Banque Africaine de Développement – Election du Président : Déclaration de Cristina Duarte, Ministre des Finances et du Plan, République du Cap Vert
"Notre agenda doit viser à mettre fin à la gestion de la pauvreté pour se concentrer sur la création et la meilleure gestion des richesses en Afrique" – Cristina Duarte
ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 29 mai 2015/African Press Organization (APO)/— Déclaration de Cristina Duarte, Ministre des Finances et du Plan, République du Cap Vert (http://www.minfin.gov.cv) :
Le docteur Akinwumi Adesina, Ministre de l'Agriculture du Nigeria, a été élu le 28 Mai 2015 comme futur Présidente de la Banque africaine de développement (BAD). Je voudrais le féliciter ainsi que son pays.
En même temps, je tiens a remercier tous les gouvernements et peuples qui ont soutenu ma candidature durant cette compétition. C'est avec humilité que j'ai reçue votre appui. Le même m'habitait quand je me suis lancée dans cette épreuve. Je voudrais aussi remercier mes compatriotes et le gouvernement de mon pays qui m'a présentée a ce poste. Je tiens bien sur a remercier les différents candidats qui ont pris part a ce processus démocratique et transparent qui a permis a l'Afrique de montrer la voie a suivre. C'est une victoire de l'Afrique.
Il est maintenant temps de retourner au travail. En tant que pan-Africaniste, je continuerai d'être engagée dans les causes de la Bad et a contribuer dans la limite de mes capacités pour soutenir son nouveau Président ainsi qu'a pousser pour les nécessaires reformes de nature a assurer a notre banque le statut de catalyseur pour la transformation de l'Afrique.
Ceci nécessitera que nous renforcions les progrès réalisés au cours de 50 dernières années tout en prenant en compte les enjeux émergents. A cet égard, nous devons bâtir une banque fondée sur le mérite, en ayant une concentration intense sur les résultats et l'impact du développement, l'efficacité et l'efficience autant qu'un dialogue relevé et la provision de conseil de qualité aux gouvernements africains. La Banque africaine de développement doit devenir innovante et nous devons nous appuyer sur la capacité de la banque a être une force de mutualisation des capacités des partenaires et des parties-prenantes, y compris les gouvernements africains, les agences de développement, et le partenaires du secteur prive, des banques commerciales et de la société civile. Il s'agit ensemble de faire face aux grands défis de notre temps concernant l'intégration régionale, le renforcement du statut des femmes, la promotion de la science et de la technologies, les questions d'insularité, le changement climatique ou la fragilité des Etats.
En somme, notre agenda doit viser a mettre fin a la gestion de la pauvreté pour se concentrer sur la création et la meilleure gestion des richesses en Afrique. Sur ce plan, je vais consacrer une importante part de mon énergie pour contribuer a faire en sorte que les aspirations du milliard d'Africains pour une nouvelle aube africaine, un continent en paix avec lui même, qui participe a la compétition mondiale sur un pied d'égalité avec les autres acteurs, une Afrique capable de se prendre en charge, que cela devienne une réalité !
Vive l'Afrique ! Que Dieu bénisse l'Afrique!
Cristina Duarte
Ministre des Finances et du Plan
République du Cap Vert
Distribué par APO (African Press Organization) pour le Ministère des Finances et du Plan, République du Cap Vert.
SOURCE
Ministère des Finances et du Plan, République du Cap Vert
VIDEO
"LE CERCLE DES NOYÉS" DE PIERRE-YVES VANDEWEERD
PROJETÉ LE 6 JUIN 2015 SUR LA PLAGE DE GORÉE DANS LE CADRE DU SECOND CYCLE DU FESTIVAL GORÉE CINÉMA
C'est le film documentaire "Le Cercle des Noyés" du réalisateur belge Pierre-Yves Vandeweerd qui sera projeté le 6 juin 2015 sur la plage de Gorée dans le cadre du second cycle du Festival Gorée Cinéma.
Ce récit retrace la douloureuse histoire des détenus politiques noirs en Mauritanie, enfermés à partir de 1987 dans l’ancien fort colonial de Oualata. Il donne à découvrir le délicat travail de mémoire livré par l’un de ces anciens détenus qui se souvient de son histoire et de celle de ses compagnons.
En écho, les lieux de leur enfermement se succèdent dans leur nudité, dépouillés des traces de ce passé.
