Un jour, il aura autre chose que le jour. Mais tant qu’il y aura des samedis, il y aura des Gorée Cinéma. Les esprits encore rafraîchis par notre cycle d’ouverture, les cinéphiles et les curieux sont à nouveau conviés pour un cycle II qui réunit femmes, musique, et révolution. Combinaison rêvée pour une double projection animée par la ferveur jeune et subversive auxquelles deux femmes cinéastes ont su être sensibles.
Tunisia Clash, de Hind Meddeb —
Dans la culture Hip Hop, le clash est la confrontation rimée et musicale entre deux MCs qui luttent pour faire reconnaitre leur talent en même temps qu’ils charrient, avec plus ou moins de véhémence, leur adversaire. Le documentaire de Hind Meddeb montre comment le clash, le vrai, s’institue bien plus souvent et ardemment entre l’artiste et l’homme ou l’institution qui cherche à le bâillonner, entre une génération pleine d’espoir dans l’élan de son printemps arabe, et un réel à la mécanique bien trop cynique pour laisser place à la parole libre d’une jeunesse - qui va vite réaliser que revendication ne rime que bien trop bien avec répression. Et coups de batons.
The Revolution Won’t Be Televised, de Rama Thiaw
Dans un pays où les figures du pouvoir s’accaparent et monopolisent l’espace médiatique, la rue devient le receptacle inévitable pour l’emergence de discours et d’expressions inédites. C’est à cette genèse que le regard filmique de Rama Thiaw assiste au plus près. En suivant l’éclosion du mouvement Y’en A Marre, née en reaction de l’exercice usant du pouvoir par l’ancien Président Abdoulaye Wade, la réalisatrice était au premier rang pour détailler l’environnement social et culturel qui a vu la jeunesse sénégalaise s’approprier de nouveau l’expression politique de son pays.
De telles énergies valaient bien un diisoo.
INFOS -
Invitations : Pour cette édition, un nombre limité d'invitations (600) seront rendues disponibles quelques jours avant la projection ainsi que le jour même à l'embarcadère et permettront de bénéficier d'un tarif préférentiel pour la traversée Dakar-Gorée
Transport : Pour cette double projection, voici l'horaire des chaloupes du retour : 23H - 00H - 1H15
(AFP) - Les déclarations les plus marquantes de Mohamed Ali, l'ex-champion de boxe américain, décédé vendredi à l'âge de 74 ans:
"Je suis le plus grand" ("I am the greatest") "Vole comme le papillon, pique comme l'abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne." -- C'est en fait une citation de Drew Bundini Brown, l'un de ses entraîneurs et hommes de coin. ("Float like a butterfly, sting like a bee. Ohhhh. Rumble, young man, rumble.")
"Je n'ai pas de problème avec les Vietcongs." ("I got no quarrel with them Vietcong.") "Dans le ring, il y a un arbitre pour arrêter le combat si un combattant risque d'être trop blessé. La boxe n'a rien à voir avec la guerre et ses mitrailleuses, ses bazookas, ses grenades et ses bombardiers."("In the ring we have a referee to stop the fight if one man should become too hurt physically. Boxing is nothing like going to war with machine guns, bazookas, hand grenades and bomber airplanes.") "Ils ont fait ce qu'ils pensaient juste, et j'ai fait ce que je pensais juste." A propos de la volonté du gouvernement américain de le mettre en prison. "They did what they thought was right, and I did what I thought was right."
"Vous n'êtes pas aussi bête que vous en avez l'air, j'ai vu votre femme." Au président des Philippines Ferdinand Marcos avant le "Thrilla in Manila", son troisième et dernier combat contre Joe Frazier. ("You're not as dumb as you look. I saw your wife.")
