TOUJOURS PRÊT À SERVIR
De la lutte pour l’indépendance du Sénégal à la Commission de réformes des institutions en passant par les Assises nationales, le doyen Amadou Mahtar Mbow a été dans tous les fronts
La nation sénégalaise est endeuillée avec le rappel à Dieu du professeur Amadou Makhtar Mbow dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 septembre à Dakar, à l’âge de 103 ans. Universitaire et homme politique, plusieurs fois ministre, le professeur Amadou Mahtar Mbow a marqué d’une encre indélébile la vie politique du Sénégal, ces dernières années, par son engagement sans réserve à l’amélioration et la consolidation de la gouvernance démocratique. De la lutte pour l’indépendance du Sénégal à la Commission de réformes des institutions en passant par les Assises nationales, le doyen Amadou Mahtar Mbow a été dans tous les fronts.
Décédé dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 à Dakar, à l’âge de 103 ans, le professeur Amadou Mahtar Mbow sera inhumé ce mercredi 25 septembre au cimetière de Yoff. Universitaire et homme politique, plusieurs fois ministre, le patriarche Amadou Mahtar Mbow a marqué d’une encre indélébile la vie politique du Sénégal, ces dernières années par son engagement sans réserve à l’amélioration et à la consolidation de la gouvernance démocratique. De la lutte pour l’indépendance du Sénégal au sein du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) fondé par l’ancien président Léopold Sédar Senghor et son ancien président du Conseil des ministres, Mamadou Dia, à la Commission de réformes des institutions en passant par les Assises nationales, le doyen Amadou Mahtar Mbow a été dans tous les fronts.
ARTISAN DES ASSISES NATIONALES POUR UNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE AU SÉNÉGAL
En 2008, il avait accepté, malgré le poids de l’âge (87 ans), la demande générale des organisateurs des Assises nationales de présider ces concertations nationales sans précédent initiées par le Front « Siggil Senegaal » (Sénégal débout). Ces concertations nationales avaient réuni plus de 140 acteurs de la vie publique dont des acteurs politiques, des représentants de la société civile et des personnalités diverses en vue de réfléchir sur « une solution consensuelle, globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle (éthique, politique, économique, sociale et culturelle) qui sévit dans le pays ». Tenues du 1er juin 2008 au 24 mai 2009, ces assises ont été sanctionnées par une Charte de gouvernance démocratique, adoptée le 16 mai 2009, par l’Assemblée générale des parties prenantes et présentée à la plénière de restitution des travaux des Assises nationales le 24 mai 2009, à Dakar.
QUAND LE PRÉSIDENT WADE DÉCONSEILLAIT MBOW D’ACCEPTER LA PRÉSIDENCE DU COMITÉ NATIONAL DE PILOTAGE DES ASSISES
C’est le patriarche Amadou Makhtar Mbow lui-même qui a fait état de la tentative de l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, arguments à l’appui, de lui faire changer d’avis. Dans son discours lors de la cérémonie d’ouverture de ces assises, le 1er juin 2008, le patriarche Mbow est même revenu sur quelques aspects de son entretien avec le président Wade, lors d’une audience tenue peu avant la cérémonie d’ouverture pour montrer sa détermination à relever le défi de conduire ces Assises. « Je le remercie de m’avoir reçu dès que j’en ai fait la demande, même s’il n’a pas partagé mon point de vue sur l’opportunité de tenir ces Assises ni sur la nécessité d’y participer ou d’y faire participer son parti. Car ces Assises, je voudrais le rappeler, ne sont fermées à personne comme elles ne sont dirigées contre personne », avait-il martelé avant de préciser. « En tant que Président de ces Assises, je voudrais dire haut et fort que je reconnais sans restriction la légitimité du Président de la République et des pouvoirs établis. Et rien dans ces Assises ne sera fait pour empêcher cette légitimité de s’exercer, selon la Constitution et les lois de la République ».
Poursuivant son propos, il a toutefois tenu à faire remarquer que cette position du chef de l’Etat ne peut remettre en question sa volonté d’exercer le droit que lui confère sa qualité de citoyen libre dans un pays libre et démocratique, y compris celui de réfléchir sur les destinées de notre peuple et sur le présent et l’avenir de notre pays. « Rester sourd serait un reniement de soi surtout lorsqu’on a intégré très tôt dans sa vie les valeurs de solidarité si chères aux cultures africaines, confortées par le principe sacré du scoutisme que j’ai pratiqué dans mon adolescence : « toujours prêt à servir ».