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24 avril 2025
Éducation
GRÈVE DE LA FAIM À L’UGB, LE RECTORAT DONNE SA VERSION
Le marché pour l’assainissement du campus de Sanar a été attribué et les travaux lancés avec un chronogramme précis jusque-là respecté, a indiqué le rectorat de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis
Saint-Louis, 17 jan (APS) - Le marché pour l’assainissement du campus de Sanar a été attribué et les travaux lancés avec un chronogramme précis jusque-là respecté, a indiqué le rectorat de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, en réponse aux revendications des étudiants portant sur ce sujet.
Cette précision des autorités universitaires saint-louisiennes fait suite à une grève de la faim entamée lundi par les membres de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL).
Dans une note transmise à l’APS, le rectorat de l’UGB fait observer que les difficultés remontées par les étudiants "seront réglées par l’Office national d’assainissement du Sénégal (ONAS)".
Mais "pour régler définitivement ce problème, signale la note, des travaux de construction d’une nouvelle station et de renouvellement de conduite de refoulement débutent à la fin du mois de janvier 2022".
L’Office national d’assainissement du Sénégal est d’ailleurs en avance sur le planning d’exécution, ajoute-t-elle.
Concernant la distribution en eau potable, un autre point ayant fait l’objet d’un accord avec les étudiants en novembre 2021, le rectorat de l’UGB parle d’un "problème d’ordre structurel qui concerne tout le département de Saint-Louis".
"Dès que le château d’eau de Ngalèlle tombe en panne, cela se répercute sur le château d’eau de l’UGB, et pour résoudre définitivement le problème d’eau dans le département de Saint-Louis, présentement deux usines de traitement supplémentaires sont en train d’être construites à l’usine de Khor pour une durée de deux (02) ans", explique-t-on dans la note.
En attendant la durée des travaux, l’État a mis à la disposition du Centre régional des œuvres sociales de Saint-Louis (CROUS) sept (07) réservoirs de 10 m3 chacun, sans compter que l’installation de ces réservoirs au campus social va résorber le déficit en eau potable en attendant la fin des travaux, selon la note du rectorat de l’UGB.
S’agissant des revendications des étudiants relatives à la connexion wifi, les autorités universitaires soulignent que le coût des travaux d’extension est évalué à 170 millions de francs CFA, précisant que les travaux en question "démarreront dès réception des fonds".
Le Centre de Calcul Ousmane Seck, qui doit réaliser ce projet d’extension, "a proposé un chronogramme clair et un comité de suivi a été mis en place et dans lequel les étudiants sont représentés", indique la même source.
En ce qui concerne la voirie interne, "il est dit dans le protocole" d’accord avec les étudiants que "les travaux seront pris en charge par Agéroute" et "devraient démarrer au plus tard au mois de février 2022", selon la note du rectorat de l’UGB.
JANG DU WESS, L'ÉCOLE DE LA DEUXIÈME CHANCE
Il n’est jamais trop tard pour retourner sur les bancs de l’école. C’est ce qu’essaie de montrer le programme « Jang du wess », en cours à Sacré-Cœur 2, au niveau du Centre d’appui à l’initiative féminine
Il n’est jamais trop tard pour retourner sur les bancs de l’école. C’est ce qu’essaie de montrer le programme « Jang du wess », en cours à Sacré-Cœur 2, au niveau du Centre d’appui à l’initiative féminine. Celui-ci est destiné à ceux qui veulent savoir lire et écrire dans la langue de Molière.
Un tableau noir, des tables blanches et un maître qui donne des instructions à des apprenants. Cette scène a tout l’air d’une salle de classe normale avec un cours classique. Mais, elle tient sa singularité des profils de ses apprenants. Ce sont, entre autres, des commerçants, des femmes de ménage ou encore des tailleurs qui ont décidé de venir apprendre le français. Ils se rendent, chaque jour, au Centre d’appui à l’initiative féminine (Caif), situé à Sacré-Cœur 2, pour suivre des cours du soir. Ces apprenants qui sortent un peu de l’ordinaire veulent ainsi faire table rase du passé et écrire un nouvel avenir en sachant lire et écrire en français. Un outil devenu indispensable pour la bonne marche de leurs activités respectives.
Trouvés dans une salle, jeudi dernier, les apprenants en sont à leur quatrième cours du soir. La concentration est à son maximum. Ils sont au nombre de sept et suivent avec attention l’enseignant. Le maître commence d’abord par une séance de révision en écriture. « Écrivez le mot pipe », ordonne-t-il. Après quelques minutes, les apprenants lèvent les ardoises pour montrer le résultat. Il invite ensuite trois apprenants à venir au tableau pour reproduire les lettres déjà apprises. La séance se termine par l’apprentissage des lettres « n » et « m ».
Khady, Sally Diatta et Vieux Cissokho n’ont pas fait les bancs. Le programme «Jang du wess » s’est révélé être une chance pour eux d’apprendre les bases de la langue française. Ils ont donc décidé de payer mensuellement 15 000 FCfa pendant trois mois de formation avec fournitures et manuels inclus. Khady est commerçante. Âgée d’une cinquantaine d’années, elle a décidé de venir suivre ces cours du soir pour être plus autonome. « C’est contraignant de ne savoir ni lire ni écrire », avoue-t-elle. Cette dernière estime qu’il est primordial de savoir lire et écrire pour pouvoir être indépendant. La commerçante participe à ces séances depuis une semaine. C’est aussi le cas de Sally Diatta et Vieux Cissokho. Ils sont tous âgés de 23 ans. Pour eux, ce programme est une chance pour se rattraper et écrire une nouvelle page dans leur vécu. « J’ai vu ce programme comme une aubaine, car je suis passé à côté de certaines opportunités à cause de mon incapacité à savoir lire et écrire », explique Vieux Cissokho. Le jeune tailleur juge l’apprentissage de la langue française « indispensable » surtout à l’ère du numérique.
