La coalition BBY rejette les accusations portées ce mardi contre la gestion du processus électoral dans le cadre des législatives du 31 juillet, par Ousmane Sonko, leader de Pastef
BBY rejette les accusations portées ce mardi contre la gestion du processus électoral dans le cadre des législatives du 31 juillet, par Ousmane Sonko. Les membres de la coalition ont tenu une conférence de presse quelques heures après la sortie du leader de Pastef pour apporter la réplique.
LA LD DEBOUT POUR GAGNER ENSEMBLE
Le Secrétariat Exécutif National suit avec beaucoup d’intérêt la suite qui sera réservée aux listes Wallu-Yewwi à Dakar et considère que l'opposition ne devra faire aucune concession face à la forfaiture qui semble se dessiner - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la LD Debout, reçue mardi 17 mai, à propos du processus électoral en cours dans le cadre des législatives du 31 juillet.
« Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de LD Debout réuni en session ordinaire ce lundi 17 mai 2022 a examiné la situation nationale.
Le Secrétariat Exécutif National a félicité le camarade Pape Sarr Secrétaire Général par Intérim de son implication appréciée dans la recherche de l’unité des coalitions Wallu Sénégal – Yewwi Askan Wi dans le cadre des prochaines élections législatives. Son rôle aux côtés des autres leaders du CRD a contribué à la jonction des deux forces, seul gage de remporter ces élections législatives, et ainsi créer les conditions d'imposer à Macky Sall une cohabitation salvatrice pour le pays.
Le Secrétariat Exécutif National salue la clairvoyance des leaders des deux coalitions et les appelle à continuer à faire preuve de dépassement pour le seul intérêt des Sénégalaises et Sénégalais.
Pour le Secrétariat Exécutif National, aucun sacrifice n’est de trop quand il s'agit d'abréger les souffrances des Sénégalais.
Le Secrétariat Exécutif National appelle le peuple sénégalais à se mobiliser derrière les candidats de la coalition Yewwi-Wallu pour réaliser pour la première fois au Sénégal une alternance de législature.
Gagner ensemble, c’est mettre fin à la gabegie du régime actuel, à la spoliation des terres et au bradage des ressources naturelles.
Gagner ensemble, c'est arrêter l'impunité, c’est réformer la justice, c’est restaurer la démocratie et l'Etat de droit, c’est assainir la gouvernance publique.
Gagner ensemble, c’est éviter au Sénégal des soulèvements populaires incontrôlés, des dégâts matériels, l'instabilité sociale et politique ; c'est surtout économiser de très probables pertes en vies humaines devant l'entêtement de Macky Sall à tenter de briguer un troisième mandat.
Depuis son ni oui ni non, lui et ses alliés ne cessent de poser des actes allant dans le sens de tordre, encore une fois plus, la constitution pour se maintenir au pouvoir. Sa sortie récente sur les « méfaits », à son sens, de la limitation des mandats en Afrique en dit long sur son état d’esprit sur cette question.
Aujourd’hui que nous avons la possibilité de résoudre définitivement cette équation de la manière la plus simple qui soit, sans heurts, ni morts, le Secrétariat Exécutif National en appelle à la responsabilité de tous les acteurs épris de volonté de changement de politique, d’homme et de système.
En ce qui concerne le dépôt des listes de candidatures, le Secrétariat Exécutif National regrette le maintien du levier anticonstitutionnel d’élimination d'adversaires gênants que constitue le parrainage. Sur ce sujet, le Secrétariat Exécutif National appelle les militants et sympathisants du parti, les partis politiques, les patriotes de tout bord à se mobiliser pour que cette loi d’une autre époque soit définitivement abrogée. Il n’y a que Macky Sall et son néo parti-Etat qui ignorent encore qu’en matière électorale « l’élimination est l’exception » et non la règle.
Dans le même sillage, le Secrétariat Exécutif National suit avec beaucoup d’intérêt la suite qui sera réservée aux listes Wallu-Yewwi à Dakar et considère que l'opposition ne devra faire aucune concession face à la forfaiture qui semble se dessiner.
Pour sa part, LD Debout n’a qu’un seul et unique objectif pour l'heure : bouter dehors ce régime de prédateurs, et dans cette perspective, le parti ne ménagera aucun effort ou sacrifice pour y contribuer.
Aussi, le Secrétariat Exécutif National salue, l’engagement de la jeunesse sénégalaise particulièrement déterminée à en finir avec la gouvernance désastreuse de Macky Sall qui ne lui réserve aucun avenir, l’exhorte à persévérer dans cette voie pour plus de démocratie, de progrès et de justice sociale.
Enfin, pour le Secrétariat Exécutif National de LD Debout, à cette heure, le seul mot d’ordre qui vaille devrait être : "pansons nos plaies, taisons nos divergences, allons au front unis pour qu’au lendemain des élections legislatives du 31 juillet, une ère nouvelle s'ouvre pour notre très cher et beau pays, le Sénégal".
