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3 décembre 2024
Éducation
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QUATRE TRÈS JEUNES ENFANTS SURVIVENT PLUS D'UN MOIS DANS LA JUNGLE
POINT DE MIRE SENEPLUS - Quatre frères et sœurs colombiens, âgés de 1 à 13 ans, ont survécu pendant 40 jours dans la jungle après un crash d'avion - L'aînée, Lesly Mucutuy, 13 ans, a été félicitée pour avoir assuré la survie du groupe grâce à son courage
Quatre jeunes frères et sœurs colombiens, âgés de 1 à 13 ans, ont survécu pendant 40 jours dans la jungle après un crash d'avion. Malgré leur périple, les enfants étaient impatients de jouer et demandaient des livres à lire seulement un jour après leur sauvetage, selon des responsables.
L'avion transportant les enfants, membres de la communauté indigène Huitoto, s'est écrasé le 1er mai alors qu'ils voyageaient avec leur mère et un chef indigène de la petite communauté d'Araracuara, en Amazonie colombienne, vers San José del Guaviare. Les corps des trois adultes ont été retrouvés sur le site de l'accident, mais les enfants étaient introuvables.
Après des semaines de recherches, les enfants ont finalement été retrouvés le 9 juin. Le pays a célébré leur survie et leur découverte avec une grande joie. Malgré leur apparence décharnée à leur découverte, le médecin militaire, Carlos Rincón, a indiqué qu'ils n'avaient que de légères coupures et égratignures et qu'ils pourraient sortir de l'hôpital dans deux à trois semaines.
L'aînée, Lesly Mucutuy, 13 ans, a été félicitée pour avoir assuré la survie du groupe grâce à son courage et à sa connaissance de la jungle. Sa sœur de 9 ans, Soleiny, est décrite comme très bavarde, tandis que Tien, 5 ans, demande des livres à lire. L'enfant d'un an s'est montré étonnamment serein avec les infirmières. Les quatre enfants sont actuellement en convalescence dans un hôpital militaire de Bogotá et ont reçu la visite du président Gustavo Petro et d'autres responsables.
par Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta
AUX ORIGINES DES CASSES ET DES INCENDIES
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur et les autorités universitaires à dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université
Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta |
Publication 11/06/2023
Tout d’abord, il convient pour nous de nous incliner devant tous ces morts annoncés depuis le début de ces évènements tristes et dramatiques et de compatir à la douleur de leurs familles respectives. Nous présentons aussi nos sincères condoléances à toute la nation sénégalaise qui a perdu une vingtaine de ses fils en seulement trois jours. Nous sommes convaincus que ces derniers n’ont commis qu'un seul tort : combattre l’injustice au prix de leur vie. Que leur combat ne soit pas vain !
Certes, le combat contre l’injustice est un devoir pour tout citoyen libre d’esprit mais il ne doit pas être un prétexte pour mettre à genoux un symbole comme l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour parler comme le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ce qui s’est passé jeudi dernier à l’ucad est innommable et insupportable pour tout pensionnaire de ce temple du savoir. Au campus social, des véhicules de particuliers et des bus pour le personnel ont été tous incendiés. Les bureaux du Coud et les restaurants n’ont pas été épargnés. Ils ont tous été saccagés puis brûlés. Le campus, jadis si bon à vivre et si beau à voir, est devenu depuis ce jeudi-là invivable et triste à voir. Et c’est aussi pareil pour le campus pédagogique où des bureaux, des amphithéâtres et des véhicules ont été saccagés et incendiés. La faculté de Droit a vu son chapiteau de 1500 places réduit en cendres. Quelle triste image ! Ce qui est sûr, c’est que l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, récemment classée première en Afrique francophone, ne s’en remettra pas vite.
Et cela, tout le monde le sait tout comme on sait aussi qui est aux origines de ces casses et de ces incendies. Nous sommes nombreux à accuser à tort les étudiants membres du Parti Pastef-Les Patriotes mais nous pouvons vous dire avec certitude que ces gens-là peuvent être parmi les casseurs et les saccageurs mais ils sont loin d’être ceux qui ont commencé cette
série de casses et d’incendies. Si vraiment les autorités universitaires cherchent à savoir qui sont les premiers, ils n’ont qu’à mener des enquêtes au sein du MEER National. Tous les
étudiants qui étaient dans le campus social ce jour-là ont vu, dès l’annonce du verdict, des hommes armés de coupe-coupes, de haches, de couteaux et d’autres objets blessants, se balader dans le campus. Et ce, sous le regard et le silence des agents de sécurité du Coud. Pourquoi ces derniers n’ont pas réagi comme ils l’auraient fait avec les étudiants “légitimes” ?
Eh oui, “légitimes” parce qu’au moins, ils se sont régulièrement inscrits dans une faculté, suivent leurs cours au quotidien et dorment même au campus toutes les nuits. Contrairement aux membres du MEER National dont la plupart d’entre eux ont cartouché de l’université mais y mènent toujours des activités illégales troublant ainsi la paix et la tranquillité qui doivent
régner dans cet espace-là. Ce groupuscule d’hommes, soutenu par de hautes autorités de la république, est à l’origine de toutes les violences constatées à l'université ces derniers mois. Ce sont des gens qui n’ont point la carrure d’étudiant. Ce sont les boucliers de ces autorités que nous venons de citer. Et cela leur confère le droit d’accéder librement au campus, d’y loger et d’y mener des activités malgré qu’ils ont perdu leur statut d’étudiant.