Couturier, commerçant, ménagère…
Sally Diatta y voit aussi un moyen d’entrer dans l’univers de la connaissance à l’image des jeunes de son âge. Ménagère de son état, elle espère pouvoir combler ses lacunes durant ces trois mois de formation. « J’ai arrêté mes études en classe de CM2 et ces cours sont une seconde chance pour moi », estime aussi M. Mbaye, un couturier de formation qui s’est inscrit dans ce centre. Il veut rectifier le tir et saisir d’autres opportunités.
Lancé en 2018, le programme « Jang du wess » est né d’un constat. « Nous sommes dans le secteur de la formation professionnelle. Et dans ce milieu, le niveau le plus accessible est le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap) qui équivaut au Bfem. Il est donc nécessaire de savoir lire et écrire. Cela exclut 50 % de la population », fait savoir Insa Dramé, Directeur du Centre d’appui à l’initiative féminine. Pour aider les analphabètes à pouvoir lire et écrire, le Caif a décidé d’initier ce programme dénommé « Jang du wess ». Le programme compte, en moyenne, une vingtaine d’apprenants par session, informe M. Dramé. À terme, il s’agit de lutter contre l’analphabétisme et d’aider les personnes adultes à acquérir des connaissances dans la langue française. « Nous avons constaté qu’il y a des personnes qui sont à des niveaux de responsabilité et qui ont envie de savoir lire et écrire pour diverses raisons », indique le Directeur du Caif. Ce programme est en phase d’initiation, dit-il. À l’issue de ces trois mois, des attestations de suivi de formation sont délivrées aux apprenants.
KAFOUNTINE : UN ENSEIGNANT AGRESSÉ, SES COLLÈGUES SE BRAQUENT ET EXIGENT DES SANCTIONS
72 heures de grève, c’est le mot d’ordre décrété par les enseignants de Kafountine, village situé dans l’extrême nord du département de Bignona
Pour exprimer leur indignation contre l’agression du directeur de l’école 3 de Kafountine, dans le département de Bignona, les enseignants de la localité ont suspendu ce mercredi les cours pour trois jours. Ils exigent des sanctions et des poursuites judiciaires contre l’agresseur qui est un ancien élève de leur collègue.
72 heures de grève, c’est le mot d’ordre décrété par les enseignants de Kafountine, village situé dans l’extrême nord du département de Bignona. Ils ont déserté les salles de classe pour se solidariser de leur camarade victime d’une agression de la part de son ancien élève. Un mouvement de grève soutenu par la section départementale du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal(Sels). «Nous sommes très meurtris et très remontés après ce qui s’est passé à Kafountine. Notre collègue qui est le directeur de l’école 3 du village de Kafountine a été violenté dans son bureau par un ancien pensionnaire de l’école actuellement au collège. Nous ne pouvons pas l’accepter, c’est pourquoi nous avons décidé de suspendre les cours pendant trois jours à compter de ce mercredi (hier)», fulmine Yancouba Badji, secrétaire général de la section Sels du département de Bignona. Il ajoute que les enseignants réclament des sanctions très sévères contre cet élève et demandent à l’inspection d’académie de Ziguinchor et à l’inspection de l’éducation et de la formation de Bignona de d'enclencher une procédure d’urgence. Mais les enseignants de Kafountine ne comptent pas se limiter à des sanctions disciplinaires. «Nous allons traduire ce garçon devant les juridictions pour qu’il soit puni afin de laver l’honneur de notre collègue», insiste M. Badji parce que, dit-il, ces cas de violences commencent à devenir récurrents à travers le pays et tant que des sanctions sévères ne sont pas prises les enseignants vont continuer à être humilier, agressé ou insulter.
Le coordonnateur départemental du Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal (Sels) à Bignona renseigne que cette grève de 72h est le premier acte de leur plan d’action pour que justice soit faite pour leur collègue. «Nous allons rester à l’écoute et nous attendons la réaction des autorités académiques et judiciaires. Mais je persiste qu’il n’y aura aucune concession et il n’y a pas de place pour des négociations. Cette affaire doit aller jusqu’au bout», a martelé Yancouba Badji.
LES SYNDICATS D'ENSEIGNANTS MAINTIENNENT LA PRESSION SUR LE GOUVERNEMENT
Plusieurs enseignants ont défilé hier, mercredi 12 janvier à Thiès, à l’initiative du Saems et du Cusems, pour exiger la matérialisation des accords signés avec le gouvernement
Hier, mercredi 12 janvier, s’est déroulée à Thiès la marche nationale des enseignants pour l’apurement des accords du 30 avril 2018, une gestion efficace de la carrière de l’enseignant, un système de rémunération juste et équitable et une amélioration du plan de carrière de l’enseignant.
Plusieurs enseignants ont défilé hier, mercredi 12 janvier à Thiès, à l’initiative du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems) et du Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems), pour exiger la matérialisation des accords signés avec le gouvernement. Avec des pancartes brandies où on pouvait lire « respect aux enseignants, bâtisseurs de la Nation », « non à la précarisation de la situation de l’enseignant », « la revalorisation du salaire de l’enseignant pour un système de rémunération jute et équitable », ils ont dénoncé le mutisme des autorités sur le sort de l’école sénégalaise, de la devanture du lycée Malick Sy de Thiès à la place Mamadou Dia. Arborant des brassards rouges, les enseignants ont scandé tout au long de la marche «respect des accords», «justice équité».
