Dakar, 23 janvier 2014 - Le Département de l’évaluation des opérations de la Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec le département régional pour l’Afrique de l’Ouest, le bureau régional de Dakar, et le Département de l’assurance qualité et des résultats, organise les 30 et 31 janvier 2014 à l’Hôtel King Fahd Palace un atelier régional de partage et d’apprentissage «L’évaluation au service de l’apprentissage. Cap sur la transformation : leçons de l’expérience».
La BAD vient d’approuver sa nouvelle stratégie à dix ans 2013-2023 dont les deux objectifs stratégiques sont la croissance inclusive et la transition vers une croissance verte. La stratégie à 10 ans propose cinq priorités opérationnelles, le développement des infrastructures, l’intégration régionale, le développement du secteur privé, la gouvernance et les compétences. Elle met également en exergue trois domaines d’d’intérêt particulier, les états fragiles, l’agriculture et la sécurité alimentaire, et le genre. Il est important, pour guider la mise en œuvre de cette stratégie, de poser un regard rétrospectif sur ce qui a marché et ce qui a moins bien fonctionné au niveau de ces axes d’intervention stratégiques. Dans ce contexte, les récentes évaluations conduites par le département de l’évaluation de la BAD permettent d’éclairer les actions passées de la Banque.
L’atelier de Dakar a pour objectif d’aider la Banque à mieux ancrer ses actions et stratégies du futur dans les leçons du passé. Il offrira l’opportunité de partager et discuter les résultats et recommandations des évaluations récentes, dans des domaines stratégiques importants pour la région : états fragiles, eau et assainissement, infrastructure et intégration régionale, secteur privé. L’échange visera à identifier les questions sectorielles critiques pour la Banque et ses partenaires dans la formulation des futures stratégies et politiques, en partant d’un diagnostic rigoureux des causes des succès et des échecs du passé. Il soulignera également les voies et moyens d’amélioration de la conception, la mise en œuvre, ainsi que le suivi et évaluation des projets et programmes dans le futur. Enfin, la rencontre aidera à mettre en lumière les meilleures stratégies et pratiques de partenariats avec les gouvernements et autres parties prenantes.
Des experts et gestionnaires de projets et des officiels de la Banque, des autorités nationales de haut niveau et décideurs politiques provenant des pays de la sous-région, ainsi que des représentants de partenaires techniques et financiers prendront part à cet atelier qui sera organisé en panels de discussion autour de quatre thèmes : Défis et opportunités de développement dans les Etats Fragiles ; Hydraulique urbaine et rurale ; Infrastructures et intégration régionale au service du développement ; et Développement du secteur privé.
Les échanges seront rehaussés par la présence de plusieurs ministres et personnalités, en particulier, S.E.M. Dieng Farba Sarr, Ministre de la Promotion des Investissements et des Partenariats du Sénégal ; S.E.M. Pape Diouf, Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement du Sénégal ; S.E.M. Kako Nubukpo, Ministre des Affaires Présidentielles, de la Prospective et de l'Évaluation des Politiques Publiques du Togo ; S.E.M. Tiemoko Meyliet, Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; M. Agbadome Osvald, représentant de S.E.M. Dossou Antonin, Ministre de l’Évaluation Publique et des Programmes de Dénationalisation du Bénin ; ainsi que M. Sakala Zondo, Vice-président Programmes Pays, Régionaux et Politiques, de la BAD.
La cérémonie d’ouverture de l’atelier sera présidée par S.E.M. Amadou BA, Ministre sénégalais de l’économie et des finances le 30 janvier à 9 heures précises.
À propos de OPEV
Le Département de l’évaluation des opérations (OPEV) de la Banque africaine de développement, est une unité indépendante et autonome, chargée d’améliorer l’efficacité des opérations de la Banque en matière de développement. Le département entreprend l’évaluation des opérations, des politiques et des stratégies de la BAD afin de soutenir l’obligation de rendre compte, contribuer à l’amélioration de l’apprentissage, et promouvoir une culture de l’évaluation.
En procédant à des évaluations indépendantes et en partageant les bonnes pratiques de façon proactive, OPEV veille à ce que la Banque et ses parties prenantes tirent les leçons des expériences antérieures et qu’elles planifient et exécutent leurs activités de développement selon les normes et de la meilleure manière possible.
Encourager le processus d’apprentissage et d’amélioration continue est donc au cœur du mandat d’OPEV.
La Banque africaine de développement est une institution régionale multilatérale de financement ayant pour objectif de contribuer au développement économique durable et au progrès social des pays africains qui constituent les pays membres régionaux de la BAD. Le Groupe de la BAD est composé de trois entités : la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN).
