MES AMPOULES NE SONT PAS ENCORE GRILLÉES
Après son acquittement qui a suscité un tollé, Thione Ballago Seck prévoit de revenir en force avec les projets avec un projet international qu’il a initié et qui réunit des artistes africains, particulièrement issus des pays de la CEDEAO, mais aussi des
Après son acquittement qui a suscité un tollé, Thione Ballago Seck prévoit de revenir en force avec les projets avec un projet international qu’il a initié et qui réunit des artistes africains, particulièrement issus des pays de la CEDEAO, mais aussi des artistes européens. Trouvé dans un hôtel à la station balnéaire de Saly, le leader du Raam-Daan est en plein tournage de 30 clips. Dans cet entretien accordé à « L’As », le père de la star Wally Seck revient sur sa carrière, ses relations avec son fils non sans oublier d’évoquer le chapitre de son procès.
L’As : Vous avez été blanchi par la justice. Quel est votre sentiment ?
Thione Seck : D’abord, je remercie infiniment Dieu, le Tout-Puissant parce que c’est lui seul qui a pu me décharger de ce lourd fardeau, ma famille se réjouit aussi de cette décision judiciaire. Il y avait beaucoup de bruits qui entourait cette histoire, c’était difficile mais cela fait partie de mon destin, ce que j’accepte avec philosophie.
Comment est venu le nom de votre orchestre ? Je me suis inspiré du mois de Ramadan pour le nom. C’est au cours d’un mois de ramadan que j’ai reçu mon tout premier matériel musical que j’ai acheté pour créer le groupe. J’ai voulu nommer le groupe ramadan, mais les gens m’ont dit que c’était un peu lourd de prendre le nom du mois béni pour le donner au groupe. Alors j’ai pris le soin de séparer le nom ramadan en deux syllabes ou j’ai ajouté à chacune un « a » avec un trait-d ‘union, entre les deux syllabes.
Ce qui fait que on peut lire Raam Daan. Dans ma tête et dans mon esprit je sais que c’est ramadan que je veux dire. Mon procès s’est déroulé durant le mois de ramadan, mais aussi mon acquittement a été prononcé par la justice sénégalaise durant le mois de ramadan pour dire qu’il n’existe pas de hasard dans la vie. Le mois de ramadan est le mois le plus béni en Islam.
Je remercie infiniment mon Seigneur, car sans lui rien de tout cela ne serait possible. Ensuite, je savais que ça n’irait pas bien, si cette lourde épreuve ne s’abattait pas sur moi. Toute peine que Dieu te fait subir est quelque chose de bien. Quand j’étais là-bas, j’ai eu l’intime conviction que la prison était la meilleure chose qui pouvait m’arriver en ce moment de ma vie.
Votre libération est source de polémique dans la justice sénégalaise. Que répondez-vous?
Vous savez, je suis profane, concernant les lois et le fonctionnement de la justice de notre pays. J’ai entendu les gens dire l’article 5 de l’UEMOA, mais en toute franchise j’ignore ce qu’il en est réellement. Tout ce que je sais, c’est que je remercie et je ne cesserai de remercier infiniment mon Seigneur. C’est dommage, mais si je ne voulais pas la polémique. Il y a un avocat qui m’a appelé pour me dire que je suis entré dans l’histoire, et que ma libération a créé une nouvelle jurisprudence dans l’histoire de la justice sénégalaise.
Et on va l’appeler : «La jurisprudence Thione Seck ». Il m’a dit que maintenant, on ne peut emprisonner plus une per- sonne sans pour autant respecter au préalable les règles que le Sénégal a signé avec tous les pays de l’UEMOA. L’avocat d’ajouter que si ce cas était arrivé à un autre peut-être que ça allait passer inaperçu ou bien personne n’allait en parler, mais comme c’est tombé sur Thione Seck qui est une célébrité.
C’est la raison pour laquelle cette jurisprudence a été créée. Le tollé suscité par cette libération et la liaison que certains en ont faite avec le cas de Khalifa Sall m’attriste. Khalifa Sall est mon ami de très longue date. Je prie Dieu pour qu’il recouvre au plus vite la liberté. Je suis impatient même de le voir libre et de vaquer à ses occupations.
