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6 mars 2025
MOSCOU ACCUSÉ D'ENVOYER DE JEUNES AFRICAINS COMBATTRE EN UKRAINE
Moscou menace de plus en plus de ne pas renouveler les visas des étudiants et jeunes travailleurs s'ils refusent d'intégrer l'armée, ont indiqué à Bloomberg des sources proches du dossier, sous couvert d'anonymat
(SenePlus) - Le Kremlin a forcé des milliers de migrants et d'étudiants étrangers à combattre aux côtés des troupes russes dans sa guerre contre l'Ukraine, ajoutant de la main-d'œuvre supplémentaire pour son offensive dans la région de Kharkiv, selon des évaluations de responsables européens, rapporte Bloomberg.
Utilisant des tactiques d'abord déployées par le groupe mercenaire Wagner, les responsables russes menacent de plus en plus fréquemment de ne pas prolonger les visas des étudiants africains et des jeunes travailleurs à moins qu'ils n'acceptent de rejoindre l'armée, selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg.
Moscou recrute également des détenus dans ses prisons, tandis que certains Africains en Russie avec des visas de travail ont été détenus et forcés de choisir entre l'expulsion ou le combat, a déclaré un responsable européen à Bloomberg. Certaines de ces personnes ont pu soudoyer des fonctionnaires pour rester dans le pays et éviter le service militaire.
"La pratique de la Russie consistant à envoyer des migrants et des étudiants au combat sous la contrainte remonte à plus tôt dans la guerre", a ajouté un autre responsable européen cité par Bloomberg. Ces troupes subissent des taux de casualties particulièrement élevés car elles sont de plus en plus déployées dans des manœuvres offensives risquées pour protéger les unités mieux entraînées.
Selon des rapports citant les renseignements ukrainiens, la Russie a lancé une campagne de recrutement mondiale pour enrôler des mercenaires étrangers dans au moins 21 pays, dont plusieurs nations africaines. Des campagnes de recrutement de l'armée offrent des primes à la signature et des salaires lucratifs pour ceux qui rejoindront en tant que soldats contractuels. Les recruteurs ont également ciblé les migrants et les étudiants qui cherchaient auparavant un emploi en Russie, et dans certains cas ont attiré d'autres personnes avec des promesses de travail lucratif avant de les forcer à s'entraîner et à être déployés sur le front.
"La capacité de la Russie à mobiliser un bien plus grand nombre de troupes pourrait devenir un facteur important dans la guerre alors que le président Vladimir Poutine cherche à capitaliser sur un changement de dynamique cette année", indique Bloomberg.
Pour l'instant, cependant, ses forces n'avancent que lentement dans le nord-est de l'Ukraine et subissent de lourdes pertes, malgré une pénurie de troupes et de munitions du côté ukrainien.
Bloomberg cite le ministère britannique de la Défense selon lequel l'armée russe a perdu plus de 1 200 personnes par jour en mai, son taux de pertes le plus élevé de la guerre. Depuis le début de l'invasion, la Russie a vu quelque 500 000 personnels tués ou blessés, selon les estimations du Royaume-Uni, que Bloomberg n'a pas pu vérifier de manière indépendante.
Dans une rencontre avec les médias étrangers à Saint-Pétersbourg mercredi, Poutine a semblé sous-entendre qu'environ 10 000 soldats russes sont tués ou blessés chaque mois et que les pertes ukrainiennes sont cinq fois plus élevées.
Bien que le Kremlin n'ait pas réussi à obtenir une percée sur le champ de bataille, il a intensifié une campagne de bombardements contre Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine. Les responsables occidentaux affirment que ces attaques semblent viser à rendre la ville invivable.
Dans sa quête pour maintenir le soutien public en Russie, Poutine a jusqu'à présent résisté à une mobilisation à grande échelle. La Russie affirme avoir pu combler une part importante de ses pertes - en termes de nombres si ce n'est de la qualité des troupes - grâce à une campagne de recrutement volontaire qui a attiré des dizaines de milliers de personnes.
"Il y a actuellement entre 35 000 et 37 000 étudiants africains en Russie, selon Yevgeny Primakov, responsable de Rossotrudnichestvo, une organisation consacrée à la diffusion des connaissances sur la Russie à l'étranger. 'Chaque année, nous inscrivons environ 6 500 étudiants d'Afrique pour étudier gratuitement en Russie', a-t-il déclaré jeudi au Forum économique international de Saint-Pétersbourg", conclut l'article de Bloomberg.
HÔPITAL DE FANN : INAUGURATION D’UN ESPACE DÉDIÉ AU DÉVELOPPEMENT PSYCHO-SOCIAL DES JEUNES ATTEINTS DU VIH
Toutes les cinq minutes, un enfant meurt du VIH, toutes les deux minutes, un enfant est infecté par le VIH
L’association For hope et le Centre de recherche clinique et de formation (CRCF) ont inauguré mardi un centre dédié aux jeunes, dont la vocation est d’être un environnement d’espoir pour les enfants et adolescents atteints de Vih en Afrique, lesquels font face au double fardeau de la stigmatisation et de la discrimination.
‘’Toutes les cinq minutes, un enfant meurt du VIH, toutes les deux minutes, un enfant est infecté par le VIH. La solidarité sanitaire pour des jeunes qui sont l’espoir de notre nation est donc nécessaire’’, a justifié le directeur du CRCF, docteur Karim Diop. Il prenait part à l’inauguration de ce centre situé dans l’enceinte de l’hôpital de Fann.
Selon Dr Diop, dans ce lieu, les enfants pourront bénéficier de soins médicaux de qualité, de soutien psychologique, d’aide juridique. Ils auront aussi des lieux de rencontres entre pairs mais également un soutien scolaire et des activités génératrices de revenus. ‘’Ils pourront également participer à des activités récréatives, sportives et se mouvoir dans l’espace numérique’’, a-t-il poursuivi.
Il a relevé que ‘’ce centre de prise en charge holistique des jeunes et adolescents répond aux besoins et aspirations partagés’’.
L’international sénégalais Idrissa Gana Guéye, ambassadeur et co-fondateur de l’association “For hope”, a rappelé que ‘’les jeunes qui vivent avec le fardeau de la maladie souffrent dans leur chair’’. ‘’Ils souffrent aussi du poids de la stigmatisation, de la discrimination. En effet, la plus petite différence d’ autres jeunes les met à l’écart à la maison, à l’école ou tout simplement pour pouvoir jouer avec les autres camarades’’, a expliqué le footballeur.
‘’Nous avons souhaité mettre en place cet espace pour permettre aux jeunes de s’épanouir, de se renforcer et de se développer dans un esprit d’équité, d’égalité et de solidarité’’, a-t-il expliqué.
