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23 avril 2025
Éducation
PAPE MADEMBA BITEYE OFFRE 1000 TABLES-BANCS
Composée de 1000 tables-bancs et de 2500 kits scolaires, cette dotation va surtout aider résoudre l’épineuse question du déficit en tables-bancs dans les écoles, surtout celle des nombreux apprenants qui se mettaient même à terre pour étudier
Dans la poursuite de son programme attribué au renforcement du système éducatif entre la commune de Kaolack et son village natal de Kabatoki (4 à 5 kms à l’Ouest de Kaolack), le Directeur général de la Senelec Pape Mademba Bitèye à offert Samedi un important lot de matériel à l’inspection académique (IA) de Kaolack.
Composée de 1000 tables-bancs et de 2500 kits scolaires, cette dotation va surtout aider résoudre en partie l’épineuse question du déficit en tables-bancs dans les établissements, surtout celle des nombreux apprenants qui se mettaient même à terre pour étudier.
Rehaussée par la présence de diverses autres autorités religieuses, cette rencontre a aussi été l’occasion pour le donateur de doter les maîtres coraniques de plusieurs centaines de nattes et livres coraniques afin de leur offrir toutes les possibilités de dispenser un bon enseignement. Déjà il y a près d’une décennie, racontent les autorités académiques, le soutien aux établissements scolaires du département de Kaolack devient de plus en plus constant pour le directeur général de la Senelec.
Au-delà des nombreux parrainages des programmes scientifiques, le soutien indéfectible aux programmes de révision de matières scientifiques pour les élèves en classe d’examen, Pape Mademba Bitèye s’est aussi beaucoup investi pour accompagner la culture de l’excellence avec pas moins de 17 millions de frs à chaque édition.
En dépit de sa volonté d’accompagner la politique du chef de l’État axée en exclusivité sur le développement du capital humain à partir de la base, son objectif est aussi de contribuer à l’enseignement et la formation dans une perspective de bâtir une nouvelle génération d’apprenants prête à relever les nombreux défis interpellant la nation, et capable de gérer les nouvelles ressources naturelles du gaz et du pétrole.
Pour le donateur “ il s’agit aussi d’un prétexte de payer les énormes efforts fournis pour atteindre un taux de réussite de 85 au cours de la dernière année académique. Et puisqu’à présent, les élèves réclament du matériel numérique, ce sera l’occasion dans les prochaines éditions de leur en offrir, mais à condition que le taux de réussite soit porté à un niveau supérieur, autrement dit à 95 %”.
MARIA FAYE SORT MAJOR DE SA PROMOTION AU CONCOURS D'AGRÉGATION DE MÉDECINE
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est distinguée au 21ème Concours d’agrégation de médecine humaine pharmacie, odontostomalogie, médecine vétérinaire et productions animales du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES).
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est distinguée au 21ème Concours d’agrégation de médecine humaine pharmacie, odontostomalogie, médecine vétérinaire et productions animales du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES).
En effet, l’enseignante-chercheuse, Maria Faye s’est adjugée la première place devant cinq autres africains, faisant d’elle la première femme agrégée en Néphrologie et major de sa promotion. Elle rejoint ainsi le prestigieux cercle des agrégés du CAMES.
Ce concours a pour objectif de «recruter des personnels de l’Enseignement supérieur en garantissant le niveau international des Enseignants», «d’adapter le mode de recrutement de l’Enseignement supérieur aux réalités africaines», «d’évaluer les aptitudes des candidats aux fonctions d’enseignants du supérieur» et de «favoriser la promotion des Enseignants», lit-on sur le site du CAMES.
Sur les conditions d’inscription, la même source précise : « sont admis à concourir : les Maîtres-assistants ou chefs des travaux pratiques justifiant d’une ancienneté de deux (2) ans dans les fonctions de Maîtres-assistants confirmés d’une part, par l’acte d’inscription sur la liste d’aptitude et d’autre part, le décret, l’arrêté ou la décision de nomination dûment certifiés et légalisés par les autorités compétents».