Une bibliothèque personnelle de 10 000 volumes. L'université comme Grand-Place. Amady Aly Dieng était un monument de la connaissance, une des grandes figures intellectuelles de l'Afrique. Cet ancien président de la Feanf influencé par le Capital de Karl Marx avait le livre collé à la main. Ce qui fait de lui un esprit fin, avec une pensée très critique. Cette bibliothèque ambulante a été enterrée hier au cimetière de Yoff. Le professeur émérite a laissé derrière lui de quoi perpétuer son œuvre.
"Quand vous écrivez des ouvrages, vous n'êtes jamais mort. Vous êtes parmi les contemporains. Même si vous êtes dans la tombe, votre pensée est là." Ces mots sont du professeur Amady Aly Dieng. Son corps est au cimetière de Yoff depuis hier, mais sa pensée restera à jamais parmi les vivants.
Elle restera sans nul doute pour les générations futures. Celui qui vouait un culte au livre n'a pas manqué de coucher ses idées sur le papier. Il est l'auteur de :
"Histoire des organisations d'étudiants africains en France (1900-1950)", "Lamine Guèye : une des grandes figures politiques africaines (1891-1968)" ou encore "La trajectoire d'un dissident africain", entre autres. Ce grand intellectuel est considéré comme l'une des plus grandes figures du Sénégal et de l'Afrique de son temps. Son esprit critique est à l'image de l'immensité de son savoir. Il est économiste, sociologue, philosophe.
Sa personnalité est traduite en quelques lignes par Abderrahmane Ngaidé, l'enseignant chercheur qui lui a consacré un livre-entretien. "Il est souvent taquin lorsqu'il n'est pas moqueur avec un langage anecdotique, plein de sarcasmes et d'humour ! Il fait sourire et détend l'atmosphère s'il n'énerve pas".
Il a aussi un franc-parler et n'a pas peur de déranger. Certains le considèrent même comme polémiste. Quand Amadou Hampaté Ba affirme qu'en Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle, le Pr Dieng lui rétorque : "Il faut voir de quelle catégorie de vieillards. Est-ce le bon vieillard ou le mauvais vieillard ?", mais ça, c'est lors d'une émission de télévision (l'entretien, 2Stv).
Comme il l'affirme lui-même, il ne veut pas être impertinent. Par contre, face à un public plus restreint, il précise sa pensée. Un vendredi, à l'occasion d'une conférence à la librairie Clairafrique, il avait réagi en ces termes : "Pourvu qu'il ne soit pas un vieux crétin." L'homme aime le livre, il le célèbre. Il est réputé comme étant quelqu'un qui lit un livre par semaine.
Sa bibliothèque compte 10 000 volumes. Il avait offert les 1 500 à la Bibliothèque universitaire et avait promis de lui léguer le reste une fois qu'il aura quitté ce bas-monde. On dit de lui d'ailleurs qu'il a le livre à la main plutôt que le chapelet. Il répond : "Les deux ne sont pas incompatibles. J'essaie autant que possible de faire coexister en moi le livre et le chapelet."
L'homme aimait inciter les gens à dépasser l'oralité pour aller vers l'écrit. C'est pour cette raison d'ailleurs, qu'au-delà de ne pas être d'accord avec Hampaté, il a une autre compréhension de sa formule devenue si célèbre.
"Je considère que ce qu'il dit a une certaine profondeur qu'il faut dégager de la manière dont il le dit. C'est un cri de détresse pour les civilisations orales. Autrement dit, il nous incite à fixer par écrit ce qui n'est pas fixé." Ainsi, le regretté professeur déclarait qu'il est content quand un Africain publie un livre. Il préfère même un mauvais livre à l'absence d'écrit.
L'université, son milieu sécurisé
Entre lui et le savoir, c'est un amour sans fin. Un amour qui se justifie par son engagement, son combat pour l'Afrique et les Noirs. "Ma génération était toujours à la recherche de la connaissance pour pouvoir lutter contre le système colonial qui était considéré comme un système d'oppression. Ma génération est critique. Nous apprécions beaucoup la critique ; parce qu'elle permet d'avancer ; et aussi l'autocritique. C'est une chose très importante pour l'université. L'université doit être le temple de la critique et non le temple du culte du savoir", s'explique-t-il.
L'université, justement ! Son espace, son milieu. Le seul territoire où il se sent en sécurité, selon l'historien Mamadou Diouf. C'est d'ailleurs ce qui fait qu'il est considéré comme un éternel étudiant. Le concerné confirme : "Pour les intellectuels, il faut éviter les GrandPlaces où on ne peut pas penser, travailler et écrire. Certes ça alimente les propos, la discussion, mais il vaut mieux écrire. Laisser un témoignage écrit."