"Vous croyez que le monde a été choqué par la démission de Nixon? Attendez que je botte le cul de George Foreman. Je vole comme le papillon, pique comme l'abeille, ses poings ne peuvent pas toucher ce que ses yeux ne voient pas. Là, tu me vois, là tu me vois pas. George croit qu'il peut, mais je sais qu'il ne peut pas. Je me suis déjà battu contre un alligator, j'ai déjà lutté avec une baleine. La semaine dernière, j'ai tué un rocher, blessé une pierre, et envoyé une brique à l'hôpital. Je suis tellement méchant, je rends la médecine malade." ("You think the world was shocked when Nixon resigned? Wait till I whup George Foreman's behind. Float like a butterfly sting like a bee, his hands can't hit what his eyes can't see. Now you see me, now you don't, George thinks he will, but I know he won't. I done wrassled with an alligator, I done tussled with a whale. Only last week I murdered a rock, injured a stone and hospitalized a brick. I'm so mean I make medicine sick.")
"Il (Dieu) m'a donné la maladie de Parkinson pour me montrer que je n'étais qu'un homme comme les autres, que j'avais des faiblesses, comme tout le monde. C'est tout ce que je suis: un homme." -- Au cours d'une interview en 1987. ("He (God) gave me Parkinson's syndrome to show me I'm just a man like everyone else. To show me I've got human frailties like everybody else does. That's all I am: a man.")
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WADE EST-IL PLUS NATIONALISTE QUE MACKY ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal peut-il signer des accords de défense avec un pays étranger sans informer le peuple de leurs contenus ? Gadio donne son avis sur le plateau de Momar Seyni Ndiaye, Babacar Gueye et Momar Diongue - SANS DÉTOUR (Partie 2/5)
Cheikh Tidiane Gadio s'interroge sur plusieurs sujets : l'Afrique est-elle prête pour les APE ? Accepter les APE, est-ce quelque part accepter le principe même de l'échange inégal ?
Le Sénégal peut-il signer des accords de défense avec un pays étranger sans informer le peuple de leurs contenus ? Regarder cette vidéo pour avoir la réponse bien catégorique de Gadio.
SANS DÉTOUR, c'est le grand rendez-vous de réflexion, d'échange et d'information de SenePlus.com.
Cliquez sur SENEPLUS pour voir la première partie de SANS DÉTOUR
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PROGRAMME DE LA 24è ÉDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ DE SAINT-LOUIS
FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ DE SAINT-LOUIS PROGRAMMATION IN DE LA 24ème EDITION
11 au 16 mai 2016
MERCREDI 11 MAI
SARRO - SENEGAL
BOB MAGHRIB – MAROC
JEUDI 12 MAI
ŞENAY LAMBAOGLU QUINTET – TURQUIE
CHEIKH LO - SENEGAL
VENDREDI 13 MAI
TOMER BAR TRIO – ISRAEL
ADRIEN VARACHAUD AND KIRK LIGHTSEY - FRANCE-USA SAMEDI 14 MAI
CHEIKH TIDIANE FALL – SENEGAL
OMAR SOSA - CUBA
DIMANCHE 15 MAI
CHEIKH NDOYE – SENEGAL
MARCUS MILLER - USA
RevEvolution est un événement majeur qui veut promouvoir une démarche pro-active au niveau des jeunes porteurs d'espoir, créateurs de valeurs pour réaliser des actions concrètes afin de garantir leur indépendance économique. Il aura lieu au monument de la renaissance africaine le 5 et 6 Mai 2016
- le Rendez-vous africain de l’entreprenariat pour prôner une vision basée sur la pro-activité et l'initiative afin de venir à bout du fatalisme et donner des raisons à cette jeunesse de garder espoir
- le WEK (Week-end de l’économie créative) pour valoriser la créativité de la jeunesse comme base inéluctable de l'essor de ce continent
Pour mettre en place un fond qui permettra de financer les jeunes porteurs de projet, nous organisons aussi un concert, le Show de l'entrepreneuriat, toujours au monument le 21 Mai. Les recettes seront exclusivement dédiées au financement des entrepreneurs.