Il y a de cela quelques mois les services de sécurité du Coud avaient procédé à une fouille générale des pavillons et les sénégalais étaient très étonnés du nombre de machettes qui a été retrouvé dans les chambres des étudiants dont la plupart sont du MEER National. Pourtant, le port d’armes est formellement interdit au sein du campus social de l’université. Pourquoi alors n’y a-t-il pas de poursuites judiciaires contre ces gens-là dont des armes blanches ont été retrouvées dans leurs chambres ? Ah, nous oublions même que nous sommes au Sénégal où la loi est faite pour ceux qui la respectent et non pour ceux qui la violent. Hélas ! Que chacun pense ce qu’il veut mais les récents évènements nous permettent d’avoir une idée des origines des violences au sein de l’espace universitaire.
Pour ces évènements-là, les membres du MEER National étaient les premiers à sortir avec des machettes. Ils étaient là, devant le pavillon B, en train de se préparer depuis presque toute la matinée. Et dès l’annonce du verdict condamnant le président Ousmane Sonko, un groupe d’étudiants a voulu rejoindre la grande porte pour manifester son désaccord, comme cela se fait à chaque fois qu’il y a des manifestations. Mais ils ont été contraints de sortir par des hommes armés du MEER national qui menaçaient de tuer tout étudiant qui tenterait de hausser le ton. Et c’est là qu’ont commencé les arontements violents jusqu’à ce que les membres du MEER national, dominés, aient pris la fuite et les autres ont pris d’assaut la salle télé. Qui sont-ils pour menacer des gens qui ne voulaient que manifester pacifiquement contre la condamnation de leur leader ?
Ce qui est sûr, c’est que si ces gens-là n’avaient pas empêché aux étudiants de rejoindre la grande porte, il n’y aurait pas tous ces dégâts à l’université. Les manifestants allaient tout simplement sortir du campus social et bloquer la circulation ou rejoindre le domicile de leur leader, à Cité Keur Gorgui. Dommage qu’à cause d’un groupe d’individus dont la seule légitimité est d‘être des faiseurs de sales boulots de quelques autorités de la république, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’une des plus vieilles universités d’Afrique et les plus performants pour avoir formé au moins quatre chefs d’Etats, a été vandalisée et mise au chaos par des non étudiants. Nous insistons là-dessus : ceux qui ont saccagé l’université ne sont pas des étudiants. Combien de fois, les étudiants ont manifesté leur colère sans jamais saccager de bureaux ni brûler d’amphithéâtres ou de voitures de qui que ce soit ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans que les cours ne soient suspendus ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans causer autant de dégâts matériels ? On peut tout dire aux étudiants de l’Ucad mais ils ne sont pas inconscients à ce point.
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et les autorités universitaires, notamment le recteur, les doyens de facultés et le directeur du
Coud à d'abord dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université, ensuite interdire toute activité de nature politique dans tout l’espace universitaire et enfin identifier et prendre des mesures coercitives à l’encontre des casseurs et des saccageurs pour protéger notre université. Car elle est notre patrimoine, nous petits-fils de Cheikh Anta Diop.
Seydoux Diouf est étudiant en Science Politique à l’UCAD
Tony Diatta est étudiant en Droit à l’UCAD
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SI LE MÉTIER DE PARENT VOUS ÉTAIT CONTÉ...
Pourquoi les intellectuels sont de piètres parents?Quels effets produisent les propos négatifs sur l’enfant? Pourquoi être parent est un métier à plein temps et à part entière ? Réponses de M. Giroux, spécialiste en psychologie cognitive
Métier à part entière, contrairement à ce que l'on peut penser, on n'est pas forcément parent parce qu'on est père ou mère. En revanche, on peut bel et bien être un vrai parent, compétent, sans jamais avoir été papa ou maman parce qu’être parent nécessite des compétences en la matière, au risque de détruire l’enfant qu’on prétend éduquer.
Dans cet entretien exclusif, Ibrahima Giroux, Docteur en psychologie, il explique ce que c’est qu’éduquer et les erreurs à éviter absolument dans cet exercice ô combien délicat.
Être père ou mère, c’est juste biologique. Par contre, être parent, c’est une compétence à acquérir que ce soit par une initiation traditionnelle ou dans des structures mise en place par l'Etat.
En effet, l’éducation censée préparer l’enfant, puis le futur adulte à la vie, peut parfois se révéler être un drame absolu au point de compromettre son épaississement, sa réussite professionnelle et sociale.
Exercice a priori anodin, le père ou la mère peut souvent manquer de réelles compétences pour être un bon parent, un éducateur. Cela pour engendrer de graves conséquences comme des violences physiques ou psychologiques, des brimades, de l’humiliation, des paroles malfaisantes et destructrices lors de l'éducation.
Le constat étonnant que fait Dr Ibrahima Giroux, spécialiste en psychologie cognitive et chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis dans la même discipline, les parents d’aujourd’hui semblent moins compétents comme éducateurs en dépit de leurs gros diplômes qui leur pèsent sur les épaules.
Nous lui avons posé des questions sur cette problématique. Vous y trouverez des conseils pratiques pour être un bon parent et pas un parent inconsciemment maltraitant, violent ou malfaisant.
Quelle place occupe la communication dans le processus de l’éducation de l’enfant ? Quels sont les problèmes auxquels sont exposés les enfants éduqués par un certain type de parents ? Les parents d’hier, sont-ils des piètres éducateurs ? Est-on meilleur éducateur parce qu’instruit, voire très instruit ? Y a-t-il un art d’éduquer convenablement ? Comment expliquer que les parents d'hier soient meilleurs que ceux d'aujourd'hui ?
Entretien avec le Dr Ibrahima GIROUX (première partie).
