DÉCEPTION OU TRAHISON ?
Nous avons à la tête du pays des aventuriers. Un Premier ministre qui fait meeting sous forme conférence. Nous sommes distraits par des paroles vides et des accusations infondées sur la partialité de la justice et le manque de professionnalisme des médias
Loin sont les temps où je soutenais ce régime. Le profond désir de changement dans la gestion de notre pays, en proie à une pauvreté chronique, m'a poussé à soutenir toutes les personnes ou entités partageant cette même aspiration. Hélas, il est impossible de faire du neuf avec du vieux, et je m'en suis rendu compte à temps. Ce gouvernement est dirigé par des individus issus du secteur public, avec très peu d'expérience de la réalité du secteur privé ou de l'informel, où évoluent plus de 95 % de la population.
Ma première déception a été l'absence d'un programme ou d'une politique générale. Nous avons à la tête de notre pays des aventuriers, alors qu'il a plus que jamais besoin d'une vision claire pour l'avenir de notre jeunesse. Ces jeunes, dont certains ont perdu leur vie pour une alternance, sont malheureusement manipulés par des personnes issus pour la plupart du système se déclarant anti-système. Oui, des loups déguisés en agneaux surveillent le troupeau. Pauvre jeunesse, loin sont les époques des Thomas Sankara ou Nelson Mandela.
Pour couronner le tout, nous avons un Premier ministre qui fait meeting sous forme conférence. En l'absence de solutions, nous sommes distraits par des paroles vides et des accusations infondées sur la partialité de la justice et le manque de professionnalisme de la presse. Quelle contradiction de demander l'impartialité de la justice tout en cherchant à intimider les journalistes ! Quelle contradiction de promettre le changement dès les premiers jours pour ensuite nous dire que cela ne sera peut-être possible qu'après des années ! Quelle contradiction d'interdire des accusations infondées tout en en formulant contre la justice !
Nous aurions souhaité voir des preuves de la corruption de ces juges avant que de telles accusations ne soient portées. Les paroles ne suffisent plus : vous avez à votre disposition les moyens et les ressources de l'État. Nous exigeons des actions, de l'humilité et de la sobriété.
Nous sommes prêts à vous accompagner et à vous financer à travers nos impôts, mais nous n'accepterons pas que ces fonds soient utilisés pour des campagnes déguisées, des tournées sans apport concret pour le pays, des séjours dans des hôtels de luxe, ou encore des voitures de prestige. Ne vous méprenez pas : nous vous avons élus et nous pouvons vous démettre de vos fonctions lors des prochaines élections, afin de choisir de véritables patriotes comme moi, qui ont déjà beaucoup fait pour ce pays, notamment en matière de création d'emplois, de financement et de formation, avant même de se lancer en politique.