Baadoolo - Fin de la période grasse
L’heure des ambitions. Amadou Ba annonce une «Nouvelle responsabilité». Il est donc question de prendre ses responsabilités pour cette longue liste des candidats défaits en mars. Petit à petit donc, les oiseaux (re)font leurs nids. De toute façon, à mesure que les élections approcheront, que les erreurs politiques se multiplieront, les ambitions vont éclore. Certains voleront de leurs propres ailes. En attendant, les autres oppositions qui hésitent à mettre fin à la grâce, bien grasse, de Diomaye et Sonko.
Cambriolage à Médina Baye Un des assaillants tué, un policier blessé
Un point de dépôt Wave a été cambriolé à la cité Baye Niass, sise à Médina Baye, dans la nuit du samedi 22 à dimanche 23 juin 2024, selon les informations de Barham Universel Media. Des individus non encore identifiés ont fait irruption dans ce commerce, après avoir volé dans un premier temps un véhicule. Seulement, sur les lieux, ils ont dû faire face aux jeunes du quartier mais aussi à des éléments de la police qui faisaient la ronde. Après de vives altercations, deux d’entre eux sont tombés entre les mains des limiers et un policier a été blessé. Ce dernier a d’ailleurs été évacué à l’hôpital régional El Hadji Ibrahima Niass de Kaolack. A noter également que l’un des assaillants blessés lors des échanges a succombé à ses blessures à l’hôpital, tandis que le second malfrat est entre les mains des enquêteurs du commissariat central de Kaolack. Les autres membres de la bande en fuite sont recherchés par la police.
Réponse à la baisse du prix du pain Les meuniers suspendent la production de farine
La baisse du prix du pain, qui doit entrer en vigueur ce lundi, risque d’être compromise. Les meuniers ont, en effet, décidé de suspendre la production de farine, selon un communiqué repris par Seneweb. Une réaction à la décision du Conseil national de la consommation du 21 juin 2024 de réduire le prix de la farine boulangère de 19 200 à 15 200 F CFA. L’Association des meuniers industriels du Sénégal informe que cet arrêt provisoire est motivé par la hausse continue des coûts du blé et «l’absence» de clarté sur les modalités de compensation financière. Elle dénonce une pression insoutenable sur leur viabilité économique et appellent à une réponse urgente des autorités pour éviter une crise de la filière.
Législatives en France - Samira Djouadi en campagne à Dakar
Les Français iront aux urnes le 30 juin pour le premier tour des élections législatives. Et c’est une élection décisive d’autant plus que l’extrême droite pourrait contrôler l’Assemblée nationale. C’est dans ce cadre que l’unique candidate du Mouvement Ensemble pour la République (majorité sortante) dans la 9ème circonscription représentant les Français établis au Maghreb et en Afrique de l’ouest, a fait face à la presse, samedi, à Dakar, rapporte l’Aps. Samira Djouadi a souligné la nécessité de «renforcer ce partenariat entre le Sénégal et la France pour que les entrepreneurs puissent entreprendre à Dakar et dans les autres villes d’une manière sereine». Elle a indiqué qu’au Sénégal, «contrairement aux autres pays de la 9ème circonscription, 60% des Français sont des binationaux». En présence de sa suppléante Léa Diani, Mme Djouadj a déclaré : «Des entrepreneurs sont venus s’installer (au Sénégal) parce que pour eux revenir dans le pays d’origine de leurs parents était très important. Ils viennent pour apporter l’expertise et pour faire de la co-construction avec des Sénégalais nés en France.»
Lettre aux medias La famille de Me Sèye réclame une censure de Clédor Sène
C’est par les traits d’un «meurtrier et maitre chanteur» que des membres de la famille de Me Babacar Sèye, assassiné en 1993, ont peint l’activiste Clédor Sène pour demander aux médias de ne plus l’inviter sur les plateaux. «Nous vous écrivons pour exprimer notre profonde préoccupation et notre vive objection concernant les apparitions continues de l’individu Clédor Sène, meurtrier condamné de notre père, l’ancien Vice-président du Conseil constitutionnel, le juge Babacar Sèye, dans vos programmes télévisés», se sont-ils indignés. En tant que famille de la victime, les auteurs de la missive disent trouver «profondément troublant qu’une personne condamnée pour un crime aussi odieux soit invitée à s’exprimer à la télévision en expert ou influenceur» pour «rouvrir de vieilles blessures» nées de la perte d’un être cher. «Les apparitions fréquentes de Clédor Sène sur vos réseaux ont un impact affligeant sur notre famille. Chaque diffusion sert de rappel douloureux de la tragédie que nous avons endurée, exacerbant notre chagrin et entravant notre processus de guérison», ont signé Gnagna Diouf Sèye et sa fratrie.