L'écrivain Hamidou Dia, conseiller spécial du président Macky Sall pour la culture et le panafricanisme, a rendu hommage au professeur Oumar Ndao, qui est décédé lundi, estimant qu’il était un "éminent homme de culture" et "a beaucoup fait pour le théâtre sénégalais et la ville de Dakar".
La levée du corps d'Oumar Ndao aura lieu à 16 heures, à l'Hôpital Principal (Dakar), a-t-on appris de la mairie de Dakar. Elle sera suivie de l'enterrement, au cimetière musulman de Yoff, en banlieue dakaroise.
"Je salue la mémoire de mon ami et frère, le professeur Oumar Ndao, dramaturge, écrivain, éminent homme de culture, qui vient d'être ravi à notre affection, à l'été d’une vie bien remplie", a affirmé Hamidou Dia, professeur de philosophe.
"Professeur, écrivain, dramaturge, critique littéraire, spécialiste des littératures maghrébines, Oumar Ndao a beaucoup fait pour le théâtre sénégalais et pour la ville de Dakar, dont il était le responsable culturel", a écrit M. Dia dans un communiqué reçu à l'APS.
Il présente ses "condoléances émues à la famille [du défunt], au maire de Dakar et à toute la république des lettres sénégalaises".
Professeur de lettres, enseignant à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dramaturge et metteur en scène sénégalais, Oumar Ndao était aussi directeur de la culture et du tourisme, à la mairie de Dakar.
Il est l'auteur de "Dakar l’Ineffable", présenté comme un récit itinérant à mi- chemin entre le guide touristique et le carnet de voyage. Dans cet ouvrage, il "raconte la ville de Dakar, sa ville de Dakar, avec la liberté du romancier, la rigueur de l'historien et la passion du poète", indiquait un communiqué de son éditeur, en 2010.
PAR ALASSANE SECK GUEYE
JACOB YACOUBA A RACCROCHÉ DÉFINITIVEMENT SON PINCEAU
Sa souffrance qu’il a endurée stoïquement a pris fin samedi dernier 04 janvier 2014. Jacob Yacouba, le grand maître de la peinture sénégalaise, s’en est allé se reposer auprès de son Créateur. Au cimetière de sa ville d’adoption, Saint-Louis, où il repose désormais, ce natif de Tambacounda doit se sentir au royaume de la félicité.
Sous d’autres cieux, là où la création est sublimée, sa mort aurait été saluée à la mesure de son talent. Mais ne rêvons pas, nous sommes au Sénégal, un pays à part avec ses réalités culturelles. Jacob Yacouba n’était pas un activiste, encore moins un affairiste. Il était un artiste tout court. Le meilleur de ce pays et le seul grand maître de la peinture sénégalaise. Il savait tout faire et, surtout, donner à la femme toute sa grâce. Il savait aussi peindre avec la précision du géomètre. Il était quasi impossible de l’imiter. Lui, c’était Jacob Yacouba, une palette unique dont la muse, son épouse, la grande comédienne Marie Madeleine Diallo, est elle-même d’une beauté féerique.
Il n’est certes pas mort dans le dénuement, n’étant point pauvre, mais sa maladie était devenue coûteuse. Il s’est fait seul, a souffert comme beaucoup d’artistes avant de voir son étoile briller aux quatre coins du monde, reconnu qu’il était par la critique mondiale qui le comparait au grand peintre Picasso. Il est né peintre et a quitté ce bas monde en suspendant son pinceau qui était immense. Personne d’autre, mieux que lui, n’a réussi à peindre la femme dans toute sa sensualité, sa grâce, sa volupté, sa tendresse, sa classe, sa douceur, sa tristesse, sa mélancolie… Sous son pinceau, la femme pouvait être prude, gracieuse ou coquine.
Visiterune exposition de Jacob Yacouba, c’était se retrouver dans un rêve éveillé tellement tout était merveilleux, sublime, paradisiaque. On se souvient de ses expositions très courues à la Galerie nationale d’art dans les années quatre-vingt-dix. On s’y bousculait, parce que ce n’était pas tous les jours que l’artiste se donnait à voir. Il occupait les cimaises après un travail mûrement élaboré pour surprendre son monde. Et devant ses tableaux divinement tracés, on s’extasiait en même temps qu’on plongeait son regard dans la sensualité de « ses » femmes qu’il peignait avec des lignes épurées. Il pouvait nous offrir « ses » femmes dans tous leurs autours, leur féminité sans jamais choquer le regard. Il faut dire qu’avant de devenir peintre, Jacob Yacouba était musicien, l’âme de la poésie l’a donc rattrapé au détour de ses excursions plastiques.
