Décédé le 30 décembre 2013 à Paris des suites d’une longue maladie, Ibrahima Sorry Sylla a rejoint sa dernière demeure samedi dernier au cimetière musulman de Yoff. Plusieurs artistes sont venus rendre un ultime hommage au producteur du continent.
C’est tard dans la nuit du vendredi 03 janvier 2014 que l’avion transportant dans sa soute à bagages la dépouille mortelle d’Ibrahima Sylla a atterri sur le tarmac de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar. Le lendemain, parents et amis du défunt producteur se sont réunis à son domicile familial du Parc à mazout, pour manifester leur soutien à la famille éplorée.
On pouvait noter la présence de plusieurs artistes et acteurs culturels comme Wally Timera, Manu Lima, Ismaël Lô, Yakhya Fall, Robert Lahoud, Alain Jossé, Cheikh Tidiane Tall, Ouza Diallo, Aladji Man, Aziz Coulibaly etc.
Dans la maison, l’émotion a été à son comble lorsque Manu Lima et Ismaël Lô ont fondu en larmes, l’un dans les bras de l’autre, durant plusieurs minutes. “Je suis venu de Paris pour présenter mes condoléances à la famille d’Ibrahima Sylla dont j’étais le griot. On ne peut pas payer Sylla pour tout le service qu’il a rendu à la musique africaine”, témoigne l’artiste et compositeur malien Sékou Kouyaté. Après avoir accompagné la dépouille mortelle de son mentor, Wally Timera embraie : “Sylla a réussi à faire de moi un maçon qui n’a jamais tenu de truelle.” L’on peut lire la consternation sur le visage pâle de Robert Urbanus, le patron de Sterns music qui a fait le déplacement de Londres à Dakar, pour assister aux funérailles. Vingt-sept années de collaboration le liaient à Ibrahima Sylla. Sur le même ton des témoignages, Alain Jossé, qui a longtemps managé le groupe panafricain Africando, ajoute : “Depuis l’annonce de la mort d’Ibrahima Sylla, on ne joue que ses productions sur les radios au Bénin. Manou Lima renchérit : “La mort d’Ibrahima Sylla est une grande perte pour la musique africaine.”
Dénicheur de talents d’origines diverses, Ibrahima Sylla était devenu le plus grand producteur africain dans l’Hexagone, à travers son label Syllart productions. Le coffret de ses vingt ans de production atteste l’immensité de son œuvre panafricaine. Salif Keïta, Ismaël Lô, Alpha Blondy, Oumar Pène, Baaba Maal, Kiné Lam, Coumba Gawlo Seck figurent dans la longue liste des artistes qui lui doivent leur accès sur le marché international du disque.
Après la levée du corps, à la mosquée du Parc à mazout adossée au domicile familial, le cortège funèbre a pris la direction du cimetière musulman de Yoff où repose désormais en paix l’âme d’Ibrahima Sorry Sylla.
Syllart production a perdu son âme avec le décès d’Ibrahima Sylla, disparu à la suite d’une longue maladie. L’homme était alité depuis 4 ans.
Ibrahima Sylla ne verra pas son dernier Africando sur le marché africain. L’œuvre qui est intitulée « Viva Africa » est en train d’être peaufinée par le maestro Boncana Maiga, nous a révélé Bouya Ndoye, le manager de Ismael Lo. La disparition de Ibrahima Sylla est une grosse perte pour la musique africaine et caribéenne car l’homme avait véritablement du génie. Ibrahima Sylla, c’est Africando.
Nous sommes en 1991 dans les salons de l’hôtel Téranga de Dakar, Pape Seck Serigne Dagana, précurseur de la musique salsa-mbalax, Nicolas Meinhem, Médoune Diallo et Alain Jossé un collaborateur d’Ibrahima Sylla, discutent des modalités de mise en place d’Africando. Les trois chanteurs qui avaient fait les beaux jours du Number One de Dakar et de l’orchestra Baobab, voulaient donner un nouveau souffle à leurs carrières respectives. L’idée de travailler ensemble fera son chemin et débouchera sur la création d’un fameux big band, qui offrira au Sénégal et au monde des titres d’anthologie.
Au faite de sa gloire, Africando a surfé sur les hits parades africains et européens. Plus tard, Ibrahima Sylla ouvrira le groupe à de grands noms de la musique africaine tels que Koffi Olomidé, Papa Wemba, Tabu Ley Rochereau, Salif Keita, Sékouba Bambino, Thione Seck, Gnonnas Pedro et bien d’autres. Ibrahima Sylla s’associe à Boncana Manga, arrangeur de talent et musicien hors pair. Il va chercher de grands noms de la musique salsa pour ouvrir au monde les scènes de son groupe. Et l’on revisite les plus grands succès de la rumba congolaise, en passant par les airs de Mbalax mâtinés à la sauce salsa. La richesse musicale est inégalable.
On ne reprend plus seulement, on compose… et le patrimoine de la chanson africaine est ainsi mieux valorisé. Syllart production est le label africain le plus recherché. Ibrahima Sylla est considéré comme le principal producteur de la musique africaine. « Il avait l’œil sur toute la musique », révèle Alain Jossé, interrogé par nos confrères de l’APS. Ismael Lo, pour sa part, prie pour la mémoire de son ami et témoigne : « C’était un grand cœur». Sa dernière rencontre avec Ibrahima Syla remonte au 6 décembre dernier. Malgré mon calendrier chargé, j’ai tenu à aller le voir parce que depuis 4 ans, il était malade. Les deux hommes se sont connus en 1984 et Ibrahima Sylla a produit les trois premiers albums de Iso Lo qui vivait à l’époque à Paris.
