LA PAROLE CITOYENNE POUR RÉFORMER LA JUSTICE
"Jubbanti" ou l'opportunité pour les Sénégalais de s'exprimer sur les défaillances de leur système judiciaire. Le gouvernement souhaite ainsi replacer le justiciable au cœur des préoccupations avant d'entreprendre un vaste chantier de réformes du secteur
(SenePlus) - Dans une démarche inédite visant à redonner confiance aux Sénégalais dans leur système judiciaire, le gouvernement a lancé cette semaine une plateforme en ligne baptisée "Jubbanti" ("Corriger" en wolof). Comme l'explique Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence, cité par RFI, l'objectif est de "remettre le justiciable au centre" en lui donnant "les moyens de faire parvenir ses remarques sur le fonctionnement de la justice".
Le site internet permet à tout citoyen de laisser des commentaires et réclamations de façon anonyme, en français ou en wolof, via un formulaire en ligne. Un numéro vert (1222) a également été mis en place pour contrer la fracture numérique et permettre à tous de s'exprimer.
Cette initiative fait suite à un constat alarmant du magistrat Alassane Ndiaye, conseiller technique au ministère de la Justice : "La justice est victime d'une perte de confiance". Parmi les principaux griefs, il pointe "l'utilisation de certains mécanismes comme les mesures privatives de liberté, l'engorgement des prisons et les lenteurs dans le traitement de certaines affaires".
"Il est nécessaire d'améliorer tout cela", plaide-t-il, rejoignant ainsi la volonté des autorités d'entreprendre des réformes en profondeur. La plateforme "Jubbanti" n'est qu'une première étape avant une grande conférence nationale sur la crise du secteur judiciaire prévue la semaine prochaine.
Si cette démarche de consultation populaire est saluée par de nombreux observateurs, certains s'interrogent sur la réelle prise en compte des doléances citoyennes. La présidence assure que cet espace de réclamation sera maintenu au-delà du rendez-vous de la semaine prochaine et que des réponses concrètes seront apportées.
Pour l'heure, le succès de "Jubbanti" reste à confirmer. Mais son lancement marque d'ores et déjà une avancée symbolique forte : celle de la reconnaissance par les autorités de la nécessité d'associer les citoyens à la refonte d'un système judiciaire rongé par les défaillances.