MACKY RECLAME UN BILAN EXHAUSTIF DU FONDS DE FINANCEMENT ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
La gestion du fonds de financement de la formation professionnel et technique (3fPt) sera évaluée par le gouvernement sur demande du président de la République
La gestion du fonds de financement de la formation professionnel et technique (3fPt) sera évaluée par le gouvernement sur demande du président de la République. En réunion du conseil des ministres hier, le chef de l’Etat a demandé à ses hommes de faire un bilan exhaustif des réalisations de l’institution depuis sa création.
Abordant hier en réunion du conseil des ministres l’exécution des projets de promotion de la formation professionnelle et technique, le président de la République a rappelé au gouvernement l’importance de la valorisation du capital humain dans le Plan Sénégal Emergent (PSE). A cet effet, le chef de l’Etat a souligné que le caractère prioritaire de la formation professionnelle et technique nécessite l’exécution optimale de l’ensemble des projets et programmes de développement du secteur, avec la réalisation des centres de formation professionnelle départementaux et le déploiement du Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique (3FPT).
A cet égard, le Président Sall a fait état de la nécessité d’une évaluation des interventions territoriales, techniques et financières des guichets du 3FPT, notamment dans le cadre du programme «XEYU NDAW NI». Mieux, le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de faire le bilan exhaustif des actions du 3FPT, depuis sa création en 2014, et de communiquer davantage sur les possibilités de soutien en termes de formation et d’apprentissage offertes par la structure.
Il faut rappeler qu’à travers le 3FPT, l’Etat a voulu renforcer le capital humain qui constitue un axe stratégique majeur du Plan Sénégal Emergent (PSE). Créé en 2014 par le gouvernement du Sénégal avec l’appui de la Banque Mondiale et de l’Agence Française de Développement (AFD), le 3FPT a pour missions principales de mobiliser les ressources nécessaires au financement de la formation professionnelle et technique ; de financer les actions de formation initiale ainsi que les actions de formation continue du personnel des entreprises, des demandeurs d’emploi et des porteurs de projets d’insertion ; de contrôler l’utilisation des financements attribués ; de veiller à l’efficacité des actions mises en œuvre ; de conduire des études prospectives sur l’environnement du développement économique, de l’emploi et de la formation professionnelle ; et d’accompagner les entreprises et les établissements de formation professionnelle et technique dans l’identification et la formulation de programmes de formation. Des actions conséquentes ont été effectuées dans le sens d’aider particulièrement les jeunes en quête de qualification qu’ils soient scolarisés ou déscolarisés, les demandeurs d’emploi en quête de formation, les organisations soutenant la formation des couches vulnérables.
LA COSYDEP RELEVE DES MANQUEMENTS DANS LE SYSTEME DE FINANCEMENT DE L'ÉDUCATION
Malgré les 25% alloués au secteur de l’éducation, des efforts doivent être faits pour que le système soit parfait
A quelques jours du vote du budget des ministères, dont celui de l’Education nationale, la COSYDEP a listé les principales difficultés liées au financement de l’éducation dont l’importance des ressources injectées dans ce secteur ne parvient pas à résoudre les problèmes dont sont confrontés les acteurs.
Depuis plusieurs années, les autorités annoncent sans cesse que le budget alloué au secteur de l’éducation est important comparé aux autres ministères. Pourtant, malgré toutes ces sommes injectées dans ce domaine, les problèmes demeurent. Les abris provisoires servent toujours de salle de classe dans certaines régions du pays, un manque de tables bancs est toujours noté, sans oublier l’absence de toilettes, de mur de clôture ou encore de sécurité dans les établissements scolaires.
Pour la Coalition en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP), des efforts doivent être faits pour que le système soit parfait. ‘’Aujourd’hui, pour relever tous les défis, il faut un financement. Nous avons un système éducatif, qui, malgré tous les moyens, laisse beaucoup d’enfants dans la rue ou qui sont déscolarisés. Il nous faut des ressources pour pouvoir lutter contre tout cela. Nous avons un système éducatif où nous avons des écoles qui ne sont pas toutes aux normes avec des abris provisoires. Nous avons des besoins en tables-bancs, en matériel, en points d’eau, en sanitaires’’, a déclaré le Directeur exécutif de la COSYDEP, Cheikh Mbow, hier, lors d’une session de formation dédiée aux acteurs de la presse.