NB : les images illustrant cette vidéo sont celles de la série éducative intitulée « Parents, mode d’emploi » diffusé tous les soirs sur TV5
DES MILLIERS DE TRAVAUX ÉTUDIANTS BRÛLÉS LORS DES TROUBLES
Dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes, etc), mémoires, thèses...Des milliers de documents sont partis en fumée lors des épisodes de violences de ces derniers jours à l'université
Il ne reste que quelques bouts de l’extrait de naissance de Lamine D., né en 1966 et ancien étudiant de la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Le reste du document, et tous les autres qui attestent de son passage à l’université, ont été emportés par l'incendie volontaire qui a dévasté le bâtiment des archives de la faculté la semaine passée.
L'université a été l'un des principaux foyers des troubles qui ont secoué le pays après la condamnation à deux ans de prison de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs le 1er juin. Cette peine pourrait l'éliminer de la présidentielle de 2024. Il y a eu au moins 16 morts, et même 23 selon Amnesty International.
Lorsque le verdict est tombé, des jeunes encagoulés munis de cocktails Molotov ont mis le feu aux archives de la faculté.
La thèse de plus de 600 pages de Bakary D., ancien étudiant en sociologie, fruit en 2006 de plusieurs années de travail, est presque totalement consumée. Seule la page de garde et quelques feuilles sont encore lisibles.
L'AFP a préservé l'anonymat des personnes à la demande du chef des archives.
La thèse de Bakary D. se trouvait jeudi, veille de la Journée mondiale des archives, parmi des archives partiellement calcinées qui jonchaient le grand hall et les alentours d'un bâtiment de la faculté, dégageant une odeur de brûlé. Quelques feuilles y voltigeaient encore sous l'effet d'un vent léger.
Selon le chef des archives, Lamine Diabaye, près de 200.000 archives courant de 1957 avant l'Indépendance à 2010 ont été touchées par les flammes.
Il a fallu des brouettes, des chariots, et trois jours de travail pour sortir le tout de la vaste salle des archives, complètement noircie, raconte Abdourahmane Kounta, conservateur et archiviste à la faculté.
"Cet acte ignoble et inconscient va impacter toute une génération de parcours académiques. C’est tout un pan de l’histoire de l’université qui a été brûlé", regrette-t-il, entre colère et désolation.
Signal d'alerte
Ces archives sont principalement des dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes etc), des mémoires, des thèses. L’ensemble permet de retracer le passage d’un étudiant, et de lui délivrer son diplôme s'il ne l'a pas encore retiré ou de l'authentifier à la demande d'un employeur par exemple.
Beaucoup d’anciens étudiants seront "lésés", explique M. Kounta, parce qu'il "sera impossible d’authentifier leurs diplômes".
Des documents du personnel, enseignants, chercheurs, administratifs ont aussi été brûlés.
A côté du parterre de documents, une trentaine d’étudiants de l’École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes s'affairent. Ils se sont portés volontaires pour reconstituer ce qui peut l’être.
Un travail de fourmi les attend dans les jours à venir. Il faudra trier, reclasser, conditionner le tout, énumère Souleymane Diallo, un des volontaires. Une besogne "fastidieuse", "complexe" et qui exige beaucoup de "minutie et de précaution pour ne pas abîmer davantage les documents", explique Lamine Diabaye, qui ne sait pas quand cette reconstitution prendra fin.
Ces destructions remettent en lumière la question de la conservation des archives, peu débattue au Sénégal. Des indépendances à aujourd’hui, le pays n’a jamais disposé d’un édifice national pour la conservation de ses archives, décrets, arrêts, lois, journaux, admet la directrice des Archives nationales, Fatoumata Diarra.
La structure conserve dans des "conditions difficiles" près de 20 kilomètres linéaires de documents aux feuilles complètement jaunies et usées par le temps sur de hautes étagères dans une location du centre de Dakar, dit-elle. La plus ancienne pièce date de 1672.
"Le cas de l’université doit être une alerte pour les autorités pour qu’elles s’occupent définitivement de la conservation de ce patrimoine national", avertit-elle.
Le Sénégal accuse un grand retard sur la numérisation de ses archives, malgré le lancement en 2021 d’un grand projet visant à numériser 15 millions d'actes d’état civil pour un coût de 18 milliards de francs CFA (environ 27,5 millions d'euros).
La faute à un manque de volonté politique, estime Issa Sy, expert en numérisation. Pour lui, le Sénégal a les compétences et l'expérience nécessaires, "mais le Sénégalais est généralement négligent sur la conservation de ses papiers".
CFEE, BFEM ET BAC, LES NOUVELLES DATES FIXÉES
Dans un communiqué publié ce jeudi, le ministère de l’Éducation nationale annoncé le calendrier de déroulement des examens et concours scolaires pour la session de 2023.
Dans un communiqué publié ce jeudi, le ministère de l’Éducation nationale annoncé le calendrier de déroulement des examens et concours scolaires pour la session de 2023. Ces épreuves se dérouleront les mercredi 21 et jeudi 22 juin pour le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) et l’entrée en Sixième. Si le Baccalauréat de l’enseignement secondaire général est organisé à partir du 4 juillet, pour le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM), les épreuves commencent le mercredi 12 juillet 2023.
Dans le souci d’assurer une bonne organisation, la direction des examens et concours a annoncé la mise à disposition des ressources nécessaires. Le ministre invite à cet effet les gouverneurs à prendre leurs dispositions en rapport avec les inspecteurs d’académies pour assurer la sécurisation des épreuves de ces différents examens.
par Jean Pierre Corréa
LA DICTATURE DE L'IGNORANCE
Que Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mbougar Sarr soient passés à côté de leurs rôles, n'ayant pas eu en tant qu'intellectuels et diffuseurs de contenus liés au savoir, un seul mot pour condamner cet autodafé barbare est sidérant
"Là où on brûle des livres, on finira par brûler des Hommes".