De ce fait, il était à la fois musicien, peintre et poète. Et tout cela résumait sa palette, nous l’avons déjà dit, qui était universellement reconnue au plan national et international. Le peintre de génie qu’il était avait la chance d’être salué avec une révérence qui frise l’adoration par ses cadets, lesquels lui donnaient même le titre de grand maître. Il était vénéré pour son talent, son savoir-faire et la bonne maîtrise de sa peinture. Ah, comme il savait agencer les couleurs pour faire apparaître la femme dans tous ses atours ! Cela donnait des images sublimes que l’on regardait avec concupiscence. Mais ce qui était surtout remarquable avec Jacob Yacouba, c’était son ouverture d’esprit mais aussi sa générosité. En effet, il a su conseiller et aider beaucoup de jeunes artistes qui font aujourd’hui exploser nos cimaises.
Il a commencé à dessiner sur les murs de son quartier dans sa ville natale de Tambacounda à l’âge de 7 ans et n’a cessé de peindre que quand la maladie, implacable, l’a cloué au lit. Et samedi dernier, le 04 janvier, à l’âge de 67 ans, il a quitté ce bas-monde. C’est lui -même qui confiait à des confrères que « peindre c’est comme respirer, si vous ne peignez pas, vous cessez de vivre ». Sa vie n’a pas été vaine et son volumineux travail artistique demeurera, heureusement, un précieux legs pour la postérité. Repose en paix, Yacouba !
Décédé le 30 décembre 2013 à Paris des suites d’une longue maladie, Ibrahima Sorry Sylla a rejoint sa dernière demeure samedi dernier au cimetière musulman de Yoff. Plusieurs artistes sont venus rendre un ultime hommage au producteur du continent.
C’est tard dans la nuit du vendredi 03 janvier 2014 que l’avion transportant dans sa soute à bagages la dépouille mortelle d’Ibrahima Sylla a atterri sur le tarmac de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar. Le lendemain, parents et amis du défunt producteur se sont réunis à son domicile familial du Parc à mazout, pour manifester leur soutien à la famille éplorée.
On pouvait noter la présence de plusieurs artistes et acteurs culturels comme Wally Timera, Manu Lima, Ismaël Lô, Yakhya Fall, Robert Lahoud, Alain Jossé, Cheikh Tidiane Tall, Ouza Diallo, Aladji Man, Aziz Coulibaly etc.
Dans la maison, l’émotion a été à son comble lorsque Manu Lima et Ismaël Lô ont fondu en larmes, l’un dans les bras de l’autre, durant plusieurs minutes. “Je suis venu de Paris pour présenter mes condoléances à la famille d’Ibrahima Sylla dont j’étais le griot. On ne peut pas payer Sylla pour tout le service qu’il a rendu à la musique africaine”, témoigne l’artiste et compositeur malien Sékou Kouyaté. Après avoir accompagné la dépouille mortelle de son mentor, Wally Timera embraie : “Sylla a réussi à faire de moi un maçon qui n’a jamais tenu de truelle.” L’on peut lire la consternation sur le visage pâle de Robert Urbanus, le patron de Sterns music qui a fait le déplacement de Londres à Dakar, pour assister aux funérailles. Vingt-sept années de collaboration le liaient à Ibrahima Sylla. Sur le même ton des témoignages, Alain Jossé, qui a longtemps managé le groupe panafricain Africando, ajoute : “Depuis l’annonce de la mort d’Ibrahima Sylla, on ne joue que ses productions sur les radios au Bénin. Manou Lima renchérit : “La mort d’Ibrahima Sylla est une grande perte pour la musique africaine.”
Dénicheur de talents d’origines diverses, Ibrahima Sylla était devenu le plus grand producteur africain dans l’Hexagone, à travers son label Syllart productions. Le coffret de ses vingt ans de production atteste l’immensité de son œuvre panafricaine. Salif Keïta, Ismaël Lô, Alpha Blondy, Oumar Pène, Baaba Maal, Kiné Lam, Coumba Gawlo Seck figurent dans la longue liste des artistes qui lui doivent leur accès sur le marché international du disque.
Après la levée du corps, à la mosquée du Parc à mazout adossée au domicile familial, le cortège funèbre a pris la direction du cimetière musulman de Yoff où repose désormais en paix l’âme d’Ibrahima Sorry Sylla.
Syllart production a perdu son âme avec le décès d’Ibrahima Sylla, disparu à la suite d’une longue maladie. L’homme était alité depuis 4 ans.
Ibrahima Sylla ne verra pas son dernier Africando sur le marché africain. L’œuvre qui est intitulée « Viva Africa » est en train d’être peaufinée par le maestro Boncana Maiga, nous a révélé Bouya Ndoye, le manager de Ismael Lo. La disparition de Ibrahima Sylla est une grosse perte pour la musique africaine et caribéenne car l’homme avait véritablement du génie. Ibrahima Sylla, c’est Africando.
