs, 10 domaines et 7 écoles doctorales (UCAD.sn). Ces chiffres montrent le statut de cet établissement qui, selon le récent classement des universités, se positionne à la première place en Afrique francophone et 21e dans tout le continent. De ce fait, fermer cette université pour des raisons purement politiques est un manque de volonté et un non-respect des droits des apprenants. Ces derniers sont estimés à 85 000 (année universitaire 2020-2021) et produisent une bonne partie de la recherche et de l'animation scientifique de l'université. Cela nous permet de dire, entre autres, que la non-ouverture de l'UCAD jouit d'un problème à caractère social, économique, politique et scientifique.
Au-delà de ces considérations, la production scientifique de l'université doit être un facteur pour la non-fermeture du campus social. D'autant plus, les résultats du CAMES ont donné un pourcentage de 98,5 % d'admis dans les rangs du personnel enseignant de l'UCAD. C'est pour dire que la posture scientifique de l'université doit être prise en considération dans les instances de prise de décisions. Cette non-ouverture peut être assimilée à une sorte de « violence douce » (Pr Souleymane Gomis) vis-à-vis des étudiants, du personnel enseignant et du PATS qui ne font que subir les conséquences de décisions à coloration politique.
« Les propos révélateurs d'un Recteur qui tergiverse… »
À l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Assises de l'Université Cheikh Anta Diop, tenue ce jeudi, le Pr Ahmadou Aly Mbaye (Recteur UCAD) précise « dans ces assises, contrairement à ce qui a été annoncé, il ne sera pas question de la réouverture de l'Université, pour la bonne et simple raison que la réouverture ou non de l'université est un sujet qui est ressorti au conseil académique ». Forts de ce constat, les représentants des étudiants ont emprunté la stratégie du bâton pour redorer le blason de leurs pairs après des séries de sorties médiatiques et/ou de communiqués officiels. Cette situation, due principalement à des raisons politiques visibles et lisibles, est en train de mettre l'Université sénégalaise à terre. Comme toujours, « l'université devient un haut lieu d'exécution de décisions politiques au lieu d'être un espace de conflit d'idées et de débat de haut niveau. »
Nul besoin d'avoir des compétences visuelles ou une résonance sur la rotondité de la terre pour savoir que le phénomène de l'enseignement supérieur à distance ne tourne pas rond chez la majeure partie de nos universités ».
Même si les raisons restent toujours les mêmes, dont les actes de saccage et d'incendie, le gouvernement sénégalais cherche plutôt à sacrifier des dizaines de milliers d'ambassadeurs de familles (les étudiants) pour des règlements de comptes politiques.
« Quand la politique foule aux pieds l'UCAD… »
Dès lors, en situation de crise et d'incertitudes, comme en ce moment, surgit inévitablement un conflit entre deux temporalités : celle du politique, qui doit prendre des décisions dans l'urgence, et celle de la recherche, qui peut certes accélérer ses protocoles, mais en aucun cas s'affranchir de toute méthodologie, sous peine de briser la branche sur laquelle elle s'est laborieusement hissée. L'université Cheikh Anta Diop de Dakar est fusillée par la politique et le sang ressorti de ses veines s'est déversé en son sein. En outre, chaque directeur du COUD (UCAD) vient avec son « bétail politique » à travers un recrutement excessif, immodéré et à la longue qui manque de sérieux. Les directeurs du COUD qui se sont succédé (Abdoulaye Diouf Sarr, Cheikh Oumar Hanne, Abdoulaye Sow, Maguette Sene), sous une période aussi courte, ne peuvent pas mettre en pieds des politiques ou stratégies sérieuses pour garantir un « bien-être » des étudiants dans les campus sociaux. Cela dénote d'un manque de sérieux et de volonté de nos dirigeants vis-à-vis de l'université sénégalaise.
