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6 mars 2025
ICS-RIVERAINS, UNE RELATION EXPLOSIVE
Conflits fonciers et sociaux, blocage de l’activité économique - Face à un blocus depuis le 28 mai, les Ics essaient de redémarrer la machine. Mais, elles sont confrontées cette fois-ci à une révolte des villageois qui ont décidé de paralyser
Face à un blocus depuis le 28 mai, les Ics essaient de redémarrer la machine. Mais, elles sont confrontées cette fois-ci à une révolte des villageois qui ont décidé de paralyser leur activité. Les conflits fonciers et sociaux entre les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et les villages riverains impactés, Ngakham-2, Gade, Ngomene, Méouane, Mbelgor, Ndiane Mbaye, Daya Ndiop, Daya Ndakhar et Daya Made, Ndomor et Ndiakhaté, semblent encore loin de trouver leur épilogue. Le collectif des villages impactés, déterminé à «continuer de défendre nos intérêts par tous les moyens légaux», alerte les autorités sur la nécessité de «revoir les questions liées au contenu local, à la Rse, à l’emploi des jeunes des villages riverains, au respect des normes environnementaux, entre autres». Des populations qui jugent alors nécessaire d’éclairer la lanterne de l’opinion et des autorités compétentes sur «le forcing des Ics», pour que des «mesures fortes» soient prises pour régler la controverse : la question du barème d’indemnisation des impactés dans les zones minières. Dans l’après midi d’hier, le blocus des installations de la société a été levé sur demande du ministre de l’Intérieur.
C’est une révolte citoyenne qui couve dans l’aire des Industries chimiques du Sénégal (Ics). C’est une première dans cette zone de «turbulence» affectée par une série de contentieux liés aux multiples conflits fonciers et sociaux opposant les Ics/Indorama aux populations riveraines. Une nouvelle stratégie de lutte consistant, pour les populations du village de Ndomor, regroupées au sein du collectif de défense des terres et intérêts de leur localité, à maintenir le blocus installé depuis déjà plusieurs jours à hauteur du chemin de fer de la société.
En cette matinée du samedi 8 juin, ces riverains, très en colère, ont tenu un point de presse pour faire état de la situation en cours. Porte-parole du jour, Modou Ndiaye explique les enjeux : «Le village de Ndomor a d’abord eu le malheur d’être une cible d’un déguerpissement et d’une expropriation effectués par les Ics entre 1972 et 1973. Ce déplacement du village a eu des conséquences dramatiques, tant sociales que culturelles, en plus des dommages économiques qu’il a causés aux populations.» Il poursuit : «Depuis cette date, les Ics n’ont cessé d’agresser notre écosystème, de polluer notre environnement et d’empiéter sur nos terres d’habitat et de culture. Les rejets fréquents de gaz carboniques ou à effet de serre et autres produits toxiques dans l’atmosphère et sur les sols engendrent une pollution de l’air, des sols et de la nappe phréatique, et détruisent la faune et la flore dans cette localité.»
Ces populations font face à un scandale écologique. «Nos terres de culture sont polluées et spoliées, de façon ininterrompue, par cette compagnie, de sorte qu’aucun arbre fruitier ou qu’aucune culture de rente ne puisse désormais s’y développer convenablement», note-t-il. Il ajoute : «Aujourd’hui, les exploitations des Ics sont venues jusqu’aux abords du village et au cœur de nos terres de culture, entraînant ainsi une spoliation de ces terres par la société qui est en train d’y construire des forages pour alimenter ses exploitations en eau.» Et le comble, à leurs yeux, est que «la société rechigne à payer les dommages et pertes ainsi causés sur nos champs». Face à cette situation, les villageois ont mis en place un système de «blocus» des installations de la société. «Nous avons installé un blocus à hauteur du chemin de fer de la société depuis quelques jours», note le porte-parole. Le blocus a été levé hier.
La révolte citoyenne, une nouvelle stratégie de lutte des impactés
Aujourd’hui, les populations de Ndomor vont continuer à maintenir ce blocus pour exiger des Ics «le respect» de leurs engagements : «L’évaluation et le paiement de tous les champs et terres impactés ; la clôture des anciens et premiers cimetières du village déplacés par les Ics en 1973 ; le bitumage du tronçon latéritique qui lie la Route nationale à la voie ferrée, pour réduire les nuées de poussière et d’émanations que soulèvent les incessants passages des camions et bus de la compagnie, sur le collège du village et sur les élèves.» A cette liste, il faut ajouter le «recrutement des jeunes diplômés et non diplômés du village ; le respect de l’environnement». Comme une rengaine, ces revendications sont toujours consignées dans le cahier de doléances des populations riveraines.
DEGATS ET DOMMAGES LIES AUX TRAVAUX DE SONDAGE - VERSEMENT D’UNE PREMIERE TRANCHE SANS SUITE
Le 15 mai 2024 dernier, les populations, réunies au sein du Collectif des villages impactés par les Industries chimiques du Sénégal (Ics), Ngakham-2, Gade, Ngomene, Méouane, Mbelgor, Ndiane Mbaye, Daya Ndiop, Daya Ndakhar et Daya Made, Ndomor et Ndiakhaté, ont tenu un sit-in sur la route menant au site minier de Tobène pour montrer leur mécontentement vis-à-vis de cette société minière. «Depuis mars 2023, la Commission départementale avait procédé à l’évaluation des dégâts et dommages liés aux travaux de sondage (prospection et exploration) sur la base d’un protocole d’accord signé entre les Ics et les populations concernées sous la supervision des représentants de l’Etat (le sous-préfet de Méouane, le représentant du Préfet de Tivaouane, le représentant du maire de Méouane) et l’ensemble des services concernés», notent les populations. Selon cet accord, «les dégâts liés aux mouvements de terre et des routes des gros engins sont évalués à 650 F Cfa/m2 (soit 6,5 millions F par ha) et chaque puits de forage est évalué à 100 mille F», soulignent les impactés. Selon eux, «ces évaluations concernent seulement les dégâts causés et n’ont pas de rapport avec l’évaluation finale des terres». Les populations riveraines poursuivent leurs complaintes : «Après avoir payé la première tranche, les Ics ont arrêté les paiements tout en continuant leurs travaux de prospection. Des terres de centaines d’impactés sont encore en attente d’une évaluation. Les autorités ont convoqué des réunions qui n’ont jusque-là pas résolu le problème.» Et à leur grande surprise, de constater que «les Ics, qui avaient pourtant donné la date du 5 mai pour le paiement intégral de tous les dégâts et destructions déjà évalués, ont fait une volteface pour imposer aux populations un barème dérisoire de 105 F Cfa/m2 (soit 1,050 mille F Cfa par hectare) et 50 mille F comme indemnité globale des restaurations des sols».