Le retour du covid confirmé 20% à 60% de cas positifs au coronavirus chez les pèlerins
C’est officiel ! Le Covid refait surface et il a pris l’avion. Le médecin chef du service contrôle sanitaire aux frontières aériennes de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) a indiqué dimanche, à l’Aps, qu’un taux variant entre 20% et 60% de positivité au coronavirus, a été diagnostiqué chez les pèlerins de retour des lieux saints de l’Islam en fonction des vols. «J’invite donc, les pèlerins qui vont quitter Djedah en Arabie Saoudite à porter le masque avant d’entrer dans leurs aéronefs respectifs et à continuer de le porter, une fois arrivée au Sénégal, au sein de la communauté et à domicile pour éviter une propagation de la maladie au Sénégal», a dit Charles Bernard Sagna. Plus tôt dans la journée, un médecin de la clinique Khadija de Zac Mbao, Dr Alassane Tall, a informé sur sa page du «retour de la Covid en force», précisant que «beaucoup de cas positifs ont été détectés sur les prélèvements de pèlerins sénégalais». Au ministère de la Santé, la prudence était encore de mise. La Direction de la Santé s’étonne qu’un médecin communique à la place du ministère.
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LES INSTITUTIONS NE DOIVENT NE DOIVENT PAS ETRE DES JOUETS
Les institutions ne doivent pas être des instruments de traque des opposants aux mains des gouvernants. Elles doivent être fortes et indépendantes les unes des autres. Le Pacte de Bonne gouvernance nous en donne de bonnes et fortes - Mamadou Wane Mao
L’instabilité institutionnelle au Sénégal comme dans beaucoup de pays africains est devenue une situation lassante : des présidents qui tentent vaille que vaille de s’accrocher au pouvoir, qui utilisent des institutions pour liquider des adversaires politiques ou qui pensent pouvoir léguer le pouvoir à leurs progénitures. À ce tableau, on ajoutera la mal gouvernance endémique. Le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique a la solution à ce mal qui gangrène le Sénégal.
C’est dans un contexte d'affaissement des institutions qu’en 2009, les forces vives de la nation ont convoqué des Assises nationales dont les conclusions sont censées améliorer la gouvernance et approfondir la démocratie et l'Etat de droit au Sénégal. Mais une fois les conclusions rendues, le premier président qui devait les mettre en œuvre, le président Macky Sall, n’a pas daigné s’engager. Il est passé outre et ce en dépit de la création de la CNRI par ses soins et à laquelle il a confié la mission de travailler sur la réforme des institutions.
Cette année 2024, avant les élections, la société civile a remis en selle les conclusions des Assises nationales ainsi que les recommandations de la Commission nationale de la réforme des institutions (CNRI) qu'avait commandité le président Sall en question. La synthèse de ces deux substrats a donné le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD).
Signé par l’actuel président ainsi que 12 autres anciens candidats à la présidentielle 2024, la société civile est prête accompagner le nouveau régime pour qu’il applique cet outil de gouvernance qui n’est rien d’autre que l’organisation du vivre-ensemble dans la justice, l’équité et la consécration de la centralité du citoyen dans la gouvernance. Les turpitudes par lesquelles sont passé le pays avant les élections sont peut-être une raison suffisante pour que le pacte s'applique. L'observance du calendrier républicain ne devrait pas être source de tension puisque le Sénégal a longtemps voté avant d'accéder à la souveraineté nationale et internationale.
En effet, l'histoire des élections au Sénégal est vieille et remonte aux années 1800. Très précisément, dès 1848, Saint-Louis et Gorée votaient déjà. Un droit qui sera plus tard étendu à Dakar et à Rufisque (1871). Ce sont les fameuses quatre communes de la période coloniale. Ce n'est qu'en 1946 que le droit de vote sera étendu à l'ensemble du pays.
