LA STRATÉGIE À DOUBLE TRANCHANT DE DIOMAYE
"On ne peut pas exclure la possibilité que le pays se retrouve à nouveau dans la configuration actuelle, avec la moitié de l'Assemblée nationale votant pour le gouvernement, et l'autre moitié soutenant l'opposition", analyse Elgas
(SenePlus) - Selon une récente analyse de Semafor, la décision du président Bassirou Diomaye Faye de dissoudre le Parlement et d'appeler à des élections législatives anticipées le 17 novembre prochain pourrait avoir des conséquences inattendues sur le paysage politique du pays.
Bien que cette décision vise à renforcer le pouvoir du président à l'Assemblée, l'émergence d'un nouveau mouvement d'opposition et l'incertitude quant à la solidité de ses alliances rendent l'issue de cette manœuvre incertaine.
Souleymane Gassama, essayiste politique connu sous le nom d'Elgas, met en garde contre un possible retour de flamme : "Le mécontentement n'est pas encore général, mais l'état de grâce s'essouffle", a-t-il déclaré à Semafor Africa.
La décision de Faye intervient après plusieurs affrontements avec le Parlement sur des projets de loi. Le président a critiqué "le refus" des législateurs de tenir le débat budgétaire obligatoire prévu le 29 juin, ainsi que le blocage par l'hémicycle le 29 août des tentatives de la coalition présidentielle de dissoudre le HCCT et le CESE jugés inutiles.
Cependant, la situation électorale reste complexe. Comme l'explique Elgas : "On ne peut pas exclure la possibilité que le pays se retrouve à nouveau dans la configuration actuelle, avec la moitié de l'Assemblée nationale votant pour le gouvernement, et l'autre moitié soutenant l'opposition."
Malgré ces incertitudes, Maurice Soudieck Dione, professeur de science politique à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, souligne la nécessité de cette décision : "Il faut une certaine cohérence entre les majorités présidentielle et parlementaire pour que le chef de l'État puisse concrètement mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu", a-t-il déclaré à RFI.
Balla Dièye, un activiste politique basé à Dakar, voit dans cette dissolution le début d'une transition claire dans la manière dont le pays est dirigé : "Le pays passe d'une situation plutôt grotesque à un semblant de normalité", a-t-il confié à Semafor Africa.