À cela s'ajoute, le décret d'un mot d'ordre de grève de 48 h du bureau national du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES), les lundi 6 et mardi 7 novembre 2023 avec cessation des activités pédagogiques et une demande d'arrêt immédiat des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques. À cet effet, nous saluons sa posture avant-gardiste à la suite des décisions dépourvues d'ambitions des autorités de l'UCAD. Mu par une volonté de solutionner cette crise, le SAES dit rejeter énergiquement l'alibi de la rénovation des infrastructures sociales sur lequel « les autorités qui n'ont pas voulu se préparer à la reprise programmée des cours en présentiel s'agrippent pour annihiler les nombreux efforts consentis par les enseignants-chercheurs ». Une situation qui risque de faire naître les germes de la terreur, de l'intolérance, de la division et de la scission dans nos espaces universitaires. De toute évidence, les pouvoirs publics prétendent mettre en place des systèmes de garantie de la qualité de l'enseignement dans le seul et unique but de fournir aux étudiants un enseignement digne. Baratins ! Ces systèmes sont en fait un moyen pour les responsables gouvernementaux d'asseoir leur tutelle avec une mainmise de l'université selon leurs désirs et aspirations politiques : la politique à l'université est omniprésente et impuissante.
« Le rôle des acteurs pour un retour dans les amphis… »
Le syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES) a un rôle important à jouer pour le retour des étudiants dans les salles de classes. Dans notre article dénommé « Quand la politique fusille à balles réelles nos universités : quel avenir pour les étudiants ? », nous avons eu à libeller de manière claire et limpide un message pour les autorités universitaires et gouvernementales : « Pour nos gouvernants, l'université ne doit pas être un prolongement de décisions politiques et des cadres d'exécution des visions des politiques. » L'histoire nous a montré qu'aucun pays ne s'est développé sans avoir mis en place au préalable un système d'enseignement performant, innovant et stable, ce qui est loin d'être le cas au Sénégal ». Cet état de fait hante d'année en année l'université sénégalaise. Toutefois, les amicales d'étudiants doivent, au mieux, éviter de s'aventurer dans des questions à coloration politique pour ainsi garantir une certaine froideur et une impartialité dans leur prise de décisions et de positions. Le représentant d'étudiant ne doit en aucun cas jumeler la politique et les intérêts matériels et moraux de leurs pairs. Mieux, les acteurs universitaires peuvent faire de la politique, mais ils ne doivent en aucun cas politiser l'université.
« L'entrée par effraction du système LMD dans nos universités… »
L'introduction du système LMD dans l'enseignement supérieur sénégalais regorge de beaucoup de limites et de défaillances qui n'ont pas été bien gérées par les autorités universitaires. L'université est un sanctuaire sérieux qui mérite plus de considération et les décisions qui y sortent méritent beaucoup plus de froideur et de sérieux. Malheureusement, le système LMD qui se situe sur toutes les lèvres, n'est pas celui qui s'applique dans les universités sénégalaises.
Le LMD favorise la flexibilité et la mobilité des étudiants, l'adaptation aux besoins du marché du travail, l'amélioration de la qualité de l'Enseignement supérieur, la facilitation de la coopération internationale, la capitalisation des UEs, le transfert de crédits, la « semestrialisation » intégrale pour ne citer que ces éléments phares constituant son soubassement. Actuellement, les étudiants de l'UCAD sont confinés au silence afin que les autorités puissent dérouler sur tapis blanc leur politique de positionnement et de gain politique. Nos « intellectuels » ne comprennent toujours pas que « le choix d'un système d'éducation a plus d'importance pour un peuple que celui de son gouvernement » pour ainsi reprendre Gustave Le Bon dans Psychologie de l'éducation.
À toutes fins utiles, le système LMD doit être appliqué de manière rigoureuse dans les universités sénégalaises en se basant sur nos réalités socio-éducatives. Comme le disait Ousmane Diagne, « la plus mauvaise des lois est celle qui est « ineffective », inefficace, inappliquée et inapplicable ». Le système LMD doit s'appliquer dans son entièreté afin de se départir de ce système actuel qui est hybride et inqualifiable. En plus, beaucoup de séminaires, de conférences, de rencontres ont vu le jour depuis sa mise en place, mais malheureusement tous ces pourparlers sont traduits en lettre morte.
Nos gouvernements gagneraient à arrêter leur ingérence dans les affaires universitaires et à cesser toute pratique visant, de manière directe ou indirecte, à plomber l'université par des actes aux finalités politiques. En réalité, cette ingérence est un moyen de lutte anti-institutionnel ou contre-institutionnel utilisé par le gouvernement à des desseins inavoués mais visibles. Nos universités continuent de s'adonner à des stratégies qui ne font que plonger l'enseignement supérieur dans l'agonie. L'enseignement supérieur est sérieux pour être traité avec autant de légèreté. Le Sénégal doit bâtir un système d'enseignement supérieur ressourcé localement et répondant aux attentes de la population sénégalaise. L'UCAD mérite plus de respect et de considération dans le traitement des affaires qui lui sont afférentes.