Il souligne que cet espace se veut un lieu de ‘’construction’’ pour une jeunesse en bonne santé, moderne et consciente. ‘’Tout jeune qui viendra ici, bénéficiera d’un renforcement de ses capacités et devra donc en sortir plus fort, et devenir un vrai Gaïndé [Lion en wolof]’’, a-t-il dit.
‘’Chers jeunes, cet espace est pour vous. Nous espérons que vous retrouverez ici le sourire’’, a lancé Idrissa Gana Gueye aux adolescents et jeunes.
Venu présider la cérémonie, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, a magnifié cet élan de solidarité envers le système de santé. ‘’A côté des pouvoirs publics, un devoir de solidarité nous incombe, par la mise en œuvre de stratégies innovantes axées sur l’implication communautaire, sans stigmatisation ni discrimination’’, a-t-il soutenu.
‘’Il me plaît de saluer de façon très appuyée la mise en place de cet espace dédié qui vient compléter l’offre de soins adaptés aux besoins des adolescents ici à l’hôpital de Fann’’, s’est réjoui le docteur Sy.
D’après lui, c’est une structure qui vient à son heure et qui constitue sans nul doute un facteur facilitant pour le diagnostic, la mise sous traitement et la rétention dans les soins pour cette cible particulière que constituent les adolescents.
VERS LE LANCEMENT D’UN PROGRAMME DE FERMES AGRICOLES CITOYENNES POUR LES JEUNES
“Dans un premier temps, le programme sera lancé. Et, nous mènerons d’abord la campagne de sensibilisation. La digitalisation sera au cœur de ce programme", a déclaré le ministre de la Jeunesse.
La ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a annoncé, mardi à Ziguinchor, lancement d’un programme de fermes agricoles citoyennes dans chaque commune du Sénégal.
”Nous allons procéder au lancement imminent du programme de fermes agricoles citoyennes. Ce programme va toucher chaque commune du Sénégal. Nous voulons une agriculture de souveraineté”, a fait savoir Khady Diène Gaye.
La ministre de la jeunesse, du sport et de la culture prenait part au lancement officiel de la première Consultation nationale sur la Résolution 2250 (2015) jeunesse, paix et sécurité au Sénégal.
À toute la jeunesse sénégalaise.
“Dans un premier temps, le programme sera lancé. Et, nous mènerons d’abord la campagne de sensibilisation. La digitalisation sera au cœur de ce programme. Et, chaque jeune avec son niveau de formation, avec ses capacités, ses connaissances saura au niveau de quelle étape s’insérer”, a-t-elle expliqué.
Elle a par ailleurs indiqué que le président va s’adresser à la jeunesse qui a su « bénéficier d’une formation académique, technique et professionnelle, à celle qui n’a pas eu la chance d’avoir suivi un cursus académique ou professionnel et à celle qui a bénéficié de l’éducation populaire”, a-t-elle précisé.
“Nous avons le devoir de mettre l’accent sur l’inclusion sociale. Nous voulons donner la chance à tous les jeunes du Sénégal où qu’ils puissent se trouver”, a-t-elle ajouté, précisant que ce programme « ne va pas seulement se limiter aux activités de vacances ».
OUSMANE SONKO, LES NON-DITS D’UNE RELATION AMOUR-HAINE AVEC LA PRESSE
Les relations entre la presse et le Pastef du Premier ministre semblent porter encore les stigmates d’une certaine méfiance, fruit des années de lutte entre Pastef et l’ancien régime de Macky Sall.
Les relations entre la presse et le Pastef du Premier ministre Ousmane Sonko semblent porter encore les stigmates d’une certaine méfiance, fruit des années de lutte entre Pastef et l’ancien régime de Macky Sall. Ousmane Sonko parait réticent à faire confiance à une certaine presse qu’il accuse d’avoir un agenda caché et de servir d’instrument de lutte politique. Une posture dénoncée par les journalistes qui parlent d’une volonté de museler la presse.
La réaction est révélatrice. À la fin de la conférence sur ‘’Droit et politique’’ de Me Juan Branco et de Me Bamba Cissé, notre volonté d’approcher un responsable de Pastef se traduit tout de suite par un rejet poli teinté de sourire. ‘’Je n’ai pas beaucoup d’interactions avec la presse’’, nous oppose-t-il avant de nous donner son numéro de téléphone. Cette réaction semble être le symptôme d’une sorte de méfiance du Pastef envers la presse. Les stigmates du combat contre Macky Sall semblent avoir marqué les esprits chez les patriotes qui avaient le pressentiment d’une cabale médiatique à leur égard.
La présence des éléments de langage sur ‘’forces occultes’’, ‘’forces spéciales’’, ‘’cocktails Molotov’’, ‘’terrorisme’’ n’a pas radicalisé les militants du Pastef qui voyaient dans cette presse un instrument du pouvoir pour leur part. La défiance envers la presse et l’accentuation de la répression policière ont réussi à renforcer ce narratif de victimisation et de martyr d’un système dans lequel, selon les patriotes, la presse aurait un rôle de canal de communication du pouvoir. De ce fait, les patriotes ont fini par se réfugier sur les réseaux sociaux pour mener à bien leur combat.
Cette bulle médiatique susceptible de ‘’fabriquer du consentement’’ théorisée par Noam Chomsky empêche toute critique et remise en cause de la doxa du parti. Ce dialogue direct avec les masses s’accommode peu de la présence de corps intermédiaires : syndicats, presse, associations, ONG, chefs religieux qui, à terme, peuvent être perçus comme des menaces au ’’Projet du Pastef. Cette tendance risque de se poursuivre en raison de la volonté du nouveau gouvernement d'enjamber ces corps intermédiaires. Une méthode à la Donald Trump qui considérait les médias comme sources peu fiables et incapables de distiller le bon message à sa base.
Ainsi, la dernière sortie de Sonko apparaît comme le reflet de cette défiance envers la presse à qui on veut lui refuser son rôle de contrôle et de veille de la démocratie. ‘Désormais, il ne sera plus toléré pour aucun journaliste ou maison de presse de donner de fausses informations sur qui que ce soit’’, a déclaré Ousmane Sonko, président du Pastef/Les patriotes avant-hier lors de la conférence politique des jeunes du parti.
Très en verve, l’ancien maire de Ziguinchor indique : ‘’Ce qui avait existé n’aura plus. Avoir un organe de presse et menacer des gens et faire du chantage sur les gens ne passera plus.’’ Avant de mettre en garde les patrons de presse qui ne paieront pas leurs impôts.
Cette attaque en règle semble vouloir mettre au pas la presse sénégalaise.