Les habitants de ces quatre villes à statut particulier citées plus haut, qui ont acquis la citoyenneté française, avaient théoriquement les mêmes droits que les Français de la métropole. Même la loi sur la liberté de la presse s'appliquait de facto dans ces communes et pas dans le reste du Sénégal d'alors.
Les élections sont donc très largement antérieures à la période des indépendances des anciennes colonies françaises.
Au regard de cette histoire très vieille des élections, on aurait pu espérer que plus de 60 ans après les indépendances, les scrutins puissent se tenir de manière naturelle, sereine et conformément au calendrier républicain sans qu'on ait à à forcer la main à un président qui hésite ou qui a peut-être d'autres visées inavouées.
Mieux, on aurait pu aussi s’attendre à ce que le nombre de mandats ou leur durée ne soient pas non plus des questions sur lesquelles il faut revenir ou s'y attarder. Enfin, on aurait plutôt vivement voulu que le Sénégal passe l'étape d'une démocratie procédurière, formelle et amorcer son développement en toute sérénité. Puisque les belles promesses du discours de la Baule (démocratie,
système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure... visait un certain développement.
Seulement, entre les aspirations et la réalité, l’écart est loin d’être ténu. D'ailleurs, d'aucuns disent, fort à propos et à juste titre que, la démocratie n'est jamais définitivement acquise, mais est toujours en construction, nécessitant des remises en cause.
L'actualité récente qui a conduit à la dernière alternance que bien des analystes et des témoins de l'histoire politique du Sénégal, considèrent comme une révolution est éloquente de ce point de vue.
Aussi, Outre-Atlantique, l'élection de Joe Biden contestée par des Républicains en tête desquels le téméraire Donald Trump, en est une autre illustration. En France, le recours abusif par le gouvernement d'Emmanuel Macron en France du 49.3 comme mode de gouvernance a aussi interpellé les consciences.
Au Sénégal, la société civile, l'une des plus fortes du continent qui a été de tous les combats démocratiques, et qui avait contribué à faire capoter peut-être un certain projet de dévolution monarchique du pouvoir est toujours debout. Et il semble qu'elle va redoubler de vigilance sous le nouveau régime surtout en rapport avec le Pacte de Bonne gouvernance.
Cette année encore face un président qui tente de reporter une élection sans arguments recevables, elle s'est fait entendre. Puisque quand le pays val mal, elle est toujours le catalyseur autour duquel se joignent les forces politiques autres forces vives de la nation.
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ALIOUNE NDOYE SANS FILTRE
L'ancien ministre défend le bilan de l'ancien régime dont la coalition (BBY) a été plombée, selon lui, par des "egos surdimensionnés". Il qualifie la baisse des prix de "mesurettes" et appelle à une analyse objective du secteur de la pêche
Ce dimanche 23 juin, l'émission "Point de vue" de la RTS a accueilli Alioune Ndoye, ancien ministre et maire de Dakar-Plateau. Dans une interview franche et directe, le responsable socialiste n'a pas mâché ses mots, offrant un regard critique sur la situation politique actuelle du Sénégal.
Revenant sur la défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar à la dernière présidentielle, Ndoye a appelé à l'introspection plutôt qu'à la recherche de boucs émissaires. "Il faut avoir l'humilité de voir ce que chacun n'a pas fait", a-t-il déclaré, pointant du doigt les ego surdimensionnés au sein de la coalition.
L'ancien ministre n'a pas épargné le nouveau gouvernement, qualifiant ses récentes mesures de baisse des prix de "mesurettes". Selon lui, ces actions révèlent que les nouvelles autorités sont "rattrapées par la réalité du pouvoir", loin des promesses mirobolantes de campagne.
Sur le plan financier, Ndoye a défendu avec vigueur le bilan de l'ancien régime, notamment concernant la gestion des fonds Covid-19. Il a invité le nouveau gouvernement à se concentrer sur la résolution des problèmes plutôt que sur la "politique politicenne".