Réunion entre le Gouverneur de Thiès et le Collectif des villages impactés et les Ics
Au cours d’une réunion convoquée le vendredi 17 mai 2023 par le Gouverneur de région, à Thiès, entre les représentants des villages impactés et les responsables des Ics dont le Directeur général, M. Alassane Diallo, suite à l’évaluation, par la Commission départementale, des dégâts liés aux travaux de sondage des Ics, le chef de l’Exécutif régional a fustigé «l’attitude des Ics envers les paysans». A ses yeux, «il est inadmissible que les Ics veuillent renégocier ou reconsidérer le barème d’indemnisation qui était fixé bien avant le début des travaux de sondage en présence de tous les concernés, à Méouane». A cet effet, il a reconnu que «les Ics sont les seules et uniques responsables de tout ce qui est arrivé (arrêt de la production par les paysans impactés)». Ce barème était discuté et validé devant des témoins, le sous-préfet de Méouane, le représentant du Préfet de Tivaouane et la Commission départementale chargée des évaluations. «C’est un dilatoire, un manque de respect et de considération envers nous. Une entreprise qui fait plus 566 milliards F Cfa de chiffres d’affaires par an (rapport Itie 2022) continue d’appauvrir des populations déjà démunies», fustigent les villageois. Aujourd’hui, ils sont décidés à obtenir gain de cause. «Nous voulons le paiement intégral des évaluations déjà terminées depuis décembre 2023 et l’évaluation dans les plus brefs délais des dégâts non encore évalués, d’autant plus que c’est bientôt la Tabaski et le début de l’hivernage», poursuivent-ils.
«Aucune renégociation et ou reconsidération»
Par contre, il n’est pas exclu d’entamer des discussions pour les sondages non encore évalués. Devant le Gouverneur, le représentant de la Commission départementale a confirmé «la volteface des Ics». «L’objet de la réunion tenue à Méouane avant le début des sondages était d’éviter ce genre de problème», rappelle-t-il. Les dégâts sont estimés à 103,7 ha, 170 trous de sondage, 38 mille 203 espèces arboricoles et forestières, 1251 mètres linéaires de haies vives pour un coût total de 760 millions 405 mille 859 F Cfa, évalue la Commission départementale en charge des évaluations. Soit seulement 1 million 178 mille 823 par paysan en moyenne. «Les Ics, plutôt que de respecter leur engagement, veulent imposer aux paysans 235 millions 970 mille 699 F Cfa, soit une différence de 524 millions 435 mille 160 F. Ainsi elles ne veulent payer que 31% de ce qu’elles doivent aux paysans», dénotent les impactés.
ARRET DES SONDAGES MINIERS ET BLOCUS DE CERTAINS SITES - LES ICS AU BORD DE L’ASPHYXIE
Avec l’arrêt des sondages miniers des Industries chimiques du Sénégal (Ics) à la suite d’un arrêté du sous-préfet de l’arrondissement de Méouane le 3 juin dernier, la société avait alerté sur «les faits liés à la situation inquiétante qui perdure tout en se dégradant depuis plusieurs jours, mettant progressivement à l’arrêt les activités de l’entreprise». «Les activités minières des Ics sont à l’arrêt depuis le mardi 28 mai 2024 suite au blocage des sites d’extraction et de traitement du minerai par un certain nombre de personnes. Ainsi, depuis le samedi 1er juin 2024, la ligne de chemin de fer reliant les sites a été bloquée, ce qui empêche l’évacuation de l’acide phosphorique et, par conséquent, provoque un arrêt progressif de la fabrication de ce produit», note l’entreprise. Pourquoi une telle situation ? A en croire la Cellule de communication, les Ics conduisent simultanément des travaux d’exploration et d’exploitation, dans le cadre des concessions minières pour l’exploitation des phosphates de chaux de Tobène-Nord et de Tobène-Sud, renouvelées en 2008 par décret et valables jusqu’en 2033. L’objet du blocage noté depuis le mardi 28 mai 2024 découle de la nouvelle demande des personnes impactées quant à la compensation de la dernière campagne d’exploration. Toutefois, elle assure qu’«une telle situation impacte directement les 5 mille emplois directs générés par la société et les communautés environnantes dont les Ics constituent le principal moteur économique et social».
MALAWI : LE VICE-PRESIDENT ET L'EX PREMIERE DAME MEURENT DANS UN ACCIDENT D'AVION
L’avion militaire avait disparu des radars lundi après avoir échoué à atterrir en raison d’une mauvaise visibilité. Les photos montrent des débris portant le numéro d’enregistrement de l’appareil, un bimoteur Dornier 228-202K.
iGFM (Dakar) L’avion militaire avait disparu des radars lundi après avoir échoué à atterrir en raison d’une mauvaise visibilité. Les photos montrent des débris portant le numéro d’enregistrement de l’appareil, un bimoteur Dornier 228-202K.
Les recherches ont porté leurs fruits au Malawi pour retrouver l’avion militaire qui transportait le vice-président du pays, et qui avait disparu des radars la veille après avoir échoué à atterrir. « Je sais qu’il s’agit d’une situation déchirante […], mais je tiens à vous assurer que je n’écarte aucun moyen disponible pour retrouver cet avion et que je m’accroche à l’espoir que nous trouverons des survivants », a déclaré le président Lazarus Chakwera dans un message télévisé à la nation.
Le vice-président, Saulos Chilima, 51 ans, avait pris place avec neuf autres personnes dans cet avion pour se rendre dans la ville de Mzuzu, à 370 km au nord-est de la capitale Lilongwe, assister aux funérailles d’un ancien membre du gouvernement. L’ancienne Première dame du Malawi, Shanil Dzimbiri (Muluzi), était également à bord.