Ibrahima Sylla a beaucoup apporté à la musique sénégalaise et africaine. C’est ainsi qu’il a propulsé les plus grands noms que sont : Youssou Ndour, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck, Oumar Pène, le Baobab et Ouza. Dans la sous région, Sekouba Bambino, Salif Keïta, Nando Da Cruz, le Cabo Verde Show, ont été sur sa liste. Sylla détenait l’un des plus beaux trésors du continent : le catalogue des musiciens africains. L’homme aimait dire : « Je suis une goutte dans la mer de tous ceux qui se consacrent à l’expansion des musiques d’Afrique. Si l’on me perçoit un peu «ambassadeur» de celles-ci, c’est grâce aux collaborateurs que j’ai sur le continent. Ils me disent il y a tel artiste, tel style, tel genre musical qui commence à marcher chez nous, me suggèrent d’aller les écouter pour envisager ensuite, éventuellement, de faire quelque chose ».
«Je suis plutôt dans l’artistique que dans le financement productionnel»
Permettez-moi, depuis Madagascar, où j'ai appris la terrible nouvelle de l'exécution de Ghislaine et de Claude, de m'associer à votre peine et à votre colère. Inutile de vous dire que, depuis hier, je suis sans voix !
J'ai appris à connaître Ghislaine après notre première rencontre en 1991 à Cotonou, au Bénin. J'étais alors en reportage pour Jeune Afrique. Elle, envoyée spéciale de RFI. Nous avions fait le déplacement pour assister à l'investiture du président nouvellement élu Nicéphore Soglo, frappé d'une mystérieuse maladie, évacué sur Paris, ramené sur une civière de l'hôpital militaire parisien du Val de Grâce pour la circonstance à bord d'un avion médical français pour éviter au Bénin de connaître un vide constitutionnel.
Ghislaine, je m'en souviens, était vêtue ce jour-là d'un ensemble deux-pièces béninois en tissu Wax. Nous avions fait pour l'occasion des photos que j'ai retrouvées dans mes archives et partagées vingt ans plus tard avec elle. A la vue des photos, nous avons tous les deux éclaté de rire et conclu qu'on avait gagné, depuis, quelques rides.[...]
Après, nos chemins se sont souvent croisés, en reportage en Afrique, mais aussi à Paris. Avec son timbre de voix à nul autre pareil, Ghislaine était une bosseuse, une professionnelle canal historique, tatillonne jusqu'à l'obstination pour ce qui concerne la vérification des faits. Elle se méfiait des informations et analyses fournies clés en main et des idées reçues, avec ce que cela suppose d'entêtement, voire d'agressivité. Elle avait l'air toujours pressée, semblait ne pas connaître, comme beaucoup d'entre nous, la peur physique.
Il nous est arrivé de déjeuner dans un restaurant du quartier des Halles, au coeur de Paris. Elle me téléphonait parfois pour un échange de tuyaux ou pour confronter l'analyse. Elle écoutait, mais prenait toujours soin au finish de conserver son autonomie de pensée, comme si elle craignait de se faire manipuler. Une réaction qui honore la professionnelle qu'elle était.
Notre dernière rencontre remonte à la mi-octobre, à la veille de mon départ pour Madagascar. Je l'ai croisée alors qu'elle surgissait (ce verbe est utilisé à dessein) du bureau jumeau d'Yves Rocle et de Christophe Boisbouvier, à la rédaction de RFI, à Issy-les-Moulineaux. Nous sommes convenus de déjeuner à mon retour de la Grande Île. Un projet à jamais contrarié par les salauds qui ont ôté la vie à Ghislaine et Claude.
Francis Kpatindé est journaliste et il collabore avec la rédaction internet de RFI
Le monde de la presse est encore endeuillé avec le décès hier de l’ex-animateur de Walfadjiri, Jules Junior. L'animation radiophonique perd ainsi un talent.
Qui ne se souvient du refrain ''Killing me softly with his song'', de cette chanson du groupe Fugees rendue célèbre au Sénégal par l’animateur Souleymane Guissé alias Jules Junior ? Ce titre marquait le début de son émission ''Black label'' sur les ondes de la radio Walfadjri. L’émission vit ou survit encore mais son concepteur a tiré sa révérence hier matin.
Jules Junior était malade depuis quelques années déjà et se soignait dans la discrétion. Alité depuis trois mois, il est décédé à l’hôpital général de Grand-Yoff tôt le matin, et a été inhumé dans l’après-midi au cimetière de Pikine. Mais il y a eu du monde à la levée de corps.
Les beaux jours avec Dj Boub's
Avec Boubacar Diallo alias Dj Boub’s, ils ont fait les beaux jours de Walf Fm où il a été recruté en 1997, à l’ouverture de cette chaîne. Alors directeur de la radio, Mame Less Camara l’avait découvert au cours d’une soirée qu’il animait dans un club de Hann appelé ''Cafétéria''.
Séduit par le talent de Jules Junior, M. Camara le câble pour une sélection à Walf. Sur une trentaine de personnes, seuls Dj Boub’s et lui seront retenus. Il naîtra et se nouera une amitié et une complicité entre les deux jeunes au-delà d’un début de carrière qui s’annonça brillante. En effet, les deux animateurs deviennent si proches qu’ils partagent une même chambre et se font surnommer l'un Jean, l'autre Paul. Jules était Jean et Boub’s Paul. Itou, le fils aîné de Jules Junior porte le nom de son ami Dj Boub’s et vice-versa.
Pionnier
Outre la presse, c'est aussi le monde du hip-hop qui est endeuillé. Jules Junior est l’un des premiers animateurs à ouvrir le micro aux rappeurs. Et ''Black label'' a fait beaucoup d’émules. A la suite de cette émission, toutes les radios lancées après Walfadjri ont créé une émission hip-hop programmée à la même heure. De plus, il a permis à beaucoup de crews de la old school de faire leur promotion. Et toute la journée d'hier donc, toutes les émissions hip-hop sur la bande Fm ont rendu hommage au pionnier.