Concernant le secteur de la pêche, qu'il connaît bien pour avoir été ministre de l'Économie maritime, Ndoye a contesté l'idée d'une mauvaise gestion généralisée. Tout en reconnaissant l'existence de problèmes comme la surexploitation, il a appelé à une analyse objective de la situation.
Enfin, Alioune Ndoye a souligné l'importance pour le Parti Socialiste de se réorganiser et de redevenir un chef de parti, tout en restant ouvert à d'éventuelles "retrouvailles" avec d'anciens membres.
PAR Abdoul Aziz Diop
IRRESPONSABILITÉ AVÉRÉE
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont Macky avait le secret
L’ancien premier ministre et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, l’inspecteur des Impôts et des Domaines - la précision vaut le détour - Amadou Ba, s’adjuge une « nouvelle responsabilité » dans un texte - exercice rarissime du plus privilégié des privilégiés - dans lequel (suivre le lien) il assume, dès le début, l'irresponsabilité antirépublicaine de l’intermittent du politique par deux courtes lignes :
« Sénégalaises, Sénégalais »,
« Mes chers compatriotes »
L’usurpation de fonction - sport favori chez nous au Sénégal - par celui qui considère qu’il a reçu mandat de s’adresser à la Nation comme le président élu, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est manifeste. Dans quatre dispositions constitutionnelles, deux suffisent à recarder définitivement les présidents autoproclamés qui nous parlent sans qu’on sache d’où sort leur légitimité populaire et démocratique. Voici lesdites dispositions :
Article 48 :
Le président de la République peut adresser des messages à la Nation.
Article 79 :
Le président de la République communique avec l'Assemblée nationale par des messages qu'il prononce ou qu'il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat.
Et précisons-le pendant que nous y sommes :
Article 52, Alinéa 2
[Le président de la République] peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation.
Article 73
Dans le délai fixé pour la promulgation [des] « lois définitivement adoptée s», le Président de la République peut, par un message motivé, demander à l'Assemblée nationale une nouvelle délibération qui ne peut être refusée. La loi ne peut être votée en seconde lecture que si les trois cinquièmes des membres composant l'Assemblée nationale se sont prononcés en sa faveur.
Du haut de ses laborieux 35,79 %, Amadou Ba est mal inspiré par sa « responsabilité nouvelle » pour s’adresser à ses compatriotes majoritairement regroupés autour du président Faye en lui assurant, dès le premier tour de scrutin, 54,28 % de leurs suffrages valablement exprimés.
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique qui n’est jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont l’ancien président Macky Sall avait le secret de la distribution au terme de stupéfiants castings. À ce grand maître du casting mauvais, l’histoire retiendra l’élitisme antirépublicain naturellement aux antipodes de « l’élitisme républicain » avec lequel l’inventeur, le républicain français Jean Pierre Chevènement, rehaussait la parole publique du grand intellectuel en politique.
L’Énarchie à la sénégalaise
Les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall ne firent rien contre l’« Enarchie », version sénégalaise. Forgée, sur le modèle de « monarchie », par l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement, à partir de la racine grecque «arkhos » («pouvoir»), l'Enarchie désigne, depuis la parution, en 1967, du livre de son inventeur, « les mandarins de la société bourgeoise » française où tous les postes clés sont détenus par des anciens élèves de l'Ecole nationale d’administration (ENA). Au Sénégal, c’est sans doute l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) à ses débuts, devenue ENA, qui alimente depuis, plusieurs décennies maintenant, les cohortes du mandarinat. Plusieurs jeunes (garçons et filles) en sortent pour investir les centres de décisions. Si ce mandarinat-là a fait du tort au pays c’est parce qu’il a souvent fait oublier aux décideurs que d’autres jeunes étaient partis se former là où ils le pouvaient au Sénégal, en Afrique et dans le reste du monde. La plupart de celles et de ceux qui partirent parfois très loin, rentrèrent au pays avec un savoir-faire qui n’a jamais profité au Sénégal. Un Bacc+10 n’aura même rien obtenu pendant longtemps pour n’avoir jamais pu souscrire à un appel à candidatures pour une haute fonction publique.