« À l’arrivée à Mzuzu, le pilote n’a pas pu atterrir en raison d’une mauvaise visibilité due au mauvais temps, et les autorités aériennes ont conseillé à l’avion de retourner à Lilongwe, mais les autorités ont rapidement perdu le contact avec l’appareil », a relaté le président. Le chef de l’État a rejeté des allégations de médias locaux selon lesquelles les opérations de recherche avaient été interrompues avec la nuit.
Aide internationale
Les soldats sont « toujours sur le terrain pour effectuer les recherches et j’ai donné des ordres stricts pour que l’opération se poursuive jusqu’à ce que l’avion soit retrouvé », a-t-il déclaré, ajoutant que l’armée donnerait régulièrement des informations au public. Plus tôt dans la journée, il avait ordonné aux forces régionales et nationales de mener une « opération immédiate de recherche et de sauvetage », selon un communiqué du gouvernement.
Le président a indiqué avoir contacté les gouvernements de plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Norvège et Israël, qui ont tous offert leur aide « à différents titres », incluant la mise à disposition « de technologies spécialisées qui permettront de retrouver l’avion plus rapidement ».
Le président Chakwera, qui devait partir en visite de travail aux Bahamas, a annulé son départ. Élu pour la première fois vice-président en 2014, Saulos Chilima, une figure politique charismatique au discours sévère, est très populaire au Malawi, en particulier parmi les jeunes. Mais en 2022, lors de son second mandat, il avait été suspendu de ses fonctions après avoir été arrêté et poursuivi pour corruption dans le cadre d’un scandale ayant impliqué un homme d’affaires anglo-malawite. En mai, un tribunal du Malawi avait annulé les poursuites après plusieurs audiences en sa présence.
Par Hamidou ANNE
LA MEMOIRE CORRECTIVE DE PSK
Pape Samba Kane croque les personnalités de la scène publique sénégalaise avec justesse, précision, sans jamais verser dans la vulgarité ni la grossièreté, qui sont hélas devenues des pratiques journalistiques au pays de Mame Less Dia.
Mon ami Pape Samba Kane m’a fait l’amitié de me faire parvenir, il y a quelques mois, son dernier ouvrage publié en deux tomes, Mémoire corrective, aux éditions Harmattan Sénégal. Depuis, je picore régulièrement des pépites sur les 750 pages du livre écrit avec un soin particulier apporté à la langue et au style. Il s’agit d’un recueil de portraits satiriques publiés dans un grand journal qui marqua l’histoire de la presse africaine, le défunt Cafard Libéré, sous sa rubrique Profil. Le journaliste a fait un travail méticuleux d’archiviste pour exhumer ces textes parus entre 1987 et 1996 afin de les proposer à l’édition pour le plus grand bonheur de son lectorat.
Pape Samba Kane croque les personnalités de la scène publique sénégalaise avec justesse, précision, sans jamais verser dans la vulgarité ni la grossièreté, qui sont hélas devenues des pratiques journalistiques au pays de Mame Less Dia.
Certains des textes, comme le souligne le préfacier du premier tome, le regretté Mame Less Camara, sont prémonitoires. Il donne l’exemple de Idrissa Seck que l’auteur avait vu comme futur directeur de Cabinet du Pape du Sopi quand ce dernier arriverait au pouvoir. Ce fut chose faite, avant le déchirement, la disgrâce et les péripéties policières puis judiciaires. Du fait de mes inclinations, certains textes m’ont parlé plus que d’autres. Ceux sur Jean Collin, Fara Ndiaye, Mamadou Puritain Fall, par exemple. J’ai été touché par le portrait de feu Mbaye Diack, marxiste brillant et rigoureux. PSK relate sa réponse «Très loin» à la question de savoir où il habitait. Ces deux mots vagues et imprécis disent beaucoup des gens de cette époque, de ces hommes politiques, qui en plus d’avoir lu leurs classiques, avaient un sens de la répartie qui renseigne sur leur finesse. Ils avaient du fond et savaient discourir de manière élégante et raffinée.
Les portraits de PSK peuvent être très drôles et obliger le lecteur à marquer une pause pour un rafraîchissant éclat de rire. L’art de faire rire est un talent, parmi ceux qui certainement me touchent le plus. Les idées d’une personne peuvent être haïssables mais l’humour reste pour moi une qualité supérieure à presque toutes les autres. PSK est de cette race de journalistes à la plume vive et caustique. On n’en fait plus dans notre pays, hélas et le débat public s’en trouve dévitalisé. Pour citer à nouveau Mame Less Camara, PSK sait être «féroce» sans jamais être «méchant». Dans sa tâche, il est aidé dans cet ouvrage par les coups de crayon de TT Fons, Joop et Odia. Odia, ce talentueux dessinateur dont je remarque avec tristesse qu’il a perdu ce plaisir aristocratique de déplaire. Un dessinateur qui par couardise cherche à plaire aux Princes perd ce sentiment jouissif qu’est l’irrévérence.
Le livre de PSK est un immense musée représentatif d’un monde d’hier dont notre pays ne veut pas se souvenir car il lui rappelle sa grandeur d’antan et son niveau d’abêtissement actuel. Certains personnages disparus, que PSK ressuscite, étaient l’incarnation d’un Sénégal de tenue et de retenue. On pouvait ne pas partager les orientations politiques de Jean Collin, Fara Ndiaye, Me Babacar Niang, etc., mais ils avaient un sens de l’Etat et une haute idée de ce que devait être la politique. Elle ne doit jamais se départir de la dignité.
La tenue du monde d’hier tranche avec l’outrance et les injures désormais sacralisées et installées comme règle de conduite. Les héritiers ne sont pas dignes de l’héritage politique du Sénégal. Et le pire est à craindre…
PSK nous conte une histoire que notre génération n’a pas bien connue. J’en garde personnellement des bribes et des tranches de récits, car je voyais, enfant, le Cafard régulièrement traîner chez moi. C’est aussi là la pertinence de ce travail de mémoire pour garder des traces d’un passé que beaucoup ignorent car notre structure démographique fait que le Sénégal est un pays très jeune. Certes la politique a toujours été pratiquée avec violence. Notre histoire politique est ponctuée de morts. Mais le Sénégal a connu un débat public de qualité, que l’Afrique entière nous enviait. Entre les hommes et les femmes politiques d’une époque hélas révolue, il y avait, malgré les différences programmatiques et de vision idéologique, une estime réciproque. La hauteur de vue, l’urbanité, l’intelligence, l’érudition et la tenue sont des qualités essentielles pour un homme politique. Sinon, comme dirait l’autre saltimbanque Ibou Fall, voix et plume féroces, c’est la foire à la racaille.