Les deux mamelles de la démocratie sénégalaise : presse indépendante et élections libres et transparentes
En effet, les deux mamelles de la démocratie sénégalaise depuis le multipartisme intégral en 1981 sont une presse indépendante et des élections libres et transparentes. Ce consensus républicain et électoral a permis à notre démocratie de surmonter les principales crises politiques : 1988, 1993, 2012, 2021 et 2023. Ce risque de guerre froide entre la presse et le nouveau pouvoir pourrait s’envenimer si le nouveau régime ne trouve pas un terrain d’entente et de cohabitation sereine avec l’univers de la ‘’bien-pensance’’. Les patrons qui ne veulent pas d’amnistie fiscale attendent de l’État des mesures d’accompagnement et de soutien pour le développement des entreprises de presse.
‘’On peut remettre à plat toutes les ardoises et se fixer une échéance d’une année pour voir les entreprises de presse faire leur mue eu égard à la fiscalité, aux cotisations sociales et au respect du Code de la presse’’, avait déclaré Ibrahima Lissa Faye, le président de l'Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) et membre de la Coordination des associations de presse (Cap). Le gouvernement qui a besoin de communiquer sur sa politique et la presse qui a besoin d’assurer sa survie économique peuvent trouver un terrain d’entente cordiale.
Dans cette optique, ‘’nous n’avons pas besoin d’un État qui se mette à faire des arrestations tous azimuts et la presse doit se garder de faire dans la délation, dans la calomnie et diffuser des informations sensibles. C’est un équilibre qu’il faut mettre en place dans le but d’éviter une guéguerre entre la presse et le nouveau pouvoir qui dessert les intérêts de notre démocratie’’, a soutenu de son côté Moundiaye Cissé, président de l’ONG 3D. Mame Diarra Guèye, conseillère municipale à Gueule Tapée-Fass-Colobane et membre du Pastef, parle de réticence plutôt que de méfiance entre son parti et une certaine presse.
‘’Je pense qu’il ne faut pas généraliser. Tous les responsables du Pastef ne sont pas méfiants envers la presse, mais il faut dire que le parti a été victime d'un lynchage médiatique de la part d’une certaine presse. Cette situation a occasionné cette volonté de plus se rabattre sur les réseaux sociaux pour avoir un dialogue direct avec les militants. Ousmane Sonko n’est pas contre la presse, mais il veut entretenir ce rapport particulier qu'il a avec les jeunes à travers ses lives et vidéos’’, soutient-elle.
Quant aux réactions à la suite du discours d’Ousmane Sonko lors de la conférence politique, la sociologue de formation se veut plus rassurante : ‘’Je ne considère pas ces propos comme des menaces. Les journalistes qui font bien leur travail ne peuvent pas se sentir touchés par ses propos. Ousmane Sonko, qui parlait dans sa casquette de chef du Pastef, voulait juste mettre un holà à une certaine campagne nauséabonde soutenue par une certaine presse visant à discréditer le gouvernement’’, affirme-t-elle.
Pour Mamadou Sy Albert, analyste politique, cette relation tumultueuse entre le Pastef et une certaine presse porte toujours les stigmates de la lutte contre le régime de Macky Sall. ‘’Il faut reconnaître qu’une certaine presse a participé à diaboliser Ousmane Sonko. Cette situation qui a laissé des séquelles influe encore sur le comportement de tout un chacun. Car il semble qu’une certaine presse ne semble pas avoir digéré la victoire des patriotes.
Mais Pastef qui gère maintenant la communication du gouvernement ne peut pas se permettre d’avoir une relation conflictuelle avec la presse. Donc, il est nécessaire qu’Ousmane Sonko rencontre les patrons de presse et les organismes de la presse comme le Cored et le Synpics pour aplanir les différends et essayer de travailler ensemble’’, affirme le politologue avant d’indiquer la nécessité de trouver des consensus autour des règles de concertation pour apaiser de probables conflits entre l’État et la presse. ‘’La question des impôts impayés par les patrons de presse a été mal gérée par le nouveau gouvernement. Macky Sall avait déjà trouvé une solution, il fallait juste renforcer cet accord en proposant un rééchelonnement des impôts impayés ainsi que d’autres mesures pour éviter toute guéguerre entre la presse et Pastef’’, conclut-il.
LES ASSURANCES DE DIOMAYE APRÈS L'ANNONCE DU PREMIER BARIL DE PÉTROLE
Le chef de l'Etat leur a exprimé tout son engagement à sauvegarder les intérêts intergénérationnels et à une gestion transparente et équitable des richesses provenant des ressources naturelles.
Ce mardi, le Sénégal est officiellement entré dans le cercle restreint des pays producteurs de pétrole. Le président Bassirou Diomaye Faye a donné des assurances sur la question.
C’est la première réaction de la présidence, suite à l’annonce de la production du premier baril de pétrole sénégalais. Ce mardi, Woodside, l’opérateur du champ pétrolier Sangomar, a annoncé qu’il a produit le «first-oil» du gisement. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui accueillait, ce mardi, les élèves de l’école Keur Mame Diarra de Pikine Aynoumadi 3, s’est exprimé sur la question.
«Dans un contexte d'exploitation du pétrole et du gaz aux larges des côtes sénégalaises, le Chef de l'Etat leur a exprimé tout son engagement à sauvegarder les intérêts intergénérationnels et à une gestion transparente et équitable des richesses provenant des ressources naturelles», lit-on dans le post de la présidence de la République.
Situé à environ 100 km au large de Dakar, Sangomar est le premier projet pétrolier offshore du Sénégal. Le projet va produire, environ 100 000 barils par jour. Le projet est dans sa phase 1 de développement, qui coûte entre 4,9 et 5,2 milliards de dollars selon Woodside.
TABASKI, LES POPULATIONS INVITÉES À NE PAS JETER DES DÉCHETS DANS LES CANIVEAUX
"On va vers la fête de Tabaski et on est habitué à jeter des déchets dans les canaux de drainage ou d’évacuation des eaux pluviales, ce qui va détruire tout l’effort qu’on a déjà fait", a dit Dr Cheikh Tidiane Dieye.
Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a invité mardi les populations à ne pas jeter des ordures ou des déchets dans les canaux de drainage ou d’évacuation d’eaux pluviales, surtout lors de la fête de Tabaski, ce qui pourrait compromettre tous les efforts de l’Etat visant à atténuer les effets des inondations au cours de l’hivernage.
‘’On va vers la fête de Tabaski et on est habitué à jeter des déchets dans les canaux de drainage ou d’évacuation des eaux pluviales, ce qui va détruire tout l’effort qu’on a déjà fait. Nous en appelons à un changement de comportement, puisque l’Etat fait tout ce qu’il peut en matière de prévention des inondations’’, a-t-il notamment lancé.