Dans nos prochaines publications, nous vous servirons notre pensée sur la crise politique qui secoue le Sénégal.
Que le salut du peuple soit la loi suprême.
Vive le Sénégal
Alioune Gueye est chercheur en Mathématiques et Applications
Laboratoire d’Algèbre, Cryptographies, Codes et Applications (LACCA)/ UGB
Saint-Louis, 31 oct (APS) – Le paiement des impenses du projet d’autoroute à péage Dakar-Tivaouane-Saint-Lois a démarré ce mardi à la préfecture de Saint-Louis, a constaté l’APS.
‘’Cette vague concerne le premier lot des impactés de cette autoroute et d’autres suivront’’, a dit le coordonnateur des impactés Ousmane Ndiaye.
Dans l’ensemble, ils sont 1350 personnes impactées par cette autoroute, a dit M. Ndiaye louant l’encadrement des autorités administratives notamment le préfet et l’Agence de gestion des routes (Ageroute).
Selon lui, ‘’des garanties ont été données par le ministère des transports que cette autoroute n’allait démarrer sans le paiement intégral de tous les impactés et aujourd’hui cela nous rassure’’.
Il a rappelé »que cette cérémonie est l’aboutissement d’une longue lutte acharnée et certains étaient sceptiques quant à cette issue heureuse ».
Ousmane Ndiaye a noté que »992 impactés avaient des terrains nus et il serait judicieux à défaut d’avoir des terrains viabilisés de les indemniser à hauteur de 5 voire 7 millions, le prix actuel des terrains sur cet axe de la route nationale à l’université ».
‘’Cependant nous laissons tout à l’appréciation des autorités pour l’indemnisation des ces personnes possédant des terrains nus », a t-il indiqué.
Tout en saluant le niveau des montants alloués »aux personnes possédant des champ set maisons », il a estimé que »ces dernières ne seront jamais indemnisées à hauteur des sacrifices consentis pour disposer de ces biens et du préjudice moral qui va naitre de la séparation programmée des familles’’.
L’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-lois est financée par la BAD à hauteur de 160 millions d’euros.
DIEU ET LES O-DIEUX !
Dans cette affaire de présumé homosexuel brûlé, il y en a qui ont préféré observer un silence de cimetière. Qui ont comme enterrer leur combat de Samm jikko yi.
Dans cette affaire de présumé homosexuel brûlé, il y en a qui ont préféré observer un silence de cimetière. Qui ont comme enterrer leur combat de Samm jikko yi. Entendu que mettre le feu sur un cadavre n’est pas non plus si jikko yi. C’est bien de prôner des lois pour la préservation de nos valeurs. Il est temps d’exhumer notre tolérance, inhumée depuis longtemps. Sinon ce sera incinérer ce qu’il en reste. Que les juges populaires sachent que Le Juge les regarde. Et Il a, seul, le monopole de la sanction. Il y a Dieu et les o-dieux.
par Ciré Clédor Ly
LES PRÉMISSES D'UN ÉTAT DICTATORIAL
L’Etat du Sénégal est devenu méconnaissable avec l’emploi de procédés déloyaux et de pratiques inquiétantes. L’Etat du Sénégal toujours pressé de juger Ousmane Sonko, a peur d’être jugé lui-même
L’Etat du Sénégal est devenu méconnaissable avec l’emploi de procédés déloyaux et de pratiques inquiétantes qui présagent d’un futur Etat dictatorial, policier et sanguinaire.
Après l’arrestation arbitraire du leader de Pastef, des comportements jamais soupçonnés dans la gouvernance se sont révélés pour l’éviction d’un adversaire politique, au détriment de la démocratie et de l’Etat de droit comme option irréversible du peuple sénégalais.
D’abord, l’Etat du Sénégal refuse de garantir les libertés individuelles et publiques, ainsi que les droits démocratiques au peuple sénégalais, en refusant systématiquement les rassemblements pacifiques, les marches pacifiques, réprimant à toute occasion ceux qui usent de leur droit de critique sur la gouvernance politique ou économique, expriment leurs pensées ou leurs opinions s’ils ne sont pas catalogués inféodés, partisans ou sympathisants du parti politique au pouvoir.