Ancien fonctionnaire à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao), il a préféré, après sa retraite, retourner à l'université. A la Faseg et dans d'autres écoles et institutions comme le Cesti. Cette université qu'il a d'ailleurs qualifiée de garderie d'adultes, du fait des échecs et du refus des étudiants de quitter.
Les titres et les honneurs ne l'intéressent pas. Il pouvait aisément reprendre à son compte cette affirmation de l'autre qui disait ne rien faire pour la gloire. Les propos qui suivent renseignent de la haute appréciation qu'il se faisait du savoir, mais ils donnent aussi une idée de son sens de l'ironie. "Je ne peux pas me passer de l'université. C'est pourquoi après ma retraite, j'ai préféré écrire plutôt que d'être expert ou consultant, In-ter-national (sic). Si on ne met pas le mot international, vous n'êtes absolument rien. Même si vous êtes un voyou, il faut être voyou international. On vous craint beaucoup plus."
Le refus de la ghettoïsation dans des domaines
Son combat pour le continent a démarré depuis qu'il était étudiant. Le natif de Tivaouane a été secrétaire général de l'Association des étudiants de Dakar. Il a dirigé également la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (Feanf) pendant deux ans. Amady Aly Dieng a fait ses armes durant cette période. Il fait partie de cette génération fascinée par les idées révolutionnaires de la gauche. La découverte de Marx s'est fait d'ailleurs à ce moment.
"Cette lecture a été menée non seulement en France avec l'aide d'un certain nombre de grands intellectuels comme Maurice Bouvier-Ajam qui est un économiste, un historien comme Jean Bruhat, mais aussi un philosophe qui travaillait avec Levis Strauss, Maurice Godelier", révèle-t-il.
Pleine de vie et débordant d'énergie, ce "jeune" de plus de 80 ans a beaucoup travaillé à la déconstruction des concepts, qui à son avis, sont politiquement chargés ou alors relève de l'ignorance. Des expressions comme "pays en voie de développement" ne l'ont jamais laissé indifférent. Il réplique tout de suite que ces formules sont destinées à endormir les Africains.
"Nous sommes en réalité des pays qui régressent", réplique-t-il. Il en est de même quand Senghor affirme que le continent a des Etats qui à leur tour vont créer des nations. Il trouve cette théorie pas du tout juste et affirme que ce sont plutôt des classes sociales qui peuvent créer la nation dans la mesure où elles ont un marché national à protéger contre les autres bourgeoisies étrangères et non l'Etat.
Parlez-lui d'un gouvernement technocratique, il vous répondra que la technocratie ne veut pas dire grand-chose "La technique est toujours au service de quelque chose. La technique n'est pas neutre." Et en guise d'exemple, il évoque la différence entre les chaises anglaises et turques, la dernière reflétant une préoccupation religieuse. S'il n'aime pas trop la technocratie, c'est aussi qu'Amady Aly Dieng ne croit pas à des connaissances bornées.
"Ma génération était à la recherche de connaissances encyclopédiques. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de barrière entre les sciences, parce que l'homme est une totalité comme disait Marcel Mauss. Toute révolution demande une sorte d'encyclopédie pour la classe qui veut changer les choses."
De ce fait, il sait qu'on ne peut pas échapper à la spécialisation, mais n'aime pas l'obsession qu'elle est devenue aujourd'hui. Ce qui à ses yeux est une ghettoïsation dans des domaines.
C'est cet économiste, philosophe, historien, bref ce professeur émérite et pluridisciplinaire, cet encyclopédie qui a quitté le monde des livres. Avec lui, on peut reprendre aisément Birago Diop : "Les morts ne sont pas morts. (…) Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire Et dans l'ombre qui s'épaissit…."
Un des 5 bootcamps se déroulera à Dakar du 29 au 31 Juillet 2015 et réunira 20 innovateurs émergeants de toute l’Afrique de l’Ouest Francophone. Ces bootcamps ont été conçus sur mesure afin de répondre aux besoins des jeunes innovateurs émergeants que vous êtes.
Partagez cette opportunité à travers vos réseaux de jeunes entrepreneurs en Afrique de l'Ouest. Les intéressés devront candidater à travers ce lien avant le 3 Avril 2015 > http://www.changemakers.com/fr/amex-bootcamps
Pour être éligible, ils devront être âgés de 32 ans max et avoir un projet opérant depuis 5 ans ou moins et avoir une bonne maitrise du Français. Les 20 innovateurs sélectionnés à l’issue de l’évaluation des candidatures participeront à un bootcamp de haut niveau à Dakar pendant 3 jours.