Heinrich Heine
Faire un tour sur le campus universitaire de Dakar est édifiant sur cette crise que notre pays, notre Sénégal est en train de traverser, et dont la violente survenue semble plus être l'aboutissement d'un processus savamment déroulé, qu'une subite éruption claquant comme un coup de tonnerre dans un ciel serein...
Ce crime terroriste est signé, légendé, assumé, presque revendiqué par ceux qui pensent que ça doit continuer à cramer, pour montrer leur courage par procuration ... "na boye !" intiment-ils à leurs partisans écervelés et bouffés par la haine qui a certes pris source dans le désespoir d'une jeunesse invisibilisée par un pouvoir kleptocrate qui a, depuis 20 ans cannibalisé leurs rêves et leurs aspirations à vivre heureux dans notre pays. Leurs vulgaires courses à s'enrichir sans causes a fait le lit des opportunistes populistes aux solutions simplistes, débitées cyniquement à l'encontre d'un ordre établi, estampillé occidental, souillé par l'universalisme, forcément corrompu, accessoirement maçonnique pour valider l'opprobre infamante, et justifier l'isolement qui feront de nous les proies des fondamentalistes au front bas.
Je suis dévasté par ce que j'ai pu voir dans l'enceinte de notre université, naguère siège de tant de destins libérateurs et d'aventures faisant parts belles à la prééminence et à la célébration de l'esprit et de la connaissance... Annihiler toute la mémoire pédagogique de la Faculté des Lettres, détruire et incendier des centaines de milliers de documents, casser les instruments qui servent à dispenser de la connaissance, brûler notre majestueuse bibliothèque, coeur vibrant de la sauvegarde de notre patrimoine historique, culturel, qui a offert au Sénégal ce leadership que l'Afrique de l'ignorance nous envie, pulvériser le lieu où des générations entières de grands journalistes africains ont été formés aux rigueurs exigeantes de l'information, ne relève nullement du sporadique. Ce crime est signé.
Le savoir et l'information sont toujours les premières cibles des obscurantistes et des ignorants. Ce que j'ai vu n'a pu être fait que par des talibans et des affidés de Bokko Haram dont les soi-disant adversaires d'un troisième mandat sont de fait que leurs idiots utiles... Les autodafé ont toutes les mêmes stigmates de la haine et de l'ignorance crasse.
Oh ! Les intellos sur le retour, qui osent comparer Ousmane Sonko à Mamadou Dia, à Cheikh Anta Diop et à Thomas Sankara, ça suffit les postures... Prenez donc position. Au-delà de Macky Sall, de son bilan et de l'alibi du troisième mandat, c'est le particularisme Sénégalais qui est attaqué et même, que dis-je, ce sont surtout ceux qui s'autoproclament patriotes qui auraient dû être à l'avant garde de ce combat.
Que Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mbougar Sarr soient passés à côté de leurs rôles, n'ayant pas eu en tant qu'intellectuels et diffuseurs de contenus liés au savoir, un seul mot pour condamner cet autodafé barbare est sidérant. Que l'on puisse appeler à l’insurrection, demander à des jeunes de sortir dans la rue et de se battre contre les forces de l’ordre, envoyer ses troupes brûler une université, et se faire applaudir, soutenir, approuver par des écrivains et des professeurs d’université, montre le degré de compromission et de lâcheté de certains hommes qui regardent notre nation se faire bouffer par des apprentis sorciers qui pour une fois valident leurs errances politiques toutes en "ismes", est proprement navrant et consternant.
L'écrivain Hady Ba résume ainsi la situation surréaliste de notre Sénégal : "Des écrivains, professeurs, des hommes de culture, affiliés à un parti qui appelle à une révolution qu’ils veulent populaire, mais qui ne dénoncent ni ne déplorent la destruction d’une vénérable université qui sert en majorité les enfants des classes sociales les plus défavorisées, tel est le triste état de notre pays." Fermez le ban, la coupe est pleine !!
Comment des "Patriotes" authentiques et cohérents, peuvent-ils sincèrement, face au désarroi d'une population majoritairement désemparée et choquée par la mise à sac de villes entières, par la prise en otages de citoyens qui depuis une semaine ne peuvent ni circuler, ni produire et générer ce qui leur permet de faire vivre leurs familles, ni se soigner, dont les biens durement acquis ont été pulvérisés par des hordes sauvages, comment peuvent-ils encore attiser ce gigantesque incendie, qui n'est que le fait visible et sensationnel qui cache en fait une attaque en règle du Sénégal et de son modèle de démocratie et de stabilité, qui commence à énerver et à déranger les visées des chacals et des vautours qui se repaissent encore et toujours des ressources d'une Afrique, qu'ils souhaitent voir éternellement dans le besoin, malgré le fait d'être assise sur 75% des richesses mondiales et des terres rares, si prisées dans l'avenir du monde qui se dessine devant nous.
Que les véritables patriotes, sans majuscule prétentieuse, travaillent à disséminer l'idée que l'ère des hommes providentiels est terminée, et que le Sénégal est au-dessus de chacun des hommes et femmes, qui aspirent à le diriger. L'avenir de nos filles et fils est plus important que la démesure de leurs ambitions, et les dangers qui guettent et qui nous entourent, commandent à leurs intelligences et à leur empathie, de s'asseoir, de discuter comme nous avons su si bien le faire tout le long de notre riche histoire, et d'enrichir encore ce qui est au coeur de notre génie, à savoir notre indestructible cohésion sociale, ethnique et religieuse. Ceux qui refusent d'en discuter pour assouvir leurs hubris insignifiants, et qui sont persuadés que leur petite histoire doit se confondre avec la grande histoire de notre nation seront par leur entêtement qui leur sert d'intelligence, responsables de la destruction d'un pays qui longtemps aura été un phare pour notre continent tellement résilient...et résistant.