Où en êtes-vous avec votre grand projet musical?
Pour ce projet, on est arrivé à mi- chemin. On avance lentement, mais sûrement. Il y a certaines versions qui doivent sortir. Je me suis entendu avec l’Union des marchands ambulants du Séné- gal qui doit se charger de la vente des albums du projet. J’espère que notre collaboration avec l’Union des marchands ambulants nous aidera à ne pas souffrir du problème de la piraterie.
Je suis actuellement à Saly Portudal pour faire une trentaine de clips parce que je suis en retard par rapport aux autres artistes qui ont été invités qui ont déjà chanté et tourné leurs clips dans ce pro- jet. Si je reste à Dakar, je ne pour- rai pas les réaliser parce que, je suis tout le temps au studio du matin jusqu’à 2h du matin. C’est la raison pour laquelle je suis venu ici à Saly pour essayer de rattraper ce retard. Je vais couronner le tout par une tournée internationale est prévue.
Pourquoi le choix de faire un tel grand projet « la CDEAO en chœur (Thione Seck à gogo)» ?
J’ai décidé de le faire parce que je suis Thione Seck. Je ne peux plus me permettre de faire de petites choses. Je suis dans l’obligation de créer un grand projet où tout le monde pourrait trouver sa place. Quand tu décides de faire chanter vingt artistes de chaque pays de la CDEAO c’est trop, et pour chaque artiste il faut lui faire trois clips déjà. Concernant les clips, par rapport à ceux des artistes Sénégalais qui sont dans le projet tourne autour de mille clips. Le choix s’est fait naturelle- ment. Tout artiste qui entend cela vient donner son adhésion pour participer au projet. On a payé personne un franc pour le mo- ment.
Est-ce le choix de faire toujours le mbalax sénégalais n'a pas trop freiné votre reconnaissance internationale ?
Je ne peux faire que du mbalax parce que je suis né et je vis dans un pays où l’on ne fait que du mbalax, où l’on ne danse que du mbalax. Dans un tel contexte, je suis obligé de faire du mbalax. On disait souvent que le mbalax n’était pas exportable, mais ce projet prouve le contraire. Tous les artistes qui ont chanté dans ce projet qu’ils soient des Africains ou des Sénégalais l’ont fait avec la musique mbalax. Même les blancs ont chanté sur des mélodies mbalax.
Au moment où tout le monde reconnaît la richesse de vos textes, votre fils Wally Ballago Seck est critiqué pour faire des chansons dénuées de sens que répondez vous à cela ?
D’abord Wally est jeune. En tant que jeune, il joue la musique de sa génération. Lui et moi, ne vivons pas les mêmes réalités. Aussi, il faut admettre qu’on ne puisse pas partager les mêmes visions, mais il faut reconnaître que ces critiques ne concernent pas tous ses textes, parfois on tombe sur certains de ses textes très sensés qui signifient tous quelques choses. Ce n’est pas que j’essaie de le laver à grande eau, mais avec cette nouvelle génération Wally, comme les autres doivent redoubler d’efforts avec les textes qu’ils chantent.
Maintenant Wally n’a plus rien à prouver, parce que c’est Dieu qui l’a mis dans le cœur des gens. Parfois, je le taquine en lui disant que tu as les succès du poisson et de l’hyène. Le poisson vient de la mer, mais il fait partie des aliments de base commune à tout le monde. Je pense qu’il est sur le bon chemin. J’écoute certains de ses albums qui ont beaucoup de sens. Sa principale chance c’est qu’il est le fils de Thione Seck, en- suite quand il démarré sa carrière il a trouvé que tout était déjà prêt, donc c’est DIEU qui lui a tracé ce chemin, et lui a atténué certaines peines que moi son père j’ai endurées.
Et je profite de cet entretien pour dire aux Sénégalais que Wally est un fils que je remercie beaucoup très sincèrement. Je suis très fier de lui parce qu’il ne veut pas que je manque de quelques choses ou que je de- mande quelques choses.