Cette mobilisation entre dans le cadre du plan d’action des syndicalistes après des débrayages et grèves pour faire face au gouvernement. « Le combat que nous menons est un combat pour l’équité et la justice sociale. Les enseignants du Sénégal doivent être traités avec impartialité, justice et équité. Vous méritez les hommages et les honneurs de toute la Nation sénégalaise. Pendant la période de covid-19, vous vous êtes impliqués. Vous avez participé matériellement, financièrement et grâce à votre dévouement, on a pu organiser les examens de fin d’année. Le combat que nous menons est un combat pour sauver l’école sénégalaise. Les salaires des enseignants dérisoires. Nous sommes les exploités de la fonction publique. Nous sommes marginalisés. Nous sommes les grands perdants. Nous travaillons dans des classes pléthoriques, des abris provisoires, dans des écoles sans toilettes ni eau. Néanmoins, nous faisons d’excellents résultats.
C’est pourquoi, encore une fois, nous exigeons un système de rémunération rénové, jute et équitable, motivant et attractif », a déclaré le secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye devant des enseignant venus de plusieurs localités. Pour sa part, le secrétaire général du Saems embouche la même trompette. « Le gouvernement du Sénégal avait dit qu’il allait signer avec les organisations des travailleurs des accords réalistes et réalisables. L’histoire a montré que les accords que nous avons signés depuis 2014, il s’y ajoute d’autres accords de 2018.
L’engagement du chef de l’Etat sur le système de rémunération, c’était de nous dire chers enseignants du Sénégal, vous avez raison. On ne peut pas avoir une fonction publique où les agents se regardent en chien de faïence. Les uns accusant les autres d’être mieux payés. Il faut qu’on y mette fin. Nous exigeons la mise en fin de cette iniquité qui caractérise le système de rémunération », a dit Saourou Sène. Cette marche nationale organisée à Thiès marque le point de départ d’une série de manifestations qui vont se dérouler à travers toute l’étendue du territoire national.
CHEIKH OMAR HANNE ACCUSÉ DE FAIRE DU DILATOIRE
L’intersyndicale des Personnels Administratifs techniques et de Service (Pats) des universités publiques a organisé hier une assemblée générale pour exiger du gouvernement de signer le décret régissant les universités publiques
L’intersyndicale des Personnels Administratifs techniques et de Service (Pats) des universités publiques a organisé hier une assemblée générale pour exiger du gouvernement de signer le décret régissant les universités publiques. Courant depuis plusieurs mois derrière cette signature, les syndicalistes ont décrété une grève de 24h et menacent de paralyser les campus pédagogiques et sociaux dans les prochains jours.
L’intersyndicale des Personnels Administratifs Techniques et de Service (Pats) des universités publiques du Sénégal est très remontée contre le ministre de l’Enseignement supérieur qu’elle accuse de faire du dilatoire dans la signature du décret. Le coordonateur du Satuc/Ucad et membre de l’intersyndicale Pats des universités, Lamine Badiane, a annoncé une grève de 24h au niveau de tous les campus pédagogiques et sociaux du pays. «Depuis plus d’un an, le décret 2000-103 qui a été révisé est en souffrance dans les tiroirs du ministère de l’Enseignement supérieur. Et on note un dilatoire de la part du ministre sur cette question parce que nous avions stabilisé la chose depuis un an. C’est pourquoi, nous sommes, aujourd’hui, en ordre de bataille pour que le président de la République procède à la signature de ce décret», affirme-t-il.
A l’en croire, le décret n’a aucun aspect financier supplémentaire. «Depuis quelque temps, le Pats des universités se bat pour la gouvernance des universités ; il y a des avancées. Nous voulons harmoniser les régimes juridiques, c’est la raison pour laquelle nous voulons que ce soit signé le plus tôt possible», dit-il.
Lamine Badiane et ses camarades estiment que la signature de ce décret permettra de sécuriser certains corps de métiers. «Le comptable, l’auditeur, l’aide jardinier n’étaient pas pris en compte sur le précédent décret. Sur un autre volet, il y a le renforcement de capacités et les voyages d’imprégnation pour le personnel. Il y a aussi une prise en charge sanitaire par l’employeur. Le décret prend en charge les statuts des Pats et le télétravail», explique-t-il.
Pour obtenir gain de cause, il annonce que la lutte va s’intensifier dans tous les campus pédagogiques et sociaux du pays. «Aujourd’hui, c’est juste une alerte. Si nous n’avons pas gain de cause dans quelques jours, nous allons nous réunir pour voir la stratégie prochaine à adopter, mais la lutte va s’intensifier dans tous les campus. Nous avions rencontré le ministre de l’Enseignement supérieur le 16 novembre et il nous avait promis que courant décembre, le décret serait signé, mais jusqu’à présent, ce n’est pas le cas. Nous allons continuer la lutte», avertit-il.
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LE NOUVEAU LEADERSHIP FEMININ ARRIVE
Nayé Anna Bathily, la fondatrice de l’association Shine to lead, qui oeuvre pour la promotion de l’éducation des jeunes filles en sciences, émue des résultats et de la brillance de ses protégées
Shine to lead/Jiggen Jang Tekki apporte une plus-value certaine dans l’agenda de l’éducation au Sénégal. Depuis quatre ans, l’association recrute des lycéennes issues de milieux modestes et les accompagnent pour qu’elles terminent leurs études dans la sérénité dans les séries scientifiques. Les lauréates de STL bénéficient d’un appui scolaire, de coaching en développement personnel, en leadership et en prise de parole en public. L’objectif est de faire d’elles «de grandes dames», moteur de l’émergence du Sénégal de demain. Récemment, l’association a organisé un déjeuner-retrouvaille à l’endroit de ses lauréates. Occasion pour qu’anciennes lauréates et nouvelles recrues se retrouvent. En marge de cette rencontre conviviale, SeneNews a interrogé l’inspiratrice du projet Nayé Anna Bathily, celle par qui tout est arrivé. Fière des fleurs produites par les graines qu’elle a semées 4 années plus tôt avec son équipe de bénévoles, elle revient avec émotion sur l’historique de l’initiative, évoque les défis et se projette sur le futur non sans dévoiler quelques secrets de la réussite de cette association. Manifestement, pour la fondatrice de Shine to lead, les résultats dépassent largement les espérances. ENTRETIEN.