Pour lui, la résolution de tous ces problèmes nécessite un financement. Mbow estime que des ressources importantes ont été injectées dans le système, rappelant que le Sénégal met 25% de son budget dans l’éducation, soir 6% du Produit intérieur brut (PIB). Selon lui, c’est un effort à saluer. Mais, celui qui fut enseignant par le passé souligne que, malgré tous ces efforts, il y a énormément de besoins à satisfaire qui exigent pour une jeune Nation davantage d’investissements. ‘’Il faut donc, au-delà du financement alloué par l’Etat, rationaliser et maximiser. Il nous faut réinventer d’autres sources de financements’’, a-t-il dit.
Alors qu’on s’achemine vers le vote du budget alloué à chaque ministère, dont celui de l’éducation, Cheikh Mbow pense qu’il y a des questions récurrentes qui sont toujours adressées à la COSYDEP, mais qu’elle n’arrive pas à résoudre. ‘’Chaque année nous entendons les mêmes difficultés à savoir des tables bancs, des salles de classe ou encore des ressources scolaires qui ne sont pas appropriées. Il est important d’avoir un budget qui nous permet de pouvoir dépasser définitivement ces problèmes. C’est un élément important pour nous’’, a lancé Mbow. Il plaide également pour un budget sensible à certaines catégories de personnes, notamment aux filles, aux personnes vivant avec un handicap et aux enfants résidant dans des zones défavorisées. Il invite les autorités à revaloriser l’offre publique d’éducation avec un budget qui soit équilibré en termes d’investissements.
L'ITINÉRAIRE DE BOUBACAR BORIS DIOP
L'influence de Cheikh Anta Diop, les langues africaines et la littérature, le Prix Neustadt... L'auteur de "Murambi, le livre des ossements" répond à Eric Manirakiza de VOA Afrique - ENTRETIEN
VOA Afrique |
Eric Manirakiza |
Publication 08/11/2022
Boris Diop a reçu le 24 octobre 2022 le Neustadt, le prix international de littérature qui lui a été décerné dans l'Etat américain de l'Oklahoma. Dans un entretien exclusif à VOA Afrique, Boris raconte ce que le prix qu’il a reçu, équivalent du Nobel de littérature, représente pour lui.
LES RECOMMANDATIONS DE LA COSYDEP
Bon déroulement de l’année scolaire, environnement des apprentissages, amélioration des performances…La Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l’Education publique (COSYDEP) reste déterminée pour une éducation de qualité
La Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l’Education publique (COSYDEP) reste déterminée pour une éducation de qualité. Lors d’une réunion, le Bureau du Conseil d’Administration (BCA) a salué les efforts du gouvernement et formulé des recommandations pour un bon déroulement de l’année scolaire.
Sur le déficit de tables bancs, « le BCA appelle l’Etat à se décider à vider définitivement cette question en mobilisant les ressources nécessaires permettant d’aller au-delà des prévisions annoncées chaque année », rapporte le communiqué rendu public hier, lundi 7 novembre. En ce qui concerne la disponibilité de salles de classe en quantité et de qualité, « le BCA invite à élargir le réseau scolaire pour faire face à la demande de scolarisation du fait d’une démographie croissante ».
Mieux, « la COSYDEP recommande de partager avec la communauté le dispositif planifié de résorption des abris provisoires et de réhabilitation des salles de classes pour les rendre plus résilientes face aux crises sanitaires et climatiques répétitives ». A propos de de l’hygiène, l’assainissement et la sécurité des écoles, « le BCA, après avoir établi le lien entre la qualité de l’environnement des apprentissages et l’amélioration des performances, exhorte le gouvernement et les collectivités territoriales à assurer à chaque établissement des blocs sanitaires fonctionnels, un gardien, des femmes de ménage et un personnel d’appui ».