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NOTRE LISTE EST RECEVABLE ET SERA REÇUE
Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, refuse d'abdiquer face au rejet de la liste de candidature de la coalition Yewwi Askan Wi à Dakar pour non respect de la parité. Il s'est longuement épanché sur le sujet ce mardi face à la presse
Quelques heures après la bravade de Barthélémy Dias à la DGE et les explications de Saliou Sarr et de Déthié Fall sur les manquements notés sur la liste de YAW à Dakar, c’était autour d’Ousmane Sonko de décliner sa version et surtout de laver à grande eau Khalifa Sall accusé par certains d’avoir volontairement cherché à nuire politiquement au nouveau maire de Dakar. Il précisera que tout est parti de quiproquo entre leaders quand il s’est agi de procéder au choix des hommes à mettre sur les listes en question. « 70 % des leaders devaient partir dans les départements. Seuls Abdou Karim Fall, Dianté, Babacar Diop et un quatrième sur les 30, ont accepté d’aller dans leurs départements. Tous les autres ont voulu figurer sur la nationale. C’est finalement le doyen Habib Sy qui a proposé que Khalifa Ababacar Sall s’occupe de la confection de celle-ci. Khalifa a accepté non sans réfuter l’idée émise qu’il revienne ensuite montrer sa proposition au reste du groupe. Il précisera qu’il pouvait quand même consulter les autres. Lorsque la liste a été publiée, beaucoup ont été surpris et déçus. Toutes les listes souffriront de contestations. Attendons celles des autres. J’ai fait partie de ceux que Khalifa a consultés. Je lui ai même dit que tel leader ne devait pas figurer sur la liste pour avoir choisi lors des locales de partir sur une autre bannière. Nous avons perdu beaucoup de départements lors des élections locales parce que nous avons voulu faire des équilibres alors que les candidats choisis ne faisaient pas l’unanimité chez eux. Nos partis sont en train de se fissurer, présentement. J’ai été surpris de ne pas voir Dame Mbodj sur la liste. Chaque leader a le devoir de savoir raison garder ».
Ousmane Sonko de poursuivre son discours. « Si c’est moi qui avais fait les investitures, il y aurait forcément eu contestations. Lorsque j’ai entendu qu’il y’avait problème sur la liste de Dakar, je n’en croyais pas mes oreilles. Il était prévu de donner à Wallu 1 place et à et Yaw 6 sur les 07 disponibles. Wallu a voulu proposer un homme. J’ai entendu des gens dire que Khalifa a voulu piéger Barth. Ce n’est pas vrai. J’ai dit à Khaf de sortir Palla ou Babacar Mbengue et de le remplacer par une fille. Khaf a appelé Barth et Barth a expliqué ses préoccupations. J’ai demandé d’organiser la conférence par téléphone. Et c’est alors que j’ai dit à Barthélémy qu’il fallait rapidement qu’on choisisse une femme et que ce que je venais de lui dire était une décision et non une consultation. Il a accepté puisque lui ne fait pas partie de leaders. »
Fort de ce qui précède, Ousmane Sonko estimera que sa décision n’a pas été tout de suite appliquée mais que l’ancien maire de Dakar cherchait juste à tout faire dans le consensus pour éviter des frustrations. « Il n'y a aucun complot. Macky n’a acheté personne. Khalifa a juste tardé à prendre une décision. Il n’y a pas de problème entre Khalifa et Barth. Il y a de la négligence humaine. Tout ce procès qu’on fait à Khalifa Sall, c'est faux. Il n’a pas vendu la liste... »
JOE BIDEN DÉNONCE LE POISON DU SUPRÉMACISME BLANC
Le président américain a dénoncé avec véhémence mardi le "poison" du suprémacisme blanc et ceux qui contribuent à le répandre, après une tuerie raciste qui a fait dix victimes samedi à Buffalo
Joe Biden a dénoncé avec véhémence mardi le "poison" du suprémacisme blanc et ceux qui contribuent à le répandre, après une tuerie raciste qui a fait dix victimes samedi à Buffalo (nord-est).
Dans cette ville de l'état de New York, où un jeune homme adepte de théories complotistes telles que celle du "grand remplacement" a commis un massacre au fusil d'assaut samedi, le président américain a parlé d'un acte de "terrorisme".
Evoquant cette thèse raciste du "grand remplacement", Joe Biden, très ému, très solennel, a asséné: "J'appelle tous les Américains à rejeter ce mensonge et je condamne tous ceux qui le répandent pour gagner du pouvoir, des voix, de l'argent".
"Ceux qui prétendent aimer l'Amérique ont donné trop de combustible à la haine et à la peur", a encore lancé le démocrate de 79 ans, sans toutefois mentionner de noms ou d'affiliation partisane.
"Ce venin, cette violence ne peuvent pas être l'histoire de notre époque", a-t-il plaidé, alors que les Etats-Unis ont connu ces dernières années plusieurs tueries visant des Afro-Américains, des Juifs, des personnes d'origine latino-américaine.
Fraises et gâteau d'anniversaire
Joe Biden avait entamé son discours avec des mots de réconfort pour les familles: "le temps viendra" où le souvenir des disparus "mettra un sourire sur vos lèvres avant de faire monter les larmes à vos yeux", a promis ce président dont la vie a été émaillée de drames familiaux.
Il a énuméré les noms, rappelé qu'une victime avait été fauchée alors qu'elle achetait "des fraises pour faire sa pâtisserie préférée", qu'une autre voulait des friandises "pour une soirée cinéma en famille", qu'un papa avait été tué alors qu'il venait chercher "un gâteau d'anniversaire" pour son petit garçon.