Les AMEX bootcamps comprennent desworkshops axés sur le développement du leadership, le partage d‘astuces pour une meilleure expansion de l'impact des projets, le partage d’expérience et le networking. Celui de Dakar sera entièrement animé en Français.
"SENGHOR : MA PART D’HOMME"
BONNES FEUILLES DU RÉCIT-ESSAI D’AMADOU LAMINE SALL
Le livre de Amadou Sall sur «Senghor : ma part d’homme» revu et augmenté est paru en début d’année. Il sera présenté au public le 26 mars 2015 à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar. En plus d’écrire, le disciple et confident de Senghor édite une demi-douzaine de livres dont « De Ngalick à Paris-Aux Premières Heures de la Diplomatie Sénégalaise» de Massamba Sarré, ancien Ambassadeur, «Sabaru Jinne» de Pape Samba Kane, entre autres. Pour vous, nous avons sélectionnés quelques bonnes feuilles à lire dans nosédition d’aujourd’hui et de demain.
Je témoigne ici que, jamais, un travail d’écriture, de restitution -car il ne s’agit pas d’un travail de création- ne m’a autant angoissé, troublé, apeuré, épuisé, mais en même temps embelli l’âme, et rendu heureux, que celui-là. Dans ce livre, j’ai tu ce qui devait être tu. J’ai dit ce qui devait être dit. Au-delà de mon témoignage, j’exprime ici la reconnaissance d’un disciple, afin que jamais la filiation spirituelle ne s’estompe, que jamais le souvenir ne s’étiole, et que la tige reste la mémoire de la fleur. Cependant, pour demeurer moi-même, j’ai beaucoup écouté Senghor sans toujours obéir. Il s’agit également ici de mieux faire découvrir un immense poète, un homme politique rare que les siècles produisent peu, pour que bien après nous, les générations à venir puissent le découvrir, le connaître, l’aimer et l’honorer. Il m’a appris deux choses dans la vie: la patience dans le travail et l’humilité.
Mon père qui n’avait jamais fréquenté l’école française, m’avait inculqué le sens de la famille, quoiqu’il advienne, le goût de l’effort et de la recherche du savoir, l’intransigeance à son point le plus culminant quand il s’agit de défendre son honneur et sa dignité. Je n’oubliais pas la loyauté et la fidélité, là aussi, quoiqu’il advienne. A côté de Senghor, j’ai fini par adopter comme devise la leçon du poète Khalil Gibran: C’est quand vous aurez atteint le sommet de la montagne que vous commencerez enfin à monter. Je me rappellerai toujours de nos séances de travail autour de mes manuscrits. Il me demandait de dire à haute voix mes poèmes et m’interrompait aussitôt qu’il décelait ce qui lui apparaissait comme une fausse note, une incohérence, une banalité. Je résistai en lui expliquant pourquoi j’avais écrit ceci ou cela, ce qui m’avait guidé, inspiré. Il écoutait, puis de son rire unique, me demandait d’essayer de «trouver mieux». Il m’apostrophait peu sur la grammaire, la concordance des temps. Moins que le professeur, c’est plutôt le poète que j’avais en face de moi. Ce qui le rendait attentif et intéressé, c’est le filage des mots, leur tissage, leur agencement, leur télescopage, mais surtout la force des images, leur éclair, leur surgissement, leur impact, leur audace. J’apprenais beaucoup de lui, mais je gardais intacts mes espaces intérieurs, car c’était là ma part d’originalité, non interchangeable.