Ces criminels manipulateurs à la solde des fondamentalistes sont juste les petits hommes gris d'un plan ourdi par des "cons qui sont loin d'être des imbéciles". C'est à nous, tous ensemble, de leur opposer notre génie et notre dignité. Sinon, après qu'ils ont brûlé nos livres, ils n'hésiteront pas à nous brûler vifs sur leurs "improbables autels" qui rendent tellement triste notre si miséricordieux bon dieu.
« IL FAUDRA BEAUCOUP DE TEMPS ET DE RESSOURCES POUR REMETTRE L’UNIVERSITE EN NORME »
En visite d’évaluation à l’Ucad, le Recteur Ahmadou Aly Mbaye a mesuré l’ampleur des dégâts causés sur les campus pédagogique et social. Ainsi que l’atteste la Direction de la communication de l’Ucad
En visite d’évaluation à l’Ucad, le Recteur Ahmadou Aly Mbaye a mesuré l’ampleur des dégâts causés sur les campus pédagogique et social. Ainsi que l’atteste la Direction de la communication de l’Ucad dans un communiqué. « Au Campus pédagogique, les six Facultés sur les lieux ont toutes subi des dommages.
A la Faculté des Lettres et Sciences Humaines comme en Fac médecine, les archives qui datent de plusieurs décennies ont été incendiées. C’est la mémoire de ces deux Facultés qui part ainsi en fumée. A la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, c’est le chapiteau moderne de 3 000 places qui a été réduit en cendres. Du côté des écoles et instituts, c’est le CESTI qui a subi le plus de dommages. La salle au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment, ainsi que la case-foyer ont été incendiées. L’EBAD non plus n’a pas échappé aux saccages”, lit-on dans le document.
Le texte de poursuivre: “Au campus social, la Direction du COUD a été calcinée y compris le bureau du Directeur et celui de l’ACP. Le cyber Sinkou a également été incendié. Le tout sans compter les vitres cassées presque partout à l’université (Ucad II, pavillon, IPMS, centre médico-social…)
Dans les deux campus, le matériel roulant a été réduit presque à néant. Plus de 30 véhicules ont été calcinés au campus pédagogique dont une vingtaine de bus et minibus ; le restant étant des véhicules de particuliers. Au campus social, 8 minibus de transport du personnel et une dizaine de véhicules particuliers sont partis en flamme. Les dégâts sont donc énormes et il faudra beaucoup de temps et de ressources pour remettre l’université en norme ».
DIALOGUE ENTRE PENDA MBOW ET ABDOUL AZIZ DIOP
UNE CHANCE (NON CACHÉE) À LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - De quoi les événements en cours sont-ils le nom ? Révolte ou révolution ? Le modèle islamo-wolof à bout de souffle ? Quid de l'individuation ?
Penda Mbow et Abdel Aziz Diop |
Publication 06/06/2023
Le 4 juin 2023, tard le soir, j’envoie au Professeur Penda Mbow un court message dont voici la teneur : « Auriez-vous dit que ce qui se passe sous nos yeux est une révolution ? Peu importe ! J’attends celle que vous dirigez vous-même pour me déterminer. »
L’historienne, très peu volubile dans les réseaux sociaux, me répond immédiatement : « Oui, c'est ce que j'ai dit. Des révolutions, je les mène depuis toujours sous différentes formes : le set setal, la lutte contre les castes (lisez mon article sur le net) - ma lutte a fait avancer des choses dans ce domaine -, le Mouvement citoyen, les forums de quartiers, les Assises nationales, l'interprétation féministe de l'islam…
Chez moi, la révolution est pacifique. Tandis que ce qu'on vit est violent et peut mener à une situation inédite si on ne trouve pas de solution. Je ne parle pas en l'air. On en reparlera dans quelques semaines.
Je te donne le lien et tu pourras m'écouter en toute quiétude. »
A cela je réagis immédiatement : « “Je ne parle pas en l’air”. C’est bien ce que je me disais. Je vais suivre le lien pour vous écouter attentivement. Merci de votre réactivité. »
A travers l’élément dont elle m’indiqua le lien, Penda Mbow ne me donna aucune chance de différer le dialogue. Me revoici : « J’ai écouté et bien écouté jusqu’à la fin sur “l’enfant unique” en Chine. Vous avez été on ne peut plus claire. Deux éléments essentiels :
Vous parlez d’une révolution sans équivoque. Le mot est revenu plusieurs fois. Le doute n’est plus permis ;
L’état des lieux exemplaire de la société sénégalaise est un élément clé pour l’investissement massif dont tous les secteurs sociaux ont besoin tous en même temps…
Questions :
Qui sont les révolutionnaires de la révolution dont vous faites état avec force ? Les révolutionnaires indiquent une direction à prendre en cas de succès ;
Pensez-vous que les attaques contre nos universités soient des actes révolutionnaires qui ont, eux, pour vocation de promouvoir l’émancipation à travers l’accès aux connaissances dont les universités sont les véritables creusets ?
Ne serions-nous pas plus fondés de parler de révolte dont la perspective de l’élection présidentielle est le déclencheur ?