Le président américain s'est attaché à raconter brièvement des vies mises au service d'une communauté et de familles, mentionnant une vieille dame qui allait chaque jour s'occuper de son mari résidant dans une maison de retraite, ou un gardien du supermarché ayant tenté en vain d'arrêter le tueur.
Auparavant, le président américain et son épouse Jill Biden s'étaient arrêtés auprès d'un mémorial improvisé, sur les lieux de la tuerie.
Sous un soleil éblouissant, ils se sont avancés vers des bouquets, des mots et des bougies posés au pied d'un arbre, dans un silence troublé seulement par le souffle du vent et le cliquetis des appareils photo.
Jill Biden a déposé une brassée de fleurs blanches. Joe Biden, après avoir retiré ses lunettes de soleil, s'est signé.
Le président a une nouvelle fois appelé mardi à réguler les armes à feu: "Je ne suis pas naïf. Je sais que la tragédie se reproduira (...) Mais il y a des choses que nous pouvons faire. Nous pouvons bannir les armes d'assaut de nos rues".
Le démocrate demande depuis longtemps au Congrès d'interdire les armes d'assaut - comme celle utilisée dimanche. C'est ce qu'avait fait la Nouvelle-Zélande après la tuerie raciste contre des mosquées de Christchurch en 2019, un massacre dont s'est d'ailleurs inspiré le meurtrier présumé de Buffalo, Payton Gendron, 18 ans.
Mais Joe Biden a toujours buté jusqu'ici sur une opposition républicaine hostile à toute espèce de régulation.
200 fusillades de masse
L'organisation Gun Violence Archive décompte déjà cette année plus de 200 "fusillades à nombreuses victimes" aux Etats-Unis, au cours desquelles quatre personnes au moins ont été blessées ou tuées.
Dont celle perpétrée samedi par ce jeune homme blanc, Payton Gendron, qui avant le massacre s'est revendiqué "fasciste", "raciste" et "antisémite" dans un manifeste de 180 pages.
Joe Biden a encore rappelé mardi qu'il avait décidé de se lancer dans la course à la Maison Blanche parce qu'il n'avait pas supporté de voir l'ultra-droite parader en août 2017 à Charlottesville (Virginie, sud).
Mais depuis son élection, il n'a pu que constater son impuissance à apaiser, comme il l'avait promis, une Amérique minée par la haine raciale et ensanglantée par la violence par arme à feu.
Contraint par sa trop mince majorité parlementaire, confronté à des Etats conservateurs dotés de prérogatives étendues, limité par une Cour suprême désormais fermement ancrée à droite, Joe Biden a dû se contenter d'agir à la marge, par exemple en prenant des décrets sur des limitations marginales des armes à feu.
JAMMI GOX YI PARTICIPERA AUX ÉLECTIONS LÉGISLATIVES D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE
Après avoir pris part aux dernières élections locales, la coalition Jammi Gox Yi (la paix des territoires) voulait participer aux élections législatives du 31 juillet 2022. Mais, elle a été recalée pour deux motifs
Après avoir pris part aux dernières élections locales, la coalition Jammi Gox Yi (la paix des territoires) voulait participer aux élections législatives du 31 juillet 2022. Mais, elle a été recalée pour deux motifs. Le rejet de 17.000 parrains et pour autre motif. C’est ainsi qu’ils ont fait face à la presse pour contester la décision de la direction générale des élections. A les croire, la coalition Jammi Gox Yi va bel et bien prendre part aux prochaines élections législatives. « Nous estimons que la liste de notre coalition devait être retenue. Parce que nous avons fait correctement tout ce que la loi nous a demandé », a dit Lamine Fofana, étudiant et membre de la coalition. Selon lui, ils attendent toujours les motifs du rejet de leurs parrainages mais en vain. « Vous savez qu’il n’y a aucun motif valable pour nous empêcher de prendre part à ces élections. Nous voulons la paix et nous demandons la validation de notre liste », a-t-il insisté.
Ndèye Fatou, prenant la parole au nom des femmes, a donné les raisons pour lesquelles leur coalition doit participer aux élections. « Nous avons des postes de députés à prendre pour dénoncer cette insécurité dans nos quartiers et défendre les intérêts des sénégalais. Si leurs machines ont fait des erreurs ils n’ont qu’à régler ça et nous laisser passer. On doit revoir la situation des femmes. Tout doit changer dans notre pays », a dit la parte parole des femmes. Dr Niang, pour sa part, a embauché la même trompette en indiquant que les députés ont beaucoup à dire devant l’Assemblée nationale. « Nous ne sommes pas là pour critiquer. J’ai 35 ans d’expérience et si vous voulez que les choses dans les hôpitaux je suis là pour porter le combat », a-t-il soutenu.
Toutefois, la coalition Jammi Gox Yi compte faire le tour du pays pour battre campagne parce que ses membres demeurent convaincu qu’ils vont prendre part à ces élections. « Le président Macky Sall et son gouvernement ne doivent pas choisir leurs adversaires. Ils sont conscients que nous allons gagner plusieurs départements c’est la raison pour laquelle ils nous ont recalé », ont-ils dénoncé.