J’ai adoré l’ouvrage de PSK dont le talent de portraitiste est sans égal. Les deux tomes n’ont pas quitté depuis plusieurs mois ma table de chevet. Je continuerai à picorer ces petites merveilles pour ne pas désespérer du Sénégal et des Sénégalais…
Dans le portrait «L’albatros», PSK dit du lumineux Asak «Il est agaçant de talent». Je lui fais le même reproche.
Par Thierno Bocoum
SONKO A DÉCIDÉ DE GOUVERNER ET DE S'OPPOSER EN MÊME TEMPS
Comment peut-on traiter certains magistrats de corrompus quand on décide de s’immiscer dans l’enclenchement de l’autosaisine du procureur à travers son ministre de la justice ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko est en retard. Le plan d’action gouvernemental qu’il annonce pour bientôt lui a été demandé depuis très longtemps.
Dans le premier communiqué du conseil des ministres en date du 09 avril 2024, il a été dit ceci : « le Président de la République a demandé au Premier Ministre, sur la base du PROJET et des orientations présidentielles sus indiquées, de finaliser, avant la fin du mois d’avril 2024, le Plan d’actions du Gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés. »
Il est en retard de plusieurs mois mais trouve le temps de faire de la politique politicienne en mettant en exergue une compétence qui a déjà montré ses limites.
Comment peut-on traiter certains magistrats de corrompus quand on décide de s’immiscer dans l’enclenchement de l’autosaisine du procureur à travers son ministre de la justice ?
Pourquoi ne pas demander au procureur de faire son travail sur son propre dossier pendant devant la justice ?
Encadrer la justice et la presse selon ses propres orientations est la pire des dérives d’un apprenti dictateur.
S’attaquer à une opposition qui a décidé de laisser le temps de l’observation est une belle preuve d’incapacité face aux nouvelles charges étatiques.
L’ingénieuse prouesse a été de trouver le temps de faire de la politique politicienne après avoir demandé du temps pour faire des résultats.
À défaut de projet et de visions, les objectifs sont maintenant clairs :
1 - Anticiper sur l’après Diomaye en muselant la presse non inféodée à sa doctrine, en intimidant certains peureux d’une opposition hésitante pour les dissuader dans l’exercice de leur droit et en accaparant un appareil politique à travers un discours populiste renouvelé.
2 - Faire croire que le nouveau pouvoir est menacé dans sa volonté de prétendues éformes systémiques pour divertir les sénégalais sur un combat contre le néant et ainsi échapper à la récurrence des demandes de respect des engagements et de satisfaction des besoins majeurs des populations.
Ousmane Sonko a décidé de gouverner et de s’opposer en même temps. Gouverner contre ses adversaires, s’opposer à ses adversaires.
Celui qui était prêt à déloger du palais de la république un président légalement élu pour prendre sa place fera tout pour remplacer son poulain.
Son temps sera dédié à la politique politicienne. La correcte prise en charge des intérêts majeurs des populations attendra malheureusement.
Qu’il sache que ceux qui ne sont pas dans le soutien aveugle, le fanatisme et la recherche de sinécures connaissent bien ce proverbe qui dit que « bien dire fait rire, bien faire fait taire. »
Malheureusement, il ne cherchera pas à faire taire en bien faisant mais plutôt en usant de formes d’intimidation ridicules, obsolètes et inopérantes.
Nous espérons que certaines ruptures annoncées et attendues survivront dans cette mare de populisme.
Les sénégalais sont fatigués. Ils ne rempliront pas leur ventre par des paroles futiles et de l’arrogance.
ET SI LA MONTEÉ DU FN ÉTAIT UNE BONNE NOUVELLE POUR L'AFRIQUE
La victoire du rassemblement national aux élections européennes de dimanche est perçue par plusieurs analystes comme un coup de semonce infligé au régime du Président Emmanuel Macron et un assentiment donné à l'extrême droite française xénophobe
La victoire du rassemblement national aux élections européennes de dimanche est perçue par plusieurs analystes comme un coup de semonce infligé au régime du Président Emmanuel Macron et un assentiment donné à l'extrême droite française xénophobe. Mais cette percée historique de Marine Le Pen, Jordan Bardella et Cie, qui a eu comme conséquence immédiate la dissolution de l'Assemblée nationale par le chef de l'Etat français, ne serait-elle pas une bonne nouvelle pour une Afrique francophone où la souveraineté à l'égard de la France est très agitée en Afrique.
Jordan Bardella, Premier ministre français ? Cette possibilité n'est plus manifestement une vue de l'esprit après la victoire éclatante du Rassemblement National aux élections européennes en France. Le protégé de Marine Le Pen qui est devenu ces dernières semaines l'un des visages marquants de la vie politique française a toutes les chances d'accéder à Matignon après la victoire de sa liste aux élections européennes et après la dissolution de l'Assemblée nationale par le Président Macron. Mais au-delà de ce séisme politique en France, quelles seront les conséquences de cette victoire pour l'Afrique ? La question mérite d'être posée eu égard à la vision ultra nationaliste et xénophobe du parti de Marine Le Pen et de ses acolytes. En effet, le Front national qui s'est mué en Rassemblement national est un parti qui abhorre par exemple l'immigration et la présence des musulmans en France. Lors de ces européennes où le RN est sorti victorieux, sa tête de liste Jordan Bardella a défendu dans son programme le principe d’une « double frontière». C'est-à-dire une première frontière européenne assurant, d'après Bardella, le refoulement des bateaux de migrants et le renvoi des personnes dans leurs pays de départ. Et une seconde frontière nationale limitant la libre circulation dans l’espace Schengen», soutient-il lors de son face-à-face avec le Premier ministre actuel de la France, Gabriel Attal. Au niveau européen, le parti s'oppose à l'existence même de l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, dite Frontex, refusant toute coopération communautaire dans le domaine migratoire.
Toutefois avec le vent de souveraineté qui souffle dans la plupart des pays africains francophones, surtout en Afrique de l'Ouest, cette victoire ne serait-elle pas une bonne nouvelle pour couper définitivement le cordon ombilical avec l'ancienne colonie ? Dr Moussa Diaw, interpellé sur la question par RFI, a fait savoir que si le Rassemblement National gagne les élections législatives dans trois semaines en France, tout va changer.