Quand, encore qu’ils étaient dans l’opposition politique, deux inspecteurs des Impôts et des Domaines, Ousmane Sonko et Bassirou D. D. Faye promirent, au nom de l’égalité des chances, d’ouvrir, dès qu’ils en ont le pouvoir, les postes clés à tout.e légitime prétendant.e, la standing ovation qui salua la grande promesse avait sans doute été perçue au sommet de la hiérarchie comme l’onction administrative antérieure au changement de régime qui vient. L’inspecteur des Impôts et des Domaines, riche comme Crésus, Amadou Ba, est pour beaucoup dans ce qui arriva plus tard : la consécration de deux de ses anciens jeunes collègues dix ans après l’intérêt accru en 2014 de Ba pour la politique et la création du parti des « Patriotes du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité » (Pastef). C’est bien contre Ba et son recruteur Sall que Sonko et Faye, moins riches mais pas pauvres, décidèrent de ne plus se fondre dans la haute fonction publique pour en assurer le contrôle en se donnant les moyens politiques et l’onction populaire leur permettant de transformer l’essai. Peut-on encore attendre d’eux la réforme du mandarinat à la sénégalaise ? Rien n’est moins sûr ! Le Sénégal serait même devenu le pays sous la férule, et pour longtemps encore, des inspecteurs des Impôts et des Domaines.
Il va de soi qu’après coup, Sonko et Diomaye ne prennent pas au sérieux Amadou Ba plus qu’ils ne le firent auparavant en lisant le texte vaseux au nom d’une « responsabilité nouvelle » qui n’est qu’une orgueilleuse demande de pardon aux « Sénégalaises et Sénégalais » qui ne le prennent naturellement pas au sérieux. « À la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques », écrit l’ancien premier ministre de Macky Sall. Mais qui auparavant se risquerait de solder à sa place les mécomptes de l’irresponsabilité avérée dont il fit montre, se contentant de privilèges indus pour voler le pouvoir à celles et ceux qui ont trimé pour la République au cours du dernier quart de siècle (2000-2024) ? Qui ?
La « Nouvelle Responsabilité de faire de l’espace politique un cadre de confrontations d’idées » serait bien ancienne aujourd’hui si pendant dix ans (2014-2024) Amadou Ba n’aurait pas été l’attentiste de la République des paresseux qui attendaient d’être mieux servi par la politique à la petite semaine. Son texte faux n’abuse que celles et ceux pour qui la rénovation politique n’est que la lubie bien ancienne des « notoriétés intellectuelles » - parmi lesquelles celles de notre ancien parti (Alliance pour la République) - qu’Amadou Ba n’associa à aucune réflexion d’intérêt général.
Pourquoi le ferait-il maintenant ?
par Edgard Gnansounou
IL EST TEMPS D’AGIR CONCERNANT LA QUESTION MONÉTAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats contribue à une farce qui n’a que trop duré. Pour une stratégie graduelle en quatre phases pour contourner les obstacles
Depuis plus de quatre décennies, la volonté de parvenir à une monnaie unique en Afrique de l’Ouest nourrit des débats souvent passionnés dans la région. Elle est portée principalement par deux motivations : stimuler les échanges commerciaux communautaires d’une part, parvenir à une souveraineté monétaire régionale d’autre part. Ces discussions sont amplifiées par le rejet de plus en plus vif du franc CFA utilisé par huit pays ouest-africains et hérité de la période coloniale.
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait lancé son projet de monnaie unique selon un processus qui comprenait deux étapes : (1) créer une deuxième zone monétaire, la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avec les sept pays non membres de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ; la ZMAO devant parvenir à une unification monétaire de ces Etats en 2015, (2) unir ensuite les deux zones monétaires avec comme monnaie unique l’ECO en 2020. L’objectif de la ZMAO se révélant être inatteignable, la CEDEAO décida d’un processus direct d’unification monétaire des quinze Etats-membres.
Le 21 décembre 2019, les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annonçaient, au nom de l’UEMOA, une réforme dont un des trois points majeurs était l’adoption de l’ECO en remplacement du franc CFA. Cette décision était censée entrer en vigueur en 2020. L’ECO de l’UEMOA resterait arrimé à l’Euro et la France s’engageait à maintenir la garantie de sa convertibilité.