Fadel Baro, tête de liste nationale de ladite coalition, informe que leur mandataire national, Massiré Diémé a été appelé à la direction des élections. C’est pour qu’on lui explique les raisons pour lesquelles leur liste a été recalée. « Tout le monde sait que le parrainage est un filtre. C’est la raison pour laquelle la Cedeao a demandé de retirer le parrainage. Mais le président en exercice de l’Uemoa, Macky Sall, n’a pas voulu respecter cette décision. On s’est bien préparé pour ces élections. La preuve ? Ils nous ont dit qu’on leur a fait gagner du temps tellement que le dossier était bien fait », a-t-il dit. Selon lui, leur coalition participera d’une manière ou d’une autre aux prochaines élections législatives. Ce, pour lutter contre les inégalités sociales, pour l’égalité des chances et pour l’État de droit.
GANA GUEYE EN VOUDRAIT AU PSG APRÈS SON FORFAIT POLÉMIQUE
Selon L’Equipe et Le Parisien, le milieu de terrain sénégalais regretterait la communication de son club au sujet de son forfait polémique à Montpellier (0-4), lors de la journée de lutte contre l’homophobie
Le forfait d’Idrissa Gueye samedi lors de Montpellier-PSG (0-4) n’en finit pas de susciter la polémique. Le joueur a renoncé à disputer la rencontre afin de ne pas porter le maillot au flocage arc-en-ciel pour lutter contre l’homophobie. Sa décision toucherait aux convictions religieuses du joueur de 32 ans. La saison dernière, il avait également déclaré forfait lors de cette journée, comme Abdou Diallo, pour une gastro-entérite. Cette fois, Mauricio Pochettino a entretenu le doute sur les raisons de son absence en confiant à la presse que son joueur n’était pas blessé.
Le joueur estimerait que la communication du club l’a exposé
"Idrissa a effectué le voyage à Montpellier, mais pour des raisons personnelles il a dû sortir de la feuille de match, avait confié l’entraîneur parisien à l’issue de la rencontre. Mais il n’était pas blessé." Face à l’ampleur prise par la polémique, le PSG a communiqué lundi en évoquant "une décision individuelle" de l’international sénégalais. Cette communication ne plairait pas au joueur qui, selon lui, l’a exposé, selon L’Equipe. L’ancien milieu d’Everton avait déjà peu goûté la diffusion sur les médias du club de la semelle involontaire infligée à Kylian Mbappé peu de temps avant le quart de finale retour de la Ligue des champions face au Real Madrid. Il avait alors été la cible de nombreux messages de haine.
Le pétrole attire. La ressource fait l’objet de savants calculs (de coûts et de prix) au gré d’un marché fluctuant. Le baril s’échange à 120 dollars sur les principales places de rating. Deux ans plus tôt, le même baril valait moitié moins.
Le pétrole attire. La ressource fait l’objet de savants calculs (de coûts et de prix) au gré d’un marché fluctuant. Le baril s’échange à 120 dollars sur les principales places de rating. Deux ans plus tôt, le même baril valait moitié moins. Dans les vingt plus grands marchés, l’énergie fossile n’a plus la cote. Son horizon s’assombrit à mesure que prospère l’énergie propre.
La conversion amorcée décourage-t-elle pour autant les futurs producteurs de l’or noir douchés par cette inversion de perspective annoncée ? Rien n’est moins sûr. En revanche, ce qui se perçoit comme une probable rectification de trajectoire économique traduit une sourde volonté de freiner un autre élan d’émergence sur un autre théâtre d’opérations.
Habitués au vertige et soudain pris de panique, les Occidentaux vivent mal l’époque présente qui leur échappe progressivement. Ils sont à la traîne face à d’autres régions du monde en expansion. Ils tiennent tant à l’indépendance et à la prospérité qu’ils les considèrent comme des acquis exclusifs du monde libre.
Peu importe que le prix du pétrole ou du gaz augmente ou baisse en valeur absolue, l’essentiel pour eux c’est d’avoir un accès facile à ces matières, d’en contrôler les prix, de fixer les quotas et de réguler le marché au gré des variations conjoncturelles. Pourvu simplement que rien ne vienne perturber ou compromettre leurs sources d’approvisionnement.
Par ailleurs, ils ne supportent guère que d’autres qu’eux-mêmes légifèrent ou participent à la gouvernance mondiale. Instruits par l’expérience vécue avec l’OPEP des décennies durant, ils redoutent que l’élargissement de la base de richesses par l’accroissement de revenus ne débouche sur un rééquilibrage des enjeux géostratégiques aux contours toujours mal définis.
N’avait-on pas en son temps prêté à l’OPEP, devenue incontournable, l’intention d’ébaucher un nouvel ordre économique mondial ? L’alors puissant ministre saoudien du pétrole, Cheikh Zaki Yamani n’excluait pas de contraindre l’Occident à transférer 25 % de son parc industriel vers les pays du tiers-monde. Le pétrole est une arme.
Les pays qui détiennent la ressource, sans les moyens de le valoriser, souffrent en secret, ballotés entre plusieurs hypothèses sur fond de surenchères entretenues pour maintenir la volatilité des rendements au sein de la solide organisation supranationale.