Le label Solutions Africaines corporation crée par deux jeunes portés par une nouvelle conscience présente
Rev'Évolution, Un concept novateur visant à promouvoir une démarche pro-active au niveau des jeunes porteurs d'espoir, créateurs de valeurs pour réaliser des actions concrètes afin de garantir leur indépendance économique. Réunir à Dakar des décideurs, des acteurs de développement, des mécènes en fixant des objectifs précis de financement de projets retenus et ne plus se limiter à la tradition des promesses.
Le Monument de la Renaissance africaine accueillera les 5 et 6 Mai 2016
- le Rendez-vous Africain de l’entreprenariat pour prôner une vision basée sur la pro-activité et l'initiative afin de venir à bout du fatalisme et donner des raisons à cette jeunesse de garder espoir.
- le WEEK (Week-end de l’économie créative) pour valoriser la créativité de la jeunesse comme base inéluctable de l'essor de ce continent
Les acteurs directs notamment les jeunes, en compagnie des décideurs vont réfléchir pour trouver ensemble des solutions au Développement de l'Entrepreneuriat autour de thèmes :
- le faible taux d'initiative des jeunes..
- Une population majoritairement jeune, moins valorisée
- L'importance de l’entrepreneuriat pour créer des emplois
- les moyens qui font défaut pour se lancer dans l'aventure
Le constat de cette situation nous a incités à projeter cet événement qui a pour dessein de participer à l'édification d'une autre société avec des citoyens responsables et entreprenants.
Directeur associé
"ACHAT DE CONSCIENCE" !
Abdoulaye Baldé, le chef de file du Non en Casamance dénonce...
Ziguinchor, 20 mars (APS) – Le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, chef de file de du front du NON en Casamance, a dénoncé ’’plusieurs cas d’achat de conscience flagrants’’ dans les quartiers de Boucotte et de Belfort.
’’Je viens de faire le point sur l’ensemble du territoire de la région naturelle de Casamance au titre de coordonnateur du front du NON dans le sud du pays. Tout se passe bien (…) sauf à Ziguinchor surtout dans les bureaux de vote qui polarisent les quartiers de Boucotte et de Belfort’’, a notamment dit Abdoulaye Baldé.
Venu accomplir son devoir citoyen dans le bureau numéro 2 du poste de santé de Santhiaba, M. Baldé a confié que les partisans de son camp ont décelé des cas d’achats de conscience. ’’Il y a des gens qui sont de l’autre camp et qui sillonnent les artères de certains quartiers pour proposer de l’argent aux électeurs à condition qu’ils ressortent des bureaux de vote avec le bulletin NON à la main’’, a accusé le maire de Ziguinchor.
’’C’est indigne d’une démocratie. Il faut le dénoncer avec beaucoup de véhémence et de force’’, a dit Abdoulaye Baldé avant de relever d’autres griefs qui entachent le déroulement normal des opérations électorales.
’’Nous avons vu d’autres personnes qui continuent la campagne électorale en déclarant à gauche et à droite que le président Macky Sall est en train de faire des efforts pour la Casamance et qu’il faudrait l’accompagner. Il faut respecter les règles car la campagne électorale est terminée’’, a encore dénoncé le responsable du camp du NON dans la région naturelle de la Casamance.
Devant la presse, il a invité le préfet de Ziguinchor ‘’à prendre les mesures nécessaires pour éviter les achats de conscience et la poursuite de la campagne électorale en plein scrutin’’.
Interrogé par l’APS le responsable du camp du OUI et coordonnateur de l’APR à Ziguinchor Doudou Ka a réfuté ’’des allégations fausses qui visent à préparer les gens à la défaite et accuser l’autre camp de fraudes’’.
M. Ka dont les fiefs sont Boucotte et Belfort, les deux quartiers incriminés par le maire Baldé, relève que les opérations électorales ’’se déroulent dans un bon esprit’’.
’’Nous n’avons acheté la conscience de personne. Nous n’avons pas été éduqués comme ça pour faire ces pratiques d’un autre âge. Abdoulaye Baldé se considère comme le patron de Boucotte. Il a peur de perdre et il est en train de préparer les gens à la défaite’’, a répliqué Doudou Ka interpellé par l’APS.
