«CE QUI FAISAIT LA FORCE DU SUPER DIAMONO… »
Certains le considèrent comme le surdoué de la musique sénégalaise. Mamadou Lamine Maiga, chanteur à la voix d’or qui a fait les beaux jours du Super Diamono et du Lemzo Diamono, aspire à retrouver le devant de la scène.
Certains le considèrent comme le surdoué de la musique sénégalaise. Mamadou Lamine Maiga, chanteur à la voix d’or qui a fait les beaux jours du Super Diamono et du Lemzo Diamono, aspire à retrouver le devant de la scène. Dix ans après la sortie de son album confession, « Retour vers l’enfer », il revient avec l’opus, « Expérience ». Le Témoin l’a rencontré.
Maiga, vous arrive- t-il de regarder dans le rétroviseur ? Des regrets ?
Dans la vie, il y a forcément des regrets. Cependant, il y a un genre de regrets qui est plutôt bénéfique et te sert de levier pour mieux réajuster ton présent. Dans ce cas, il convient juste de rendre Grace à Dieu. J’aurais vraiment souhaité que mes parents assistent à cette autre partie de ma vie. Mais telle est la volonté de Dieu. Honnêtement, ces regrets, après une longue introspection, sont juste devenus des sources de bienfaits et je n’ai rien à regretter car cela m’a servi.
Qu’est-ce qui vous a manqué durant cette période assez sombre…
C’est pratiquent le prolongement de la question précédente. Car, entre les regrets et les moments sombres, il fallait se surpasser pour pouvoir tourner la page. Et comme on dit, charité ordonnée commence par soi et rien ne vaut la compagnie et le soutien des membres de ta famille. Grace à Dieu, ma famille a été toujours à mes côtés. Je ne pourrai occulter le soutien de tous les instants de mon épouse Lindsay. Il y a aussi de très proches amis qui ont toujours été à mes côtés au cours de ces moments sombres. Vraiment, je ne pourrai jamais les remercier assez. Car si une personne traverse ces moments sombres sans avoir des gens à ses côtés, cela devient terrible et inquiétant à la fois.
Personne n’avait essayé de vous guider pour vous faire prendre conscience de votre talent ?
Pour s’en sortir, il faut juste procéder à une sérieuse introspection et repartir sur de nouvelles bases. Car pour certaines personnes, quelles que soient les difficultés, leurs comportements de tous les jours et leur nature vont toujours leur permettre de s’en tirer garce à Dieu.
Quel a été l’environnement du Super Diamono ?
La force du Super Diamono résidait essentiellement dans ce semblant de désordre qui y régnait. Chaque membre était une référence et un leader. C’était un bien commun qui nous appartenait à nous tous. C’est cette sorte d’indiscipline-là qui faisait réellement notre force. L’autre jour, Fou Malade rappelait que c’est ce qui l’attirait chez nous. Nous étions vus comme des rebelles, et cela attirait la frange jeune de la population. Notre secret réside dans le fait que nous étions imprévisibles au niveau de la création musicale. Nous étions avant-gardistes et nous surfions sur tous les genres sans perdre notre identité. Je parle dans le cadre de l’expression de nos feelings et nos sensations au niveau de la composition musicale. Grace à Dieu, cela a payé et contribué à nous faire connaitre. Avec cette singularité, nous avons réussi à faire le tour du monde à plusieurs reprises Et partout où nous jouions, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger, le succès était toujours au rendez-vous. Au Super Diamono, tout le monde était star. Ce qui est très difficile, mais nous l’avions parfaitement réussi. Malheureusement, cet état d’esprit n’existe plus puisque chacun aspire à tout accaparer au sein du groupe.
De qui vous avez hérité cette belle voix qui faisait l’unanimité ?
Honnêtement, cela découle de la volonté divine. C’est un merveilleux cadeau du ciel. Je ne suis pas issu d’une famille de griots. Encore une fois, c’est juste un don de Dieu et je Lui en suis vraiment reconnaissant. Cependant, il a fallu bien apprendre son métier et abattre un énorme travail pour en arriver-là. Car si tu disposes d’une belle voix sans pour autant pouvoir bien chanter, cela ne sert à rien du tout. Donc il faut travailler pour tirer le meilleur profit de sa belle voix et c’est ce que j’ai réussi à faire Alhamdoulilah.
Vous avez essayé de revenir au-devant de la scène, il y a dix ans, sans succès. Qu’est ce qui n’avait pas marché ?
Effectivement cet album n’avait pas bien marché. En venant au Sénégal, tu es dans l’obligation de faire confiance à des gens. Je parle du management car tu confies des responsabilités à certains. Et malheureusement, ils ne se déploient pas sérieusement comme cela se doit. Cela avait vraiment fait capoter le travail et m’avait considérablement irrité. J’avais investi énormément d’argent dans cet album dans le seul but de marquer mon retour. Mais je me suis rendu compte que j’avais mal choisi mes collaborateurs. Les choses ont beaucoup changé et les gens mettent surtout l’accent sur l’aspect pécuniaire. Ce qui fait qu’ils ne s’investissent pas à fond et se contentent juste de toucher leur argent. C’est vraiment dommage que les choses se soient ainsi passées car on aurait pu faire énormément de trucs. Cependant, je me suis dit que ce n’est pas grave car l’essentiel était de marquer le retour. Pour éviter les mêmes travers, je me suis entièrement occupé de tous ces aspects pour ce nouvel album. Car, comme on dit, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est pour cette raison que nous avons réussi ce magnifique travail et In chAllah, il y aura un suivi pour cette fois ci.