Il s’exprimait lors d’un atelier de partage des résultats de la cartographie des zones vulnérables aux inondations à Kaolack (centre), une zone pilote du Programme de gestion intégrée des inondations au Sénégal (PGIIS).
”Je lance un appel à nos concitoyens pour qu’ils continuent ce travail de nettoiement et de curage des caniveaux et de se garder de salir ou de jeter encore les ordures dans les canaux d’évacuation des eaux pluviales”, a-t-il réitéré.
Il a expliqué qu’en matière d’assainissement, la nouvelle approche du gouvernement vise ”à repositionner les citoyennes et citoyens au cœur du dispositif de lutte contre les inondations”. ”Et, c’est la raison pour laquelle, le 1er juin dernier, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a appelé à une mobilisation citoyenne nationale de nettoiement (Set-Setal) qui a été une grande réussite’’, a-t-il soutenu.
Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a relevé que le Sénégal dispose désormais d’outils nécessaires pour définir des ‘’mesures d’adaptation efficientes’’ impliquant le ‘’strict respect’’ de tous les textes relatifs à la gestion foncière et à l’occupation du sol, grâce à une connaissance affinée du risque d’inondation.
C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, avait lors du Conseil interministériel sur la problématique, exigé ”l’interdiction stricte de tout nouveau lotissement et de toute nouvelle construction sur des zones non aedificandi mais aussi la restructuration des quartiers situés dans des zones inondables en veillant à la préservation des voies d’évacuation naturelles des eaux pluviales’’.
Dès lors, la mise à profit de l’amélioration de la connaissance des zones d’inondation, devra se traduire dans les documents de planification (schéma directeur et plan d’aménagement du territoire, plan d’urbanisme, plan directeur d’Assainissement) en vue d’obtenir un développement résilient aux inondations, avance-t-il, signalant que dans cette dynamique, ”les premiers résultats de la cartographie des zones inondables au Sénégal, ont servi de base de données aux études et projets en cours au niveau de l’Agence de développement municipal (ADM)”,
”Parmi ces projets, il y a entre autres, la deuxième phase du Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (PROGEP 2) et celle du Projet d’adaptation aux changements climatiques pour les Infrastructures routières (PACCIR) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar”, a-t-il cité.
INTRANTS AGRICOLES, UN TAUX DE RÉCEPTION DE 10% POUR L’ARACHIDE ET L’ENGRAIS À KAOLACK
Les opérations de mise en place des semences et engrais ont démarré depuis le 31 mai dernier, avec le premier chargement de semences d’arachide et d’engrais à Kaolack, Ndiédieng et Darou Salam, une localité du département de Nioro du Rip.
Kaolack, 11 juin (APS) – Le directeur régional du développement rural (DRDR) de Kaolack (centre), Samba Ndao Tall, a annoncé, mardi, un taux de réception de 10% de semences d’arachide et d’engrais, une situation jugée ‘’satisfaisante et acceptable’’ pour démarrer les opérations culturales.
”Une douzaine de jours après le démarrage de la distribution des intrants agricoles, on est à environ 10% de taux de réception pour les semences d’arachide et autant pour l’engrais. A ce niveau, par rapport à l’installation de l’hivernage qui est attendue au 20 juin, on aura un taux très satisfaisant, acceptable’’, a-t-il notamment dit.
Il a signalé qu’à Kaolack, les opérations de mise en place des semences et engrais ont démarré depuis le 31 mai dernier, avec le premier chargement de semences d’arachide et d’engrais à Kaolack, Ndiédieng et Darou Salam, une localité du département de Nioro du Rip.
Cette année, les commissions de distribution d’intrants agricoles ont été renforcées avec la présence des forces de défense et de sécurité. Et tout intrant qui est réceptionné se fait en leur présence, a souligné M. Tall, saluant une telle initiative qui permet d’améliorer le travail desdites commissions.
Il prenait part à l’assemblée générale annuelle du Cadre de concertation des producteurs agricoles (CCPA) qui a pour ambition de contribuer à instaurer “un environnement favorable” à l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Sénégal.
Cette AG annuelle, présidée par le secrétaire d’Etat aux Coopératives et à l’Encadrement paysan, Alpha Bâ, s’est tenue dans les locaux du Conseil départemental de Kaolack, sous le thème “La relève agricole et la souveraineté alimentaire dans un contexte de changement climatique : quel doit être l’apport des jeunes du mouvement paysan de notre pays en général et du CCPA en particulier”.
Cette activité est organisée dans un contexte politique marqué par l’élection d’un nouveau régime dont les autorités ont décliné un projet souverain, juste et prospère dans lequel figure un programme agro-sylvo-pastoral et halieutique qui cadre avec la vision du Conseil national de concertation des ruraux (CNCR), plateforme dont est membre le CCPA.
Selon M. Tall, la tenue régulière des assemblées générales des instances est un ‘’critère de performance’’ pour toutes les organisations faitières à l’image du CCPA, qui est bien structurée.
Pour sa part, Hamidou Diop, président du CCPA a indiqué que la maitrise de l’eau est un ‘’impératif’’ pour arriver à une agriculture renforcée et professionnalisée.
‘’L’espoir peut être permis après l’annonce du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage pour arriver à une agriculture sénégalaise renforcée et professionnalisée, qui sera opérationnelle douze mois douze, redorant ainsi son blason’’, a-t-il soutenu.
Il a, en outre, pointé du doigt la vétusté du matériel agricole qui, selon lui, est une réalité, rendant ‘’quasi impossible’’ un travail ‘’irréprochable’’ dans les activités agricoles. D’où l’intérêt pour le Sénégal de renouveler son matériel agricole qui s’est détérioré avec le temps.
LA MUSIQUE MBALAX DOIT SE RÉINVENTER OU DISPARAÎTRE
Souvent les musiciens sénégalais se laissent entraîner dans un mbalax non suffisamment travaillé. Ils se focalisant essentiellement sur le rythme dont la base est constituée de percussions. Ainsi tombe-t-on dans la facilité...
A l’origine, le mbalax, plus grand que le gorong (petit tambour en forme de tonneau, favorise la polyrythmie du ndëp (thérapie collective lébou, ethnie de la région de Dakar) est un instrument de musique, un tam-tam qui accompagne d’autres tambours avant d’être un rythme, une sonorité.