MARIE LOUISE DIOP EST MORTE
Décès à Paris de la veuve du savant et égyptologue Cheikh Anta Diop
Dakar, 4 mars 2016 (AFP) - La veuve du savant et égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop, Marie Louise Diop, auteure d'ouvrages sur la population en Afrique et soutien de son mari dans son combat pour réhabiliter les civilisations noires, est décédée vendredi à Paris, a appris l'AFP auprès de sa famille.
Marie Louise Diop, une Française née Maes, docteur d'Etat en géographie humaine, "est décédée (vendredi) au petit matin à Paris à 90 ans, à la suite d'une longue maladie. Elle sera inhumée à Thieytou", village natal de son mari dans le centre du Sénégal, a affirmé un de ses enfants joint par téléphone.
La date de l'inhumation à Thieytou, où repose le professeur Cheikh Anta Diop, n'a pas été précisée. Le couple Diop a eu quatre garçons.
Mme Diop avait rencontré Cheikh Anta Diop quand celui-ci faisait des études en France pendant la période coloniale, à la Sorbonne (Paris), selon leur entourage.
Elle est l'auteure d'une vingtaine de publications, principalement consacrées à l'évolution de la population, de l'économie et de la société de l'Afrique noire, selon le site de la maison d'édition Présence Africaine, basée à Paris, qui publiait les ouvrages du couple.
Dans un de ses livres sur la population de l'Afrique pré-coloniale, Mme Diop affirmait notamment que contrairement aux idées reçues, le continent, depuis la préhistoire jusqu'au 16e siècle, n'était pas sous-peuplé par rapport à d'autres parties du monde comme l'Europe.
Elle disparaît alors que diverses manifestations sont organisées cette année pour marquer le 30e anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop (1926-1986) dont l'oeuvre a contribué à réhabiliter les civilisations nègres.
Le professeur Diop, qui appelait à la création d'un Etat fédéral d'Afrique noire, fut par ailleurs un opposant au premier président du Sénégal Léopold Sédar Senghor (1960-1980) mais aussi à son successeur Abdou Diouf (1981-2000).
Selon ses thèses, les Noirs ont joué un rôle prépondérant dans la naissance de la civilisation de l'Egypte pharaonique, durant l'Antiquité, et plusieurs civilisations - grecque notamment - ont été influencées par les Egyptiens dans les domaines des sciences notamment.
Ces thèses sur une Egypte nègre et ses liens avec l'Afrique noire sont contestées par plusieurs égyptologues, dont des français.
La bibliographie du professeur Diop comprend aussi des ouvrages sur l'histoire de l'Afrique, les langues et les sociétés africaines, la physique, la politique et l'économie.
PAR IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS
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MARC SANKALÉ, DOOMU NDAR
PORTRAIT du premier Africain agrégé de médecine générale
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 21/01/2016
Premier Africain agrégé de médecine générale, parrain du centre antidiabétique de l’hôpital Abass Ndao et ancien doyen de la faculté de médecine de l’université de Dakar, Pr Marc Sankalé s’est éteint à 94 ans. Rigueur, humanisme et élégance constituaient le dénominateur commun de l’homme, l’enseignant et le médecin qu’était ceDoomu Ndar.
"Dernier dinosaure"
Le professeur Marc Sankalé est décédé mercredi 13 janvier à Marseille. Il avait 94 ans. Premier Africain agrégé de médecine générale, il était enseignant à l’Université de Dakar (devenue UCAD) et doyen de la faculté de médecine de 1968 à 1976. Une messe de requiem sera célébrée en sa mémoire ce vendredi à partir de 18 heures à la Cathédrale de Dakar, quelques heures après ses obsèques prévues dans la Cité phocéenne. Il reposera aux côtés de son épouse, Yvette Sankalé, née Le Pelletier, partie quatre mois plus tôt.