L’annonce du 21 décembre 2019 est mal reçue par l’opinion en Afrique de l’Ouest. Elle est toujours légitimement ressentie comme une récupération par la France et ses partisans du projet de monnaie unique de la CEDEAO et son instrumentalisation pour perpétuer le franc CFA en se contentant de le débaptiser. En juin 2021, le lancement de l’ECO est reporté par la CEDEAO à 2027 pour tenir compte de la crise économique provoquée par la Covid-19 et de ses conséquences sur l’atteinte des critères de convergence, préalable à l’adoption de l’ECO. Ce nouveau report interroge cependant sur la volonté réelle des chefs d’Etat de parvenir à une monnaie unique régionale.
Enfin, au cours de la campagne présidentielle au Sénégal de mars 2024, le parti Pastef prône, dans son projet, la création d’une monnaie nationale. Cette position est ensuite corrigée par les leaders de ce parti qui la conditionnent à l’éventualité d’un échec du processus de création de l’Eco.
Le Pastef ayant gagné l’élection présidentielle, le Sénégal pourrait servir d’aiguillon au projet d’unification monétaire de la CEDEAO. Mais quelles sont les chances de succès de ce projet ? Quelle alternative pour sortir de l’impasse actuelle qui se manifeste par des reports à répétition ? Le Sénégal ne doit pas se faire d’illusions sur les chances d’aboutissement à moyen terme du projet de la CEDEAO dans sa mouture actuelle. Il devrait œuvrer, de manière volontariste, à une alternative graduelle plus réaliste qui s’appuie sur les acquis actuels malgré leurs insuffisances. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement prévue le 7 juillet 2024 pourrait fournir une opportunité pour commencer un travail diplomatique dans cette nouvelle voie.
L’impasse du projet Eco
L’échec de la ZMAO vient du fait que le Nigéria n’a pas montré un grand enthousiasme à mutualiser ses réserves de change avec celles plus faibles des six autres Etats de la zone monétaire, contrairement à la pratique dans l’UEMOA. En réalité, ceci montre une difficulté importante du processus du projet Eco. Le comportement du Nigeria résulte moins de l’égoïsme du pays le plus riche de la région que des différences de gestion des monnaies en présence.
En particulier, l’économie du Nigeria reste dépendante des exportations de pétrole brut qui, en 2022, représentaient 78,74% des exportations du pays. La conséquence monétaire de cette situation est que le naira est souvent dévalué quand les cours internationaux du pétrole baissent.
Par ailleurs, l’économie du Nigeria s’industrialise et se diversifie pour moins dépendre du pétrole. Elle a donc un grand besoin de ses réserves de change pour importer des biens d’équipement. Cette situation n’encourage pas leur mutualisation avec d’autres pays, même si ceci pourrait changer à long terme. On pourrait en effet, s’attendre à ce qu’un meilleur équilibre des réserves de change s’établisse à l’avenir entre le Nigeria et les autres pays de la région.
Il est cependant dommage que, pour des raisons qui tiennent au fonctionnement diplomatique de nos Etats, cette impasse ne soit pas officiellement reconnue par la CEDEAO. En réalité, le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats dans le projet de monnaie unique contribue à installer une farce qui n’a que trop duré.
Ainsi, dans le contexte actuel, le projet Eco de la CEDEAO n’est pas viable du fait de l’asymétrie entre l’économie du Nigéria, exportatrice nette de pétrole brut et celle des autres économies de la région qui sont importatrices nettes. La baisse des cours de pétrole est favorable aux autres économies alors qu’elle est défavorable au Nigeria qui a tendance à dévaluer sa monnaie. La mise en place de l’Eco de la CEDEAO ferait subir le même sort à la nouvelle monnaie, étant donné le poids de l’économie nigériane dans la région.
Ce diagnostic n’implique cependant pas qu’il faille maintenir le statu quo avec les huit monnaies en place ou encore créer de nouvelles monnaies nationales. Ceci ne serait pas favorable à l’intégration économique de la région.
Une solution alternative
L’unification monétaire doit être pensée dans la perspective d’une industrialisation résiliente de l’Afrique de l’Ouest qui nécessite la création d’un espace économique plus fluide. L’expérience de monnaies régionales telles que l’Euro montre que la gouvernance de la monnaie est problématique en l’absence d’une mutualisation de la gouvernance politique.