«SI LE RN GAGNE LES ELECTIONS LEGISLATIVES, IL Y AURA BEAUCOUP MOINS D'INGERENCE DANS LES AFFAIRES INTERIEURES DE L'AFRIQUE»
«Il va y avoir d'abord une cohabitation et ça changera les rapports avec l'Afrique, dans le sens où il y aura beaucoup plus de respect de la souveraineté des États africains ; il y aura moins d'interférences dans les politiques intérieures africaines», trouve l'enseignant chercheur non sans indiquer que certaines revendications qui sont maintenant posées par un certain nombre d'Africains par rapport à la souveraineté vont avoir un écho favorable. Dr Diaw n'a pas manqué toutefois de relever les conséquences négatives de cette éventuelle victoire sur les immigrés africains. Comme lui, d'autres analystes ont évoqué le caractère mitigé de cette victoire du RN par rapport au devenir de l'Afrique. Autant la montée de l'extrême droite est un danger pour le multiculturalisme et la diversité culturelle en France et laisse entrevoir un repli identitaire de plus en plus assumé par les français, autant dans les rapports entre la France et l'ancienne colonie, cette éventuelle arrivée de Jordan Bardelle à Matignon sonne le glas d'une certaine survivance de la France-Afrique. L'ingérence française décriée par une certaine élite politique et intellectuelle africaine depuis plusieurs années sera moins prenante voire inexistante avec l'extrême droite qui prône la préférence nationale et n'aura pas certainement l'outrecuidance de la refuser pour les pays africains qui veulent la souveraineté intégrale à l'égard de la France.
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LE LEGS POLITIQUE DE KHALIFA SALL EN QUESTION
Barthelemy Dias, Abba Mbaye, Moussa Taye, Seydina Issa Laye Samb, Madiop Diop…Quel avenir pour le mouvement Taxawu Senegal, après la cuisante défaite à la présidentielle ? Cette question doit “triturer les méninges” de Khalifa Sall et compagnie
Arrivé quatrième à la présidentielle de 2024 avec 69 760 voix soit 1,56% de l’électorat, Khalifa Sall, 68 ans, a droit à une dernière participation à un tel scrutin en 2029. Sera-til obligé d’y aller ou prépare-t-il un de ses poulains? En tout cas, ses potentiels successeurs à la tête de Taxawu Sénégal ne présentent pas toutes les assurances pour porter le flambeau.
Quel avenir pour le mouvement Taxawu Senegal, après la cuisante défaite à la présidentielle de 2024? Cette question doit “triturer les méninges” de Khalifa Sall et Cie. L’ancien maire de Dakar, qui aura 73 ans en 2029, aura une dernière carte à jouer pour occuper le fauteuil présidentiel.
Mais son score au soir du 24 mars 2024, quatrième avec 69 760 voix soit 1,56% de l’électorat, devrait le pousser à y réfléchir à deux fois avant de s’engager dans un tel projet. Quoi qu’il en soit, deux options s’offrent à lui: se retirer d’une dernière course vers la présidentielle ou choisir un bon dauphin qu’il va accompagner pour réaliser son rêve tant escompté. L’un dans l’autre, il peut incarner une opposition de qualité en relevant le niveau du débat et en faisant preuve de responsabilité dans le déroulement de ses actions politiques.
Mais en jetant un coup d'œil sur les potentiels successeurs de Khalifa Sall à la tête de Taxawu Sénégal, on se rend compte qu’ils ne présentent pas tous des assurances pour porter le flambeau ou pour pouvoir bousculer le pouvoir actuel.
Si on prend l’exemple de l’actuel maire de Dakar, Barthélémy Dias, qui est le mieux positionné pour prendre les reines de Taxawu Sénégal au cas où Khalifa serait out, il faut se rendre à l’évidence que “Dias-fils” a été condamné définitivement dans l’affaire Ndiaga Diouf. La Cour suprême a rejeté en décembre 2023 son pourvoi en cassation, en entérinant la décision de la 3ème Chambre Correctionnelle de la Cour d’Appel du Tribunal de grande instance Hors classe de Dakar, rendue le mercredi 21 septembre 2022, confirmant la peine de 2 ans dont 6 mois ferme, avec des dommages et intérêts de 25 millions de francs qu’il devrait payer à la famille de Ndiaga Diouf. Cette décision l’exclut ainsi des listes électorales pour cinq ans. De ce fait, si cette situation est maintenue, l’édile de la capitale ne pourrait pas participer à l’élection présidentielle de 2029.
ENVERGURE DES LEADERS DE TAXAWU SENEGAL
Un autre leader qui pourrait incarner le leadership au sein de ce mouvement, c’est le député Abba Mbaye. Même si ce dernier a essayé deux fois, en 2014 et en 2022, de briguer en vain la mairie de Saint Louis, il a réussi cependant à remporter haut la main les dernières législatives dans l’ancienne capitale du Sénégal en battant à l’époque Mansour Faye. Toutefois, il faut se rendre à l’évidence qu’il n’a pas encore une forte étoffe et une base solide sur laquelle s’appuyer pour aller à la conquête du pays. Il lui faudra également démontrer dans les prochaines échéances électorales qu’il présente un bon profil et qu’il peut compter parmi ceux-là qui, dans Taxawu Sénégal peuvent porter le drapeau pour d’abord s’opposer redoutablement à l’actuel régime dans la ville de Saint Louis, et éventuellement se présenter comme le candidat de Taxawu Sénégal à une présidentielle.
Quant à Moussa Taye, porte-parole du mouvement Taxawu Sénégal et conseiller politique de Khalifa Sall, il se cantonne à ces fonctions précitées sans jamais montrer de réelles ambitions politiques aussi bien au niveau local que national. Il n’a jamais d’ailleurs essayé de se construire une certaine envergure politique, préférant se limiter aux tâches politiques et à la stratégie.
C’est tout le contraire du maire de Grand Yoff, Madiop Diop qui a une très bonne base politique dans sa localité. Il est arrivé à garder son bastion malgré tous les appétits que suscite sa collectivité. De grands leaders du pouvoir comme de l’opposition ont toujours voulu récupérer cette mairie en vain. Il fait partie des fidèles de Khalifa Sall. Son seul hic, il manque de charisme politique pour franchir le pallier qui devrait lui permettre de nourrir des ambitions plus grandes que celles de chef d’exécutif local.