L’enfance Senghorienne dans la polémique
Il est né à Joal de Diogoye Basile Senghor et de Gnilane Bakhoum. Deux mois après son baptême, il partait avec sa maman pour Djilor. A sept (7) ans, son père le confia au Curé de Joal qui l’envoyait porter de la salade et du pain… Il a couru les tanns et les bolongs, plus tard le boulevard Saint-Germain jusqu’au fauteuil du Quai Conti. Un Sénégalais, un Sérère à l’Académie Française, qui aurait pu y croire? Dans l’antre des Grands Blancs, ceux-ci lui vouèrent admiration et respect, qu’il leur rendit, avec la même élégance et un rare supplément d’esprit et d’âme. "Par rapport à la naissance de Senghor, nous rapporte Djiby Diouf, il n’y a pas de rivalités entre Joal et Djilor. Les gens de Joal disent que Senghor est né à Joal; nous, nous savons que Senghor est né ici à Djilor le 15 août 1906, sous le signe du lion…
Abbé Jacques Seck qui est un curé respecté et qui est de Joal est venu ici à Djilor. Il a dit aux gens de Joal: «Ne vous cassez pas la tête, Senghor est né à Djilor». Oustaz Ndour de la radio «La Côtière» avec qui il était, l’a confirmé. Tous ceux qui soutiennent que Senghor est né à Joal s’agitent pour rien»… Du soleil dru et des plages de sable lustré de Joal au froid de Paris et à la neige de Normandie, le destin, la providence, les génies tutélaires ont bâti un poète, un homme politique, et l’ont donné en or à son peuple et aux autres peuples du monde, comme viatique. Né le 9 octobre 1906, il nous a quittés le 20 décembre 2001, à l’âge de 95 ans. Il voulait changer le monde et changer la vie de son peuple. Mais «changer le monde et changer la vie exige une communauté».
Senghor choisit de prendre pour communauté, l’humanité. L’humanité était son peuple, sa société, sa religion, sa muse, son futur. C’est avec elle qu’il voulait donner un sens à sa vie, à l’histoire du peuple noir. Le dialogue des cultures était le «tison» de sa vie. Senghor, c’est le manguier qui fleurit en pommier, pour dire l’universalité de l’homme. Avec sa mort, commence sa vie. Nous n’entrons pas dans le passé de Senghor. Nous abordons l’avenir de l’homme et de son œuvre. L’actualité de Senghor ne fait que commencer! Il est difficile de ne pas aimer Senghor. Il est plus difficile encore de ne pas le respecter. «Je n’ai pas tout réussi, disait-il. Il n’y a que Dieu pour le faire.» Parmi les marques qu’il a laissées, deux ressortent avec force et tranquillité: culture et autorité. Sans doute avait-il retenu que «le pouvoir politique est fragile sans le pouvoir culturel». Il a fini, comme vous le savez, par préférer le pouvoir culturel au pouvoir politique. C’est Senghor lui-même qui nous fait comprendre, par une révélation terrible, ce qu’il endurait: «Chaque matin quand je me réveille, j’ai envie de me suicider, et quand j’ouvre ma fenêtre, que je vois Gorée, je reprends goût à la vie.»
Le mariage avec Ginette Eboué
Alain Frerejean, dans C’était Pompidou, nous rapporte ceci: le 12 septembre 1946, Georges et Claude assistent à Asnières au mariage de leur ami. Député apparenté socialiste du Sénégal à l’Assemblée nationale française depuis novembre 1945, Senghor y a rencontré Ginette Eboué, secrétaire du socialiste Marius Moutet, ministre des Colonies. Le père de Ginette, Félix Eboué, gouverneur général de l’AEF, est le premier en Afrique, à avoir répondu à l’appel du général de Gaulle. Deux de ses frères ont été camarades de stalag de Senghor. Georges et Claude sympathisent tout de suite avec elle. Le grand jour, Senghor monte l’escalier d’honneur de la mairie en donnant le bras à la sculpturale Mme Lamine Guèye, plus belle que jamais dans sa magnifique toilette de lamé doré. Derrière eux, aux bras de Marius Moutet, la mariée, en robe de satin blanc avec une traîne de plus de six mètres. Au milieu d’une foule d’amis, on reconnaît, entre autres, Daniel Mayer et Jacques Soustelle. Ginette Senghor deviendra une des meilleures amies de Claude. Quelques années plus tard, lorsque Senghor divorcera pour épouser sa secrétaire, une Normande, Claude Pompidou, fidèle à son amitié pour Ginette considérera la nouvelle Mme Senghor comme une intruse. «Elle a éloigné les enfants de Ginette. Tout pour son fils à elle. Je ne peux pas la voir» confiera t-elle à Jacques Foccart.
Le visage du Sénégal sous Senghor
Le Sénégal serait-il un pays particulier avec un peuple différent des autres, une culture sociale, économique et politique propre qui échapperait à toute analyse? Il est évident qu’un certain nombre de paramètres contribuaient à donner au Président Senghor une arme non négligeable qui conférait à son régime une stabilité presque à toute épreuve: la solidité des institutions de la République, le fondement et le respect de l’État de droit, le culte de la discipline, des valeurs morales et éthiques, l’intransigeance -quand elle était possible-,la fermeté face au bon vouloir des grands chefs religieux, au copinage, à l’indiscipline, à l’incompétence. Dans ce qui aidait le régime de Senghor, il y avait également la noblesse et la dignité constante du peuple sénégalais, son pacifisme, le poids, l’ancrage, la sérénité et la grandeur de la spiritualité de ce peuple. Et cette foi, cette spiritualité ne sont pas une fatalité islamique ou chrétienne béate comme le pensent ceux qui s’interrogent devant le silence des pauvres.