Nayé Anna Bathily, vous êtes la fondatrice et présidente de Shine to lead/ Jiggen Jang Tekki qui épaule des jeunes filles des séries scientifiques. Dans quel contexte est née cette initiative ?
Shine to lead est né d’un besoin simple mais d’une évidence et d’une nécessité. C’est celui d’accompagner les jeunes filles défavorisées, à rester dans les séries scientifiques, à se développer, à développer leur leadership, à développer leur capacité à se prendre en charge et vraiment à développer le leadership féminin sénégalais. Notre parti pris vraiment c’est d’accompagner ces jeunes filles qui vivent souvent dans des conditions très difficiles, mais qui ont un potentiel de réussite énorme. Et nous avons choisi les séries scientifiques. Nous souhaitons qu’elles restent dans les séries scientifiques parce qu’il n’y a pas assez de jeunes filles dans les séries scientifiques et nous sommes convaincues qu’en les accompagnant, elles feront de grandes dames qui accompagneront la construction de la société sénégalaise et de l’Afrique bien sûr.
De manière concrète Nayé Bathily, qu’est-ce que Shine to lead apporte à ces jeunes filles et qui les transforme tant ?
Nous leur apportons un accompagnement sur plusieurs volets. Le premier c’est un accompagnement sur le plan émotionnel. Sur ce plan, on a développé un programme de mentorat. Chaque jeune fille a une mentore, c’est-à-dire une femme accomplie qui la suit au quotidien, suit son évolution, qui lui parle et qui l’aide vraiment à s’épanouir. Le deuxième volet, c’est toute une palette de programmes que nous avons mis en place. C’est la prise en charge au début de l’année des fournitures scolaires, en plus bien sûr d’un accompagnement financier qui est indispensable car comme je vous l’ai dit ce sont des jeunes filles défavorisées. Donc on les aide à pouvoir se rendre à l’école. Le troisième volet, c’est qu’on a lancé l’année dernière avec la pandémie un grand programme de cours de renforcement dans certaines matières scientifiques ainsi que dans certaines matières essentielles, (en mathématiques, en sciences physiques, en science de la vie et de la terre, en anglais et en français). Et tout ceci s’est fait en ligne.
Il semble que les filles ont bénéficié également des cours de vacances ….
En effet, on a lancé un programme de cours de vacances en ligne au niveau national dans les 14 régions du Sénégal. De nombreuses jeunes filles ont été sélectionnées pour bénéficier de ces cours. Nous avons reçu plus de 1500 candidatures. Cent vingt (120) jeunes filles ont été retenues. On a fait des partenariats avec des professeurs qui les ont suivies, qui ont administré ces cours. Pendant cette période, les filles retenues se sont connectées tous les jours. On a eu un taux d’assiduité de plus de 90%. C’est dire qu'il y a le désir d’apprendre, le désir d’engagement chez ces jeunes filles . Il leur suffit d’un coup de pouce vraiment pour qu’elles se réalisent et c’est ce que Shine to lead apporte.
Globalement pensez-vous que les filles sont conscientes de la chance qu'elles ont d’avoir Shine to lead comme appoint ?
Je pense que oui. C’est une évidence. Nous, nous les avons vues évoluer parce que quand on les prend en charge au début, elles sont très timides. Plus le temps, passe, plus on voit comment elles se prennent en charge. Elles sont transformées. Nous avons des programmes académiques mais aussi beaucoup de programmes dans le développement du leadership, des ateliers d’art oratoire, des ateliers de théâtres où elles apprennent vraiment à avoir confiance en elles. On voit un vrai changement qui s’opère en elles. Nos lauréates sont littéralement transformées par ces programmes. Donc, bien sûr qu’elles se rendent compte de la chance qu’elles ont et les résultats scolaires le montrent. On a eu cette année de nombreuses bachelières et surtout de beaucoup de mentions et de belles mentions : des mentions « Assez bien », « Bien », «Très bien ». Pour moi, c’est une très grande émotion que de voir ces jeunes filles défavorisées, parvenir à décrocher le BAC avec brio. C’est vraiment une très grande fierté et c’est tout à leur mérite parce que Shine to lead est un coup de pouce. Mais ce sont elles qui sont courageuses et braves.
Shine to lead est une association très jeune mais avec d’excellents résultats. Où est ce que l’association trouve des ressources pour assurer cet appui qualitatif?
Shine to lead existe depuis plus 4 ans maintenant. On s’est fait connaître et il y a beaucoup de partenaires qui nous ont fait confiance. Il y a des entreprises privées, des fondations, des personnes individuelles qui nous contactent et nous proposent leur contribution. On a aussi un grand réseau de bénévoles avec notamment notre programme de mentorat. Nos mentores sont toutes des femmes bénévoles qui travaillent, qui sont très occupées, mais qui prennent de leur temps pour accompagner ces jeunes filles. C’est l’occasion pour moi de les remercier au nom de toute l’équipe de Shine to lead parce que qu’elles le font en plus de toutes leurs activités professionnelles, familiales et personnelles. C’est la solidarité autour de Shine to lead qui fait que cette initiative prend de l’élan, continue de grandir. On n’a que deux salariées. Tout le reste ce sont des bénévoles qui donne de leur temps. Moi j’ai peut-être pensé l’initiative mais maintenant elle appartient à des centaines et des centaines de personnes.
Malgré vos résultats, il y a certainement des difficultés. Comment les surmontez-vous et quels sont vos besoins actuels ?