Est ce que vous lui écrivez des textes ?
Malheureusement je ne lui ai jamais écrit de textes et il ne m’a jamais demandé de lui écrire un texte. Ensuite, il n’est jamais venu me dire papa corrige moi, ce texte ou autre chose. Je le laisse faire son chemin. Peut-être un jour, viendra où l’on travaillera ensemble sur des textes.
Son succès phénoménal ne vous a-t-il pas trop surpris ?
Non. Cela ne m’a pas surpris parce que c’est une chose possible. Thione Seck peut avoir un fils qui sait très bien chanter. Mais, j’ai un autre fils qui s’appelle Lamine Nar Seck, il joue au clavier et vit en Italie, mais il chante aussi. D’ailleurs il doit sortir bientôt un album.
Quel conseil donneriez-vous à Wally pour la suite de sa carrière ?
C’est de poursuivre son chemin. Qu’il continue à venir en aide à ceux qui en ont besoin. Il ne doit pas dormir sur ses lauriers aussi. Il doit respecter les répétitions. Qu’il sache que rien ne lui sera offert parce qu’il est le fils de Thione Seck.
Que répondez vous à ceux qui disent que Thione Ballago Seck est un éternel contestataire ?
Quand je vois quelque chose qui est anormale, je le dénonce tout haut. La seule différence est ce que les gens disent tout en bas ce qu’il pense, en rouspétant. Je ne suis pas hypocrite. Si c’est cela qui fait de moi un contestataire alors je serai un éternel contestataire.
Thione Seck est apolitique, quels sont vos rapports avec les Chefs d’Etats Sénégalais ?
Le Président Abdou Diouf m’a reçu quatre fois. Le président Abdoulaye Wade m’a reçu deux fois. Quand il partait à l’UNESCO, j’étais l’artiste qu’il avait amené. Le Président Macky Sall nos relations sont antérieures à son accession à la magistrature suprême. On se connaît bien et on a un vécu commun lui et moi. Il m’a reçu aussi.
Donc, j’ai pu m’entretenir avec eux tous et leur donner mon avis, prendre des photos avec eux. Il faut souligner que j’ai pu bénéficier des plus hautes décorations de l’Etat du Sénégal, j’ai été décoré du Chevalier de l’Ordre Nationale du Lion, j’ai aussi la décoration de Chevalier de l’Ordre National du Mérite. J’ai aussi celle du Chevalier de l’Ordre National des Arts et des Lettres.
Vous êtes quelqu’un qui fait beaucoup référence au Prophète (PSL) dans vos textes. Alors, quand irez vous à La Mecque pour faire le pèlerinage ?
Sincèrement, c’est mon vœu. Même Wally m’avait offert un billet pour que je puisse faire le Haj l’année dernière. Mais je lui ai dit non, je ne suis pas encore prêt. Cette année encore, il a insisté. Je suis en train de voir, parce que le pèlerinage ne dure que dix jours. Vraiment, je suis en train d’y penser. Je souhaite que cela se passe cette année ci Inshaa-Allah.
Quels sont vos pires et meilleurs souvenirs dans la musique ?
Je commence par le meilleur c’est quand j’ai reçu le disque d’or d’honneur de la famille Jackson. Le premier africain à recevoir cette distinction, je pense que c’est le Président Abdou Diouf, je suis le second à le recevoir. Le Président Diouf c’était sur le plan politique, moi c’était sur le plan musical. La famille quand ils sélectionnent un pays, ils choisis- sent des albums venant de ces pays et après ils font un choix.
C’est une chance pour le Sénégal. Mais, il faut noter qu’El-Hadj Fall un Sénégalais marié à une cou- sine de Mickael Jackson a pesé de tout son poids pour que la famille Jackson choisisse le Sénégal. Le jour où j’ai acheté mon premier matériel de musique fait partie de mes plus beaux souvenirs, le premier album de l’orchestre Raam Daan qui était «Ballago». Le plus dur dans ma carrière c’est qu’elle n’a pas été rose par rapport à ce que les gens croient. Les épreuves étaient beaucoup plus nombreuses de loin.