Jules Junior, c’était aussi un homme sociable, humble, généreux, mais surtout véridique. C’est ce qui est ressorti de l’essentiel des témoignages recueillis à la radio. Mais ce franc parler ne lui a pas toujours réussi. Il avait cet art de poser les questions qu’il faut et de pousser ses invités jusqu’à leurs derniers retranchements. C'était un ''label'' sûr du paysage audiovisuel sénégalais.
Dakar, 15 sept (APS) - Le docteur Jacques Fowler, ancien capitaine de l'équipe nationale de basket du Sénégal, est décédé mercredi dernier à l'âge de 73 ans, après deux jours d’hospitalisation dans une clinique dakaroise. Le défunt sera inhumé mardi prochain au cimetière de Bel-Air.
La levée du corps est prévue le même jour à 14h30 à l'Hôpital Principal de Dakar, a appris l'APS auprès de Mamadou Koumé, président de l'Association nationale de la presse sportive (ANPS). Dr Fowler exerçait comme chirurgien-dentiste dans son cabinet est situé près du Jet d’Eau, en face de la Direction de la SICAP à Dakar.
Peu de ses patients ignoraient qu’il a été un excellent basketteur, a dit Koumé. "L’homme était discret et n’évoquait pas dans ses conversations, sa brillante carrière de basketteur", a-t-il relevé.
"Dr Fowler a été un meneur de jeu remarquable qui a fait les beaux jours du DUC et de l’équipe nationale du Sénégal, dont il a été le capitaine, notamment en 1970 lors du championnat d’Afrique disputé à Alexandrie, en Egypte", a ajouté le journaliste sportif.
Selon lui, Jacques Fowler avait fait du Sénégal son pays d’adoption. Originaire de la Guinée, il était arrivé à Dakar en 1962 pour des études à l’Université, selon son ami Bouba Ndiaye, un autre basketteur venu du même pays avec lequel il a défendu les couleurs du Sénégal.
Lune Diop, sélectionneur du Sénégal, tenait coûte que coûte à avoir Fowler et son ami dans l’équipe du Sénégal. Diop parviendra à ses fins, signale le président de l'ANPS.
Les deux "ressortissants guinéens" intégrèrent la sélection et firent partie, avec les regrettés Ousmane Ndiaye et Niada, ainsi que Narou Ndiaye et Claude Constantino, de l’équipe qui remporta la médaille d’argent des premiers Jeux africains de Brazzaville (1965).
Lors de ce tournoi, le Sénégal avec Fowler, Bouba Ndiaye et Konaté s’imposa face à la Guinée. A leur retour au pays, quelques joueurs guinéens dirent que ce sont d’autres Guinéens qui les ont battus, rapporte Mamadou Koumé.
De 1962 à 1969, Fowler fut l’infatigable meneur de jeu du Dakar université club (DUC), doté d’une adresse remarquable. Bouba Ndiaye se souvient des matches serrés avec le Trésor qui regroupait les meilleurs basketteurs dakarois de l’époque et dont les scores dépassaient souvent les cent points.
Dans un ouvrage consacré au basket guinéen (Mario, le basket et moi - Editions l’Harmattan Guinée, 2013), l’auteur Alpha Leah Diallo révèle que la venue d’un club de basket sénégalais à Conakry en 1957 avait joué un rôle décisif dans le choix du Dr Fowler de jouer au basket et d’être parmi les tout meilleurs dans son pays.
Avant de venir à Dakar, Jacques Fowler avait atteint son objectif puisqu’il était l’une des vedettes de basket guinéen et évoluait dans l’équipe de Conakry 2 avec son ami Bouba Ndiaye. Après le DUC, Fowler alla poursuivre ses études en France qui étaient prioritaires avant le basket.
Il revint s’installer à Dakar comme chirurgien dentiste. "Malgré tout, le docteur Fowler est un homme qui était resté attaché viscéralement à son pays. Pour des raisons politiques, beaucoup de cadres guinéens n’ont pas su servir leur pays sous l’ère Sékou Touré", souligne Mamadou Koumé.
Dans son ouvrage, Alpha Leah Diallo résume assez bien la carrière de basketteur Jacques Fowler et sa vie au Sénégal, à l'instar de son ami Bouba Ndiaye: "Ils ont pu s’exprimer librement au sein de l’équipe nationale du Sénégal, c’est que le pays d’accueil leur offrait le cadre et l’environnement requis pour montrer leur talent et démontrer une fois de plus (…) sa tradition de pays d’accueil pour tous les Africains, d’où qu’ils viennent en général, de la Guinée en particulier".
Par Mamadou Oumar Ndiaye
Assane Diagne, la mort d’un génie et bâtisseur profondément ancré dans son terroir
Du temps de la Révolution culturelle chinoise, on parlait des « rouges », c’est-à-dire les militants du Parti Communiste Chinois (PCC), par opposition aux « experts », une catégorie qui correspondait, en gros, à celle des technocrates d’aujourd’hui. Naturellement, les premiers, sous la houlette du Grand timonier, Mao-Tse Toung (ou Mao Ze Dong) n’avaient que mépris pour les seconds qui avaient le savoir, certes, mais présentaient le défaut rédhibitoire de ne pas être des adhérents du PCC ou, en tout cas, de ne pas être éclairés par la pensée lumineuse du camarade Mao ! D’affreux petits-bourgeois en somme.
De Assane Diagne, qui vient d’être brutalement arraché à l’affection des siens, ont peut dire qu’il était tout cela à la fois puisque « rouge », il l’était à travers son engagement politique sans faille dans le mouvement marxiste sénégalais puis de la social-démocratie. Quant à être « expert », on pouvait difficilement trouver un homme aussi brillant, aussi diplômé et maîtrisant à ce point son sujet !