En effet, samedi dernier, le Président de la République a pris des mesures sur les coûts de scolarité. « Après avoir salué la baisse de la fourchette des frais d’inscription au moyen secondaire (entre 3 000 et 5 000), le BCA a rappelé les textes législatifs et réglementaires qui proclament la gratuité de l’enseignement élémentaire au Sénégal. Il s’agit en réalité de soutenir et de respecter les dispositions prévues en veillant à la disponibilité de budgets de fonctionnement conséquents et à temps, à l’application rigoureuse des textes pour rétablir la légalité et à une gestion plus efficiente, plus inclusive et plus transparente des ressources allouées aux écoles », lit-on dans le document. Non sans recommander à l’Etat « de garantir, au moins, une année de préscolarisation obligatoire conformément à l’alignement du Sénégal aux objectifs de l’agenda 2030 ».
Sur la question enseignante, la COSYDEP dénonce « vigoureusement la baisse du quota de recrutement pour le Concours des élèves maitres, CREM 2021-2022 (seuls 350 recrutés contre, antérieurement une moyenne d’environ 2 500 par an) ». Quant à la préservation d’un dialogue social permanent avec la communauté éducative, « après avoir salué l’accalmie dans le secteur, le BCA exhorte les autorités à privilégier un dispositif anticipatoire, permanent et fécond de dialogue en accordant plus d’importance aux alertes et aux propositions alternatives. Les flammes de la pacification du système éducatif doivent être entretenues ».
La COSYDEP recommande également « la gestion efficace de l’important déficit ainsi qu’une planification rigoureuse pour la satisfaction de l’énorme besoin en enseignants ».
PAULIN HOUNTONDJI, AU-DELÀ DE LA CRITIQUE DE L'ETHNOPHILOSOPHIE
Et s’il fallait passer par Husserl pour comprendre Hountondji ? C’est le pari du philosophe sénégalais Bado Ndoye dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages)
Et s’il fallait passer par Husserl pour comprendre Hountondji ? C’est le pari du philosophe sénégalais Bado Ndoye dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages). À rebours de ceux qui réduisent très souvent l’œuvre de Hountondji à la critique de l’ethnophilosophie, Ndoye change de perspective et nous fait découvrir une autre facette du philosophe béninois, différente de l’image du « philosophe positiviste eurocentré » que l’on s’était faite de lui.
Paulin Hountondji est l’une des figures les plus marquantes de la philosophie en Afrique. Mais il existe, si l’on peut dire, un quiproquo dans la compréhension des « deux moments » de sa pensée : sa vive critique de l’ethnophilosophie exposée dans « Sur la philosophie africaine », son ouvrage polémique publié en 1977, et les articles et ouvrages publiés par la suite à propos de la réappropriation des savoirs endogènes africains. Ainsi, même si l’on reconnaît au philosophe béninois (il est né en 1942 à Abidjan) d’avoir fixé pour l’essentiel les termes du débat philosophique africain tel qu’il s’est constitué dès le début des années 1970, il reste qu’il semble avoir renié sur le tard les thèses qui lui avaient valu d’avoir été présenté comme le philosophe africain le plus célèbre de ces cinquante dernières années. Pourtant, nous dit le philosophe sénégalais Bado Ndoye, il n’y a chez Paulin Hountondji « ni reniement ni revirement, mais poursuite d’une même problématique dont les déplacements, rectifications et reprises critiques ont jalonné un même parcours philosophique ». Dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages), Ndoye met en lumière la logique unissant les « deux moments » de la pensée de Hountondji. En effet, souligne-t-il, l’ethnophilosophie n’est pas le dernier mot de la philosophie de Hountondji et que la critique de l’ethnophilosophie n’a pas pour but de frapper d’anathème pour la bannir la notion de « philosophie africaine ».