Nous sommes en 1991 dans les salons de l’hôtel Téranga de Dakar, Pape Seck Serigne Dagana, précurseur de la musique salsa-mbalax, Nicolas Meinhem, Médoune Diallo et Alain Jossé un collaborateur d’Ibrahima Sylla, discutent des modalités de mise en place d’Africando. Les trois chanteurs qui avaient fait les beaux jours du Number One de Dakar et de l’orchestra Baobab, voulaient donner un nouveau souffle à leurs carrières respectives. L’idée de travailler ensemble fera son chemin et débouchera sur la création d’un fameux big band, qui offrira au Sénégal et au monde des titres d’anthologie.
Au faite de sa gloire, Africando a surfé sur les hits parades africains et européens. Plus tard, Ibrahima Sylla ouvrira le groupe à de grands noms de la musique africaine tels que Koffi Olomidé, Papa Wemba, Tabu Ley Rochereau, Salif Keita, Sékouba Bambino, Thione Seck, Gnonnas Pedro et bien d’autres. Ibrahima Sylla s’associe à Boncana Manga, arrangeur de talent et musicien hors pair. Il va chercher de grands noms de la musique salsa pour ouvrir au monde les scènes de son groupe. Et l’on revisite les plus grands succès de la rumba congolaise, en passant par les airs de Mbalax mâtinés à la sauce salsa. La richesse musicale est inégalable.
On ne reprend plus seulement, on compose… et le patrimoine de la chanson africaine est ainsi mieux valorisé. Syllart production est le label africain le plus recherché. Ibrahima Sylla est considéré comme le principal producteur de la musique africaine. « Il avait l’œil sur toute la musique », révèle Alain Jossé, interrogé par nos confrères de l’APS. Ismael Lo, pour sa part, prie pour la mémoire de son ami et témoigne : « C’était un grand cœur». Sa dernière rencontre avec Ibrahima Syla remonte au 6 décembre dernier. Malgré mon calendrier chargé, j’ai tenu à aller le voir parce que depuis 4 ans, il était malade. Les deux hommes se sont connus en 1984 et Ibrahima Sylla a produit les trois premiers albums de Iso Lo qui vivait à l’époque à Paris.
Ibrahima Sylla a beaucoup apporté à la musique sénégalaise et africaine. C’est ainsi qu’il a propulsé les plus grands noms que sont : Youssou Ndour, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck, Oumar Pène, le Baobab et Ouza. Dans la sous région, Sekouba Bambino, Salif Keïta, Nando Da Cruz, le Cabo Verde Show, ont été sur sa liste. Sylla détenait l’un des plus beaux trésors du continent : le catalogue des musiciens africains. L’homme aimait dire : « Je suis une goutte dans la mer de tous ceux qui se consacrent à l’expansion des musiques d’Afrique. Si l’on me perçoit un peu «ambassadeur» de celles-ci, c’est grâce aux collaborateurs que j’ai sur le continent. Ils me disent il y a tel artiste, tel style, tel genre musical qui commence à marcher chez nous, me suggèrent d’aller les écouter pour envisager ensuite, éventuellement, de faire quelque chose ».
«Je suis plutôt dans l’artistique que dans le financement productionnel»
Permettez-moi, depuis Madagascar, où j'ai appris la terrible nouvelle de l'exécution de Ghislaine et de Claude, de m'associer à votre peine et à votre colère. Inutile de vous dire que, depuis hier, je suis sans voix !
J'ai appris à connaître Ghislaine après notre première rencontre en 1991 à Cotonou, au Bénin. J'étais alors en reportage pour Jeune Afrique. Elle, envoyée spéciale de RFI. Nous avions fait le déplacement pour assister à l'investiture du président nouvellement élu Nicéphore Soglo, frappé d'une mystérieuse maladie, évacué sur Paris, ramené sur une civière de l'hôpital militaire parisien du Val de Grâce pour la circonstance à bord d'un avion médical français pour éviter au Bénin de connaître un vide constitutionnel.
Ghislaine, je m'en souviens, était vêtue ce jour-là d'un ensemble deux-pièces béninois en tissu Wax. Nous avions fait pour l'occasion des photos que j'ai retrouvées dans mes archives et partagées vingt ans plus tard avec elle. A la vue des photos, nous avons tous les deux éclaté de rire et conclu qu'on avait gagné, depuis, quelques rides.[...]