Assane Diagne fut en effet un membre fondateur de la Ligue Démocratique / Mouvement pour le Parti du Travail (LD/MPT) dont il siégea dans les plus hautes instances après avoir été un membre particulièrement actif du MEEPAI (Mouvement des Elèves et Etudiants du Parti Africain de l’Indépendance) et un dirigeant de premier plan de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France). Plus tard, il a fait partie des intellectuels marxistes ou trotskistes qui ont rejoint le Parti Socialiste lorsque le vieux parti senghorien entreprit sa Refondation.
Parmi ceux-là, on peut citer Abdourahim Agne, feu le professeur Babacar Sine et même, à un moment donné, l’avocat Ely Ousmane Sarr, voire le cinéaste Cheikh Ngaïdo Bâ. Ou encore Mamadou Seck, qui passa ensuite dans le camp des libéraux avant de devenir président de l’Assemblée nationale après une brève carrière ministérielle. Personnage entier, ne sachant pas faire dans la demi-mesure, Assane fut sans doute l’un de ces ex-gauchistes qui s’engagea le plus résolument et apporta la plus éclatante contribution à la mise en œuvre de la Refondation.
Surtout, plutôt que de se contenter de siéger au comité central ou au bureau politique, voire de théoriser au sein des instances de cadres du PS comme le GER (Groupe d’Etudes et de Réflexions), lui, il avait choisi de se constituer une base, de prouver sa représentativité au niveau des instances inférieures et de gagner sa propre légitimité. C’est dans le département de Bambey, dans la région de Diourbel, qu’il est allé se constituer cette base au milieu de ses parents Baol-Baol.
On aurait pu croire que l’intellectuel occidentalisé bardé de diplômes et ex-militant de parti d’avant-garde qu’il était aurait du mal à s’implanter dans ce milieu rural dont il était, il est vrai, issu. C’était mal connaître Assane Diagne. Redevenant le Baol-Baol qu’il n’avait jamais cessé d’être malgré les longues années passées en France, et évoluant comme un poisson dans l’eau, il a su convaincre les habitants de cette contrée d’adhérer à sa cause. Surtout qu’il avait multiplié les réalisations sociales au profit de son terroir.
Postes de santé, écoles, puits, murs de cimetières construits par Assane Diagne ne se comptaient plus. Sans oublier l’électrification de villages, la contribution à toutes les cérémonies sociales ou religieuses, les élèves et étudiants dont il prenait en charge les études… Bref, Assane était une sécurité sociale ambulante. Il n’était véritablement dans son élément que dans le Baol, au milieu de ses parents. Il fallait le voir à Baba Garage, village qu’il avait doté de toutes les commodités d’une ville, et dont il avait fait la place forte de son expansion politique. Plusieurs fois, il a invité le Bureau politique du Parti Socialiste en ses terres et plusieurs fois il y avait convoyé des journalistes auxquels il tenait à faire découvrir son « pays ».
Bref, Assane était à ce point ancré dans ce terroir qu’il était devenu incontournable — voire indéboulonnable — dans le département de Bambey. Et bien qu’il militait dans le département, c’est-à-dire dans la zone rurale, son influence s’étendait jusque dans la commune. Intellectuel organique (au sens gramscien du terme) brillant, Assane Diagne avait su conquérir les masses et se faire adopter par elles.
Par la suite, au lendemain de la première Alternance survenue en 2000, il avait adhéré au Parti démocratique sénégalais (PDS). Hélas, il n’y obtiendra pas des responsabilités à la mesure de son immense talent, de sa haute expertise et de son importante base politique. Il fut néanmoins appelé par le président Abdoulaye Wade à son cabinet de la présidence de la République dont il voulait d’ailleurs lui confier la direction, à ce qu’on dit.
Toujours est-il que, faisant de l’ombre à certains responsables libéraux au Château, il fut poussé dehors avant de se voir tout de même confier le portefeuille de l’Urbanisme au sein du gouvernement. A peine avait-il eu le temps d’y prendre ses marques qu’il était limogé sans élégance aucune. Elu député à l’Assemblée nationale et se tournant les pouces Place Sowéto, l’enfant de Baba Garage a préféré, avec beaucoup de dignité et de courage, rendre le tablier. Par la suite, même si, durant la dernière élection présidentielle, il avait mené quelques activités, Assane avait surtout pris du recul, apparaissant rarement dans les cérémonies, jusqu’à son décès brutal survenu l’autre samedi… Cela, c’était pour le côté « rouge » de Assane.
Quant à son côté « expert », il était tout simplement époustouflant. Un peu comme feu Sémou Pathé Guèye avec qui d’ailleurs il partagea un cheminement scolaire et universitaire à peu près semblable, Assane était tout simplement un génie. Matheux hors pair, il a écrasé tous ses condisciples du lycée Malick Sy de Thiès et raflé les grands prix avant d’aller poursuivre de brillantes études supérieures en France.
Ce tout en menant de pair ses activités politiques et syndicales. Pour avoir une idée du parcours professionnel d’Assane Diagne, qu’il suffise seulement de reproduire ce qu’en mentionne son ami El Hadj Khaly Tall, journaliste retraité du « Soleil » dans l’avis de décès qu’il a publié à l’occasion de sa disparition. On y lit en effet qu’Assane fut « maître en mathématiques, ingénieur en génie civil, architecte Dplg (France), docteur en géotechnique terrestre, ancien directeur technique de la Soned-Afrique, ancien directeur du projet des Parcelles Assainies, ancien Directeur de la Construction et de l’Habitat (DCH), ancien Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture, ancien président de l’ordre des Architectes du Sénégal, ancien directeur général de la Sicap, ancien ministre-conseiller à la présidence de la République, ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, ancien député du Sénégal ». Bref, on le voit, la relativement courte vie d’Assane Diagne a été utilement et très bien remplie.