Marc Sankalé est né le 7 février 1921 à Saint-Louis. Si la mort savait trouver des compromis avec l’assiduité et la ponctualité, il aurait peut-être fêté ses 95 ans dans moins de 20 jours. Et, 5 ans après, son centenaire. Voire davantage. Probablement on le verrait chaque fois en train de souffler sur un appétissant gâteau, entouré de son clan, enfants, nièces, neveux, petits-enfants, arrière-petits-enfants… La mine joyeuse et à l’aise sous un impeccable costume-cravate-pochette. Et vu que les vents s’amusent souvent à jouer des tours aux poumons des gens âgés, surtout en plein hiver, le cardigan ou le pull seraient également de sortie, assortis à l’ensemble, histoire de faire pratique tout en restant chic-sobre.
Mais la faucheuse ne badine pas avec l’heure. Lorsqu’arrive le moment d’exécuter sa mission, elle n’y va pas par quatre chemins. Elle a emporté Marc Sankalé sans demander son avis. Sonnant ainsi la fin du parcours d’un médecin reconnu, d’un professeur respecté et d’un homme de bien qui, par ses qualités professionnelles et humaines, aura marqué beaucoup de personnes ayant croisé sa route.
Dr Alioune Sarr est l'une d'elles. Gynécologue de son état, le président du CNG de lutte est l’un de ses anciens étudiants. Lorsque nous l’avons rencontré dans son bureau de la clinique Pasteur, deux jours après "la terrible nouvelle", il s’apprêtait à prendre sa plume pour rendre hommage à celui qu’il nomme "le dernier dinosaure de la faculté de médecine". Finalement, entre deux consultations, il confiera à SenePlus son témoignage nimbé "d’émotions" et ponctué d’anecdotes qui mettent en relief la dimension du disparu.
C’est que, pendant plusieurs décennies, Alioune Sarr a "eu la chance de côtoyer et l’homme et le professionnel". Avant de devenir son étudiant, il était dans la même classe au lycée van Vo (actuel Lamine Guèye) que l’une de ses deux filles, Joëlle, et à l’internat du même établissement avec l’un de ses neveux Louis-Albert Lake. Grâce à cette proximité, il fréquentait assidûment la famille de celui qui sera le président de son jury de thèse. De l’homme, il retiendra l’élégance, la générosité et, "surtout l’attachement à sa religion".
En effet Marc Sankalé et son épouse étaient de fervents catholiques. Fidèles aux messes du dimanche, engagés dans les actions de l’Église, à Saint-Louis, Dakar et Marseille, ils ont rencontré le pape Jean-Paul II au Vatican dans sa chapelle privée. Le Bénédicité (prière avant les repas) était toujours prononcé à table. Et leur premier enfant, Louis, est devenu prêtre après avoir fait HEC. Pour un fidèle chrétien, un enfant qui emprunte la voie ecclésiastique peut s’avérer la cerise sur le gâteau, mais Pr Sankalé n’a jamais formulé cette demande dans ses prières. Il l’avouera, avec une pointe d’ironie, en prononçant son discours lors de la première messe dite par son fils ainé à la Cathédrale de Dakar : "Tous les jours je prie pour que l'église ait plus de prêtres, mais je dois à la vérité de dire, que je ne priais pas pour que mon fils, après avoir fini HEC, en devienne un." L’assistance s’était tordue de rire, selon un témoin de la scène. Qui ajoute : "Il ne l’a pas regretté pour autant puisqu’il était très proche et très fier de Louis."
Mais Marc Sankalé était également proche de ses autres enfants, deux filles, Michèle et Joëlle, et un second garçon, Hervé. Il trainait avec eux au cinéma, au théâtre, au musée, à l’opéra… "Tu as toujours fait en sorte avec maman, d’équilibrer ton temps entre ton travail, les mondanités et la famille, rappelle Michèle à son père dans un album photos affectueux qu’elle lui a consacré en 2011 pour son quatre-vingt dixième anniversaire et sobrement intitulé Papa a 90 ans. Bon danseur, il était donc normal que tu m’apprennes à danser, y compris la valse !"