Fausser le suffrage universel
Le port du bracelet Pastef porterait bonheur et renforcerait la foi et la détermination, aux dires de ceux qui en ont porté et que j’ai eu à rencontrer dans les caves des tribunaux, attendant leur tour d’être placés sous mandats de dépôt, sans s’interroger sur la nature du crime reproché, sachant qu’il n’ont commis aucune infraction.
Ensuite, l’Etat discrédite lui-même les institutions en jetant la suspicion sur les juges dans ses écrits et refusant d’exécuter une décision de justice au su de la communauté nationale et internationale.
L’Etat reste sourd et impitoyable, décidé à fausser le suffrage universel et la volonté populaire, en emprisonnant le personnage le plus populaire, que les sondages politiques donnent victorieux aux prochaines élections présidentielles, malgré l’inopportunité de la mesure et l’état de santé de la personne qui fut très alarmant, même s’il s’est amélioré grâce aux interventions intenses des médecins.
Les arrestations et persécutions des cadres du Pastef se poursuivent dans le dessein toujours d’entraver la candidature d’Ousmane Sonko et toute personne qui pourrait être porteuse de son projet politique panafricaniste ainsi que de son programme national.
Derrière l’arrestation d’Amadou Ba...
L’arrestation d’Amadou Ba depuis le samedi 28 octobre, nuitamment sans qu’il lui soit notifié les motifs de son interpellation, avait un double objectif :
- l’empêcher de se rendre à Abuja pour déposer à la Cour le dossier opposant Ousmane Sonko et le Pastef à l’Etat du Sénégal et dont l’audience était programmée pour le 31 Octobre à 10heures. La personne qui avait pris la suite, employé de mon cabinet, a été empêchée de prendre l’avion pour Abuja et les dossiers qui étaient déjà embarqués dans l’appareil, débarqués. Mais au grand dam de l’Etat, les services de renseignement de l’Etat ont été dribblés et le dossier a été reçu et enregistré au greffe de la Cour de la CEDEAO qui a accusé réception au cabinet ;
- le second objectif visé par l’arrestation d’Amadou Ba est de faire obstacle à la candidature du prisonnier politique Bassirou Diomaye Faye dont il est le mandataire (Diomaye est le second de Ousmane Sonko dans le parti Pastef).
Amadou Ba est en retour de parquet, un régime de détention arbitraire que ne justifie aucune disposition légale et le mandat de Dépôt ainsi qu’un emprisonnement jusqu’après les élections de 2024 au plus tôt, serait de la politique de persécution et de répression politico-judiciaire de l’Etat du Sénégal.
« L’État du Sénégal a peur d’être jugé »
L’Etat du Sénégal a franchi le rubicon en produisant dans le dossier de la CEDEAO une vidéo montée à partir des diffusions de <<ANITA>> qui est son monstre médiatique et il est désemparé lorsqu’il a su que les Patriotes ont rétabli et produit auprès de la Cour les originaux des vidéos qui faisaient partie du dossier qu’Amadou Ba devait amener à Abuja.
C’est pour cette raison que l’Etat joue la carte du dilatoire en demandant le report de l’audience, pour arriver à une date qui ne permettrait à Ousmane Sonko et au Pastef de participer aux élections, ce qui est triste et dégradant pour un Etat.
L’Etat du Sénégal toujours pressé de juger Ousmane Sonko, a peur d’être jugé lui-même.
Qu’en sera-t-il lorsque des artisans responsables du délabrement de l’Etat de droit et du système démocratique seront placés en garde à vue, sous mandats de dépôt et comparaîtront à la barre pour répondre de leurs crimes
Me Ciré Clédor Ly est avocat, membre du Collectif de défense d'Ousmane Sonko.
NOUS DEMANDONS AU CHEF DE L’ÉTAT D’ORDONNER LA GRATUITE TOTALE POUR LES CANCERS FÉMININS
Le Sénégal sous Macky Sall a enregistré des progrès énormes dans la lutte contre les cancers : acquisition d’appareils de radiothérapie de dernière génération, gratuité de la chimiothérapie à 100% dans les cancers féminins et à 60% pour les autres types.