Après, nos chemins se sont souvent croisés, en reportage en Afrique, mais aussi à Paris. Avec son timbre de voix à nul autre pareil, Ghislaine était une bosseuse, une professionnelle canal historique, tatillonne jusqu'à l'obstination pour ce qui concerne la vérification des faits. Elle se méfiait des informations et analyses fournies clés en main et des idées reçues, avec ce que cela suppose d'entêtement, voire d'agressivité. Elle avait l'air toujours pressée, semblait ne pas connaître, comme beaucoup d'entre nous, la peur physique.
Il nous est arrivé de déjeuner dans un restaurant du quartier des Halles, au coeur de Paris. Elle me téléphonait parfois pour un échange de tuyaux ou pour confronter l'analyse. Elle écoutait, mais prenait toujours soin au finish de conserver son autonomie de pensée, comme si elle craignait de se faire manipuler. Une réaction qui honore la professionnelle qu'elle était.
Notre dernière rencontre remonte à la mi-octobre, à la veille de mon départ pour Madagascar. Je l'ai croisée alors qu'elle surgissait (ce verbe est utilisé à dessein) du bureau jumeau d'Yves Rocle et de Christophe Boisbouvier, à la rédaction de RFI, à Issy-les-Moulineaux. Nous sommes convenus de déjeuner à mon retour de la Grande Île. Un projet à jamais contrarié par les salauds qui ont ôté la vie à Ghislaine et Claude.
Francis Kpatindé est journaliste et il collabore avec la rédaction internet de RFI
Le monde de la presse est encore endeuillé avec le décès hier de l’ex-animateur de Walfadjiri, Jules Junior. L'animation radiophonique perd ainsi un talent.
Qui ne se souvient du refrain ''Killing me softly with his song'', de cette chanson du groupe Fugees rendue célèbre au Sénégal par l’animateur Souleymane Guissé alias Jules Junior ? Ce titre marquait le début de son émission ''Black label'' sur les ondes de la radio Walfadjri. L’émission vit ou survit encore mais son concepteur a tiré sa révérence hier matin.
Jules Junior était malade depuis quelques années déjà et se soignait dans la discrétion. Alité depuis trois mois, il est décédé à l’hôpital général de Grand-Yoff tôt le matin, et a été inhumé dans l’après-midi au cimetière de Pikine. Mais il y a eu du monde à la levée de corps.
Les beaux jours avec Dj Boub's
Avec Boubacar Diallo alias Dj Boub’s, ils ont fait les beaux jours de Walf Fm où il a été recruté en 1997, à l’ouverture de cette chaîne. Alors directeur de la radio, Mame Less Camara l’avait découvert au cours d’une soirée qu’il animait dans un club de Hann appelé ''Cafétéria''.
Séduit par le talent de Jules Junior, M. Camara le câble pour une sélection à Walf. Sur une trentaine de personnes, seuls Dj Boub’s et lui seront retenus. Il naîtra et se nouera une amitié et une complicité entre les deux jeunes au-delà d’un début de carrière qui s’annonça brillante. En effet, les deux animateurs deviennent si proches qu’ils partagent une même chambre et se font surnommer l'un Jean, l'autre Paul. Jules était Jean et Boub’s Paul. Itou, le fils aîné de Jules Junior porte le nom de son ami Dj Boub’s et vice-versa.
Pionnier
Outre la presse, c'est aussi le monde du hip-hop qui est endeuillé. Jules Junior est l’un des premiers animateurs à ouvrir le micro aux rappeurs. Et ''Black label'' a fait beaucoup d’émules. A la suite de cette émission, toutes les radios lancées après Walfadjri ont créé une émission hip-hop programmée à la même heure. De plus, il a permis à beaucoup de crews de la old school de faire leur promotion. Et toute la journée d'hier donc, toutes les émissions hip-hop sur la bande Fm ont rendu hommage au pionnier.
Jules Junior, c’était aussi un homme sociable, humble, généreux, mais surtout véridique. C’est ce qui est ressorti de l’essentiel des témoignages recueillis à la radio. Mais ce franc parler ne lui a pas toujours réussi. Il avait cet art de poser les questions qu’il faut et de pousser ses invités jusqu’à leurs derniers retranchements. C'était un ''label'' sûr du paysage audiovisuel sénégalais.
Dakar, 15 sept (APS) - Le docteur Jacques Fowler, ancien capitaine de l'équipe nationale de basket du Sénégal, est décédé mercredi dernier à l'âge de 73 ans, après deux jours d’hospitalisation dans une clinique dakaroise. Le défunt sera inhumé mardi prochain au cimetière de Bel-Air.