Détour par la phénoménologie d’Edmund Husserl
Dès le milieu des années 1970, écrit Bado Ndoye, il a initié une réflexion qui le conduira dans ses écrits tardifs à ce que devait être une approche philosophique des cultures africaines. Mais pour comprendre pleinement le parcours qui avait fait de lui le philosophe de la critique de l’ethnophilosophie, il faut effectuer un détour par la phénoménologie d’Edmund Husserl. C’est du moins le pari que fait Bado Ndoye. Une telle invitation, écrit Souleymane Bachir Diagne, qui a préfacé cet ouvrage, ne pouvait trouver meilleure adresse que celle du philosophe sénégalais (Bado Ndoye), qui, pour avoir lui-même consacré une thèse et des articles remarquées à la phénoménologie husserlienne, « est particulièrement bien placé pour faire voir ici tout le bénéfice théorique qu’il y a à penser avec Husserl les problèmes philosophiques en Afrique ».
À ceux qui trouveraient paradoxal d’inviter parmi les penseurs du continent un philosophe (Husserl) qui a déclaré que la philosophie ne peut appartenir en propre qu’à l’Europe, mettant à part une « humanité européenne » sur laquelle les autres feraient bien, autant qu’elles le peuvent de se modeler, Bado Ndoye maintient, avec Hountondji, qu’il existe dans la phénoménologie de Hussserl une « leçon de philosophie africaine ».
Pour cela, l’auteur distingue un premier Husserl, idéaliste et donc insensible à la réalité empirique des cultures, et un second Husserl plus soucieux de l’hétérogénéité de fait des cultures historiques. C’est plutôt ce dernier qui l’intéresse dans cet ouvrage.
Continuité
Si Paulin Hountondji a été critiqué, ses détracteurs l’accusant d’avoir de la philosophie une conception eurocentrée et élitiste, c’est parce qu’il passe d’ordinaire pour un marxiste althussérien ; et donc convaincu qu’il n’y a de philosophie qu’articulée au développement des sciences. Sans invalider cette approche althussérienne, Bado Ndoye propose une autre lecture qui éclaire sous un jour nouveau l’œuvre de Hountondji et la question des tâches de la philosophie aujourd’hui en Afrique. La critique de Tempels par Hountondji, souligne Bado Ndoye, est allé de pair avec la démarche qu’il a mise en œuvre d’élucidation du statut théorique des savoirs endogènes. « Il faudrait donc savoir tenir les deux bouts de la chaîne et lire d’un seul souffle la critique de l’ethnophilosophie et celui de l’exigence de reconstruction des savoirs dits traditionnels comme procédant d’une seule et même intention », invite l’auteur. Plus loin, il écrit : « (…) de la même manière qu’il y a eu principalement deux moments dans la phénoménologie husserlienne, l’on peut voir chez Hountondji un déplacement similaire qui fait advenir deux périodes dans le développement de sa philosophie » (page 70). Hountondji lui-même revient, dans la préface de son ouvrage autobiographique, « Combat pour le sens » (Les Éditions du Flamboyant, 1997), sur cette cohérence interne, cette « continuité » dans son œuvre. Ainsi, nous dit Bado Ndoye, l’idée de philosophie qui oriente la critique de l’ethnophilosophie ne peut être pleinement comprise que si elle est articulée à la problématique du sujet qui s’élabore d’abord chez le Husserl des « Recherches logiques » et « Ideen, I », et ensuite dans la « Krisis ».
De même, il voit une similitude entre la volonté de Hountondji de penser l’instauration d’une tradition de pensée scientifique en Afrique à partir des savoirs endogènes et celle du dernier Husserl cherchant à articuler l’univers des idéalités logico-mathématiques à la substructure du monde de la vie et à réinstaurer par cette voie inattendue l’idéal de la rationalité scientifique.
Vue sous cette angle, la critique de l’ethnophilosophie est « une manière de sauver les droits du sujet philosophant ». Ce qui suppose que l’on commence d’abord par « faire un sort à l’interprétation convenue d’un Hountondji altussérien » et ainsi « rompre avec la thèse trop longtemps brandie d’un Hountondji marxiste-althussérien et positiviste eurocentré », indique Bado Ndoye.