Par exemple, la montée de l’extrême droite en France et en Allemagne, à l’occasion des élections européennes de 2024, et en particulier, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président français en réaction à cette droitisation politique, ouvre l’opportunité d’un gouvernement du Rassemblement National, à l’extrême droite de l’échiquier politique en France.
On assisterait alors à un clivage entre un gouvernement de gauche en Allemagne et d’extrême droite en France, deux des piliers de la zone Euro. Si elle s’avérait, cette situation affaiblirait l’Euro dans sa parité avec le dollar américain. Les conséquences seraient par exemple, le renchérissement en FCFA des dettes des Etats de l’UEMOA libellées en dollar et des dépenses liées aux produits importés en dollar.
On voit là, d’une part pour la zone Euro, la nécessité d’adosser la problématique monétaire sur une gouvernance politique fédérale et, d’autre part pour les pays de l’UEMOA, les implications possibles de l’absence de souveraineté monétaire.
Dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, nous avons proposé une intégration économique et politique selon un processus devant conduire à la création en trois étapes d’une confédération à l’horizon 2045. En conformité avec cette vision, l’unification monétaire pourrait aboutir selon une feuille de route en quatre étapes.
Etape 1 - Remplacer immédiatement (en 2025 par exemple) le FCFA par l’Eco ; renoncer, par dignité, à la garantie par le trésor français de la convertibilité de l’ECO ; traiter directement avec la banque centrale européenne la coordination des politiques monétaires entre les zones Euro et Eco ; considérer la nouvelle devise comme monnaie commune (et non unique) de l’Afrique de l’Ouest ; à cette première étape, l’Eco pourrait rester arrimé à l’Euro avec la même parité que celle du franc CFA ; les conditions de cette étape ont été partiellement réunies par la décision certes contestable de l’UEMOA du 21 décembre 2009 qui a déjà été ratifiée par certains Etats de l’UEMOA ; mais il faudra en plus, par dignité, se passer de la garantie de convertibilité apportée par la France et rendre l’Eco totalement indépendant de ce pays ; assurer le maintien des Etats de l’AES dans l’UEMOA et soutenir leurs efforts militaires en vue de recouvrer l’entièreté de leur souveraineté nationale et obtenir, dans ces conditions, une gouvernance économique de ces pays compatible avec les critères de convergence ; consolider les politiques économiques des autres Etats de l’UEMOA.
Etape 2 - Mettre en œuvre ou consolider les réformes économiques au Ghana, en Gambie, au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée pour parvenir à une convergence macroéconomique avec les pays actuellement membres de l’UEMOA, à l’horizon 2030. Au fur et à mesure, les pays qui auront atteint les objectifs de convergence de manière stable seront accueillis dans l’UEMOA rénovée c’est-à-dire débarrassée de l’influence française. L’Éco serait alors la monnaie unique de l’UEMOA rénovée. Etant donné les effets cycliques de l’environnement international sur les économies africaines, la convergence doit être entendue en termes d’harmonisation de la gouvernance économique et politique et non de la convergence quantitative à court terme d’indicateurs macroéconomiques aux comportements erratiques.
Etape 3 – L’Eco serait reformé pour l’arrimer désormais à un panier de devises incluant l’Euro, le YUAN et le Dollar américain (échéance 2035) selon un régime flottant. Ceci se ferait concomitamment à une amélioration continue de la gouvernance de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de manière à assurer la crédibilité de l’Eco après le changement de son régime. A cette échéance, il est attendu que les quatorze Etats de la CEDEAO autres que le Nigéria soient membres de l’UEMOA rénovée. Il y aurait désormais deux devises en Afrique de l’Ouest : le NAIRA et l’Eco à la place des huit monnaies actuelles.
Etape 4 - L’UEMOA rénovée serait transformée politiquement en Fédération Sahélo-Guinéenne à l’horizon 2040. La BCEAO deviendrait la banque centrale de la Fédération Sahélo-Guinéenne.