Le Sénégal indépendant n’avait pas encore opéré la rupture d’avec les sonorités occidentales (rhythm and blues). L’extraversion était de mise : la vogue afro-américaine dominait, au début de la période post-indépendance, la scène musicale sénégalaise. Toutefois, on commença à assister à l’interprétation des chansons en langues nationales sur fond musical afro-américain. Le premier groupe musical sénégalais à avoir introduit les instruments traditionnels dans la musique moderne fut l’UCAS de Sédhiou, lors de sa prestation durant la Semaine nationale de la jeunesse en 1968.
Le musicologue et anthropologue sénégalais Ousmane Sow Huchard en fit un témoignage assez coloré :
Une date mémorable, se souvient-t-il, restera cette fameuse finale des groupes musicaux de la Semaine nationale de la jeunesse de 1968 au Théâtre national Daniel Sorano qui a opposé l’UCAS et le Dakar Université Sexet auquel j’appartenais. La grande performance dont nous avons fait […] n’a pas réussi, heureusement, à détourner l’attention des membres du jury qui avaient compris, après la belle prestation de l’UCAS […], que la musique de notre pays venait de prendre un tournant décisif dans la conception de sa production.
Il poursuit :
Cette victoire historique de l’UCAS fut saluée par tous, nous en premiers, car nous avions compris la leçon magistrale que les jeunes de la commune de Sédhiou (dans la région sud du Sénégal) venaient d’administrer à tous les musiciens de notre pays.
Une rupture qu’Ousmane Sow Huchard salue “comme le début de la révolution qui allait marquer de manière significative l’évolution de la production musicale de notre pays”. Cette marque de la “sénégalité” dans le domaine musical portera l’empreinte indélébile du “Star Band” d’Ibra Kassé. Ce dernier est considéré comme le père de la musique sénégalaise moderne. Il fut le premier à introduire le “tama” (un instrument de percussion appelé également “tambour parlant”) dans la musique sénégalaise.
Ce fut le point de départ d’une nouvelle musique populaire moderne appelée mbalax avec l’incorporation des percussions. Mais, Youssou Ndour demeure incontestablement celui qui a opéré la véritable “révolution copernicienne” de la musique sénégalaise dans les années 80. Fondateur de l’Etoile de Dakar, puis du Super Etoile, il a bouleversé la musique sénégalaise en professionnalisant son groupe et en lui conférant une structure adéquate. Sa voix unique, ses musiciens talentueux l’ont hissé, de manière fulgurante, sur la scène musicale nationale et internationale.
Youssou Ndour, lead vocal du Super Etoile, interprète sa chanson Tabaski, dans les années 80.
Ce qu’il faut surtout saluer chez ce musicien talentueux, c’est sa grande capacité d’adaptation : il va ouvrir le mbalax aux sonorités étrangères, devenant ainsi, après Laba Sosseh et Touré Kunda, le troisième disque d’or sénégalais, obtenu en 1994 dans un duo avec la chanteuse suédoise Neneh Cherry.
Les graines du mbalax ont été profondément semés dans les années 1980-1990, ce qui a permis l'éclosion d'autres groupes. Cette musique se décline également au féminin par la grâce et le talent d’artistes dont Kiné Lam qui en sont les dignes représentantes.
En tant que chercheur, j'ai passé plus de 15 ans à étudier l'évolution de l'industrie musicale sénégalaise. J'ai constaté que le mbalax, genre musique dominant, écrase le reste de la musique sénégalaise. Il doit se réinventer ou disparaître.
Mélange de rythmes
Le mbalax, modernisé aujourd’hui, est en fait un mélange de trois rythmes : le mbalax joué pendant les séances de lutte traditionnelle et pour la danse du sabar (long tambour étroit et conique au son aigu, ouvert à son extrémité inférieure et parfois porté sur la hanche), dirige le rythme.
Aujourd'hui, la suprématie du mbalax au Sénégal fait que le jazz, le rock, la salsa ne prospèrent pas bien dans ce pays. Seydina Issa Wade, chanteur et guitariste de folk sénégalais, vivant en Europe, en a eu l’amère expérience. Revenu au Sénégal avec un produit qu’il a fait mixer à Paris, celui-ci s’est entendu dire : il faut qu’il mâtine sa musique à la sauce mbalax en y mettant comme ingrédients beaucoup de percussions sinon les gens ne vont pas aimer.
Harmonies et mélodies
Force est de reconnaître que le mbalax se meurt aujourd'hui dans l’espace sénégambien. Il s’appuie sur une rythmique wolof qui met en avant les percussions. Comme le décrit Aziz Dieng, un fin connaisseur de cet art, qui voit dans le mbalax une musique très syncopée s’appuyant sur un rythme ternaire contrairement au rythme binaire du funk, disco, rock, hip-hop. Ce qui fait que le “mbeug mbeug” qui marque le temps et la batterie joue à contre-temps. Pape Dieng “Diengos”, musicien et producteur, soutient à ce propos que le mbalax combine la basse et la batterie et met l’accent rythmique sur le deuxième temps.
Cette singularité rythmique du mbalax pousse à s’interroger sur sa capacité à évoluer dans la sphère mondiale. Sa composition polyrythmique complexe ne milite pas en faveur d’une ouverture internationale. D’aucuns pensent que le mbalax permet de cultiver la différence, d’imprimer la marque d’une musique véritablement sénégambienne.
Par contre, d’autres soutiennent qu’il n’existe pas une musique sénégambienne mais des musiques sénégambiennes. En tout état de cause, pour que le mbalax puisse avoir droit de cité sur la scène internationale, il convient de mettre l’accent sur les harmonies et les mélodies en baissant les percussions.
Souvent les musiciens sénégalais se laissent entraîner dans un mbalax non suffisamment travaillé. Ils se focalisant essentiellement sur le rythme dont la base est constituée de percussions. Ainsi tombe-t-on dans la facilité comme l'explique Moustapha Ndiaye, président…: Ainsi tombe-t-on dans la facilité dans la mesure où, comme le dit Moustapha Ndiaye, président du Comité africain pour la Fédération mondiale des institutions musicales :
Le mbalax ne nécessite pas beaucoup d’efforts pour sa maîtrise. C’est une musique locale facile à consommer… c’est une musique qui ne cherche pas à évoluer […] il n’y a pas de recherche poussée en mbalax. Techniquement, il n’évolue pas. On se contente de refaire les mêmes choses avec des variantes près…
Appât du gain
Tout compte fait, il convient de reconnaître que cette facilité dans laquelle se complaît la musique sénégalaise tire son origine de l’appât du gain mais également du manque de formation des mélomanes. La grande masse des Sénégalais en a fait sa musique. Elle n’a pas cette oreille musicale qui lui permet d’exiger une musique de qualité.