Ce même Occident, et particulièrement l’Europe dont la France, l’Angleterre et l’Allemagne, incitait les pays producteurs à gaspiller leurs stratégiques ressources pour le bien-être de sa population aisée. Le pétrole c’est du bruit et des fureurs aussi. Cet univers clos, si singulier, s’accommode mal d’un plafond de verre et oscille entre « opacité » et « désinformation ». Transparence, connait pas !
Quand on voit aujourd’hui une palanquée d’ONG revendiquer une gestion raisonnée des matières premières convoitées à l’échelle du monde, on se demande si elles n’oublient pas que l’autre nom du pétrole c’est « or noir ». Qui ne brille ni ne luit. C’est plutôt la boue et la gadoue. Malgré ces exécrables conditions d’extraction, le pétrole reste un enjeu de pouvoir.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la scène politique sénégalaise truffée d’acteurs loufoques, absurdes et cyniques, qui se prennent, hélas, très au sérieux dans le débat sur les hydrocarbures. L’exacerbation de l’adversité politique qui s’observe en moment ne s’explique autrement que par l’appétit qu’aiguisent les produits pétroliers, objets de toutes les convoitises, des plus saines aux plus obscènes.
Dans un an le gaz et le pétrole seront disponibles au Sénégal, selon des prévisions optimistes. Quels scénarios pour des simulations de débouchés, d’achats et de vente de ces produits érigés au rang de « classe mondiale » ? Il n’échappe à personne que l’objectif de vente des ressources attendues présuppose l’existence d’un marché économique réel.
Soyons attentifs aux jeux concurrentiels auxquels vont se livrer prochainement producteurs, raffineurs et dans une moindre mesure distributeurs. L’âpreté de la concurrence engendre (le plus souvent) des surproductions qui saturent un marché incapable, prime à bord, d’absorber les quantités disponibles. Celles-ci agissent sur les prix qui glissent tantôt à la hausse quand la production est ajustée ou tantôt à la baisse en cas d’abondance.
Une intense rivalité n’est pas à exclure si, en amont, le Sénégal ne modifie pas en substance sa politique économique en lui imprimant davantage de rigueur. Car les calculs, voilà le jeu favori des pétroliers. Que nous coûte l’exploitation du pétrole rapportée aux gains qu’elle procure ? A quel prix faudra-t-il préserver l’environnement en sachant que la ressource est épuisable et substituable à la fois.
La fragilité de la planète provient pour partie de la gravissime frénésie de consommation de biens qui se raréfient à un rythme plus qu’inquiétant. Sur le triangle Thiès-Mbour-Dakar, s’étendent à perte de vue des agglomérations. Sur l‘axe Dakar-Saint-Louis par le littoral, s’agrègent des cités.
Ces cartes postales inédites préfigurent les villes de demain bâties de manière hâtive et agressive sans souci d’intégration de l’écologie dans un futur qui se dessine déjà. Des terrains « achetés au prix du désert et revendus au prix de l’oasis » transforment cette exubérante zone des Niayes en un gigantesque amas de ciment, de fer et de béton. Danger.
La différence doit s‘opérer dans la conjugaison des intelligences collectives pour tirer profit de nos ressources, prélever des quotes-parts réservées aux générations de demain et moins heurter l’environnement, parce qu’en la préservant l’homme se sauve.
A-t-on assisté cette semaine à une prémonitoire anticipation sur les marchés financiers internationaux ?
Leur rôle accru coïncide avec l’essor des services de notation. Non seulement le marché des capitaux se décloisonne mais il se globalise en même temps. Or l’intégration rime avec la suppression des entraves pour rendre effectifs les mouvements de capitaux et la disponibilité des liquidités à flux intense.
De nombreuses monnaies se créent mais ne deviennent pas encore des devises (réserves). Les investisseurs adoptent de nouvelles attitudes. Certaines grandes banques ajoutent à leur cœur de métier de nouvelles vocations centrées sur des demandes de liquidités alors qu’elles étaient fournisseurs de capitaux pour le marché financier. En un quart de tour les ondes de chocs se transmettent d’une zone à une autres.
Sous ce rapport, le Sénégal entre dans le cercle des économies interdépendantes, une réalité du monde des affaires dans lequel foisonnent de nouveaux produits assujettis à de complexes transactions pétrolières, financières et à très hauts risques.
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
DADIÉ, L’ÉCRIVAIN QUI JAMAIS N’ACCEPTA LE DIKTAT DE LA FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour lui, si le Blanc refuse la liberté et la sécurité au Noir, c’est parce que, "dans le bureau où je travaille avec d’autres Africains, beaucoup d’Européens viennent, regardent, puis repartent déçus, disant : Il n’y a personne"
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 17/05/2022
“Le travail et, après le travail, l’indépendance, mon enfant. N’être à la charge de personne, telle doit être la devise de votre génération. Et il faut toujours fuir l’homme qui n’aime pas le travail.” Lorsque Bernard Binlin Dadié alias Climbié entendait ces paroles de l’oncle N’Dabian dans le roman éponyme, il était loin d’imaginer qu’il aurait à mener un jour, avec d’autres, le combat pour l’indépendance de son pays.
