CES FACTEURS QUI FAVORISENT LA NAISSANCE PREMATUREE DES BEBES
Déficit en infrastructures, d’unités de néonatologie, de dispositifs d’oxygénothérapie, non-respect des consultations prénatales, Le Sénégal cogite sur des solutions pour la réduction du taux de bébés nés trop tôt et trop petits.
Le ministère de la Santé, en partenariat avec l’Ong Research Likak, a tenu hier un symposium sur la survie des nouveau-nés faibles et vulnérables. Le Sénégal cogite sur des solutions pour la réduction du taux de bébés nés trop tôt et trop petits.
Le taux brut de natalité était de 34,0%, avec une disparité selon le milieu de résidence de 29,2‰ en milieu urbain et 37,8‰en milieu rural. En effet, de nombreux bébés connaissent des difficultés dans l’utérus et, soit meurent avant la naissance, soit naissent trop petits ou trop tôt. Dans le monde, un bébé sur 4 naît dans ces conditions. Ils sont nés soit trop tôt soit trop petits d’où leur appellation de «nouveau-nés petits et vulnérables (Svn)». Beaucoup d’entre eux souffrent de problèmes de santé à long terme ou traînent pendant toute leur vie des pathologies chroniques. Ils sont exposés à un risque accru de mourir au cours du premier mois de leur vie ou plus tard, selon les experts.
Au Sénégal, en 2017, le taux de prématurés évalué par un poids inférieur à 2,5 kg à la naissance était estimé à 12%. On parle de naissance prématurée lorsqu’un bébé naît avant 37 semaines révolues de grossesse. Le faible poids à la naissance (né trop petit) décrit les bébés pesant moins de 2,5 kilogrammes à la naissance.
Le Sénégal a organisé à cet effet, hier, un symposium sur la santé néonatale. Dans sa présentation, le chef de division de la survie de l’enfant à la Dsme, Dr Pape Birane Mbodji, est revenu sur les défis liés à la santé néonatale. Selon lui, il y a le déficit en infrastructures et des installations dédiées à la prise en charge des nouveau-nés petits et vulnérables (Svn), notamment les couveuses, les tables de réanimation, les moniteurs, les dispositifs d’oxygénothérapie, les unités kangourou, les unités de néonatologie et coins nouveau-nés. Hormis les infrastructures, il y a les déficits en ressources humaines comme les pédiatres, les puéricultrices, les infirmiers de néonatologie et les conseillers en allaitement.
«LA BAISSE DE LA MORTALITE NEONATALE EST EN DENTS DE SCIE»
Pour sa part, le Directeur de la santé de la mère et de l'enfant, Dr Amadou Doucouré, renseigne que d'importants efforts ont été faits en termes de santé néonatale ; ce qui s'est traduit par une diminution de cette mortalité néonatale. Seulement, force est de constater que cette diminution, même s'il a eu lieu, est encore lente. «La diminution est en dents de scie. En 2015, nous étions à 21 pour 1000 naissances vivantes, en 2017 on était à 28 et aujourd'hui nous sommes à 21 pour 1000 naissances vivantes alors que nous avons un objectif d'atteinte de 12 pour 1000 naissances vivantes en 2030. Comme vous le constatez, il y a une diminution mais elle est lente», regrette-t-il. Selon lui, cette lenteur est liée à plusieurs facteurs et l'un des déterminants reste les consultations prénatales de qualité. «Il faut que les femmes fassent correctement leurs consultations. Nous sommes à un taux de couverture de 64% en consultation prénatale. Il y a aussi la prise en charge ; et qui dit prise en charge dit ressources humaines qualifiées mais aussi des infrastructures adaptées. Des efforts importants ont été faits mais force est de constater qu'il y a encore des défis à relever sur ce point-là», explique-t-il. A l'en croire, un recrutement de personnels est fait. «Il y a encore des défis par rapport à la répartition de ce personnel», dit-il. Dr Doucouré indique que dans le monde, 25% des bébés naissent prématurément. «Au Sénégal nous sommes à 12% mais nous voudrions que chaque nouveau-né ait un poids normal mais aussi arrive à terme», soutient Dr Doucouré.
Fondatrice de recherche clinique Likak, Dr Elisabeth Liyong Diallo souligne l’importance de ce symposium sur la santé néonatale parce que c'est un problème qui touche le monde entier. «Les femmes doivent aller beaucoup plus tôt et plus souvent dans les structures de santé. Beaucoup de spécialistes sont concentrés dans les grandes villes. Le Sénégal n'est pas encore efficace sur la mortalité néonatale. Nous avons des données qui passent à la trappe», déclare Dr Elisabeth Liyong Diallo.