«LES ARRESTATIONS NE SONT PAS LA SOLUTION»
Amadou Tidiane Wone sur les dérapages dans les réseaux sociaux
Ecrivain et ancien ministre, Amadou Tidiane Wone a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, il a abordé les dérapages notés dans les réseaux sociaux, avant de revenir largement sur les élections législatives du 30 juillet dernier. Amadou Tidiane Wone a fait part de sa solidarité vis-à-vis du Président Sall qui a été victime d’injures sur les réseaux sociaux.
Dérapages sur les réseaux sociaux
« Les arrestations ne sont pas la solution, mais c’est une étape dans la prise en charge de ces dérives. Il faut intervenir quand certains legs de nos ancêtres sont touchés. En plus, il s’agit de discours indigents, inintelligents, bêtes et méchants qui ne devraient pas être diffusés. Mais puisque les réseaux sociaux offrent un endroit de non droit où chacun peut s’autoriser à dire n’importe quoi et à le partager de manière presque planétaire, il faut que notre petite nation se donne les moyens de préserver son identité, de conserver une certaine intégrité à un certain nombre de choses. J’ai écouté ce qui a été dit et je crois que tous les hommes politiques devraient faire une déclaration commune pour déplorer le phénomène qu’on a observé. Ce n’est pas parce que c’est le Président Sall qui a été insulté que les autres ne doivent pas se sentir concernés. On leur donne une bonne fessé et on avance. On n’a pas besoin de déployer tout notre arsenal juridique pour ça. Chacun peut être insulté, mais c’est lorsqu’il y aura entente sacrée entre tous les acteurs politiques, mais aussi entre tous les militants épris de paix et de justice, qu’on mettra fin à ce phénomène (…) ».
Lecture des résultats des législatives 2017
« La première des lectures qu’on peut faire, c’est que cette Assemblée, même si elle a une majorité absolue du pouvoir, sera une Assemblée où de fortes personnalités vont se retrouver. Parce qu’avec le principe du plus fort reste et d’autres mécanismes, nous allons avoir des acteurs politiques importants qui vont se retrouver. Première donnée positive. On attend d’eux qu’ils jouent le jeu de la démocratie, d’une part, mais qu’ils soient surtout les porte-voix de ce que ce peuple veut. Ils ont tous dans leurs discours de campagne pris un certain nombre de préoccupations, fait des promesses, émis des vœux. Il ne faudrait pas que arrivés à l’Assemblée nationale, qu’ils tombent dans des petites manœuvres de préséance qui fassent qu’ils oublient qu’il faut qu’ils se regroupent, qu’ils pèsent sur les décisions qui vont être prises par l’Assemblée nationale. Mais aussi, qu’ils soient une force de proposition. Ils se sont tous plaints qu’il n’y avait pas assez de proposition de loi. Ils ont l’occasion de se retrouver, de se regrouper et de faire avancer la démocratie ».
Le message au pouvoir…
« Au pouvoir, on peut leur dire écoutez, vous êtes prioritaires à l’Assemblée nationale. Une fois que vous êtes à l’Assemblée nationale, vous n’êtes pas que les députés de BBY, mais des députés de la nation. Vous avez été élus sur le fil, ayez l’humilité à partir de là et pour les 5 ans à venir, de revenir le plus souvent possible vers le peuple qui vous regarde, qui vous écoute. Ecoutez ce peuple, traduisez ses vœux, ses ambitions en proposition de loi. Et, faites tout pour que ce pays trouve la sérénité nécessaire pour engager les grands chantiers de son développement ».
Violences électorales
« C’est le signe majeur du fait qu’il y a une césure entre le peuple et les élites politiques. Il y a une rupture qu’il va falloir analyser. Le discours politique n’a plus de sens pour les citoyens. Nous étions dans notre quiétude et pendant 21 jours, des cortèges avec des décibels outranciers ont sillonné nos quartiers, déstabilisé nos familles en les divisant en pro tel contre un pro tel sur des discours pour la majorité indigents. Parce que la plupart n’avait que des discours insultants pour l’adversaire et non un discours de proposition qui est attendu des leaders politiques. C’est ce qui a fait que le public des uns et des autres qui lui est sous informé, a versé dans des actes de violence. Nous avons vu ce qui s’est passé à Grand Yoff, à Rufisque. Tout le monde a essayé de jouer sous le registre de la peur. Et le peuple lui était dans son coin. Ce ne sont pas les petits farfelus qui courent à gauche et à droite qui sont représentatifs de ce que le peuple sénégalais est. Le peuple sénégalais a dans les chaumières des gens raisonnables qui ont écouté (…) ».
Des résultats préfabriqués ?
« On a annoncé plusieurs résultats. Même en regardant les titres des journaux, ce samedi, certains journalistes ont annoncé 125 députés pour la majorité. Par ailleurs, en écoutant les résultats au fur et mesure et au jour même du vote, des résultats ont été annoncés sur toutes les radios. On avait le sentiment avant minuit que le pouvoir était dans une position extrêmement difficile. A 3 heures du matin, la tendance a été inversée, notamment à Dakar. On se demande comment une conférence de presse peut se tenir à cette heure ? Il y a quand des heures syndicales dans ce peuple-là. Les journalistes même auraient du refuser d’assister à une conférence de presse à 3 heures du matin. Ça pose des interrogations. La diversité ou la différence des résultats proclamés par les uns et par les autres pose problème. Moi à partir du moment où la justice, autrement dit la Cour d’appel a reçu tous les procès-verbaux et a proclamé des résultats, personnellement, quel que soit mon sentiment intérieur, je me dis que je vis dans un pays qui se dit démocratique. Nous avons des Institutions que je dois respecter. Des résultats ont été proclamés et quelles que soient mes frustrations et mes douleurs, je trouverai les voies et moyens de l’exprimer et de me faire entendre ».