Le Sénégal est un pays qui peut paraître désespérant, mais rien n’y est désespéré. A cela s’ajoute, également, l’acceptation commune et partagée par tous les Sénégalais que le jeu démocratique est devenu un acquis intouchable qui doit se poursuivre et se raffermir de jour en jour. Une crainte en est ainsi née et s’est établie: quiconque dérogerait désormais à la règle démocratique pour emprunter d’autres voies inavouées et inavouables, ferait de cette dérive sa propre perte. La construction démocratique la plus exigeante peut sans doute cheminer sans danger dans la pénurie et l’inconfort. Mais jamais dans l’injustice, l’irrespect, le déshonneur. On nous tue, on ne nous déshonore pas, selon le code d’honneur sénégalais lancé par Senghor et devenu la devise de l’armée sénégalaise. Ce qui menace la démocratie, ce sont les simagrées de justice, les faux-semblants de liberté, les vernis de compétence, d’honnêteté, les apparences de partage, les apparences de sympathie, les apparences de solidarité, les caricatures d’autorité. La misère politique est plus condamnable que la misère économique, car c’est bien la première qui conduit à tous les excès, à toutes les dérives et injustices. C’est pourquoi la politique doit se nourrir d’un esprit transcendant, car sa mission est trop haute pour se confiner à des tâches ponctuelles sans vision et répréhensibles par la morale et l’éthique. Très souvent, hélas, surtout en Afrique, la politique est coupable de toutes les dérives de l’État. Mais, en vérité, ce sont les hommes qui la pratiquent qui sont indigents dans leurs visions, leur cœur et leur esprit; Le Sénégal, celui qui ressemblera le plus aux desseins de Léopold Sédar Senghor, se construira avec ces leçons. Pour son respect. Pour sa grandeur.
Senghor choisissant Diouf sous le modèle du Général De Gaulle choisissant Pompidou
Je ne peux pas ici ne pas penser au destin de George Pompidou si semblable, hormis la formation littéraire, à celui d’Abdou Diouf, Premier ministre de Senghor et puis Chef d’Etat, plus tard. Alain Frerejean écrit ceci évoquant le Général de Gaulle choisissant George Pompidou comme son Premier ministre à la place Michel Debré: «En désignant un homme neuf, sans attache avec aucun parti, un homme qui n’a jamais essayé de grenouiller, un homme à qui il ne doit rien et qui lui devra tout, de Gaulle marque au passage sa volonté de n’être prisonnier de personne. Pas même de ses compagnons d’épopée.» On pourrait en dire de même pour Senghor choisissant Diouf dans le contexte de l’époque. Alain Frerejean rajoute ceci qui ressemble également au parcours d’Abdou Diouf: «Pour Pompidou, tout a été préparé par le destin. Il figure un cas unique dans toute l’histoire de nos républiques: arrivé sans s’y acharner. Il n’a eu aucun obstacle sérieux ou odieux à surmonter. Il a glissé sur un gentil tapis jusqu’au pouvoir.» Pompidou était d’un caractère tranquille, amoureux de sa femme, de la lecture, des poètes. Diouf aussi, sauf sans doute pour la lecture et les poètes. Pour ces derniers, il en a eu un discret et soigné respect. Senghor oblige !