Le Sénégal sous Macky Sall a enregistré des progrès énormes dans la lutte contre les cancers : acquisition d’appareils de radiothérapie de dernière génération, gratuité de la chimiothérapie à 100% dans les cancers féminins et à 60% dans les autres types de cancer. Mais beaucoup reste encore à faire. Justifiant ainsi le fort plaidoyer lancé par la présidente de l’Association cancer du sein Sénégal (Ac2S), Diarra Guèye Kébé veut la gratuité totale pour les cancers féminins. En guise de « cadeau d’au revoir » de la part du Président de la République Macky Sall.
Vous intervenez depuis dix ans dans la lutte contre le cancer au Sénégal, avec votre association. Quels sont les acquis majeurs engrangés au cours de cette décennie de lutte ?
Les acquis majeurs que nous avons engrangés au cours de cette décennie, c’est déjà une plus grande prise de conscience des populations par rapport à la prévention des cancers du sein et du col de l’utérus. Aujourd’hui, « Octobre rose » tout le monde en parle, tout le monde organise des campagnes de dépistage. C’est un acquis majeur. En plus, nous avons pu, grâce à tous les plaidoyers que nous avons eu à faire durant toutes ces années, avoir la gratuité de la chimiothérapie qui intervient en cours de traitement. Toujours grâce à nos plaidoyers, nous avons pu aujourd’hui acquérir des appareils de radiothérapie qui permettent de prendre le plus grand nombre de personnes en charge. Ce sont des appareils de dernière génération par rapport à celui qu’on avait à l’hôpital Aristide Le Dantec. C’est un acquis assez important pour nous et la prise en charge des malades, bien qu’il y ait encore énormément à faire. Nous pouvons nous réjouir aujourd’hui que beaucoup de femmes savent, quand on parle de cancer, plus ou moins, ce que c’est et vont systématiquement se faire dépister dans toutes les structures qui organisent « Octobre rose ».
Quels sont les plus grands défis auxquels l’association dont vous êtes à la tête fait encore face ?
Le défi majeur que nous avons, c’est toujours dans la sensibilisation pour que les femmes puissent arriver à des stades 1 de la maladie, à savoir soit se faire auto-dépister soit se faire dépister très tôt pour que la prise en charge soit plus facile et que les chances de guérison soient de plus en plus élevées. Nous n’avons pas encore atteint cet objectif-là, mais nous avons bon espoir que, dans les années à venir, les choses vont beaucoup changer, puisque la prise de conscience est de plus en plus énorme. En plus, nous avons deux autres grands défis : avoir un bus médicalisé où il y aurait un appareil de mammographie mobile, un appareil d’échographie mobile et un colposcope, ce qui nous permettrait de faciliter nos déplacements. Ainsi, nous serons totalement autonomes pour faire beaucoup plus de campagnes de sensibilisation, d’information, de prévention et de dépistage. L’autre défi, c’est la création d’une maison de vie pour les personnes qui viennent des régions et qui n’ont pas de familles à Dakar pour leur permettre de pouvoir suivre correctement leur traitement durant les jours où elles seront à Dakar.
Vous avez décidé de marquer la célébration des 10 ans de votre association par une exposition. Pourquoi cette option et quelles sont les grandes lignes de cette initiative ?
Nous avons voulu marquer le jubilé des dix ans de la création de l’association par une exposition-brunch. Nous avons voulu montrer, à travers cette initiative, à la population sénégalaise d’une manière générale, surtout aux mécènes qui nous accompagnent depuis toutes ces années, de façon imagée, toutes nos réalisations. Nous voulons montrer ce que nous faisons, notamment les dépistages dans les régions, les formations pour les « badianou gokh » dans les techniques de sensibilisation et pour les Infirmiers-chefs de poste (Icp), les sages-femmes, afin que ces derniers puissent continuer à sensibiliser les populations. Notre objectif, ce n’est pas zéro cancer, car cela relève de la Volonté divine, mais au moins que les femmes puissent arriver à des stades primaires de leur maladie. Non seulement les chances de guérison sont énormes, mais en plus, la prise en charge sera moins lourde et plus avantageuse pour ces personnes-là. Nous avons aussi lancé une initiative cette année, toujours dans le cadre de l’exposition-brunch. Nous avons fait une levée de fonds avec le challenge d’offrir 500 kits mammaires à des femmes qui ont subi soit une double mastectomie (ablation des deux seins) ou une simple mastectomie (ablation d’un seul sein). Le kit mammaire est composé d’un soutien-gorge spécial avec une poche à l’intérieur où on peut introduire les prothèses et c’est accompagné d’une ou de deux prothèses en silicone. Le but est d’aider ces femmes à retrouver la féminité et la confiance en soi qu’elles ont en quelque sorte perdues.