Il convient d’ajouter que le défunt a marqué d’une pierre blanche son passage à la tête de la Sicap en initiant plusieurs programmes dont ceux des Sicap Sacré-Cœur III. C’est aussi lui qui a construit le centre commercial ultramoderne du Plateau, le premier à avoir été doté d’un escalator dans notre pays et même dans la sous-région. Toutes ces réalisations ont été faites à la suite d’un passage à vide au cours duquel la société nationale n’arrivait plus à construire des maisons. C’est sous Assane Diagne que la Sicap avait connu un nouveau départ. Et pourtant, il avait été nommé juste pour préparer la privatisation de la Sicap !
Ayant compris l’importance stratégique de cette société immobilière et, surtout, son rôle social incontestable, il avait su manœuvrer de sorte à la sauver d’une vente au privé. C’est justement à ce moment-là, quand il luttait pour soustraire la Sicap des griffes d’ogres du privé, que nous avions fait la connaissance d’Assane Diagne. S’étaient créés par la suite des liens de grande amitié entre cet homme et plusieurs journalistes du « Témoin » dont, justement, Malick Ba qui devint plus tard son conseiller en communication lorsqu’il fut nommé à la tête du ministère de l’Urbanisme.
Le Témoin se plait donc à rendre hommage à ce brillant cadre, ce bâtisseur de renom qui aura laissé une empreinte indélébile dans la politique d’urbanisation du Sénégal, ce responsable politique proche des populations déshéritées et qui a su faire corps avec son peuple, cet ami généreux qui a toujours été prodigue en publicité pour les journaux sénégalais. Surtout, nous pleurons cet homme sympathique et profondément humain.
A sa famille, nous présentons nos condoléances attristées. Que la terre de Walo Keur Massamba Niang, à quelques encablures de Baba Garage, où il repose désormais, lui soit légère. Adieu, Assane !
It is with great sadness that The Board of Directors and members of The Foundation for Democracy in Africa (FDA), announce the passing of Dr. Sarah E. Moten, Board Member and 2008 recipient of FDA's highest honor -"The Medal of Glory Award."
FDA Pays Tribute to One of Africa's Greatest Champions
Sarah's career in development spanned more than four decades during which she served as Chief, Africa Bureau, Office of Sustainable Development, Education Division, United States Agency for International Development (USAID); Director, Peace Corp in Africa; Deputy Assistant Secretary for Refugee and Humanitarian Affairs; and Coordinator, Education Democracy Development Initiative (EDDI) for Africa - an inter-agency initiative under Presidents Bill Clinton and George W. Bush. Most recently she served on the George W. Bush Institute, Women's Initiative Policy Advisory Council.
Sarah will be forever remembered for her personal commitment to Africa's development needs and a unique sensitivity to the educational needs of women and girls.
Funeral Services
Saturday, July 20, 2013
Carolina Missionary Baptist Church
9901 Allentown, Road
Fort Washington, Maryland 20744
Visitation will take place from 9:30 -11:30 am
Service to follow from 12:30-3:30 pm
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In lieu of flowers, the family will establish a Girl's Scholarship to continue the legacy that Dr. Moten worked so tirelessly for during her career.
We offer our heartfelt sympathy to Dr. Moten's family, colleagues and the people of America and Africa who she diligently served.
«Ne vous inquiétez pas, je serais là pour vous recueillir. Je ne suis pas le Démon que vous croyez. Et votre vie n'a de sens que grâce à moi. Pour moi le milliardaire et le misérable se valent. Je vous donnerais tous la main quand votre heure aura sonné. Je ne suis ni l'Ange diabolique ni l'Ange maudit. Je suis simplement l'Ange de la Mort. L'Ange qui vient vous dire que tout est fini».
Ce jour-là, tu marchais sur un fil fragile malgré ta solide carrure qui, soudain, disparut dans les ténèbres, laissant derrière, un sillon de larmes, regrets et désolations incrédules.
Depuis, chaque jour est souffrance et le courage se puise à la force… de cette souffrance.
La saison des pluies est de retour et on te devine juché dans les hautes branches des arbres dans la posture de Rodin, ou assis sous les caïlcédrats et les manguiers longeant les rues et les chemins de nos villes et campagnes en te demandant : « Qu’allons-nous dire aux sénégalais, aujourd’hui… », avec cet esprit qui va trop vite, plus vite que le clavier que tu « martyrisais » comme subitement pris d’une écholalie.
Ceux qui témoignent et qui lèguent à la postérité pourvu qu’ils s’adressent à notre intelligence, éclairent notre vie et nous montrent le chemin du progrès et de la prospérité. Le journaliste ou l’écrivain n’exerce pas seulement un métier, il le vit et celui-ci est sa religion. Il croit en ce qu’il écrit et prend garde de n’écrire que ce en quoi il croit et ressent pleinement. Il ne recherche que l’expression de la vérité et la livre sans craindre personne hormis l’erreur, l’injustice et sa propre conscience. Sa plume inspire et guide. Ce journaliste ou cet écrivain-là est d’ordinaire d’un courage qui confine à la témérité. Il ne considère que la vérité et n’hésite pas à prendre des positions qui feraient fuir bien d’autres. Le véritable journaliste ou écrivain ne ménage aucun effort pour libérer les autres et rapporter la vérité qu’il en soit puni de prison ou de mort.
