«MACKY A COUPÉ LES PONTS AVEC MOI DEPUIS QU’IL EST DEVENU PRÉSIDENT»
L'artiste-comédien, Kouthia revient sur sa carrière, explique les soubassements de sa candidature avortée à dernière la présidentielle et se confie sur sa nouvelle vie de polygame ainsi que sur ses projets
Artiste-comédien, Kouthia, de son vrai nom Samba Sine, a débuté sa carrière dans les années 90 à la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS). Humoriste hors pair, il a fait les beaux jours de Walf Télé et Walf Fm avant de rejoindre le Groupe Futurs Médias (Gfm) où il parodie les hommes. Ce qui lui a conféré une certaine notoriété. Pour les lecteurs de «L’AS», il revient sur sa carrière, explique les soubassements de sa candidature avortée à dernière la présidentielle et se confie sur sa nouvelle vie de polygame et ses projets.
PARCOURS
Ma carrière a démarré en 1989 lors des évènements sénégalomauritaniens. Je m’apprête à célébrer mes trente ans de carrière au Musée des Civilisations Noires. D’autant que la salle du Grand Théâtre est trop petite pour accueillir cet événement. Je suis le rare comédien qui, depuis trois décennies, est présent sur la scène. Beaucoup de générations m’ont trouvé là. Il est important que tout le monde sache que Kouthia est un patrimoine national. Le Musée des Civilisations Noires est dédié à nos héros que l’on considère comme notre patrimoine.
CHOIX DE LA COMEDIE
A l’époque où je débutais ma carrière, le Sénégal ne comptait qu’un seul comédien connu du nom de Sanokho. Ce dernier faisait, dans les langues nationales (diola, sérère, pulaar et autres), des blagues calquées sur les réalités de la société sénégalaise. Donc pour créer la différence avec lui, j’ai apporté une coloration politique à ma comédie. C’est ainsi que j’ai commencé à imiter Me Abdoulaye Wade, le Président Abdou Diouf, El hadji Mansour Mbaye, feu Me Babacar Niang qui avait une voix comique. A l’image d’un journaliste, j’ai décidé de relater aussi les faits de manière comique.
LONGEVITE ARTISTIQUE
Le seul secret de ma longévité professionnelle, c’est que je suis en permanence les informations et l’actualité. Mon niveau de culture générale m’a beaucoup aidé également. J’ai fréquenté l’école jusqu’en classe de 1èreau lycée Blaise Diagne. Grâce à mon niveau intellectuel, j’essaie toujours de donner toujours aux Sénégalais l’information relayée par la presse mais de façon humoristique. Chaque jour, je présente un journal satirique. Et cela est facilité par l’apparition, au-devant de la scène, de nouvelles célébrités politiques. Cela m’aide à diversifier mon répertoire et à le rendre vivant. Il arrive que la personne que j’interprète dise une chose qui n’est pas marrante, mais à c’est à moi alors que revient la tâche de rendre cela comique. En version humour j’essaie de reconduire les faits et de les coller à l’actualité. C’est cela qui fait que mes émissions résistent toujours au temps. En suivant uniquement mes émissions, on peut savoir, de façon globale, l’actualité du pays, sans écouter la radio ni lire les journaux. Tant que les journaux paraitront, Kouthia Show existera.
KOUTHIA, UN HOMME A PROBLEMES ?
Ce sont les gens qui me taxent d’être un homme à problèmes. Pourtant, durant tout mon passage à la RDV, je n’ai jamais eu de problèmes avec mes supérieurs. Je suis entré à Walfadjri grâce à Boubacar Diallo alias Dj Boubs. A l’époque, il devait aller en congé et il m’avait demandé de le remplacer. Ayant fait mes preuves, j’ai été recruté par Walf où je suis resté jusqu’au jour où j’ai eu des problèmes. Tout le monde se souvient de cette brouille. En tant qu’artiste, je ne tolère pas certaines choses. C’est par la suite que j’ai rejoint la RFM, puis la TFM. Je ne me considère pas comme un employé simple, parce que moi je suis un artiste qui pouvait faire des spectacles privés et gagner le double ou le triple de mon salaire. Youssou Ndour a compris cela. C’est pourquoi, il m’a octroyé un traitement spécial à la Tfm. Il me laisse m’exprimer librement.
J’ai ma liberté d’expression et et je n’accepterai jamais qu’une personne profane à l’art me dicte ce que je dois faire. Souvent, mes problèmes découlent de ces genres d’incident. Je veux toujours que les conditions dans lesquelles se passent mes émissions soient nettes et acceptables. Je veux avoir les mains libres pour exprimer tout mon talent. Mes revendications n’ont jamais été syndicales ou autres. Mon souhait est qu’on respecte toujours les heures de diffusions de mes émissions. Kouthia est devenu une institution et beaucoup de gens l’attendent à 18h.