Arrière-plan idéologique
À travers la critique de l’ethnophilosophie, notamment la thèse du « sujet collectif », Hountondji met à nu l’arrière-plan idéologique qui supporte le livre du Révérend Père Placide Tempels, « La philosophie bantoue » (1947). En effet, fait-il remarquer, l’ouvrage, de Tempels « appartient de part en part à l’histoire de la philosophie occidentale, et qu’il prend part dans un débat intra-européen où l’Afrique n’est présente qu’à titre d’objet ». Or, pour Hountondji le philosophe africain ne saurait être un « ventriloque » qui reproduit les représentations erronées et les préjugés fallacieux que les autres élaborent sur lui. Autrement dit, « si la philosophie doit être conforme à son essence de discours critique sur soi-même et sur le monde, son inspiration ne devrait pas provenir de ce que les autres pensent ou disent des Africains, mais de l’initiative de ces derniers » (p. 85).
Pour ceux qui pensent que la critique de l’ethnophilosophie condamne les penseurs africains à « mourir dans la sociologie ou s’en détourner dans un mépris souverain », Bado Ndoye soutient avec force qu’il existe en réalité, dans la pensée de Hountondji, une « voie médiane ». Celle qui consiste « à penser les dépendances de l’esprit dans une perspective qui sauve à la fois les droits de la philosophie et ceux des sciences humaines et sociales ».
« Ré-instituer le sens de l’universel »
Une fois la critique de l’ethnophilosophie faite, il reste à s’atteler à l’examen sans concessions des superstructures culturelles dans lesquelles baignent les mentalités africaines, de sorte à mettre en lumière la façon dont les pratiques discursives y sont engendrées. Ce qui pose la problématique de l’oralité et la réhabilitation des langues africaines. À ce propos, contre le philosophe rwandais Alexis Kagamé, qui s’est fourvoyé dans la recherche d’une spécificité africaine et d’une « philosophie (bantoue) sans philosophes », Hountondji se tourne vers le ghanéen Kwasi Wiredu, philosophe de la traduction, pour mettre en lumière les véritables enjeux de la question philosophique des langues.
Pour conclure, l’enjeu ultime de penser Hountondji avec Husserl, comme le fait Bado Ndoye dans cet ouvrage, c’est de « ré-instituer pour nous, aujourd’hui, le sens de l’universel ». On l’aura compris, en faisant « dialoguer » un Hountondji soucieux de « démarginaliser » les savoirs endogènes avec un auteur (Husserl) resté « désespérément eurocentré » et qui, en cela, perpétue une tradition d’ostracisme, voire parfois de racisme que l’on retrouve chez de nombreux grands penseurs européens, Ndoye invite au fond à « désenclaver l’idée d’humanité » et l’humanité elle-même.
LE CAMPUS DE FATICK DÉPOURVU DE TOUT
Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum
Les étudiants et agents du campus de Fatick de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) vivent et travaillent dans des conditions particulièrement difficiles. Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum, Dr Ousseynou Diop qui était hier au campus de Fatick.
Quelques jours après son installation, le nouveau directeur du Centre des Œuvres Universitaires de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) a effectué une visite de terrain, au campus de Fatick. «Nous avons senti la nécessité de venir constater ce qui a été relaté au cours de la passation, voire aussi l’état réel des conditions d’existence et de travail de nos étudiants et agents», a souligné Dr Ousseynou Diop après avoir rencontré le personnel et les étudiants. A l’en croire, beaucoup de préoccupations ont été notées. «Nous sommes confrontés à des défis énormes allant dans le sens d’améliorer les conditions d’existence et d’études des étudiants, les conditions de travail des agents aussi. Il s’agit entre autres problèmes du manque de logistiques, d’équipements et d’intrants»
Après le bloc administratif, le directeur du Crous a visité les résidences des étudiants. «Là également, nous avons noté plusieurs manquements comme la connexion d’internet, le déficit d’équipements, surtout en lits et matelas», dit-il. Au niveau des sites d’hébergement, des efforts considérables sont à faire par rapport à la qualité des résidences. «Dans chaque chambre, il y a six étudiants. Or, les chambres sont tellement étroites qu’il est impossible même de prier à deux à l’intérieur de la chambre», dénonce un étudiant qui estime que leur préoccupation majeure constitue l’approvisionnement en eau. «Nous pouvons rester 24h sans eau dans notre résidence. L’eau n’est disponible que de 22h à 3h du matin. Parfois, on ne voit pas d’eau. On achète des bidons de vingt litres à 200 Fcfa», a indiqué le responsable des étudiants de la résidence 3. Une situation à laquelle le directeur du Crous compte apporter des solutions immédiates. «Nous allons, dès demain, entamer des démarches nécessaires pour soulager les étudiants. Il est inconcevable de laisser une résidence contenant une centaine d’étudiants sans eau. Nous allons trouver une solution transitoire. Le Crous avait déjà posé des jalons pour l’installation de bâches à eau qui étaient ravitaillées par des citernes. Avec l’hivernage, la bâche à eau n’était plus utilisable, mais il est possible d’avoir des réservoirs à la place des bâches à eau qui vont permettre un approvisionnement correct en eau aux étudiants», souligne le maire de Sibassor.