Enfin, à Taxawu Sénégal, il faut compter également sur le jeune Seydina Issa Laye Samb qui, par surprise, s’est retrouvé à la tête de la mairie de Yoff, réussissant ainsi à surclasser l’ancien ministre sous Macky Sall, Abdoulaye Diouf Sarr. Depuis, il construit son petit chemin sans tambour ni trompette. Il est évident que Monsieur a profité d’une situation. Et que n’eût été l’apport de Yewwi Askan Wi et sa montée en puissance à l’époque dans le département de Dakar, ce jeune, ancien président de la jeunesse socialiste, n’aurait jamais remporté un tel scrutin. C’est un jeune ambitieux qui peut compter avec Khalifa Sall, mais il a cinq ans pour capitaliser ses expériences et se forger une carrure de chef. Mais il faudrait qu’il démontre qu’il peut valoir plus qu’un simple maire de commune. Même s’il fait partie de la task-force de Taxawu, il serait difficile de voir Khalifa et Cie miser sur lui en 2029. Ses chances sont extrêmement minimes. Mais avec l’avènement Diomaye, devenu Président contre toute attente, il faut dire qu’impossible n’est pas sénégalais!
Par Momar Dieng
DIVERSION ET RÉALITÉS
Les propos d’Ousmane Sonko à l’endroit de la presse, tenus le 9 janvier sur l’esplanade du Grand Théâtre lors d’un meeting de son parti, ont soulevé l’ire de beaucoup de journalistes…
Les propos d’Ousmane Sonko à l’endroit de la presse, tenus le 9 janvier sur l’esplanade du Grand Théâtre lors d’un meeting de son parti, ont soulevé l’ire de beaucoup de journalistes… Pour certains d’entre eux, le chef du Pastef (et Premier ministre) est coupable d’avoir proféré des menaces et mises en garde contre les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions. D’autres l’accusent - sans avoir tort - de tirer sur cette corde « populiste » qui semble lui avoir bien réussi dans sa déjà fulgurante carrière politique. Pourquoi changerait-il de méthode, se disent-ils ? Des ‘’Unes’’ de la presse quotidienne de ce lundi 10 juin renseignent sur l’impact d’un discours sur le personnel du « 4e Pouvoir », sans langue de bois, direct mais pourtant précisément…ciblé sur une catégorie identifiée de patrons de presse. Un point crucial qui n’a pas semblé digne d’intérêt pour tout le monde. Cela, c’est sur la forme.
Dans le fond, que retenir d’essentiel du discours véhément d’Ousmane Sonko ?
Primo : que les journalistes ont l’obligation professionnelle, éthique et morale de respecter les principes sacro-saints qui fondent et légitiment l’exercice de leur profession, qui plus est dans un environnement démocratique où ils ne sont clairement pas les seuls acteurs. Nous publions et diffusons chaque jour des centaines d’articles qui touchent à tous les secteurs de notre vivre-ensemble quotidien et sur tous les supports disponibles. Prenons-nous toujours le temps de le faire comme nous devons le faire? La perfection n’existant nulle part, la réponse est non. Le faisons-nous en toute bonne foi ? La déontologie est une matière variable, à chacun sa conscience. Prenons-nous le temps de rectifier ce qu’il y a à rectifier ? Sans doute mais il reste du travail.
Il nous faut le reconnaître : nous avons - bien malgré nous - fourni des munitions à des gens extérieurs à notre profession pour qu’ils viennent nous rappeler le ba.ba de notre métier en brandissant des pièces à conviction qui nous envoient au tapis. La présumée « affaire Kandé » qui vient de défrayer la chronique est un désastre monumental en termes de crédibilité qui nous frappe tous. Elle montre ce que peut être un journalisme ombrageux dont la mécanique éditoriale carbure aux racolages, rapiéçages et ajustages aux fins de fournir des produits livrables à d’obscures officines en embuscade dans une arrière-scène en Antarctique. On ne le dira jamais assez : « l’indépendance du journalisme est la première garantie d’une information loyale. Pas de quêtes de vérités sans autonomie de leurs chercheurs » (Edwy Plenel).
Deuxio : que les entreprises de presse ont le devoir d’être en règle avec la loi, notamment au plan fiscal. Personne ne le conteste. Les difficultés que vivent les patrons de presse, le stress des fin de mois et des autres périodes ‘’sociales’’ qui appellent des dépenses, les sacrifices immenses que certains d’entre eux consentent jusque sur leurs propres biens pour faire vivre leurs médias et leurs personnels sont des réalités incontestables. Il faut leur en rendre hommage. Mais c’est leur choix d’avoir investi dans un secteur impitoyable, concurrentiel, budgétivore et sans garantie de retour sur investissement. La réalité est têtue mais incompressible. Des patrons de presse acceptent les règles du jeu, déroulent leurs stratégies, font preuve d’inventivité et d’innovations en tenant compte de leurs moyens et limites. D’autres, par contre, font semblant de jouer le jeu, rusent, transforment une présumé capacité de nuisance en une institution permanente de lobbying qui finit par discréditer la véritable institution que doit être le média. C’est ce vagabondage égoïste avec des « bailleurs de fonds » non philanthropes qui ramène au ‘’Primo’’ ci-dessus. Dans un post en date du 27 mai 2024, Hamadou Tidiane Sy, fondateur du site « Ouestafnews » et directeur de l’école de journalisme E-jicom, écrit: « l’indépendance du journaliste n’a pas de prix mais a un coût. Celui de n’être souvent « l’ami » de personne : ni pouvoir, ni opposition, ni opérateurs économiques, ni chefs coutumiers ou religieux…»
Au delà de la tonalité du discours d’Ousmane Sonko, ce sont les réalités que voila que les organisations et entreprises de presse devraient s’attacher à combattre pour protéger l’honneur d’une profession indispensable au contrôle démocratique du pouvoir politique, de sa gouvernance, des ‘’tromperies d’Etat’’ (Edwy Plenel) et des pratiques oligarchiques autour de l’économie et des secteurs stratégiques lucratifs de la vie nationale. C’est la voie royale pour assurer à la presse cette qualité de contre-pouvoir qui a été détruite par la cupidité manifeste dont font preuve certaines de ses figures.