On peut se réjouir parce que nous n’avons pas beaucoup de déperdition ou de manque d’assiduité, mais il y en a quelquefois qui sont moins assidues pour des raisons indépendantes de leur volonté. Par exemple, on a vu que pendant la pandémie de COVID-19, elles étaient tellement débordées par les tâches ménagères qu’elles avaient un peu du mal à suivre les cours en ligne. C’est un dialogue continu qu’il faut instaurer avec les parents pour qu’ils aident les filles à être plus disponibles et suivent les cours. Il y aussi la question de connectivité parce que la plupart de nos programmes surtout avec la pandémie se font en ligne. Donc il y a l’outil digital qui est mis à la disposition de certaines si c’est nécessaire. Malheureusement quelquefois, il y a des problèmes d’électricité, des problèmes d’accès à la connexion. En somme, ce sont certains des défis auxquels nous faisons face. Toutefois, nous trouvons toujours des solutions et la motivation des filles nous porte pour trouver des solutions.
Qu’en est-il de vos besoins ?
On a effectivement encore des besoins. On a obtenu très récemment un financement d’un partenaire qui veut qu’on trouve plus de 1000 mentors. Maintenant, il faut aller les trouver, il faut dénicher toutes ces femmes qui seront disponibles pour accompagner les jeunes filles surtout avec le fait qu’on a étendu nos programmes au niveau national. Nous avons besoin de plus de relais dans les régions et ça aussi ça demandera un investissement sur le terrain. On est en train de voir comment nous organsiner pour trouver d’autres partenaires pour être plus présents sur le terrain au-delà de Dakar, Saint-Louis parce que nous voulons aller au fin fond du Sénégal, dans les zones rurales où les besoins sont énormes, où il y a beaucoup de mariages précoces. Nous voulons aller toucher ces jeunes filles-là. Ce sont là des difficultés que Shine to lead doit surmonter.
A côté des besoins, vos résultats sont imparables. Quelle a été la clé du succès du Shine to lead ?
La clé du succès de Shine to lead ça a été vraiment de nous concentrer sur les jeunes filles. Je suis peut-être la fondatrice mais il n’y a pas d’individualité (Ndlr : l’équipe de bénévoles). On n’a pas d’agenda politique. Notre seule motivation, c’est vraiment d’avoir un impact sur la vie des jeunes filles. On n’a aucun autre agenda. Et donc on est investi à 100% sur l’épanouissement de ces jeunes filles, sur le développement de leur leadership personnel et académique. C’est l’engagement de chacun, de chacune de nous, de toute l’équipe de manière générale qui produit cet impact. Mais la clé de notre succès aussi a été la confiance des parents, des partenaires et surtout l’engagement des jeunes filles.
Nayé Anna Bathily, si vous aviez plus de possibilités, plus de moyens à Shine to lead qu’est-ce que vous feriez de plus ?
Il y a deux choses. D’abord, ce serait de toucher beaucoup plus de filles. C’est vrai qu’on touche déjà plusieurs centaines, mais ça reste vraiment une échelle réduite. Moi je voudrais qu’on puisse en toucher des millions. Donc l’objectif pour nous, c’est vraiment d’arriver à une masse critique plus importante de jeunes filles qui intègrent nos programmes. On a besoin des jeunes filles qui aient plus confiance en elles, qui croient en elles, s'investissent plus dans les études et surtout dans les séries scientifiques.
Ensuite, j’aimerais aussi qu’on puisse avoir plus de rencontres physiques avec les lauréates et qu’on puisse faire de bootcamp. C’est très bien des rencontres virtuelles que nous a imposées la pandémie, mais comme il y a une décrue et un certain contrôle des autorités sanitaires du pays, je pense que nous pourrons reprendre nos rencontres en présentiel avec les filles, se voir et échanger. Je souhaiterais par exemple qu’on puisse toutes nous retrouver dans une ville du Sénégal pendant l’été dans le cadre de bootcamp. C’est important. L’effet de transformation et l’impact sont encore plus forts quand on peut se voir, se parler, se toucher.
STL a fait une certaine discrimination. La science c’est important certes, mais on peut avoir des filles brillantes en littératures qui ont aussi besoin d’appui pour libérer leur énergie. Qu’est-ce qu’on en fait ?
Il y a tellement de choses à faire et nous on a choisi. On fait ce parti pris comme je vous l’ai dit. Si on pouvait prendre aussi en charge d’autres profils, on le ferait. On nous a même dit pourquoi ne pas toucher les garçons. On aurait aimé le faire mais on ne peut pas tout faire. On sait qu’il y a un besoin dans les séries scientifiques, il y a besoin d’avoir plus de jeunes filles en sciences. Ça a été notre choix. D’autres s’occuperont d’autres jeunes filles, de l’éducation de manière générale. Nous, c’est notre contribution. Il y a beaucoup de contributions et je crois que la somme de ces contributions permettra vraiment de faire avancer l’agenda de l’éducation au Sénégal et en Afrique.
Que vous disent les dirigeants à propos du travail de Shine to lead ?
On a beaucoup d’encouragements et c’est ça aussi qui nous porte. Moi je reçois chaque fois des messages de félicitations de part et d’autre de personnes qui nous suivent et qui voient nos résultats. Partant justement de nos résultats, on a eu par exemple, cette année des bachelières qui ont 13 ans, Aminata et Rama (Ndlr : les sœurs jumelles) sont avec nous à cette rencontre aujourd’hui. Shine to lead les suit depuis 3 ans. Nous avions demandé à leurs parents de les laisser en Seconde S, en Première S et nous avons fait ce qu’il fallait pour qu’elles puissent être connues, pour qu’elles puissent avoir une bourse parce qu’elles étaient tellement jeunes en tant que bachelières. Et finalement, elles ont eu cette bourse des plus hautes autorités. Et c’est parce qu’on les a fait connaître à travers Shine to lead. Donc ce sont vraiment tous ces encouragements que nous recevons des plus hautes autorités, des partenaires et de toutes les bonnes volontés.