Les étudiants ont aussi évoqué leurs difficultés à se déplacer de leurs résidences aux restaurants et autres lieux où ils font cours. Les résidences sont distantes les unes des autres. «Donc, nous devons les accompagner dans le transport en attendant d’avoir notre propre campus. Déjà, des contrats de prestations ont été signés avec des transporteurs. Nous allons réactualiser ces contrats».
Convaincu que ces solutions provisoires ne sauraient amoindrir la situation, le directeur du Crous s’engage à suivre de près le niveau d’exécution des travaux du campus. «La réception de notre campus universitaire résoudra définitivement les maux évoqués par les étudiants». Interpellé sur les inégalités notées dans la masse salariale, Dr Diop a soutenu qu’il va procéder à un audit à la suite duquel des disparités seront corrigées. «L’essentiel pour nous est que les agents effectuant le même travail et ayant le même statut puissent avoir le même traitement. Nous allons faire un audit, dégager le profil du personnel, voir ce qu’il faut adapter par rapport à notre organigramme», indique le directeur du Crous.
BATAILLE DE LONGUE HALEINE POUR INCITER LES FILLES A INTEGRER LES FILIERES SCIENTIFIQUES
Depuis des années, c’est le pari de l’école sénégalaise : inciter les filles à embrasser davantage les disciplines scientifiques.
Depuis des années, c’est le pari de l’école sénégalaise : inciter les filles à embrasser davantage les disciplines scientifiques. Il a été tenu, à Kaolack, un atelier de bilan semestriel (d’avril à septembre 2022) lors des Cadres de concertation régionaux (Ccr) dans le cadre du projet «Voix et leadership des femmes au Sénégal» (Vlf-Sénégal). La gestion des ressources extractives a été au centre des débats lors de l’atelier qui a eu lieu à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack (Cciak).
Selon la présidente de l’axe centre du Cadre de concertation régional du projet «Voix et leadership des femmes au Sénégal», Fatou Fall Mbossé, il s’agit de permettre aux filles de jouer leur partition dans le domaine scientifique. «Il faut surtout faire en sorte que les filles qui sont à l’école et qui constituent la majorité de la population, soient versées dans les matières scientifiques afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle dans la gestion des ressources extractives», avance la responsable locale du projet dont le but est de renforcer le pouvoir des femmes et des filles, protéger leurs droits et atteindre l’égalité femmes-hommes. «Il faut les inciter à embrasser les matières scientifiques, au lieu de les laisser seulement aux garçons», ajoute-t-elle.
Rappelons que l’axe centre du Cadre de concertation régional du projet Vlf-Sénégal, qui concerne les régions de Fatick, Diourbel et Kaolack, œuvre pour le renforcement des capacités et les activités des femmes des organisations de la Société civile (Osc/F). Il faut savoir que l’atelier de bilan a donc permis d’identifier et d’analyser les résultats atteints et de dégager les priorités et axes d’amélioration de la performance en vue du deuxième semestre du quatrième Plan de travail annuel (Pta4) du projet. «Le leadership transformationnel est en train de progresser pour que nos organisations soient beaucoup plus ouvertes, inclusives et participatives», souligne Woré Ndiaye Kandji, cheffe du projet Vlf-Sénégal. «Nos organisations partenaires s’affirment davantage et il y a, surtout, une synergie autour de la question des ressources extractives, la participation des femmes dans la gestion de ces ressources et du contenu local», affirme-t-elle.