L’invocation d’une révolte est d’autant plus convaincante que vous préconisez des mesures intelligentes susceptibles de convaincre les jeunes - parmi eux de nombreux enfants - à retourner à la maison avec l’espoir d’un mieux-être à court et moyen terme. En même temps, les infiltrations par des éléments étrangers à la solde de l’opposition dite radicale sont traitées avec toute la rigueur que cela demande. Dieu vous garde en très bonne santé. Nuit paisible. »
Ma brillantissime interlocutrice ne pouvait se résoudre à me souhaiter une nuit paisible sans répondre à chaud à mes questions :
« Abdoul Aziz,
Cela fait très longtemps que ma réflexion transcende le jeu politique. Il faut bien suivre mes différentes sorties. Il y a beaucoup de choses sur YouTube.
La société bâtie sur le modèle islamo-wolof avec des élites assimilées formées à l'école française est à son terme. Elle ne peut plus fonctionner. Les cadres créés pour contenir cette société, explosent et ne sont plus opératoires.
Ce que nous vivons dépasse la révolte. L'ampleur de la violence, le caractère synchronisé, les atteintes contre les symboles de l'État, les lieux de savoirs, de mémoire sont les résultats d'un long processus. On rejette l'ordre établi !
Les cadets de famille confrérique contestent de plus en plus la hiérarchie. Touba en est un exemple et est très politisé. On pourra revenir sur les causes.
Après, il y a les contingences, les sujets que vous évoquez comme la manipulation, et les infiltrations. Là, je n'ai aucune compétence pour déterminer cela.
Par contre les tendances lourdes d'une société écartelée, je peux me prononcer.
Nous devons impérativement réorienter nos priorités, revoir les rapports de l'État avec les différents segments de la société, aller résolument vers un système d'individuation...
J'ai beaucoup de choses à dire mais on pourra continuer le débat.
A demain Inch Allah. »
Que dire d’autre sinon « Bonne nuit ». Mais non sans tenter quelque chose pour voir ce que cela donne : « *Individuation*. Un vrai sujet !
À demain.
In Shaa Allah. »
La nuit fut longue. Le lendemain matin, je provoque à nouveau la discussion en le poursuivant :
« Professeur,
Personne au Sénégal et à l’étranger ne met en doute la profondeur de votre pensée du fait de votre largeur de vue et de votre hauteur d’esprit. Le fait est que votre production est sous-exploitée dans un pays où en chacun de nous on ne voit qu’un client dont l’étoffe et la générosité ne sont presque jamais prises en compte, le médiocre se prévalant d’une malléabilité qui ouvre les portes qui se referment sitôt derrière lui.
Impossible de ne pas retourner à la source politique - une parmi plusieurs autres - du mal sous nos yeux qui fait que nous échangeons pour savoir ce qui nous arrive vraiment. Le « modèle islamo-ouolof » a-t-il jamais existé ? Que reste-t-il du « ouolofo-centrisme » depuis que la forme républicaine de l’État a fait succéder au pouvoir un Senghor, un Diouf, un Wade puis un Sall de « culture sérère » comme aime le rappeler celui à qui on prête une mansuétude orientée pendant les castings gouvernementaux ? Quid du ouolof tout court ? Il semble avoir vécu aussi dès lors que parler ouolof, juste pour être compris, cesse d’être une perte d’identité tant que l’État ne touche pas à la diversité dont le métissage est l’ultime facteur de régulation. Le ouolof (discret) unifie là où le tout ouolof (officiel) fragmente.
Que reste-t-il au « modèle islamo-ouolof » si ce n’est l’islam dont le texte fédérateur - le Coran - est d’une extrême sévérité pour tout profane qui pense pouvoir en user pour dominer la femme dans tous les rapports sociaux où les hommes et les femmes sont ensemble pour 36 raisons.
Cet état de fait montre les limites de « l’interprétation féministe de l’islam » dont vous avez parlé au tout début de notre échange. Le Coran reconnaît au « courage moral » d’un époux un statut égal à celui de son « courage physique » en cas d’impérieuse nécessité. Le détour est capital :
« Si vous avez de l'aversion envers [vos femmes] (…), il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien. » (4:19).
Ce que les activistes et les médias disent être des « violences faites aux femmes » est révélateur d’un manque de « courage moral » d’un époux qui attend que sa conjointe fasse le premier geste pour le retour à la normale dans une vie de couple momentanément tendue. Au conjoint le premier geste, moralement courageux, qui élève plutôt que d’affaisser. L’obsolescence du désir de dominer promeut l’égalité homme-femme dans une relation où le « grand bien » est du côté du sexe dit faible. Plus qu’un honneur fait aux femmes : un rappel à l’ordre fait aux hommes.
Professeur Penda,
Je n’ai pas de problème avec « l’ampleur de la violence, le caractère synchronisé, les atteintes contre les symboles de l'État » pour dire après vous que « ce que nous vivons dépasse la révolte » orientée contre « l’ordre établi ». Quant aux attaques ciblées des « lieux de savoir, de mémoire », elles sont, ailleurs en Afrique de l’Ouest - au Mali spécifiquement - de type jihadiste. Les motivations réelles des auteurs d’attaques de « lieux de savoir » brouillent les pistes qui mènent aux révolutionnaires - pas aux signataires, tous membres de Pastef, d’un tract électoraliste - d’une révolution digne de ce nom. Partant de là, « les contingences, la manipulation et les infiltrations » méritent une attention particulière.
« Nous devons impérativement, écrivez-vous, réorienter nos priorités, revoir les rapports de l'État avec les différents segments de la société, aller résolument vers un système d'individuation...» Vous avez raison Professeur. J’ai néanmoins une idée sur l’individuation - fait d’exister en tant qu’individu différent au sein d’un groupe - que j’exprimerais mieux après la vôtre.
Penda : « Merci Aziz pour ce texte fort intéressant. Je suis en voyage et suis très bouleversée en ce moment par tous ces jeunes qui périssent. Je reprendrai le débat. »
Abdoul Aziz : « Excellent voyage… Excellent séjour à l’étranger. Excellent retour chez vous au Sénégal, le pays que vous chérissez tant et pour lequel vous vous battez comme personne d’autre ou presque. »
À suivre.