Shine to lead est une faiseuse de grandes dames, de futures dirigeantes. Pensez-vous que si on a des femmes présidentes au Sénégal, au Rwanda et en Afrique du Sud quelque chose peut changer pour ce continent ?
Oui, je pense mais je crois qu’il ne faut pas en faire une obsession. Il faut juste être sûr que les femmes jouent un rôle aussi important que les hommes dans la société. Présidente oui ou alors premier ministre, on en a déjà eu au Sénégal. D’ailleurs, on a eu deux femmes premiers ministres (Ndlr : Mame Madior Boye sous le régime d’Abdoulaye Wade -2000-2012- et Aminata Touré sous le régime de Macky Sall). Mais ce qui compte c’est que les femmes aient leur place, jouent leur rôle dans leur société. Présidente pourquoi pas, mais ce qui est important pour nous c’est l’éducation, que chaque femme trouve sa place et apporte sa contribution à la construction de l’édifice sénégalais et africain.
L’affirmation des femmes même professionnelles reste un défi. Par exemple, les journalistes essaient de leur donner la parole sur le terrain, mais c’est difficile de leur faire parler. Comment on sort de cette situation ?
Je suis tout à fait d’accord. C’est justement le travail qu’on fait à Shine to lead. Quand elles arrivent, elles ne veulent même pas ouvrir leurs bouches parce qu’elles n’ont pas l’habitude, on n’a pas l’habitude de les mettre en avant. Mais avec des ateliers de prise de parole en public que STL organise, petit à petit, elles prennent confiance en elles. C’est un travail de longue haleine et je pense qu’il y a de plus en plus de femmes dans, dans le secteur privé, de plus en plus de femmes dans beaucoup d’autres sphères qui prennent la parole, prennent leurs responsabilités et qu’on entend dans l’espace public. Donc petit à petit, ça se fait. Ça n’avance peut-être pas aussi vite qu’on le souhaite, mais il y a des améliorations et ce travail qu’on fait, toutes ces pépites qu’on fait éclore à Shine to lead, ce seront elles demain qui assureront. Je pense que demain vous n’aurez plus du mal à avoir des femmes qui vont prendre le micro, ça je vous le promets.
Interview réalisée par Frédéric ATAYODI
AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE VIE À L'UNIVERSITÉ IBA DER THIAM
Il n’y a plus de matelas éponges et les lits en bois ont été remplacés par des lits en fer
Cheikh CAMARA, correspondant permanent à Thiès |
Publication 06/01/2022
Dès sa prise de fonction, le directeur du Centre régional des œuvres universitaires et sociales (Crous) de l’université de Thiès, Cheikh Tidjane Sall, avait fait la promesse aux étudiants d’améliorer considérablement « les conditions de vie dans les campus sociaux et d’études ». A l’époque, certains étudiants « dormaient à même le sol », avec des « matelas aux épaisseurs qui laissent à désirer ». Et suite à ce constat, le directeur du Crous-T avait promis d’« élever le niveau de vie à la dimension dépassant celui de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) où les matelas éponges ont été éradiqués ».
Cependant, remarque le chef du service administratif du Centre des Œuvres Universitaires et Sociales de Thiès, Cheikh Diagne, « le budget ne permet pas souvent de faire de telles opérations ». Il souligne que « c’est ainsi que Cheikh Tidjane Sall, directeur du CROUS-T, avait initié d’autres stratégies pour trouver des fonds. Des compagnies ou structures qui évoluent à Thiès ont été contactées, pour développement le partenariat public-privé. Ce qui a abouti à la mise à disposition de lits en fer et de matelas orthopédiques. Il y a une dotation de la Société Africaine de Raffinage (SAR) et de la Grande Côte Opérations (GCO) et le CROUS-T a mis la main à la poche pour combler le gab ».
Aussi de remarquer qu’« actuellement au niveau de l’Université Ibra Der Thiam de Thiès (UIDT), il n’y a plus de matelas éponges et les lits en bois ont été remplacés par des lits en fer ». Le chef du service administratif du Centre des Œuvres Universitaires et Sociales de Thiès selon qui, « l’acte est salutaire », pense toutefois que « les étudiants de l’UIDT méritent plus que ce qui est en train d’être fait ». D’ailleurs, se réjouit Cheikh Diagne, « il y a eu cette année des remous dans plusieurs universités du pays, mais à Thiès, aucune perturbation n’a été notée, venant de l’initiative des étudiants ». Une situation qu’il justifie par « le résultat obtenu de l’entente scellée entre les étudiants, la direction du CROUS-T et des autorités universitaires, ce qui a permis de se retrouver autour de l’essentiel ».
En effet, souligne-t-il, « au regard des efforts faits tous les jours par la direction, les étudiants avaient aussi promis d’en faire de même, pour l’installation d’un climat social apaisé, propice à de bonnes études ». Selon lui, « tout est fait de concert dans l’espace universitaire, sur la base d’un dialogue inclusif et chaque fois qu’un problème se pose, cette stratégie est mise en œuvre pour trouver les solutions idoines ». Le directeur du Crous-T a entrepris plusieurs travaux opérés au niveau des différents campus de la Cité du rail pour améliorer le cadre de vie des étudiants.
Outre la constitution de nouveaux restaurants universitaires pour répondre aux attentes des apprenants, une nette amélioration a été constatée au niveau de la plomberie, de l’électricité, l’étanchéité, l’environnement etc. Sans compter le nombre de lits qui avoisinait les 5000 et qui a été revu à la hausse (18.000 lits) dans tous les campus (Vcn, polytechnique, Hôtel du rail et Ensa).