Nous sommes dans les années 1920 et Dadié n’a que 4 ans. La Côte d’Ivoire et d’autres pays de l’Afrique francophone subissent les affres de la colonisation. Gabriel Angoulvant, Jean-Baptiste Chaudié, Pierre Savorgnan de Brazza et d’autres gouverneurs français règnent en maîtres absolus sur les populations africaines. Que ce soit à Grand-Bassam pendant ses études primaires ou à l’École normale William Ponty de Gorée (Sénégal), là où étaient formés les futurs cadres de l’Afrique occidentale française, le jeune Dadié se heurte vite au complexe de supériorité du Blanc. Il ne comprend pas que ce dernier veuille remplacer la culture africaine par la culture occidentale.
À l’Institut fondamental d’Afrique noire de Dakar qui l’emploie comme bibliothécaire-archiviste pendant dix ans (1937-1947), il est confronté au même mépris. Pire encore, il est témoin du massacre des tirailleurs africains au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944. 70 anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale sont tués ce jour-là par des gendarmes français. Leur crime ? Avoir osé réclamer le paiement de leur solde. De retour dans son pays, Bernard Dadié milite dans le Rassemblement démocratique africain (RDA) de Félix Houphouët-Boigny. Malheureusement, il est incarcéré en 1949.
Pendant seize mois, il séjourne dans la prison de Grand-Bassam en même temps que Mathieu Ekra, Jean Baptiste Mockey, Ladji Sidibé, Alloh Jérôme, Jacob William, Albert Paraiso, Philippe Viera, Bakary Diabaté. En prison, il note tout ce qui lui vient en tête dans un journal qui sera publié en 1981 sous le titre ‘Carnets de prison’ dont un extrait dit ceci : “Une voix partie d’une force homicide, dit : tuez-les, comme cela le monde sera libre. Tuez-les, comme cela nous pourrons digérer en paix.”
Pourquoi Dadié fut-il emprisonné ? Parce qu’il avait dénoncé l’exploitation dont les paysans ivoiriens étaient victimes, parce qu’il avait protesté, dans ses écrits, contre le café, le cacao et la cola achetés à un prix dérisoire par le colon. Celui-ci estimait, pour sa part, que Dadié était un antifrançais, qu’il s’était retourné contre la France qui l’avait formé, qu’il semait le désordre, qu’il poussait les indigènes à la révolte, bref que ses articles et discours “avaient excité les paisibles paysans qui maintenant refusaient de vendre leurs produits”. Le natif d’Assinie a beau ne pas avoir droit, dans cette prison, “au lit, au couvert, au repas venu de l’hôtel mais à la natte, à la vieille gamelle rouillée et sale, au repas infect cuit dans un fût d’essence au coucher de dix-sept heures”, il croit dur comme fer qu’on “ne peut l’empêcher de penser ce qu’il pense, de penser que l’homme a droit à un minimum de bien-être, un minimum de liberté, de sécurité, sans lequel il ne pourra jamais s’épanouir”. Pour lui, si le Blanc refuse la liberté et la sécurité au Noir, c’est parce que, “dans le bureau où je travaille avec d’autres Africains, beaucoup d’Européens viennent, regardent, tournent, se retournent, puis repartent déçus, disant : Il n’y a personne”.
C’est un des passages que j’aime beaucoup dans le récit autobiographique ‘Climbié’ (Ed. Seghers, 1956). Pourquoi ? Parce que l’Occident, à mon avis, continue de penser qu’il n’y a personne en Afrique. Car comment comprendre qu’il se comporte régulièrement en Afrique comme bon lui semble sans que nous ne réagissions comme Israël sait si bien le faire quand il est attaqué ? Notre passivité, notre tendance à nous résigner facilement et notre manie de nous défausser au moyen de formules aussi stupides que “à Dieu la vengeance et la rétribution” ne le confortent-elles pas dans l’idée qu’il n’y a personne en Afrique et que, quoi qu’il fasse contre les Africains, il n’y aura aucune sanction contre lui ?
Le 26 juillet 2007, à Dakar, Sarkozy nous insulta en déclarant ex cathedra que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire et il n’y eut personne dans la salle de l’université Cheikh Anta Diop pour le contredire, séance tenante. En 2011, Mouammar Kadhafi fut abattu comme un chien dans un pays détruit par les bombes de l’OTAN et il n’y eut personne pour riposter. L’armée française commit des massacres en Côte d’Ivoire en 2004, puis en 2011 mais il n’y eut personne pour porter plainte contre elle. Le Togolais Sylvanus Olympio fut assassiné le 13 janvier 1963, parce qu’il voulait sortir du franc CFA, le Malien Modibo Keïta qui prônait le non-alignement à l’extérieur et un modèle de développement socialiste sur le plan local fut renversé le 19 novembre 1968, le Burkinabè Thomas Sankara perdit la vie dans un coup d’État le 15 octobre 1987, parce qu’il refusait de faire allégeance aux gouvernants français et il n’y eut personne pour se battre pour que justice leur soit rendue. Si Dadié était encore en vie, il remercierait et féliciterait les autorités judiciaires maliennes d’avoir convoqué à Bamako Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de la France, pour atteinte aux biens publics.