C’est ainsi que, analysant le discours à la nation du président Abdoulaye Wade, un certain 31 décembre 2012 et jaugeant particulièrement son invite faite à des irrédentistes casamançais nommément cités dans son texte, en grand spécialiste de la question tu écrivais que celle-ci (l’invite) « laissait croire que ceux-là seuls étaient à même de faire cesser la crise en Casamance. Que seuls César Atoute Badiate pourtant contesté jusque dans son propre camp, Niantang Diatta et Salif Sadio, tous, simples chefs de factions d’Atika, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) ou ce qui en reste, qui se regardent en chien de faïence pourtant et se combattent sans pitié ni remord depuis toujours pour le contrôle du maquis et de l’économie de guerre, sont les interlocuteurs de l’Etat sénégalais. Les autres, tous les autres membres assumés ou clandestins du Mfdc avec qui le gouvernement et ses facilitateurs auraient pris langue ou auraient trouvé quelques accords ne comptent que pour du beurre désormais ». « Dangereuse et assurément irresponsable approche », disais-tu avant de pointer ton regard avisé sur la crise casamançaise qui, disais-tu en substance, « est une crise sénégalaise bien que localisée. Elle nécessite un traitement national, voire sous régional avec le concours de nos voisins que sont la Gambie et la Guinée Bissau curieusement oubliée hier, dans le discours présidentiel, en lieu et place à ces tentatives de débauchages de quelques chefs de guerre, vainement anoblis. L’armée nationale en particulier, les forces de sécurité en général et les populations ont déjà payé un trop lourd tribut à cette « sale guerre » pour que l’on continue à la traiter ainsi par-dessus la jambe au détour d’un discours à la nation, un 31 décembre ».
L’actualité dans cette partie sud du Sénégal et les 9 otages démineurs qui viennent d’être libérés semble te donner encore raison, Red Chef. Parce l’enveloppe des choses a toujours constitué pour toi un prétexte pour scruter la profondeur du réel. Tout le contraire, pour ceux-là qui aiment le superficiel. C’est ce que nous appellerons « l’exception Madiorienne ! »
De celui là dont on peut lire sur sa défunte page facebook : « Je suis journaliste. Je n’aime pas l’injustice d’où qu’elle provienne et pour quelque raison que ce soit. Je crois à l’amitié et profondément attaché à la justice et à la solidarité.» Une façon d’être, tout simplement, que même la souffrance devant ta machine, tout en t’efforçant de ne pas perturber ton entourage par une quelconque manifestation de la douleur n’a pu entamer.
Ce jour-là, toutes nos certitudes se sont envolées, enfin presque toutes… car ce jour-ci, 15 juillet 2013, la flamme que tu as allumé dans nos cœurs brûle toujours et l’effacement de ce lien par la mort n'est qu'un simple leurre. Ta part de Sud est entière.
Modèle de spiritualité, de générosité, de discrétion, travailleur infatigable et talibé dans l’âme, Serigne Abdou Akim Mbacké laisse un grand vide derrière lui. Avec sa disparition, la communauté mouride perd une référence notoire.
Il est parti comme il a vécu. Dans la discrétion. Celle-ci était sa marque de fabrique. Sans crier gare, Serigne Abdou Akim Mbacké a surpris ses talibés en allant rejoindre le Seigneur ce vendredi 05 juillet 2013 à 75 ans. La nouvelle de son rappel à Dieu s’est répandue comme une traînée de poudre. Les talibés (disciples) surpris par cette information, ont du mal à y croire. S’agissait-il d’un canular de mauvais goût ?
Certains ont passé toute la nuit et une bonne partie de la matinée du samedi à mesurer la véracité de cette mauvaise nouvelle. La grande faucheuse a encore frappé. Il ne reste plus au talibé qu’à prier pour l’illustre disparu et à suivre ses enseigne- ments. Le khalife général des mourides, Serigne Sidy Makhtar Mabacké, qui a pro- cédé à la prière mortuaire à Darou Minam, au petit matin du samedi, l’a cité en exemple aux talibés. Certes, la douleur de ceux-ci est inconsolable. Car, avec la disparition du fils de Serigne Bassirou, c’est toute la Oummah islamique, en général et la communauté mouride, en particulier, qui perdent un homme de Dieu au vrai sens du terme.
Serigne Abdou Akim (le sage) de par sa spiritualité, sa manière de se comporter, sa générosité, sa discrétion, son attache- ment au Coran, à la prière, à Serigne Touba et aux Khassaides, a symbolisé sa vie durant le parfait mouride, le parfait musul- man tout court. Serigne Abdou Akim Mbacké était une référence pour tout le monde. Les témoignages que l’on entend à son égard, depuis sa disparition, sont révélateurs de la dimension du saint homme que le Sénégal vient de perdre.
Le vénéré Serigne Saliou Mbacké, cinquième khalife général des mourides (décédé en 2008) avait coutume de tenir ces mots pleins d’enseignements sur Serigne Abdou Akim Mbacké : « Si la nostalgie de Serigne Touba m’envahit, c’est vers toi que je me tourne ». Cette ressemblance avec son grand-père n’avait d’égal que l’amour qu’il portait à ce dernier et à ses enseignements. Il dit un jour qu’une Rakka de Serigne Touba englobe toutes nos prières combinées. Il a choisi pour le numéro de sa boîte postale à Touba le chiffre 18 (18 Safar le jour bien-aimé de Serigne Touba et du Magal). Cette ressemblance lui valait toute l’admiration de la communauté mouride.
Ce qui ne l’a pas empêché de cultiver la discrétion et l’humilité jusqu’à son paroxysme.
Il n’a jamais cherché à se mettre en avant. Il a toujours été respectueux et obéissant envers ses frères aînés. Après avoir été à l’ombre de Serigne Moustapaha Bassirou Mbacké (rappelé à Dieu en août 2007), il a été l’ombre de Serigne Mountakha jusqu’à son rappel à Dieu. Il était toujours accroupi devant Serigne Mountakha comme un tali- bé le ferait de son marabout. Les deux hommes avaient une complicité légendaire. Serigne Abdou Akim était un talibé dans l’âme. Il ne s’est jamais comporté en chef religieux.