Pensez- vous avoir votre place dans ce creuset de talents avec les Pape Diouf et Wally Seck ?
(Rires) Mais écoutez, ces artistes-là sont mes jeunes frères. Très sincèrement, je prie pour eux afin qu’ils atteignent leurs objectifs. Je crois que j’évolue à un autre niveau. Maïga est un cas particulier car j’ai démarré avec les sommités et les icones de notre musique. D’ailleurs, ils sont toujours en activité. Je fais partie de cette génération de pionniers. Pape Diouf est plus âgé que Wally et c’est juste la musique qui les a mis devant, mais ils ne sont pas de la même génération. Sincèrement, ils sont tous les deux en train d’abattre un énorme travail et c’est tant mieux pour eux et pour notre musique. Puisse Dieu les aider à poursuivre dans cette voie et à poursuivre sur cette belle lancée. Je n’ai vraiment rien à voir avec mes petits frères. Wally est un neveu pour moi. Ils sont très doués. Pape Diouf dispose d’un talent indéniable, car il a été formé à la bonne école du Lemzo Diamono. Je l’ai côtoyé et on a cheminé ensemble. Donc c’est un très grand musicien. Il en est de même pour Wally qui est venu imposer son style et il chante bien. Il y a aussi le fait que son père est un très grand artiste. Mais en parlant de niveau, très honnêtement, ils sont juste mes petits frères et neveux.
La question reste entière…
J’ai toujours ma place dans le milieu musical sénégalais et c‘est une évidence... Je suis incontournable dans le milieu musical sénégalais. J’ai mon nom qui figure déjà en bonne place dans notre Panthéon musical et c’est un fait connu et reconnu par tout le monde... Il faut marquer son territoire et imposer son style de sorte que même si tu es hors du Sénégal, personne ne pourra prendre ta place. Je crois très honnêtement que je fais partie de ces rares privilégiés et ma place est indiscutable.
Quelle est votre position dans le débat concernant la (Société sénégalaise du droit d’auteur et droits voisins (Sodav) ?
Je ne maitrise pas très bien le mode de fonctionnement de la Sodav. Je connais mieux le BSDA et je dois essayer de mieux cerner les rouages de la SODAV. Ils viennent de démarrer et je n’ai pas grand-chose à dire pour l’instant. Il fut un temps où, au Bureau sénégalais du Droit d’Auteur (BSDA), les choses marchaient très bien. Les artistes étaient très bien payés et à temps….Les artistes ont besoin de ces structures… Déjà, qu’au Sénégal, les gens n’achètent plus de CD et les pirates continuent de sévir sans crainte. Tu as beau investir des millions dans un produit, dès sa sortie, les pirates s’en emparent au nez et à la barbe de tout le monde. Ce qui a forcément une incidence sur les droits des artistes. Mais je dois reconnaitre que j’étais vraiment habitué au nom du BSDA. Je prie pour que la Sodav puisse réussir sa mission au grand bonheur de tous les artistes.
Qu’est ce qui manque à la musique sénégalaise ?
A chaque fois que je viens au Sénégal, cette question revient toujours. Mais je peux constater que les gens continuent d’évoluer dans la facilité. Les jeunes n’écoutent pas trop souvent les anciens. Au contraire, ils usent et abusent des commodités des nouvelles technologies. Et cela les entraine forcément vers un mur sans issue. Ce qui fait qu’ils se perdent. Il leur arrive de faire cinquante morceaux en une seule journée grâce à la technologie. Il faut reconnaitre que ce n’est pas du travail sérieux. C’est la machine qui produit à leur place. C’est une manière d’occulter le travail des anciens et cela n’est pas possible. La musique requiert énormément de travail et beaucoup d’efforts. Les instruments comme la guitare, les claviers, les percussions font partie de l’arsenal et c’est pour cela que l’on parle de prestations scéniques de qualité. Il ne suffit pas de prendre sa petite machine, de s’enfermer dans une chambrette pour proposer au gens du n’importe quoi. J’ai constaté que tout le monde reconnait que la musique est malade au Sénégal. Ce qui est vrai ! On trouve du n’importe quoi. Je me suis dit qu’en sortant l’album, « Expérience », que cela va ouvrir leurs yeux et les inciter à arrêter cette mascarade et revenir à l’orthodoxie. Il est temps d’effectuer un retour salutaire en zone. Ceci, en privilégiant le travail de recherche. La matière première existe bel et bien. C’est pour cela que j’ai choisi le titre, « Expérience ». C’est une façon de m’adresser au plus grand nombre. Il se pourrait qu’avec l’aide de Dieu, le message passe. ..
Comment avez-vous conçu ce nouveau produit ?
J’ai pris le temps de murir et de peaufiner cet album. Il a fallu mobiliser énormément de moyens grâce au soutien de mon ami Lat Diop de la LONASE. Je suis vraiment revenu pour indiquer la bonne voie aux jeunes. C’est un travail colossal qui a pris trop de temps. On s’est vraiment tué à la tâche. Il reste énormément de choses à faire pour une bonne promotion de cet album et nous allons tout faire pour l’imposer… Je lance un appel aux Sénégalais. Il faut qu’ils prennent conscience que la pandémie de la Covid- 19 existe bien et il faut tout faire pour l’abattre définitivement. ..