CES INQUIETUDES QUI PLANENT SUR L’ANNEE SCOLAIRE !
Fermeture des écoles et universités? Depuis quelques jours, le Sénégal vit une crise juridico-politique sans précédent.
Depuis quelques jours, le Sénégal vit une crise juridico-politique sans précédent. Sur fond de manifestations meurtrières ayant fait 16 morts en deux jours et des dégâts matériels incommensurables, des universités publiques et des écoles du pays ont fini par fermer. Une suspension des cours qui risque de porter un gros coup sur le quantum horaire et impacter la fin de l’année scolaire.
L e Sénégal s’est engouffré dans une crise juridico-politique qui secoue le système éducatif à tous les niveaux. Depuis jeudi dernier, 1er juin, après le verdict de la Chambre criminelle du Tribunal de Dakar condamnant le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko à une peine de deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 600.000 FCFA pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweet Beauty qui l’opposait à l’ex «masseuse» Adji Sarr, il y a une paralysie des enseignements/ apprentissages au Sénégal. A cause des violentes manifestations de jeunes qui protestaient contre la décision de justice et au cours desquelles 16 personnes ont été tuées, des écoles et des universités publiques ont été fermées et les cours suspendus dans plusieurs villes du pays.
Et pour l’heure, impossible de connaitre la date de reprise des cours dans les universités. Les autorités des universités Cheikh Anta Diop de Dakar, de Gaston Berger de Saint-Louis, d’Assane Seck de Ziguinchor ont décidé de fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre. A l’UCAD, par exemple, les manifestants ont mis le feu sur des bus, des bureaux, des amphithéâtres. Dans la région de Ziguinchor, des écoles dont le lycée Djignabo n’ont pas échappé à la furie des manifestants. Pis, avant ces manifestations ayant suivi le verdict de l’affaire «Sweet Beauty», les cours ont été suspendus pendant une semaine à Ziguinchor et Bignona à cause de la situation tendue liée à des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre dans l’affaire Sonko.
En effet, la semaine dernière déjà, des syndicats d’enseignants du moyen secondaire comme le Saemss et le Cusems observaient une grève totale pour réclamer le respect des accords signés, la convocation du comité de suivi des accords mis en place après la signature du protocole d’accord du 26 février 2022 et pour dénoncer les arrestations d’enseignants.
A ces perturbations des enseignements/apprentissages, il faut ajouter que le début de vacances du deuxième trimestre de l’année scolaire 2022/ 2023 initialement prévu le 31 mars, avait été ramené au 27 mars 2023. C’était en raison des manifestations de jeunes dans l’affaire de diffamation opposant Sonko/Mame Mbaye Niang. En effet, au vu de toutes ces perturbations des cours, des inquiétudes pèsent quant au dénouement de l’année scolaire. Pour cause, le quantum horaire est menacé. Cette paralysie du système éducatif risque donc de porter un gros coup à l’année scolaire alors que l’on s’achemine vers la tenue des examens de fin d’année et la fermeture des classes : 21 et 22 juin 2023 pour le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE), le Baccalauréat à partir du 4 juillet 2023, le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) à partir du 12 juillet 2023. D’ailleurs, dans le secteur de la formation professionnelle, le démarrage du Brevet d’études professionnelles (BEP) initialement prévu ce mardi a été reporté au jeudi 15 juin 2023.
MULTIPLE PHOTOS
UCAD, DES PLAIES ENCORE BEANTES
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a été transformée en un véritable champ de ruines après l’annonce du verdict du procès de Ousmane Sonko. Des facultés et instituts ont été saccagés par les manifestants. Les dégâts sont inestimables.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a été transformée en un véritable champ de ruines après l’annonce du verdict du procès de Ousmane Sonko. Des facultés et instituts ont été saccagés par les manifestants. Les dégâts sont inestimables. Retour sur les lieux du sinistre.
Avenue Cheikh Anta Diop de Dakar, un calme plat règne ce dimanche 4 juin 2023. Les activités commerciales aux alentours reprennent timidement. La circulation est fluide sur cet axe jadis très fréquenté par les automobilistes. Des éléments des forces de défense et de sécurité, armés, sont positionnés au rond-point et font face à l’entrée principale. Laquelle est inaccessible. Elle affiche un visage hideux. Des véhicules complètement réduits en cendres forment le décor. Ils font partie des dégâts engendrés par les manifestations qui ont éclaté dans le temple du savoir, le 1er juin dernier, après l’annonce du verdict de la chambre criminelle, condamnant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Des agents de sécurité du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) interdisent tout accès dans ce temple du savoir où les autorités universitaires ont pris la décision de suspendre les enseignements jusqu’à nouvel ordre. Ils sont intransigeants et appliquent à la lettre les consignes reçues. Des étudiants venus récupérer leurs bagages sont retenus à la porte principale. « Nous voulons récupérer nos bagages qui sont dans notre chambre et rentrer. Nous étions sur le qui-vive le jour de la manifestation. On s’est sauvé en laissant tout dans notre chambre », a fait savoir El Hadji Mbaye, étudiant en troisième année à la Faculté des sciences, l’air désemparé.