Ce petit-fils de Serigne Touba avait la particularité d’être d’une légendaire gentillesse. Son visage était toujours rayonnant avec un sourire facile. Il était d’une douceur extrême. Il ne levait jamais la voix ou le regard sur les gens. Dans sa maison à Darou Minam comme à l’extérieur, il passait des journées à recevoir les talibés. Pour chacun, il avait le petit mot qui soulage. Il répondait aussi aux sollicitations des talibés qui étaient dans le besoin. Sa porte n’était jamais fermée. Tous ceux qui ont l’ont rencontré gardent de lui un souvenir indélébile. Combien de personnes dans les grandes villes ou villages les plus reculés se convertirent à l’Islam, devinrent mourides ou abandonnèrent des pratiques pouvant les éloigner de la religion en le voyant où en vivant avec lui ?
Il entretenait des relations de cordialité avec toute la famille de Serigne Touba. Les fils et petits-fils de Serigne Touba le lui rendaient bien. Ainsi il était chargé par son frère et Khalife, Serigne Mountakha Bachir, d’assurer la lecture méthodique du Foulkou que leur père Serigne Bassirou Mbacké avait initiée à Diourbel pendant le mois béni de Ramadan à côté de la case qu’habitait Serigne Touba. Cette responsabilité de veiller avec minutie à la lecture du Livre saint et des Khassaides symbolise le respect que les fils et filles de Serigne Touba et leurs descendants lui vouent de par l’éducation que son père Serigne Bassirou Mbacké Ibn Khadim Rassoul lui a donnée et son attachement aux principes de l’Islam édictés par le Coran, la prière et le travail. Il a, à plusieurs reprises, visité les sites où son grand-père Serigne Touba été exilé en Afrique.
Son village de Nasrou, sur la route entre Touba et Khelcom, a été fondé par Serigne Bassirou qui lui en a confié l’héritage. C’est un centre d’éducation religieuse. Serigne Mourtalla y envoyait nombre de ses fils de même que d’autres dignitaires. Serigne Abdoul Khadre lui rendait visite régulière- ment. C’est un centre qui forme des talibés dans l’enseignement du Coran et de la Sounna, le travail dans l’agriculture et le respect. Il a eu à fonder d’autres villages comme Sathé prés de Mbacké et Touba Médina dans la région de Kaffrine où il exploite des hectares de terres et enseigne le Coran. De nombreuses personnalités du monde des affaires sont issues de ses Daara (écoles coraniques).
Son frère Serigne Moustapha le mit en charge de la supervision des travaux de Khelcom qui leur étaient délégués par Serigne Saliou. Serigne Abdou attachait une importance particulière aux Adiya (aumônes). Il montra la voie en faisant régulièrement don de la totalité de sa récolte après avoir compensé le travail de ses disciples dans les règles établies par Serigne Touba à son Serigne, l’aîné de la famille de Serigne Bassirou. Il ne se passe, en général, plus de trois jours avant que tous les dons récoltés des talibés pendant le Magal de Touba ne soient redistribués aux demandeurs. Son fils aîné, Serigne Mbacké, va reprendre le flambeau de sa famille.Que Dieu l’accueille dans son para- dis. Amen.
COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES DU JEUDI 11 JUILLET 2013
Le Conseil des Ministres s’est réuni le jeudi 11 juillet 2013 au palais de la République, sous la présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Macky SALL.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat a saisi l’occasion que lui offre le début du Ramadan pour adresser ses vœux et formuler des prières pour les Sénégalais et pour les membres du Conseil des Ministres.
Le Président de la République a consacré le premier volet de sa communication au sous-secteur de l’assainissement en réitérant, d’avance, ses directives au Gouvernement, concernant la réalisation, dans les centres urbains, de plans directeurs d’assainissement (volet eaux usées et pluviales, avec la définition précise de leurs phases d’investissements prioritaires, sur un horizon quinquennal). Il a, ensuite, préconisé l’accélération de l’élaboration des plans directeurs de Dakar et de Kaolack, pour permettre leur exécution à très court terme.
Le Président de la République a, par ailleurs, invité le Gouvernement à engager, dans les meilleurs délais, la remise à niveau des stations d’épuration et à accélérer les travaux de dépollution de la baie de Hann dont les financements sont déjà obtenus de l’Agence Française de développement et de la Banque Européenne de développement pour un montant de trente trois (33) milliards de FCFA.
Concluant ce premier volet de sa communication, le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement à mettre en œuvre la stratégie nationale de l’assainissement rural, en rapport avec les partenaires techniques et financiers, et les collectivités locales.
Evoquant la question de l’optimisation du financement de l’économie nationale, le Président de la République, a d’abord félicité le Gouvernement pour la notation améliorée du Sénégal, par Standard and Poor’s, dont la perspective passée de « Négative » à « Stable ». Ce qui devrait nous permettre d’accroître le niveau de mobilisation des ressources sur les marchés financiers, malgré la tendance haussière des taux d’intérêts notée.
La réalisation des objectifs de croissance durable de l’économie sénégalaise suppose des pré-requis, notamment l’amélioration du financement du secteur privé. Les crédits bancaires représentent moins du tiers du produit intérieur brut de notre pays contre prés de 100% dans les pays émergents.
Pour corriger cet état de fait, le Président de la République a demandé au Premier Ministre, en relation avec le Ministre de l’Economie et des Finances, de procéder sans tarder, la mise à jour du plan d’actions de concertations nationales sur le crédit et d’accélérer la mise en œuvre de l’ensemble des mesures retenues.