La levée du corps est prévue le même jour à 14h30 à l'Hôpital Principal de Dakar, a appris l'APS auprès de Mamadou Koumé, président de l'Association nationale de la presse sportive (ANPS). Dr Fowler exerçait comme chirurgien-dentiste dans son cabinet est situé près du Jet d’Eau, en face de la Direction de la SICAP à Dakar.
Peu de ses patients ignoraient qu’il a été un excellent basketteur, a dit Koumé. "L’homme était discret et n’évoquait pas dans ses conversations, sa brillante carrière de basketteur", a-t-il relevé.
"Dr Fowler a été un meneur de jeu remarquable qui a fait les beaux jours du DUC et de l’équipe nationale du Sénégal, dont il a été le capitaine, notamment en 1970 lors du championnat d’Afrique disputé à Alexandrie, en Egypte", a ajouté le journaliste sportif.
Selon lui, Jacques Fowler avait fait du Sénégal son pays d’adoption. Originaire de la Guinée, il était arrivé à Dakar en 1962 pour des études à l’Université, selon son ami Bouba Ndiaye, un autre basketteur venu du même pays avec lequel il a défendu les couleurs du Sénégal.
Lune Diop, sélectionneur du Sénégal, tenait coûte que coûte à avoir Fowler et son ami dans l’équipe du Sénégal. Diop parviendra à ses fins, signale le président de l'ANPS.
Les deux "ressortissants guinéens" intégrèrent la sélection et firent partie, avec les regrettés Ousmane Ndiaye et Niada, ainsi que Narou Ndiaye et Claude Constantino, de l’équipe qui remporta la médaille d’argent des premiers Jeux africains de Brazzaville (1965).
Lors de ce tournoi, le Sénégal avec Fowler, Bouba Ndiaye et Konaté s’imposa face à la Guinée. A leur retour au pays, quelques joueurs guinéens dirent que ce sont d’autres Guinéens qui les ont battus, rapporte Mamadou Koumé.
De 1962 à 1969, Fowler fut l’infatigable meneur de jeu du Dakar université club (DUC), doté d’une adresse remarquable. Bouba Ndiaye se souvient des matches serrés avec le Trésor qui regroupait les meilleurs basketteurs dakarois de l’époque et dont les scores dépassaient souvent les cent points.
Dans un ouvrage consacré au basket guinéen (Mario, le basket et moi - Editions l’Harmattan Guinée, 2013), l’auteur Alpha Leah Diallo révèle que la venue d’un club de basket sénégalais à Conakry en 1957 avait joué un rôle décisif dans le choix du Dr Fowler de jouer au basket et d’être parmi les tout meilleurs dans son pays.
Avant de venir à Dakar, Jacques Fowler avait atteint son objectif puisqu’il était l’une des vedettes de basket guinéen et évoluait dans l’équipe de Conakry 2 avec son ami Bouba Ndiaye. Après le DUC, Fowler alla poursuivre ses études en France qui étaient prioritaires avant le basket.
Il revint s’installer à Dakar comme chirurgien dentiste. "Malgré tout, le docteur Fowler est un homme qui était resté attaché viscéralement à son pays. Pour des raisons politiques, beaucoup de cadres guinéens n’ont pas su servir leur pays sous l’ère Sékou Touré", souligne Mamadou Koumé.
Dans son ouvrage, Alpha Leah Diallo résume assez bien la carrière de basketteur Jacques Fowler et sa vie au Sénégal, à l'instar de son ami Bouba Ndiaye: "Ils ont pu s’exprimer librement au sein de l’équipe nationale du Sénégal, c’est que le pays d’accueil leur offrait le cadre et l’environnement requis pour montrer leur talent et démontrer une fois de plus (…) sa tradition de pays d’accueil pour tous les Africains, d’où qu’ils viennent en général, de la Guinée en particulier".
Par Mamadou Oumar Ndiaye
Assane Diagne, la mort d’un génie et bâtisseur profondément ancré dans son terroir
Du temps de la Révolution culturelle chinoise, on parlait des « rouges », c’est-à-dire les militants du Parti Communiste Chinois (PCC), par opposition aux « experts », une catégorie qui correspondait, en gros, à celle des technocrates d’aujourd’hui. Naturellement, les premiers, sous la houlette du Grand timonier, Mao-Tse Toung (ou Mao Ze Dong) n’avaient que mépris pour les seconds qui avaient le savoir, certes, mais présentaient le défaut rédhibitoire de ne pas être des adhérents du PCC ou, en tout cas, de ne pas être éclairés par la pensée lumineuse du camarade Mao ! D’affreux petits-bourgeois en somme.