La responsabilité, de notre point de vue, incombe au mbalax, ce rythme dansant qui pousse les créateurs à mettre davantage l’accent sur les percussions plutôt que d’asseoir une bonne mélodie. Et pourtant bien réglées, les percussions peuvent contribuer à créer une musique sénégalaise de qualité.
La salsa-mbalax en est un bel exemple avec le Super Cayor de James Gadiaga et Pascal Dieng. Le Super-Salsa d’Alias Diallo, l’African Salsa dont les sonorités salsa sont mélangées au rythme détonant du mbalax.
Le Super-salsa, un mélange de salsa et de mbalax.
Ainsi le mbalax trône-t-il de toute sa stature sur la scène musicale. En véritable seigneur, ce genre musical a marqué et continue de marquer de son empreinte la musique nationale. Toutefois, il constitue l’écran de fumée qui empêche l’expression d’autres sonorités tout aussi riches que diverses. Mû par une logique commerciale, le mbalax prend les contours de l’"informalité", tant au niveau de sa création, de sa production que de sa distribution.
Ce phénomène est désigné sous le vocable “sandaganéisation” (en référence au marché Sandaga de Dakar où le piratage des produits musicaux a établi ses quartiers) ou son “baol-baol”, en comparaison aux commerçants originaires du centre du pays qui se sont positionnés davantage sur la commercialisation des produits de cette musique locale. D’où, le qualificatif de son “baol-baol” de la musique, tant la recherche effrénée du gain l’emporte sur la qualité artistique des œuvres.
Avec l’aide de la technologie musicale (studios d’enregistrement, usines de duplication de cassettes, supports de diffusion : radios, télévision culturelle, Internet, etc.), des produits sont réalisés à la va-vite et commercialisés sur le marché, sans souci de la qualité.
Le mbalax a amené sur la scène musicale des artistes, danseuses et danseuses moins talentueux, qui ont trouvé une reconversion peu réussie dans la chanson privilégiant le taassu (une variante sénégalaise du rap) et une profusion de percussion. Une musique saccadée, rythmique plus proche du tintamarre que d’une musique agréable à écouter.
Aujourd’hui, le mbalax est en train d’explorer d’autres horizons musicaux avec Waly Seck, le golden boy de la musique sénegalaise et ses cousins, Sidy Diop, Mia Guissé, Momo Dieng marchant sur les traces de leurs devanciers tout en scrutant la scéne mondiale. Le mbalax est condamné à se réinventer ou disparaître dans un contexte de mondialisation.
L’histoire de l’entreprise est objet de recherches, d’enseignements ou d’ouvrages accessibles dans les pays développés. Il m’apparaît souhaitable qu’elle gagne encore plus en importance dans les universités et écoles de gestion africaines
Mon invite s’adresse d’abord et avant tout aux historiens, enseignants et chercheurs, qui ont pour vocation de nous aider à analyser les traces laissées par le passé et à comprendre les évolutions des sociétés humaines dans le temps. Parmi ces évolutions, celles ayant trait à l’économie, c’est-à-dire à la création, la conservation et la circulation des biens et des services, font partie des évolutions majeures depuis que l’homo sapiens est apparu sur Terre, il y a 300 000 ans. Pendant l’ère moderne que nous vivons, les entreprises font partie des acteurs majeurs de nos sociétés ; comme les armées et peut-être plus que celles-ci de nos jours, elles font la grandeur des nations, mais aussi leur décadence. Si nous étions tentés de l’ignorer, la Chine, champion des champions de l’économie, nous le rappelle tous les jours.
Mon invite s’adresse ensuite aux enseignants et chercheurs en économie et en gestion qui ont vocation à rendre intelligibles les politiques et stratégies industrielles, commerciales et financières des États et de leurs entreprises. Enfin, elle s’adresse aux dirigeants des universités et des grandes écoles qui ont la charge de déterminer et organiser les enseignements et les recherches. Puissent les propriétaires, les dirigeants et les personnels des entreprises apporter leurs concours, sous toutes les formes possibles, à nos enseignants et chercheurs.
L’histoire économique mérite d’être connue. Elle est différente de l’histoire de la science économique, celle-ci étudiant l’évolution dans le temps des savoirs en économie, celle-là analysant l’évolution dans le temps des faits et phénomènes économiques ; dans les deux cas à l’aide des méthodes des sciences historiques. Les historiens africains mènent sans doute des recherches sur l’histoire des faits économiques dans leurs universités et pays respectifs ; peut-être même sur l’histoire des entreprises. Mais, le produit de ces études et recherches ne ruisselle pas suffisamment jusqu’aux praticiens de l’économie qui sont dans les entreprises et les administrations, encore moins jusqu’au grand public. Nos chercheurs devraient tourner un peu plus leurs regards vers ceux qui, en dehors des amphithéâtres et des laboratoires, ont soif de savoir. Ils devraient mettre un peu plus à leur disposition des ouvrages tirés de leurs travaux scientifiques. Cela se fait dans les pays développés.
Pourquoi les connaissances de l’histoire économique doivent-elles ruisseler dans la société ?
Nous devons tous en savoir de l’économie parce que tout simplement elle étudie, explique et détermine nos moyens matériels d’existence, qui sont le préalable à tout. Les anciens ne disait pas autre chose lorsqu’ils disaient "Primum vivere, deinde philosophare[1] ". Mieux, l’économie nous permet de fructifier ces moyens d’existence, d’en distribuer avec équité aux ayants-droit, d’en vivre et d’en transmettre aux générations suivantes, si nous les gérons efficacement et prudemment. C’est pourquoi l’économiste Jacques Mistral dit dans une formule aussi concise que juste que l’économie est la science de la richesse[2].