La mise en place du Fonds de garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et la création du Fonds Souverain des Investissements Stratégiques (FONSIS), s’inscrivent également dans cet agenda.
A ces dispositifs viendront s’ajouter les actions de la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE).
Dans le troisième volet de sa communication, le Chef de l’Etat a engagé le Gouvernement à mutualiser les infrastructures et systèmes d’information du Gouvernement.
Il a, par ailleurs, invité le Gouvernement à poursuivre, résolument, la politique de baisse de la facture téléphonique de l’Etat, en faisant accélérer le programme d’intégration des services de l’Etat dans le réseau de l’intranet administratif.
Réaffirmant sa volonté d’engager une forte dynamique de création d’emplois pour les jeunes, le Chef de l’Etat a décidé de la mise en place d’une structure de Coordination nationale des initiatives et projets mis en œuvre dans le cadre de la politique d’emploi des jeunes.
A la suite du Chef de l’Etat, le Premier Ministre a fait au Conseil, le compte rendu des activités gouvernementales conduites au cours de la semaine écoulée.
Le Premier Ministre a, auparavant, remercié le Chef de l’Etat pour ses vœux et formulé à son tour des vœux et des prières, afin que le Tout Puissant agrée toutes nos prières et les couronne de succès pour tout le pays, en ce début de Ramadan.
Le Premier Ministre a invité le Gouvernement à prendre toutes les dispositions utiles afin d’assurer un approvisionnement correct des ménages en produits de consommation courante à des prix raisonnables.
Abordant le suivi du plan d’urgence de lutte contre les inondations, le Premier Ministre a indiqué que les opérations de curage et d’entretien des canaux de drainage à Dakar et dans les régions sont terminées de même que d’autres opérations d’envergure concernant l’assainissement.
Le Premier Ministre a évoqué l’inauguration du quai d’escale de Carabane, en mettant en évidence l’importance de l’ouvrage dans le désenclavement de la Casamance et du rôle économique et social qu’il sera appelé à jouer dans l’évacuation des produits agricoles, halieutiques et culturels de l’ensemble de la région, et en particulier dans les îles environnants.
Le Premier Ministre a, enfin, évoqué autres activités :
Lancement des travaux de construction d’autoponts (Thiaroye et Keur Massar) ;
Remise des clés des stades régionaux.
A sa suite, le Président de la République a félicité le Premier Ministre et le Gouvernement pour le rythme d’exécution de l’action gouvernementale.
Le Ministre des Affaires Etrangères a fait le point sur l’actualité internationale en insistant sur la crise en Egypte et en rendant compte des résultats de la réunion des deux commissions mixtes Sénégal-Koweït, Sénégal-Gambie.
Le Ministre de l’Agriculture a fait au Conseil une Communication sur l’installation de l’hivernage et l’évolution des semis sur l’ensemble du territoire national.
Le Ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance a présenté au Conseil les documents de base, structurant le nouveau cadre d’orientation stratégique de la politique de bonne gouvernance.
Fondée sur l’impératif de positionnement de la bonne gouvernance comme facteur essentiel de croissance et de développement économique et social, la nouvelle stratégie embrasse 06 principaux champs d’intervention :
Etat de droit et démocratie ;
Intégrité publique ;
Efficacité de l’administration ;
Gouvernance locale ;
Promotion et appropriation citoyenne de la Gouvernance ;
Gouvernance des secteurs stratégiques (mines, foncier, éducation, santé…).
Les objectifs recherchés, suivant les axes stratégiques retenus, visent, entre autres, un meilleur fonctionnement de la puissance publique, une meilleure gestion des attentes du public, un renforcement de notre système de transparence et un raffermissement de notre démocratie.
Dans le même ordre, le Ministre s’est appesanti sur les principes directeurs de participation citoyenne, de contrôle citoyen de l’action publique et d’appropriation citoyenne de la Gouvernance.
Le Ministre a également exposé l’architecture de la stratégie de communication d’accompagnement du processus.
A la suite, le Président de la République a pris la parole pour féliciter le Ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance, pour la qualité de ses documents et de leur présentation.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a adopté :
Projet de loi portant modification de l’article 3 de la loi n°2012 – 30 décembre 2012 portant création de l’Office national de Lutte contre la fraude et la Corruption.
Au titre des mesures individuelles, le conseil a pris les mesures suivantes :
Monsieur Mame Seydou NDOUR, Commissaire de Police divisionnaire, en détachement à l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, est nommé Directeur de l’Office central de répression du Trafic illicite des Stupéfiants au Ministère de l’Intérieur, en remplacement de Monsieur Cheikhna Cheikh Sadibou KEITA, Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Papa Ousmane SEYE, Conseiller des Affaires Etrangères principal, précédemment Ambassadeur du Sénégal en Algérie, est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, Sa Majesté Abdallah Ben Abdel Aziz Al Saoud, Roi d’Arabie Saoudite, en remplacement de Monsieur Mouhamadou Doudou LO, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Momar DIOP, Docteur en Economie, est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Monsieur Jacob ZUMA, Président de la République d’Afrique du Sud, en remplacement de Monsieur Cheikh NIANG, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mamadou SALL, Ambassadeur du Sénégal en Egypte, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Monsieur Mahmoud Abass, Président de l’Etat de Palestine, avec résidence au Caire ;
Monsieur Cheikh NIANG, Ambassadeur du Sénégal aux Etats Unis d’Amérique, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Monsieur Enrique Peña NIETO, Président des Etats Unis du Mexique, avec résidence à Washington ;
Madame Marie Gueye SECK, Economiste, précédemment Secrétaire permanent de la Cellule d’Appui à la Promotion de l’Emploi, est nommée Directeur de l’Emploi au Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des Valeurs civiques.