De Assane Diagne, qui vient d’être brutalement arraché à l’affection des siens, ont peut dire qu’il était tout cela à la fois puisque « rouge », il l’était à travers son engagement politique sans faille dans le mouvement marxiste sénégalais puis de la social-démocratie. Quant à être « expert », on pouvait difficilement trouver un homme aussi brillant, aussi diplômé et maîtrisant à ce point son sujet !
Assane Diagne fut en effet un membre fondateur de la Ligue Démocratique / Mouvement pour le Parti du Travail (LD/MPT) dont il siégea dans les plus hautes instances après avoir été un membre particulièrement actif du MEEPAI (Mouvement des Elèves et Etudiants du Parti Africain de l’Indépendance) et un dirigeant de premier plan de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France). Plus tard, il a fait partie des intellectuels marxistes ou trotskistes qui ont rejoint le Parti Socialiste lorsque le vieux parti senghorien entreprit sa Refondation.
Parmi ceux-là, on peut citer Abdourahim Agne, feu le professeur Babacar Sine et même, à un moment donné, l’avocat Ely Ousmane Sarr, voire le cinéaste Cheikh Ngaïdo Bâ. Ou encore Mamadou Seck, qui passa ensuite dans le camp des libéraux avant de devenir président de l’Assemblée nationale après une brève carrière ministérielle. Personnage entier, ne sachant pas faire dans la demi-mesure, Assane fut sans doute l’un de ces ex-gauchistes qui s’engagea le plus résolument et apporta la plus éclatante contribution à la mise en œuvre de la Refondation.
Surtout, plutôt que de se contenter de siéger au comité central ou au bureau politique, voire de théoriser au sein des instances de cadres du PS comme le GER (Groupe d’Etudes et de Réflexions), lui, il avait choisi de se constituer une base, de prouver sa représentativité au niveau des instances inférieures et de gagner sa propre légitimité. C’est dans le département de Bambey, dans la région de Diourbel, qu’il est allé se constituer cette base au milieu de ses parents Baol-Baol.
On aurait pu croire que l’intellectuel occidentalisé bardé de diplômes et ex-militant de parti d’avant-garde qu’il était aurait du mal à s’implanter dans ce milieu rural dont il était, il est vrai, issu. C’était mal connaître Assane Diagne. Redevenant le Baol-Baol qu’il n’avait jamais cessé d’être malgré les longues années passées en France, et évoluant comme un poisson dans l’eau, il a su convaincre les habitants de cette contrée d’adhérer à sa cause. Surtout qu’il avait multiplié les réalisations sociales au profit de son terroir.
Postes de santé, écoles, puits, murs de cimetières construits par Assane Diagne ne se comptaient plus. Sans oublier l’électrification de villages, la contribution à toutes les cérémonies sociales ou religieuses, les élèves et étudiants dont il prenait en charge les études… Bref, Assane était une sécurité sociale ambulante. Il n’était véritablement dans son élément que dans le Baol, au milieu de ses parents. Il fallait le voir à Baba Garage, village qu’il avait doté de toutes les commodités d’une ville, et dont il avait fait la place forte de son expansion politique. Plusieurs fois, il a invité le Bureau politique du Parti Socialiste en ses terres et plusieurs fois il y avait convoyé des journalistes auxquels il tenait à faire découvrir son « pays ».
Bref, Assane était à ce point ancré dans ce terroir qu’il était devenu incontournable — voire indéboulonnable — dans le département de Bambey. Et bien qu’il militait dans le département, c’est-à-dire dans la zone rurale, son influence s’étendait jusque dans la commune. Intellectuel organique (au sens gramscien du terme) brillant, Assane Diagne avait su conquérir les masses et se faire adopter par elles.
Par la suite, au lendemain de la première Alternance survenue en 2000, il avait adhéré au Parti démocratique sénégalais (PDS). Hélas, il n’y obtiendra pas des responsabilités à la mesure de son immense talent, de sa haute expertise et de son importante base politique. Il fut néanmoins appelé par le président Abdoulaye Wade à son cabinet de la présidence de la République dont il voulait d’ailleurs lui confier la direction, à ce qu’on dit.
Toujours est-il que, faisant de l’ombre à certains responsables libéraux au Château, il fut poussé dehors avant de se voir tout de même confier le portefeuille de l’Urbanisme au sein du gouvernement. A peine avait-il eu le temps d’y prendre ses marques qu’il était limogé sans élégance aucune. Elu député à l’Assemblée nationale et se tournant les pouces Place Sowéto, l’enfant de Baba Garage a préféré, avec beaucoup de dignité et de courage, rendre le tablier. Par la suite, même si, durant la dernière élection présidentielle, il avait mené quelques activités, Assane avait surtout pris du recul, apparaissant rarement dans les cérémonies, jusqu’à son décès brutal survenu l’autre samedi… Cela, c’était pour le côté « rouge » de Assane.