RESPECT DES ACCORDS SIGNES, LA SEPE N’EXCLUT PAS UNE ANNÉE BLANCHE
Après le mot d’ordre de grève du SAEMS et du CUSEMS, le secteur de l’éducation risque encore d’être paralysé. Cette fois-ci, c’est le Syndicat des enseignants de l’élémentaire et du préscolaire (SEPE) qui hausse le ton
Le Syndicat des enseignants de l’élémentaire et du préscolaire (SEPE) revient à la charge pour exiger du gouvernement le respect des accords signés. Lors d’une conférence de presse tenue hier, mercredi 5 janvier, le SEPE a annoncé qu’une possibilité d’une année blanche n’est pas à exclure si le gouvernement ne fait rien.
Après le mot d’ordre de grève du SAEMS et du CUSEMS, le secteur de l’éducation risque encore d’être paralysé. Cette fois-ci, c’est le Syndicat des enseignants de l’élémentaire et du préscolaire (SEPE) qui hausse le ton pour exiger du gouvernement la satisfaction de leurs revendications que sont «le maintien de l’âge de la retraite à 65 ans, le paiement intégral des rappels, la résorption du gap du règlement du prêt DMC, le système de rémunération, l’éradication des abris provisoires etc.».
En conférence de presse hier, mercredi 5 janvier, Hamath Suzanne Camara et ses camarades soutiennent que «si le gouvernement ne réagit pas pour apaiser, nous sommes prêts à aller vers une année blanche». Mais en attendant, les syndicalistes comptent dérouler leur plan d’actions décliné autour de débrayages, des grèves, des sitin et même des rétentions des notes après le dépôt d’un préavis de grève pour pousser le gouvernement à réagir.
En ce qui concerne le message à la Nation du Chef de l’Etat, le 31 décembre dernier, le SEPE relève un manque de considération envers les enseignants. «Concernant le message à la Nation du Chef de l’Etat, l’école a été totalement laissée en rade. Le Président de la République n’a parlé que de recrutement de quelques huit mille enseignants sans toucher du doigt les difficultés auxquelles la corporation est confrontée. Cela montre son mépris manifeste envers les soldats de la craie. Certainement, le gouvernement n’a pas de bon bilan par rapport au secteur de l’éducation ou bien le Président a constaté l’échec de son gouvernement», a déclaré Hamath Suzanne Camara.
Le SEPE soutient le retour du poste de Premier ministre pour plus de célérité dans le monitoring et le suivi des accords signés. «Avec un ministre de tutelle comme le ministre de la Fonction publique, ça ne fait pas avancer les choses, on souhaiterait continuer avec l’ancien système quand il y avait un premier ministre. C’est lui qui conduisait le monitoring», a dit Hamath Suzanne Camara. Le Syndicat des enseignants de l’élémentaire et du préscolaire demande au gouvernement d’ouvrir des négociations pour la satisfaction de leurs revendications.
LE SAEMSS ET LE CUSEMS PARALYSENT LE MOYEN-SECONDAIRE
Le Syndicat autonome des enseignants du Moyen Secondaire (Saems) et le Cadre unitaire syndical des enseignants du Moyen et du Secondaire (Cusems) vont observer une grève totale demain jeudi. Un mot d’ordre qui fait suite aux deux jours de débrayage qu’ils ont tenus hier et aujourd’hui. A travers ce mouvement d’humeur, les syndicalistes veulent pousser le gouvernement à respecter les accords qu’il a signés, et à réviser le système de rémunération des agents de la fonction publique.
Dans le cadre de leur troisième plan d’action, le Syndicat autonome des enseignants du Moyen Secondaire (Saems) et le Cadre unitaire syndical des enseignants du Moyen et du Secondaire (Cusems) ont décrété deux jours de débrayage qui se sont déroulés hier (mardi) et aujourd’hui (mercredi). Et dès demain, jeudi 06 janvier, les deux syndicats vont paralyser l’enseignement dans le moyen secondaire en observant une grève générale sur l’étendue du territoire national. À travers ces actions musclées, les enseignants veulent pousser le gouvernement à respecter le protocole d’accord de 2018. En outre, les deux syndicats réclament également l’équité du système de rémunération des fonctionnaires du public.
Décidés à obtenir gain de cause, le secrétaire général du Saems, Saourou Sène et Abdoulaye Ndoye du Cusems ne comptent pas desserrer l’étau autour du gouvernement. Car en plus de la grève, les syndicalistes prévoient d’organiser une «grande marche» à Thiès dans la semaine du 10 au 15 janvier prochain. Selon Abdoulaye Ndoye, il sera également procédé au «boycott des évaluations, des activités sportives et des cellules pédagogiques». Entre autres revendications, figure en bonne place l’équité dans le système de rémunération des fonctionnaires du public. La question du corps des administrateurs scolaires, notamment les proviseurs, censeurs et principaux, est aussi soulevée par les syndicalistes qui réclament au gouvernement la formation et l’indemnisation de ces gestionnaires. «Ils doivent bénéficier de formation en gestion financière et en administration générale. Mais, le gouvernement ne veut pas en faire un corps. Ils doivent bénéficier de la formation et d’une revalorisation de leur indemnité de suggestion», affirme Abdoulaye Ndoye du Cusems.
