BARTH AU TESTEUR DE SONKO
En dirigeant la Coalition Samm sa kaddu pour les législatives, le maire de Dakar va se tailler un costume national et mener un duel à distance qui promet de redéfinir les alliances politiques, avec le Premier ministre
En dirigeant la Coalition Samm sa kaddu pour les législatives, Barthélemy Dias va se tailler un costume national et mener un duel à distance avec Ousmane Sonko pour le scrutin du 17 novembre.
Barthélemy Toye Dias sera la tête de liste de la Coalition Samm sa kaddu, constituée de Tawawu, du Prp, des Serviteurs, de l’Arc, de Gueum sa bopp, du Pur et d’Agir. Le maire de Dakar va incarner ce rôle que l’on croyait dévolu à Khalifa Sall ou un autre poids lourd de la structure comme Déthié Fall, Bougane, Anta Babacar. Il s’agit d’une sorte de renouvellement du leadership en pariant sur la jeunesse de l’ancien maire de Mermoz. Il s’agit aussi d’une stratégie politique échafaudée bien sûr pour constituer une sorte de duel avec Ousmane Sonko, qui sera probablement la tête de liste de Pastef et ses partis satellites issus de la Coalition «Diomaye Président». Le tandem de la Coalition Yewwi askan wi lors des dernières législatives et locales, qui a failli imposer à Macky Sall une cohabitation au Parlement, après avoir raflé de nombreuses grandes mairies, s’est éloigné après l’organisation d’un dialogue national sur initiative de Barth’, qui a permis à Khalifa et d’autres de participer à la Présidentielle du 24 mars 2024.
Pour le maire de Dakar, qui s’est emmuré dans le silence depuis la victoire de Diomaye tout en continuant à poser des actes d’évaluation publique de sa gouvernance de la capitale, c’est le moment de montrer qu’il a l’étoffe de leader en mettant un costume avec des dimensions nationales. En tout cas, les deux ex-amis auront l’occasion de vider ce contentieux lors de cette confrontation électorale prévue le 17 novembre prochain.
En attendant, la Coalition Samm sa kaddu semble avoir pesé le risque de miser sur Barth’ pour mener sa liste à la victoire. Condamné dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf, son éligibilité constitue une énorme incertitude. Mais, aucun acte n’a été jusqu’ici posé pour acter son inéligibilité. Après sa condamnation définitive, l’ancienne ministre de la Justice du régime Sall aurait dû saisir l’Assemblée pour qu’il soit déchu de son mandat de député. Mais, Me Aïssata Sall, qui fut son avocate dans ce dossier, a eu sans doute des scrupules pour le faire. Après l’avènement de Diomaye, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui était procureur au début de la procédure le concernant, n’a pas franchi le pas jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, il y a quelques jours.
Barth’ prend une envergure nationale
Aujourd’hui, les proches de Barth’ sont confiants sur la validité de sa candidature. Surtout qu’aucune radiation des listes électorales ne lui a été notifiée alors que le dépôt des listes électorales est prévu le dimanche au plus tard à 00h. «Et une radiation des listes est encadrée strictement par le Code électoral. Selon l’article 40, un électeur inscrit sur les listes électorales ne peut être radié sans une décision motivée et dûment notifiée. La Commission administrative peut procéder à des radiations dans les cas de décès de l’électeur, de l’incapacité juridique de l’électeur, sur demande exclusive de l’électeur concerné», expose le Code électoral.
Ce qui donne à l’intéressé des possibilités de saisine des juridictions, car il a la possibilité de saisir le président d’un Tribunal d’instance cinq jours qui suivent la notification écrite à l’intéressé. «Donc il y a une procédure à suivre avec possibilité de faire un recours. On n’est pas dans la situation d’une radiation d’office après consolidation du fichier à la suite d’une révision. Cela signifie en Droit que tant que cette radiation ne t’est pas notifiée, tu es sur la liste électorale», note un proche de Dias. Evidemment, on se souvient des soubresauts et des décisions judiciaires liés à la radiation de Sonko des listes électorales qui ont abouti à l’invalidation de sa candidature à la Présidentielle du 24 mars. Si le risque d’invalidation pourrait exister, la même épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête du leader de Pastef condamné pour diffamation suite à une plainte de Mame Mbaye Niang dans le dossier Prodac. Car l’amnistie n’efface pas cette peine qui l’expose au même risque, d’après des proches de M. Dias. Et la conclusion est sans équivoque pour eux : «Si la candidature de Sonko est validée, la candidature de Barth’ est aussi validée. Et vice-versa !» Deux hommes, deux listes… les mêmes risques et les mêmes ambitions.