Quant à son côté « expert », il était tout simplement époustouflant. Un peu comme feu Sémou Pathé Guèye avec qui d’ailleurs il partagea un cheminement scolaire et universitaire à peu près semblable, Assane était tout simplement un génie. Matheux hors pair, il a écrasé tous ses condisciples du lycée Malick Sy de Thiès et raflé les grands prix avant d’aller poursuivre de brillantes études supérieures en France.
Ce tout en menant de pair ses activités politiques et syndicales. Pour avoir une idée du parcours professionnel d’Assane Diagne, qu’il suffise seulement de reproduire ce qu’en mentionne son ami El Hadj Khaly Tall, journaliste retraité du « Soleil » dans l’avis de décès qu’il a publié à l’occasion de sa disparition. On y lit en effet qu’Assane fut « maître en mathématiques, ingénieur en génie civil, architecte Dplg (France), docteur en géotechnique terrestre, ancien directeur technique de la Soned-Afrique, ancien directeur du projet des Parcelles Assainies, ancien Directeur de la Construction et de l’Habitat (DCH), ancien Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture, ancien président de l’ordre des Architectes du Sénégal, ancien directeur général de la Sicap, ancien ministre-conseiller à la présidence de la République, ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, ancien député du Sénégal ». Bref, on le voit, la relativement courte vie d’Assane Diagne a été utilement et très bien remplie.
Il convient d’ajouter que le défunt a marqué d’une pierre blanche son passage à la tête de la Sicap en initiant plusieurs programmes dont ceux des Sicap Sacré-Cœur III. C’est aussi lui qui a construit le centre commercial ultramoderne du Plateau, le premier à avoir été doté d’un escalator dans notre pays et même dans la sous-région. Toutes ces réalisations ont été faites à la suite d’un passage à vide au cours duquel la société nationale n’arrivait plus à construire des maisons. C’est sous Assane Diagne que la Sicap avait connu un nouveau départ. Et pourtant, il avait été nommé juste pour préparer la privatisation de la Sicap !
Ayant compris l’importance stratégique de cette société immobilière et, surtout, son rôle social incontestable, il avait su manœuvrer de sorte à la sauver d’une vente au privé. C’est justement à ce moment-là, quand il luttait pour soustraire la Sicap des griffes d’ogres du privé, que nous avions fait la connaissance d’Assane Diagne. S’étaient créés par la suite des liens de grande amitié entre cet homme et plusieurs journalistes du « Témoin » dont, justement, Malick Ba qui devint plus tard son conseiller en communication lorsqu’il fut nommé à la tête du ministère de l’Urbanisme.
Le Témoin se plait donc à rendre hommage à ce brillant cadre, ce bâtisseur de renom qui aura laissé une empreinte indélébile dans la politique d’urbanisation du Sénégal, ce responsable politique proche des populations déshéritées et qui a su faire corps avec son peuple, cet ami généreux qui a toujours été prodigue en publicité pour les journaux sénégalais. Surtout, nous pleurons cet homme sympathique et profondément humain.
A sa famille, nous présentons nos condoléances attristées. Que la terre de Walo Keur Massamba Niang, à quelques encablures de Baba Garage, où il repose désormais, lui soit légère. Adieu, Assane !
It is with great sadness that The Board of Directors and members of The Foundation for Democracy in Africa (FDA), announce the passing of Dr. Sarah E. Moten, Board Member and 2008 recipient of FDA's highest honor -"The Medal of Glory Award."
FDA Pays Tribute to One of Africa's Greatest Champions
Sarah's career in development spanned more than four decades during which she served as Chief, Africa Bureau, Office of Sustainable Development, Education Division, United States Agency for International Development (USAID); Director, Peace Corp in Africa; Deputy Assistant Secretary for Refugee and Humanitarian Affairs; and Coordinator, Education Democracy Development Initiative (EDDI) for Africa - an inter-agency initiative under Presidents Bill Clinton and George W. Bush. Most recently she served on the George W. Bush Institute, Women's Initiative Policy Advisory Council.
Sarah will be forever remembered for her personal commitment to Africa's development needs and a unique sensitivity to the educational needs of women and girls.
Funeral Services
Saturday, July 20, 2013
Carolina Missionary Baptist Church
9901 Allentown, Road
Fort Washington, Maryland 20744
Visitation will take place from 9:30 -11:30 am
Service to follow from 12:30-3:30 pm
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In lieu of flowers, the family will establish a Girl's Scholarship to continue the legacy that Dr. Moten worked so tirelessly for during her career.
We offer our heartfelt sympathy to Dr. Moten's family, colleagues and the people of America and Africa who she diligently served.