La fragilité du pouvoir politique
Le départ de Senghor a marqué la fin d’une épopée. Celui de Diouf la fin des utopies. Wade chassé du pouvoir en 2012 rumine les terribles réalités du pouvoir, lui qui, jusqu’au bout de ses frasques a tenté d’installer son fils sur le trône. Avec la rapidité de mûrissement des peuples d’aujourd’hui, le monde a changé. Ce n’est pas non plus la richesse qui gagne, c’est la pauvreté qui avance et qui couvre le monde. Diriger, gouverner un pays, se paie désormais comptant! Senghor fut le bâtisseur ingénieux d’une nation à laquelle il a imprimé une marque, celle du poète et du théoricien de la Négritude. La vision politique de l’homme d’État, son charisme, et sa conduite des hommes ont également laissé des marques. Ces marques dureront avec cette part du mythe que rien ni personne n’effacera dans l’imaginaire du peuple. C’est cette conscience collective, cette mémoire tenace des peuples relayée de génération en génération, qui garantissent aux hommes politiques leur légende, leur place dans l’histoire de leur pays et du monde. Il reste qu’on n’enseignera pas forcément à aimer Senghor, mais on enseignera forcément sa place dans l’histoire du Sénégal
Abdou Diouf s’installe au pouvoir selon la volonté de Senghor
Diouf arriva donc à la magistrature suprême, sans tache et fort de la virginité politique qu’on lui prêtait. Mais ceci n’était qu’apparent, car le technocrate qui vécut plus de dix années à l’ombre du géant tutélaire que fut Senghor, eut peu à officier de son propre chef. Par contre, il eut tout le temps et tout le loisir de regarder, d’écouter, d’apprendre et de connaître en profondeur les rouages de l’État, mais aussi, et surtout, la ruse, l’intelligence, les capacités de manœuvre, les fourberies, la bassesse et la grandeur des politiques et des politiciens. Héritier d’un régime aux arcanes insondables, d’un Parti fort de son histoire de bravoure et de conquête, solidement implanté jusque dans le moindre hameau du Sénégal, jaloux et conservateur, expérimenté et construit comme rares peuvent l’être les Partis politiques en Afrique et même dans le monde, voilà Abdou Diouf à la tête du Parti Socialiste, d’un État bien charpenté, solide dans tous ses compartiments institutionnels, mais soupçonné de dégénérescence lente et sûre avec des barons fatigués et minés qui par le désenchantement du départ de l’ami et du compagnon Senghor, qui par l’âge, par la maladie, qui par le dépit et la rancœur de voir le chef légendaire céder le pouvoir à un homme de la nouvelle génération qu’on dit encore tremblotante et désarmée. Ce qu’on ne disait pas et que l’on savait pourtant mais qui faisait peur, c’est que cet homme -ou cette nouvelle génération- était déterminée à mettre en chantier une nouvelle manière de penser, de concevoir, d’imaginer, de bâtir, bref une nouvelle manière de penser le Sénégal et de le gouverner. Ce n’est pas autrement, et de manière plus marquée, que l’après Abdoulaye Wade avait été également envisagé. Changer fait peur. Le changement déroute et inquiète. Abdou Diouf est donc venu. Le peuple a «applaudi de ses dix mains» en rêvant debout à une nouvelle page de l’histoire du Sénégal. Non pas que Sédar ait duré et lassé, mais il avait, comme il me l’a confié plus tard «épuisé son temps d’enthousiasme au pouvoir». Légitimement et sans arrière-pensée, c’est tout le Sénégal qui acceptait, dans le respect et la fierté, l’acte politique généreux et rare de Léopold passant le pouvoir à un vieux Premier ministre -près de dix ans de fonction- mais néanmoins d’âge jeune. Et c’est ce même peuple sénégalais qui accueillait dans l’espérance le Président de la IIème République. Tout semblait si pur, si beau, si noble, si grand. Seuls les partis politiques de l’opposition criaient à l’usurpation et à la dictature du Parti Socialiste. Cela était compréhensible, voire attendu.
Constitutionnellement, Senghor était inattaquable et en outre trop fin, suffisamment averti pour ne laisser aucune place à l’improvisation. Mais démocratiquement, son acte, pour toute opposition, était condamnable. Des élections libres auraient été mieux acceptées, parce que plus conformes à l’idéal démocratique. Je le lui rappelais bien souvent, et il riait toujours en disant: «Tu ferais un sacré partisan de l’opposition!». Si l’histoire devait se répéter, Sédar serait-il capable de réitérer son acte légendaire? Que si! La politique l’y contraindrait, l’amour et l’attachement à son Parti voudraient que celui-ci gardât le pouvoir encore et par tous les moyens. Pour Senghor, Abdou Diouf était l’homme de la situation et du choix. Sa déception, plus tard, n’en sera que plus grande, mais discrète, pudique, car Diouf aura beaucoup dévié sur les chemins de la «loyauté» au maître, selon nombre de socialistes.