Mais si Pr Sankalé était papa-gâteau, il savait se montrer "sévère pour les résultats scolaires et les sorties". En cas d’écart, rapporte Michèle, "les choses étaient dites tranquillement, mais fermement !". Et c’était valable avec toutes les personnes placées sous sa responsabilité. "Il avait un sens du devoir hors du commun, souligne un de ses proches. C’était un homme qui a consacré sa vie à chercher à améliorer à tous les niveaux la vie quotidienne des gens autour de lui."
"Vous m’enlevez une partie de ma crème"
Dr Alioune Sarr acquiesce. En 1973, raconte-t-il, les autorités universitaires décrètent une purge à la faculté de médecine. "Pour des raisons obscures", certains étudiants étaient suspendus pour un an tandis que d’autres l’étaient à vie. "Furieux", Marc Sankalé interpelle "d’une voix posée" le recteur : "Vous m’enlevez une partie de ma crème." Réplique de son collègue et supérieur hiérarchique : "Vous ne savez pas ce que fait votre crème après les cours." La cause étant entendue, il aurait pu baisser les bras et s’avouer vaincu. Poursuivre sa route avec le reste de sa crème et abandonner les bannis à leur propre sort. Il n’en fera rien. Il trouvera à ses derniers des inscriptions à l’étranger.
"Mbaye Kane s’est retrouvé à Abidjan, il est devenu anesthésiste-réanimation, jubile Dr Alioune Sarr. Les Issa Mbaye Samb (décédé, ancien ministre de la Santé sous Wade), Alpha Sy, Cheikh Marone, Corinne Senghor ont terminé leurs études en France. Ibra Ndoye- si je ne m’abuse- et moi, nous sommes restés à Dakar et avons repris nos études une fois la suspension purgée. Durant cette période il m’a autorisé à fréquenter la bibliothèque de l’université et l’hôpital Le Dantec pour ne pas ‘perdre la main’. Pour vous dire combien Monsieur Sankalé était préoccupé par le devenir de ses étudiants."
Autre preuve : dès le premier contact avec ses futurs collègues, Pr Sankalé aimait transmettre les fondamentaux pour réussir en médecine. Directeur du centre antidiabétique qui porte son nom, le professeur Seynou Nourou Diop se souvient de son ancien professeur : "Il était responsable de l’enseignement de base que l’on appelle la sémiologie médicale et sans laquelle aucun médecin ne peut être un bon médecin, en particulier dans nos pays en développement. Il nous inculquait le sens clinique, c’est-à-dire la capacité à pouvoir régler les problèmes du plus grand nombre sans avoir à faire des dépenses énormes. Pour cela, il nous avait sorti lors de notre premier cours avec lui une phrase que je n’oublierai jamais et que je répète à mes étudiants : ‘Si vous voulez apprendre la médecine n’attendez pas qu’on vienne vers vous, c’est à vous d’aller vers vos maîtres’."
Pr Diop accompagnera son "grand-père spirituel" jusqu’à sa dernière demeure ce vendredi. Avec le doyen Amadou Diouf, ils représenteront la faculté de médecine, la communauté universitaire, aux obsèques du Pr Sankalé à Marseille. Depuis samedi, une note de service annonçant la disparition du parrain de l’établissement est visible dans le hall du centre antidiabétique et avant-hier, mercredi, des affiches et prospectus rendant hommage au disparu étaient sur le point d’être ventilés dans les coins et recoins de l’UCAD.
1921, bonne année pour la médecine
Marc Sankalé est né un lundi matin, à 9 heures. En 1921. Une année de grâce pour la médecine car coïncidant avec la découverte du BCG (18 juillet), le vaccin antituberculeux, et de l’insuline (27 juillet), destiné au traitement du diabète. Le docteur Frederick Grant Banting et son assistant Charles Herbert Best de l’université de Toronto, pères du médicament antidiabétique, ne savaient probablement pas qu’à des milliers de kilomètres, à Saint-Louis du Sénégal, cinq mois plus tôt, venait de voir le jour un futur grand médecin. Qui donnera son nom au premier centre de traitement du diabète en Afrique.