La cheffe du projet Vlf-Sénégal a également assuré par ailleurs que les organisations parties prenantes de cette structure «font du bon travail» dans la prise en compte des Violences basées sur le genre (Vbg), même s’il faut, selon elle, une «synergie accrue pour mettre en place cette chaîne de valeur».
LE SAEMSS FIXE SES PRIORITES
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS) veut une mobilisation pour la transformation de l’éducation au Sénégal.
Lors d’une conférence de presse de rentrée syndicale organisée hier, mercredi 2 novembre, le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal a décliné ses attentes pour un bon déroulement de l’année scolaire. Le SAEMSS exige du gouvernement le respect de ses engagements vis-à-vis des enseignants. Par ailleurs, il salue la mesure relative à l’interdiction des cours payants et de la vente des fascicules dans les écoles.
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS) veut une mobilisation pour la transformation de l’éducation au Sénégal. En conférence de presse de rentrée syndicale hier, mercredi 2 novembre, le SAEMSS a invité le gouvernement à relever plusieurs défis pour une éducation de qualité et la stabilité du système éducatif.
«Nous rappelons au gouvernement du Sénégal qu’il urge au nom de l’équité territoriale au remplacement définitif des abris provisoires, de donner à tous les enseignants la chance de poursuivre leur formation diplômante conformément à l’ODD 4 des Nations unies, d’améliorer et de régler définitivement la situation des décisionnaires et enfin de procéder au reversement des MEPS dans le corps des PCEMG en EPS après la signature des décrets et arrêtés y afférents», a déclaré le secrétaire général national du SAEMSS, El Hadj Malick Youm.
Le syndicat qui se réjouit du processus de correction de la rémunération des personnels de l’éducation et de la formation en cours, invite toutefois le gouvernement «au strict respect de l’échéancier de janvier 2023». «Ces mesures correctives apportées par l’Etat du Sénégal ne sauraient être source d’injustice et d’iniquité et c’est pour éviter cela que nous exigeons le paiement intégral et sans aucune forme de discrimination des indemnités d’encadrement due aux formateurs des CRFPE», a fait savoir El Hadj Malick Youm.
A en croire le SAEMSS, «le seul gage de stabilité du système éducatif demeure l’application stricte des accords souscrits». «A ce titre, nous mettons en garde le gouvernement contre les tentatives perfides de remise en question des accords constatées sur les bulletins de salaires depuis quelques mois, notamment au niveau de la ligne 623, consistant à augmenter de façon progressive et injustifiée l’impôt sur le salaire mensuel», a indiqué le secrétaire général national du SAEMSS. Il n’a pas manqué d’appeler le gouvernement à prendre des mesures pour mettre fin aux lenteurs administratives. Non sans évoquer le «non-paiement des salaires des travailleurs qui perçoivent leurs salaires à La Poste depuis que cette entreprise publique est au bord de la faillite à cause de la gabegie et d’une politisation à outrance de l’institution».
Selon le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal, l’Etat doit gérer cette situation pour éviter des perturbations de la stabilité du système éducatif. Concernant l’interdiction des cours payants et la vente des fascicules dans les établissements scolaires, le SAEMSS «exige que la mesure soit corrélée à une politique de dotation des établissements en quantité suffisante de manuels scolaires pour combler le déficit».
Dans le même ordre d’idées, il «invite le gouvernement à adopter la même démarche pour exiger l’uniformisation et la baisse systématique des frais d’inscription sur toute l’étendue du territoire national». Le SAEMSS a également profité de l’occasion pour «dénoncer le faible taux de recrutement d’enseignants pour l’année 2022/ 2023». Mieux, il «exige l’ouverture des concours du CREM et des tests d’entrée à la FASTEF afin de respecter l’engagement souscrit par le gouvernement portant sur le recrutement de plus de 5000 enseignants pour l’année en cours».