La prise en charge du cancer reste onéreuse, en dépit des nombreux efforts fournis par l’État. Quels sont les leviers à activer pour que les malades puissent accéder au traitement sans grande difficulté ?
Si aujourd’hui beaucoup de personnes ont des difficultés à se prendre en charge et arrivent surtout à des stades assez avancés de leur maladie, c’est principalement dû au fait que la prise en charge reste onéreuse. Conséquence : les malades sont obligés parfois de se rabattre sur d’autres techniques de guérison qui ne sont pas toujours fiables. Le cancer est une maladie où pour être pris en charge, il y a certaines conditions, à savoir la pose de diagnostic. Dans le cancer du sein par exemple, il faut faire une mammographie, une échographie mammaire, un bilan sanguin, une biopsie, un scanner. Il y a toute une batterie d’examens à faire et qui coûtent cher, pas moins de 400.000 ou 500.000 FCfa avant de pouvoir accéder à la chimiothérapie qui est gratuite. Nous avons lancé un appel à son excellence le Président de la République pour une gratuité totale au moins pour les cancers féminins, parce qu’ils sont les premiers cancers au Sénégal. En plus, ce sont les cancers qui, malheureusement, tuent le plus, car souvent les femmes arrivent à des stades trop avancés et tout simplement par manque de moyens. Je dirais que 80% d’entre elles arrivent par manque de moyens et les 20% restants viennent aujourd’hui avec toutes les communications que nous faisons sur ces cancers. Ainsi nous souhaitons qu’il y ait une gratuité de la prise en charge des malades, en particulier pour les femmes atteintes de cancer.
Où en êtes-vous justement avec les autorités sur le plaidoyer pour la gratuité totale de la prise en charge du cancer au Sénégal ?
Nous avons lancé un appel, encore un énième cri du cœur qui, je l’espère, sera reçu comme d’habitude par son excellence le Président de la République qui a quand même fait beaucoup pour le cancer. Il faut le reconnaitre. Nous le remercions beaucoup, parce que grâce à lui nous avons pu avoir les appareils de radiothérapie de dernière génération qui sont les accélérateurs linéaires. Nous avons pu avoir la gratuité de la chimiothérapie à 100% dans les cancers féminins et à 60% dans les autres types de cancer. Mais il reste encore beaucoup à faire. Ainsi, nous lui demandons un cadeau d’au revoir en ordonnant la gratuité totale de la prise en charge des femmes atteintes du cancer.
Le dépistage précoce est préconisé pour assurer un meilleur traitement aux malades. Malheureusement, beaucoup de patients peinent à compléter le diagnostic par manque de moyens. Ainsi, certains finissent par abandonner.
Comment faire pour leur faciliter l’accès aux examens complémentaires ?
Il n’y a pas de solution. C’est la gratuité. Les coûts des soins sont tellement onéreux qu’il n’y a qu’une seule solution à préconiser et c’est la gratuité des soins. Sans soutien logistique, il est impossible de faire ce bilan quand on voit que vous avez un nodule dans le sein. Les coûts sont très onéreux pour le Sénégalais lamda. Donc, si on veut gagner le combat du cancer, des cancers féminins en particulier, il faut cette gratuité ou bien trouver des astuces pour qu’il y ait une assurance universelle ou renforcer la Couverture maladie universelle (Cmu).
Certains sont contre les campagnes de dépistage organisées pour détecter précocement les cas de cancer. Ils se fondent sur le fait que c’est à partir de cet instant que commencent les difficultés pour beaucoup de gens, parce que ces derniers manquent souvent de moyens pour faire face aux examens et à la prise en charge.
Que pensez-vous d’une telle position ?