Pr Sankalé est le deuxième d’une fratrie de 5 enfants. Ses deux frères (Sylvain, l'aîné, et Edouard) et ses deux sœurs (Marie et Christiane) sont décédés avant lui. Leurs parents, Louis Albert et Marie Pouyanne, qui sont nés et ont toujours vécu à Saint-Louis où ils sont enterrés, les élevèrent sur un socle de valeurs dont l’une des principales était le sens de l’honneur. Après l’obtention de son bac, il embarque avec Sylvain, son grand frère, pour la France où ils devaient poursuivre leurs études. C’était en septembre 1937. Au moment de monter à bord du navire, "Florida", les frères reçoivent un télégramme de leur père, payeur du Trésor à Podor. Le texte disait : "Bon voyage, chers enfants ! Bon courage ! Allez Honneur Sans Faiblir Exemple Père Dévoué Vous Embrasse Avec Effusion. Louis Sankalé."
En rapportant cette anecdote dans Papa a 90 ans, le professeur Sankalé ajoute ce commentaire : "Je me souviendrai toujours de ce message et, dans bien des moments de ma vie, en ai fait ma règle. Une parenthèse pour dire que l’honneur était une grande valeur que nous enseignait notre père."
Il ne reverra plus ce père affectueux. Celui-ci décéda alors qu’il avait 20 ans et était étudiant en France. Mais "le plus cruel" pour Marc Sankalé fut la perte de sa mère, dix ans avant la disparition de son père. Il avait juste 10 ans. Ses frères et sœurs, de 12 à 4 ans. Leur papa éleva seul ses petits, épaulé par trois dames, Mame Catho, la gouvernante, leur grand-mère maternelle, Mame Benda Bâ, et Yaye Aïssatou Ndiaye, "une ancienne ‘dévouée’ de la famille".
Bac à 16 ans, médecin à 23 ans et agrégé à 40 ans
Malgré ce vide précoce, ces coups de boutoir du destin, il brille au plan scolaire puis professionnel et finalement humain. Bac à 16 ans, succès à 18 ans au concours d’entrée à la prestigieuse École de santé navale et coloniale (ESN) de Bordeaux, docteur en médecine à 23 ans et à 40 ans agrégé de médecine. Affecté au Sénégal, il servira tour à tour à Kaolack, Tamba et Saint-Louis. Après une parenthèse qui le mènera à La Guyane, terre de son épouse, et en Indochine, il revient à Dakar pour officier en tant que médecin à l’hôpital Aristide Le Dantec, professeur à l’UCAD et plus tard conseiller technique au ministère de la Santé. Devenu doyen de la faculté de médecine en 1968 il quitte le ministère pour se consacrer exclusivement à l’enseignement et à la pratique de son métier. Il retournera en France en 1978 avec le titre de doyen honoraire.
Il poursuivra sa carrière d’enseignant à l’université de Marseille. Membre des Académies de médecine de France et de Belgique, il empilera les publications, dix ouvrages didactiques et monographiques et plus de 600 articles dans les revues médicales, ainsi que les décorations, au Sénégal (Grand croix de l’ordre national et Grand croix de l’ordre national du mérite), en France (Officier de la légion d’honneur, Médialle coloniale…) et dans plusieurs autres pays africains (Côte d’Ivoire, Bénin, Niger, Mauritanie…).