S’accrocher aux propos d’Ousmane Sonko pour ne pas en voir le fond ne nous avancera en rien. Exigeons par exemple du pouvoir la suppression des peines privatives de liberté pour les journalistes ! C’est le Président Bassirou Diomaye Faye qui en a pris l’engagement. Mais apparemment, une loi de protection pour les lanceurs d’alerte semble plus prête d’être déposée à l’assemblée nationale. Ça, c’est un beau défi et une vraie réalité ! Sus à la diversion.
Par Mamadou Ndiaye
CHOC D’AMBITIONS
Sonko renoue avec la parole. Fait-elle oublier les promesses de grand renversement à l’origine de la chute du précédent régime ?
Sonko renoue avec la parole. Fait-elle oublier les promesses de grand renversement à l’origine de la chute du précédent régime ?
En retrouvant les foules et les chaudes ambiances, il entretient le souffle et s’aperçoit que l’obsession partisane et les calculs d’appareil sont toujours au beau fixe. Les Sénégalais étaient nombreux à répondre à son appel sur l’esplanade du Grand Théâtre.
Ils ont applaudi à tout rompre leur leader subjugué par le spectacle « Woodstock » dont il était la star. Sa fraîcheur physique, son gabarit et son aisance flattent le regard. Autant dire qu’il impressionne par sa maîtrise des codes de sympathie. Loin de lui donc l’apparence « old school ».
Il privilégie plutôt un style jeune adopté comme un signe de ralliement de cette catégorie de la population qui, semble-t-il, a été déterminante dans le triomphe d’avril dernier. En vainqueurs, ils sont encore submergés par l’optimisme. Cela va de soi.
Néanmoins, deux mois après la victoire et l’installation au pouvoir, la magie du temps fort opère encore. A Diomaye, Président de la République, le Grand dessein. A Ousmane Sonko, l’action avec sa double casquette de Premier ministre et de Président du Pastef. Naturellement, ils se concertent pour se répartir les rôles et les tâches dans un bel esprit de complicité et de fraternité qu’affectionnent les militants.
En revanche, une partie de l’opinion, peu persuadée, voit dans le discret chevauchement de prérogatives, une potentielle source de conflit à la tête de l’exécutif. Or face aux doutes, Sonko affiche sa confiance et rassure son monde que rien ne le distrait, il travaille d’arrache-pied et se montre très peu réceptif aux critiques dénuées de fondement.
Les chantiers qui l’attendent sont nombreux et pressants : l’hivernage, les inondations, la campagne agricole, la cherté des prix des produits de consommation courante, l’énergie, la baisse des prix, la sécurité et la lancinante question de l’emploi des jeunes. Sonko en Hercule pour tant de travaux !
Dans son adresse au public venu l’écouter, plusieurs sujets ont été abordés dans un ordre de priorité noyé par des effets oratoires. Sa longue tirade de reproches à l’égard de la presse a certes retenu l’attention mais a irrité plus d’un. Dans ce qu’il évoque à propos des médias, il n’y a ni crise, ni crispation, ni scandale. Pas même de menace pour justifier une mise en quarantaine.
Pour autant, sa sortie contre les journalistes constitue un mystère à élucider. Le Premier ministre avait le pouvoir de tuer la discordance dans l’œuf et de chasser les odeurs. Il ne l’a pas fait. Son entêtement frise une débordante amertume qu’il a envie de déverser pour se calmer. En s’attaquant à toute une corporation ne jette-t-il pas le discrédit à une profession alors qu’il a en tête bien des noms.
Un effort de discernement aurait permis de désamorcer cette querelle maladroitement provoquée et amplifiée par les réseaux sociaux très prompts à lancer des attaques au vitriol contre la presse. Il est à craindre une certaine solitude du Premier ministre lorsque surviendra inéluctablement le temps faible.
Une hostilité prononcée augmenterait l’aversion à sa personne et accentuerait la méfiance des médias qui, quoi qu’il advienne, couvriront les activités du gouvernement avec le même naturel qui sied en toutes circonstances. En revanche la rigidité de la communication du Premier ministre peut transformer son QG en une forteresse muette.
Ce qui serait un comble pour la Primature où la volonté de transparence est érigée en dogme de gouvernance. Mais gouvernance rime avec subtilité, voire une réelle dose d’habileté pour surmonter les écueils en jalonnement. S’il en a conscience, Ousmane Sonko a intérêt à ramollir sa posture politique pour une bonne fluidité de sa fonction à la Primature, siège de l’action, et par extension, d’un réel pouvoir d’influence dans la vie de la nation.
Il n’ignore pas que le raidissement de sa démarche vis-à-vis de la presse peut décourager des vocations ministérielles. Après tout, cette même presse, sans s’en glorifier, a contribué à son ascension depuis la création de son parti, aux péripéties endurées en passant par sa remuante trajectoire jusqu’à l’exercice actuel du pouvoir. Lequel tient-il sur sa seule cime ?
La période qui s’ouvre est pleine d’incertitudes tant au pouvoir que dans l’opposition. Cette dernière d’ailleurs peine toujours à se remembrer au lendemain de sa déroute à la présidentielle. Aucune figure de consensus n’émerge pour le moment. Derrière les rideaux les tractations se poursuivent sur fond de concessions mutuelles qui n’apparaissent pas au grand jour. Pour le moment. Une recomposition politique pointe du nez.
En revanche, la presse n’est pas exempte de reproches. Au contraire, la pratique de certains dirigeants contrarie les rédactions appelées à « garder le temple » en veillant à l’orthodoxie éditoriale. La ligne n’est guère tenable quand les compromis et les compromissions foisonnent à l’abri des regards.
Le soupçon projeté sur les médias par les nouvelles autorités trouble la quiétude des salles de rédaction déjà gagnée par la psychose fiscale agitée par les services des Impôts. Les redressements fiscaux infligés sont hors de portée des groupes de médias ciblés. L’empressement cache une intention ambiguë. Il dénote par la même occasion la méconnaissance de la réalité de l’écosystème des médias.
L’information a cessé depuis longtemps d’être une « denrée périssable » comme le lait ou la tomate. Elle acquiert de la valeur en contenu et en densité. Un regard sur les opportunités renseigne sur le gisement de solvabilité que renferme le secteur. Mais personne ne veut creuser pour inverser les revers de fortune et donner aux médias l’occasion de se redresser, de prospérer et de devenir indépendants par les moyens propres qu’ils génèrent.