Nous devons savoir comment et quand cette richesse a été créée, qui l’a créée et comment elle a évolué au fil des années et des siècles. C’est l’histoire économique et celle des entreprises qui nous l’enseignent. De surcroit, la connaissance de l’histoire des faits et phénomènes économiques et de celle des organisations est essentielle pour la réflexion et la prise de décision des autorités et hauts-fonctionnaires en charge de questions économiques ou celles des cadres d’entreprises publiques ou privées. La connaissance des bonnes et mauvaises politiques d’hier éclaire la réflexion, l’action, les décisions et les choix d’aujourd’hui et de demain. Les expériences et évènements d’hier peuvent se révéler d’une grande pertinence pour les analyses d’aujourd’hui, tant pour le chercheur que pour l’homme d’action ; la connaissance du passé, ses difficultés et ses échecs, mais aussi ses succès immunisent le chercheur comme le décideur contre l’arrogance, la superbe et la facilité ; elle fait prendre conscience de l’importance du contexte et des circonstances. Cette connaissance du passé en économie est magnifiée par Stanley Fischer, ancien professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), ancien économiste en chef de la Banque mondiale et ancien vice-président du conseil de la Réserve Fédérale des États-Unis, lorsqu’il déclare : "je pense que j'ai autant appris en étudiant l’histoire des banques centrales qu’en étudiant les théories de politique monétaire et je conseille à tous ceux qui veulent être banquiers centraux de se plonger dans les livres d'histoire[3]". Avant lui, l’immense Schumpeter (1883-1950), économiste au savoir encyclopédique, un des plus brillants du XXe siècle, nous a enseigné que la science économique se caractérise par la maîtrise, dans le domaine économique, de l'histoire, de la statistique et de la théorie. Il a écrit : "Il serait illusoire d'espérer que l'on comprendra quoi que ce soit aux phénomènes économiques [...] sans maîtriser suffisamment les données historiques. Il est de fait que les erreurs fondamentales qu'on commet aujourd'hui en analyse économique sont plus souvent dues à un manque d'expérience historique qu'à toute autre lacune dans la formation des économistes[4]. " Toutefois, la connaissance du passé ne veut pas dire sa reconduction aveugle, mais elle induit plutôt la capacité à prendre conscience de l’importance du contexte, tout en ayant à l’esprit que les situations, même ressemblantes, ne sont jamais identiques. L’histoire regorge d'exemples d'institutions mises en place pour résoudre les problèmes d'une époque, mais qui se sont révélées inefficaces plus tard pour d’autres problèmes apparemment semblables.
Pourquoi faut-il étudier l’histoire des entreprises, l’enseigner et la faire connaître ?
Il faut étudier l’histoire des entreprises, parce que, si l’économie est la science de la richesse, l’entreprise réunit des hommes et des femmes, qui mêlant leurs ambitions, leurs intelligences, leurs talents et leur ardeur au travail, créent cette richesse, en procurant à leurs clients les biens et services qui répondent à leurs besoins. De la même manière que l’histoire militaire met en lumière les stratégies des armées, victorieuses ou défaites, le caractère et l’intelligence des chefs militaires et des soldats ou leurs erreurs de jugement, l’histoire des secteurs industriels et des entreprises étudie les stratégies des entreprises, leurs innovations technologiques, managériales, comptables, financières et commerciales, les talents de leurs dirigeants et personnel, les synergies avec les autres systèmes, tel le système politique. Dans les pays développés, particulièrement aux États-Unis, cette discipline, l’histoire de l’entreprise, la business history, joue depuis plusieurs décennies un rôle central dans l’enseignement et la recherche en management dans les universités et business schools.
L’histoire de l’entreprise, en tant discipline universitaire, est véritablement née à la Harvard Business School en 1927 avec la mise en place de la première chaire de business history aux États-Unis, deux ans après de la fondation de la Business Historical Society. Son enseignement à Harvard s’adressait au début à de futurs cadres et dirigeants d’entreprises et portait sur l’étude des pratiques managériales et de leurs succès et échecs à travers l’histoire. Il mettait un accent particulier sur la figure de l’entrepreneur, sans doute un effet de l’influence de Schumpeter qui a commencé à donner des cours à Harvard University à partir de 1927 et s’y est installé définitivement en 1932 et y est resté jusqu'à sa mort en 1950.
Après 1960, Alfred D. Chandler Jr. (1918-2007), professeur au MIT (1950-1963), puis à Johns Hopkins University de (1963-1971) et enfin à la Harvard Business School (1971-2007), s’est imposé comme l’universitaire le plus influent parmi les spécialistes de la business history.
Qu’est-ce que pourraient être les sujets de recherche ou thèmes d’ouvrage pour le Sénégal ?
L’histoire de l’entreprise est objet de recherches, d’enseignements ou d’ouvrages accessibles dans les pays développés. Il m’apparaît souhaitable qu’elle gagne encore plus en importance dans les universités et écoles de gestion africaines. Les sujets ne manquent pas. Un sujet majeur et générique me vient à l’esprit : que dans chaque pays les enseignants et chercheurs habilités écrivent l’histoire économique de leur pays de l’indépendance à 2025 ; qu’eux ou d’autres historiens, professionnels ou amateurs, écrivent les histoires des secteurs industriels et des entreprises sur la même période, celles des faits et celles des hommes et des femmes qui en sont les auteurs ! Au Sénégal, comme dans les autres pays, les sujets ne manquent pas. Je m’autorise à en suggérer quelques-uns :
L’histoire des télécommunications au Sénégal de 1960 à nos jours mérite d’être contée, de la création de France Câbles et Radio (FCR) en 1959, à celle de Télésénégal en 1968 et à celle de Sonatel en 1985, avec la fusion de Télésénégal en charge des communications internationales et de la branche télécommunications de l'Office des Postes et Télécommunications.
L’histoire des chemins de fer du Sénégal doit aussi faire l’objet de plus d’études ; on devrait rappeler à tous cette histoire, de la construction par le pouvoir colonial de la ligne de chemin de fer Dakar/Saint – Louis appelée (DSL) en 1885, à l’achèvement de la ligne Dakar-Bamako (le Dakar-Niger) en 1923, à la fermeture de la ligne Dakar-Saint Louis en 1995 et celle de Dakar-Bamako en 2018 par les autorités sénégalaises et maliennes, privant les deux pays d’une infrastructure essentielle à leur développement. La fermeture de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako est un des symboles les plus douloureux de nos échecs postcoloniaux et de notre incapacité à entretenir durablement un acquis.
L’histoire du secteur phosphatier sénégalais aussi, des années 40 à aujourd’hui, vaut la peine d’être sue, particulièrement celle des trois sociétés qui ont marqué le secteur dès les années 60 ou 70 : la Société Sénégalaise des Phosphates de Thiès (SSPT) fondée en 1948 ; La Compagnie Sénégalaise des Phosphates de Taïba (CSPT) créée en 1957 ; la société des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) créée en 1976 et entrée en production en 1984, en vue de la transformation des phosphates de Taïba ; l’absorption de la CSPT par les ICS en 1996 est considérée par beaucoup de connaisseurs comme un grand moment de politique industrielle au Sénégal ; elle vaut la peine d’être étudiée et expliquée.