C’est en 1960 que la Côte d’Ivoire devint “indépendante”. 17 ans plus tard, Dadié est nommé ministre de la Culture. Il occupe cette fonction pendant 9 ans. Son départ du gouvernement est un soulagement pour lui. Il faut dire que, après le désapparentement du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avec le parti communiste français en octobre 1950 et la décision prise par ce parti de travailler désormais avec l’administration coloniale, Houphouët avait perdu l’estime de Dadié. C’est la raison pour laquelle Dadié affirmait être “ni houphouétiste ni anti-houphouétiste mais RDA”.
Dans ses nouvelles, contes, romans, poèmes, pièces de théâtre ou chroniques, Bernard Dadié a toujours milité pour l’indépendance et la souveraineté de l’Afrique, fustigé cette “France qui dit bien la voie droite et chemine par les chemins obliques” (Léopold Sédar Senghor dans ‘Hosties noires’, Seuil, 1948), plaidé pour que personne ne décide à la place des peuples noirs car la Seconde Guerre mondiale a révélé que “l’Européen, tout comme l’Africain, est un homme qui peut souffrir, avoir faim, soif, un homme constamment à la recherche de la sécurité” (cf. Climbié’). Défenseur de la culture africaine, Bernard Dadié reçoit en 2016, des mains de la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, le premier prix Jaime Torres Bodet. Il obtient à deux reprises le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour ‘Patron de New York’ (1965) et ‘La ville où nul ne meurt’ (1968).
Au début des années 2000, la cible de Dadié n’est plus le colonialisme mais le néocolonialisme, que Kwame Nkrumah présente comme “le dernier stade de l’impérialisme”. Lorsque la Côte d’Ivoire est attaquée et divisée en deux dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 par une horde de voyous et de renégats soutenus par Paris, Bernard Dadié ne tarde pas à prendre position pour la République et ceux qui l’incarnent. C’est logiquement donc qu’il est choisi pour présider le Congrès national de résistance pour la démocratie (CNRD). Malgré son grand âge, l’écrivain publie des articles pour appeler le peuple à la résistance. Le 16 juin 2016, avec l’ancien Premier ministre togolais, Joseph Kokou Koffigoh, il lance une pétition pour la libération de Laurent Gbagbo déporté à La Haye, le 29 novembre 2011. En six mois, la pétition récolte plus de 26 millions de signatures.
Hommage est rendu à ce grand résistant en septembre 2010 devant plusieurs personnalités du monde de la culture et de la politique parmi lesquelles Émile Derlin Zinsou, ancien président du Bénin, Seydou Badian, Cheikh Hamidou Kane et Christiane Yandé Diop, la veuve d’Alioune Diop. Il s’agissait d’honorer et de célébrer un homme qui jamais n’accepta de subir le diktat de la France, un homme qui en 1956 déjà écrivait ceci : “Contact des Blancs et des Nègres, la guerre ! Toujours la force. Arracher au faible sa bouchée de pain, l’asservir puis, sur les hécatombes, danser de joie, crier sa victoire. Voilà ce qu’on appelle asseoir la Civilisation, le Droit, la Liberté. À ceux qui acceptent l’état de fait, on donne tout. À ceux qui refusent la sujétion, parlent de droit, on donne l’exil, la prison, la mort.” (cf. ‘Climbié’).
À 84 ans, l'économiste reste hyper actif, continuant à produire des ouvrages, à animer des débats et à multiplier les conférences à l’échelle sous-régionale. Il colle bien à sa réputation d’universitaire généreux
À 84 ans, le Professeur Moustapha Kassé reste hyper actif, continuant à produire des ouvrages, à animer des débats et à multiplier les conférences à l’échelle sous-régionale. Il colle bien à sa réputation d’universitaire généreux dans le partage du savoir.