Les manifestants étaient armés de scie à métaux, arrache-clou, piques et marteaux
En effet, contrairement à la grande porte, l’allée communément appelée « couloir de la mort » n’est pas contrôlée. Mais elle est vide. On n’y aperçoit pas une âme qui vive. Des morceaux de pierre jonchent le sol. Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Mame Less Camara (Cesti/Mlc) jouxte cette allée. Cette école, qui a formé plusieurs générations de journalistes d’ici et d’ailleurs, n’a pas échappé à la furie des contestataires de la sentence qui a été infligée au maire de Ziguinchor. L’amphithéâtre « Eugénie Rokhaya Aw » a été incendié. Il est sens dessus dessous. Les vitres des fenêtres endommagées à coup de pierres, les tables bancs calcinés. Pis, trois véhicules appartenant à cette école sont réduits en tas de ferraille. Les flammes ont noirci la peinture du bâtiment. Joint au téléphone, Mouminy Camara (Directeur des études du Cesti), présent sur les lieux au moment des faits, n’a pas voulu se prononcer parce que « les autorités de l’Ucad n’ont pas encore fait le point de la situation ».
Après le Cesti, on a fait cap à la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh). Ici, c’est le chaos total. Le panorama est indescriptible. Les casseurs ont été sans état d’âme. Ils n’ont rien épargné. Les dégâts sont démesurés. De nombreuses dégradations ont été commises. Au minimum, 20 bureaux ont été vandalisés. Le bureau des archives a été complètement incendié. Les images font mal. Des tas de paperasses carbonisés jonchent le sol. Des ordinateurs, des photocopieuses, des chaises, détruits, sont visibles pêle-mêle, un peu partout dans le nouveau bâtiment. Des tables-bancs, des armoires contenant des livres sont renversées çà et là. La salle de réunion, les salles des professeurs, le bureau local des mobiliers, le bureau de liaison université-entreprise, la case d’inscription pour les nouveaux bacheliers ont également subi les attaques des casseurs. Deux bus et le véhicule d’un professeur de philosophie ont été incendiés. Cheikh Abdou Massaly est agent de sécurité dans cette Faculté, depuis 2017. Présent au moment des faits, il déroule le film des saccages. « Nous étions sept agents de sécurité sur les lieux quand les manifestants ont envahi la Faculté. Ils nous ont demandé de prendre nos bagages parce qu’ils vont mettre le feu à la Faculté. Sans même qu’on ait eu le temps de négocier avec les meneurs, certains ont mis du feu sur le bus. Ils étaient armés de scie à métaux, d’arrache-clou, de gros marteaux, de piques », explique M. Massaly. Selon lui, les casseurs ont défoncé la porte du bureau des archives, volé les ordinateurs, les photocopieuses et les télés avant d’y mettre le feu. Il poursuit : « Après le bureau des archives, ils ont pris d’assaut la case des inscriptions. Ils ont volé les 8 ordinateurs, les imprimantes, les serveurs, les machines qui servaient à tirer les cartes des nouveaux étudiants. Ils ont même emporté les robinets des toilettes et le coffre du disjoncteur ». Selon le vigile, même la buvette n’a pas été ménagée. Les assaillants, selon lui, ont mangé toute la nourriture qu’ils ont trouvée avant d’emporter la somme de 60 000mille FCfa qui était gardée dans la caisse.
Les caméras de surveillance ont tout filmé
À la question de savoir si ceux qui ont commis ces actes qui frisent le crime sont des étudiants, M. Massaly rétorque : « ceux qui étaient devant ne donnent pas l’air d’être des étudiants. S’ils sont des étudiants, ce sont des cartouchards. En plus, ils n’étaient pas lucides. J’en ai vu au moins trois qui détenaient des bouteilles de bière ». À l’instar de M. Massaly, Souleymane Faye, agent de sécurité à l’Ucad, depuis 1992, dit être scandalisé et outré par ce qu’il a vu le jour des manifestations. Pour lui, ceux qui ont saccagé l’université ne sont pas des étudiants, mais ils avaient mûri leur plan bien avant. « C’est la première fois que je voyais de supposés étudiants commettre de tels actes. Il y a toujours eu de grèves et de saccages au sein de l’université, mais les étudiants ont toujours fait la part des choses. Ils n’ont jamais incendié encore moins saccagé les bureaux. Ceux qui ont commis ces actes n’étaient pas dans un état normal. Les pertes sont énormes. Elles dépasseront des centaines et des centaines de millions de Fcfa », dit M. Faye. Il affirme qu’ils seront tous arrêtés parce que la grande caméra de surveillance a filmé toute la scène.
La bibliothèque de l’Ucad n’a pas été visitée par les manifestants. Mais les vitres du cyber ont été cassées et un bus et cinq véhicules particuliers qui étaient garés dans le parking ont été incendiés. L’un des agents de sécurité trouvés sur place, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, renseigne que les véhicules particuliers appartiennent à des travailleurs de la bibliothèque. « Ils les avaient laissés ici et sont rentrés à pied parce que la situation était tendue. Ils ont pensé que leurs voitures seraient protégées, hélas ! ».
Le chapiteau de la fac droit et le véhicule du Pr Isaac Yankhoba Ndiaye réduits en cendres
À la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp), le chapiteau est complètement calciné. L’image est désolante. Le bruit des zincs complètement noircis et les gazouillis des oiseaux accueillent tristement les visiteurs. Des bacs à ordures, des morceaux de chaises, des troncs d’arbres jonchent le sol. De l’autre côté, c’est-à-dire à l’entrée principale de la Faculté, une carcasse de voiture garée devant le bâtiment qui forme des juristes est visible. L’un des agents de sécurité trouvés dans le hall nous informe qu’elle appartient au Professeur Isaac Yankhoba Ndiaye. Dans cette Faculté, les salles de travaux dirigés, la salle des professeurs et les amphithéâtres ont été saccagés par les manifestants. Des détritus de vitres cassées et des pierres couvrent le sol. C’est le même panorama à la Faculté de médecine et d’odontologie où, de loin, on peut voir les vitres brisées.