L’histoire de la politique agricole sénégalaise et des organismes d’appui à l’agriculture depuis 1960 est à écrire, à enseigner et à faire connaître, notamment celle des organismes comme l'Office de Commercialisation Agricole (OCA) créé en 1960 et dont les attributions ont été réparties par la suite entre l’Office National de Coopération et d’Assistance pour le Développement (ONCAD) créée en 1966 et l'Office de Commercialisation Agricole du Sénégal (OCAS) institué en 1967 ; l’écriture de cette histoire du secteur agricole ne saurait se faire sans celle de la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS) créée en 1975, celle de sa filiale la SONAGRAINES créée en 1982 et dissoute en 2001 et celle l'Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) créé en 1974 et héritier des anciens instituts français qui intervenaient au Sénégal. La connaissance de l’histoire de la politique agricole sénégalaise des années 60 à nos jours – notamment ses échecs – serait riche d’enseignements pour ceux qui veulent écrire une nouvelle page – cette fois-ci réussie – de l’agriculture du pays.
L’histoire de la monnaie, de la finance et de la banque au Sénégal et en Afrique a déjà fait l’objet de plusieurs ouvrages. Me viennent à l’esprit les suivants : De la vie coloniale au défi international: Banque du Sénégal, BAO, BIAO ; 130 ans de banque en Afrique[5] de Jacques Alibert, ancien Directeur de la BIAO ; La Saga Bank of Africa[6] de Paul Derreumaux, fondateur et président du groupe bancaire Bank of Africa de 1982 à 2010 ; Des francs CFA et des banques : de la Banque du Sénégal à la BIAO-Sénégal[7] de Mohamadou Diop, ancien de la Banque Mondiale et ancien Directeur Général de la BIAO-Sénégal (actuelle CBAO) ; Histoire de l'Union Monétaire Ouest-Africaine - Tomes 1 à 3[8] ouvrage écrit par un collectif d’auteurs à la demande de la BCEAO.
Mérite aussi d’être racontée l’histoire des banques qui étaient contrôlées par l’État, telles la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) et l’ Union Sénégalaise de Banque (USB), qui ont toutes disparu dans les années 80 du fait d’une distribution irresponsable et laxiste des crédits ; celles des banques avec des capitaux privés sénégalais telles la Banque Commerciale du Sénégal (BCS) et Assurbank qui sont mortes à peine nées dans les années 80 ; celles des banques avec des capitaux privés ouest-africains, telles Bank of Africa, Ecobank, Coris Bank, qui ont su en revanche grandir et s’imposer dans un marché concurrentiel ; celle de la BICIS, de l’ouverture à Dakar de l’agence de son ancêtre, la BNCI, en 1939 à sa vente au groupe SUNU en 2023, mettant fin à 84 ans de présence du groupe bancaire français Bnpparibas au Sénégal ; celle des activités boursières au Sénégal et notamment celle de CGF Bourse, première Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) agréée au Sénégal en 1998, d’autant qu’elle a amorcé en 2023 une nouvelle étape de son développement.
L’histoire des entreprises de presse écrite et audiovisuelle vaut la peine d’être étudiée, enseignée et diffusée ; celle la presse écrite, de la création de Paris-Dakar en 1933, à celle de Dakar-Matin en 1961, du Soleil en 1970, de Sud-Hebdo en 1982, de Wal Fadjri en 1984 etc. ; celle de la radio et de la télévision avec la création de Radio Dakar en 1950, de l'Office de Radiodiffusion Télévision du Sénégal (ORTS) en 1973, de la Radiodiffusion Télévision du Sénégal (RTS )en 1992, de Sud FM la première radio privée en 1994, et de 2STV, la première chaine de télévision privée en 2003.
Il convient de rappeler que l’histoire de la presse écrite a fait l’objet d’une thèse de doctorat[9] et d’un ouvrage[10], tous les deux du journaliste Mamadou Koumé. Il a ouvert la voie.
Bien sûr, on pourrait à l’envi parler de mille autres thèmes. Ceci n’est qu’un petit aperçu du vaste champ en friche qu’est en Afrique et particulièrement au Sénégal l’histoire de l’entreprise, même s’il y a trente-cinq ans le Professeur Ibrahima Thioub[11] nous a gratifié d’une thèse sur les entreprises sénégalaises de 1930 à 1973, avant d’être le grand historien connu dans le monde entier pour ses travaux sur l’esclavage et la traite négrière.
Alors, historiens – professionnels ou amateurs –, économistes, essayistes, "que cent projets de recherche s’épanouissent ! que cent ouvrages rivalisent, un peu partout en Afrique ![12] "
Mamadou Sène est un ancien dirigeant de banques, auteur de "La banque expliquée à tous – Focus sur l’Afrique ", RB Edition.
[4] Schumpeter, Joseph A, Histoire de l'analyse économique t1, Gallimard, coll. TEL Gallimard, Publié le 27/07/2007
[5] Jacques Alibert, De la vie coloniale au défi international: Banque du Sénégal, BAO, BIAO ; 130 ans de banque en Afrique, chotard & associés éditeurs, 1984
[6] Paul Derreumaux, La Saga Bank of Africa, Gingko Éditeur, 2022
[7] Mohamadou Diop, Des francs CFA et des banques : de la Banque du Sénégal à la BIAO-Sénégal, L’Harmattan, 2018
[8] Collectif d’auteurs, Histoire de l'union monétaire ouest africaine - Tomes 1 à 3, Éditions Georges Israël, 2000
[9] Mamadou Koumé, L' Evolution de la presse quotidienne au Sénégal : "Paris-Dakar" (1937-1961) : "Dakar-Matin" (1961-1970) Mamadou Koume, Thèse soutenue à Paris II en 1991
[10] Mamadou Koumé, Naissance de la presse quotidienne au sénégal : L’épopée de Paris-Dakar et de Dakar-Matin (1937-1970), L’Harmattan Sénégal, 2023
[11] Ibrahima Thioub, Entreprises, entrepreneurs et État dans une économie dépendante : domination étrangère et marginalisation des autochtones (Dakar-Sénégal), 1930-1973, Thèse soutenu à l’Université Paris VII en 1989
[12] Je paraphrase la fameuse formule de Mao Tsé Toung de mai 1956 pour lancer la campagne de libre critique appelée La campagne des cent fleurs : « Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent ! »
DÉCÈS DE MANSOUR DIENG, FONDATEUR DE ICÔNE MAGAZINE
Il a contribué à la création de nombreux journaux d'entreprise et a collaboré avec diverses structures du secteur public.
(Seneplus)- Le monde de la presse sénégalaise est en deuil suite à la disparition d'une figure emblématique. Le fondateur d'Icône Magazine, Mansour Dieng, affectueusement surnommé « Grand Mansour », s'est éteint ce mardi à Dakar, après une longue maladie.
Bien qu'il soit principalement reconnu pour son travail avec Icône Magazine et dans le milieu des célébrités, Mansour Dieng était également un expert en édition. Il a contribué à la création de nombreux journaux d'entreprise et a collaboré avec diverses structures du secteur public.