C’est à l’École de Dakar, tout près de la paroisse universitaire, que le Professeur Moustapha Kassé nous reçoit. Dans son bureau personnalisé, des meubles marron-beige, quelques objets surannés, des placards remplis d’ouvrages et de belles photos partout, celles de sa défunte épouse, Aïssatou Saré, font le décor. « La chance de ma vie a été d’avoir épousé cette dame », lance le Professeur, posant un triste regard sur l’un des multiples portraits fixés sur les murs. « L’excellente épouse en tout » est décédée le 6 mai 2017. Une disparition qui a terriblement bouleversé l’économiste. « Je suis là. Je fais comme tout le monde, mais en réalité, je ne suis plus moi-même ». Pas un seul jour qui passe sans que Doyen Kassé ne pense à la mère de ses enfants. Et quand la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) a officialisé l’hommage qu’elle veut lui rendre, les premières pensées du Professeur Kassé sont allées à la défunte professeur de Lettres. Sans surprise. «Elle aurait aimé être à mes côtés pour vivre ensemble ce bonheur, mais Dieu l’a voulu autrement. Ainsi va la vie. Je l’accepte », soutient, d’une voix émue, le Professeur Kassé qui nous accueille, pieds nus, un essai entre les mains, toujours immergé dans l’émotion. Cependant, en bon pédagogue, l’agrégé a réussi à calmer ses angoisses, recréant vite une ambiance gaie et conviviale et se montrant prêt à échanger et à partager. Complète et belle métamorphose ! Mais, quel privilège d’avoir en face un Professeur de cette envergure, qui manipule, comme peu savent le faire, formules et concepts, tutoyant les disciplines, livrant des commentaires, assumant des convictions et dégageant des perspectives ! Tout cela avec aisance et rigueur. « Je suis un manipulateur d’idées », répond-il aux détracteurs qui l’accusent d’avoir flirté avec Senghor, soutenu Abdou Diouf et conseillé Abdoulaye Wade. Sa ligne de conduite : chercher et mettre les résultats de ses recherches au service des gouvernants. « Je ne vois pas Senghor, Diouf et Wade. Je vois le Président du Sénégal qui est élu pour satisfaire les préoccupations des Sénégalais », argue le Doyen honoraire de la Faseg, riche de sa vaste culture dans plusieurs domaines : macro et microéconomie, comptabilité et croissance. Des connaissances et une ouverture d’esprit qui ont fait de l’économiste ce qu’il est aujourd’hui : un universitaire adulé et respecté par la communauté scientifique, qui ne recule devant rien surtout s’il estime avoir raison. Au début des années 2000, quand le Professeur Kassé a voulu lancer l’Institut de formation en administration et création d’entreprise (Iface), critiques et insultes ont fusé de partout. « Tout a été dit sur les murs et les tableaux d’affichage. J’ai foncé et aujourd’hui, l’Iface est une fierté nationale », se réjouit l’universitaire également membre fondateur du Programme de troisième cycle interuniversitaire (Ptci), autre innovation qui renforce sa fierté.
Cursus extrêmement perturbé
Moustapha Kassé voit le jour en 1938 dans un petit village, Kassé Khelcom, près de Thilmakha Mbackol, dans le département de Kébémer. Son Papa, Mamadou, était commerçant. Sa maman, Fatou Diongue, ménagère. Au lendemain du décès de son grand-père, en 1942, la famille quitte le Cayor pour venir s’installer dans le Sénégal oriental, plus précisément à Nguidiwol, juste après Kothiary. Sur place, le papa s’investit dans le commerce et devient tablier. Son activité se développe rapidement, le poussant à aménager à Tambacounda. Pour le jeune Kassé, c’est aussi une chance pour démarrer un cursus scolaire. Il entre ainsi à l’École régionale de Tambacounda qui dépendait de l’Académie de Kaolack. Après un passage brillant à l’entrée en sixième (1er de l’Académie), le collégien est orienté à l’École des fils de Chefs de Saint-Louis, actuelle école Khayar Mbengue, où il obtient le Brevet et intègre le Lycée Faidherbe. Commencent alors les problèmes. Le lycéen, déjà influencé par le Parti africain de l’indépendance (Pai), est soupçonné d’appartenir à un groupe de perturbateurs. Avec feu Amath Dansoko, du Pit (Parti de l’indépendance et du travail), et d’autres élèves, Kassé est renvoyé du lycée. Et partout où il est réorienté, les Proviseurs refusent de le prendre. Celui de Vanvo (actuel Lamine Guèye), lui dit clairement qu’il ne reçoit pas un communiste qui pourrait contaminer ses élèves. Les mêmes réserves sont brandies par le Proviseur du lycée Malick Sy de Thiès qui venait juste d’ouvrir ses portes. « Personne ne voulait me prendre. J’étais dans une angoisse terrible », se souvient le Professeur Kassé qui a finalement été accepté à Lamine Guèye sur instruction du Ministre de l’Éducation nationale.
Le jeune communiste se calme. Le temps de décrocher son baccalauréat S qui lui ouvre les portes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il est admis à la Faculté de Médecine. Toutefois, Moustapha Kassé est vite rattrapé par son passé de gréviste perturbateur.
À l’origine de sa nouvelle désillusion, des tracts trouvés dans la cour. L’étudiant est convoqué dans le bureau du Doyen qui lui lance les propos suivants : « Ici, on fait des études longues. On n’a pas le temps de rédiger des tracts. Allez-vous inscrire ailleurs ». Contraint de quitter la Fac de Médecine, l’étudiant banni trouve place à la Faculté de Droit et des Sciences économiques où il a été renvoyé pour une énième fois, toujours pour les mêmes motifs. « Je trouve finalement une bourse pour aller à Alger où j’ai obtenu une Maitrise en Sciences économiques avant de revenir à Dakar pour soutenir un Dess et un Doctorat », confie le Professeur Kassé qui aime rappeler ce parcours tumultueux qui a forgé son caractère de militant engagé contre l’arbitraire et l’injustice. « Je ne peux tolérer certains déséquilibres ; voilà ce qui explique mon attachement aux idées de gauche », dit l’économiste qui, à 84 ans, continue de sillonner la sous-région (Brazzaville, Abidjan, Niamey), avec toujours le même bonheur : celui d’animer des débats et des conférences. Et quand monsieur Kassé est à Dakar, il assiste parfois aux « Mardis de l’Université », s’adonne à la marche où vit ses deux autres passions : l’écriture et la lecture. Tout cela, en n’arrêtant jamais de penser à la mort. « Le pire ennemi de l’homme, c’est le temps. Oui, je pense tout le temps à la mort. Je me dis qu’elle est proche, et je rends grâce à Dieu ».