RELATIONS ONFLICTUELLES AVEC SES ANCIENS PROTEGES
Je prends Dieu à témoin que je ne peux pas jalouser une personne que j’ai sortie de l’anonymat et propulsée au-devant de la scène. Si une personne sollicite mon aide, je le fais de façon naturelle. Mais ce sont les gens qui créent des rumeurs pour alimenter la polémique. Certains te demandent de l’aide et se laissent influencer, plus tard, par des gens de l’extérieur qui cultivent l’idée de concurrence dans leur esprit. Je n’ai jamais forcé qui que ce soit à rester à mes côtés et je ne ferai jamais. Il faut que les gens arrêtent de rivaliser avec ceux qui les ont sortis de l’ombre, et cela même après leur compagnonnage. C’est insensé de dire que je bloque les personnes que j’ai aidé à se faire connaitre. Maintenant, je n’accepte plus de prendre les comédiens hommes qu’on me propose, parce qu’ils sont souvent susceptibles d’être influencés. Je préfère travailler avec les femmes, elles sont plus rigoureuses et plus sincères dans le travail. En plus, elles sont vulnérables. Tant qu’on peut les aider à échapper aux tentations, il faut le faire en leur donnant une occupation. Et c‘est ce que j’essaie de faire.
CONSEILS A LA NOUVELLE GENERATION D‘HUMORISTES
Je conseille aux jeunes d’aller étudier. Les études sont fondamentales, car une bonne comédie doit toujours coller à l’actualité. En fait, c’est vraiment facile de passer son temps à raconter des histoires. Tous les Sénégalais sont des comédiens. La preuve, chaque jour on reçoit beaucoup de messages audios sur WhatsApp sur des histoires les unes aussi marrantes que les autres. Pour être comme Kouthia, il faut aller étudier. A mon avis, je suis le seul comédien en Afrique qui fait encore les guignols de l’info. C’est pourquoi, je conseille aux jeunes d’arrêter de faire des blagues. Ceux qui souhaitent faire une longue carrière dans la comédie doivent inclure l’information dans leur job.
LA COMEDIE, SECTEUR RENTABLE ?
Si nous les pionniers, nous n’avions pas fait un travail sérieux et correct, les jeunes n’auraient pas eu le courage de se lancer dans le milieu et de faire du rire un business. Le théâtre est devenu maintenant un métier, parce que les anciens ont assaini le milieu. Cela dit, il faut reconnaître que les télévisions n’ont pas encore donné aux comédiens tout le respect qu’ils méritent. A la différence des autres comédiens, c’est que je ne vais jamais là où on ne m’a pas invité. Je n’accepte pas qu’on me paye 50.000 Fcfa pour un spectacle de trente minutes, au moment où on paie 500.000 Fcfa à un artiste juste pour un playback. Je dis toujours aux jeunes humoristes de se rapprocher des anciens pour mieux profiter de leur expérience. On peut gagner beaucoup d’argent avec le rire, mais il faut savoir diversifier son répertoire.
RELATIONS AVEC LES CHEFS RELIGIEUX
Les chefs chefs religieux m’aiment beaucoup. Et je leur voue un respect et une considération sans faille. J’essaie de ne jamais les heurter avec des propos vulgaires ou offensants. Dans chacune de mes émissions, je prends une dizaine de minutes pour les saluer tous. C’est pourquoi, même le khalife général des Tidianes Serigne Mbaye Sy Mansour recommande à ses disciples de suivre Kouthia, compte tenu des thèmes qu’il aborde dans ses émissions, j’en suis très fier. Pourtant, tout le monde connaît la rigueur de Serigne Mbaye Sy Mansour. Ses enfants disent qu’ils ne le voient rire que quand Kouthia Show passe à la télé. Ses propos sont similaires à ceux de Thierno Samassa et Thierno Bocar Alpha Ba qui sont de grands érudits et me portent en estime. Thierno Bocar Alpha Ba rit toujours en regardant mes émissions, alors qu’il ne comprend rien de la langue Wolof. Cela a surpris sa famille et ses disciples. Il leur répond toujours que malgré le fait de ne pas comprendre le Wolof, il sait toujours, avec l’aide de Dieu, ce Kouthia dit. C’est un honneur pour moi. J’ai les mêmes rapports avec le cardinal Theodore Adrien Sarr, l’Archevêque Benjamin Ndiaye et tant d’autres prêtres.