C’est discutable. Je dirais qu’il faut des campagnes de dépistage organisées en respectant les normes. Je suis entièrement d’accord qu’elles doivent être faites dans les normes, parce qu’on ne peut pas dépister une personne et la laisser en rade. Éthiquement, ce n’est pas bon. Car si un cas suspect est détecté, la personne doit être accompagnée dans sa prise en charge médicale et financière. Sinon organiser une campagne de dépistage n’a pas tout à fait son utilité. Je suis pour des campagnes de sensibilisation, d’information et de prévention. En effet, quand vous sensibilisez une personne, vous l’éduquez, vous lui donnez la connaissance de la maladie, cela peut amener à un auto-dépistage. Nous notre objectif, c’est d’amener les femmes à l’auto-dépistage, à savoir leur donner le maximum d’informations dans la prévention pour qu’elles puissent aller d’elles-mêmes, de façon spontanée, se faire dépister, en ayant le bon geste à partir de 45 ans, si on n’est pas dans une famille à cancer, à aller systématiquement faire la mammographie dans le cas du cancer du sein et pour ce qui est du cancer du col, qu’elles aient l’habitude d’aller se faire consulter par une sage-femme ou un gynécologue pour voir si tout va bien. C’est plus important à mon sens que de faire des campagnes de dépistage de masse comme cela se fait très souvent. En tout cas, pour les campagnes de dépistage que nous faisons, nous rendons grâce à Allah. Chaque fois que nous avons des cas, nous suivons ces personnes-là du début jusqu’à la fin de leur traitement. Si c’est une suspicion de cancer, nous poussons vers la biopsie et autre et quand cet examen dit que ce n’est pas un cancer, nous lui donnons les informations sur la conduite à tenir. Si c’est un cancer, nous l’accompagnons dans la prise en charge, les rendez-vous médicaux et tout ce qui s’en suit.
Personnellement, qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours des dix dernières années ?
Ce qui m’a le plus marqué au cours de ces dix dernières années, c’est que j’ai découvert le monde médical, la résilience qu’il y a dans ce milieu, les médecins et le personnel soignant, qui, tous les jours, se donnent à fond, malgré les moyens limités qu’ils ont pour la prise en charge et la qualité du plateau technique. C’est une chose qui m’a beaucoup marquée. Je profite de l’occasion pour rendre un grand hommage à tous ces grands médecins, ces cancérologues qui se donnent à fond dans leur métier qui est parfois très difficile, qui demande beaucoup d’engagement, au personnel soignant pour l’attention qu’ils ont vis-à-vis des malades, les associations, tous ces bénévoles qui donnent avec un grand cœur, les malades. Je découvre des personnes formidables. C’est vraiment un aspect très positif que je découvre. Je me rends compte que la vie est pleine de belles choses. Mon engagement aux côtés des malades m’a donné une autre vision de la vie qui est différente de celle que j’avais. C’est un point très important pour moi.
LA VALEUR DES ACTIVITÉS NON RÉMUNÉRÉES AU SÉNÉGAL ÉQUIVAUT A 14%
Selon une étude réalisée par ONU-FEMMES, les femmes rurales consacrent jusqu’à 12 heures de temps, par jour, à des activités non rémunérées. D’après cette même étude, 45% d’entre elles s’occupent quotidiennement d’un enfant ou d’un parent souffrant
Selon une étude réalisée par ONU-FEMMES, les femmes rurales consacrent jusqu’à 12 heures de temps, par jour, à des activités non rémunérées. D’après cette même étude, 45% d’entre elles s’occupent quotidiennement d’un enfant ou d’un parent souffrant d’un problème de santé chronique ou d’un handicap.
Au Sénégal, les résultats de la première enquête nationale sur l’emploi du temps réalisé par l’ANSD en 2021 montre que les femmes consacrent, en moyenne et par jour, 4 heures et 9 minutes aux tâches ménagères et à la garde des enfants contre 27 minutes pour les hommes.
Selon la directrice régionale adjointe par intérim de ONU-FEMMES, Elena Ruiz la valeur des activités non rémunérées au Sénégal équivaudrait à 14 % du produit intérieur brut (PIB). Elle s’exprimait, ce 30 octobre, dans le cadre d’un atelier d’échanges et de discussions sur le thème : «Etat des lieux, enjeux, défis et perspectives pour le travail de soins non rémunéré des femmes au Sénégal».