Le groupe américain de hip-hop «Next Level» à Dakar
du 3 - 16 janvier 2015
Spectacle gratuit au Théâtre National Daniel Sorano, vendredi 16 janvier 2015, 18h00
L’Ambassade des Etats-Unis au Sénégal a le plaisir d’annoncer le séjour à Dakar du groupe américain de hip-hop «Next Level», du 3 au 16 janvier 2015. La tournée s’inscrit dans le cadre d’un programme de formation aux métiers du hip-hop organisé par l’Ambassade en collaboration avec les centres culturels Douta Seck à Dakar, Maurice Guèye à Rufisque, Hiphop Akademy au centre culturel Léopold Sédar Senghor à Pikine et GHiphop à Guédiawaye. Il est sponsorisé par le Bureau des affaires culturelles et éducatives du département d’Etat et l’Université du North Carolina. Le groupe «Next Level» s’est donné comme mission de promouvoir la compréhension mutuelle entre les cultures, la résolution des conflits et le renforcement de l’entrepreneuriat des jeunes à travers la danse et la musique.
Plusieurs activités professionnelles et socioculturelles sont prévues dont un spectacle gratuit au Théâtre National Daniel Sorano, le vendredi 16 janvier 2015, à 18h00.
Le groupe «Next Level» est composé de quatre artistes:
- Tony Blackman qui est la première femme artiste hip-hop recrutée par le département d’Etat américain comme Ambassadeur culturel. Fondatrice de Freestyle Union and Rhyme like a Girl et Echoing Green Fellow, Tony joue dans des festivals en Afrique du Sud, en Allemagne, en Espagne, au Canada, en Angleterre et en France;
- Lauren Harkrader «DJ Chela» qui compose des suites d'expressions pour inspirer et éveiller une prise de conscience de son public à travers l'Amérique du Nord, le Canada, et les Etats-Unis. Elle a remporté le trophée du disque en 2009, lors de la compétition de Winter Music Conference Spin Off, et s’était classée 2ème au concours de She is My DJ en 2007;
- Junious «House» Brickhouse, est un danseur international primé comme instructeur de danse urbaine, chorégraphe, leader de communauté, et défenseur de la culture. Natif de Virginia Beach, VA, il a passé plus de vingt ans dans des ballets chorégraphiques à Oakland, en Californie, à Helsinki, en Finlande, à Durban en Afrique du Sud. Basé maintenant à Washington, DC, Junious passe la plus part de son temps à promouvoir la résolution des conflits à travers des conférences et des spectacles;
- Elliot «Phillipdrummond» Gann (beatemaker) qui est docteur en psychologie clinique, producteur, DJ, éducateur artistique, organisateur d’évènements et activiste communautaire. Né en San Francisco et élevé à NYC, Dr. Gann est le fondateur, directeur exécutif et instructeur principal de Today’s Future Sound (TFS). C’est une organisation à but non lucratif basée à Oakland (mais maintenant avec une agence à Los Angeles) qui utilise la musique hip-hop pour rendre autonome les jeunes en tant qu’artistes et membres de la communauté.
Le programme se déroulera comme ci-après:
§ Dimanche 4 janvier à 16h00 : atelier de danse à Douta Seck en collaboration avec Gacirah Diagne;
§ Lundi 5 janvier à 16h00: atelier au centre culturel Maurice Guèye de Rufisque en partenariat avec les rappeurs sénégalais Paul Pissety Sagna «PPS» et Aissatou Guèye «Toussa»;
§ Mercredi 7 janvier à 10h00: atelier à Hiphop Akademy de Pikine en partenariat avec Amadou Fall Ba de festa2hfestival;
§ Jeudi 8 janvier au mercredi 14 janvier, à 16h00: ateliers à Guediawaye Hiphop en partenariat avec Malal Talla «Fou Malade»;
§ Vendredi 16 janvier à 18h00: spectacle gratuit au Théâtre National Daniel Sorano
La presse est cordialement invitée à couvrir ces ateliers et le spectacle de Sorano.
Sous l’autorité du khalife Général des Tidianes, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Makhtoum, la Cellule Zawiya Tijaniyya vous convie à la conférence de presse de Sérigne Abdoul Aziz SY AL AMINE en prélude au Gamou 2015. La conférence est prévue le Jeudi 18 Décembre 2014 à Tivaouane au domicile du porte-parole à 11 heures.
A cet effet, la Cellule Zawiya Tidianiyya met à la disposition de la presse un bus pour le transport aller et retour. Le départ est prévu à 8h30 devant la RTS Triangle Sud.
Après l'importante déclaration du porte-parole de la famille, l'occasion sera donnée aux journalistes de revenir sur les préparatifs du GAMOU de Tivaouane, édition 2015 avec le Comité d'organisation.
La Cellule Zawiya Tîjâniyya invite, à ce titre, toute la presse nationale et internationale sans exclusive à honorer de sa présence cette conference qui marquera le début des féstivités commémorant la naissance du Prophète Muhammad (PSL).