Malgré son départ pour la France, Marc Sankalé était resté attaché au Sénégal, particulièrement à sa ville natale, Saint-Louis. Il y revenait régulièrement. Une occasion de renouer avec le wolof qu’il parlait parfaitement, de goûter ses plats préférés, le tiéré siim (couscous avec de la sauce et du poisson) et le tiéré bassé (couscous avec une sauce à base de pâte d’arachide). Un régal qui, consommé sans modération, pouvait se révéler un supplice. Un de ses proches raconte : "Tout le monde savait que Micou, comme on l'appelait dans sa famille, aimait le tiéré. Alors quand il était de passage au Sénégal, on lui en préparait à chaque invitation. Un jour en allant rendre visite à sa sœur Titane (Christiane), il la prévient de ne pas lui faire du tiéré parce qu’il était ‘saturé’ car depuis une dizaine de jours qu’il était au Sénégal, le menu n’a pas varié."
Métissages
Mais le plus grand bonheur de Marc Sankalé lors de ses derniers séjours au Sénégal, c’était sans doute de retrouver sa terre natale et le métissage qui fait sa singularité et son charme. Dans Saint-Louis du Sénégal : d’hier à aujourd’hui, le livre d’Abdoul Hadir Aïdara, Pr Sankalé brosse avec passion et fougue le portrait de l’ancienne capitale de l’AOF. Il dit : "La grande originalité (de Saint-Louis) tient à l’ancienneté, à l’intensité et à la qualité des brassages d’idées, de races et de cultures qui se sont opérées dans son sein. Dans ce creuset unique en son genre, après l’inévitable maturation, est sortie une société qui a marqué d’une profonde empreinte le destin de l’Afrique. Ce sont ces brassages de populations qui ont fait de Ndar ou de Saint-Louis ce qu’elle est et qui ont donné naissance à ce type humain très particulier qu’est le Saint-Louisien, le Doomu Ndar."
Poursuivant sa déclaration d’amour à sa ville, il s’arrête sur le profil du Saint-Louisien-type, qui "n’est identique à aucun autre Africain". "Il est un métis, souvent sur le plan ethnologique mais toujours sur le plan psychologique. Si les Oualofs sont les plus nombreux parmi nous, beaucoup portent des noms bambara, toucouleur, français, anglais, portugais… Les uns sont catholiques, les autres musulmans. La couleur du tégument offre les teintes les plus variées. Surmontant les préjugés et oubliant les heurts inévitables des premiers contacts, ce peuple de Saint-Louis connaît une grande cohésion, l’élément le plus constant étant un attachement pour notre ville qui peut parvenir au chauvinisme le plus exclusif."
Cet attachement aux métissages, Marc Sankalé l’a transmis à ses enfants, petits enfants, nièces et neveux. Et ce n'est que du bonheur ! Sa fille Michèle rapporte : "De fait, nous avons poursuivi la ‘tradition’ des ‘métissages’, en y ajoutant l’Autriche, la Guadeloupe et le Maroc. Moi-même j’ai ‘digéré’ ces principes dont vous nous avez ‘pétris’ et j’ai essayé d’en mettre certains en pratique au quotidien, surtout quand j’ai eu à éveiller nos enfants à la vie. Quelle ne fut ma surprise lorsque nos deux fils nous ont présenté leurs futures épouses ! Elles élargissaient l’éventail des cultures déjà représentées dans la famille ; l’une étant allemande et l’autre, métisse tunisienne-suédoise ! Désormais leurs cultures enrichissent notre quotidien. Tout du moins, elles nous font toucher du doigt la complexité de cette entreprise qu’est l’Europe ou l’Union européenne avec son foisonnement de cultures diverses et la difficulté d’une gestion centrale !"
Marc Sankalé a eu trois retraites : l’une de l’armée, en 1962, l’autre de l’université, en 1990, la dernière de l’humanitaire (Médecins du monde), en 2000, respectivement à 41 ans, 69 ans et 79 ans. Il vient de faire valoir ses droits à une pension de retraite de la vie. À 94 ans. Sa fille, Michèle Metzler, auteur de Papa a 90 ans, pourra se pencher sur le tome 2 de cet album-photos dont le titre serait peut-être "Papa avait 94 ans" et le sous-titre "Il a vécu en Doomu Ndar".