Très en verve, Saourou Sène relève l’iniquité entre les différents corps de métiers des fonctionnaires qui sont de la même hiérarchie. «Le gouvernement doit revoir le régime d’indemnisation des enseignants, comparé au régime indemnitaire des magistrats qui est à 800.000 FCFA contre 79.000 voire 80.000 FCFA francs pour l’enseignant. Quelle que soit l’importance de la magistrature, elle ne peut pas être 12 fois plus importante que l’enseignement dans un pays», clame M. Sène qui déplore dans la foulée les lenteurs administratives. La déstructuration de la grille salariale fait partie des causes de la récurrence des mouvements de grèves. «Car la déstructuration du système a engendré des privilégiés d’une part et des victimes d’autre part. Les accords sont signés depuis 2014, il faut que l’Etat respecte ses engagements», tranche Saourou Sène qui précise que les enseignants ne revendiquent pas des salaires comme ceux des magistrats. «Nous voulons plutôt la reconsidération du régime indemnitaire des enseignants», indique le secrétaire général du Samess.
CENTRES RÉGIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE, INFIRMERIES CONNAISSENT PAS
Dans les lycées d’enseignement technique et de formation professionnelle, beaucoup d’accidents de travail surviennent souvent. Des enseignants ont perdu des mains et des doigts, d’autres s’en sont sortis avec des fractures
A part l’Ecole nationale de formation en économie familiale qui dispose d’une infirmerie avec une enseignante contractuelle, dans presque tous les centres régionaux de formation professionnelle, on ne voit pas l’ombre d’une infirmerie pour la prise en charge des élèves et enseignants qui travaillent dans des ateliers à haut risque d’accidents de travail
Dans les lycées d’enseignement technique et de formation professionnelle, beaucoup d’accidents de travail surviennent souvent. Des enseignants ont perdu des mains et des doigts, d’autres s’en sont sortis avec des fractures. A Thiès, le formateur en menuiserie Bois, Papa Demba Fall, a perdu des doigts. Son collègue de Saint –Louis, Djiby Guèye, a connu le même sort. Un autre enseignant de la ville-aux-deux-gares a eu une fracture à la cheville après avoir glissé alors qu’il dispensait aux élèves la pratique de la soudure sur un échafaud…La liste est loin d’être exhaustive. Hélas, ces accidents se produisent dans des endroits qui ne disposent pas d’infirmeries fonctionnelles. Et là où il y en a, il n’y a souvent pas d’infirmiers... C’est l’exemple du lycée technique André Peytavin de Saint Louis où il y avait une infirmière recrutée par l’Etat dans les années 80 et qui a pris sa retraite. «Mais on n’a pas jugé nécessaire de la remplacer», se désole le secrétaire général du syndicat de l’enseignement technique et la formation professionnelle, Amar Kane. Aujourd’hui, trois véhicules dont un bus et deux 4x4 sont à la disposition du lycée. « Quand on a un cas de malaise ou crise, on peut le transporter à l’hôpital ou au centre de santé. Mais il arrive aussi qu’un enseignant disposant d’une voiture le fasse parce que les véhicules de l’école sont déjà en mouvement», confie Cheikh Seck, enseignant au lycée André Peytavin de Saint Louis. La situation est plus préoccupante au Sud du pays où aucun centre de formation professionnelle ne dispose d’un service médical. « J’ai été témoin de deux cas d’enfants en transe, mais il n’y avait pas d’infirmerie pour les prendre en charge.
Dans toute la zone sud, il n’y a pas d’infirmerie, or les étudiants évoluent dans des endroits à risque. C’est la soudure métallique, des machines de découpages etc. De ce fait, il suffit d’une petite erreur pour perdre des membres ou des organes. Des enseignants ont ainsi perdu des doigts... », poursuit notre interlocuteur. Des dangers que le secrétaire régional de Dakar du Syndicat de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Cheikhouna Guèye, classe en quelques catégories qui tournent autour des glissades, des intoxications et infections, des coupure, des brûlures, de l’électrocution et l’électrisation. « Les risques de brûlures, de glissade et d’intoxication sont très nombreux dans les ateliers de formation professionnelle. Il y a surtout les maladies infectieuses en coiffure à cause des produits chimiques, des problèmes de respiration parce qu’il y a un manque d’équipement et de protection comme à Niague. Ceux qui sont dans la restauration sont souvent confrontés à un environnement qui n’est pas adapté. Il n’y a pas d’équipement de protection individuelle, les lieux ne sont pas clôturés. Ce qui fait que les apprenants sont exposés à des dangers avec les postes de travail du fait de la mauvaise qualité dans l’installation », souligne encore Cheikhouna Guèye.
L’enseignement technique et la formation professionnelle demeurent les parents pauvres
Notre interlocuteur est formel. L’enseignement technique et la formation professionnelle demeurent les parents pauvres des écoles de formation au Sénégal en termes d’équipements individuels, de protection, de prise en charge et surtout de travail. Parlant de la prise en charge sanitaire en cas de pépin, c’est parfois la croix et la bannière pour ceux qui n’ont aucune prise en charge par l’Etat ou l’employeur. Papa Demba Fall, victime d’accident de travail à l’école, explique. «Certains adhèrent aux postes de santé, d’autres sont inscrits par leurs employeurs à la caisse de sécurité sociale à condition qu’ils respectent les cotisations pour les soins et les médicaments avec les pharmacies partenaires. Ils ont des carnets à présenter à la pharmacie après prescription d’une ordonnance par un médecin. Hélas, il y en a qui n’ont pas de prise en charge. Or l’inscription pour une prise en charge est très importante. Il y a un certain nombre de conditions à remplir dans un atelier de formation professionnelle. J’ai été pris en charge à la caisse de sécurité sociale », explique-t-il. Son secrétaire général, Amar Kane, considère qu’en cas d’accident, la prise en charge est individuelle. «Si vous n’avez pas de mutuelle, vous êtes foutu. Car tout enseignant est sensé ‘’mutualisé » » avec 100 % pour la prise en charge et 50% pour les médicaments. Encore faudrait-il que la mutuelle fonctionne...», relève-t-il avec malice en conclusion.