Il est temps d’agir
Le report incessant de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest est un symptôme de l’impossibilité de ce projet dans sa mouture actuelle. La stratégie que nous proposons est graduelle et réaliste. Elle permet d’éviter les perturbations économiques que produirait inévitablement une unification totale et rapide et réduirait, dans la période transitoire, des souffrances inutiles qui seraient infligées aux populations démunies.
La volonté de réduire le nombre de monnaies nationales en cours dans la région répond à la nécessité d’un accroissement des échanges économiques régionaux et à celle du développement industriel en Afrique de l’Ouest.
Les perspectives économiques des Etats de la région avec la mise en exploitation de ressources minières telles que les hydrocarbures au Sénégal et au Niger par exemple, favoriseront un accroissement des entrées de devises étrangères du fait d’un accroissement des exportations. Cette perspective doit être mise en balance par les sorties plus importantes de devises en vue d’importer des biens technologiques requis pour l’industrialisation.
La tentation de cultiver les nationalismes hérités des temps coloniaux risque d’être forte particulièrement dans les Etats ouest-africains riches en matières premières. Certains milieux inciteront à la création de monnaies nationales. Il s’agit, en particulier, de milieux favorables à l’émiettement de l’Afrique (diviser pour mieux régner) et d’autres qui empoignent, sans lucidité, le souverainisme et le prétendu patriotisme prônés par la droite radicale dans les pays occidentaux.
Les Etats ouest-africains ainsi visés pour leur dotation en ressources minières, devront résister aux tentations narcissiques de marche solitaire car il est de leurs intérêts et de ceux de tous les peuples de l’Afrique de l’Ouest de créer un espace monétaire robuste. Seuls un tel espace et une gouvernance monétaire rigoureuse et vertueuse seront en mesure d’assurer un environnement stable pour un développement économique soutenu et continu de l’ensemble de la région.
Edgard Gnansounou est président du Mouvement des Fédéralistes Sahélo-Guinéens (MFSG).
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HAMIDOU DIOP SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT À CŒUR OUVERT
Le Secrétaire général du CNP magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif.
Le Secrétaire général du Conseil national du patronat magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif. La politique fiscale dissuasive à l’investissement privé n’est pas une bonne chose pour nos Etats qui sont dans une logique d’émergence afin de résoudre le problème du chômage des jeunes. «Concernant notre système fiscal, il faut que l’on évite d’avoir une fiscalité punitive et dissuasive à l’investissement privé », averti l’invité du jury du dimanche.
Le patronat solutionne la voie de la prévention et de la compréhension des nouvelles autorités. Il se dit comprendre la démarche de l’administration qui cherche à arbitrer le budget et à équilibrer le budget. Mais à ses yeux aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises parce que «Les impôts et les douanes sont les premiers actionnaires de l’entreprise. Donc, aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises. Si vous tuez les entreprises, c’est des revenus en moins », solutionne-t-il.
L’homme se veut d’anticiper sur les solutions d’autant plus que le Sénégal est devenu un pays pétrolier et gazier. Hamidou tire la sonnette d’alarme sur la capacité de la ville de Saint-Louis. Pour lui, l’ancienne capitale n’est pas encore prête à accueillir le futur monde avec son boom démographique et les investissements des capitalistes du secteur du pétrole. Hamidou Diop pense que Saint-Louis de par ses anciens bâtiments n’est pas prête. Mais aussi l’étroitesse de la ville lui pose un problème.
AMINATA TOURÉ COMMENTE LES NOUVELLES FONCTIONS DE MACKY SALL
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé », a déclaré l'ancienne Première ministre.
Le président Macky Sall a tourné la page de la présidence sénégalaise. À présent, il se consacre pleinement à ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Une nouvelle fonction que son ex première Ministère, Mimi Touré, trouve bizarre.
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé. C’est son choix. Mais ça présente très bizarrement», a déclaré Mimi Touré sur les ondes de la Rfm.
L’invitée du "Grand Jury" estime que l’ex président sénégalais aurait pu rester sur le continent pour joueur ce rôle : «Je l’aurais plus vu dans une posture africaine où il aurait beaucoup à faire ici sur le continent. Mais si en plus il est le chef de l’opposition exilé à Paris, ça c’est des incompatibilités de positionnement», martèle-t-elle.
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.