Plus grave, certains acteurs n’aident pas la presse à se ressaisir puisque selon eux, elle n’est jamais rentable ni profitable. Alors s’il en est ainsi pourquoi ne la quittent-ils pas pour d’autres prairies ?
Le pouvoir d’influence que diffuse la presse est-il pris en compte dans la modélisation de l’imposition ? Prélève-t-on des taxes sur les Géants du Web Google, Apple, Facebook, Amazon, les fameux GAFA ?
Ces opérateurs d’Internet disposent de puissants véhicules qui transportent à une vitesse stratosphériques les productions de contenu des médias sénégalais et africains. Ils engrangent de faramineux gains issus de la commercialisation de ces flux de données.
La réflexion n’est guère menée au sein de la Direction des Impôts pour adapter une fiscalité flexible aux médias. Ce paiement exigible sonne-t-il le glas de la presse globalement accusée -et souvent à tort- d’être de connivence avec le « pouvoir oppresseur » ?
En d’autres termes, le pays a-t-il besoin de cet épisode. Dans son ensemble, elle rejette l’accusation et s’offusque de devoir payer quand l’écart de conduite n’est le fait que d’une poignée d’acteurs. La presse reste un secteur particulier.
L’ignorer c’est entretenir l’amalgame et la confusion qui lui valent aujourd’hui des mises en demeure et des broncas d’indignations sélectives d’affidés qui « hurlent » avec des loups faméliques. D’un mal sort un bien. D’une difficulté jaillissent des opportunités !
LES TRAVAILLEURS DE SEN'EAU SUR LE PIED DE GUERRE
Persécutions des délégués, non-satisfaction de leur plateforme revendicative, Les travailleurs de Sen’eau poursuivent leur combat pour la satisfaction de leur plateforme revendicative.
Le Syndicat autonome des travailleurs des Eaux du Sénégal (SATES) Sen’eau et le syndicat de l'Union des Travailleurs indépendants du Sénégal (UTIS) sont très remontés contre leur direction générale. Ils accusent la direction d'exercer des persécutions sur les délégués et de retarder les négociations sur leur plateforme de revendications. Pour faire face, ils annoncent une journée de port de brassards rouges, avec un point de presse pour soutenir le secrétaire général du SATES convoqué injustement en conseil de discipline ce matin.
Les travailleurs de Sen’eau poursuivent leur combat pour la satisfaction de leur plateforme revendicative. Sauf changement de dernière minute, ces travailleurs vont décréter ce matin une journée de port de brassards rouges et tenir un point de presse à la Direction Générale de Sen'eau sise à Hann. D'après le secrétaire général du Sates, Oumar Ba, cette rencontre intervient dans un contexte marqué par le mécontentement généralisé des travailleurs de Sen'eau à la suite de l’échec des négociations annuelles de 2024 marquées par 0% de satisfaction de la plateforme revendicative des travailleurs. «La Direction générale de Sen’eau a volontairement retardé de six mois les négociations de cette année, causant ainsi un préjudice financier considérable aux travailleurs. Cette même Direction Générale tente d’imposer une nouvelle grille des salaires et une nouvelle cotation des postes, très défavorable aux travailleurs après avoir réduit à 0% l’ensemble des quinze (15) points de la plateforme revendicative des travailleurs», affirme le syndicaliste. Sur la prise en charge sanitaire, il indique que la Sen’eau ne s’occupe plus correctement de la prise en charge sanitaire de ses travailleurs ainsi que de leurs familles et ayants-droit. «L’IPM de Sen’eau est en proie à des difficultés et les travailleurs ainsi que leurs familles et ayants-droit se font renvoyer dans presque toutes les structures sanitaires du pays jadis agréée», affirme Oumar Ba.
Outre la non-satisfaction de la plateforme revendicative, les travailleurs dénoncent la persécution des délégués du personnel. «Nous tenons cette rencontre pour dénoncer la convocation injuste du secrétaire général du SATES en conseil de discipline aujourd’hui», affirment les syndicalistes. Les travailleurs appellent l’État du Sénégal à mettre un terme à cette mauvaise gestion qui gangrène Sen’eau.
LE PROJET ENCORE UNE FOIS EST PLUS QUE REEL
Sociologue de formation et consultant international en management des ressources, Ousmane Ndiaye également membre du Parti Pastef est revenu sur les propos du Premier ministre disant qu’ils n’ont de comptes à rendre ni aux journalistes ni aux politiques.
Sociologue de formation et consultant international en management des ressources, Ousmane Ndiaye également membre du Parti Pastef est revenu sur les propos du Premier ministre disant qu’ils n’ont de comptes à rendre ni aux journalistes ni aux politiques. Ousmane Ndiaye est du même avis qu’Ousmane Sonko. En effet, dit-il : « notre seul patron c’est le peuple sénégalais. Nous n’avons de comptes à rendre à qui que ce soit à part le peuple sénégalais. Mais quand des gens se constituent en lobby ou en groupe de pression on n’a pas de compte à leur rendre ».
Parlant de la dette, il a aussi repris Sonko en martelant que : « si on parvient à mobiliser toutes nos ressources naturelles dont on dispose on n’a pas besoin d’emprunter de l’argent. Parce que ; rappelle-t-il, le service de la dette actuellement au Sénégal c’est 1826 milliards. Ça veut dire que nous payons chaque mois 152 milliards de dette ». Donc pour lui, la vérité c’est qu’on ne peut pas en deux, trois mois mobiliser toutes ces ressources dont on parle.
« On est obligé de faire avec ce qu’on a trouvé sur place en terme de ressource naturelle, en terme de ressource fiscale, en terme de dettes multilatérales, bilatérales ou commerciales. Pour le projet, il existe bel et bien mais il faut l’adapter au fonctionnement de l’Etat. C’est ce qu’on appelle réécriture. Le projet encore une fois est plus que réel. La preuve ? On a commencé à mobiliser nos ressources fiscales avec les impôts. Et il faut rappeler que le redressement fiscal ne concerne pas seulement la presse… Par ailleurs, les sénégalais sont prêts à se sacrifier pour le développement du pays », indique-t-il.