VIDEOCE REJET CONSTITUE UNE FORME D’EUTHANASIE PARLEMENTAIRE
Invité de l’émission Point de Vue sur la RTS, Moussa Tine, président de l’Alliance Démocratique PENCOO, s’est exprimé sur la question de l’abrogation de la loi d’amnistie. Contrairement à la majorité qui prône une abrogation partielle...

Invité de l’émission Point de Vue sur la RTS, Moussa Tine, président de l’Alliance Démocratique PENCOO, s’est exprimé sur la question de l’abrogation de la loi d’amnistie. Contrairement à la majorité qui prône une abrogation partielle, il défend une suppression totale de cette loi, qu’il considère comme un frein à la quête de vérité et de justice.
Moussa Tine rappelle que l’opposition avait, dès le départ, combattu cette loi, la jugeant inopportune et susceptible d’encourager l’impunité. Il souligne que les violences ayant conduit à la mort de plusieurs Sénégalais doivent être élucidées et que la justice doit jouer pleinement son rôle. « Nous ne pouvons pas accepter que la mort devienne une banalité. Il est essentiel que toute la lumière soit faite sur ces événements afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent », insiste-t-il.
Selon lui, indemniser les familles des victimes ne suffit pas. Il estime qu’une démarche similaire à celle entreprise en Afrique du Sud avec la Commission Vérité et Réconciliation permettrait d’établir les faits avant toute décision sur une éventuelle amnistie.
Moussa Tine réfute l’argument selon lequel l’abrogation de la loi d’amnistie pourrait conduire à un retour en prison de certaines figures politiques. « Personne ne peut emprisonner le président de la République ou le Premier ministre. Nous avons toujours considéré qu’ils avaient été injustement incarcérés. Il n’y a donc aucune raison qu’ils soient à nouveau inquiétés », explique-t-il.
Il critique également le rejet par la majorité de la proposition de loi de Thierno Alassane Sall visant à supprimer totalement la loi d’amnistie. Selon lui, cet argument repose sur une interprétation erronée de l’article 82 de la Constitution, qui encadre les propositions de loi impliquant des charges budgétaires nouvelles.
« Ce rejet constitue une forme d’euthanasie parlementaire, car si l’on suit cette logique, plus aucune proposition de loi ni amendement émanant des députés ne serait recevable sous prétexte d’une incidence budgétaire », prévient-il. Il ajoute que cette position pourrait se retourner contre la majorité elle-même, car ses propres initiatives législatives risqueraient d’être rejetées pour les mêmes raisons.
Moussa Tine invite les autorités et les parlementaires à privilégier l’intérêt général en permettant l’abrogation totale de la loi d’amnistie. Pour lui, cette démarche est une obligation morale et politique afin de rétablir la confiance des citoyens dans les institutions et d’éviter que l’histoire ne se répète.